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vendredi 31 mai 2013

La séismologie des poumons

La radiothérapie se fait sentir de plus en plus et j'ai commencé à utiliser de la Biafine pour calmer les brûlures. Celles-ci sont sans doute intérieures mais c'est un intérieur qui affleure en surface. Je continue également à tousser. Des quintes de toux épuisantes car c'est comme si, une fois déclenchées, elles ne pouvaient plus s'arrêter. Et il est difficile de savoir ce qui les déclenche. On se met à respirer tout doucement, invitant l'air à pénétrer dans les poumons sans se faire remarquer, le plus discrètement possible, mais rien à faire... brusquement, la toux explose et saisit votre corps dans une succession de secousses de magnitudes d'autant plus importantes sur l'échelle de Richter que la discrétion pneumatique avait réussi, apparemment, à calmer les derniers soubresauts de la toux précédente. On se met à vivre entre les quintes de toux, un temps de calme relatif qui n'est jamais que le prélude à de nouvelles secousses. Très fatigant. Je sais que tout le monde connaît, ou a connu, ce genre d'harassement sismique. Cela ne le rend pas plus acceptable.

jeudi 30 mai 2013

Désir de reconnaissance

Récemment, j'ai eu une discussion intéressante avec Célia au sujet de mon cancer et de ce blog. Je comparais mon cancer à un coup de projecteur. Dudule me rend visible grâce à Dedalus. Cela ne veut pas dire que je n'étais pas visible auparavant mais il est indéniable qu'avec la retraite cette visibilité a été réduite. Puis... je réfléchissais à cette visibilité. Fallait-il la considérer comme une sorte de bénéfice secondaire de la maladie ? Ou, en d'autres termes, la visibilité est-elle un bien, quelque chose de souhaitable ? Bien sûr c'est lié à une certaine reconnaissance et tous les humains sont sans doute avides de reconnaissance. Mais fallait-il un cancer pour que je puisse satisfaire ce besoin, ce désir (?) de reconnaissance ? Et suis-je un humain ?


Il est clair que quand je suis allé en Argentine et que j'ai soulevé l'enthousiasme d'un amphi d'au moins mille personnes qui venaient de m'écouter, j'étais assez content. Content certes, et étonné. Surpris. Qu'avais-je dit pour que mon public soit si chaleureux ? Des jeunes femmes sont venues jusqu'à l'estrade (voir photo ci-joint) pour me prendre en photo avec elles et me faire signer des autographes. Curieux ! Mes propos avaient fait l'objet d'une traduction simultanée en espagnol. Peut-être était-ce mon traducteur qui méritait l'ovation ?
J'ai apprécié ce succès. Certainement. (à suivre)

mercredi 29 mai 2013

5h42

5h42 : j'ouvre les yeux sur le cadran de mon réveil, pile 5h42. Je voulais vérifier que j'avais encore ce don de pouvoir me réveiller à la minute près à l'heure que j'avais décidée en m'endormant. J'en parlais avec Célia, tout en me demandant si c'était toujours vrai. Et bien oui ! c'est toujours vrai. Je me réveille à l'heure prévue, exactement. Et aujourd'hui... après une nuit pleine de rêves de guérison. C'est sans doute sous l'influence de Célia qui m'a fait une petite séance de Matrix Energetics hier après-midi. C'était impressionnant. Il s'agissait de me débarrasser du mucus qui s'accumule dans mes poumons depuis la chimio. Et bien, il me semble bien que cela a fonctionné. J'ai continué à tousser, certes, pendant la nuit, mais ma toux était devenue beaucoup plus sèche (ce qui d'ailleurs ne la rend guère plus agréable !). Le traitement a duré entre 5 et 10 minutes. Elle m'en a fait un autre le soir pour me débarrasser de mes aphtes bucoliques —je sais que ce n'est pas le mot qu'il faut mais je le prends quand même pour indiquer l'endroit de mon corps qu'ils ont investi !—, mais ça n'a pas été aussi spectaculaire. Je les sens encore ce matin raidir mes lèvres et les muqueuses avoisinantes pour m'empêcher d'articuler correctement.

Célia et Julien rentrent en Allemagne aujourd'hui. Je les conduirai à l'aéroport dans quelques heures. Cette visite de Célia m'a fait beaucoup de bien.

mardi 28 mai 2013

28 mai

Aujourd'hui, selon un programme antérieur, je devais prendre l'avion pour aller au Colloque sur Juan Benet à Paris où je devais intervenir avec J. Cela m'affecte beaucoup de ne pas pouvoir y aller à cause de Dudule. Je me réjouissais à l'avance de ces moments de discussions intenses qui ne manqueront pas de survenir au détour de l'écriture de Benet. Et puis, c'eût été ma première participation à un colloque littéraire. J'adore ces aventures disciplinaires qui nous font découvrir d'autres communautés, d'autres styles de fonctionnement, avec des implicites à découvrir lentement. Cela doit correspondre à une fibre anthropologique que je n'ai pas exploitée suffisamment dans ma carrière. (à suivre)

lundi 27 mai 2013

Why should they bother ?

Aujourd'hui : reprise de la radio sans la chimio. Mais je crains quand même avoir quelques ennuis rien qu'avec la radio. En attendant, je vais ce matin faire la conférence d'ouverture d'une Colloque sur la communication publique des sciences à Lisbonne. Titre de la conférence : "Why should scientists bother ?" C'est un sujet que je connais bien mais on ne sait jamais comment les choses peuvent tourner. Je m'interdis de lire un texte. Je vais donc essayer de repenser le problème pour l'exprimer le plus clairement possible. En anglais. Avec une bouche pleine d'aphtes qui raidissent les chairs molles de ma mâchoire. Articulation mal aisée. L'essentiel est de maintenir l'attention comme je le disais récemment à propos du sens de la vie.

* * *
Joana, qui m'avait invité à donner cette conférence, et Ana, ma complice de l'ITQB, ont été très chaleureuses à l'issue de ma performance. Finalement, les choses se sont plutôt bien passées avec beaucoup de questions, mais encore trop peu à mon goût. Malheureusement le temps manquait pour qu'il y en ait plus. J'ai eu de bons contacts ensuite avec des personnes très impliquées dans des actions très concrètes de jardinage. En sortant du Pavilhao do Conhecimento, Célia et moi sommes tombés sur un dispositif qui nous a fait rire.

Z. a pris une photo. 

Je reviens de la radio où j'ai repris les séances. Nous avons attendu cinq minutes. Célia me conseille de visualiser un rayon bleu pour compenser les effets de cette brûlure intérieure. J'ai trouvé la métaphore adéquate. J'ai visualisé un rayon bleu. Je me sens beaucoup mieux

dimanche 26 mai 2013

Premiers effets de la chimio

Alors, ce matin, quand je me suis regardé dans mon miroir, j'ai eu un choc. Voilà ce que j'ai vu :

Décidément la chimio a des effets inattendus... (même sur les lunettes !) surtout après l'arrivée de ma fille et de mon petit-fils, Julien, qui me prenait en photo avec le mini iPad de Célia. Mais tout cela sera vite remis en place grâce à l'extracteur de jus que Célia vient de me rapporter d'Allemagne. J'ai essayé un jus de légumes verts ce matin avec du persil, quelques feuilles de broccoli et de céléri, une carotte, une betterave et une pomme. Un peu désarçonnant comme goût dès le matin, mais pas désagréable.
Par ailleurs, je ressens plus qu'auparavant les effets de la radio et de la chimio. Rien de dramatique mais il ne faudrait pas que cela s'accentue dans les semaines à venir. Or cela va très certainement s'accentuer. Let's wait and see !

