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mardi 31 mars 2015

Répétition

Cette nuit, un cauchemar. Il avait ceci de particulier que je le connaissais déjà. Du moins, j'avais le sentiment de revisiter les événements qu'il mettait en scène. Un ami très riche non identifié qui me rend visite. C'est le diable. Il apporte avec lui malheurs et peines. Ma soeur Françoise voit son bébé mourir. Il y a des courts-circuits dans la maison. Rien ne va plus. Les gens se brûlent. L'atmosphère est très tendue. Mais, cela ne me fait pas très peur parce que je sais, j'anticipe, ou plutôt, je crois pouvoir anticiper puisque c'est un cauchemar que j'ai déjà fait, que je crois avoir déjà fait. C'est étrange, cette impression de revisiter un rêve au point que l'on croit savoir parfaitement non seulement comment se déroulent les événements du rêve, mais encore que, l'ayant déjà "vécu", le cauchemar perd sa capacité de faire peur sans cesser pour autant d'être un cauchemar (qui fait peur).

Après avoir conduit Charlotte à l'école je suis allé chez Isilda pour un traitement d'acuponcture. Et cela m'a fait grand bien. Isilda m'a également massé l'épaule gauche avec beaucoup d'énergie. Et cela a eu de l'effet. Je peux bouger mon bras gauche plus aisément. J'y retournerai certainement un peu plus souvent. Demain matin je vois un médecin pour la sténose.

Je suis en train de lire Eduardo Kohn. C'est un anthropologue qui a vécu de longues années à Avila en Equateur. Le titre de son livre : How Forests Think. Vivement conseillé par Sasha.

lundi 30 mars 2015

Pujadas

Je cherchais son nom dans un demi-sommeil : Chegadas, Mafalda, Chamada, etc. Puis, je l'ai retrouvé et surtout ce qu'il disait à propos du crash de l'A320 et des familles des victimes de ce drame. Et il y allait, à pleine bouche, s'empêtrant lui-même dans des formules et des clichés visant à exiger une compréhension : il faut que ces familles puissent donner un sens à cet accident, elles doivent, elles veulent comprendre, ce qui leur arrive. Alors, une horde de psychologues s'empresse auprès de ces familles pour qu'elles puissent donner un sens aux pertes irréparables qu'elles ont subies. Je présume qu'aux uns, on parle du destin, aux autres, de l'accueil de Dieu, aux autres encore, de l'impénétrabilité des vues divines, etc. On veut expliquer la folie du tueur, on veut expliquer les choses comme si c'était de ces explications que dépendrait le sens du drame. Or le sens ne surgit jamais d'une explication. Le sens surgit d'un rapport humain qui exige au contraire un engagement, une implication. Ce discours larmoyant de compassion médiatique me semble odieux, insupportable dans les circonstances de sa réception par ces familles justement, mais également pour nous, qui n'avons rien à voir avec ce désastre et dont l'empathie spontanée se trouve diluée, édulcorée, abîmée par les banalités stupides et déplacées de Pujadas.

Hier j'ai fait des maths avec Charlotte pendant tout l'après-midi. C'était très gai et à plusieurs reprises c'étaient ses suggestions qui nous conduisaient aux résultats corrects. Ce fut un vrai plaisir de travailler ensemble. Pour moi et, je pense, pour elle aussi.

Je rajoute ce texte tiré de ma série de verbes :

Comprendre
C’est surtout ne pas comprendre qui m’interroge, ou comprendre brusquement — c’est un trou de lumière qui me traverse — et, tout de suite après, la lumière s’éteint, ne laissant derrière elle qu’une ombre qui remplit, une flaque élargie, une rechute dans les dessous de l’obscurité. L’esprit, un instant fragile et léger, réapprend son propre poids. Parfois la lumière reste. Elle nous débarrasse de quelque chose : un souci, une couche de vieille peinture, un empêtrement. La lumière simplifie notre être. Parfois encore, il s’agit d’une lueur venue du fin fond de notre chair obscure. Une lueur intermittente dont les battements successifs semblent se rapprocher quand on les compte, comme pour les additionner, les lier dans une somme éclairante. Mais en réalité, ils creusent leurs écarts et la lueur se dilue dans les ténèbres. Ne pas comprendre.

dimanche 29 mars 2015

Sténose

C'est le mot qui résumait le diagnostic fait par deux médecins, indépendamment l'un de l'autre, quand je leur ai décrit, dans l'atmosphère chaleureuse et amicale de Mykonos (la fameuse péniche d'Eric), les symptômes concernant mes difficultés de marche avec cette jambe qui, au bout de cinq ou dix minutes, devient une jambe de bois. Evidemment, j'ai "googlé" ce terme et ce que je découvre n'est pas réjouissant. Il s'agit d'un rétrécissement des vaisseaux sanguins à certains endroits, rétrécissement dû au vieillissement. Cela peut aussi être en rapport avec les os. Certains témoignages mentionnent l'acuponcture. D'autres la natation. D'autres encore la chirurgie. Mais les perspectives ne sont pas véritablement réjouissantes car cette maladie du vieillissement est assez éprouvante semble-t-il.
Bon ! Je ne peux aller voir l'angiologue qui m'a été recommandé par Aline et qui pratique à Thionville que dans un mois. D'ici là, j'irai quand même voir un médecin portugais, pour voir ce qu'on peut faire dans l'immédiat.

Le rêve de cette nuit était intéressant. Je faisais une conférence improvisée sur la communication scientifique en disant d'emblée qu'aussi bien l'aspect communicationnel que l'aspect scientifique étaient problématiques. Mais les gens ne m'écoutaient pas. Ils parlaient entre eux. Alors je me suis tu.

Mon retour à Lisbonne s'est bien passé. Il fait très beau aujourd'hui. Beaucoup de soleil. Et du vent. Dans l'avion j'ai lu Le Portail de François Bizot qui raconte son emprisonnement chez les khmers rouges et ses entretiens avec Douch, l'un des théoriciens de la révolution au Cambodge, mathématicien formé en France à l'origine et qui deviendra le tortionnaire sanguinaire dirigeant du camp S21, condamné à 30 ans de prison le 3 février 2012. Je continuerai ma lecture aujourd'hui.

samedi 28 mars 2015

Joinville

Je viens de passer une excellente nuit pleine de rêves sur la péniche d'EG. J'étais seul à l'arrière, sous un hublot qui me permettait d'apercevoir le flot lent et noir de la Marne. Le ciel de Paris est tout gris ce matin. Une péniche bleue, le Farewell, vient de passer. Elle était visiblement très chargée et en poussait une autre. Leur sillage nous a bercés pendant deux ou trois minutes.

