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dimanche 30 juin 2013

Cacastrophes

Dernier jour du mois, un mois qui aura été complètement accaparé par des soucis de santé. Qu'est-ce qu'un mois ? Pas grand chose dans la vie d'un être humain. Et pourtant, ce mois, avec ces trente wagons quotidiens, ont traversé très lentement mon horizon de vie, omnibus pendant les nuits, s'arrêtant toutes les heures, parfois plus rapide pendant les journées mais frisant souvent les cacastrophes imprévisibles.

samedi 29 juin 2013

Tripes

Encore une nuit difficile avec beaucoup de réveils et une diarrhée très acide et douloureuse. Pourtant j'ai suivi les recommandations de cette jolie nutritionniste que j'ai rencontrée à l'Hôpital Santa Maria, jeudi dernier. Sauf que, hier, je n'ai pratiquement rien mangé. Le soir nous sommes allés au restaurant où j'ai commandé un bar grillé —un peu trop grillé d'ailleurs— faisant partie des choses permises. Mais même avec les choses permises, mes tripes rechignent à fonctionner normalement.

J'aurai encore un traitement lundi à 19h. Le dernier. Après quoi, la médecine me laissera tranquille pendant un certain temps. Tranquille ? c'est beaucoup dire. Les effets de son passage dans, à travers, sur mon corps mettront quelques mois, semble-t-il, pour s'atténuer sans jamais disparaître complètement.

vendredi 28 juin 2013

Le général Dudule en son c... retranché

Je me suis réveillé aujourd'hui à 6h42, très exactement, avec les restes d'un rêve assez extraordinaire. J'étais au milieu d'un groupe de jeunes gens, je crois, et on venait de sculpter de petites figurines en argile que l'on avait disposées sur un plateau. Je ne sais pour quelle raison, je fais tourner ce plateau et, profitant de ce mouvement, certaines des figurines disparaissent. Il en manque plusieurs que je retrouve accrochées à mes vêtements. On en retrouve quelques unes qu'on a d'ailleurs du mal à décrocher. On retrouve un militaire allongé avec une mitraillette, tirant de vraies balles de quelques microns, mais qui piquent quand même. La dernière figurine, celle du général Dudule est introuvable. C'est un personnage assis dans un fauteuil et fumant le cigare. On retrouve le fauteuil et, finalement, le général lui-même, qui se débat certes un peu, mais que l'on finit par rasseoir dans son fauteuil. Dans mon rêve, il s'agissait bien d'une sorte de général, mais je ne l'avais pas encore reconnu comme le général Dudule. Ce n'est qu'après coup que je lui ai donné ce nom qui colle très bien avec le sentiment que j'en avais dans mon rêve. Dudule s'était planqué dans mon dos qu'il redescendait lentement vers son camp retranché, à savoir, mon cul, pour être précis. Mais il a été déjoué à temps. Voilà.
Je file maintenant à l'hôpital après avoir pris une douche.

* * *

Sasha vient d'arriver, magnifique comme toujours. C'est un plaisir que de l'avoir avec nous pendant une semaine. 

jeudi 27 juin 2013

Bravo ?

Ce sont les derniers traitements. Aujourd'hui, dans une heure, j'en serai à mon 28e traitement radio. La nutritionniste de l'hôpital a demandé à me rencontrer après mon passage radio. Il faut dire que je perds actuellement à peu près 1kg par jour. Je dois en être à 68 kg à peu près. Quintela n'avait pas l'air de s'affoler pour ça. Moi non plus d'ailleurs. D'une certaine manière, j'aurais tendance à penser que moins je mange, mieux je me porte. L'attitude de Q. hier était assez intéressante. Il était beaucoup moins rébarbatif. Il m'a souri plusieurs fois, en particulier en me donnant la main au moment de la séparation. Un sourire qui avait l'air de sous-entendre : "Et bien voilà ! On y arrive ! Ce n'était pas si terrible que ça, n'est-ce pas ? Bientôt vous serez complètement guéri et tout ce à travers quoi vous êtes passé va donner de bons résultats." J'avais presque l'impression qu'il allait me dire "Bravo !"

* * *

La journée a été vraiment difficile aujourd'hui, après le traitement. J'ai l'impression que mes sphincters sont totalement inopérationnels, ce qui me cause beaucoup de soucis. Demain à 8h du matin, je remets ça. Juste avant l'arrivée de Sasha. Bon ! On verra bien !

mercredi 26 juin 2013

Le comble de l'obsessionnalité

Quel est le comble de l'obsessionnalité ?
Faire de multiples rêves pendant toute la nuit sur un seul thème : l'état de santé de son propre cul !
Il faut dire qu'il était difficile d'oublier cette partie de mon corps. Elle réclamait mon attention aussi bien inconsciente que consciente. Je n'ai plus que cela en tête. J'en ai oublié de me réveiller à l'heure qu'il fallait pour réveiller Charlotte. Ce qui est véritablement exceptionnel.

Aujourd'hui, je vais voir Quintela qui doit me donner quelques explications.

* * *

J'ai vu Quintela qui m'a convaincu d'aller jusqu'au bout des trente traitements radio qui m'avaient été prescrits par Filomena Pina. En réalité, c'est aussi Isabel qui m'a convaincu d'aller jusqu'au bout. Quintela pense que je récupérerai 100% de mes fonctions sphinctérales. Filomena était moins optimiste. Elle parlait de 80/90%. On verra bien. Finalement, je n'ai pas perdu tous mes cheveux. En fait, je préférerais perdre quelques cheveux plutôt que mon efficacité sphinctérale. Echange cheveux contre sphincters ! 
Maintenant que j'arrive au bout de mon traitement, je me pose une question : alors, est-ce que tout va être comme avant ? La réponse est non, forcément ! Un cancer ça vous change. Mais en suis-je aussi sûr ? Est-ce que "guérir d'un cancer", ce n'est pas "oublier qu'on en a eu un" ? Et, dans ce cas, probablement rechuter. Mais "ne pas oublier qu'on en a eu un", c'est rester avec ce questionnement latent auquel aucune réponse explicite n'a pu émerger. 

mardi 25 juin 2013

25 juin***D comme...

D comme Dominique, mon frère aîné, qui m'a envoyé un message de sympathie hier dans la journée. Mais aussi D comme duodenum, cette première partie de l'intestin grêle, que je visualisais, sans doute à tort, comme origine d'une douleur survenue il y a deux jours, en haut de mon ventre à gauche, et peut-être liée à une constipation qui fut interrompue aujourd'hui matin par une élimination déchirante au sens propre, une élimination qui déchire... en tout cas c'est la sensation. Comme j'ai l'impression d'avoir des tripes en carton, le mot acquiert une justesse imprévue.