Le mot de mes somnolences nocturnes fut "inoxidable". Cela fait penser à l'indestructibilité évoquée par mon ami PG. Il y a eu des scènes étranges où il était question d'énarques que l'on reconnaissait très bien à cause de leur accent. L'un de ces énarques m'interpelle sur la question de cet accent. Il est agressif. Il est soutenu par une personne de l'assemblée qui dit en anglais : "Let's deal with it." Ce fragment onirique est à mettre en relation avec la conférence d'ouverture d'un Colloque que je dois assurer demain matin. [En relisant ce dernier paragraphe, je m'interroge sur l'intervention, dans un récit de rêve, de petites distorsions directement liées à une exigence de sens. La personne de l'assemblée censée dire "Let's deal with it " n'a pas dit ça dans le rêve. Elle a dit quelque chose comme "Let's cover it now" au sens de il faut traiter de cette question tout de suite. C'est le mot "cover" qui était important. J'avais l'impression que de le remplacer par un autre mot était une sorte de trahison vis-à-vis de ce que le rêve devait me poser comme question. Mais quand je pense maintenant à la présence de ce "cover", je suis bien embarrassé parce qu'aucune association n'émerge... ]

samedi 25 mai 2013

Belle et Bête

L'infirmière m'a enlevé hier soir le petit sac avec sa tubulure en plastique qui diffusait lentement mais sûrement les produits de la chimio dans mon corps. Dans trois semaines, on recommence. En sortant du labo, nous avons pu parler un peu avec le Dr Filomena Pena qui nous a fait quelques recommandations et m'a remis une ordonnance pour prévenir les vomissements et soulager les brûlures de la radio. Je lui demandais s'il était possible d'évaluer les résultats de ce début de traitement, dans l'espoir évidemment que l'on puisse le raccourcir ou le rendre plus léger. Elle m'a répondu que ce n'était pas possible, que les résultats ne pourraient se "voir", se "sentir" ou s'évaluer que quelques semaines après la fin du traitement. On ne peut pas aller plus vite.
J'ai rencontré également une amie d'Isabel qui a souffert du même cancer que moi. Elle m'a raconté ses ennuis. Je l'ai écoutée avec attention. Cela ne me rassure pas vraiment. Mais bon, comme elle le disait, "on s'habitue à tout". Réjouissant. En rentrant à la maison, cependant, je me suis senti brusquement très fatigué, avec une envie : manger rapidement et aller au lit. Isabel avait fait une délicieuse tarte aux courgettes. Il a fallu attendre assez longtemps qu'elle soit prête. Mais ce fut un délice. Après quoi, Charlotte et Morgane sont sorties à Bairro Alto. Et je me suis réfugié dans ma chambre avec un livre. Dont je vous parlerai tout-à-l'heure.

Il s'agit de Belle et Bête, de Marcela Iacub qui raconte ses aventures avec Dominique Strauss-Kahn. Ce livre est beaucoup plus intéressant (et beaucoup moins scandaleux) que ce à quoi je m'attendais. La psychologie du cochon qui s'y trouve évoquée me semble incroyablement juste. La manière dont cet animal représente un désir sans concessions pour quoi que ce soit d'humain est saisissante. Et que, de ce seul fait, le cochon puisse acquérir une sorte de noblesse sauvage susceptible de fasciner qui s'en approche me semble tout-à-fait acceptable. Je sais, par les quelques articles que j'ai lus sur cette histoire, que le livre est fondé sur des faits très réels mais avec des éléments de fiction.

vendredi 24 mai 2013

Le sens de la vie

Voilà un mois que ce blog s'écrit. Dedalus. Et en préparant le jus d'orange de Charlotte, je me demandais, faute de rêves suffisamment clairs à raconter, ce que j'allais écrire. Et puis... alors que j'étais plus ou moins agi par ces automatismes quotidiens qui marquent les habitudes de début de journée (mêmes mouvements de jambes et de bras pour sortir le corps du lit, choisir une paire de chaussettes et un slip 'Intimissimi" dans le tiroir, entendre le chat se précipiter pour recevoir sa dose de croquettes "Royal Canin", traverser le couloir vers la salle de bains où un long jet d'urine parfumée aux asperges vertes de la veille me retiendra devant la cuvette des WC, faisant mentir le surnom "pisse-trois-gouttes"  que mon frère aîné de 10 ans m'avait donné quand j'avais 7 ans,  rester attentif à l'impatience du chat, se diriger lentement vers la cuisine où il faudra mettre l'eau du thé à bouillir —tiens ? il faudra bientôt en racheter ! sera-ce encore du Oolong ?—, donner sa dose au chat, sortir le yogourt de soja du frigidaire, l'huile de lin, une fourchette, une cuiller, un couteau (le couteau acheté au Japon il y a quelques années) une assiette creuse, préparer ce "petit-déjeuner Kousmine" qui n'a plus grand chose de kousminique à part l'huile de lin et les graines (noix du Brésil, baies de goji, graines de tournesol, graines de lin, poudre d'açaï, graines de courge) que je vais moudre dans un moulin à café, voilà ! c'est presque prêt, encore une demi banane écrasée et le jus d'un demi-citron, et c'est prêt —l'eau du thé est arrivée à 75° C, il est temps de la verser dans la théière— quelle heure est-il ? 7h ! il faut réveiller Charlotte... c'est fait, elle prendra une tartine grillée avec du beurre et du miel, et un jus d'orange auquel j'aurai mélangé le jus de la deuxième moitié du citron coupé antérieurement, je me verse un mug de thé —c'est le mug acheté il y a des années dans la boutique de la Tate Gallery à Londres !— j'ai oublié d'allumer la radio, tant pis pour Patrick Cohen, la sirène d'une voiture de police se fait entendre, les rumeurs du trafic augmentent, les avions encombrent le ciel de Lisbonne —ils volent parfois si bas qu'on a envie de freiner en voiture pour ne pas...), et puis, donc... je me suis dit qu'il serait intéressant de réfléchir à cette idée très répandue selon laquelle la vie aurait un sens. Cette proposition apparaît parfois sous la forme d'une injonction : il faut donner un sens à sa vie, comme si, sans sens (?), la vie ne serait plus vraiment la vie ??? Comme si, sans sens, la vie devenait absurde. Ce qui me gêne dans cet impératif de sens, c'est le fait de devoir ajouter quelque chose à la vie pour qu'elle devienne digne d'être vécue. Comme si la vie ne se suffisait pas, en elle-même, pour nous combler. En fait, ce n'est pas de sens que la vie a besoin pour valoir la peine, c'est d'attention. Et je ne crois pas du tout que l'attention puisse être assimilée au sens.

* * *

Ce soir, relâche pour la radio et pour la chimio. Ouf ! La première des cinq semaines de traitement sera passée. J'aimerais savoir où en sont mes cellules folles. Je continue imperturbablement à me préparer des jus de carottes + betteraves + fruits, deux fois par jour, même si les médecins n'ont pas l'air d'y attacher la moindre importance. Les patients ont toutes sortes de lubies, doivent-ils se dire. Laissons-les faire ! Inutile de les contrarier. Ma fille Célia arrive demain avec l'un de mes petit-fils qui a le même âge que Charlotte. Profitons de ce week end qui s'annonce ensoleillé et chaud. 

jeudi 23 mai 2013

Ce que l'incertitude fait au savoir

Je le tenais pourtant, je le tenais par les plumes de la queue, ce rêve qui, finalement, a filé comme un lézard, dans les anfractuosités des rochers de l'oubli, sans même me laisser le bout de son appendice codal. Je suis passé des oiseaux aux lézards, en une seule phrase. Magie du verbe.
Il faut dire que ma nuit n'a pas été aussi sereine que les précédentes : réveils fréquents, gorge engorgée de mucus, corps tendu, difficile à bouger.

Hier je me suis souvent posé la question de ce commentaire un peu décalé que j'ai publié sur le suicidé de Notre Dame. Qu'est-ce qui m'a pris de suggérer une sorte de recueillement, on the spot, au nom de cette vision de la mort. Je crois que c'est bien de mon rapport à la mort qu'il était question dans ma réaction, à une mort qui n'a plus rien d'invraisemblable depuis quelque temps. Non pas que les gens en bonne santé oublient leur propre savoir de la mort. On sait tous qu'on va mourir. Mais c'est un savoir sans lien avec le vivant. C'est un savoir très abstrait, très théorique qui, justement, n'intègre pas les incertitudes qui feraient de lui un savoir incarné, roulé dans la chair du cancéreux. Le savoir de la mort des personnes en bonne santé, est un savoir trop certain pour garder quelque vraisemblance. C'est quand ce savoir défaille à travers des supputations ancrées dans la chair, qu'il devient consistant et lourd de questions essentielles, lourd d'ouvertures très concrètes sur le temps, sur l'instant.