Hier soir nous avons beaucoup parlé des derniers livres que nous avions lus. C'est un vrai plaisir. C. ne veut pas s'acheter de Kindle parce qu'elle aime prêter les livres qu'elle a lus. En effet, avec le Kindle, c'est impossible. On ne peut que conseiller de l'acheter et d'acheter un Kindle pour qu'il soit un peu moins cher. C'est diabolique. E. dit que c'est totalitaire. Je ne suis pas vraiment d'accord. C'est vrai qu'Amazon jouit d'une sorte de monopole sur l'achat de livres, même si des concurrents comme la FNAC sont apparus. Mais la mise à la portée de tous de la grande diversité des idées et des histoires que les hommes ont inventées et couchées sur le papier ne me semble pas relever d'un projet totalitaire. C'est la diversité qui est ici diffusée et non pas cette homogénéité quasi militaire liée à des fantasmes de domination politique. C'est très différent.

vendredi 27 mars 2015

Dépression

Alors, voilà, on sait pourquoi l'A320 a été délibérément crashé sur les flancs de la montagne. Le co-pilote était déprimé, d'une dépression profonde. Ce qui est difficile à comprendre, c'est cette indifférence vis-à-vis des 150 personnes qu'il a entrainées avec lui dans le grand sommeil. Mais les médias nous habituent tellement à cette comptabilité morbide à travers les attentats, les catastrophes naturelles, les accidents que la vie humaine, singulière, non-comptable, ne compte plus. Les nombres nous émeuvent. D'ailleurs, il n'y aura bientôt plus que ça : des nombres. Le chômage, les impôts, les salaires des grands patrons de l'industrie, les voix pour tel ou tel parti, les djihadistes potentiels en partance vers l'EI, les cancers, etc... "Tout est nombre", comme disait Pythagore. Vraiment ?

jeudi 26 mars 2015

Crash

Les avions tombent. Le crash de l'avion Germanwings dans les Alpes est mystérieux. Je lis dans la presse que l'un des pilotes, sorti de la cabine de pilotage, n'a pas pu y rentrer. Le co-pilote resté aux commandes, s'est vraisemblablement enfermé après le départ du premier. Que s'est-il passé ? Mystère !

Au moment où j'écris ces mots, je reçois un coup de téléphone de Jeannot qui me dit que la vitre arrière de sa voiture a été brisée pendant la nuit et que donc, il ne pourra pas venir me chercher pour me conduire à la Gare. Ce qui est bizarre, comme il le dit lui-même, c'est que rien n'a été volé, la voiture est absolument intacte à part cette vitre arrière. Hypothèse : la vitre arrière s'est brisée spontanément. Problème de température, de pression atmosphérique, que sais-je ? En tout cas, Jeannot semble vouloir exclure un acte de malveillance ou un vandalisme quelconque. Que s'est-il passé ? Mystère !

mercredi 25 mars 2015

Enseignement

To teach or not to teach, tel était le thème de la discussion que l'Escale de recherche du lycée a proposé. Il n'y a pas eu beaucoup d'amateurs pour aborder ce sujet, pourtant essentiel. C'est l'une des professions impossibles, disait Lacan. Et ceux qui la pratiquent devraient au moins prendre conscience de cette impossibilité. Les élèves n'apprennent pas ce que leur enseignant leur transmet. Ils apprennent plein de choses, certes, et, devant le même enseignant, chaque élève apprend des choses probablement très différentes de celles que son voisin apprend. Vouloir contrôler ce que les élèves ont appris est un fantasme incroyablement réducteur.

mardi 24 mars 2015

Grisaille

Il fait encore plus gris aujourd'hui à Mersch. Le ciel effleure les collines juste en face de ma fenêtre. Les arbres ne semblent pas se souvenir que le printemps est là.

Mes réveils ne sont pas faciles actuellement. Je continue à avoir des problèmes avec le côté gauche de mon corps et il semblerait que ma sciatique se réveille elle aussi. Certes, je devrais faire quelques exercices le matin juste après m'être levé mais presque chaque mouvement est douloureux. Je supporte bien sûr mais je me sens de plus en plus raide. Vivement mon retour à Lisbonne et la reprise de mes cours de yoga avec Izilda.

Je reviens d'un "dîner grec" organisé par Eloïse au Lycée Ermesinde avec un menu entièrement confectionné par les élèves. Très simple mais très bon. Et je viens de terminer le second roman de Zygmunt Miloszewski, Un fond de vérité. Un roman policier également. L'action se déroule dans la petite ville de Sandomierz "la plus charmante de la Pologne" selon l'auteur mais dont l'image, dans le roman, est assombrie par des crimes très horribles.

lundi 23 mars 2015

Mersch

Ici le ciel est bleu clair. Quelques traits de peinture rose nous informent de l'aube. Il fait assez bon dans ma chambre à l'internat.

J'ai passé tout le temps du voyage à lire. Jeannot m'attendait à l'aéroport et m'a emmené aussitôt chez ses parents. "Il y a une surprise pour toi", me dit-il. Et en effet, la mère de Jeannot m'a offert le magnifique dessin d'un arbre mort qu'elle avait fait exprès pour moi. J'avais admiré celui qui décorait le bureau de Jeannot au Lycée Ermesinde. Je ne sais pas comment je vais le transporter à Lisbonne.

Hier j'ai reçu un très gentil message de Martine. Cela fait plaisir.

Je viens de lire cette confession sur Alternet:
"The lead prosecutor in a case that sent an innocent Louisiana man to death row for thirty years, penned a heartfelt apology to the man admitting, “I was not as interested in justice as I was in winning.”
N'est-ce pas l'un des maux les plus graves de notre époque, cette obsession irrésistible qui consiste à vouloir gagner à tout prix ? 

dimanche 22 mars 2015

Miloszewski

J'ai presque terminé le roman policier recommandé par Le Monde des Livres de jeudi dernier. Il s'agit du roman Les Impliqués de Zygmunt Miloszewski. Je me réjouis déjà de lire le prochain. C'est un très bon polar, en tout cas, à mes yeux. La description à la fois physique et psychologique des personnages est très détaillée et très juste. Je comprends qu'il ait fait l'objet d'un grand article dans Le Monde. En outre, on apprend des tas de choses sur la Pologne. Grâce à mon Kindle, je n'ai plus de problèmes pour lire les livres annoncés. C'est très, voire trop, confortable.  En même temps, j'ai lu hier qu'on pourrait dorénavant, dans certaines librairies, se faire imprimer tout de suite (le temps de prendre un café) le livre que l'on aimerait lire. C'est une réponse à Kindle. Mais, comme le dit Fabien depuis longtemps, les livres, c'est très encombrant. On les accumule au fil des années et à un moment donné, ce n'est plus possible. Il y en a trop.

Je m'envole tout-à-l'heure pour Luxembourg. C'est dommage de quitter Lisbonne. Il fait très beau. Et Charlotte a prévu d'aller à un anniversaire faire du paint ball ! Elle m'a expliqué ce jeu, avant-hier. C'est un jeu de guerre. Il s'agit de tirer des petites boulettes remplies de peinture qui éclatent en percutant leur cible. Ce jeu semble faire fureur parmi les ados. Bon ! C'est vrai que nous jouions aussi à la guerre dans les cours de récréation de mon adolescence. Mais c'était plutôt "gendarmes et voleurs" et nous n'avions pas besoin d'avoir des vêtements spéciaux pour y jouer. C'est vrai que je revenais parfois avec un pantalon déchiré. Alors que maintenant, puisqu'ils ont des combinaisons qui les protègent, les ados reviennent à peu près comme ils étaient partis. Que se passe-t-il quand une de ces petites boules de peinture vous éclate dans l'oeil ?


samedi 21 mars 2015

Luxembourg

Demain, je m'envole pour Luxembourg à nouveau. J'espère qu'il n'y fera pas trop froid. Ce matin, il fait gris, uniformément gris, un ciel  de villes du Nord, sans pluie, et qu'on imagine très épais ce qui n'est peut-être pas le cas. La lumière est assez douce, pourtant. Ce n'est pas un gris d'absence de lumière. Ce n'est pas un gris triste. Ce n'est pas non plus un gris de mal de dos et pourtant, tous les matins, au moment de me lever, mon dos a du mal à se redresser. Jusqu'ici mes séances de yoga avec Isilda n'améliore guère les choses.