Hier, Isabel a reçu un coup de téléphone de l'hôpital qui me donne un rendez-vous avec Quintela, mon oncologue préféré, demain mercredi à 15 heures. Rendez-vous imprévu qui, j'espère, me permettra de mieux comprendre les difficultés que je traverse en raison de ce surcroît de brûlures internes.

Mes journées, depuis près d'une semaine, sont particulièrement ternes, lentes, longues. Je prends des anti-douleurs qui me ralentissent encore plus. Je mange de moins en moins. Pour ne pas avoir à éliminer. Vivement que ce traitement s'arrête. Et je me réjouis d'en ressentir —mais quand ?— les effets positifs.

lundi 24 juin 2013

Un rayon bleu

Je me sens un peu mieux aujourd'hui matin.  J'ai mis les deux jours (samedi et dimanche) pour récupérer de ma semaine chimio + radio. Aujourd'hui je ressens moins de nausées. J'ai toujours le feu au cul certes, mais je contrôle un peu mieux. Ce soir, je retombe dans la marmite à rayonnements.

Il fait très très beau à Lisbonne. Et chaud. Mais les températures, d'après la météo, n'augmenteront pas beaucoup cette semaine. Elles seront même plutôt en baisse. Autour de 30°, voire moins. C'est vraiment le moment de venir nous voir, sauf que je ne suis pas en grande forme. Je manque d'énergie. Avec ce goût de rien dans la bouche et dans la tête, cette difficulté à sourire, cette démarche lente et craintive...

En fin de semaine, Sasha va peut-être venir. Je me réjouis de cette visite.

* * *

Donc, comme prévu, j'y suis allé aujourd'hui. J'ai eu une drôle d'impression cette fois-ci : l'impression que je sentais le rayonnement me transpercer. Impression assez désagréable qu'il est difficile de neutraliser même en visualisant un rayon bleu.

dimanche 23 juin 2013

23 juin

Jour anniversaire de mon mariage avec Isabel, il y a 12 ans, à Paris.
La météo prévoit une chaleur de 35° à Lisbonne, cet après-midi. Une météo en dents de scie pour mieux nous préparer aux bouleversements climatiques à venir. Avant hier, je gelais sur la place du Commerce, aujourd'hui, je serai dans un four.

Ma nuit a été plutôt calme. La nouvelle crème qu'ils m'ont donnée vendredi pour régénérer ma peau abîmée par les brûlures, la pomade Halibut, calme un peu les parties irritées. Je dis "un peu" parce que c'est seulement "un peu". Pendant la journée, je ne sais comment placer mon corps dans un fauteuil, sur une chaise ou un divan : il n'est jamais bien. Les épingles n'ont pas disparu.

Demain, je reprends le traitement et rajoute des épingles.

samedi 22 juin 2013

Une semaine de plus

J'ai très bien dormi aujourd'hui. Avec un long rêve en fin de sommeil. J'étais en Angleterre et je marchais sur une route à peu près déserte. La route était bordée d'immeubles qui donnaient de plain- pied sur la route, sans trottoir. Ces immeubles comportaient des ouvertures qui pénétraient dans leur intérieur assez profondément et qui pouvait laisser apercevoir ici une chambre à coucher, là, au fond d'un long couloir, des toilettes, là encore, une cuisine, etc... Je marche sur la route et j'aperçois, accrochées à un poteau, des cravates de club anglais, avec des lignes obliques, couleur bordeaux sur fond argenté. Il faut que je retrouve mon chemin. J'entre par l'une de ces ouvertures et j'arrive dans une chambre à coucher où j'aperçois un adulte, un Indien vraisemblablement, qui joue avec ses enfants sur le lit. Sa femme me parle gentiment et me donne des instructions pour poursuivre mon chemin. Elle aussi est indienne. Je comprends que mon itinéraire doit passer par l'intérieur de ces immeubles étranges qui communiquent les uns avec les autres comme dans une sorte d'immense labyrinthe, avec des ouvertures par ci par là.

Hier après-midi, on m'a enlevé mon petit réservoir de chimio branché sur mon cathéter. Pas fâché d'être débarrassé de cette tubulure qui me gêne quand je prends une douche. J'ai vu un médecin qui a confirmé que l'on m'avait prescrit 30 traitements radio, ce qui fait 6 semaines de 5 jours. Il y a quand même contradiction avec ce que Quintela m'avait dit au départ : cinq semaines de cinq jours combinées à la chimio lors de la première et de la dernière semaine. Or j'ai eu la chimio de la première semaine ainsi que celle de la dernière semaine. Bref je n'y comprends rien. Et je n'aurai pas d'explication avant lundi.

Enfin hier soir, nous sommes sortis pour aller manger dans un restaurant situé Place du Commerce dans le quartier de Baixa. JP, V, Z, Isabel, Charlotte et moi. Au programme un concert de sirènes de bateaux, de klaxons d'autobus, de cymbales de tramways, etc... Le concert a fait flop. En outre il faisait vraiment très froid sur cette terrasse où nous avons attendu notre repas pendant deux heures. C'était vraiment désagréable. Heureusement, je me suis endormi aussitôt après cette sortie et ma nuit a été relativement calme.




vendredi 21 juin 2013

21 juin***L'été

C'est l'été. Il fait en effet très beau et Isabel  m'a dit hier que la météo prévoyait 35° pour dimanche. Ce sera tout de suite trop ! J'espère que le vent de la mer rafraîchira les soirées.

Les vers à soie de Charlotte sont énormes. On attend avec impatience qu'ils se fabriquent leur cocon. Mais ils n'ont pas l'air pressé.

J'ai passé une mauvaise nuit. Réveil toutes les heures au moins pour aller, chaque fois, pisser trois gouttes qui, en plus, ont du mal à trouver la sortie. Des rêves courts, inachevés. Dans l'un d'eux, j'étais un naufragé et Monsieur Karli était à proximité. Il n'y avait rien de dramatique. Je dis à Karli que c'est agréable de plonger dans la mer. Je monte sur ses hanches et fait un joli plongeon. J'essaye de revenir à la surface mais j'ai des difficultés avec tous ces draps dont je dois m'extirper. J'y arrive enfin. De justesse. Encore un peu et j'étouffais au fond du lit.

Aujourd'hui, je vais demander des explications. Pourquoi on me rallonge le traitement d'une semaine. Et j'espère bien qu'ils vont revenir sur cette décision. J'ai vraiment du mal à supporter la radio. J'ai l'impression que ma "région pelvienne" comme ils disent, est sens dessus dessous.

jeudi 20 juin 2013

20 juin***Une semaine de plus

Hier, à l'issue de mon traitement radio, les infirmières m'ont annoncé que, contrairement à ce qui m'avait été dit auparavant ("25 jours de traitement radio avec chimio au début et à la fin"), j'avais droit à une semaine de radio en plus. Cette nouvelle m'a vraiment déprimé. Déjà que j'ai l'impression que plus rien ne fonctionne normalement dans la région pelvienne de mon corps, je me dis qu'avec cette semaine supplémentaire, je serai vraiment handicapé. Isabel va téléphoner au Dr Quintela pour lui demander pourquoi on me rajoute cette période de traitement alors que je n'ai pas été ausculté ou examiné depuis le début. Ils ne peuvent donc pas savoir si le traitement a bien fonctionné ou pas. Bref, je ne comprends pas cette rallonge qui paraît-il aurait été programmée par le Dr Filomena Pena.

