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mercredi 30 octobre 2013

Riz au canard

Il fait très beau à Lisbonne malgré un vent du Nord, très froid qui m'oblige à mettre un pull. Je n'ai rien de spécial à écrire aujourd'hui. Demain, je rencontre, avec Z., un étudiant brésilien qui veut faire une thèse sur Feyerabend. Il nous a envoyé un premier document intéressant. Je me réjouis de la discussion que nous allons avoir. Hier soir, nous avons fêté l'anniversaire d'Isabel. Sa soeur Elsa et ses deux cousines germaines étaient là. Isabel avait préparé un "riz au canard" absolument délicieux à qui tout le monde a fait honneur. A refaire pour Noël, de la même manière si possible.

mardi 29 octobre 2013

Salade liégeoise

J'ai rêvé que je faisais de l'escalade dans un décor de carte postale. Mais j'ai aussi rêvé à deux rentrées d'argent. J'avais des billets dans ma poche. Ils étaient faux mais si on se présentait dans un magasin Globe et qu'on achetait quelque chose, ils pouvaient avec de la chance, devenir vrais. C'était une publicité. Hier, j'ai fait une salade liégeoise, malheureusement sans haricots verts. C'est très difficile de trouver des haricots verts au Portugal. Même en boîte. On trouve des petits pois, des carottes, des asperges, mais pas les haricots très fins qui sont cultivés souvent en Afrique et qui sont délicieux. Nous avions une invitée qui connaissait très bien la salade liégeoise ayant vécu à Liège pendant longtemps. Aujourd'hui, anniversaire d'Isabel. Merci Françoise d'y avoir pensé. La journée s'annonce ensoleillée. Mais on vient de découvrir que cette nuit, une voiture a embouti l'arrière droit de notre voiture, y laissant une bosse en creux assez importante. La voiture roule mais il y en a pour au moins 500 euros de carrosserie sinon plus. Nous allons voir si notre assurance couvre ce genre de dégâts. En tout cas c'est une mauvaise nouvelle.

lundi 28 octobre 2013

S'étonner

Un long silence, m'a écrit Martine. En effet, à Luxembourg, j'ai été très pris et je n'ai pas repris mon blog. Puis, à Paris, je ne m'y suis pas remis. Vendredi dernier, j'ai lu de petits livres très intéressants : un livre sur l'écrivain japonais Mishima écrit par Marguerite Yourcenar, une conférence de Giorgio Agamben sur la philosophie du commandement et un roman d'un auteur que je ne connaissais pas du tout, Marc Dugain, "La chambre des officiers", roman qui traite des "gueules cassées" de la guerre 14-18. A Paris j'ai aussi acheté deux livres de Henry David Thoreau, une sorte d'anarchiste libertaire du XIXe siècle, qui a écrit des choses intéressantes sur la nature, les bienfaits de la marche, etc... J'ai retrouvé Lisbonne avec plaisir. Il faisait très beau et, avec Charlotte, sa petite cousine Beatrice et sa mère Elsa nous sommes allés visiter le Pavillon de la Connaissance, où les enfants ont pu manipuler des tas de dispositifs conçus à leur intention. C'est effectivement très amusant. Mais l'attitude des enfants dans ce genre d'environnement dit "scientifique" est assez déconcertante : ils vont d'un dispositif à l'autre, très vite, sans s'étonner des phénomènes qu'ils mettent en oeuvre si facilement en tirant une manette, poussant un bouton, abaissant un levier, etc. Il y avait un lit de fakir notamment : les enfants s'allongent sur une planche et grâce à un levier qu'ils actionnent tout en étant couché, un tapis de pointes aigües soulève leur corps sans les blesser évidemment. Il y avait aussi une petite Mongolfière qui s'élevait jusqu'au plafond en augmentant la chaleur de l'air qu'elle contenait, un ballon suspendu dans les airs grâce à une soufflerie, etc., etc. Mais les enfants ne s'étonnent pas. Ils sont habitués aux "miracles" des technologies de notre temps. On peut se demander ce qui pourrait les étonner vraiment.

