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dimanche 30 novembre 2014

...de Lyon

Je devrais être à Rennes, mais je suis à Lyon. Mon avion de Lisbonne est arrivé en retard à Nice. Du coup, j'ai raté la correspondance Nice-Rennes. Malheureusement, l'université de Rennes ne m'avait pas pris un billet Lisbonne-Rennes mais deux billets distincts : Lisbonne-Nice et Nice-Rennes. Impossible pour la compagnie de prendre en charge les désagréments du retard. Je dois prendre un nouveau billet Nice-Rennes avec une étape de quatre heures à Lyon ! 300 euros supplémentaires. Je téléphone à Brigitte pour savoir si l'université acceptera de me rembourser. Elle dit "oui". On ira voir l'administration. Je suis évidemment inquiet. Heureusement, je peux bénéficier d'un "wifi" gratuit à l'aéroport de Lyon. Ce qui me permet de rédiger ce "post" !

Tout ça pour une thèse de 850 pages dont le jury doit se réunir demain. Bonne thèse d'ailleurs mais qui aurait certainement été meilleure si elle avait été deux fois moins longue à lire. Je m'en veux d'avoir accepté d'être membre de ce jury. Et ce que je vais dire ne vaut certainement pas l'argent public que l'université a dépensé pour que quelques collègues m'entendent. Cela me semble absurde.

Ce matin, avant de partir, j'ai envoyé un message électronique à Isabel qui dormait profondément. Teneur du message : "J'ai acheté du poisson pour votre dîner de ce soir. Ne l'oublie pas dans le frigidaire !" Une belle queue de daurade qui m'aurait régalé si je n'avais pas accepté de siéger dans ce jury. Je ne rate pas que les avions, apparemment.

samedi 29 novembre 2014

29/11/14 : Demain, Rennes

Voilà ! Demain, je vais à Rennes pour un jour. Un long voyage pour une intervention de vingt minutes environ comme membre de jury d'une thèse de 850 pages que je n'ai évidemment pas lue en entier. Il faut dire que l'impétrante a tout fait pour faciliter la lecture avec des résumés au bout de chaque chapitre et des sommaires introductifs à chaque nouvelle étape du raisonnement. Beau travail.
J'espère qu'il m'ont réservé une chambre d'hôtel à Rennes. Je ne me souviens pas avoir vu passer un mail me signalant la chose.

Hier j'ai vu un très beau film d'animation Crime et châtiment, d'après le roman de Dostoievsky. Le film recrée magnifiquement l'atmosphère de ce roman que j'ai lu très jeune. Tout me revenait en mémoire. La vieille, la hache, le commissaire et le héros, Raskolnikov. Le film est entièrement muet mais c'est un petit chef d'oeuvre.

J'ai commencé à lire le livre de F. Il faudra que je lui écrive bientôt. J'ai beaucoup de remarques critiques à lui faire tout en reconnaissant la difficulté de la tâche : faire un livre lisible et compréhensible par n'importe qui sur la philosophie de l'expérience de Whitehead. C'est un véritable défi. Mais je crains qu'il n'y ait encore beaucoup de travail à faire pour rendre ce petit livre véritablement compréhensible. En même temps, le projet est d'un très grand intérêt car Whitehead est certainement l'un des philosophes les moins lus par les philosophes eux-mêmes. Je ne peux donc que l'encourager à peaufiner son texte pour le rendre vraiment accessible.

J'ai oublié de dire quelque chose sur le ciel de Lisbonne qui, ce matin, était d'un bleu très profond avec un soleil superbe. C'est à ce moment-là qu'on apprécie vraiment le fait de vivre à Lisbonne. Il fait doux, presque chaud, les toits brillent, une très belle journée déjà bien entamée mais qui promet encore de bons moments.

vendredi 28 novembre 2014

Ronald David Laing

Comme tous les jeudis, j'ai reçu Z. à déjeuner hier. Et il me raconte cette histoire à propos de Ronald David Laing, le chef de file de l'antipsychiâtrie dans les années 70, avec qui il a travaillé, lui-même en tant que psychanalyste. Laing visite un hôpital psychiatrique américain et ses collègues lui indiquent une patiente, assise toute nue par terre, schizophrène. "Rien à faire avec elle, disent-ils à leur invité. Rétive à tout traitement !" Sur ces mots, Laing commence à se déshabiller et va s'asseoir, tout nu, à côté de cette femme shizophrène. Au bout de cinq minutes, ils étaient en grande discussion l'un avec l'autre ! Belle histoire, non ?

Z. aimait bien Laing bien que celui-ci faisait souvent preuve d'agressivité avec ceux qui l'entouraient, surtout quand il avait bu et, à un degré moindre que son confrère, David Cooper, il buvait beaucoup de whisky, amenant ses deux bouteilles dans les soirées auxquelles il participait volontiers. J'étais à York à ce moment-là et mes collègues de l'université parlaient souvent de lui. Je l'ai lu à ce moment-là. D'après Z., il était génial dans ses interventions.

Je voulais finir The White Tiger, hier soir mais je me suis endormi trop vite. J'ai encore quelques pages qui feront mes délices tout-à-l'heure. C'est vraiment un livre assez remarquable. Je le recommande aux lecteurs de ce blog. Je ne sais pas s'il existe une traduction en français mais je présume que, traduit, ce livre doit perdre beaucoup de son charme indien.

J'ai reçu un commentaire de F. ce matin sur Dedalus. F. est philosophe. Il a soutenu une thèse sur Whitehead. J'étais son directeur de thèse. Il était prof vacataire en classe de philo ces dernières années mais son contrat n'a pas été renouvelé semble-t-il. Au chômage donc. Parcours difficile. Venu de loin. Et, d'après lui, arrivé presque nulle part dans le présent. Au chômage. Alors, oui ! je souscris à son idée d'écrire un livre sur son propre cheminement dans la vie jusqu'ici. Mais pas un livre de colère, contrairement à ce qui semble être son intention. La colère ne sert à rien sinon à se nuire à soi-même. On me dira que ce n'est pas parce que ça ne sert à rien qu'il ne faut pas l'exprimer dans un livre. Mais est-il seulement possible d'écrire quoique ce soit sous l'emprise de la colère ?

jeudi 27 novembre 2014

27-11-14 : Le cantique des cantiques

Ce qui est bien avec les rêves, c'est qu'il me donne des titres pour mes "posts". Ainsi, "le cantique des cantiques" titre d'un livre d'un auteur que je devais interviewer en tant que journaliste. Je ne me souviens plus du nom de cet auteur mais il avait déjà plusieurs livres à son actif, tous publiés dans la collection La Pléïade de Gallimard. Un autre de ces volumes avait pour titre La Duchesse de... — je n'arrive pas à voir le titre sur le dos de la couverture, je le retourne, et oui ! c'est ça — La Duchesse de Santa Fé ! L'auteur a ainsi produit une pile de livres aux titres quelque peu disparates. Ce rêve, je l'ai rêvé entre 5h et 5h15 ce matin. Je n'ai pas pu m'empêcher d'y repenser pendant les trois quarts d'heure de méditation qui ont suivi.

The White Tiger que je lis en ce moment est un livre étrange. Il nous donne, aussi bien par le style que par le contenu, une perspective très inhabituelle sur la vie en Inde dans les couches les plus pauvres de la population, dans ce que l'auteur appelle le monde des ténèbres (Darkness, toujours avec un D majuscule !), les rapports des habitants de ce monde avec celui, contigu, des "riches", la présence intermittente du politique, la sexualité, le mariage, etc. C'est un livre fascinant qui en dit plus long sur la vie quotidienne en Inde que beaucoup de livres écrits par des "observateurs" étrangers. Il faudrait que Sasha le lise, ce qui ne serait pas trop loin de l'anthropologie qu'elle étudie actuellement à Oxford. Je serais vraiment très curieux de savoir ce qu'elle en pense.

mercredi 26 novembre 2014

26 novembre : Retour d'Isabel

Charlotte et moi sommes allés hier soir à l'aéroport pour chercher Isabel qui revenait de Londres avec des tas de cadeaux pour tout le monde. Charlotte a eu la doudoune Abercrombie dont elle rêvait et moi, le livre que je lui avais demandé de me ramener de Londres, The White Tiger, d'Aravind Adiga, un auteur indien semble-t-il, qui a obtenu le Man Booker Prize en 2008. Je me réjouis de le lire. C'est Veronica qui a attiré mon attention sur cet ouvrage qu'elle fait lire à ses élèves au lycée Ermesinde. Isabel m'a également rapporté des herbes parfumées de chez Novella à mettre dans l'armoire où je range mes pulls, ainsi qu'un mug de la Tate Galery, dont les bords sont encore plus fins que ceux du mug de la même Tate Galery que j'utilise depuis au moins dix ans pour mon thé japonais du matin. Bref c'était Noël avant Noël ! Ce qui n'empêche pas Charlotte d'exprimer d'autres désirs. Par exemple, je vous le donne en mille, un iPhone 5S ! Atteinte d'une "iPhonite" aiguë, je vous le dis ! Y aurait-il moyen d'en acheter un d'occasion, en Angleterre par exemple.
Isabel m'a donné des nouvelles de toute la partie britannique de notre famille. Elle a beaucoup apprécié son bref séjour chez M. et D.