Pendant cette nuit, j'ai fait un rêve curieux. J'étais en voiture avec Charlotte et, pour une raison inconnue, en arrivant à une sorte de carrefour, je suis hors de la voiture et Charlotte est seule au volant. Et je vois qu'elle continue sur sa lancée. Je lui dis : "Charlotte ! Freine... freine !" Mais elle continue et moi je cours derrière, m'attendant au pire, évidemment. Je sais qu'elle ne sait pas conduire. La voiture traverse le carrefour sans encombre, mais elle continue et je finis par la perdre de vue.

mercredi 19 juin 2013

19 juin***Caravelles

C'est la fin de la course. Je suis aux commandes de l'une des caravelles et je crois que c'est ma fille Célia qui est aux commandes de la deuxième. Je dis ça parce qu'elle a un équipage de quatre petits marins alors que moi je suis seul dans ma caravelle. Nous arrivons sur la scène d'un théâtre. Elle est la première mais je réussis à la doubler. J'ai encore quelques tours de scène à faire pour gagner la course mais curieusement le rêve s'arrête au moment où ma caravelle s'arrête en voyant l'autre caravelle également arrêtée et l'équipage en ligne sur la scène. Bon ! C'est à peu près ça.
Il y a dans le fond ma rencontre avec ALA, évidemment. Mais le livre dont il est question est à Luxembourg, dans la chambre que je devais occuper à partir de demain dans le cadre de la réunion du CEIP. Hélas, je n'y serai pas. Je ne reviendrai sans doute à Luxembourg qu'en septembre. Mais je viens de lire "Explication des oiseaux" que je n'avais jamais lu et que j'ai beaucoup aimé.
La chimio se fait sentir un peu plus, mais ça va plutôt bien. Disons que je m'attendais à bien pire. Alors, c'est plutôt une bonne surprise de me réveiller en bonne forme. Je ne suis pas trop nauséeux. C'est sans doute le mantra d'hier qui continue à agir et à déverser sur moi ses effets bénéfiques !

* * *

De justesse ! j'ai évité un nouvel accident merdeux. C'est vraiment difficile de vivre dans cette crainte permanente d'un lâcher de sphincters beaucoup moins drôle mais tout aussi spectaculaire et coloré qu'un lâcher de ballons.  On se sent vraiment fragile sans cette capacité musclée de bouclage de nos intériorités. Encore trois jours de traitement. Certes, je tiendrai jusque là... mais après ? Après, les effets secondaires continuent sur leur lancée pendant quelque temps encore. 

mardi 18 juin 2013

Nokoche

Nokoche acramaalik trittuseek korocratamek oulourma zwatarma xanaaloq inquedam inquedam inquedam.
Voilà ! C'est dit, ou plutôt c'est écrit après avoir été à peu près mémorisé tel quel au cours d'une longue insomnie qui avait commencé par des émotions très négatives, dont je ne réussissais pas à composer une expression satisfaisante. Bien entendu, je ne suis pas entièrement sûr de l'orthographe ! En tout cas, j'éprouvais une sorte de nausée mentale que je devais extirper de manière adéquate. Alors j'ai trouvé ça. Mind you, ça n'a pas été aussi facile qu'il paraît : chaque syllabe a été soigneusement choisie parmi des éventails très larges. Par exemple, j'ai réfléchi très longtemps au premier mot : "nokoche" qui apparaissait plutôt avec un "c" au départ : "nocoche". et le mot "trittuseek" qui au début, dans ma tête, ressemblait à "trittrusik" mais qui, au fur et à mesure que j'avançais dans ce problème compliqué a pris finalement la forme que vous avez pu lire.
Une chose est certaine, c'est plutôt comme ça qu'il faut entamer le deuxième jour d'une chimio car, ce matin, je me sens en pleine forme. Je me suis réveillé très serein. Presque joyeux avec mes tubulures  plastiques qui pendouillent silencieusement sur mon ventre.

* * *

Je lis dans Le Monde daté de demain, le compte-rendu du film Room 237, un documentaire tourné sur le film de Kubrick, Shinning, sous la plume de Franck Nouchi :
"Sorti en 1980, Shining est le film inquiétant par excellence. Mais, par-delà la trouille suscitée par certaines scènes fameuses, on y trouve bien autre chose, de très mystérieux. Ainsi, par exemple, cette répétition du chiffre 42 : il apparaît sur la manche du pull que porte Danny au moment de la première vision de l'ascenseur d'où s'échappe du sang ; dans un journal télévisé, il est question d'un budget de 42 millions de dollars ; Wendy et Danny regardent le film Un été 42 ; le chiffre apparaît sur l'étiquette d'une boîte de médicaments et sur une photo ; quant au numéro de la fameuse chambre, 237, remarquons qu'il correspond au produit suivant : 2 × 3 × 7 = 42...
Cette omniprésence du " 42 ", Geoffrey Cocks l'analyse dans un de ses ouvrages -The Wolf at the Door - ainsi que dans le film. Selon lui, Kubrick était hanté par la Shoah mais il ne voyait pas comment en traiter au cinéma. C'est pourquoi il aurait décidé de truffer Shining de références à l'année 1942, celle-là même où fut ordonnée la Solution finale."
Comme quoi, je ne suis pas le seul à me poser 42000 questions sur 42 !