* * *

Aujourd'hui, Charlotte est allée pour la première fois toute seule à l'école. Elle est partie prendre le bus à 150 mètres de la maison. Elle entre dans l'adolescence très vite, elle se précipite dans l'adolescence avec tout ce qui accompagne ce mouvement vers une autonomie revendiquée avec passion mais qui n'est pas sans ambiguïtés : au moment de partir, sur le seuil de la porte, elle me dit : " Tu viens me chercher à 4 heures ? " 

mercredi 22 mai 2013

Hospital Santa Maria

Ma deuxième séance de radiothérapie s'est déroulée normalement. J'étais venu avec un appareil photographique pour publier une photo de l'appareil qui m'envoie ce rayonnement salvateur. Il s'agit d'un Eleckta Synergy dont je n'ai pas pu prendre de photos : "Le règlement l'interdit" m'a précisé cette charmante brune qui m'installe sur la "planche". Mais la blonde, venue peu après, me dit : "Si vous avez quelque question que ce soit, n'hésitez pas !" Elle m'a conseillé d'aller chercher des photos sur internet. Ce que j'ai fait.
J'ai tiré ce cliché assez conforme (bien que les couleurs ne soient pas vraiment fidèles à celles de Lisbonne) de l'Hôpital d'Uppsala (Cf 5 mai 2013) ! Le rayonnement sort de cette grosse caméra —qui n'est pas une caméra— qui tourne autour de moi et s'arrête de temps en temps pour siffler comme un serpent ou cracher comme un chat ! De nouveau, j'imaginais les cellules duduliennes ou dudulaires s'affoler comme prises dans un ouragan digne de celui qui a balayé Moore, la banlieue d'Oklahoma, à leur échelle bien sûr. 

J'ai quand même pris quelques photos de l'Hospital Santa Maria où je vais tous les soirs me faire soigner. En voici deux :


La vue générale de l'hôpital. C'est très grand, avec beaucoup, beaucoup de malades de toutes sortes. A côté, le service de radiothérapie, plus accueillant comme on peut le constater. 

mardi 21 mai 2013

Vamos Lutar !


Je m'attendais à ce que la chimio change mes rêves : après tout le corps doit encaisser une frappe chimique d'importance qui doit résonner dans tous les coins de la carapace. Alors oui ! quelque chose a changé : comme j'ai un petit sac avec le produit qui doit se diffuser à travers le cathéter pendant 5 jours, ma mobilité est réduite. Donc, allongé sur le dos, parfaitement immobile, comme sur ma planche à rayons de la radio, j'ai été souvent dans cet état de somnolence dont j'ai parlé précédemment. Et j'ai constaté que oui ! au moment où l'on se rendort, on peut avoir plus ou moins conscience que l'on rentre dans le rêve qui vous avait abandonné quelques minutes auparavant. Donc j'ai rêvouillé pas mal avec des images —oh surprise !— qui me remettait dans l'ambiance du labo où les infirmières m'ont harnaché avec des tubes de plastique transparent. Dans ce "rêvouillon", il y avait quelqu'un d'autre. Qui, je ne sais pas, mais je voulais l'aider à descendre de sa planche à rayons, et tout-à-coup, il se trouve suspendu accroché à sa propre tubulure de plastique, il se démet une épaule, bref ça ne va pas fort pour lui. En fait je le reconnais maintenant : il s'agit d'un patient qui est entré dans la pièce où l'on prenait soin de moi. Il était maigre comme un clou. Et ce "clou" que j'évoque pour le décrire me renvoie à l'immobilité à laquelle on doit satisfaire pour que Dudule se fasse "clouer" par le rayonnement salvateur. J'essayerai de publier une photo tout-à-l'heure. (à suivre)

Voilà ! J'y ai mis du temps parce qu'il s'agissait d'une vidéo et que je devais sortir une photo isolée de cette vidéo créée à partir d'un iPad manipulé par Isabel. Le résultat n'est pas terrible, j'en conviens. Mais je vous envoie une autre photo, celle du document que l'on m'a remis dans le labo pour m'expliquer ce qu'était la chimio. La page de couverture me semble digne d'un petit commentaire sur les représentations qu'un hôpital peut avoir de ses clients/patients !


Nous avons tout d'abord le slogan "Vamos lutar", on va lutter suivi de l'invitation à "comprendre la chimiothérapie". Ensuite, on a les notes manuscrites d'Isabel sur les produits qui s'infiltrent actuellement dans mon sang. Puis cet extraordinaire portrait d'un groupe de gens —oui ! c'est bien vous ! la famille, les amis, les connaissances— qui, implicitement soutiennent —que dis-je "soutiennent" ?—, participent activement, avec de larges sourires —non ! on ne se moque pas !— [celui du fond, là, légèrement à gauche, rigole franchement, comme s'il assistait à un spectacle de Raymond Devos ! je dis Raymond Devos parce que ça pourrait faire l'objet d'un sketch tragi-comique avec succès garanti !] je disais, qui participent activement à la LUTTE. Avec ces alliés si pleins d'entrain, du document, Dudule va faire long feu... je le sens déjà tout paniqué devant ces visages rayonnants et leurs éclats de rires très certainement radio-actifs. On entend le photographe leur dire "cheese !". Interdit par mon régime ! D'où ma tête sinistre sur ma capture d'écran.

Cette dernière remarque me suggère de rajouter quelque chose concernant les commentaires à publier sur Dedalus. Ils peuvent être en anglais, italien, portugais, allemand, espagnol, néerlandais (cf 26 avril 2013)... Bref toutes les langues sont admises, même le luxembourgeois ou le chinois ! N'a-t-on pas toujours un étranger à proximité qui se fera un plaisir de nous traduire ce qu'on n'aura pas compris ?

Ce soir, deuxième séance de radio.

* * *

J'apprends à l'instant qu'un homme s'est suicidé dans la cathédrale Notre Dame à Paris. On saura plus tard qu'il s'agissait d'un historien d'extrême droite qui appelait, dans son blog, à des actions extrémistes.  Mais, si je rallonge encore ce blog par quelques réflexions, c'est pour m'indigner sur la suite de ce suicide. La police est venue et a évacué ce lieu de prières. Au lieu de laisser éventuellement les gens s'approcher et rendre un dernier hommage à celui qui, pour eux, était un inconnu désespéré, on les met dehors. Sans doute que la police scientifique s'est emparée des lieux avec tout l'attirail qui s'impose pour réduire cette mort à quelques colonnes de chiffres : le calibre de l'arme, le nombre de balles tirées,  la distance, la qualité des restes de poudre sur les mains du suicidé, la profondeur des blessures, etc...
Il y aura ensuite les journalistes, la meute. Quelle tristesse ! 











lundi 20 mai 2013

20 mai***Quarante-deux

5h42 : je me lève. Avec à l'esprit cette information de l'un des lecteurs de ce blog : "42" c'est la réponse des réponses. Je cite Wikipedia à la suite d'une suggestion de ce lecteur :

Selon Le Guide du voyageur galactique, des chercheurs d'une race hyper-intelligente et pan-dimensionnelle construisirent le deuxième plus grand ordinateur de tous les temps, Pensées Profondes, pour calculer la réponse à la grande question sur la Vie, l'Univers et le Restea 1. Après sept millions et demi d'années à réfléchir à la question, partant de l'énoncé "Cogito ergo sum", Pensées Profondes fournit enfin la réponse : « quarante-deuxa 2 ».
« Quarante-deux ! cria Loonquawl. Et c'est tout ce que t'as à nous montrer au bout de sept millions et demi d'années de boulot ?
— J'ai vérifié très soigneusement, dit l'ordinateur, et c'est incontestablement la réponse exacte. Je crois que le problème, pour être tout à fait franc avec vous, est que vous n'avez jamais vraiment bien saisi la questiona 3. » (Douglas Adams)
Cela fait écho aux réflexions d'un autre lecteur de mon blog qui attend impatiemment que j'aie fini d'écrire mon premier jet, avant d'emmener Charlotte à l'école. Il faut que j'y aille. (à suivre)

Bon ! voilà : Charlotte est arrivée à l'heure. Elle a failli oublier son cahier d'anglais. On était déjà en bas quand elle s'en est aperçue. Il a fallu remonter au 5e. Heureusement que nous n'habitons pas au 42e étage.