Dans quatre jours, je m'envole pour Rennes où je siégerai dans un jury de thèse sur le thème de la place des SHS dans les formations d'ingénieurs en France. Un beau et gros travail qui va me donner pas mal de boulot.

Ce matin le ciel de Lisbonne était d'une couleur extraordinaire : rose-mauve à l'Est virant vers des violets plus sombres presque bleus, au milieu d'un ciel bouillonnant de nuages qui voulaient sans doute être gris, mais en vain. Avec toujours, comme fond sonore, ces bruits d'avions lointains qui nous rappellent à quel point l'humanité tient à son extrême agitation. J'y participe aussi bien sûr. Le Bouddha me rappelle aujourd'hui que si "l'irrigateur dirige l'eau, l'armurier façonne la hampe d'une flèche, le charpentier cintre le bois", "le sage" quant à lui, "se contrôle lui-même".

mardi 25 novembre 2014

25 novembre : Premier écrit

Hier après-midi, j'ai vu un documentaire sur Borgès, l'écrivain argentin, auteur magnifique, plein d'intelligence et d'imagination pour nous fasciner avec ses histoires extraordinaires. Bizarre qu'il n'aie pas été récompensé par le prix Nobel de Littérature. J'aime bien Modiano, qui dit la même chose que Borgès, en substance : "J'ai l'impression de ne jamais avoir écrit qu'un seul livre, le premier. Tout le reste n'étant qu'un développement multiforme de ce qui était déjà contenu dans celui-là." Mais Modiano n'a pas (encore ?) la stature d'un Borgès. Pour ce dernier, il s'agissait de Ferveurs de Buenos Aires, qui, selon lui, exprime, entre les lignes, tout ce qui suivra. Auparavant il avait déjà écrit des poèmes et des nouvelles mais ce livre là, dont la publication a été financée par son père, aveugle comme il le deviendra lui-même, était considéré par l'auteur comme son premier ouvrage. Mais cela n'est-il pas vrai pour la plupart des auteurs. J'ai moi-même (suis-je en train de me considérer comme un auteur ?) souvent l'impression que ma première thèse, Les Problèmes théoriques de la vulgarisation scientifique, annonce déjà implicitement tout ce que j'ai écrit par la suite même si cette suite a été nourrie par des explorations et des "découvertes" associées à d'autres études et enquêtes, notamment tous les développements dont j'ai pu m'aviser en travaillant sur l'écriture alphabétique et ses effets à la fois cognitifs, sociaux et culturels. Presque tout ce qui a suivi est déjà là, en instance d'explicitation à travers de nouvelles lectures, de nouvelles rencontres, de nouveaux défis. Mais tout ce qui est "nouveau" justement, se cache déjà  dans les latences de mes premières écritures, voire même de mon premier article, "Vulgarisation scientifique et idéologie" paru dans la revue Communications en 1969.

* * *

Je lis sur FaceBook que Fred D. a vu le film de Zhang Yimou, Riding Alone For Thousands Miles, avec cet acteur merveilleux qui vient de mourir (le 10 novembre, à Tokyo) à l'âge de 83 ans, Ken Takakura. Aussitôt, je me mets en quête du film et je réussis à le voir moi aussi. Un film magnifique, plein de nuances, sur les relations père/fils, fils/père. Un Japonais, Mr Takata, est appelé au chevet de son fils qui est à l'hôpital avec ce qui se révélera un cancer du foie en phase terminale. Le père y va, mais le fils refuse de le recevoir. Le père apprend que son fils voulait tourner un film sur un opéra, "Riding alone for thousands miles" en Chine dans la province de Yunnan. Il décide de s'y rendre pour tourner ce film que son fils n'a pas pu faire. Il va ainsi à la rencontre de Li, l'acteur qui chante cet opéra populaire et qui est en prison. Li ne peut chanter l'opéra parce qu'il pense à son fils dont il est séparé. Takata va le chercher dans le Stone Village. Au cours de son chemin de retour avec Yang Yang, le fils de Li, celui-ci s'échappe et Mr Takata le suit. Ils s'égarent et un lien se noue entre eux. Finalement, Yang Yang ne veut pas voir son père qu'il ne connait pas. Mr Takata retourne seul dans la prison où se trouve Li. Il lui montre les photos qu'il a prises de son fils. Li pleure... et chantera finalement l'opéra pour le fils de Mr Takata qui, entretemps, est mort à l'hôpital.

Difficile de rendre la beauté des images qui nous montrent un petit bout de la Chine, un petit bout grandiose, les montagnes du Yunnan. 

lundi 24 novembre 2014

24 novembre : Le dernier coup d'Israel

Je viens de lire dans le Guardian, la décision du cabinet d'Israël d'inscrire dans sa constitution le principe d'un Etat réservé aux Juifs. Décision qui a rencontré, dieu merci, une opposition diversifiée qui laisse un peu d'espoir, mais très peu à dire vrai. La Knesset devra entériner, ou non, cette décision le 2 décembre. Inscrire le racisme dans la constitution même de l'Etat, voilà à quoi revient cette décision malheureuse qui ne peut qu'engendrer les pires débordements. Il s'agit de passer d'un "état juif et démocratique" à l'"Etat national du peuple juif". Ne faudrait-il pas lancer une pétition mondiale pour tenter d'arrêter cette dérive qui ne peut que nuire grandement à l'Etat d'Israel ? Car le monde tient à Israël, tout autant d'ailleurs qu'au Timor, au Belize, au Rwanda ou à l'Ukraine. Je crains que ce que je viens d'affirmer ne corresponde pas tout-à-fait à la réalité politique et idéologique du monde d'aujourd'hui.

Aujourd'hui, j'ai gardé Charlotte à la maison. Son front était brûlant ce matin et je crains qu'elle n'ait de la fièvre. Malheureusement, je n'ai pas retrouvé le thermomètre qui m'aurait permis de confirmer le diagnostic. Mais, heureusement, Isabel vient de me dire où il se trouvait : dans un verre à la salle de bains, avec mon rasoir et les brosses à dent ! Drôle d'endroit ! Charlotte a pris sa température et elle est normale. Comme elle continue à avoir mal à la tête et à respirer difficilement, se mouchant toutes les trente secondes (une mousse blanche de kleenex au pied de son lit), je la conduirai à l'école plus tard.

Trois quarts d'heure de méditation ce matin. Adhitthana. Une méditation écourtée par la nécessité de conduire Charlotte à l'école alors que, en fin de compte, je l'ai gardée à la maison. 

Le soleil a fait son apparition après un week end très pluvieux, très gris. Dans la voiture, Charlotte me disait : "J'aime bien ce temps."

dimanche 23 novembre 2014

Ouragan

En attendant mon vol qui avait deux heures de retard à Luxembourg j'ai lu le petit livre de Laurent Gaudé — auteur dont je n'avais jamais rien lu —Ouragan. Une écriture rapide qui suit quelques personnages très attachants à travers un ouragan en Louisiane. L'auteur passe de l'un à l'autre, parfois dans la même phrase, mais on s'y retrouve toujours assez facilement : "Moi, Josephine Linc. Steelson, négresse depuis presque cent ans, j'ai ouvert la fenêtre ce matin, à l'heure où les autres dorment encore , j'ai humé l'air et j'ai dit : “Ça sent la chienne.”" Telle est la première phrase de cet ouvrage prenant qui nous promène à travers les rues dévastées de La Nouvelle Orléans en suivant tantôt des évadés de la prison de la ville, tantôt un révérend incertain sur ce qu'il doit faire pour plaire à Dieu et qui finit par tuer avant d'être dévoré par une meute d'alligators, un couple qui se retrouve après six ans d'absence de l'homme qui a failli mourir dans un incendie sur une plateforme pétrolière pendant que sa compagne, violée et vivant dans la plus grande misère, accouchait d'un enfant, Byron, qui se perd dans les rues, tout ça pendant que l'eau continue à monter, angoissante pour la plupart des habitants réfugiés dans le stade de la ville, avec, revenant comme un leitmotive, "Moi, Josephine Linc. Steelson, toute vieille négresse que je sois...", un personnage qui contemple le désastre du haut de ses cent ans avec la fermeté et la distance d'une détermination sans faille, en butte à tous ces secouristes et policiers qui veulent l'aider, la sauver, l'emmener en hélicoptère, ou dans un 4x4 rutilant, sans qu'elle puisse s'y opposer... Bref, une histoire qui vous fait passer agréablement, assis sur un fauteuil en plastique bleu, les deux heures de retard d'un avion de la TAP.

Après quoi, dans l'avion, j'ai pu lire, en mâchonnant un sandwich insipide, le dernier numéro de la Quinzaine littéraire, que je n'avais plus acheté depuis longtemps et qui m'a un peu déçu à cause de la trop grande brièveté de ses articles.

Dans mon lit, à Lisbonne, j'ai rêvé que j'étais au GERSULP avec Bernard A. comme directeur, qui avait engagé un certain Cochrane, chercheur très actif, qui donnait enfin toute sa valeur à l'équipe que j'avais dirigée et qui m'accueillait encore, "pour faire plaisir" à ce retraité dont l'éméritat toucherait bientôt à sa fin, enfin !