lundi 17 juin 2013

Chutes

Dernière semaine de traitement.
"Un croque !" commandait Charlotte à sa mère, cette nuit dans mon rêve. Quant à moi, toujours dans ce rêve, j'ai eu droit à des espèces de pâtés rebondis, peu attrayants et dont je n'ai même pas rêvé la saveur, heureusement peut-être. Hier après-midi, nous sommes allés rejoindre Elsa, Joba, Béatrice et leur invitée, Charlotte, à Sintra, dans le magnifique hôtel où ils s'étaient mariés. Piscine, tennis, jardins, luxe, calme et volupté... Charlotte adore ce genre de parenthèse à la vie quotidienne. Isabel aussi. Personnellement, j'y suis peu sensible. Le luxe m'incommode. Je n'aime guère que ce soit les autres —une équipe de professionnels aux petits soins— qui se soucient de mon confort et de mon bien-être. Je préfère en prendre toute la responsabilité moi-même.
J'ai échangé quelques balles de tennis avec Isabel et, ma foi, à part une chute de tout mon long que je me serais bien épargnée, j'ai apprécié cet échange. Il faudrait que nous nous inscrivions à un club et que nous jouions plus souvent.
A mon âge, faire une chute est un événement qui cause des sensations fortes. L'équilibre se rompt et brusquement le corps, avec ce poids qu'il a et qu'on ne sent plus dans l'instabilité qu'il acquiert d'un coup, bascule dans une sorte de désordre gestuel qui vous entraîne implacablement vers le sol. On vit la chute au ralenti, l'esprit ne suit pas, et on se retrouve étendu dans la poussière avec encore, dans la tête, les images du mouvement qui vous terrasse. Allongé par terre, on tombe encore. Et la maladresse avec laquelle on se relève fait encore partie de la chute, curieusement.
Ma vie passée est rythmée par des chutes de ce genre. Plusieurs à vélo à Paris, dont l'une, mémorable, un samedi matin, alors que je me rendais à un séminaire de philosophie dont j'étais l'un des intervenants.  Un chien surgit en courant d'entre deux voitures en stationnement le long de la piste cyclable du Boulevard Richard Lenoir et veut passer entre les deux roues de mon vélo. Ma roue arrière se soulève en passant sur son corps. Je m'envole et m'étale, déchirant mon dernier costume, tandis que le chien s'enfuit en jappant dans des aigüs désaccordés. J'ai quand même livré mes pensées philosophiques à un petit cercle d'auditeurs polis qui n'ont pas chicané mes arguments, comme pour ne pas aggraver l'état de mon costume.

dimanche 16 juin 2013

16 juin***Ô rage, ô désespoir

Il y a deux ou trois jours, ma fille Charlotte me dit qu'elle voudrait reprendre l'escrime. Mais pourquoi as-tu quitté les leçons que tu avais il y a trois ans ? Je n'aimais pas le prof, dit-elle. D'accord... Est-ce là ce qui me fait rêver : Les deux prétendants sont là, avec leurs épées, l'un en face de l'autre... J'offre la virginité de ma fille... pardon ? Non ! tu n'y es pas... c'est à Charlotte de se prononcer. Elle le fait : j'offre ma virginité au gagnant. Hum ! me dis-je, ne devrait-elle pas l'offrir au perdant ?... le combat en serait beaucoup plus intéressant... [Une fourmi traverse mon écran.] Et puis... le gagnant risque d'être brusque et peu compétent !
Puis, toujours dans le rêve, la production du matériel : "Ô rage, ô désespoir..." Tiens donc... Corneille, ici, à cette heure ? qui me remet à ma place. Le rêve est un oiseau noir qui vient picorer les mots du blog d'hier. Curieux détours !

* * *

Ecrit vers 3h du matin lors d'un réveil. Et ce matin, dans Futura Sciences je lis la mise au point d'un oiseau robot, Robot Raven, si parfaitement "oiseau" que les faucons viennent l'attaquer en plein vol. Ce Robot Raven va-t-il lui aussi envahir nos images nocturnes et nous offrir des rêves artificiels ?

* * *

Grâce à la disponibilité immédiate de statistiques quant à l'origine des lectures du blog, j'ai pu constater l'existence d'un nombre impressionnant de lecteurs aux Etats-Unis aussi bien qu'en Russie. Il semblerait que les Russes se soient lassés plus vite que les Américains qui, eux, continuent sans doute à surveiller mon blog avec la patience du fauve aux aguets. Quel est le mot qu'il ne faut pas dire sans risquer l'apparition d'un drone dans le ciel serein de Lisbonne ? 

samedi 15 juin 2013

Une rencontre

Nous étions à l'hôpital hier en fin de matinée. Nous avons vu Quintela. Ensuite je suis descendu en radiothérapie pendant qu'Isabel me prenait un rendez-vous pour ma prise de sang. Vers midi et demi, cette prise de sang était faite. Il fallait encore que nous attendions pour disposer des résultats en vue de la chimio, lundi. Nous sommes allés manger un encas (rien de gastronomique, rassurez-vous !) pour passer le temps, puis nous sommes remontés au 3e étage, à l'hôpital de jour... c'est à ce moment-là qu'Isabel reconnaît A.L.A.. Je lui dis : "Allons lui dire bonjour !" Elle hésite, puis finalement, accepte. Je m'approche, je lui tends la main, et voilà ! Je lui parle de sa fille Joana, de Strasbourg, de GC, de la Librairie Kléber... il me dit : "Voilà une belle librairie !" Bref, nous faisons connaissance. Joyeusement. Il faut que j'aille voir l'infirmière. Isabel reste un instant avec lui et sa femme. "Il faudra utiliser le téléphone", dit-il. Le soir même, Isabel les appelle. Rendez-vous est pris pour mardi ou jeudi. Cela dépendra de mon état.

Rêves de fin de nuit. Rapides. Il y a là une sorte de machine qui fracasse tout sur son passage et qui a le pouvoir de se fracasser elle-même, puis de se reconstruire, comme quand on passe un film —qui nous montre des images de destruction— à l'envers. Alors, quand on remonte le temps cinématographique, tout se remet en place comme si nous nous trouvions avant le film. Il y a aussi une machine à laver le linge. Elle est apparemment détraquée.

Hier soir nous avons mangé chinois avec Z. Isabel a pu manger "ses" pattes de poulet qu'elle adore. Je me suis rabattu sur la chair d'un canard en enlevant la peau et le gras. J'espère que cela ne me causera pas d'ennui d'élimination. Pendant la nuit, cependant, je me suis réveillé plusieurs fois, avec l'impression d'avoir à chier une pelote d'épingles. La sensation n'est pas plaisante. Mais je me disais, quand cette métaphore m'est venue à l'esprit, que c'était très exagéré et que mon lecteur, devant une telle image, poussera lui-même des cris de douleur. Alors je me suis mis à chercher une autre métaphore moins effrayante : j'ai pensé à un oursin, à une coque de marron, à une crevette encore toute habillée... Bon ! rien de vraiment juste ne me vient. C'est la pelote d'épingles qui insiste. J'atténue la chose en disant qu'il ne reste plus que deux ou trois épingles sur la pelote !