dimanche 20 octobre 2013

Orwell

Je viens d'arriver à Mersch, dans ma petite chambre d'internat. Tout va bien. J'ai lu pendant tout le voyage ce qui fait que celui-ci a passé très vite. Je suis sûr qu'il doit y avoir des tas de champignons dans les forêts autour de Mersch mais malheureusement je crains ne pas avoir suffisamment de temps pour faire une petite escapade dans les bois. Dans l'avion j'ai relu Nineteen Eighty-Four d'Orwell, en vue de la première séance thématique du Centre d'anglais au lycée. C'est moi qui ai suggéré ce thème et il semblerait qu'une quinzaine d'élèves se soient inscrits. Tout cela sera sans doute très passionnant. J'aimerais aussi m'impliquer dans le Centre de français et dans celui des sciences mais il faut que je négocie avec les responsables.

samedi 19 octobre 2013

Le mur, quel mur ?

Je viens d'amener Charlotte à son cours d'escalade. Elle ira avec son groupe et son professeur à Cascais où, parait-il, il y a de bons parcours d'escalade. Charlotte fait partie des "bonnes", celles qui grimpent bien ; c'est la digne fille de son père qui se contentait, il faut le dire, de grimper aux arbres et de se faire appeler "laid singe" par son cousin germain qui devait avoir 22, 23 ans quand lui n'en avait que 10 ou 12. Je viens de lire un article de "médecine-fiction" qui prévoit qu'à partir de 2050, il sera possible de vivre jusqu'à 120, 130 voire 150 ans. En bonne santé, bien entendu ! Voilà les paradoxes de notre temps : l'humanité va dans le mur mais les individus peuvent nourrir l'espoir de vivre beaucoup plus longtemps. Après avoir escaladé le mur, sans doute. Ou l'avoir troué quelque part.

vendredi 18 octobre 2013

Gratin dauphinois (façon Andrieu)

Hier, j'ai fait la cuisine. J'ai préparé un gratin dauphinois avec pommes de terre et fenouil. Délicieux paraît-il. J'ai aussi préparé une soupe d'épinards. Charlotte et Isabel ne sont revenues qu'un peu avant huit heures du soir. C'était la troisième fois que je faisais ce gratin d'après une recette de Julie Andrieu. Je la recommande à tous mes lecteurs. Au lieu d'utiliser le lait qu'elle recommande (les pommes de terre et le fenouil doivent bouillir pendant huit minutes dans un litre de lait avec une gousse d'ail écrasée et du sel) j'ai pris du lait de riz. C'est plus léger. De même, juste avant d'enfourner le plat où j'ai mis les pommes de terre et le fenouil égoutté, j'ai arrosé d'une crème végétale (crème de riz) avec de la noix de muscade et du sel fin. Puis, au four pendant 45 minutes. Ça change un peu des champignons à la crème que j'avais l'habitude de cuisiner les week ends d'automne à Strasbourg ! Et, quant au blog, ça change un peu des rêves que j'ai l'habitude de raconter ici.