Charlotte est bien malade. Elle a un rhume qui la fait éternuer sans cesse et j'ai peur que cela ne se transforme en bronchite. Dès son réveil, je lui rappellerai de prendre ses médicaments.

vendredi 21 novembre 2014

21 novembre : Oxford en rose

Le titre fait référence à mon rêve d'aujourd'hui. Je quittais mon bureau et j'avais mal aux yeux. L'un de mes collègues m'apporte alors la carte d'une ville que je ne reconnais pas tout de suite. La carte est rose. Je reconnais finalement Oxford après avoir cru reconnaître d'autres villes. Le bureau jouxtant le mien est vide avec une montre-bracelet sur la moquette au milieu de la pièce. La montre est à l'envers. Dehors, je rencontre des étudiants et étudiantes à bicyclette. L'une d'entre elles a manifestement un problème avec son vélo. Elle revient vers moi.

Toute la journée d'hier avec Jeannot. Longue discussion sur la place des mathématiques dans une nouvelle école. Nous allons manger des pâtes au thon dans un restaurant italien — j'allais écrire "itarien" !—. Ce soir, dîner chez Julia. Et demain, retour à Lisbonne pour y retrouver Charlotte qu'il faudra que j'aille chercher chez une amie.


jeudi 20 novembre 2014

20 novembre : Un petit homme vert...

...me suivait partout dans le rêve de cette nuit. Il avait un "spray" dans les mains et il en arrosait les plantes autour de moi. Je ne trouvais pas ça très sain, mais, imperturbable, il parfumait de ses produits chimiques le monde végétal que je traversais, un peu comme le stalker de Tarkovsky dans la "zone".

Je suis toujours à Luxembourg, sans ciel et sans soleil. Encore que hier, pendant la journée, il a fait quelques timides apparitions brèves, juste pour me montrer qu'il existait encore.

J'ai reçu hier deux messages de deux étudiantes qui m'avaient entendu à Toulouse. De bonnes questions auxquelles j'ai répondu en envoyant des articles anciens qui me semblaient appropriés.  J'apprécie évidemment beaucoup ces "retours". C'est très gratifiant.

Aujourd'hui, j'ai une réunion à la Chambre de commerce et d'industrie de Luxembourg. Nous allons mettre au point quelques détails de ce grand projet qui, depuis quelque temps, nous fait réfléchir intensément. Quel projet ? Il est encore trop tôt pour en parler.

mercredi 19 novembre 2014

19 novembre : Pas de ciel...

Pas de ciel du tout ce matin à Luxembourg. A moins qu'il ne soit tombé sur la colline, la faisant disparaître dans une couche de coton grisâtre envahissant.

Je viens de voir sur le site du Daily Geek Show, une conférence "TED" donnée par "la femme la plus laide du monde". En fait, cette femme est atteinte d'un syndrome qui fait que, quoiqu'elle mange, elle ne prend pas de poids. Adulte, elle pèse 30 kg. Et, dans sa conférence, elle a parlé de son enfance, des tourments que lui ont fait subir toutes les personnes qu'elle rencontrait. L'une d'elles lui a vivement conseillé, en la voyant, de se suicider. Bref, beaucoup de difficultés mais apparemment, des parents formidables qui lui ont donné beaucoup d'amour. Et sa conférence a été superbe. Pleine d'humour et d'humanité. Elle donnait notamment ce conseil : ne pas se laisser définir ni par les autres, ni par sa propre apparence. Etre à l'origine de la définition de soi. Transformer tous les jugements négatifs qui vous sont adressés en une force positive de vie. En tout cas, cette femme, Lizzy, était impressionnante.

mardi 18 novembre 2014

18 novembre : De Luxembourg

Hier, j'ai donc donné cette conférence aux doctorants des trois écoles doctorales de l'Université de Toulouse (Lettres et sciences humaines). J'étais en pleine forme et j'ai ressenti beaucoup d'attention de la part de ces jeunes dont certains commencent leur vie de chercheur. J'ai parlé pendant un peu plus d'une heure. Il n'y avait malheureusement qu'un quart d'heure pour les questions car un taxi m'attendait pour me conduire à l'aéroport. J'étais assez content de moi. Et les organisateurs semblaient l'être également. J'avais pas mal travaillé pour préparer cette intervention, mais, comme d'habitude, je n'ai rien dit de ce que j'avais prévu de dire. Mais les idées surgissaient sans peine, bien articulées et je ressentais vivement le contact avec ce public. J'ai terminé en leur donnant mon adresse électronique au cas où ils ou elles, auraient des questions à me poser sur ce que je leur avais dit. Le soir même, j'avais un message de l'une de mes auditrices avec une foule de questions intéressantes. Je lui ai répondu aujourd'hui.

Ce matin j'ai eu une bonne surprise. Depuis deux ou trois jours, je me disais que ce serait bien si je pouvais manger une ou deux tomates le matin au petit-déjeuner. Malheureusement, à Luxembourg, ils remplissent le frigidaire à ma disposition, de fromage, de jambon, d'oeufs, de beurre, de saucisson, etc. Et voilà que ce matin, miracle, il y avait trois jolies tomates dans la porte du frigidaire ! Comme quoi, la télépathie, ça marche !


lundi 17 novembre 2014

La pierre de lune

C'est un rêve. Mais après avoir commencé la lecture de ce que Grothendiek dit sur le rêve, je ne peux pas ne pas le raconter. Y. J... et un autre de nos collègues [peut-être PF ?] impliqués dans l'étude de la vulgarisation scientifique étaient venus me rendre visite au Portugal. Je les accompagne le long d'un chemin creux avant de les quitter. Nous discutons longuement de la possibilité de faire passer l'examen des étudiants en DESS au Portugal. Le voyage ne coûtera pas plus cher que pour un autre endroit surtout si l'on s'y prend suffisamment tôt. Je les quitte pour remonter à la maison. J'habite une petite maison à flanc de colline dans un paysage alpestre. La maison est assez isolée. Quand j'arrive, je m'aperçois que la maison a été cambriolée. Je m'approche. En réalité, elle est en train d'être cambriolée. Je me penche par la fenêtre vers l'intérieur très sombre de la maison quand, tout à coup surgit, à ma hauteur, la main du cambrioleur qui cherche à m'étrangler. Je réussis à me dégager. Mais le combat continue dehors. Je m'aperçois alors que le cambrioleur est une petite femme bien déterminée, et la lutte commence avec elle. Je m'aperçois qu'elle est enceinte et je lui dis que cela ne m'arrêtera pas. — Elle porte une robe en tissu imprimé avec de petites fleurs vertes —. Elle s'en indigne et me fait comprendre qu'elle ne croit pas que j'irais jusque là (jusqu'à lui porter des coups qui risqueraient de lui faire perdre son bébé). Finalement, je lui demande ce qu'elle veut. Elle me dit alors qu'elle veut ce que je porte autour de mon cou. Il s'agit d'une pierre de lune, de LA pierre de lune dont toute la presse avait parlé quelque temps auparavant. Elle se présente comme une toute petite perle blanche que je porte à mon cou depuis que Josiane me l'a confiée parce qu'elle s'était fait agresser à cause d'elle. Ma cambrioleuse/cambrioleur me dit que de toute manière elle obtiendrait cette pierre qu'elle convoitait. "Vous savez, me dit-elle, j'ai des amis policiers. Vous ne ferez pas le poids devant eux." Cette menace me fait peur. Je me dis qu'après tout, cette pierre de lune, pourquoi ne pas la lui laisser ? Est-ce que j'y tiens tellement ? Mais j'écarte cette idée momentanée qui me semble impossible parce que précisément, cette pierre de lune n'est pas à moi. Elle m'a été confiée par Josiane. Cette femme, la cambrioleuse, [qui ressemblait fort à la boulangère chez qui j'avais acheté une petite tarte aux pommes toute fine en revenant à mon hôtel à Toulouse hier après-midi et chez qui s'était déroulée sous mes yeux une scène que je raconterai plus tard], s'en va, non sans avoir dit que de toute manière elle l'obtiendrait, cette pierre de lune. Je reviens vers la maison. Son toit est un toit de 2CV dont la toile a été découpée pour permettre au cambrioleur d'entrer. La maison où je vivais avec Isabel était sens dessus dessous. On ne pouvait plus y entrer. Je glisse ma tête par la fenêtre, une fenêtre de 2CV, et je vois en effet que le cambrioleur (euse) était allé(e) jusqu'à fouiller dans les pâtés pour trouver cette pierre de lune qui, semble-t-il était la chose la plus précieuse qui puisse exister. Mon frère Patrick, qui s'approche de la maison arrive. Je lui raconte ce qui s'est passé et il m'aide à démonter le toit, qui s'est transformé en une charpente en bois, pour pouvoir pénétrer dans la maison. Je suis embêté parce que deux autres collègues sont arrivés. Isabel avait prévu de les inviter ce soir-là et, en quittant Yves et son collègue – c'est J... sans doute, mais non, parce que justement, avec Yves, nous avons parlé de lui, à la retraite comme moi, c'est donc quelqu'un d'autre], je me suis dit que le mieux c'était de les inviter ce soir. Il n'étaient libres qu'à ce moment-là. Ils étaient invités ailleurs tous les soirs de leur séjour d'une semaine au Portugal – mais il fallait absolument prévenir Isabel, ou bien leur téléphoner pour leur dire que ce ne serait pas possible ce soir-là, mais je n'avais pas leur numéro de téléphone. — Pendant tout ce temps, je réfléchis à des stratégies qui me permettrait de ne pas me laisser voler cette pierre de lune, je pourrais par exemple la confier à mon tour à quelqu'un qui la confierait à son tour à un autre, et ainsi de suite mais la cambrioleuse me fait savoir qu'elle arriverait de toute manière à ses fins —. Je me vois demander son numéro de téléphone à Y... qui me le dicte 04.16.17.19 ou quelque chose comme ça. Il y avait deux chiffres qui se suivaient et les trois derniers chiffres commençaient par 1. Et le 19 y était. Le rêve se termine à peu près à ce moment-là.