* * *

Je le redoutais depuis le début de mon traitement... je le craignais. Et voilà : l'a-c-c-i-d-e-n-t, ce matin alors que je faisais des courses à Corte Inglès. Irrépressible. Juste au moment de payer à la caisse avec ce caissier qui n'en finissait pas de chercher la monnaie qu'il devait me rendre, alors que j'étais là, tremblant de tout mon corps, en proie à une vraie panique. Après avoir cassé un nouveau rouleau de petite monnaie, il finit par me rendre mon dû et je me précipite aux toilettes (pas loin, heureusement), avec ces sacs de plastique si remuants dans les deux mains, comme une vieille sorcière affolée entourée de ses chiens —pourquoi m'a-t-il donné tant de sacs de plastique ?—, et ce qui reste de mes sphincters,  rageusement, désespérément contractés. Heureusement, je limite quelque peu les dégâts. Quelle merde, ce cancer ! Quelle humiliation ! Et pendant ce temps, la compagnie "Emel" chargée de mettre des papillons jaunes sur les pare brise à Lisbonne, n'a pas raté le mien : 16 euros. La double peine, quoi ! 

vendredi 14 juin 2013

Sardines... interdites

Un seul réveil cette nuit. Je me sens beaucoup plus reposé. La soeur d'Isabel est là avec son mari et la petite Béatrice, très mignonne et très vive. Nous sommes allés manger hier soir dans la rue. C'est une tradition le jour de Saint Antoine. La veille au soir, des milliers de Portugais envahissent les rues et mangent des sardines grillées. Toute la ville sent la sardine ce qui n'est pas particulièrement agréable, il faut le dire. Mais ce que veut la tradition, doit être respecté. Hier soir, c'était plus calme quand même.
Et, comme je ne peux pas manger de sardines pour le moment, j'ai eu droit à quelques tranches de porc bien grillées avec du pain blanc. J'ai également bu un demi verre de vin blanc pour fêter Saint Antoine.
A part cela, le Metamizol fonctionne bien.
J'ai terminé hier soir le livre du Dr Beaurepaire sur le Baclofène. C'est assez stupéfiant de voir à quel point, ce médicament particulièrement efficace contre l'alcoolisme et pratiquement sans effet secondaire, s'est vu critiqué, contesté, mis au ban par les lobbies qui défendent les intérêts de ceux qui vendent des alcools d'abord mais aussi par ceux qui vendent des remèdes contre l'alcool dont on sait aujourd'hui qu'ils ont une efficacité très réduite. Selon l'auteur, le Baclofène, s'il était prescrit systématiquement en cas d'alcoolisme grave et conformément à certaines règles de prescription qu'il explicite avec beaucoup de clarté, ferait économiser près de 20 milliards d'euros par an à la sécurité sociale. L'intérêt du Baclofène, c'est qu'il s'attaque au craving, c'est-à-dire à la dépendance de l'alcoolique pour sa drogue. En outre, la grande majorité des guérisons est quasiment définitive. Il y a très peu de rechutes, contrairement à tous les autres traitements contre l'alcoolisme.

jeudi 13 juin 2013

13 juin 13***L'édit de tolérance de Milan

Il commence à faire chaud ici, à Lisbonne. Plein soleil pendant la journée et le soir, l'atmosphère est douce. C'est agréable. Cette nuit, j'ai rêvé que je volais de minuscules plantes en pot pour les cultiver. L'une des plantes était une plante d'amour. Dans un tout petit pot. La fleur doit être rouge. Et j'ai mis cela en relation avec le fait que le sang est apparu dans les résidus de mon "régime sans résidus" ! Je l'ai  signalé à l'infirmière qui n'a pas eu l'air catastrophé. J'en déduis une certaine normalité du phénomène. En tout cas, pas d'affolement. Demain je verrai le Dr Quintela, mon oncologue sévère et un peu rébarbatif qui doit m'ausculter en vue de la dernière semaine chimio + radio.

Je vais maintenant vous montrer la photo de mon ami Z. dont j'ai déjà parlé plusieurs fois et qui me soutient très chaleureusement dans mes tourments.
Je lui ai demandé s'il était d'accord pour que
je le présente à mes lecteurs. Ayant dit "oui", le voici. C'est mon ami Z. Il a écrit plusieurs livres très passionnants. Il termine un ouvrage sur Bachelard dont j'ai lu un chapitre. Il a une écriture simple et élégante, sans complication artificielle. C'est un philosophe d'origine polonaise, mais anglais par son éducation. Et portugais par mariage. Et français par tradition polonaise, sans doute. Et indien par tempérament philosophique. Et peut-être encore beaucoup d'autres choses.
Nous sommes assis sur un banc rustique et nous devisons tranquillement pendant qu'Isabel et Charlotte visitent le territoire de cette ferme qui nous fournit des légumes bio chaque semaine. J'ai l'air en parfaite santé parce que je n'en suis qu'à la deuxième semaine de radio.

Aujourd'hui, Martine nous quitte pour rentrer en Angleterre. Son séjour m'a procuré beaucoup de joie et j'ai commencé avec elle à ranger mon bureau. Je compte bien poursuivre cette tâche colossale qui doit me permettre d'y voir un peu plus clair.  Peut-être vais-je faire des trouvailles intéressantes ?

En tout cas une première trouvaille pèchée dans le livre de Frédéric Lenoir, Le Christ philosophe : le 13 juin 313, l'empereur Constantin " promulgue l'édit de tolérance de Milan qui reconnaît la liberté des cultes." Voilà une belle date, qu'il faudrait commémorer  partout dans le monde !

mercredi 12 juin 2013

Vive le Baclofène

Hier j'ai dit à l'infirmière blonde qui manipule l'appareil que j'avais de plus en plus mal.
Après la séance, une autre infirmière a fait un examen des parties sensibles. Elle m'a donné des conseils, une nouvelle pommade et m'a introduit chez le docteur Filomena qui m'a prescrit du Metamizole [mets- ta-(ca)-misole ! - une camisole chimique bien sûr, très efficace en effet]. Ma tête tournait un peu quand je me suis mis au lit et j'ai dormi presque d'un trait jusqu'à 7h22. Mon sommeil n'a été perturbé que par deux réveils dont l'un avait été provoqué par la survenue de Charlotte dans la chambre. Elle avait peur. Elle est repartie assez vite heureusement. La seconde infirmière m'a donné également une autre crème pour calmer mes irritations. C'est la crème dont on tartine le cul des bébés en cas de rougeurs. Je replonge dans mon enfance. L'enfance de mes brûlures. Je garde la Biafine pour les irritations moins douloureuses de la région pelvienne. Autre conseil : l'eau froide. "Beaucoup d'eau froide", me dit Filomena. Voilà qui me convient parfaitement.
Cette fois, c'est Martine qui m'a accompagné à Santa Maria. Tout s'est finalement bien passé. Grâce aux deux infirmières et au Dr Filomena, je me sens un peu mieux qu'hier. Ceci dit, Filomena ne m'a pas caché que les choses allaient vraisemblablement empirer sérieusement pendant ces deux dernières semaines de traitement.
OK ! Allons-y gaiement !

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Bon anniversaire, Sasha !