J'ai envoyé hier une demande de visite à l'Escola da Ponte pour Jeannot et moi au cours de la semaine du 6 au 12 avril. Il semblerait que José Pacheco, qui en est l'inspirateur, soit au Brésil. Lui-même ne sera donc pas là. Mais la visite de l'école nous suffira. On peut déjà voir pas mal de choses sur internet.

J'ai commencé à lire (dans un livre emprunté à Z.) Le Différend de Jean-François Lyotard. Ce n'est pas un livre facile mais Z. m'en a tellement parlé que je me sens obligé maintenant de le lire.

vendredi 20 mars 2015

Aurore boréale

Alors, c'était vrai : il y avait bien des forces cosmiques à l'oeuvre dans la journée d'hier puisque les habitants du Nord de la France et les Alsaciens ont pu assister à une aurore boréale, phénomène qui, généralement, ne se produit que dans la région du cercle polaire. Il y a eu des éruptions solaires immenses et nous avons dû être bombardés de toutes sortes de particules. De là à ce qu'il y ait eu influence sur notre fragile psychè, pourquoi pas ? Nous devrions avoir une éclipse solaire aujourd'hui mais elle ne sera visible qu'à 56% au Portugal. Et il semblerait que demain, sur les côtes de Bretagne et de Normandie, on pourra assister à la plus grande marée depuis 1997.

Cette nuit, mon rêve a été curieux. C'est un rêve où j'attendais. Je ne sais pas très bien quoi, mais j'étais là en attente. Parfois cela débouchait sur un demi-sommeil où je continuais à attendre. Tout se passait comme si l'attente estompait les frontières entre le sommeil (et le rêve) et la veille. Comme si celle-ci prolongeait celui-là sans rupture dans une même attitude. Attendre : voilà un verbe auquel je vais réfléchir aujourd'hui.

J'ai reçu Z. hier à midi, comme tous les jeudis. Je lui ai préparé des coquilles Saint Jacques, façon Martine, avec une sauce bien mouillée de Ricard. Z. est encore totalement dans le livre qu'il vient de terminer sur Bachelard. Il faut dire que ce qu'il nous annonce devrait changer quelque peu la manière dont ce grand philosophe est négligé en France malgré son influence quasi-cosmique sur tous les penseurs français de notre temps. L'ouvrage sera en anglais. Je me réjouis d'avoir à le traduire en Français.

J'ai également lu un article très intéressant de Courrier international sur l'Etat Islamique, article repris de The Atlantic : "Ce que veut vraiment l'Etat Islamique". On pourra le trouver là : http://www.courrierinternational.com/article/enquete-ce-que-veut-vraiment-letat-islamique?utm_source=base_courrier&utm_medium=email&utm_campaign=article-exclu-mars2015

Je cherche désespérément à prendre contact avec José Pacheco qu'Ana Aires Breysse voulait me présenter quand je l'ai rencontrée en 2013. Mais j'ai beau lui écrire, elle ne me répond pas. L'adresse est peut-être fausse. Ou alors, ce serait une adresse qu'elle n'utilise plus. Isabel m'a dit qu'elle m'aiderait pour que Jeannot et moi puissions aller lui rendre visite début avril.

D'ailleurs les choses semblent bouger dans le monde de l'éducation. Je recommande un article du Guardian d'aujourd'hui qui témoigne des intentions du Secrétaire pour l'Education du cabinet-fantôme, Tristram Hunt :
http://www.theguardian.com/education/2015/mar/20/labour-calls-time-on-exam-factory-approach-to-schooling?CMP=EMCNEWEML6619I2
Voici l'introduction de l'article de Sally Weale :
"A Labour government would end Westminster’s “alpha male” education reform culture, the shadow education secretary, Tristram Hunt, is to promise in a speech setting out the party’s plans for schools. He aims to call time on the “exam factory” approach of recent years and offer in its place greater autonomy for teachers and school leaders."

jeudi 19 mars 2015

Forces cosmiques

Ce sont sans doute les forces cosmiques dont Irène a parlé à Isabel qui ont provoqué cette longue insomnie la nuit dernière. En tout cas, les soucis en ont profité pour passer et me mordiller les circonvolutions cérébrales, telles des souris dans un grenier généralement satisfait de sa poussière. J'ai quand même fini par dormir un peu et rêver. Isabel donnait un grand dîner pour ses amis qui se sont mis tous à fumer. Je leur ai dit que ce n'était pas une maison où l'on fumait à l'intérieur et ils sont allés sur la terrasse de notre belle villa superbement meublée. Cela se passait un jeudi et j'ai vu Z. arriver comme toutes les semaines, la tête rasée et une dent en moins. Nous nous sommes installés à une petite table. J'ai failli perdre l'équilibre en m'asseyant dans un fauteuil de paille quelque peu instable. Et nous avons commencé la discussion jusqu'au moment où il a fallu que j'aille aux toilettes. Occupées. Je sais qu'il y en a d'autres jouxtant notre chambre à coucher dont les murs, tout de vert vêtus, faisaient penser à des parois couvertes de mousse.

Actuellement j'explore un peu les travaux de Zhao Yong sur l'éducation et tout ce que je lis de lui me semble très pertinent. J'ai aussi regardé un article de José Pacheco en portugais que j'ai lu sans problème. Lui aussi a des idées qui convergent complètement avec celle que nous défendons dans le nouveau projet. A la Escola da Ponte, près de Porto, il n'y a pas de classes, pas de programme, pas de matière disciplinaire, pas d'évaluation comparative. L'essentiel du travail des élèves se fait autour de projets de recherche qu'ils ont choisis selon leurs intérêts et leurs talents. Ils appliquent depuis trente ans les principes que l'on peut tirer du "paradoxe de Medinger" : il faut faire travailler les élèves dans les matières où ils sont bons parce que ça les intéressent. C'est là qu'ils ont besoin de guide et de soutien. Dans les matières qui ne les intéressent pas, ils n'ont pas besoin de guide puisqu'ils ne veulent aller nulle part.