Tout ça pour dire que 42 pourrait bien être effectivement la réponse à toutes les questions mal posées et spectaculairement mises en scène dans la 42e rue à New York où l'on trouve le siège des Nations Unies (la politique mondiale), le Chrysler Building (la peste automobile et le réchauffement climatique), la New York Public Library (la tourmente intellectuelle), la Bank of America Tower (la finance internationale), pour aboutir dans la "cuisine de l'Enfer" (Hell's kitchen). Voici une vue de cette rue intéressante à tout point de vue (Source : Wikipedia) :



A lire également aujourd'hui cet interview du philosophe Grégoire Chamayou, dans Libération de ce matin, sur le thème des drones et des problèmes éthiques que cette nouvelle technologie guerrière peut poser :
http://www.liberation.fr/politiques/2013/05/19/la-guerre-devient-un-teletravail-pour-employes-de-bureau_904153?xtor=EPR-450206

* * *

Réflexions sur le blog : 
Je peux comprendre que certains de mes lecteurs ne veuillent pas publier leurs commentaires de mes "posts" directement sur le blog, mais je trouve que c'est un peu dommage par rapport à l'esprit dans lequel j'étais quand j'ai créé Dedalus. Les commentaires que je reçois en privé sont souvent si pertinents qu'ils pourraient intéresser d'autres lecteurs. C'est bien d'un labyrinthe qu'il s'agit, un dédale d'écritures entrecroisées qui, bien souvent, quand je les reçois en privé, se font quand même écho les unes aux autres. Je comprends d'autant moins bien ces hésitations qu'il est possible de publier anonymement. Je suis à peu près sûr que, si certains commentaires apparaissent de manière anonyme sur le blog, je pourrai quand même les identifier (si ce sont des commentaires provenant de personnes qui m'ont déjà écrit de façon privée). Ce mélange familial, amical et professionnel d'écritures me semble intéressant en soi. Ou bien... ? 

* * *

Premier jour du traitement. Je n'ai rien senti. On a fait entrer, à travers mon cathéter, des produits divers : 18 mg de Mitomicine C, 180 mg de 5 FU Fluoracil, 8 mg d'Ondansetron et 10 mg de Dexametasona (cortisone/antihamético), ces deux derniers produits étant là pour prévenir les nausées que provoqueront les deux autres produits. On a quand même attendu pas mal de temps mais la suite sera mieux organisée. Pour la radio, j'irai là-bas à 20h30, à un moment où il n'y a presque plus de monde. Vendredi j'y retourne pour qu'ils (ou plutôt, elles) m'enlèvent les produits que je promène partout dans un petit sac. En ce qui concerne la radio, on se croirait dans un film de science-fiction. D'abord il faut rester absolument immobile, les bras repliés sur le thorax dans la position d'une momie égyptienne. En suite, de grands disques se mettent à tourner autour de mon corps allongé en émettant de temps en temps de petits sifflements de serpents. On présume que c'est à ce moment là que les rayons viennent chatouiller les cellules de Dudule. On les imagine en train de s'affoler. C'est la panique dans Dudule. Je les vois remuer dans tous les sens comme les petits poissons de Charlotte dans leur saladier transparent ! La première journée en tout cas est sans doute la meilleure ! C'était vraiment super !

dimanche 19 mai 2013

Rappelle-toi Upsala !

Ce sont des mots qui, au réveil, font s'envoler les rêves dans l'oubli. La conscience réapparaît avec des mots —rappelle-toi Upsala !— et même si ceux-ci se présentent pour dire le rêve, pour en commencer le récit, généralement, ils chassent les images à grands coups de sons insonores. Il y a un premier mot, choisi de manière mi-consciente, qui insiste pour être celui qui permettra à la conscience de poursuivre la description des images. Mais ce mot devient trop présent, il évoque d'autres chaînes associatives qui permettent à la conscience de reprendre le contrôle en chassant de son champ les derniers fragments oniriques. Et on se retrouve, au réveil, plein de pensées qui ne sont pas des rêves. Ce qui est intéressant, c'est la frontière. A quel moment cesse-t-on de rêver pour commencer à se souvenir de ce qu'on rêve ? Certes les mots sont là, dans le rêve, mais ils ne vivent pas comme quand on les convoque pour dire des choses, pour les écrire ou les penser. Cette frontière a une caractéristique intéressante : elle n'existe qu'au sortir du rêve, jamais à l'entrée. Il y a les cas de somnolence. On croit se rendormir. On croit même saisir ce moment éphémère qui ouvre la Recherche du temps perdu, alors qu'en réalité, on sort déjà de ce qui s'annonçait comme un rêve, sans doute pas assez imprégné d'inconscient. Il y a une sorte d'hésitation : dors-je ou non ? "Dors-je", dis-je ! L'inversion interrogative est-elle acceptable ici ?

samedi 18 mai 2013

18 mai***L'homme au manteau vert-pomme

La journée d'hier a été une journée triste. L'hôpital, évidemment. Il faudra que je publie une photo de cet hôpital immense et gris. L'attente, certes. Mais généralement, je prends un livre et je passe le temps à lire. Mais là, pour des raisons que j'ignore et bien que j'avais avec moi un excellent livre, je ne l'ai pas ouvert. J'ai rongé mon frein pendant les trois heures d'attente, avec des pensées en circuit fermé, si je puis m'exprimer ainsi. Impossible de lire, impossible de penser à quoi que ce soit de manière un peu positive. Renfrogné jusqu'à l'os, malgré les bonnes nouvelles qui me parvenaient : le succès de Sasha en philo, de Théo à l'Ecole internationale... Le rêve que j'avais fait la nuit d'avant me trottait dans la tête avec cette veste vert pâle, légèrement fluo, que j'essayais et qu'il fallait raccourcir pour me retrouver, tout de suite après, avec un manteau, de la même couleur vert pâle, vert pomme à vrai dire, qui me descendait jusqu'aux pieds, un manteau qui, sauf pour la couleur, ressemblait au manteau roux que mon père avait acheté dans les années 50 et que je trouvais ridicule.  Evidemment, je ne pouvais pas manquer de penser au roman écrit par mon père, L'Homme au manteau vert pomme, publié chez Dupuis (Bruxelles) en 1951 —mais publié auparavant également, en 1942 semble-t-il, aux éditions G.I.G. à Bruxelles—. J'ai toujours aimé ce titre de polar de mon père. Malheureusement, l'écriture ne tient pas les promesses du titre. Mais je vais quand même jeter un nouveau coup d'oeil sur ce roman.
Voici le passage où mon père parle de ce manteau :
"La porte s'ouvrit aussitôt. Un homme passa le seuil que M. Stockfield jugea d'un seul coup d'oeil. Il pleuvait à torrents dans la rue, mais le manteau de l'homme n'était pas mouillé ce qui donnait à penser qu'il descendait d'une voiture automobile. De plus, l'oeil était tout de suite attiré — je dirai plus, captivé — par la teinte du manteau de l'homme. Le tissu était d'un magnifique vert-pomme comme jamais auparavant M. Stockfield n'avait eu l'occasion d'admirer. (p.4)
[...]
L'homme s'était laissé tomber dans un des fauteuils de cuir qui se trouvaient là. Il resta un moment silencieux, tressaillant aux bruits de la rue, semblant s'efforcer de mettre un peu d'ordre dans ses idées, puis brusquement, il releva la tête et, regardant Stockfield dans les yeux, murmura d'une voix sourde :
— Je suis perdu, monsieur." (p.5)



La suite n'est pas inintéressante dans le cadre de ce blog consacré aux mésaventures de Dudule. Cet homme au manteau vert-pomme est une sorte de bouc émissaire que Scotland Yard cherche à arrêter alors que les véritables bandits, qui complotent pour supprimer les forces policières du royaume, sont tous vêtus de manteaux vert-pomme. Bref, il y a prolifération de manteaux vert-pomme à tel point que Stockfield, le détective qui est sur la piste des bandits, s'est lui aussi déguisé en enfilant un manteau vert-pomme ! 

vendredi 17 mai 2013

Rêves ?

Je ne devrais peut-être pas raconter mes rêves sur ce blog.

Je continue à penser que les efforts que je suis en train de faire pour manger plus sainement ne sont pas sans résultats sur mon cancer. Ce n'est qu'une intuition pour le moment puisqu'aucun examen n'a été fait depuis quelque temps. Cet après-midi je vois l'oncologue qui doit s'occuper de moi pendant les prochaines cinq semaines. Je donnerai des nouvelles, s'il y en a.