Du moins c'est à peu près à ce moment-là que je me réveille. Il est 4h du matin. Je ressens l'urgence de l'écrire en repensant au texte de Grothendiek (pendant un instant j'ai voulu écrire Dieudonné !) et avec une première interprétation de cette pierre de lune autour de mon coup. Ce rêve est un cadeau, j'en suis sûr, aussi sûr que le texte que m'a envoyé Guy Chou est lui aussi un cadeau extrêmement précieux. Je ne dois pas le laisser tomber dans les eaux de l'oubli. Je dois absolument l'écrire sur l'heure. Ce que je suis en train de faire.

* * *

J'y ai consacré une heure. De 4 à 5 heures du matin, après quoi, je me suis recouché pour être en forme aujourd'hui, jour de ma conférence aux trois ED SHS de Toulouse. Hier chez la boulangère qui ressemblait à ma cambrioleuse du rêve, il y avait un Maghrébin avant moi qui prenait tout son temps à choisir les choses qu'il voulait, demandant ce qu'il y avait dans les gâteaux et les sandwiches, revenant à des choix antérieurs, bref terriblement fussy devant une petite boulangère de plus en plus énervée et impatiente. Si bien, qu'elle me demande ce que je veux et me sert, pendant que le Maghrébin, continue à s'enquérir des produits exposés. Tout à coup, la boulangère en a marre et lui dit très brusquement : "Puisque c'est comme ça, je ne vous sers pas." Elle remballe les paquets qu'elle avait déjà préparés et les glisse sous son comptoir. Le client n'est pas content. Il se fâche parle avec violence, tape du poing sur le comptoir tandis que la boulangère, parfaitement sereine, le met au défi de s'opposer à sa décision. Elle me prie de sortir. D'autres clients entrent. Je ne sais pas comment l'histoire se termine mais la détermination de la boulangère, même si elle me paraissait mal placée, faisait mon admiration. Il faut dire que le client était arrogant, violent et emmerdeur. Mais la décision de ne pas le servir était certainement exagérée et, sans doute, teintée d'une pointe de racisme. 

dimanche 16 novembre 2014

16 novembre 2014 : Grothendiek 2

Au moment de partir pour Toulouse, je reçois, encore une fois, un magnifique cadeau de Guy Chou : un large extrait de Grothendiek, tiré, je pense de Récoltes et semailles, ce livre jamais publié, diffusé à seulement 200 exemplaires et dont je crois, d'ailleurs, avoir un exemplaire dans les archives d'un disque dur que je n'ai plus ouvert depuis longtemps. Je n'ai pas pu m'empêcher de commencer la lecture de cet extrait consacré au "rêve", au "message de l'âme" que constitue le rêve pour le rêveur. Moi qui note souvent mes rêves —mes rares lecteurs en sont témoins !— je ne crois pas être jamais allé "jusqu'au bout", comme le dit Grothendiek. Je suis parfois allé assez loin mais je me suis toujours arrêté, faute de cette persévérance, dont l'auteur semble faire preuve. Peut-être est-ce mon absence d'innocence qui m'a fait reculer devant la poursuite du déchiffrement de ce "message" ? Absence d'innocence directement associée à mes lectures psychanalytiques. Il faudra donc que je revienne là-dessus et peut-être enfin, après tant d'années, faire confiance à ce que me dit mon âme. Merci, Guy. Mon taxi m'attend.

Voilà ! Je suis à Toulouse, à l'Hôtel "Le Clocher de Rodez", chambre 111. Internet est censé ne pas fonctionner mais je crois que c'est une erreur. Dans l'avion, j'ai continué ma lecture de Paul Krugman, End This Depression Now, New York, Norton, 2012. Ce qui me frappe jusqu'ici, c'est l'ancienneté des références principales : J.M. Keynes notamment, mais beaucoup d'autres auteurs aussi. Mais je vais également pouvoir continuer ma lecture de Grothendiek !

samedi 15 novembre 2014

15 novembre : Demain, Toulouse à nouveau

Je me prépare pour mon petit voyage à Toulouse où je dois intervenir pour inaugurer l'année  de recherche des trois écoles doctorales de l'Université. Certes j'ai l'habitude de ce genre d'intervention mais il y a quand même longtemps que je ne suis plus sollicité. Bon ! nous verrons. En tout cas, avec l'intervention que je projette de faire, on ne pourra pas dire que je sacrifie à la mode. D'ailleurs, quelle mode ? Quels sont les mots magiques qui font que vous êtes considéré comme étant "au courant" ? Au courant de quoi ? Je suis très au courant des nuages qui passent dans le ciel de Lisbonne et qui absorbent souvent mon regard, l'embarquant vers d'autres horizons, vers l'Est aujourd'hui ! Mais ce n'est pas avec les nuages que je vais intéresser mon public.

Beaucoup de rêves cette nuit.

Faut-il saluer l'accord entre Obama et Xi Jiping sur une réduction des émissions de gaz à effets de serre d'ici à 2050 ? Oui ! Certes ! Donc je salue. D'ici là, il faut s'attendre à ce que des crises météorologiques extrêmes se poursuivent. On annonce aujourd'hui un tsunami en Indonésie, lié à un tremblement de terre de magnitude supérieure à 7. Les séismes ne sont pas liés au climat. Mais ça met de l'ambiance.

J'ai repris hier la lecture de Krugman, cet économiste qui propose des mesures assez radicales pour en finir avec la crise économique qui secoue l'Europe. J'en dirai un peu plus sur le livre ultérieurement. En tout cas, je l'emmène avec moi à Toulouse et Luxembourg. Bien que je sache à l'avance qu'à Toulouse, je vais me précipiter dans une librairie farnçaise pour au moins acheter le Goncourt de cette année. Mais ce sera vite lu, sans doute.

Hier également, j'ai regardé un documentaire Memory of the Camps de 1985. Hitchcock aurait été partie prenante dans la réalisation de ce film. Il s'agit des camps de concentration bien entendu. Je n'ai jamais vu un film aussi terrible sur la Shoah. Avec ce commentaire en off, dit d'une voix incroyablement calme. On y voit l'attitude des gardes nazis, hommes et femmes, quand on les oblige à enterrer les milliers de cadavres qui jonchent le sol dans des fosses qui vont contenir parfois 5.000 corps. C'est un film qui mentionne plusieurs camps dont je n'avais pas entendu parler auparavant. On connaît tous Auschwitz, Dachau et Buchenwald, mais il y en a eu beaucoup, beaucoup d'autres, tout aussi cruels que ceux que l'on connait.


vendredi 14 novembre 2014

Grothendieck

Un rêve cette nuit, bizarre. Je devais aller prendre un train à Paris pour aller quelque part, assez loin. D'abord le métro pour se rendre à la gare qui se trouvait au Sud de la ville. J'y vais pour m'apercevoir que ce n'était pas la bonne gare. Celle-ci, "Logier" ou "Losier" se trouvait à une station de métro. J'essaye d'y aller en suivant les voies mais je me retrouve dans un endroit souterrain, très vaste et circulaire qui m'était inconnu. Je demande mon chemin à deux jeunes femmes qui sortaient d'une pharmacie. Elles me renseignent mais je reste incertain sur la voie à suivre. Un couple vient à ma rencontre. Ils s'en vont. Ils montent les escaliers qui mènent à la sortie et j'entrevois les parties intimes de la femme, couvertes d'un collant bleu indigo, sous sa jupe. Mais cela me laisse assez froid. "Je connais", me disais-je. Finalement je prends le métro et là, ça devient drôle. Je suis sur une plateforme analogue à celle des anciens autobus parisiens. La motrice du métro est assez loin devant moi. Le métro est dans une montée, et moi, sur ma plateforme, je traverse une étendue d'eau. Je dois me tenir pour ne pas me laisser emporter. Je me dis qu'ils (les gens du métro) y vont un peu fort avec leurs clients. Finalement, je contemple un lac, debout sur une sorte de balcon, sous une arche de pierre.