mercredi 18 mars 2015

Déballage

Quand je suis entré dans l'amphi, un vieil amphi anonyme à Strasbourg, j'ai reconnu Josiane, à droite mais je voulais bien entendre l'orateur. C'était André C., un vieux physicien qui avait rejoint le GERSULP et avec qui j'avais eu des problèmes sérieux, qui parlait. Mais je croyais qu'il était mort. Eh non ! il était bien vivant, puisque c'est lui qui faisait l'exposé. Un exposé sur ses dernières recherches. Je le vois passer dans la travée se dirigeant vers la chaire. Il me fait un petit signe de connivence que j'ignore. Il est mal à l'aise. Il commence son topo. Curieusement, il avait fait un trou dans le tableau noir, trou par lequel il faisait sortir un vieux journal, puis, peu de temps après, une plante verte, un rameau d'arbre plutôt, avec toutes ses feuilles. Cela devait illustrer un propos totalement incompréhensible. Je me disais qu'il n'avait pas beaucoup changé finalement. Sur le banc juste devant moi il y avait Thierry qui me montre une nouvelle publication. Avant de s'en aller, assez dégoûté par ce qu'il entendait, il me passe une sorte de porte-documents en cuir dans lequel il y avait un bric-à-brac bizarre. "J'ai encore trouvé ça dans tes tiroirs", me dit-il. Il y avait un vieux paquet de pain d'épices, quelques papiers, bref rien d'intéressant. Je comprends enfin de quoi il s'agit : on a proposé aux retraités de l'ULP de venir exposer leurs théories cachées, les idées qu'ils n'ont jamais osé évoquer pendant leur carrière scientifique. Bientôt, un groupe de tous ces vieux scientifiques m'entourent. Je ne leur fais plus peur. Auparavant, quand nous étions en pleine activité, ils avaient mal vécu mon recrutement : "Que vient faire ce "sociologue à la tord-moi-le-noeud" dans notre communauté ?" Mais là, vieilli par les années, avec leur cerveau tout racorni, ils s'approchaient, souriants, pour discuter avec moi. Je leur disais : "Moi, j'habite maintenant au Portugal." Je les imaginais, chacun dans sa villa, les maisons qu'ils s'étaient fait construire dans la banlieue de Strasbourg pendant des années, lisant les journaux et tempêtant contre la jeunesse. L'un me dit : "Contre le FN, il faut un argument." Il a l'air très fier de cette pensée politique profonde. Un argument. Avant de quitter l'amphi, je vais dire bonjour à Lawrence et Sarah, en haut à droite. Fin du rêve.

Sans doute une suite à la soutenance à laquelle j'ai participé hier après-midi à la Faculté des Sciences sociales de Lisbonne. Marta soutenait (en anglais) sa thèse de Master, travail que j'avais co-dirigé avec Ana S. Elle a obtenu la note de 19 sur 20. "On ne donne jamais 20, me dit le président. 20, c'est la note de Dieu !" Je suis content pour Marta, docteur en physique au départ, et qui s'est lancée dans la communication scientifique. Le thème de son travail : "Science in fiction". Un beau texte qui devrait être publié.  

mardi 17 mars 2015

Pluie

Normalement, à cette heure-ci (6 heures) je vois poindre les lueurs de l'aube. Aujourd'hui, la fenêtre est un trou rectangulaire qui ouvre sur du noir mouillé : il pleut. J'entends le bruit que fait le ciel sur les toits.

J'ai presque terminé L'affaire Manga, un roman policier écrit par mon ami Pierre Fayard. Une écriture très enlevée, alerte, joueuse pourrait-on dire et qui se lit bien. L'intrigue me semble un peu mince pour un polar mais les personnages sont bien dessinés, assez cohérents et sympathiques. Un peu trop de sexe à mon goût, mais cela pourrait séduire. Bref une lecture qui vous fait passer quelques bons moments avec de temps en temps des réflexions intéressantes sur les mangas, la stratégie, le Japon et ses coutumes, le monde asiatique en général.

Hier, malgré le grand soleil qui aspergeait la ville, j'ai eu très froid. J'avais les pieds gelés et je ne réussissais pas à les réchauffer. Je soupçonne l'âge d'y être pour quelque chose.

lundi 16 mars 2015

Défaite de l'USPC

Je viens de lire un compte rendu des élections à l'Université Sorbonne Paris Cité qui n'est pas véritablement une université au sens où nous l'entendions, mais un (ou une ?) comue, ces nouveaux êtres administratifs qui tentent de se substituer à ce que nous appelions des "universités". Le titre était significatif : défaite des listes présidentielles aux élections SPC (Sorbonne Paris Cité). Défaite qui n'est certes pas spectaculaire mais à voir la manière dont ces élections ont été organisées pour que les listes présidentielles ne soient pas en danger, ce n'est pas si mal. Défaite de Mérindol et Berger, en tout cas. Défaite de l'intelligence élitiste qui sait mieux ce qu'est l'intelligence et l'élite puisque c'est d'eux qu'il s'agit.

On pourrait s'étonner qu'en tant que retraité, je m'intéresse encore au sort de mes collègues bien vivants qui luttent pour préserver une certaine idée de l'université collégiale et démocratique sans démagogie. Je m'y intéresse parce que l'université pourrait jouer un rôle social et culturel d'envergure dans le monde de demain. Les esprits sont prêts. Refusons les luttes de pouvoir. Auto-organisons-nous en oubliant les fatalités hiérarchiques qui introduisent des distinctions là où il ne devrait y avoir que des différences. Je sens en moi la fibre pamphlétaire et militante se réveiller après bien des années. Peut-être est-ce à travers les textes de David Graeber, Eduardo Viveiros de Castro et David Abram que j'entrevois un monde universitaire différent de celui qui semble vouloir s'imposer par indifférence bureaucratique.

En réalité, en y repensant peu après avoir écrit cela, je crois que mon bref séjour à Coïmbra y a été pour quelque chose. Beaucoup d'étudiants et d'étudiantes de Coïmbra ont adopté l'uniforme. Les filles se promènent dans de longues capes noires, des jupes noires et des bas noirs. Les garçons, pareil, avec de larges écharpes noires jetées sur l'épaule. Je m'étonnais de ce recours à l'habit pour faire le moine auprès de ma belle-soeur Elsa qui me répondit : "Ce n'est pas obligatoire. Il n'y a que les crétins qui s'habillent comme ça." Si c'est vrai, il y a beaucoup de crétins à Coïmbra ! Du temps de Salazar, les étudiants refusaient l'uniforme en guise de protestation contre la dictature. Maintenant que celle-ci a disparu, ils se réfugient dans l'uniformité de classe que leur confère le statut d'étudiant.

De retour à Lisbonne, avec son ciel bleu permanent, légèrement doré par l'aube, je suis content de retrouver mes lieux familiers. Bonne journée à tous.

dimanche 15 mars 2015

Mortagua

C'est le nom d'une toute petite ville au nord-est de Coïmbra, une toute petite ville qui n'a absolument rien de particulier sauf qu'au cours de notre ballade d'hier, samedi, nous n'avons pas cessé de tourner autour, d'y revenir à plusieurs reprises, par exemple quand nous avons cherché un restaurant pour déjeuner, puis notre route pour aller voir le village où était né Salazar, puis pour trouver un chemin dans la forêt. Au cours de la journée d'hier, nous sommes passés une demi-douzaine de fois par Mortagua, qui joua, en quelque sorte, le rôle d'un  attracteur étrange pour la Range Roover conduite par "Jeepy Joba", le mari d'Elsa.