A Lisbonne, ce matin, il pleuvait à verses et il faisait froid, aussi froid qu'en Allemagne sans doute. Il semblerait que ce soit l'un des effets paradoxaux du réchauffement climatique qu'on devrait plutôt appeler le dérèglement climatique. Nous avons la dérégulation économique et en contrepoint, le dérèglement climatique. Rien ne va plus.

* * *

Je reviens de l'Hôpital Santa Maria où, avec Isabel, j'ai dû attendre 3 heures avant de voir le médecin. Un médecin qui, décidément, ne m'inspire guère. Pendant que j'attendais, j'avais plein de sentiments négatifs à son égard. Cela me dérange. Certes j'ai confiance en lui, en tant qu'il représente une médecine  efficace, très rationnelle et très compétente. Mais, j'aurais pu espérer des rapports un peu plus chaleureux, moins encombré de tracasseries administratives qui semblent absurdes et qui font perdre tellement de temps. 
Bon ! Le médecin m'a demandé mon poids et ma taille et c'est sur cette base qu'il va me prescrire les produits de la chimio. Il m'a également envoyé faire une prise de sang pour voir l'état de mes globules blancs ! 



jeudi 16 mai 2013

16 mai***Le descenseur

J'ai rêvé de J. cette nuit. Rasé de près, souriant mais nerveux, il me regardait avec un air de défi dans les yeux. Nous nous apprêtions à prendre un ascenseur pour... descendre... où ? je ne sais pas. L'ascenseur est en verre. Ce serait plutôt un "descenseur". Il me dit : "J'y retourne." Je comprends qu'il veut retourner chez Lacan. Ne sait-il pas qu'il est mort ?

C'est l'anniversaire de Célia aujourd'hui. Je viens de l'appeler. Elle me dit qu'elle est fatiguée. Elle travaille trop sans doute. Et puis, il y a ce temps en Allemagne, la pluie et le froid. Vivement que nous puissions l'accueillir ici à Lisbonne, très bientôt. J'espère qu'il ne fera pas aussi frais qu'aujourd'hui.


mercredi 15 mai 2013

Le mystère de l'ESCA

Cette nuit, j'ai rêvé de RE dont m'avait parlé GC la veille. RE devait faire une conférence et j'y étais invité. Ce devait être une conférence magnifique. Elle devait avoir lieu à l'ESCA à Strabourg. Mais l'entrée était difficile à trouver. Il fallait passer par une fente très étroite à côté de l'immense grille en fer forgé qui était l'entrée habituelle. C'était une fente sombre dont on ne savait pas très bien où elle menait.
Le matériel du rêve est évident ici : RE dont il avait été question la veille, l'ESCA qui renvoie à l'Escale de recherche de Luxembourg avec laquelle j'ai été en contact hier, la grille en fer forgé qui renvoie à cette magnifique porte de l'immeuble où je suis allé avec Isabel lundi pour consulter notre avocat. Mais, en associant encore un peu, je m'interroge sur l'ESCA. Il s'agissait d'un groupe d'immeubles assez cossus, sis rue des Pontonniers à Strasbourg, en face du Lycée de Jeunes Filles devant lequel je passais quatre fois par jour sur le chemin de mon école, le Lycée Fustel de Coulanges, place du Château. Juste avant ce rêve d'ailleurs, j'ai rêvé d'un château à construire ou à reconstruire, je ne sais plus... Je reviens à  l'ESCA. Ce groupe d'immeubles avait toujours été très mystérieux pour moi. Il y avait deux entrées piétonnières et je me souviens très vaguement m'être aventuré, poussé par la curiosité, dans l'une de ces entrées, mais pour être vite réprimandé par un concierge en uniforme et en colère qui me jeta dehors bien entendu.
La fente sombre par où il fallait entrer pour assister à la conférence de RE me fait naturellement penser à la caverne de Gygès qui ouvre le Livre II de la République de Platon.

mardi 14 mai 2013

14 mai - 1942***Au troisième degré

4h42 : je me réveille... et me rendors. 5h42 : nouveau réveil. Encore une heure de sommeil, me dis-je. 6h38, 39... 43 : je me lève avec ce chiffre en tête : 42 (que je viens de sauter comme le 42e mouton le ferait d'une barrière dans la tête pour s'endormir, justement !). 42, année de ma naissance. Une bien triste année, l'une des pires de la guerre. Le 20 janvier, les Nazis viennent d'adopter la "solution finale" à Wannsee. Le 1er février, la Norvège se donne un gouvernement de collaboration. Février, un mois sinistre, l'un des plus froids depuis des années, la Belgique est couverte d'une neige persistante ; le 2, dans un faubourg de Liège, route de Fléron (n° ? - 600 et quelque ?), ma mère donne naissance à son troisième garçon. Déception : elle attendait une fille qu'elle aurait appelée Françoise. Pris au dépourvu, mes parents se rabattent sur le prénom du fils du roi Léopold. Ma mère se paye un dernier caprice de femme enceinte : elle veut accoucher sur le plancher de la chambre plutôt que dans le lit parental.  Elle me dira plus tard : tu m'as fait beaucoup souffrir avec ta grosse tête. D'où cette réputation d'intelligence (fondée sur des croyances populaires très répandues) que je traînerai toute ma vie. Une grosse tête comme un boulet.
Il fait terriblement froid à Bois-de-Breux. Ma mère a préparé une bouillotte qu'elle place dans mon berceau. Une bouillotte de métal à l'ancienne. Quand elle m'y place à mon tour, hurlements. Elle croit à un caprice, me laisse crier un peu. Me reprend dans ses bras, me calme, me remet dans le berceau : hurlements. Le manège se poursuit. Le lendemain matin, quand elle me changera, elle verra la brûlure au 3e degré sur ma fesse gauche. La bouillotte a fait son oeuvre durablement : j'ai encore la cicatrice ! "Maman, tu t'es bien vengée de ma grosse tête ! On est quitte !"

La radiothérapie, c'est une brûlure. Une brûlure à l'intérieur. Du corps ou de la tête ? Les deux sans doute. Une brûlure qui fait lien entre le corps et la tête. La tête dans le cul ou le cul dans la tête ?
2 février 42, l'année du serpent se termine. Comme me l'a dit une amie versée dans l'astrologie chinoise, je suis dans la queue du serpent. Mais tout cela n'a ni queue ni tête, évidemment. C'est comme Fatima, évoquée par Isabel hier soir dans son commentaire, ou comme le fer à cheval à l'entrée de la maison de Niels Bohr à Copenhague. Il paraît que ça marche même quand on n'y croit pas !

lundi 13 mai 2013

13 mai 13

A nouveau beaucoup de bleu comme fond de rêve mais quand je dis cela, il ne faudrait pas penser à la couleur bleue mais à l'impression que l'on peut avoir quand on voit du bleu. Rien n'est véritablement bleu dans mon rêve mais l'impression est là.
Hier, nous sommes allés à la plage avec Z., après avoir été dans l'appartement du père d'Isabel à Oeiras où il y a encore beaucoup de choses à faire avant qu'on ne puisse le mettre en vente. Des objets, devenus inutiles, par terre, dans la poussière, des casseroles dans les armoires de la cuisine, la montagne de caisses où se trouve son journal tenu quotidiennement pendant une quarantaine d'années, des costumes gris suspendus dans les penderies de la chambre à coucher, un tapis de marche, des bouteilles de vin et d'alcool, anciennes, au contenu imbuvable, deux sachets de raisins de Corinthe, non entamés, des trucs divers, perdus, tout seuls, immobiles, sans vie, qu'une proximité improbable rassemble sur une même surface de plancher.