mardi 15 octobre 2013

Relire

Je recycle un texte que j'ai écrit, il y a environ deux ans. Je viens de le relire. Or, il s'agit bien de ça : "relire". Cela vient de réflexions qui se sont exprimées au cours d'une séance du séminaire "Le chaos des écritures". Voilà.
"Est-il possible de lire ce qu'on écrit au moment même où on est en train de l'écrire ? L'un des conseils que les professeurs de français donnent à leurs élèves, c'est évidemment de se relire après le point final de leur dissertation. "Relire" : ceci implique qu'ils se sont déjà lus auparavant et que cette première lecture était sans doute contemporaine de, conjointe à l'acte même d'écrire.
J'écris. Ma main trace chaque lettre. Suis-je en train de lire ces traits noirs sur fond blanc que ma main trace ? Certes, à peine ai-je écrit une phrase, que je me mets aussitôt à la lire. Exprime-t-elle correctement l'idée qui s'est présentée à mon esprit ? Cette idée était légèrement indistincte, un peu vague et je m'aperçois que sa formulation concrète nécessite quelque précision supplémentaire. Les mots eux-mêmes, tout en en disant plus que ce que j'en attendais, en disent également moins. Il faut que je complète, que je revienne sur eux, que j'en sélectionne d'autres qui me semblent plus adéquats, mais par rapport à quoi peut-on juger de leur adéquation plus ou moins parfaite, plus ou moins correcte ? Je relis ce que je viens d'écrire, non pas ce que je viens de lire mais bien ce que je viens d'écrire. Étrange ! Est-ce bien de cela qu'il est question ? Ne vais-je pas déchirer l'ordinateur, le chiffonner rageusement et le jeter dans la corbeille en maugréant en moi-même : non, ce n'est pas encore ça. Au fond, j'écris et j'espère que, quand je me relirai justement, j'accepterai ce que j'ai écrit comme quelque chose qui valait la peine d'être écrit. Mais pour qui ? D'abord pour moi en tant que lecteur ou auteur ? Cette acceptabilité change-t-elle selon la posture que je prends : auteur ou lecteur ? 
L'écriture peut-elle être réflexive ? Peut-elle s'approprier elle-même en tant qu'écriture ou bien est-elle obligée, irrévocablement obligée, de passer par la lecture pour se repenser dans un après-coup qui autorise toutes les petites trahisons de détail qui font qu'il ne s'agira jamais plus de ma pensée, mais d'autre chose. 
Au moment même où je me relis, je deviens un autre, un lecteur plus ou moins impitoyable pour l'auteur qui vient d'agir. Ce lecteur est déjà un étranger. Il se demande ce que cet auteur a bien pu vouloir dire quand il a écrit. Mais il s'agit là d'une illusion. Mon premier lecteur c'est-à-dire moi-même, n'est pas un étranger. Certes ce qu'il a écrit va lui paraître quelque peu étrange. Autrement dit, l'étranger, en l'occurrence, c'est l'auteur, celui qui meurt aussitôt après avoir écrit, celui qui se cache derrière le texte. Le texte est son tombeau. 
Écrire c'est disparaître."

lundi 14 octobre 2013

Pas Derrida

Je retrouve mon ordinateur pour continuer mon blog. Evidemment, toutes mes données antérieures ont été perdues. J'avais un disque dur sur lequel j'avais fait des sauvegardes environ un an avant la panne. Ce qui veut dire que tout ce que j'ai fait entretemps a été vraisemblablement perdu. Ce qui ne me chagrine pas outre mesure. Comme je l'ai déjà dit, beaucoup des textes perdus étaient inachevés. Je suis le roi de l'inachèvement. Je le dis d'autant plus volontiers que je viens d'achever la traduction de "La Tyrannie de la science". Je relis cette traduction pour la troisième fois et je trouve encore de petites fautes de détail. C'est prodigieusement agaçant. Hier nous sommes allés faire une petite ballade du côté de Sesimbra au Cabo d'Esbichel où il y a une église dont le "plafond" a été peint avant le tremblement de terre de 1755. La vue sur la mer est magnifique du haut de ces falaises où l'on peut découvrir des traces de pas de grands dinosaures (nous ne les avons pas vues d'ailleurs parce qu'il aurait fallu marcher beaucoup trop loin ce qui nous aurait fait renoncer à une petite sieste sur une plage très agréable à proximité). Nous y retournerons peut-être à Noël. En tout cas l'endroit est magnifique et j'ai mangé d'excellentes palourdes au déjeuner. Sur Feyerabend encore : Dans "La philosophie de la nature", Feyerabend cite Claude Levi-Strauss avec beaucoup de respect. Dans son "Autobiographie" il cite également André Leroi-Gourhan, de manière également très positive. Il cite aussi Latour, en passant, avec Schaffer, Shapin, Galison, Pickering, Biagioli, etc. Dans la dernière page de son autobiographie il cite encore une fois Derrida. Je vous recopie le passage : "Je recommande vivement à tous les auteurs qui veulent informer leurs concitoyens de se tenir à l'écart de la philosophie, ou du moins de cesser d'être intimidés et influencés par des gens qui vous égarent comme Derrida, en lisant plutôt les essais populaires de Schopenhauer ou de Kant." C'est sa dernière recommandation. A méditer !