Cette nuit, drôle de rêve encore. Mais tous les rêves ne sont-ils pas "drôles" à leur manière, fabriqués pour nous surprendre. Je devais aller dormir à Paris dans la chambre que louait depuis longtemps, notre voisin et ami de Strasbourg, Michel R. Mais je n'avais jamais réussi à trouver la chambre qui se trouvait à une adresse compliquée, derrière une sorte de gare de bus, qu'il fallait traverser, ce que nous faisons avec lui, un jour où, venu à Paris, il nous propose de nous héberger. Lui-même n'avait jamais vu la chambre qu'il avait louée par le biais d'une agence. Finalement, après hésitations, quelqu'un nous indique qu'elle se trouve rue del Papa ! Rue du Pape. L'accent italien ne fait aucun doute. Sommes-nous transportés à Rome ? Les rêves permettent ce genre de chose.  Nous arrivons à la chambre qui se trouve être une sorte de rectangle de 9m2, entièrement en verre posé sur une pelouse d'un vert digne des alentours de Kings College à Cambridge. Impossible de s'y réfugier à trois. Nous nous retrouvons dans une sorte de cave misérable, déjà occupée par une vieille femme, avec laquelle il faudra s'accommoder pour qu'on puisse y dormir. Et y rêver, bien entendu, du monde que nous connaissons quand on ne rêve pas.

Ce matin, je lis les compte-rendus de la querelle entre Michel Onfray et Manuel Valls. Quelle arrogance de la part de Michel Onfray qui traite Valls de "crétin" parce que, dit-il, "il n'a rien lu". Quand un crétin de gauche (qui a beaucoup lu) traite de crétin quelqu'un de gauche "pour n'avoir rien lu" (dixit le dictionnaire, comme le précise Onfray), à propos de savoir si les idées justes peuvent venir aussi bien de droite que de gauche, on est où ? Sommes-nous dans un asile de droite ou de gauche ? Gauche, droite, gauche, droite... ça marche...

samedi 14 mars 2015

Coïmbra

Nous sommes arrivés à Coïmbra, chez la soeur d'Isabel, hier soir. Voyage sans histoire sauf que, en fin de parcours, il a fallu négocier l'itinéraire avec un GPS assez fantaisiste. Elsa nous a reçu très chaleureusement. Elle est anthropologue à l'Université de Coïmbra et ce matin je lui parlais de ma découverte de David Graeber qu'elle ne connaissait pas.  Sinon, je continue ma lecture de Bruno Schulz et je suis assez fasciné par cet auteur étonnant. Le titre de l'ouvrage : The Street of Crocodiles et Sanatorium Under the Sign of the Hourglass, traduit du polonais par Celina Wieniewska, chez Picador.

Ma nuit a été pleine de rêves, comme d'habitude quand je traîne un peu au lit. Je me suis levé à 7h45 ce qui est tard pour moi.

Elsa, ma belle-soeur m'a fait faire le test du Ph de mon urine et je me suis aperçu d'une acidité assez importante. Il faudra que je surveille ça car l'acidité favorise les infections. Isabel et moi allons changer d'eau en bouteille. Au lieu de la Luso que nous prenons d'habitude nous allons acheter la Monchique qui a un Ph de 9,5. Il faudrait ne plus manger que des fruits et des légumes. Bon ! mais cela n'arrangera guère mes tripes. Trouver un équilibre. On verra bien.

vendredi 13 mars 2015

Rêve de Verseau

Nous étions tous au Conseil de l'Europe. Jeannot était mon chef de service et j'avais le bureau voisin du sien. J'étais un nouveau. Richard était dans un bureau un tout petit peu plus loin. Il me demande une première fois d'aller chercher de l'eau ce que je m'empresse de faire. La deuxième fois, je prends une sorte de plateau de fruits en plastique pour lui ramener l'eau mais ça ne va pas, le plateau n'est pas propre. Je fais plusieurs tentatives sans succès. Finalement je lui ramène un fonds dans une sorte de récipient qui ne retient pas l'eau. Son bureau est analogue à celui qu'il avait à la fac, avec plein de choses diverses. Je retourne dans mon bureau où il faut installer une douche. Deux emplacements possibles. Les douches s'accrochent au mur comme des tableaux. Je discute avec Jeannot qui, lui, l'a déjà installée. Dans mon bureau il y a vraiment des problèmes de tuyaux. Et comme les parois de mon bureau sont vitrées, il y a la question de la pudeur. Longues discussions. Je réfléchis au problème qui semble insoluble. Finalement, je me décide pour une solution tierce. La douche ira dans le coin au fond, à droite. Il faudra déplacer l'évier et ses robinets. Mon bureau sera orienté vers le jardin. "J'espère que cela sera fait avant l'été", dis-je. Les ouvriers sont sceptiques et me le font comprendre.

Bruno Schulz a une écriture splendide. Je le lis en anglais parce que la version française n'est pas disponible sur Kindle. L'original a été écrit en polonais. C'est un vrai poète.

Depuis que j'ai fait Vipassana, je reçois tous les jours "les paroles du Bouddha", généralement un quatrain qui nous invite à la sérénité et à la sagesse en nous en montrant tous les bénéfices possibles. Je lis régulièrement ces quelques mots mais j'avoue que cela ne me passionne guère. C'est toujours la même chose : sagesse et sérénité vous feront passer sans problème à travers toutes les épreuves possibles. Certes ! Mais il y a quelque chose qui me dérange dans de telles invitations. Peut-être est-ce l'idée que l'on puisse tirer un profit quelconque du culte de la sagesse alors que, la sagesse en elle-même est suffisamment intéressante pour qu'on puisse la cultiver pour elle-même et non pour quoique ce soit d'autre. Être sage pour ne plus souffrir ? La sagesse comme remède ? Pourquoi ne pas vouloir être sage pour... être sage, simplement !

Je lis dans la presse de ce matin, l'influence d'Alexandre Douguine, un intellectuel russe qui vient d'être victime des sanctions états-uniennes à l'encontre de certaines personnalités russes, sur Poutine et ses velléités de restaurer la grandeur de la Russie tsariste. Et je me demande... comment il est possible que des "intellectuels" puissent défendre de telles idées dans le monde d'aujourd'hui, comment il est possible de vivre ainsi dans le passé et les fantasmes que ce passé, soi-disant de grandeur, peut nourrir chez des personnes sensées et raisonnables ? On est loin des "plurivers" de Borgès et Deleuze. Tout se passe comme si l'Histoire, dont nous croyons faire partie, pouvait nous grandir. Or c'est le contraire qui se passe. Faut-il croire, avec Bachelard notamment, que l'histoire est une malédiction pour la pensée vivante ?

jeudi 12 mars 2015

Nuages gris et mal de dos

Des nuages pleins de lueurs dans le ciel de Lisbonne ce matin. Certainement plus de cinquante nuances de gris. Il fait plus sombre qu'hier. En outre, ces nuances évoluent. Elles s'enrichissent avec la poussée du vent.