Nous prenons contact aujourd'hui avec le dr Q., celui qui doit me faire la chimio pour qu'il sache que, oui, c'est confirmé pour lundi prochain.

dimanche 12 mai 2013

12 mai 2013

Tout en sirotant mon mug de thé Oolong, ce dimanche matin, je me demande quoi écrire. Le rêve de cette nuit ? Encore un truc un peu chinois, avec une sorte de mandala rond fait de branches noires entrelacées, qui m'évoque à nouveau ce rond de cuir noir auquel se trouve attachée une clé qui a perdu sa serrure. Dudule fonctionne-t-il lui aussi comme une clé qui a perdu sa serrure ? Une telle clé est encore plus inutile que le rond de cuir qui la supporte. Si je les sépare, le porte-clé peut encore servir pour d'autres clés tandis que la clé, elle, est vraiment perdue, elle se retrouvera dans un tiroir avec toutes les autres clés perdues ou devenues inutiles pour cause de déménagement, les clés de voitures, vendues ou données à la casse, les clés de bureaux quittés pour d'autres bureaux quittés à leur tour, les clés d'hôtels emportées par mégarde et qui ont été depuis remplacées par des cartes qu'on introduit dans les fentes appropriées, les clés de coffres à trésors aux serrures rouillées à jamais, etc. Ce tiroir, rempli de clés différentes dont certaines se couvrent de rouille certes tandis que d'autres étincellent encore à la lumière de la lampe, prêtes à ouvrir tout ce qu'on voudra bien leur demander, ce tiroir donc est l'image même d'un passé déchiqueté qui rassemble mille lieux traversés, habités, délaissés, clos, ouverts, abandonnés.
C'est l'image d'une prolifération métallique étrange. Pourquoi garde-t-on toutes ces clés dans un tiroir ? J'ai vu récemment, à l'étal d'un brocanteur au fond de la campagne portugaise, un énorme trousseau de clés rouillées à vendre, des clés de toutes les tailles avec notamment, en dehors du trousseau cette fois, une énorme clé qui devait sans doute ouvrir les portes d'une ville au Moyen-âge.  Beaucoup plus chère que les autres, évidemment, si chère qu'on avait presque envie de l'acheter : une clé sans porte, mais peut-être capable d'ouvrir un jour le porte-monnaie d'un touriste égaré !

samedi 11 mai 2013

11 mai 2013

Une figure centrale : mon père. Il est là, au milieu de mes rêves de cette nuit mais... non ! ce n'est pas lui, puisqu'il ne me reconnaît pas, et tout à coup je comprends : c'est son sosie, c'est un sosie. Aucun doute, j'ai beau tourner autour de lui et essayer de capter son attention, il m'ignore totalement... ce n'est pas mon père bien qu'il lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Il est assez petit avec des cheveux noirs, une veste de laine au col croisé, il se tient immobile et indifférent. Mais c'est sûr, ce n'est pas lui. Après cela, j'ai une foule de petits rêves qui viennent picorer autour de cette figure centrale, ils en empruntent des lambeaux pour fabriquer d'autres scènes ailleurs, scènes dont j'ai du mal à me souvenir. Peut-être reviendront-elles me visiter dans la journée ? Je sais qu'à un moment donné L. y apparaît en liaison avec la Chine, mais mes souvenirs sont trop flous pour que les mots, drôles d'oiseaux ceux-là, puissent en saisir quelque chose. Finalement, avec toutes ces métaphores ornithologiques, pendant la nuit, tout se passe dans le ciel et dans les arbres !

D'ailleurs, ce matin, les oiseaux font un boucan pas possible, avec toutes sortes de chants. Il faudra que je les enregistre un de ces jours et que je publie leurs trilles, piaillements et gazouillis, jabotages et babillages divers et variés.

vendredi 10 mai 2013

Le rêve du serpent court

J'entends Axel Kahn à France Inter. Il traverse la France en diagonale, du Nord-Est au Sud-Ouest, à pied. Il dialogue avec Jean-Christophe Ruffin qui, semble-t-il, vient de publier un livre (Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi) sur le Chemin, ou plus exactement sur le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, déjà évoqué dans ce blog (ou dans le précédent !). [Les thèmes qui reviennent ou qui insistent au nom des hasards de la vie, nous rendent attentifs. Il y a là des potentialités de questionnement qu'il peut être intéressant d'explorer.]

* * *

Une image de rêve qui me revient : un serpent couché, un serpent un peu trop court pour être tout-à-fait serpent. Il a une tête de bouledogue applati. Cette tête de serpent ressemble à celle d'un dragon faisant fonction de brûle-parfum, sur une petite table chinoise qui se trouvait dans la maison de mon enfance et dont mon frère Do. a hérité. Ce demi-serpent, ou plutôt ce "serpent court" [pourquoi me sens-je forcé d'insister sur cette formulation de "serpent court" au lieu de "demi-serpent" ?] se trouve sur le marbre d'un radiateur dans la maison d'A. à Strasbourg. Il y a une salle de méditation, avec une moquette rouge comme celle du bureau de D. Chacun a une place bien précise avec un tout petit tabouret en forme de pot de terre, retourné. On s'y assoit et si l'on a une envie, on retourne le pot, on fait, et on le remet en place. Cela laisse une petite trace ronde sur la moquette. Ce qui donne des points alignés, des petites taches rondes et noires, de la taille, très précisément, du porte-clé en cuir noir de la clé mystérieuse dont j'ai parlé hier.   A. vient ensuite avec un aspirateur pour nettoyer tout ça. 

Exercice de réflexivité : comment se trace l'écriture d'un récit de rêve. Il y a d'abord une image que l'on décrit. C'est parfois difficile. L'image est très présente mais c'est un mot qui la capture et lui donne une sorte de stabilité artificielle, parce qu'on sent très bien qu'elle est très instable, que ses bords sont flous, en fait elle n'a pas vraiment de bords. Et c'est en l'examinant de plus près, si je puis dire, que certains de ses aspects réapparaissent progressivement. (à suivre)
Mais le besoin d'une certaine cohérence distord le récit. Par exemple, ce "serpent court" à tête de dragon, au cours du rêve —tel que je m'en souviens— évoquait un chien applati. Dans le récit, j'ai mis "bouledogue" pour faire lien entre le serpent et le dragon, mais dans mon souvenir le chien n'avait rien à voir avec un bouledogue, c'était plutôt un petit chien, s'applatissant lui-même, comme pour jouer (à suivre).
Ensuite, il y a des couleurs, indéfinissables. C'est surtout leur succession qui ne se laisse pas appréhender. Au début, tout se passe dans un endroit sombre et plutôt bleuté, le serpent est vert, mais dès que l'intérieur d'une chambre (plutôt que d'une salle, d'ailleurs) apparaît, les couleurs changent : le serpent devient chien au poil noir et fauve, la moquette est rouge. L'intérieur est chaleureux.

* * *

Je reviens de l'Hôpital Santa Maria. Ils auraient dû me téléphoner lundi, mais Filomena, surchargée, a oublié. Ce qu'elle nous a dit c'est que l'hôpital n'était pas équipé suffisamment bien pour faire une brachythérapie à cet endroit là. En fait, ils n'en ont pas l'expérience et ne veulent pas faire de moi un cobaye. Donc, on se rabat sur le traitement préconisé dès le départ par le Docteur Quintela, à savoir, cinq semaines de radiothérapie combinée à deux semaines de chimio, la première au début du traitement radio et la deuxième à la fin du traitement radio. Début du traitement, le lundi 20 mai. Impossible d'avancer la date. Voilà ! Le traitement radio sera focalisé sur la tumeur ce qui veut dire que toute la zone ne sera pas brûlée. Je n'aurai de feu qu'au cul ! Bon ! Ça promet.

Martine vient de m'envoyer un mail dans lequel elle me signale le livre de Guibert Del Marmole, un chef d'entreprise belge qui, à 30 ans, a eu une tumeur au cerveau. Il a écrit un livre qui a l'air intéressant, Tomber plus haut, où il raconte comment il s'en est sorti, notamment en faisant beaucoup de sport, mais aussi en se rendant attentif à ce qu'il appelle son "intelligence intérieure". Intéressant !




jeudi 9 mai 2013

9 mai 2013***Une clef très mystérieuse

Rien de neuf aujourd'hui, si ce n'est le nom du jour. J'avais envie de m'en tenir là. Et puis j'ai repensé à ce que me disait ma soeur Martine, hier au téléphone : "Tu n'arrives pas à te fâcher, Baudouin." Voilà une remarque intéressante et assez juste. Il m'arrive pourtant, mais très rarement en effet, d'être en colère. Alors, je dis, avec une voix très forte, des choses horribles que je ne pense évidemment pas, mais qui doivent bien venir de quelque part.