dimanche 13 octobre 2013

Feyerabend et la France

J'ai relu "Tuer le temps" de Feyerabend et la France est étrangement absente de sa biographie. Il a été militaire de la Wehrmacht en Bretagne pendant l'occupation mais il y est allé à contre-coeur. Il voulait rester en Allemagne pour "nettoyer les casernes". Son séjour en Bretagne, à Quelrne-en-Bas, près de Brest, ne lui a guère laissé de souvenir : "C'était une vie monotone", écrit-il. Une vie marquée par des corvées pendant la semaine et les week ends à Brest "pour le sexe et l'alcool". Mais il ne partage pas ces virées avec ses camarades : "Je restais chez moi. En partie par frime, en partie par paresse. (...) Je pouvais dormir et lire les livres que j'avais emportés avec moi." A part cela, la France n'existe pratiquement pas. Il cite Derrida à un moment donné, en particulier dans le livre que je viens de traduire où on lui pose la question de savoir si sa position philosophique ne ressemble pas à celle du déconstructionisme de Derrida. Sa réponse montre qu'il ne prend pas la question très au sérieux. Je crois que Paris n'est pas cité une seule fois dans sa biographie alors que l'on retrouve presque toutes les capitales européennes. Quand il parle des réactions à "Contre la méthode" il parle des "intellectuels" de la façon suivante : "Il s'agit là d'une communauté très spéciale. Ils écrivent d'une manière spéciale, ils ont des sentiments spéciaux et semblent se considérer eux-mêmes comme les seuls représentants légitimes de la race humaine, ce qui veut dire en fait, d'autres intellectuels. Les intellectuels ne sont pas des scientifiques ; mais ils peuvent s'extasier devant les réalisations de la science. Ce ne sont pas non plus des philosophes... (...) Cette communauté commence maintenant à me trouver quelqu'intérêt, ce qui veut dire qu'elle m'a élevé à sa hauteur, m'a contemplé brièvement pour me laisser tomber aussi sec. Elle m'a rendu apparemment plus important que je n'ai jamais pensé l'être, a énuméré mes points faibles pour me remettre à la place que j'avais au départ." (.186)
Quand j'ai traduit "Contre la méthode", traduction qu'il faudrait refaire à partir de la dernière édition qui a beaucoup changé par rapport à la première, j'ai écrit à Feyerabend pour lui demander quelques précisions sur des points que je n'avais pas bien compris. Il m'a répondu trois lignes en éclaircissant brièvement les points obscurs. Ensuite, je l'ai invité au GERSULP à Strasbourg, invitation qu'il s'est empressé de décliner en disant qu'il n'aimait pas les intellectuels avec leurs discussions stériles. Je me suis senti visé par ce mépris. Il ne me connaissait pas. Je pense qu'à travers moi, il visait l'intelligentsia française. J'ai pensé que c'était très injuste pour cette intelligentsia dont je ne me sens guère représentatif. Mais l'accueil qu'il a eu en France avec ma traduction de CM était mitigé. On était à la fin des années 70 et ce fut l'époque de la montée en puissance des études STS, Bruno Latour en tête de peloton. Je crois que Bruno ne prenait pas Feyerabend au sérieux. Il ne le cite pas (ou, en tout cas, très peu). Et je pense qu'une certaine concurrence s'est implicitement installée entre STS et la critique feyerabendienne des sciences à un moment où il fallait faire un choix entre lui et cette communauté naissante qui cherchait à se faire reconnaître dans sa spécificité française. Tout s'est passé comme si, aux yeux des Français justement, Feyerabend avait usurpé un rôle frondeur et critique, dont les intellectuels français se piquent d'avoir une sorte de monopole implicite. D'où cette espèce de désamour dont il a été victime, de manière très injuste à mon avis. 

samedi 12 octobre 2013

Inachèvements

Plusieurs rêves cette nuit. L'un d'eux avec du feu, des torches allumées. Assez beau. Je ne me souviens pas des autres.