Hier j'ai fait un peu plus d'une heure de marche, d'abord pour aller à mon rendez-vous avec Marta Daniela et Ana pour discuter de la soutenance de son projet le 17 mars prochain, ensuite pour aller à Myosotis et faire un saut à Corte Inglès qui n'est pas loin. Mais je le sens aujourd'hui. J'ai mal au dos. C'est plutôt une latence qu'un mal déclaré, explicite. Je vais souffrir avec mes exercices de yoga ce matin. En fait, je devrais m'efforcer de marcher beaucoup plus souvent. C'est conseillé par tout les organes de santé. Je devrais faire au moins une heure de marche par jour. Mais à force de rajouter des choses importantes (la méditation, le yoga, les courses, la préparation du repas avec Z. tous les jeudis, etc.) à mon emploi du temps, je n'arrive plus à tout faire. Débordé, le retraité !

Finalement, la lecture de Cobra devient plus intéressante mais je m'interroge sur la structure de tels romans. Il y a deux ou trois récits parallèles dont les séquences se chevauchent, s'entrecroisent sans se rencontrer au début, puis des éléments apparaissent qui vous vont deviner que les trajectoires vont se rencontrer et que, bien entendu, cela va faire des étincelles. J'en suis précisément au moment où les trajectoires vont se mélanger. Ce n'est pas de la grande littérature mais j'avoue que, hier soir, juste avant de m'endormir, j'avais du mal à lâcher le roman.

...et comme d'habitude dans ce genre de roman, la fin est quelque peu bâclée. Il y a quelques morts mais les héros dont on a suivi les itinéraires narratifs parallèles s'en sortent très bien. Je m'attaque ce soir à Bruno Schulz, un auteur polonais qui m'a été recommandé par Z.


mercredi 11 mars 2015

Cobra

Je suis en train de lire Cobra de Deon Meyer, mais je suis un peu déçu pour le moment par les huit premiers chapitres. Je vais sans doute poursuivre pour en avoir le coeur net mais je trouve l'écriture (un anglais sud-africain parsemé d'afrikaaner) peu convaincante. Par contre, j'aime beaucoup Eduardo Viveiros de Castro dont je lis également Les métaphysiques cannibales.

J'avais également lu avant-hier les Fragments of an Anarchist Anthropology de David Graeber et, coïncidence, à travers le Guardian, je tombe aujourd'hui sur un article de Graeber qui témoigne de sa visite à Rojana, la région des trois cantons kurdes du nord de la Syrie. Je vous donne l'URL de cet article vraiment intéressant qui met notamment l'accent sur la part des femmes et du féminisme dans la défense de la liberté dans cette région :
https://zcomm.org/znetarticle/no-this-is-a-genuine-revolution/ 

Cet après-midi, je retrouve une étudiante portugaise, Marta, docteur en physique, qui va soutenir son mémoire de maîtrise sur un projet de communication scientifique fondé sur plusieurs exemples de sciences en fiction, comme la pièce de théâtre Copenhague ou les livres de Car Djerassi, ce chimiste auteur qui est mort récemment et dont j'avais lu la pièce Oxygen, pour Guy Ourrisson. Son projet est très intéressant par ce qu'il est entièrement tourné vers la manière dont ces ouvrages peuvent susciter débats et discussions. Je me réjouis d'en parler avec elle.


En voyant les statistiques concernant ce blog, je me pose une question : Quand je n'aurai plus un seul lecteur, est-ce que je continuerai à écrire ?

mardi 10 mars 2015

Orgie et famille...

...furent les thèmes de mes deux derniers rêves. L'orgie se déroulait dans un amphithéâtre. Aurait-ce été une orgie de savoir ? Pas du tout. Tout le monde était nu. C'était assez agréable. Le deuxième rêve mettait en scène ma famille : mon frère Jean-Pierre, mes soeurs Françoise et Martine, Patrick et Charlotte. C'est moi qui distribuait les rôles dans une cuisine très mal entretenue alors que mon père, ma mère et une autre femme devaient rentrer à la maison incessamment. Il fallait balayer, passer l'aspirateur ou un torchon, bref rendre la cuisine présentable. La femme qui accompagnait mon père ressemblait beaucoup à ma voisine. La cuisine elle-même était celle de notre appartement, rue Goethe, à Strasbourg.

J'ai beaucoup aimé les Fragments de David Graeber que j'ai lus hier. Sasha m'a envoyé un autre article d'anthropologie que je vais lire aujourd'hui. Elle m'annonce qu'elle viendra peut-être en avril. Je m'en réjouis déjà.

Le viens d'entamer Les métaphysiques cannibales d'Eduardo Viveiros de Castro et je ne résiste pas à noter ce passage (tiré du chapitre 2) : "... si dans le monde naturaliste de la modernité un sujet est un objet insuffisamment analysé, la convention épistémologique amérindienne suit le principe inverse : l'objet est un sujet incomplètement interprété. Ici, il faut savoir personnifier, car il faut personnifier pour savoir. L'objet de l'interprétation est la contre-interprétation de l'objet."

lundi 9 mars 2015

Le jour se lève

Un ciel magnifique comme hier, mais le matin, à l'aube, le soleil rasant fait scintiller les vitres en multiples feuilles d'or. C'est très beau. Le Taje lointain est nappé d'une brume légère. Aucune trace géométrique d'avion militaire.

Je termine un roman policier de P.D. James. L'un des premiers je crois avec Cordélia comme détective privé. C'est bien tourné et la vie en Angleterre, avec toutes ses conventions dans l'échange des discours, ces idiosyncratismes très particuliers nous apparaît de manière très détaillée et précise. C'est très agréable à lire.

Hier nous avons rendu visite à L et P. L est chanteuse. P n'était pas là mais un de leurs amis, J, était présent et la conversation s'est engagée rapidement sur le thème de l'éducation et... des plaisirs de la conversation justement, plaisirs qui semblent se perdre aujourd'hui avec les nouvelles générations. Je ne peux pas dire si c'est exact. Avec l'âge, notre point de vue tend à effacer les détails perturbants ou ennuyeux de la vie qu'on a menée. Tous ces bruits sans signification particulière à travers lesquels nous sommes passés en croyant maintenir un cap.

Un rêve curieux cette nuit : JM donnait une conférence et j'étais dans une salle d'enregistrement avec, devant moi, un empilement d'appareils électroniques, un noir, un rouge (plus petit), un noir, un rouge, un noir. Je m'aperçois que ça ne fonctionne pas et que ces appareils me produisent plusieurs numéros identiques de la revue Alliage, notamment, plusieurs numéros 3. Je monte dans la salle de conférence en passant devant tout le monde pour prendre un ascenseur minuscule. J'ai les appareils en main. Il faut que JM me dise ce qui se passe. Je compte vraiment sur lui. C'est un peu l'affolement.