* * *

Le 7 mai dernier, j'ai raconté cette histoire mystérieuse de clé, trouvée dans la voiture par Charlotte et qui semble n'appartenir à personne.  Or, hier après-midi, en allant avec Zbigniew au Centre d'O., mon ami me dit tout à coup qu'il a trouvé la clé, cette même clé dont il m'avait dit auparavant qu'elle ne lui appartenait pas, donc qu'il a trouvé la clé... dans sa poche. Et ne voilà-t-il pas qu'il plonge la main dans sa poche et qu'il me tend la clé dont je cherche toujours le propriétaire ! "Cela ne m'arrive jamais, me dit-il, de mettre quelque chose dans ma poche sans y penser." Cette clé est décidément très mystérieuse. 

mercredi 8 mai 2013

8 mai 2013 : Objets rebelles

Il y a des jours comme ça : les objets vous échappent, le paquet de céréales se déchire et votre petit-déjeuner se retrouve par terre, les choses résistent à votre emprise, ou même à votre prise, le monde semble vouloir vous échapper, ou plutôt se détacher de vous. Et où se retrouve-t-on alors ? Si le monde s'en va, se détache de moi, où serai-je ? C'est la théorie que je défendais il y a trente ans : le sujet n'a pas de lieu ; seuls les objets occupent une place, chacun à leur place particulière dont parfois, ils s'échappent d'eux-mêmes.
Dudule a un lieu bien précis : le bord de mon rectum. Dudule peut-il être considéré comme un "objet" ?  Certes, c'est un ensemble de cellules proliférantes, donc pleines de vie en quelque sorte. Dudule pourrait s'échapper de son lieu... être absent, aller ailleurs, au diable par exemple. Voilà : il faut que je développe mon agressivité vis-à-vis de cet être qui essaye de me doubler, de l'intérieur de moi, de me dédoubler, avec ses deux "d"..., ses deux visages, le Janus qu'évoquait JM, rectum/versum, mais moi, contrairement à Dudule, je suis du "versum", recto/verso : on revient à une pièce de monnaie, le droit ou l'avers, opposé à son revers, bref le côté "face"... où Janus réapparaît, avec un seul visage !
Ça n'a pas beaucoup de sens tout ça, et pourtant je ne trouve pas l'exercice inutile.
Je comprends ma stratégie maintenant : accepter que Dudule soit sujet, et que donc, il n'ait pas de lieu. Voilà pourquoi j'ai du mal à être agressif. D'ailleurs, en lui donnant un nom propre, j'en fais un sujet, un autre véritable, qui ne m'est semblable que dans sa différence.
Je délire un peu aujourd'hui ! Même les mots échappent à toute prise !

mardi 7 mai 2013

7 mai 2013***La clef de l'ange

Une maison de marbre avec colones et porte monumentale. Fermée. Les propriétaires, nous en l'occurrence, ne sommes pas là et nous pouvons apposer devant la porte une sorte de médaillon de marbre lui aussi, assez grand, qui indique que c'est fermé (fechado). Le médaillon a la forme du porte-clés en cuir que Charlotte a trouvé dans la voiture hier matin, par terre, devant le siège du passager avant, et qui, malgré mes recherches, semble n'appartenir à personne. Une clé était accrochée au porte-clés. Cette clé est très mystérieuse. Elle ouvre certainement une porte, mais laquelle ? Et surtout, comment se fait-il qu'elle se retrouve un jour dans cette voiture que nous avons achetée il y a à peu près un an ? J'ai demandé à tous mes passagers récents s'ils avaient perdu une clé, et aucun d'entre eux n'avait subi une telle perte. Etrange ! Serait-ce la clé qu'un ange a perdue ? La clé du paradis ? Ouaaah !
Pourtant je ne suis pas pressé d'aller l'essayer.

J'espère avoir aujourd'hui des nouvelles des médecins de l'hôpital Santa Maria. Je ne suis pas trop inquiet mais leur silence m'étonne un peu. Je me demande d'ailleurs si cette porte monumentale dont j'ai rêvé cette nuit ne serait pas celle d'un hôpital. Ennuyeux qu'il soit fermé ! Oui ! en effet, c'est bien la porte cochère d'un hôpital, celui qui se trouve à proximité de l'immeuble que nous avons acheté.

En sortant dehors ce matin, une odeur très désagréable de chou nous a saisis tous les deux, Charlotte et moi. Lisbonne s'est réveillée aujourd'hui dans un chou. Impossible de savoir d'où cela pouvait venir. D'autant plus que cela semblait imprégner la ville entière.

Cf également un point de vue intéressant d'Ilana Löwy paru dans Le Monde du 11 avril :


Ce qui est étrange c'est que je n'adhère absolument pas aux métaphores guerrières qui sont évoquées dans cet article. Je ne réussis pas à considérer Dudule comme une sorte d'ennemi qui veut ma peau. J'aurais plutôt tendance à essayer de l'apprivoiser, dans une sorte de dialogue intime, où chacun fait bien attention à l'autre, à ne pas le vexer ou le mettre en colère.

lundi 6 mai 2013

6 mai 2013

C'est le jour de la rentrée. Le jour des embouteillages à l'approche de l'école. Le jour des bonnes résolutions pour un brillant troisième trimestre.

Hier soir, S. nous a invités à dîner dans un restaurant sélectionné par Charlotte : L'Entrecôte. Tout un programme auquel je n'ai pas adhéré puisque je me suis rabattu sur un "steak" de seitan, du gluten en barre, avec une sauce délicieuse, la même que les autres convives qui se délectaient de bonne viande rouge. Charlotte était très en forme et, au retour, elle nous a chanté dans la voiture plusieurs chansons en anglais. Elle met beaucoup d'énergie dans sa voix et c'est sans doute ça qui la rend très convaincante.

Avant hier, j'ai reçu une demande de J.P. pour un article sur la vulgarisation.
[Je reviens tout de suite. Je vais conduire Charlotte à l'école.]
Je ne sais comment répondre. J'ai l'impression d'avoir dit tout ce que j'avais à dire sur cette question et la perspective d'avoir à repenser les choses m'ennuie terriblement. J'essayerai sans doute d'écrire un truc mais ça risque de ne pas être très convaincant. Je crains de ne pas pouvoir mobiliser l'énergie qu'il faudrait pour écrire quelque chose d'intéressant.

* * *

A la "une" de Libé aujourd'hui, une photo de François Hollande et ce titre : "L'homme seul". Plusieurs articles ensuite traitant de la "déception des Français". D'abord, on pourrait aisément tiquer devant la manière dont les médias parlent "au nom des Français". On entend (à la radio) et on lit (dans les journaux) de plus en plus souvent des choses telles que : "Les Français pensent...", "Les Français ont peur...", "Les Français veulent...", "Les Français sont en colère...", etc. Ces formules sortent de la bouche d'hommes politiques, de journalistes, de commentateurs radio, bref de toute une série d'hommes publics qui s'instituent eux-mêmes "porte-parole" des Français. Même si de tels propos s'appuient sur des sondages —ce qui est rarement le cas, à mon avis—, je trouve cette façon de s'approprier la voix des Français, ou plutôt, les multiples voix des Français, incroyablement irrespectueuse de leur diversité. Les Français ne parlent pas d'une seule voix et c'est heureux parce que sans cette diversité la démocratie n'aurait aucun sens. Pour revenir à la "une" de Libé, et à ces articles où s'exprime la grande déception française par rapport à Hollande, ils me semblent très ambigus.  Ils témoignent apparemment d'attentes de la part des "Français" quant à ce que doit représenter leur président, c'est-à-dire en l'occurrence, un souverain charismatique propre à susciter dévotion, passion et soumission. On pourrait cependant se demander si c'est vraiment ce que l'on attend du président. Le slogan de campagne de Hollande mettait l'accent sur sa normalité. C'était intéressant. C'est encore intéressant ! Pourquoi faut-il que les médias en rajoutent quant aux attentes traditionnelles des Français qui seraient incapables de concevoir la normalité de leur président ? Et surtout incapables de concevoir que cette normalité puisse durer ! Il y a pourtant là un beau défi à relever pour.. les Français justement ! 


dimanche 5 mai 2013

5 mai 2013

Ce matin, plusieurs réveils successifs. Chaque fois, j'essayais d'attrapper un rêve mais celui-ci s'envolait comme si le pas lourd des signifiants de la conscience effrayait ces êtres d'air et de plumes. Je me souviens du dernier de ces signifiants : UPSALA. Quel mot maladroit ! Il a chassé d'un seul coup toutes les petites bribes d'images oniriques qui gonflaient mon oreiller. Oups ! Ah...lalala ! Encore raté !  Il n'y aura pas de rêves aujourd'hui. Par contre c'est la fête des mères au Portugal.