Aujourd'hui, je vais aller chercher mon ordinateur enfin réparé. Mais je me suis tellement habitué à l'iPad que je vais peut-être avoir du mal à me remettre à l'ordinateur. Le réparateur va faire une dernière tentative pour récupérer mes données mais il craint que ce ne soit pas possible. Je suis bien embêté. Il y avait des projets, des débuts d'articles, des interventions orales, bref, pas mal de choses que j'aurais bien voulu garder. Des choses inachevées. Je suis un peu un spécialistes de textes inachevés. Ou qui demanderaient des développements toujours à venir. Mais je ne suis pas le seul dans ce cas là.
Actuellement, après avoir relu "Tuer le temps" de Feyerabend dans ma traduction (un très bon livre, par ailleurs), je lis actuellement sa "Philosophie de la nature" qui doit paraitre au Seuil en même temps que "La Tyrannie de la science" dont je viens d'assurer la traduction. Je suis absoument convaincu que Feyerabend est l'un des philosophes de l'avenir. On parle beaucoup aujourd'hui de biodiversité. On craint une homogénéisation galopante des formes de vie dans le monde actuel. Disparition d'espèces animales, disparition des langues, disparition des savoirs artisans, disparition des cultures, etc. Or ce fut le grand combat de Feyerabend. Très ignoré des Français, on se demande pourquoi ! J'ai ma petite idée là-dessus.

vendredi 11 octobre 2013

Examen de chimie

Je devais passer un examen de chimie. J'avais déjà rempli une partie du dossier, répondant aux questions (des formules dont il fallait juger la validité) un peu au hasard, même si, une camarade, en voyant mes réponses, m'a dit que j'avais fait beaucoup de progrès. Dans les questions, ou plutôt, dans les réponses préinscrites il y avait souvent le mot "aile". J'avais dû m'absenter un moment et quand je suis revenu dans la salle d'examen il ne restait plus qu'une demi-heure. Je n'avais guère de temps pour terminer l'épreuve. En plus, mon dossier avait disparu. Il avait circulé parmi les autres étudiants – qui étaient surtout des étudiantes d'ailleurs – sauf que dans l'aile droite de cet amphi un peu étrange – il y avait quelques vieux messieurs qui passaient l'épreuve également, en s'appliquant avec tout le sérieux que l'âge peut donner dans ce genre de situation ! Moi, je n'étais pas très sérieux. J'étais habillé comme en plein hiver alors que les étudiantes autour de moi étaient vêtues de T-shirts très légers. Elles voulaient m'aider. Mais je n'avais que des ennuis. Pour pouvoir continuer, j'avais besoin d'une autre feuille blanche et j'allais chez l'appariteur qui était de très mauvaise volonté pour me donner cette feuille. J'étais désespéré. Mais les étudiantes m'encourageaient et cherchaient mon dossier – il était curieusement tronqué, la partie supérieure du dossier manquait – avec moi. J'avais peur que quelqu'un ne présente mon dossier comme étant le sien. À un moment donné, c'est fini, et je vois arriver un vieux flic, très petit de taille, sorti tout droit d'un numéro de L'lllustration du XIXe siècle. Il avait une de ces touches ! Moustachu, avec un casque style "première guerre mondiale" voire guerre de 70, avec un uniforme brun (de la même couleur que le casque, d'ailleurs). Il portait une immense matraque avec laquelle il comptait sortir les étudiants récalcitrants. Il avait aussi une sorte de mallette de vieux cuir légèrement rayé. Dans mes recherches du dossier, je tombe moi aussi sur un cartable vide en cuir, abandonné sur l'étagère sous un banc. Passerai-je l'épreuve ? J'ai l'impression que oui, malgré tous les ennuis que j'ai eus pour la passer.