Je viens de lire Fragments of an Anarchist Anthopology de David Graeber et j'ai trouvé les idées de cet auteur tout-à-fait passionnantes. C'est Sasha qui m'a parlé de Graeber dans le message qu'elle m'a envoyé ce matin et j'ai aussitôt chercher ce qu'il y avait de disponible sur Kindle. Beaucoup des idées de Graeber rejoignent celles de Feyerabend. Je suis d'ailleurs étonné qu'il n'en fasse pas mention. Ses remarques sur le monde académique sont très pertinentes et dans l'un des passage de son essai, j'ai cru pouvoir me reconnaître, ou, disons, reconnaître les difficultés que j'ai eues avec ce monde quand, à York, en 1973, j'avais proposé une réforme des études dans le cours intégré de sciences sociales, en préconisant une lecture commune (et commentée diversement selon les perspectives des uns et des autres), des oeuvres de Karl Marx.

dimanche 8 mars 2015

La journée des femmes

Les batailles dans lesquelles les femmes sont engagées sont multiples. Les femmes palestiniennes manifestent à Gaza. Elles sont nombreuses. Mais j'imagine, qu'après les manifestations elles retourneront chez elles, devront affronter leur conjoint et leurs enfants dans d'autres batailles qui impliquent d'autres armes qu'un choeur de voix en colère. Ce que j'ai admiré chez ma grand mère, ma mère, chez les deux femmes que j'ai épousées, chez mes soeurs et mes filles, c'est le courage : les femmes sont courageuses. Certes, elles peuvent avoir peur dans certaines situations, mais cela ne les empêche pas d'être fondamentalement, essentiellement courageuses, un courage qui, justement, leur fait traverser les peurs avec une sorte de détermination admirable. J'écris cela aujourd'hui mais je le pense depuis longtemps.

Cette nuit j'ai beaucoup rêvé. Il y a cette histoire de montre. Je m'aperçois que mon bracelet-montre n'est pas celui que j'ai d'habitude. Comment se fait-il que je retrouve ce bracelet métallique, en argent peut-être, à mon poignet avec une montre qui, manifestement, ne fonctionne pas ? Où est ma montre Swatch en plastique ? Dans mes moments d'insomnie légère, la valse des verbes se déroulait dans ma tête avec tous ceux que je n'avais pas encore traités. Il y a beaucoup de travail en perspective.

J'ai fini hier le livre Zhao Yong sur le système éducatif chinois dans lequel on trouve une critique très radicale de PISA et son promoteur passionné Schleicher, grand admirateur des performances dont les étudiants chinois témoignent à travers leurs scores aux tests internationaux de PISA. Le système éducatif chinois est entièrement tramé par l'autoritarisme de la société chinoise. Je lisais ce matin dans le New York Times un article qui présente Xi Jin
ping comme objet d'un culte analogue à celui qu'a suscité Mao Zedong au moment de la révolution culturelle. Cela me paraît inquiétant parce que cela ne peut que renforcer les tendances autoritaires du régime même s'il y a lutte contre la corruption et si le gouvernement semble conscient des défaillances de leur système éducatif. Quand verrons-nous une femme à la tête du Comité central du Parti communiste chinois ? Il est probable que je serai mort depuis longtemps quand cela arrivera.
Pour lire l'article auquel je fais référence aller sur :
http://www.nytimes.com/2015/03/08/world/move-over-mao-beloved-papa-xi-awes-china.html?emc=edit_th_20150308&nl=todaysheadlines&nlid=55858383&_r=0

Lire aussi le témoignage de Leila Shahid, au moment de son départ à la retraite après 25 ans de lutte pour délivrer le peuple palestinien des griffes israéliennes :
http://blog.lesoir.be/baudouinloos/2015/03/07/leila-shahid-je-pars-avec-tristesse-et-colere/

samedi 7 mars 2015

Tousser

Le corps se tord, le ventre rentre, air fait glaire, forge de gorge, pulsion de l'expulsion, la secousse ne dure pas, elle se répète et le corps se tord encore, chatouillé très précisément à la frontière entre air et glaire, poumon et cordes vocales, en un point inaccessible à la raison. Quand ça commence, ça recommence et on ne sait quand le calme vous saisira la gorge. Apaisement après la quinte. Endormissement. Ouf.

Comme dit, ça s'est passé pendant la nuit dernière à nouveau. Et pourtant, je m'étais réveillé, persuadé que c'était déjà fini. J'étais parfaitement calme avec des restes de rêves à réassembler pour je ne sais quel récit. Brusquement, elle revient. Je pensais qu'il s'agissait d'un petit toussotement timide de rien du tout, juste pour marquer la fin de ces explosions nocturnes, allez, je le laisse s'emparer d'un petit bout de moi sans y croire. Une suite de secousses paraissant interminable s'est accrochée à ce toussotement ridicule. Ceci dit, je crois quand même que c'est la fin.

Rêves de vol. Je faisais des mouvements de brasse coulée pour m'élever au dessus d'un paysage tourmenté, pas loin de la mer et des falaises, il fallait que je rejoigne l'université où j'avais commencé une épreuve d'examen. Je m'étais échappé par les airs. Il fallait que j'y retourne et je me posais comme un avion de temps en temps pour demander mon chemin. Le lieu me faisait penser à Lima, la capitale du Pérou, et Lima me fait penser à Leamas, l'espion qui venait du froid de John Le Carré. Les gens ne sont pas trop étonnés de me voir voler, mais les courants ascendants que je cherche se font rares. Décidément je ne finirai sans doute pas cette épreuve puisque me voilà tout réveillé.

Je poursuis la lecture de Yong Zhao. J'ai presque fini l'ouvrage qui est vraiment passsionnant sur les impasses de l'éducation en Chine et les désastres engendrés par une compétition féroce associée à l'existence de programmes très précis qui homogénéisent la jeunesse chinoise, suscitent des stratégies de triche et invitent à la corruption. En même temps l'auteur nous explique très bien pourquoi les réformes, vivement souhaitées aussi bien par le gouvernement que par les parents, ne fonctionnent pas. L'éducation en Chine n'est pas moins dans une impasse que celle qui prévaut en Occident.

vendredi 6 mars 2015

Le keju

Le keju est l'examen qui, depuis le VIe siècle, permettait à n'importe quel chinois d'être recruté dans l'administration en charge du gouvernement de l'empire. Il a été explicitement conçu pour briser l'influence des lignées aristocratiques pouvant prétendre, au nom de leur pedigree, accéder à des positions privilégiées. Il s'agissait de "minimiser l'influence des pouvoirs héréditaires". "Keju se présentait comme un système de mobilité sociale objectif, transparent et universellement accessible. Il faisait espérer les masses. Quelle que soit sa lignée familiale et ses conditions économiques, n'importe qui pouvait accéder au pouvoir, à la richesse et à un statut social élevé pourvu qu'il travaille dur et qu'il réussisse ses examens. (...) Keju devint l'option la plus séduisante pour quiconque avait la moindre ambition. (...) L'attrait irrésistible du keju fournissait à l'empereur un instrument puissant et rentable de contrôle social. A travers les examens, il pouvait orienter la pensée des gens parce qu'ils consacraient toutes leurs ressources à l'étude du matériel requis : les textes confucéens qui promouvaient l'obéissance et le respect de l'ordre et de l'harmonie. (...) Les résultats du keju furent très exactement conformes au souhait de l'empereur. All heroes under the sun have fallen into my trap, Emperor Taizong exclaimed with gleeful pride as he watched new successful candidates of keju faire la queue dans sa cour." Etc., etc.  Je tire ces informations de l'ouvrage passionnant que je suis en train de lire et qui m'a été recommandé hier par Martine. Elle venait de le recevoir en cadeau pour son anniversaire. Elle m'en a dicté le titre et l'auteur au téléphone. Il s'agit de Who's Afraid of the Big Bad Dragon ? de Yong Zhao. C'est un livre sur le système éducatif en Chine, hérité du keju, système hautement prisé en Occident mais qui n'est pas sans poser beaucoup de problèmes dans la mesure où c'est un instrument d'homogénéisation et de standardisation peu propice à l'exploitation potentielle d'une créativité que l'on associe à juste titre à la diversité des intelligences et des talents.