Pendant que Mélenchon agitera les foules françaises, j'aiderai Charlotte à terminer ses devoirs. C'est en effet son dernier jour de vacances.

Hier soir nous sommes allés chercher Charlotte à la campagne où O. l'avait emmenée avec sa petite fille  Alice vendredi matin. Une maison de campagne absolument adorable avec plein de petits coins où se retirer à deux ou trois pour avoir des conversations. Nous y reviendrons certainement.
Et Dudule ? Parfois, je me dis qu'avec le régime que je m'impose, sans d'ailleurs que j'en souffre le moins du monde (pas d'alcool, pas de viandes, pas de produits laitiers — par contre : jus de carottes et de betteraves deux fois par jour mélangé avec pommes, kiwi, ananas, citron, aloe vera et mangoustan) Dudule va rétrécir comme une peau de chagrin. Mais je me fais sans doute des illusions (que je suis prêt à perdre !) et je suis impatient maintenant de commencer le traitement sérieux. Mais pour cela, il faudrait que les médecins nous alertent et qu'une fenêtre de tir apparaisse. Cette métaphore empruntée à l'exploration spatiale est douteuse. Elle vient sans doute d'une assimilation entre fusée et suppositoire ! Comme si l'on pouvait guérir d'une tumeur rectale avec un suppositoire ! Pourtant c'est un peu ce qui va se passer avec la brachythérapie. Sauf que le suppositoire en question est une aiguille radioactive qui ira exterminer mes cellules foireuses en combats singuliers.

samedi 4 mai 2013

4 mai 2013 : Pacemaker ?

Hier, pendant la journée et juste après que l'on nous ait installé un nouvel opérateur (moins cher) pour la télé, le téléphone et internet, j'ai allumé cette télé pour la tester. France 24. Une émission sur les primates et notamment les babouins, une foule de babouins descendant de falaises très abruptes à la rencontre d'une autre foule de babouins et babouines, pour leur voler les babouines justement. La télé fonctionne parfaitement. D'ailleurs les babouins sont revenus me visiter cette nuit en rêve mais ils ressemblaient plus à des humains cette fois. Une foule d'humains avec des autocars, des voitures, un embouteillage monstre comme j'en connais régulièrement quand j'amène Charlotte à l'école. Mais c'est vrai que l'image qui me revient à l'esprit ce matin, c'est celle d'une prolifération... quoi ! vous avez dit prolifération ? il suffit d'ajouter anarchique pour être sûr qu'il s'agit de votre cancer, Monsieur. Rêver son cancer ? Non, il faut le vivre jusqu'au miracle de sa disparition.
Hier on a enlevé les fils de ma blessure cathéterienne sous-claviculaire. On fait cela dans un "centre de santé" à Lisbonne. Un monsieur aux cheveux blancs a procédé à cette délicate opération en cinq minutes. Quand j'écris cette phrase, j'oublie complètement que moi aussi je suis un vieux monsieur aux cheveux blancs. Je l'écris comme si j'étais encore un enfant, un infans, ce que je suis un peu, puisque je ne parle toujours pas portugais. Toujours est-il que ce vieux monsieur, après avoir jeté un coup d'oeil à mon pansement s'interroge à haute voix : "Pacemaker ?" demande-t-il. Sous une clavicule droite, peu probable, à moins que je ne sois le siège d'une anomalie anatomique exceptionnelle !
Enfin voilà : deux messieurs aux cheveux blancs dans un centre de santé portugais, l'un avec une pince et des ciseaux dans la main, habillé en blanc, l'autre habillé en bleu avec rien dans la main, ni dans les poches d'ailleurs ! Ce sera 16 euros quand même !

vendredi 3 mai 2013

Je suis piaf

On m'enlève les fils qui ont cicatrisé ma blessure sous-claviculaire aujourd'hui.  Ce matin il fait très beau. On entend quelques oiseaux mais il est déjà tard (8h05) et à cette heure, les oiseaux, comme les rêves, se sont mis à l'abri.
Je n'ai toujours aucune nouvelle des médecins de Santa Maria. Cela m'inquiète un peu. Ils devraient savoir maintenant si oui ou non, ils peuvent me faire une brachythérapie.
Vu dans Le Monde aujourd'hui quelques extraits du Journal d'un corps de Pennac avec des illustrations de Marcel Larcenet.
Hier après-midi, je suis allé avec Charlotte, à Colombo, le super marché le plus grand d'Europe. Il s'agissait d'aller faire du shopping ! Un monde fou dans les allées de cet endroit infernal, éclairé aux néons de mille couleurs, bruyant de mille bruits différents, avec, partout, les supporters de Benfica se promenant en petits groupes avant d'aller soutenir leurs footballeurs préférés, juste à côté. Charlotte m'emmène dans les magasins pour adolescentes en mal de T-shirts, de boucles d'oreilles (en provenance de chez Claire's) de chaussures basket. Nous sommes vraiment dans le monde de la consommation outrancière alors que, dans le journal, on continue à invoquer l'austérité. Au fond, ce n'est pas plus mal, cette austérité qui nous oblige à consommer moins, ou en tout cas, à réfléchir avant d'acheter. N'est-ce pas une excellente préparation à ce qui va nous tomber dessus très vite : l'austérité imposée par la rareté des ressources ? Comme en temps de guerre. Avec des tickets de rationnement et tout le reste. Enfin, ce n'est sûrement pas pour demain. Mais je ne crois pas qu'on y échappera. En ce qui me concerne, j'ai acheté mes betteraves rouges et mes kiwis, ainsi que deux petits sachets de graines de courges que je grignote en conduisant. Charlotte me traite de piaf ! Encore un oiseau dans cette histoire. Décidément !

jeudi 2 mai 2013

Ornithologie ?

Drôle de rêve cette nuit. Je fais partie de la cohorte du président de l'université qui reçoit un visiteur, un universitaire hollandais, célèbre, qui parle un excellent français. Le lieu est sans doute l'Institut Le Bel à Strasbourg. Nous arrivons dans la petite salle où le Hollandais doit faire un discours. Nous l'attendons. Ma main se trouve au bord de la table où sont exposés les amuse-gueules traditionnels dans ce genre d'événements. Cette main saisit d'ailleurs une espèce de petit macaron. Je le mange en cachette ainsi qu'un morceau de macaron qui se trouvait à côté. Je suis à côté du Président mais celui-ci ne me voit pas. Le discours du Hollandais commence. Français excellent en effet. Il ressemble à Michel H. Ma main se fait balladeuse. Elle se promène derrière moi sans que je sache très bien où elle va. Elle tombe sur une fermeture-éclair qu'elle ouvre pour se retrouver dans un dédale de sous-vêtements féminins datant d'une autre époque (corset, gaine, dentelles, culotte). Mais bientôt elle arrive à un peu de chair humaine, un sexe féminin, des poils et je sens que cette femme n'est pas indifférente à ce qui devient une caresse appuyée. Elle est au milieu d'autres femmes qui observent le manège. Au moment de sortir, je suis avec un collègue à qui je dis : "Au moins, on fait partie de l'état-major ! C'est toujours ça." Il n'a pas l'air convaincu.
Mesdames et messieurs les onirologues — j'allais écrire les ornithologues (mais n'est-il pas vrai que les rêves sont comme des oiseaux ? — ils sont difficiles à attrapper, ils s'envolent au premier geste de la conscience du matin) —, mesdames et messieurs les onirologues donc, c'est à vous !

mercredi 1 mai 2013

Deux ans déjà

Voici presque deux ans que nous sommes à Lisbonne. Charlotte grandit et s'épanouit. Isabel a ouvert son dépôt-vente et moi, à la retraite, je me paye un cancer. L'appartement que nous louons est magnifique. Il fait très beau aujourd'hui.
Charlotte et moi avons fait ensemble quelques exercices de mathématiques. Les ordres de grandeur. Intéressant.
Pas de nouvelles des médecins de Santa Maria.
Quand pourrons-nous commencer les travaux de notre nouvelle maison ?