Hier j'ai vu deux documentaires. Le matin, ce fut un film sur l'année 1959 dans l'histoire du jazz avec des aperçus sur la vie et la musique de Mingus, Parker, Coleman, Miles Davis, etc... L'après-midi, j'ai vu un documentaire sur Stephen Hawkings, son enfance, ses années à Cambridge, ses théories, ses interlocuteurs, avec une très belle musique de Philip Glass.

Hier également, je viens de l'apprendre, Alexandre Grothendieck, l'un des plus grands mathématiciens contemporains, est mort à l'âge de 86 ans. J'imagine la communauté des mathématiciens en deuil. Je change le titre de ce "post" pour donner toute son importance à cet événement. Le titre antérieur était "Logier" le nom d'une station de métro imaginaire dans le sud de Paris.

Autre réflexion à propos de Philaé, le robot qui a "atterri" sur la comète Tchouri. La presse parle beaucoup de la pente à laquelle resterait accroché Philaé en équilibre peut-être instable. Cela me rend perplexe car comment peut-on parler de pente dans un espace vide où il n'y a pas de gravitation ? Toute pente n'est-elle pas horizontale (ou verticale d'ailleurs ?) si l'on se trouve dans un endroit qui n'admet pas le point de vue offert par une attraction quelconque. On nous dit que Philaé pèse un gramme sur sa comète alors qu'il pesait 100kg sur terre. Je ne vois pas, par exemple, comment Philaé pourrait dégringoler de son perchoir. Et pourtant, les images que l'on voit dans les médias ont l'air de rendre un tel événement possible, voire probable. On lit par exemple dans la lettre du Nouvel Obs d'aujourd'hui : "Le robot Philae, qui s'est posé mercredi sur le noyau de la comète Tchouri, fonctionne et s'est mis au travail, mais il se trouve sur une pente raide dans un endroit peu ensoleillé qui risque de lui poser un problème pour la recharge de ses batteries." 

jeudi 13 novembre 2014

13-11-14 : RAS

Rien à signaler. Mes analyses de sang sont bonnes et la résonance magnétique de ma région pelvique ne signale aucune bosse, aucun pli, aucune protubérance, aucun nodule, aucune tache, aucune irrégularité, aucun travers suspect ! Mais ce n'est pas Quintela qui me l'a dit. C'est la nouvelle assistante qui le décharge un peu de tous ces cancéreux, jeunes et vieux, qui remplissent la salle d'attente de l'Hôpital Santa Maria.

Dans cette salle d'attente, j'ai lu un article, déjà ancien, de Yves Charles Zarka : "L'évaluation : un pouvoir supposé savoir" publié dans un numéro spécial, intitulé "L'idéologie de l'évaluation. La grande imposture" de la revue Cités (113-123, 37, 2009). Explication de son titre : "Un pouvoir qui se donne lui-même, sans le dire bien sûr, non pas simplement comme énonciateur de vérité, mais plus que cela, comme instaurateur de valeur, comme norme de la vérité. Un pouvoir qui utilise des savoirs ou des discours à prétention scientifique, par instrumentalisation de certains acteurs de ces savoirs ou de ces discours, pour assurer son hégémonie et couvrir ses choix simplement arbitraires." (p.114) Autre passage intéressant, page 118 : "L'évaluation ne parle que de transparence, alors qu'elle suppose l'obscurité. (...) Le langage de la transparence couvre l'obscurité. Celle-ci doit en effet couvrir la raison des valeurs posées et imposées comme si elles allaient de soi, alors qu'elles sont établies contre d'autres valeurs. Si la volonté qui pose devenait visible, l'arbitraire apparaîtrait à découvert. L'obscurité doit également couvrir ceux qui évaluent."

L'après-midi, j'ai eu ma conversation philosophique avec Antonio, cet élève de philo dont j'essaye de développer la sensibilité philosophique, en vue du bac. Ce sont des séances qui m'intéressent beaucoup. Hier, il s'agissait de lui donner une méthode pour écrire une dissertation. On verra ce que cela donnera dans deux semaines, car mercredi prochain... je serai à Luxembourg !

mercredi 12 novembre 2014

Quintela

Nuages, pluie, avec, parfois quelques échancrures bleues qui ne s'élargissent guère. C'est surtout la pluie maintenant. En aura-t-on pour trois mois, comme l'année dernière ? En fait, il ne s'agit pas d'une pluie incessante. Le ciel sourit de temps en temps. Mais les trottoirs bosselés de Lisbonne restent glissants. Il faut faire très attention et prendre un parapluie dès qu'il est question de mettre le nez dehors. Ce qu'il faudra faire pour mon rendez-vous avec Quintela à 9h30 à l'Hôpital Santa Maria.

L'attention, c'est ce qui caractérise le mieux les images de Tarkovski. Il ne fait pas preuve d'une lenteur insistante comme Antonioni par exemple, tel que je m'en souviens. La lenteur de Tarkovski est motivée par l'attention, une lenteur attentive. Il oblige le spectateur à être attentif à l'image, à la scruter avec la même intensité dont témoignent certains de ses personnages en gros plan qui nous regardent longuement. Je dis cela après avoir vu, hier après-midi, Ivan's childhood, l'un des premiers films de Tarkovski.

Je suis allé chez mon médecin généraliste hier également. Il m'a rassuré. Non ! avec la tension que j'ai (9 et 5) je ne risque pas de crise cardiaque. J'ai peut être quelques problèmes de vascularisation artérielle. Il m'a prescrit des examens. Cela m'ennuie. Irai-je ?

Charlotte a été chez le dentiste. La dent qui ne voulait pas sortir semble avoir bougé. Il y a de l'espoir. Elle était très gaie hier soir. Plaisantant sans arrêt avec Isabel. Ensemble, elles ont écouté en livre audio (Charlotte n'aime pas lire) le Horlà de Guy de Maupassant.

Hier également, je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai regardé la cérémonie, toute la cérémonie commémorative à Notre Dame de Lorette avec le discours de François Hollande, la ponctuation des marseillaises, l'évocation des poilus de 14-18. J'étais dans une semi-somnolence, comme drogué par la solennité, un peu écoeurante, des gestes, des postures, des drapeaux, des uniformes, des attitudes, des regards... Il faut dire que cet "anneau de la mémoire" de l'architecte Philippe Prost est assez impressionnant, posé sur la colline, signifiant l'instabilité des choses humaines.  584.000 morts à cet endroit. Beaucoup, entre 17 et 25 ans. Venus de tous les pays du monde. Une guerre mondiale, effectivement.

C'est bizarre cette histoire de Fillon, Jouyet et consorts. Tout le monde, je pense, considère comme très vraisemblable, hautement probable, le fait que Fillon ait fait pression pour que Sarkozy soit rapidement déboulonné de son désir de retour en 2017. Et pourtant, son copain a démenti les affirmations de Jouyet. Ce qui ne m'empêche pas de continuer à penser que Fillon a certainement dit ce qu'on l'accuse d'avoir dit. C'est tellement lui. Et plus il met d'énergie à se récrier, moins on le croit. Etrange !

mardi 11 novembre 2014

11-11-14 : Tarkovski

Hier en fin d'après-midi je regardais Solaris de Tarkovski lorsque, assez brusquement, j'ai ressenti une douleur au niveau du coeur avec un bras gauche douloureux lui aussi. Il a fallu que je me lève, la tête bourdonnante, et que j'aille m'allonger dans le salon. J'avais aussi une sorte de nausée peu agréable. Et, c'est là où l'histoire de mes petits maux de vieux se corse légèrement, j'étais persuadé que mon malaise venait du film que j'étais en train de regarder. Je ressentais une sorte de fascination pour les images qui se succédaient devant mes yeux. Tarkovski force l'attention, une attention soutenue et concentrée, à laquelle on n'échappe pas quand on voit ses films. Cela m'était déjà arrivé avec de The Stalker quand je l'ai vu, il y a longtemps et qui est le film qui m'a plus ou moins réconcilié avec le cinéma. Avant de l'avoir vu, je m'endormais systématiquement dès les premières images de n'importe quel film, même les westerns... c'est dire ! On pourrait dire que c'est Tarkovski qui m'a réveillé pour que je puisse à nouveau accéder au monde des images. Jusque là, j'étais plutôt iconoclaste et je crains de l'être encore un peu.
Donc hier, j'ai eu une sorte de malaise, que j'ai cru "cardiaque". J'en parlerai à mon médecin demain qui, j'en suis sûr, me dira : "Vous savez, moi, ce sont les cancers du colon qui m'intéressent. Le reste... allez voir un cardiologue !"
Après cette alerte, nos invités, Lucia et Pedro sont arrivés. J'ai beaucoup parlé avec Lucia qui est chanteuse et qui m'a longuement décrit son expérience avec une thérapeute agréée de Tomatis, qui a étudié très attentivement ses problèmes d'oreille. Perception des fréquences. Cette thérapeute pouvait, juste en observant les courbes de son audition des fréquences, deviner l'apparition d'événements importants dans sa vie. Cela m'incite à suivre le même stage avec cette thérapeute qui a l'air bien intéressante.
Isabel avait fait un dîner délicieux (une blanquette de veau avec des fondants au chocolat comme dessert) et j'ai fait honneur au vin qu'avait apporté Pedro et qui était remarquable. Un vin du sud de l'Alentejo. Deux ou trois tout petits verres juste pour me rappeler le goût de ce nectar divin !

lundi 10 novembre 2014

Westerns

Adolescent, j'adorais les westerns. J'en ai vu beaucoup. J'ai même été à un stage du British Film Institute qui se tenait à Saint Andrews, sur le western avec Ir. Nous en voyions trois ou quatre par jour. Le reste du temps, souvent pluvieux, nous allions nous promener autour du golf, très connu des amateurs, dans la couleur verte du gazon anglais en Ecosse. C'est sans doute là que notre fille Célia a été conçue. Mais, même là, ils ne nous ont pas présenté le film de Giulio Petroni, Death Rides a Horse de 1967 ! L'un des meilleurs "westerns spaghetti" avec un magistral Lee van Cleef. Ah zut ! Coïncidence encore : 1967, c'était précisément l'année où nous sommes allés à Saint Andrews. En septembre. Beaucoup de nuages dans le ciel. Le film pouvait difficilement nous être présenté ! J'ai vu ce film sur l'ordinateur grâce au site <http://www.openculture.com/freemoviesonline> dont Joan Pedro m'a donné l'adresse samedi dernier et que je recommande à ceux qui ne le connaissent pas déjà. Merci JP !