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Hier j'ai lu le livre du Dr Renaud de Beaurepaire, Vérités et mensonges sur le baclofène, Albin Michel, 2013. J'avais déjà lu le témoignage poignant d'Olivier Ameisen qui a fait connaître cette solution au problème de l'alcoolisme qui affecte 6 millions de Français dont un large pourcentage (80%) ne "cherche pas à se faire soigner" en raison du déni de leur situation. Le livre est vraiment intéressant, montrant très clairement l'immense intérêt que représente cette molécule, bien tolérée par l'organisme et, apparemment sans effet secondaire notoire, même à fortes voire très fortes doses. Je termine l'ouvrage et j'en reparle dans un prochain "post" !

mardi 11 juin 2013

11 juin***Acuponcture

J'ai fait une sorte de cauchemar cette nuit. Pas vraiment un cauchemar dans le sens où ce n'était pas un rêve qui m'a fait peur, mais c'était un rêve désagréable à rêver. C'est presque pire qu'un cauchemar. Cela se passait en Afrique et il s'agissait d'une introduction de viande humaine sur le marché. Cette viande humaine provenait de petites filles noires assassinées. Tout le monde avait l'air de trouver ça parfaitement normal, ce qui m'étonnait grandement. Mais que veut dire "tout le monde" quand on parle de ce qui se passe dans un rêve ? En l'occurrence, il n'y avait pas grand monde autour de cette affaire.

Hier soir, Martine m'a offert un traitement d'acuponcture. Elle m'a planté une douzaine d'aiguilles dans le dos et comme vous le remarquerez, si vous examinez attentivement la photo, de petits halos rouges se dessinent autour des aiguilles. Ce sont des toxines. Quand ces halos disparaissent, les aiguilles tombent d'elles-mêmes et le traitement est fini. Cela a pris quand même un certain temps. En fait, sur cette photo, c'est déjà presque fini.

Je ne sais absolument pas d'où vient le rêve de cette nuit et surtout d'où vient l'évocation de ces petites filles noires assassinées. C'est très mystérieux. Aucune association ne surgit. Cela risque de me poursuivre pendant toute la journée. C'est vrai que la pensée de l'Afrique est très présente à l'heure où Mendela se trouve à l'hôpital dans une situation de santé très fragile.

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Hier soir également, j'ai essayé de me connecter avec Célia et Lyra via "Hangout". Malheureusement cela n'a pas fonctionné. Je ne comprends pas ce qui manquait. Il faudrait que Fabien m'explique comment utiliser "Hangout". L'idée était de faire un traitement Matrix energetics. J'étais très curieux de ce type de traitement qui a l'air complètement décalé par rapport à tout ce qui existe mais qui semble assez efficace. Piste à suivre !

lundi 10 juin 2013

Le 10 juin***Les trois soeurs

Mauvaise nuit aujourd'hui. Réveil toutes les demi-heures, la vessie aux abois, sans pouvoir la faire fonctionner jusqu'au bout. Je n'ai jamais mieux mérité le surnom que m'avait donné mon frère Dominique : "pisse trois gouttes" dans notre enfance.
Le séjour de mes trois soeurs s'est déroulé de façon très intense, m'a dit Françoise, quand je l'ai amenée à l'aéroport. Martine et Marianne sont encore là. Ce matin, en fouillant dans une des boîtes d'archives héritées de mon père, je suis tombé sur des documents qui témoignent de ses relations avec le Baron Allard, à la fin de l'année 1948. Des documents tout-à-fait passionnants, que je vais scanner pour en envoyer une partie à mes autres frères et soeurs.
Hier nous sommes allés à Caiscais après avoir mangé à Guincho. Voici une photo de Baudouin avec ses soeurs et Isabel. Elles se délectent chacune d'une glace Santini. Moi, j'ai l'air de participer à ce partage de sensations estivales, mais le petit pot que j'ai dans la main, c'était seulement pour la photo !

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Je suis en général de plus en plus fatigué. Et Isabel a remarqué que je commençais à perdre mes cheveux. Mais pas d'affolement : ils repoussent, m'a-t-on dit, plus forts et plus bouclés qu'auparavant. Je m'en réjouis à l'avance. En attendant, il y a encore quelques épreuves à surmonter. 

dimanche 9 juin 2013

9 juin***JV

Mes trois soeurs sont là. Et elles sont comme moi, elles se lèvent tôt. Ce qui fait que l'on s'est mis à discuter autour d'un petit dejeuner qui a duré beaucoup de temps.
Ma nuit a été tourmentée par un réveil toutes les deux heures. JV : ce sont les initiales de Jules Verne, mais aussi, phonétiquement parlant, un raccourci pour se dire, alors qu'on est allongé bien au chaud dans un lit confortable, la vessie comme un lac intérieur, "j'y vais" (aux toilettes, bien sûr!), pour pouvoir se rendormir, l'"esprit" plus tranquille. Est-ce vraiment l'esprit qui se trouve à cet endroit ? L'esprit se niche où il veut. Qu'en dis-tu, cher Dudule ? Toi qui, maintenant, doit être à moitié (ou peut-être totalement !) cramé par les rayons. J'espère que ta disparition prochaine n'effacera pas complètement l'esprit dont tu étais sans doute porteur. J'entame les deux dernières semaines de traitement radio. Bientôt : ouf !

samedi 8 juin 2013

Le lac intérieur


Un magnifique lac intérieur, souterrain, d'une atmosphère ténébreuse, me faisant penser à certaines gravures de Gustave Doré illustrant Le Voyage au centre de la terre de Jules Verne. La chute d'une goutte d'eau au bout d'un stalactite se paye une résonance de cataracte. De quoi s'agit-il en "réalité"? D'une vessie trop pleine qui me réveille et m'oblige à gérer ce "lac intérieur" envahissant. L'illustration ci-joint fait voir le Nautilius. Ce n'est pas exactement l'image de mon rêve.


Martine est arrivée hier soir. Etant passee par Bruxelles, elle m'a ramené des cuberdons. Un bonbon belge, en forme de bonnet de clown, à la grenadine, qui faisait nos délices dans l'enfance.  Elle avait aussi des boules de masssepain et surtout, surtout, des caramels au chocolat cuits selon une recette familiale que mes soeurs ont reprise avec beaucoup de succès.

Nous étions cependant assez fatigués ce qui fait que nous nous sommes couchés assez vite. Aujourd'hui, Marianne et Françoise arrivent. Quel bonheur !

vendredi 7 juin 2013

7 juin : Inconfort

Plusieurs réveils au cours de la nuit. Des traces de rêves, oubliées. Beaucoup de bruit dans le ciel, un bruit d'avions. Ils sont nombreux à traverser le ciel de Lisbonne aujourd'hui. Ce soir, dans l'un d'eux, ma soeur Martine que j'irai chercher à l'aéroport, après ma séance radio, la dernière de cette troisième semaine de traitement. Samedi et dimanche, relâche pour mon corps. Mes deux autres soeurs viendront demain samedi. Beaucoup de gaieté en perspective.

Le ciel est couvert. On dit ça, mais au fond, c'est plutôt la terre qui est couverte de nuages. Le ciel, lui est toujours ouvert sur l'infini. Nadal a gagné sa demi-finale contre Djokovic. Malheureusement, je ne peux pas suivre les matchs à la télévision. Dommage.