En faisant le récit de ce rêve et en le relisant, je m'aperçois que j'ai omis plein de petits détails dont la description m'entraînerait dans un flot d'écritures beaucoup plus important. C'est d'ailleurs étrange cette sensation. Je n'écris que pour pouvoir me remémorer le rêve. Je choisis les images à mettre en mots pour que ces mots puissent me remettre les images en tête avec tous leurs détails non mentionnés. Pour n'importe quel autre lecteur que moi, ce rêve a l'air assez détaillé et même précis. Je présume qu'il donne une idée, mais de quoi ? Pour moi, les mots ne sont fidèles au rêve qu'à la condition de faire revenir les images, ce qui est impossible pour un lecteur autre que moi. Par exemple : le dossier est en matière plastique, comme ces dossiers modernes dans lesquels on glisse des feuilles volantes. Il y a des images sur les dossiers. L'un d'eux représente un tableau de Toulouse-Lautrec, avec un homme très maigre, assis, de profil, tout noir parce que dans l'ombre, et qui porte un chapeau haut de forme. Il y a comme ça beaucoup d'autres détails très riches, qui découragent toute verbalisation. Autre exemple : la mallette du policier. Son image est ultra-précise dans ma tête. Elle se ferme grâce à un rabattant en cuir qui couvre toute la mallette. Mais je ne pourrais pas la décrire avec un autre point de vue que celui qui me l'a fait voir telle qu'elle apparaît dans le rêve. Je pourrais aussi me perdre dans la description du bureau de l'appariteur, avec ses tiroirs, ou plutôt ses casiers multiples en bois d'une certaine couleur. Etc., etc. 

Bref, ce n'est vraiment pas simple d'écrire le récit d'un rêve d''après le souvenir qu'on a des images qui le constituaient dans une succession qui, là aussi, est très problématique. La séquence adoptée pour mon récit n'est pas tout-à-fait la même que celle qui, selon moi, faisait se succéder les images du rêve. Par exemple, le rêve a clairement une fin. Mais le début est beaucoup plus estompé dans ma mémoire, comme si, en fait, il n'y avait pas de début du tout. 

D'après Freud, les rêves d'examen ont quelque chose à voir avec la castration. OK. So what ?! Cela ne m'avance guère. 

Cela me fait penser à Annette Lavers, une amie littéraire que j'avais connue à Londres et qui a écrit ses rêves pendant des années dans le cadre d'une autoanalyse extrêment fouillée dont elle m'avait parlé. J'étais sceptique. Son mari, australien, ressemblait un peu à l'appariteur de mon rêve. Je pense assez souvent à lui, parce qu'il avait une façon incroyable de marcher dans la rue. Il longeait les murs, comme s'il voulait disparaître dans ces murs qu'il longeait, les bras écartés du corps, le long des murs, comme s'il voulait en faire partie.  Il portait un costume bleu. Aussi maigre que le personnage de Toulouse-Lautrec. 

jeudi 10 octobre 2013

Matins lisboètes

Je viens d'aller conduire Charlotte à l'école. Le ciel est d'un bleu légèrement doré sur ses bords au bout de l'horizon. Les yeux de la ville, dirigés vers l'Est, explosent de lumière. Les matins lisboètes sont poétiques.

L'introduction que je dois écrire pour le livre dont je viens de finir la traduction me travaille. J'en ai trouvé la première phrase qui n'aura que deux mots. Suspense ! En tout cas, cela donnera le ton de tout le reste. Et c'est ce qu'il faut. À découvrir quand l'ourage sera publié au Seuil.

Je dois également préparer mon voyage à Luxembourg. J'ai proposé un débat au Centre d'anglais, un débat sur Orwell, "1984". L'affiche qu'ils ont imaginée n'est pas mal. Voyez ! 

mercredi 9 octobre 2013

Source

Aujourd'hui, un long rêve étrange. J'étais avec Philippe B. et nous avions décidé d'ouvrir les vannes. En fait, j'avais découvert une source d'eau dans un petit bois derrière la rue du Ballon à Strasbourg. Le bois était plein de broussailles quasi-inextricables mais la source était bien là. Depuis que je l'avais trouvée, l'Etat s'en était occupé et avait installé toute une tuyauterie pour, sans doute, en régler le débit.  Philippe B. et moi nous décidons d'aller ouvrir les robinets. Du coup, il y a inondation. Il y avait déjà des constructions en bois dans la ville, comme des espèces de fortifications labyrinthiques, qui nous avaient donné du mal, Philippe et moi, pour arriver au petit bois où il y avait cette source d'eau. Mais au retour du bois, c'était encore pire. Je suis avec Charlotte et nous essayons de passer à travers une multitude d'obstacles, de pans inclinés, de fossés remplis d'eau qui faisaient penser à la Petite France de Strasbourg, etc. La répartition des tâches entre Philippe B. et moi était très claire : moi j'avais trouvé la source, lui, devait ouvrir les vannes.