Je lis dans Ouest France, ce matin cet article dont je reprend un passage : 
"Depuis mars 2014, les expressions « Zad », « Zad Zone à défendre », « Zadiste de Notre-Dame-des-Landes », mais aussi « Notre-Dame-des-Landes NDDL » sont des marques protégées pour une longue liste de produits et services éventuels : vêtements, chaussures, savons, parfums, dentifrices, bijoux, sacs, portefeuilles, papeterie, jeux d'argent, activités sportives et culturelles... Celui qui a déposé la marque, c'est René Leblanc, militant anti-aéroport, auteur du livre Vol sur Notre-Dame-des-Landes, maire de Quelneuc (Morbihan) jusqu'en mars dernier et ancien directeur régional de l'Inpi à Rennes."
L'auteur de ce dépôt à INPI se défend de toute intention commerciale. Il s'agit quand même de s'approprier un mot de la langue. J'adore le titre de son livre qui aurait pu aussi être : Vol sur un nid de Loulous ! Bref, un gros sac de (Quel)noeuds ! 


* * *

Par ailleurs je viens de recevoir aujourd'hui (encore une coïncidence !) cette merveilleuse photo d'un axolotl que je veux aussitôt partager. Le cliché vient de National Geographic.

dimanche 9 novembre 2014

Pour l'austérité

Hier, nous sommes allés à Amoreiras avec Charlotte. L'idée c'était de chercher des yaourts nature pour son petit déjeuner. Mais Charlotte dans un grand magasin, c'est direct au rayon des cosmétiques pour acheter des shampoings avec démêlants, du dentifrice, du savon Dove, toutes sortes de choses dont elle fait une consommation affolante. En plus ce sont des produits assez chers. Nous lui avons demandé de nous montrer la dose qu'elle prenait dans sa douche ou dans son bain et elle nous montre comment elle déverse dans sa main un jet soutenu de savon liquide qui remplit toute sa paume et commence à dégouliner entre ses doigts. "C'est beaucoup trop", lui disons-nous, "beaucoup beaucoup trop ! Tu n'as besoin que d'un cinquième de cette dose pour te laver tout le corps et voir le savon mousser sur ta peau comme il faut, en frottant bien." Ce serait la même chose pour les cheveux qui requièrent, comme les coiffeurs essayent de nous le faire croire, un double shampoing, c'est-à-dire, une double dose suivie de démêlant, éventuellement, quand on a les cheveux longs, comme Charlotte en effet. Mais les produits qu'on utilise pour avoir de beaux cheveux n'exigent pas de fortes doses. Il suffit de voir celle que les coiffeurs eux-mêmes utilisent pour se rendre compte qu'un tout petit peu de shampoing suffit largement pour que notre tête ressemble à un nuage.

En réfléchissant à cette petite scène anodine mais tout à fait dans la ligne de notre société de consommation, j'ai "googlé" "austérité". Je tombe sur une page remplie de jugements négatifs vis-à-vis de l'austérité : "BELGIQUE : la colère de la rue contre l'austérité", "Unissons-nous contre l'austérité", "La politique d'austérité, responsable de la croissance nulle...", "Quand l'austérité tue..." "cabinet d'action solidaire contre l'austérité", "Contre l'austérité : Mobilisation", etc., etc.

Je veux bien croire que la plupart des usages cités du mot "austérité" de manière négative ont un sens politique précis que je partage. L'austérité dont on parle est une austérité imposée aux plus faibles et aux plus pauvres par l'obsession politique de la croissance économique. Si une économie ne peut pas afficher un taux de croissance minimal, elle risque la récession et la banqueroute, ce qui n'est bon pour personne, en particulier pour les riches particuliers qui voient leurs profits en danger. Pour les plus pauvres et les malades, l'austérité les condamne à plus de misère encore. Mais je suis quand même frappé par l'absence de toute connotation positive autour de ce maître-mot des revendications partisanes et syndicales aussi bien que de certaines philosophies tout-à-fait respectables. Je pense à l'épicurisme par exemple. Pourquoi ne trouve-t-on aucune association positive autour du mot "austérité" ? Alors que je suis persuadé qu'il y a une satisfaction bien réelle, un vrai bonheur à se contenter de peu. A continuer à vivre bien et même très bien, en minimisant ce que l'on consomme. Sans que cela ne nous empêche de faire la fête de temps en temps.

Comment lutter contre notre société de consommation fondée de manière bien artificielle sur une croissance elle-aussi bien artificielle ?

samedi 8 novembre 2014

BBVA

Je viens de m'apercevoir que l'un des immeubles que j'aperçois de la fenêtre de mon bureau à Lisbonne affiche un groupe de lettres que je n'avais jamais remarquées auparavant : BBVA qui est l'acronyme d'une banque : Banco Bilbao Vizcaya Argentaria. Ainsi, cela fait plus de trois ans que mon regard erre au ras de ces immeubles sans avoir été capturé par ces lettres. Il faut dire qu'elles ne sont pas très visibles et que, avec l'âge, une légère myopie affecte la performance de mes yeux. C'est une banque du pays basque. Elle se situe au 68e rang des plus grandes entreprises du monde (en 2005 - depuis, ça a peut-être changé !).

Ce matin, j'ai reçu un message de Guy C. qui me rappelle que c'est lui qui m'avait fait connaître la nouvelle de Cortazar, "Axolotl" et qui m'envoie un article passionnant de Jean-Bruno Renard sur cet animal étrange. Voici le lien :

Sa lecture m'a lancé dans une exploration très diversifiée d'internet via Google.
Je cite un passage particulièrement intéressant de cet article :

"Les spécificités biologiques de l’axolotl – possibilité de métamorphose, capacité de régénération, aptitude aux greffes, fréquence des mutations génétiques dans l’espèce – sont d’un grand intérêt pour la compréhension des mécanismes du développement normal ou anormal (cancer) des cellules, des organes, des membres, ainsi que du rôle des hormones et des gènes. On teste sur l’axolotl les effets des vitamines, des rayons X, des hormones, des modifications du milieu, des greffes, des manipulations génétiques, etc. Une recherche du mot « axolotl » surGoogle Scholar donne près de 12 600 références d’articles scientifiques publiés dans des revues comme Journal of Experimental ZoologyScienceJournal of Heredity. Les termes les plus fréquents sont significatifs : « régénération », « développement », « évolution », « métamorphose », « mutation ». La dimension tératologique – voire « fantastique » pour un profane – est présente : mutants blancs, aveugles ou albinos, changements de sexe, greffes de pattes et même de têtes supplémentaires ! On comprend aisément que l’axolotl soit devenu un bon candidat à l’élaboration symbolique."

J'ai également appris que l'axolotl pouvait fort bien s'acclimater à une vie en aquarium même s'il requiert pas mal de soins. Mais que ne ferait-on pas pour un animal aussi extraordinaire !

vendredi 7 novembre 2014

Cortazar

Hier, pendant toute la matinée, Isabel et moi sommes retournés à l'Hôpital Santa Maria. Nous y sommes allés en voiture. Mal nous en prit : arrivés là-bas, nous sommes pris dans un maelstrom de voitures qui tournent autour des bâtiments gris de l'hôpital comme une nuée de doryphores autour d'un macchabée (orthographe variable, semble-t-il !). D'ailleurs les doryphores, c'est plutôt les pommes de terre. Mais je présume qu'il y en a de toutes les sortes. En fait, je pensais à ces petites bêtes au dos bombé et noir luisant, qui circulent lentement, parfois avec des charges étonnantes (brindilles de bois, ou cadavres de papillon, bien plus gros qu'eux-mêmes) que l'on trouve dans la forêt, à proximité de vieux champignons. Comme eux, nous tournions dans la grisaille autour des bâtiments pour trouver une place. A l'hôpital, je devais faire faire un examen de résonance magnétique de ma région pelvique — mon corps divisé en régions — en vue de mon rendez-vous avec ce cher Quintela, le 12. On m'injecte un produit intraveineux pour immobiliser mes viscères afin d'obtenir des images plus nettes. Faut-il en déduire que nos viscères bougent tout le temps, qu'elles ne restent pas en place, se contorsionnant toute la journée dans le plus profond silence, comme un noeud d'anguilles dans le seau du pêcheur ? Enfin bref, tout s'est bien passé !