La fatigue ne me lâche pas. Même après une sieste de deux heures, je me relève, fatigué. Pourtant, j'essaye de m'économiser un maximum.

Ce qui est fatigant, c'est cette impression permanente d'inconfort. Mon corps n'arrête pas de se signaler à mon attention. Assis, debout, couché, sur le dos, allongé sur le flanc droit, gauche, je devrais me mettre sur la tête peut-être pour donner aux tissus de nouvelles options de relâchement optimal. Je vois le Tejo de la fenêtre de mon bureau, tout au fond de la fenêtre, qu'une ligne de toit oblique traverse au premier plan, de gauche à droite. Plus loin, les maigres griffures d'un couple d'antennes télé, que le vent fait osciller légèrement, leur donnant une sorte de vie, veulent s'agripper aux nuages dans un fantasme d'échassier. Les avions traversent un ciel tourmenté qui en profite pour se racler bruyamment la gorge. Dans quelques minutes, je vais aller chercher Isabel. Affronter les sens obligatoires de Lisbonne en essayant de déjouer les détours qu'ils nous imposent. Mais c'est peine perdue. Les voitures se mettent les unes derrière les autres et bougent lentement comme sur des rails invisibles.

jeudi 6 juin 2013

Des lumières dans les yeux

Réveillé une première fois à 4h42, puis à 5h30, avec un corps tout fatigué, comme si le sommeil l'avait fatigué au lieu de faire le contraire. Au premier réveil, un rêve sous forme de problème mathématique, niveau classe de 6e, un calcul de surfaces. Au deuxième réveil, une question, pourquoi ne remplacerait-on pas les yeux par des lumières qui éclaireraient ce que l'on regarde. Et quand on regarderait une personne dans les yeux, les lumières baisseraient d'intensité en fonction du cumul des photons provoqué par la rencontre !  Dans le rêve ça fonctionnait assez bien et surtout, c'était très joli, de nous voir avec nos petites lumières dans les yeux pour éclairer le monde.
Ceci dit, les effets secondaires de la radio se font de plus en plus nettement sentir. Je le vois aussi dans les yeux de l'infirmière qui me place sur la planche à rayons. Au début, elle était tout sourires. Maintenant, ses yeux sont devenus plus graves. Elle ne sourit presque plus. Comme si elle savait que les choses se gâtaient et que son attitude devait s'harmoniser avec les circonstances. Il faudrait que je lui dise de faire comme si c'était la première fois que je venais. Parce que je préfère nettement ses sourires à son air grave même si celui-ci est justifié par mon état.

mercredi 5 juin 2013

5 juin***Pharmageddon

P. est là. Il nous a rendu visite. Nous habitons dans un appartement qui ressemble à celui que mon père avait loué à Strasbourg à la fin des années 50. Un "7 pièces", premier étage, situé allée Spach à Strasbourg. Je remarque la chemise de P. Une chemise bleue avec des carreaux qu'il porte flottante. Or j'ai exactement la même chemise. Avant de lui dire bonjour, j'enfile celle-ci, et vais lui dire bonjour sur le balcon. Il y a du monde autour de lui.
Il y avait plein d'autres épisodes auparavant. Je les ai oubliés en me levant trop brusquement sans doute ce qui fait que seul la fin de cette nuit de rêves a laissé ses traces énigmatiques.

Depuis quelques jours, j'ai un mal de tête absolument constant. Ce n'est pas très douloureux mais c'est comme un bruit de fond du corps, un mal de fond pourrait-on dire. Je n'ai pas encore essayé de le neutraliser avec du paracétamol par exemple. Cela fait six mois environ que je n'ai plus pris la moindre pilule et je n'ai pas vraiment envie de m'y remettre pour des broutilles. J'ai lu hier un reportage publié par Alternet sur un psychiâtre irlandais qui dénonçait l'usage abusif de médicaments psychotropes par les Américains. Il s'agit du Dr David Healy auteur de Pharmageddon et de Let Them Eat Prozac : The Unhealthy Relationship Between the Pharmaceutical Industry and Depression. L'équivalent américain de Ben Goldacre dont j'ai déjà parlé dans ce blog.  Il est le fondateur d'un site intéressant qui recueille les témoignages des patients sur les effets secondaires des médicaments qu'on leur prescrit. Le site s'appelle  RxISK.org et son sous-titre est "Making medicines safer for all of us". Il publie des histoires passionnantes. Le reportage souligne d'ailleurs que les descriptions cliniques que les patients font de leurs side-effects  sont généralement beaucoup plus précises et détaillées que celles que l'on trouve sous la plume des médecins eux-mêmes. Je recommande vivement aux lecteurs intéressés par ces questions de jeter un coup d'oeil sur ce site.

mardi 4 juin 2013

4 juin***Les sens obligatoires de Lisbonne

J'ai donc rencontré un médecin nutritionniste hier vers 16h à l'Hospital Santa Maria, juste après ma séance de rayons. Une jeune femme, parlant un bon anglais m'a posé beaucoup de questions sur mon alimentation et la manière dont mes intérieurs géraient ces prises de nourriture. Je l'écoutais parler mais je savais déjà à peu près tout ce qu'elle m'a annoncé. Elle préconise un régime sans résidus (j'étais très bien informé sur cette question grâce à mes lectures sur internet). Donc je passe d'un régime strictement végétarien voire végétalien à un régime où les protéines sont les apports nutritifs principaux. Ceci pour stopper les dangers d'une diarrhée chronique. Plus de légumes ni de fruits. Pas de produits laitiers. J'espère que cela aura des effets rapides parce que, pour le moment, ce n'est pas très facile de gérer l'anarchisme de mes tripes.

Cette nuit, j'ai fait plusieurs rêves dont je n'ai que des souvenirs assez vagues, si ce n'est des images de mouvement associés à la circulation urbaine. Cela venait sans doute de réflexions que j'échangeais avec Isabel sur la circulation à Lisbonne. La gestion de cette circulation est liée à une multiplication de flèches blanches sur fond bleu, à savoir, de "sens obligatoires". La ville est parsemée de sens obligatoires qui me semblent, en raison même de leur prolifération, parfois contre-productifs. Cela produit notamment d'immenses files de voitures, devant des feux qui répartissent les temps de circulation entre trois ou quatre voies, toutes séparées, ce qui diminue d'autant le temps de passage dans chacune des voies. Ces sens obligatoires obligent souvent les conducteurs à faire des détours parfois très importants pour accéder à tel ou tel endroit. Cela maintient les voitures en "circulation" beaucoup plus longtemps que nécessaire. Ce qui fait qu'il y a sans cesse beaucoup de voitures en mouvement à Lisbonne. "En mouvement" c'est beaucoup dire justement. Les voitures bougent de temps en temps. Elles occupent l'espace public.