Hier soir, j'ai terminé la traduction de Feyerabend. En tout cas le premier jet. J'ai aussitôt entrepris la traduction des notes, et la correction de certains détails. Mais il faudra encore le relire une fois ou deux avant de l'envoyer. 

Question santé, ça va, sans plus. Il faut que je prenne rendez-vous chez le dentiste. Et j'attends le RV avec l'urologue mais j'ai été prévenu que cela pourrait durer des mois. Bon ! j'espère que Duduche va se tenir tranquille. 

lundi 7 octobre 2013

Forêt de Lousa

Nous avons passé la journée d'hier dans la forêt de Lousa près de Coimbra où nous sommes allés samedi soir pour dire bonjour à Elsa. Nous avons mangé du cabri dans un restaurant au milieu d'un tout petit village adorable qui n'a qu'un seul habitant à l'année. Les autres maisons sont occupées le week end et pendant les vacances. Nous avons fait une ballade et trouvé quelques champignons sur le chemin. Des agarics. Mais en si petite quantité que je me demande si cela vaut la peine de les cuisiner. A la fin de notre promenade, nous avons tous trempé notre visage dans un bassin d'eau claire. J'ai pris une photo que je vais essayer de mettre sur mon blog.


Là, vous voyez Isabel et Charlotte, s'apprêtant à plonger leur visage dans cette eau magnifique !
A l'arrière-plan Giovana (italienne, de dos) et Ernano (colombien) tous deux anthropologues et amis d'Elsa. 





vendredi 4 octobre 2013

Hochaya

Je me suis réveillé vers 6h50 pour conduire Charlotte à l'école. Des lambeaux de rêve se traînaient encore, vauges et confus, à travers mes forêts de neurones. Notamment le mot "hochaya" qui  désigne, dans mon rêve, une attitude devant la vie. Cela se passait au Japon et il y avait controverse jouée théatralement dans une sorte d'épicerie japonaise. Dans cette controverse, il y avait une femme qui "faisait hochaya", c'est-à-dire qui agissait sans tenir compte du contexte, en comptant exclusivement sur elle-même et ses propres ressources. Bref, c'est une attitude de dénégation de toute influence du contexte dans le cours de nos actions. Je ne me souviens plus très bien de l'autre camp. Ce rêve me fait penser non seulement au restaurant japonais où nous sommes allés manger hier soir après avoir vu une exposition de portraits de Fernando Pessoa à la Casa Fernando Pessoa, mais aussi à la suggestion d'Isabel, au cas où mes traitements à l'Hôpital n'aboutiraient pas. Elle me disait : "Tu pourrais aller te faire traiter dans la clinique de Yoko au Japon ! Tu y resterais un mois et tu reviendrais guéri." La clinique de Yoko est une clinique de traitement du cancer par l'intermédiaire de vaccins qui sont spécialement conçus et fabriqués à partir des particularités du système immunitaire de chaque patient. Il existerait également une clinique de ce type en Allemagne où le traitement coûterait environ 80.000 euros. Cette somme serait nécessaire pour continuer à financer la recherche dans ce domaine de traitement du cancer.

jeudi 3 octobre 2013

Dudule parti, bonjour Duduche !

Mon téléphone vient de sonner pour me rappeler mon RV avec Quintela, rendez-vous que je n'avais aucunement l'intention d'oublier d'ailleurs. Je vous en dirai plus tout-à-l'heure. Actuellement, j'arrive au bout de ma traduction du livre de Feyerabend. Après, je devrai traduire la dernière discussion (assez longue) et les notes, réviser le style des premières pages dans la mesure où ce n'est qu'après un certain temps que l'on réussit (peut-être) à donner un style particulier à l'ensemble. Je m'aperçois par exemple qu'au fil des pages, j'ai acquis une sorte de flexibilité qui, je pense, améliore le français de la traduction. En tout cas, j'aime beaucoup ce travail de traducteur.