L'après-midi, j'ai lu quelques nouvelles de Julio Cortazar et ai retrouvé avec délices cette nouvelle, "Axolotl", que j'ai lue il y a longtemps et qui m'a poussé, il y a quelques années à Paris, à aller au Jardin des Plantes pour y contempler les axolotls. Il y en avait deux, bougeant avec cette extrême parcimonie de gestes si bien décrite par Cortazar. J'étais ravi. J'y suis retourné quelque temps après, avec Charlotte, pour lui montrer cet animal extraordinaire. Ma lecture a ravivé ce souvenir.

J'ai continué à lire Cortazar et je suis tombé sur "L'homme à l'affût". Il s'agit de la relation entre un critique de jazz, appelé Bruno, et un saxophoniste nommé Johnny Carter. Ce dernier personnage ayant été inspiré par le vrai saxophoniste Charlie Parker. Cortazar était un passionné de jazz. Comme mon ami Z. qui est venu manger avec moi aujourd'hui et à qui j'ai préparé une excellente salade de pommes de terre aux harengs fumés !

jeudi 6 novembre 2014

Le ciel de Lisbonne

J'écris sur le ciel de Lisbonne parce que dès que je lève la tête, il est là, devant mes yeux, quoiqu'aujourd'hui, justement, il s'est complètement caché derrière de vraiment gros nuages. Il fait même froid ce matin. J'entends des rafales de vent. Non ! ce sont des avions, très lointains. Comment est-il possible de confondre le bruit du vent avec celui d'avions passant au large de cette mer de nuages fort gris ? (N'est-ce pas un belgicisme, d'user du mot "fort" pour "très" ? encrore que "fort bien" se dit fort bien en France !)

Hier j'ai vu le docu-fiction de Moatti sur les années 58 à 62, Je vous ai compris. De Gaulle, Debré, Pompidou (alors chef de cabinet du général), Soustelle et consorts ont défilé à l'écran. Le film est assez bien fait : les aventures insurrectionnelles des généraux Salan, Massu, et même Challes à la fin. Les unes des journaux. L'OAS. L'Algérie française. Et la manière dont De Gaulle a déçu ceux qui, précisément, l'avait porté au pouvoir au nom d'une promesse : garder l'Algérie dans le giron de la France. Or, il ne pense qu'à la bombe, la bombe atomique qu'il fait exploser au Sahara. Juste auparavant, en fin d'après midi, par l'intermédiaire de Médiapart, je visionne un étrange documentaire intitulé At(h)ome, qui retrace les dégâts causés au Sahara par les explosions atomiques françaises et surtout Beryl, une expérience souterraine qui a dérapé et qui a contaminé les environs : on y voit encore des bêtes mortes à ce moment là, mais qui n'ont pas été réduites en poussière par la putréfaction, elles sont comme pétrifiées, presque "naturalisées" sans l'aide d'aucun taxidermiste. Dix sept hommes, femmes et enfants sont morts très vite après l'explosion. Les autres —et il y en a eu beaucoup — sont morts les uns après les autres, comme frappés d'une malédiction de la terre que ces autochtones ne comprenaient pas. Rien ne leur a jamais été expliqué sur ce qui est arrivé. Je présume que De Gaulle n'a pas été mis au courant. Les scientifiques savaient-ils cela quand ils ont abandonné les lieux ? Des lieux qui nous sont montrés par des photos, les photos de la désolation même. Tout est resté intact. On y voit encore de vieux bureaux, des chaises cassées, des papiers, des couches de papiers abandonnés... Les archives de la désolation.

Je viens de recevoir, comme tous les matins, un extrait des paroles du Bouddha. Les voici :
Le pire des deux est celui qui, 
Lorsqu’insulté, se venge.
Celui qui ne se venge pas 

remporte une bataille difficile à gagner.
Et, pour compléter cette lecture je vous envoie l'adresse où vous pourrez écouter ces paroles en pali (je présume !) : http://host.pariyatti.org/dwob/samyutta_nikaya_1_188_a.mp3
C'est la première fois que je profite de cet envoi sonore qui accompagne les paroles du Bouddha. 

mercredi 5 novembre 2014

5 novembre 14 : Croissance

Sur Arte, hier, avec Thema, la question de la croissance en économie. Emission très bien faite et qui met en question cette espèce de dogme qui empoisonne le discours politique à l'heure actuelle, le dogme de la croissance. Il faut dire que les intervenants ont bien expliqué pourquoi il s'agit d'un dogme dans le cadre économique et financier du monde d'aujourd'hui. Mais, au delà des positions individuelles parmi lesquelles il faut relever les "objecteurs de croissance" qui ont toute ma sympathie, il existe semble-t-il, de plus en plus de poches de résistance à ces impératifs de croissance qui empoisonnent à la fois le discours et la planète. L'émission mentionnait notamment la multiplication de "monnaies locales" : les palmas au Brésil ont ainsi fait l'objet d'un reportage. Mais il y en a aussi beaucoup en France et dans toute l'Europe.

Voici l'extrait d'un article trouvé sur le site du Monde :
"Eusko au Pays basque, Sol Violette à Toulouse, Abeille à Villeneuve-sur-Lot, Galléco en Ille-et-Vilaine… depuis quelques années, de nouvelles monnaies se développent en France. Créées par des associations citoyennes et soutenues par les collectivités locales, ces nouvelles monnaies, diffusées sous la forme de billets, sont convertibles en euros et permettent aux citoyens d'une région de faire leurs achats ou leurs ventes dans une autre monnaie que l'euro.
Acceptées uniquement par des acteurs économiques engagés, elles permettent de redynamiser l'activité des centres-villes et de favoriser le développement de circuits économiques courts entre producteurs d'une région et consommateurs locaux.
(...)
Autre caractéristique de ces nouvelles monnaies, leur aspect éphémère. Certaines d'entre elles sont dites "fondantes" : leur durée de vie est limitée afin d'inciter les utilisateurs à la faire circuler et non à la thésauriser ! Car l'enjeu est bien là : redonner à l'argent son rôle d'outil permettant de recréer du lien entre les individus sur un territoire donné."


Apparemment, ces instruments locaux d'échange ne remplissent pas la fonction "réserve de valeur" de la monnaie. Elles ne peuvent pas donner lieu à la spéculation financière et n'engendrent pas de taux d'intérêt quand elles font fonctionner le crédit. Au "conjunto de palmeras", l'usage de la monnaie locale (les palmas — on rejoint l'origine, selon certains auteurs, du terme grec drachmè pour désigner la monnaie dans l'antiquité ; le mot viendrait de drax, qui veut dire "poignée" et qui lui-même serait issu du verbe drassomaï, "saisir avec la main", appliqué plutôt à des personnes qu'à des choses !—) a fait éclore une banque qui prête de l'argent avec un taux d'intérêt quasi-nul.

Ce programme d'Arte venait à point pour ponctuer la fin de ma lecture de George Marshall, Don't Even Think About It, (déjà cité dans un "post" antérieur) sur les difficultés communicationnelles du Climate change. Ce livre est un trésor d'informations et de remarques intelligentes sur la question climatique. Sans être catastrophiste, l'ouvrage prétend néanmoins qu'il y a vraiment urgence à prendre des mesures draconiennes pour atténuer la montée des températures et des eaux associée aux effets de serre produits par l'usage des énergies fossiles, en s'attaquant non seulement à tout ce qui se passe en aval (tailpipe), c'est-à-dire en régulant la consommation de ces énergies, ce qui est le réflexe politique premier et généralement totalement inefficace, mais en s'en prenant également à l'amont (wellhead), c'est-à-dire aux grandes entreprises qui mettent le pétrole en circulation.

Le propos de Marshall se résume bien dans cette citation p. 227-228 : "Climate change is, I suggest, exceptionally multivalent. It lends itself to multiple interpretation of causality, timing, and impact. This leaves it extremely vulnerable to our innate disposition to select or adapt information so that it confirms our preexisting assumptions—biased assimilation and confirmation bias. If climate change can be interpreted in any number of ways, it is therefore prone to being interpreted in the way that we choose. These constructed narratives therefore contain the final reason why we can ignore climate change: they become so culturally specific that people who do not identify with their values can reject the issue they explain."

L'auteur nous offre un site où ces questions sont largement documentées et peuvent être discutées :
<www.climateconviction.org> (à visiter).

  

mardi 4 novembre 2014

Nuages dorés

Ciel magnifique ce matin à Lisbonne après une bonne gorgée de pluie entre 5 et 6 heures du matin, pendant ma méditation. Les nuages sont dorés côté Est, gris côté Ouest avec des percées vers le bleu du ciel, un bleu très profond à la verticale et plus tendre, plus clair dès qu'on baisse les yeux vers l'horizon. C'est très beau ! Surtout maintenant avec une illumination qui fait étinceler les fenêtres d'une lumière blanche, comme des éclats de mica.