lundi 3 juin 2013

3 juin***Intestins et poumons

Cette fois, j'en tiens un, avec plusieurs images :
... en attendant, je suis monté dans l'avion en partance pour l'Inde... mais il ne s'agit que d'un aller et retour — l'avion a atterri (en Inde) et j'ai demandé au personnel si je pouvais rester dans l'avion puisque je repartais immédiatement. Deux de mes soeurs sont avec moi, elles me demandent d'aller leur chercher une bière ce que je fais volontiers. Je demande trois bières, deux d'une certaine sorte et une (pour moi-même) moins ordinaire mais qui fait rire la personne qui me sert. Ensuite je retourne à la table, une table ronde où il y a des amis... nous sommes toujours à l'intérieur de l'avion qui a plutôt l'air d'un intérieur de bateau, en fait. Ensuite quelqu'un, l'un des chefs du groupe, vient vers moi, avec un autre (un sous-chef sans doute !) pour me demander de lire à haute voix la déclaration qu'ils avaient écrite. Cette déclaration cependant, ils l'ont écrite —on devrait dire gravée— sur un bout de tuyauterie blanche, en plastique, ce qui rend la lecture assez difficile car ce bout de tuyauterie fait un coude... bref... Ce que je lis ressemble à un passage de l'Odyssée. Je crois qu'à un moment donné, l'équipage applaudit.
Il me semble clair que ce bout de tuyauterie ne peut guère faire référence à autre chose qu'à ma propre tuyauterie, affectée à l'heure actuelle, par Dudule.
[Bon ! il faut que j'aille prendre ma douche et je n'ai pas le temps de poursuivre mes associations mais, c'est très riche. J'y reviendrai un peu plus tard sans doute, après avoir été écouté Z. sur la folie en Inde notamment. Il parle à 10h aujourd'hui au Centre de Philosophie des Sciences de l'Université de Lisbonne.]
Une autre association s'impose dans ce rêve. Le blanc, c'est la couleur des poumons et la tuyauterie, ce sont les intestins. Le rêve me rappelle donc le lien entre intestins et poumons. Or j'avais fait ce lien quand, ayant brusquement changé de diète pour adopter un régime sans résidus, ma toux pendant la nuit s'est beaucoup atténuée. l'Odyssée, c'est ce que lit actuellement Charlotte en classe de français.
L'Inde, c'est ce dont Z. parlait aujourd'hui, en évoquant le fait que la folie en Inde est très commune, très intégrée dans le paysage humain de cet immense pays. On n'y enferme pas les fous. On les laisse vivre leur folie. Dans sa communication, Z. nous rappelle le travail de Franco Basaglia, ce psychiâtre italien qui a inspiré la libération des fous en Italie, leur sortie des asiles où ils étaient encore enfermés il y a une trentaine d'années. Après la communication de Z., il y a eu celle de Nuno Nabais, sur les conceptions deleuziennes de la folie. Passionnant !

dimanche 2 juin 2013

2 juin : Lignes oniriques

Il y a vraiment une différence : depuis que je ne mange plus ni légumes ni fruits ni produits laitiers, je tousse beaucoup moins et j'ai moins d'ennuis associés à l'élimination. C'est flagrant. C'est sans doute ce que me dira le nutritionniste que je verrai lundi vers 16 heures.

Hier nous sommes allés à la ferme qui nous délivre chaque semaine notre consommation de verdure et de pain. C'était un pique-nique avec beaucoup de monde venu de Lisbonne, des familles entières, s'égayant dans les prés. Une journée de grand soleil. Des poiriers à perte de vue. Et de bonnes conversations avec Z. qui était venu avec nous.

J'ai l'impression d'avoir beaucoup rêvé cette nuit. Certaines images sont encore présentes mais d'une manière tellement évanescente qu'il est difficile de dire de quoi elles sont des images justement. L'une d'entre elles, représente (mais déjà ce mot est trop précis pour être juste) des lignes horizontales, un groupe de traits de matières diverses (bois, corde, métal) dont on pourrait presque faire un fagot, mais il n'en est pas question, ces lignes sont un peu dispersées, d'épaisseurs et de textures variées, sur fond bleu sombre de rêve... Ces "lignes" me relient à quelque chose, au rêve lui-même peut-être, mais ce sont des segments. Drôle d'image en effet, qui ne représente rien de concret... Une autre image, que je crois liée à un épisode de sommeil antérieur,   "représente" un groupe de gens, plus ou moins en cercle, debout, en mouvement lent, que font-ils ? Qui sont-ils ? Il y a quelque chose d'insatisfaisant à tenter de saisir un rêve, parfaitement cohérent au moment où on l'a rêvé, et qui tout à coup, quand il s'agit de le saisir par un coin, se désagrège dans la conscience, on pourrait dire, sous le coup de la conscience.

Pour ce qui est des vers à soie dont j'ai présenté les photos dans ma page d'hier, ils ont réintégré leur logis initial qui était une boîte à chaussures, beaucoup plus propice à la construction de leur cocon. Le bocal n'a été qu'un logement intermédiaire. Mais comme ils devenaient beaucoup plus visibles, j'en ai profité pour les prendre en photo. C'est fou ce que ça mange ces petites bêtes blanches ! Il faut les nourrir sans arrêt.

samedi 1 juin 2013

Vers à soie

Les side-effects du traitement radio se font sentir de plus en plus. C'est très désagréable. Il faudrait que j'arrête de manger. Ou que je suive un régime sans résidus, à savoir, du riz, des viandes non grasses, des fromages cuits, des gelées... aucun fruit, ni légume. Pas de potages, seulement des bouillons. Exactement l'inverse de ce que je faisais jusqu'à présent avec mon exclusivité pour des jus de fruits et de légumes (betteraves, carottes, concombres), des potages très verts, des pois chiches et des haricots rouges, etc... A ma séance radio d'hier, l'infirmière m'a demandé si je ressentais ces fameux side-effects. "Oh ! oui... "lui ai-je répondu. Elle m'a regardé en souriant mais je voyais bien qu'elle savait parfaitement où j'en étais. Mon rendez-vous de lundi est à 15h afin que je puisse rencontrer ensuite un médecin nutritionniste qui va me donner les conseils officiels.

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Pendant que j'écris, je vois les vers à soie de Charlotte se tortiller dans tous les sens  en quête de nourriture. Ils sont manifestement à court de feuilles de mûrier et j'ai dit à Charlotte que j'étais prêt à aller en chercher avec elle. Ces pauvres vers à soie ont faim ! Je voulais faire une photo mais malheureusement la batterie de mon appareil est à plat. Ce sera pour plus tard !

Voilà, je suis allé avec Charlotte chercher des feuilles de mûrier. Miam, miam : les pauvres petites bêtes se seraient certainement précipitées si elles avaient pu le faire mais ce n'est pas le genre !