J'ai donc vu mon oncologue. J'étais avec Isabel et il a confirmé que mon nodule avait disparu. Mais il a examiné très attentivement, dans un très long silence, les images et surtout les descriptions qui les accompagnaient, issues du dernier examen IRM. Il écrivait sur sa fiche, sans rien dire. Au début il fredonnait vaguement quelque chose : "Pom, pom, popom..." Puis, il se mit à être plus attentif à son écran, écrivant toujours, devant nous, silencieux. Bien que pouvant passer pour impassible, j'observais son regard et les expressions qui passaient sur son visage comme des nuages dans un ciel bleu. Finalement, il nous annonça qu'il fallait faire d'autres examens. Les descriptions IRM mentionnaient une prostate gonflée (ce qui est normal à mon âge, nous a-t-il aussitôt précisé - ouf !) avec un petit nodule accroché à l'organe (je ne sais pas si le terme "accroché" est médicalement juste - j'essaye quand même de me représenter ce qui se passe en moi), nodule qui nécessite que je me fasse examiner par un urologue, avec de nouvelles analyses. Le médecin n'avait pas l'air de penser que c'était quelque chose de sérieux mais son éthique médicale sans doute, lui recommandait de me faire examiner, pour en avoir le coeur net, et ma prostate, pareil, nette également. En tout cas, il a minimisé la chose. Je lui ai demandé si cela pouvait être une métastase. Il a répondu à Isabel que si c'en était une, cela lui donnerait l'occasion d'écrire un article ! Il nous a également fait part de l'état de mes intestins qui, selon lui, portaient les marques du traitement que j'avais subi. Des cicatrices de brûlures, a-t-il précisé. Je n'ose pas trop laisser partir mon imagination sur l'état de cette tuyauterie si précieuse et qu'aucun plombier ne peut remplacer. Isabel me disait en sortant : "On devrait faire la fête, ton cancer est guéri !" Oui ! C'est vrai, Dudule s'est carapaté vite fait quand il s'est fait bombarder de rayonnements. Mais il faut croire que la médecine technologique qui s'occupe de nous, ne peut pas nous lâcher si vite. Comme elle voit tout, elle voit aussi les moindres petits défauts de nos intérieurs. Les médecins sont sur la piste. Ils cherchent, et quand ils cherchent, ils trouvent. Isabel l'a trouvé très rassurant et plutôt optimiste. Ce n'est peut-être rien du tout, dit-elle, en répétant ce que le médecin semblait lui dire. Bon ! espérons ! En attendant, je n'ai pas fini d'aller à l'Hôpital Santa Maria. Je ne suis pas trop inquiet et ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas du genre hypochondriaque angoissé. Mais je ne suis pas non plus entièrement rassuré. Prochain rendez-vous avec le médecin : le 5 décembre. Entretemps, je fais un autre examen IRM, des prises de sang, et un rendez-vous avec l'urologue. Le blog continue. Avec ce nouvel extra-terrestre mais intra-moi que l'on appellera Duduche. A croire que ma prostate s'est sentie jalouse de mon rectum. Ah ! ces vies intérieures, quelle complication.

mardi 1 octobre 2013

Pensée avec corps

J'ai trouvé la raison qui m'a fait écrire une autre version pour introduire ma recension du livre de Laurent Loty et Eric Vanzieleghem, Esprit de Diderot. En fait l'une des singularités de la pensée de Diderot est précisément qu'il n'oublie jamais l'attachement de la pensée au corps. Les pensées peuvent certes se détacher les unes des autres, mais elles sont toujours l'expression d'un état du corps, des nerfs qui s'excitent, des muscles qui se contractent, des coeurs qui battent, des peaux qui se tendent, des mains qui tremblent et des tempêtes de neurones dans la tête. Diderot est un penseur incarné. Cela le distingue de la plupart des philosophes qui, le plus souvent, pensent sans corps.
Pour moi, c'était important d'évoquer la présence physique de ceux qui ont choisi, et bien choisi, il faut le dire, les citations de Diderot qui pouvaient inviter les lecteurs à aller plus loin. Evidemment, de les asseoir à une table ronde à trois pieds pour une séance de spiritisme, cela peut sembler exagéré. Mais la difficulté est grande. Comment faire exister physiquement, ces personnes ? Par quel artifice pouvais-je leur donner une présence physique ?