Je me suis remis à manger hier soir. Un délicieux cake aux tomates sèchées et aux épinards qu'Isabel avait préparé. Je me sens beaucoup mieux qu'hier.

Hier nous avons passé la journée à courir d'un endroit à l'autre pour rassembler les papiers nécessaires pour que les contrôles de ma santé puissent se faire : tout d'abord au Centre de Santé à Lapa, ensuite à l'Hôpital Santa Maria, dans les différents services par où je suis passé, mon cancer dans les mains, ou plutôt dans la tête tout autant que dans le cul : couloirs interminables, escaliers de marbre, portes et fonctionnaires gris, attentes. Ceci en prévision de mon rendez-vous avec Quintela le 12 novembre.

Je continue la lecture de Jane Bennett qui a supplanté George Marshall (que je reprendrai plus tard). Long commentaire sur Hans Driesch (1867-1941) et son concept d'entéléchie mis en regard de l'élan vital de Bergson. J'avoue avoir plus de sympathie pour l'entéléchie de Driesch que pour l'élan vital de Bergson. "Entelechy coordinates parts on behalf of a whole in response to event and does so without following a rigid plan; it answers events innovatively and perspicuously, deciding on the spot and in real time which of the many possible courses of development will in fact happen" (p. 75 - souligné par moi, BJ). Qu'est-ce d'autre sinon le présent, l'instant ? Ce qui me fait repenser à cette parole de Bouddha, reçue ce matin même, dans ma boîte mail :
"Ne cherche pas à poursuivre le passé
Et ne désire pas le futur ;
Ce qui est passé est mort et disparu,
Et le futur reste à venir."

Au moment où je relève la tête pour voir ce qui se passe dehors, la pluie se remet à tomber de quelques nuages vite passés ailleurs. Le ciel devient de plus en plus bleu au Sud-Ouest. En fait, il change sans arrêt. Le voilà envahi d'une espèce de brume jaunâtre, comme s'il s'agissait de pollution.

lundi 3 novembre 2014

Lundi, 3 novembre 2014 : Retour des nuages

Après une semaine de grand beau temps (chaleur et soleil), le ciel de Lisbonne est aujourd'hui envahi de nuages très gris. Après mon heure de méditation, je suis envahi de sentiments plutôt négatifs. D'ailleurs, ma méditation a déjà été très perturbée par cette négativité grise, très grise. Il y avait longtemps que ça ne m'était plus arrivé : le sentiment de n'être rien, même pas "presque rien", comme ce flocon de neige tombé sur l'épaule de Kepler à l'approche de la nouvelle année 1610 et qui a marqué les débuts de le cristallographie. Je pense que les rêves y sont pour quelque chose. D'ailleurs je ne m'en souviens pas. J'ai dû avoir de bonnes raisons d'oublier.

Hier, j'ai commencé la lecture de Jane Bennett, Vibrant Matter (Duke University Press, London, 2010) que m'a laissé Z. la dernière fois qu'il est venu manger chez moi. Adepte du "matérialisme vital", elle s'appuie beaucoup sur Spinoza, Bergson, Merlean-Ponty mais surtout Deleuze. Beaucoup de ses propositions rejoignent, par un chemin philosophique plus académique, les thèses de David Abram, auteur qu'elle ne cite pas. Sur Google, j'ai vu qu'en 2010, elle était à Oxford. Peut-être que Sasha pourrait prendre contact avec elle. C'est une philosophe certes, mais ses idées sont vraiment intéressantes.Elle est aussi très inspirée par Bruno Latour.

Hier soir, également, j'ai revu le film de Bresson, Pickpoket. Claude m'en avait parlé récemment, la dernière fois que j'ai mangé chez elle à Paris. C'est un film très dépouillé, presque minimaliste dans la façon dont Bresson traite ses personnages, dont il les engage dans des dialogues entrecoupés de silences : une histoire qui met à nu cette révolte sourde contre la misère que les jeunes sont seuls à même d'exprimer crûment, sans fard, contre le front de toutes les conventions sociales représentées par les adultes et même par les amis. L'amour ne se révèle vraiment qu'au moment où il est devenu impossible, empêché par la grille d'une prison. C'est un beau film, en noir et blanc aussi sobre dans sa construction que le sont les gestes du pickpoket justement.

dimanche 2 novembre 2014

Jour des morts

Dernier jour de vacances pour Charlotte. Et troisième jour de demi-jeûne pour moi. En effet, depuis vendredi, je n'ingère plus que mon jus de légumes du matin et de nombreuses tasses de thé ou de tisane pendant la journée. Ce n'est pas un jeûne complet. Mais il s'agit quand même d'activer une sorte de nettoyage des intériorités du corps. On verra ce que ça donne !

Hier soir, j'ai regardé, sur Arte, un film sur Edgar Hoover, ancien grand chef du FBI à l'époque des Kennedy. Le film est inspiré par le roman de Marc Dugain La malédiction d'Edgar, que je n'ai pas lu mais que j'ai envie de lire après avoir vu le film. En tout cas, à travers les yeux de Clyde Tolson, le compagnon de toute une vie pour Hoover, et qui le secondait à la tête du FBI en tant que sous-directeur, c'est une image très contrastée de la famille Kennedy qui nous est présentée, une image qui contredit largement les représentations habituelles de ce clan. J'avais déjà lu de Dugain, La Chambre des officiers, petit roman assez remarquable sur les gueules cassées de la guerre 14-18, en tout cas beaucoup plus percutant que celui de Lemaître qui a obtenu le Goncourt l'année dernière en brodant sur le même thème.

Hier également, j'ai reçu la visite de Régis S., qui est vraiment une personne splendide. D'une gentillesse exemplaire tout en étant très pertinent dans toutes les discussions que l'on peut avoir avec lui. Nous avons parlé un peu politique et j'ai bien apprécié ses hypothèses sur le calcul politique de Hollande qui, sans doute, espère, pour 2017, se retrouver en face de Marine Le Pen. Mais pourra-t-il compter sur un réflexe républicain, celui qui a fait élire Chirac en 2002 avec plus de 90% des voix ? Rien n'est moins sûr.

samedi 1 novembre 2014

1er novembre 14 : Frédéric Lenoir

Hier, je suis allé à la librairie de l'Institut français pour retirer les livres que Charlotte doit lire, notamment Le Horlà de Guy de Maupassant. Je l'avais en Livre de poche, mais d'une part, je ne l'ai pas retrouvé, d'autre part, il n'était plus disponible à la librairie. Par contre, nous avons pu acheter, toujours pour Charlotte, Historias da Terra e do Mar de Sophia de Mello Breyner Andresen qu'elle doit lire pour lundi dans le cadre de son cours de portugais. Quant à moi, je voulais acheter le livre, déjà ancien, du Dalaï Lama, L'art du bonheur, qui, malheureusement n'était pas disponible non plus.
J'en discute avec la libraire, une charmante jeune femme franco-portugaise, qui me recommande chaudement l'ouvrage récent de Frédéric Lenoir, Du Bonheur. Un voyage philosophique chez Fayard, que j'ai lu dans la foulée. Le genre de livre que je me croyais tout-à-fait incapable d'acheter, tant le "bonheur" m'a toujours paru relever d'une préoccupation fadasse, digne des courriers du coeur des magazines féminins comme Elle ou Marie-Claire, sans grand intérêt. Quand on me demande si je suis heureux, je ne sais quoi répondre. C'est une question que je ne me pose jamais. Je ne vois pas l'intérêt de la question elle-même. Et pourtant, en lisant Lenoir, je dois reconnaître que le bonheur a été un thème philosophique majeur qui a été traité par Aristote, Epicure, Kant, Schopenhauer, Spinoza pour n'en citer que quelques uns et qui est au centre de la quête de la sagesse telle qu'envisagée par la philosophie bouddhiste et par le taoïsme de Lao-Tseu et de Tchouang-Tseu. Dans cette liste, j'oublie l'auteur le plus cité par Lenoir, à savoir, Montaigne. Je ne regrette certes pas d'avoir lu ce livre — celui de Frédéric Lenoir — qui, précisément, lie la quête du bonheur à la recherche de la sagesse. On est donc bien au coeur du projet philosophique ! Il y a plein de remarques intéressantes dans l'essai de Lenoir.

J'ai également lu dans Le Monde un petit article d'Auréliano Tonet qui relevait la boutade — est-ce une boutade ? ne serait-ce pas plutôt une bourde — de Fleur Pélerin avouant n'avoir rien lu de Modiano, ce qui était également mon cas, il y a quelques jours ! Mais j'ai été interloqué par la manière dont l'auteur, le Tonet en question, caractérisait l'écriture de Modiano :
"Dans les livres de Modiano, la chronologie est floue, la mémoire faillible, les personnages sans âge : nulles dates, ou très peu, quand l'époque n'est qu'agendas, calendriers, anniversaires, commémorations, mémentos, reminders. " 

J'ai trouvé ce commentaire incroyable parce que c'est précisément ce qui me semble l'un des traits les plus marquants de notre prix Nobel : la fréquence et la précision des dates qui rythment les récits qu'il nous sert. Bizarre ! Bizarre !