jeudi 5 mars 2015

5 mars : Bon anniversaire, Martine

Voilà ! nous sommes le 5 mars et c'est l'anniversaire de ma soeur Martine. J'ai essayé de lui téléphoner mais elle n'était sans doute pas chez elle. J'essayerai de nouveau plus tard. J'ai de nouveau beaucoup toussé cette nuit à partir de 4h du matin.  Mais, dans l'ensemble, je sens quand même que cela va mieux. Dans quelques jours, je ne tousserai plus. J'espère.

Charlotte et Hatsumi nous ont préparé de délicieux sushis pour le dîner d'hier. Hatsumi a appris à Charlotte à faire le riz comme il faut. Et cela change tout, en effet. Ceci dit, la préparation très japonaise de ce plat japonais a duré quatre heures. C'est en particulier le riz qui exige un maximum d'attention. Nous avons également eu droit à un hachis de thon avec de la ciboulette et du gingembre très, très bon.

Pierre a publié un roman policier, L'affaire Mangua, que je lirai sur Kindle.

Ce matin, je suis allé chez Isilda pour ma séance de yoga avec Isabel, Pierre et Hatsumi. Cela fait du bien. Avec deux séances par semaine, je peux espérer progresser tout doucement et combattre ces raideurs envahissantes qui caractérisent le troisième âge.

Il fait très beau aujourd'hui. Un grand soleil et un vent très frais. Lisbonne dans ce qu'elle peut nous offrir de mieux.

mercredi 4 mars 2015

4 mars : Une fondue aux quatre fromages

Hier soir, Pierre nous a régalé d'une fondue savoyarde délicieuse. Et ce soir, Hatsumi nous préparera des sushis avec Charlotte. En attendant, la journée est magnifique : grand soleil et température très agréable. Le printemps semble bien décidé à prendre le relais des froidures humides de l'hiver lisboète.
Charlotte grandit beaucoup en ce moment. Elle réussit à se lever le matin sans trop de difficultés. Elle devient de plus en plus indépendante.
Je termine actuellement The Spy who came in from the Cold de John le Carré. Le lire en anglais sur mon Kindle change tout : l'atmosphère, les attitudes des personnages, le fonctionnement de l'implicite. C'est vraiment très intéressant. Un grand roman qui, constamment, fait vaciller le sens que l'on prête aux dialogues.
 

mardi 3 mars 2015

Le souffle du diable

Ciel magnifique à Lisbonne avec quelques ombres au Sud. Des lignes bien droites tracées par les avions militaires traversent déjà l'azur. Une belle journée s'annonce.
Hier soir j'ai revu, avec Pierre et Hatsumi, le film Capitaines d'avril, qui retrace les événements qui ont marqué la journée du 25 avril 1974 à Lisbonne. Film très émouvant, surtout en ce qui concerne le capitaine Maia, qui a pris, semble-t-il, les décisions qu'il fallait pour que la journée se passe bien. Une révolution conduite par l'armée : les seuls morts ont été les quatre ou cinq personnes qui ont été tuées quand le chef de la PIDE a tiré sur la foule rassemblée devant son quartier général.
Auparavant nous avons été à la "boca d'inferno", où l'océan roule de grandes vagues contre les rochers ce qui provoque ce souffle du diable qui sort d'un trou de la falaise. Impressionnant même quand on l'a entendu souvent. Ensuite nous sommes allés à Guincho, cette plage magnifique balayée par le vent en dessous de Sintra.

lundi 2 mars 2015

2 mars : Pierre et Hatsumi

Ils sont arrivés hier vers 14h. Nous avons passé toute l'après-midi avec eux. Nous leur avons fait voir notre future maison. Puis, nous avons fait un grand tour dans le centre de Lisbonne. Pierre nous a parlé de sa bonne petite ville de Poitiers où ils ont acheté une maison dans le quartier de la gare. Nous leur rendrons visite, certes, mais je ne sais pas quand. D'abord, finir la maison dont les travaux n'ont pas encore commencé. Ensuite, on verra.

Réveil à 5h45 ce matin. Un bon jus de légumes avec pomme et kiwi. Délicieux. J'en ai préparé un peu plus pour que Pierre et Hatsumi puissent en bénéficier également. Réveiller Charlotte. Jus d'orange pour elle avec sa pilule d'antibiotiques. Nous sommes à la fin du traitement. Charlotte fait sa rentrée à l'école. Elle n'est guère enthousiaste. Comment l'école, qui devrait être si intéressante pour tous parce qu'on y apprend mille choses utiles, réussit-elle si facilement à susciter l'ennui, le stress, le sentiment que la vie est inintéressante ? La scolarisation du savoir est ce qui peut lui arriver de pire. Toute sa saveur disparaît dans la crainte de ne pas savoir. Je sais que ce jugement ne vaut pas pour tout le monde et qu'une petite minorité s'en sort bien. Mais l'école s'ajuste aux attitudes les plus désolantes. Elle s'adapte au désintérêt des élèves. En faisant fonctionner la crainte et le stress, les deux éléments qui sont les plus propres à freiner l'apprentissage voire à le bloquer.

dimanche 1 mars 2015

1er mars : Le ciel de Lisbonne

De gros nuages ventrus se promènent à travers des éclats de soleil : je suis à Lisbonne de retour après quinze jours d'absence. D'humeur plutôt chagrine et pleine de doutes malgré quelques bons moments à Paris avec Charlotte, notamment ce dîner chez Joëlle avec Claude qui nous parlait de son équipée en Afrique du Sud et des animaux, "the big five", qui se sont approchés si près... Il y aurait beaucoup à dire sur ces récits que l'on ramène de tels parcours touristiques dont les itinéraires sont conçus pour susciter les mêmes témoignages. Mais très heureux de retrouver Isabel, très en forme.

Au cours du dîner, hier soir, Charlotte a de nouveau exprimé son désir de passer l'année prochaine au lycée Ermesinde. Personnellement, je pense que cela lui ferait beaucoup de bien d'être un peu séparée de ses parents. Et puis, elle reprendrait certainement goût à la musique, au chant, notamment à travers une initiation à la guitare par exemple. Isabel n'est pas forcément contre ce projet. J'en discuterai avec Jeannot lors de son prochain passage à Lisbonne.