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dimanche 31 mai 2015

Mère

Il est difficile en tant qu'homme d'imaginer le sens de ce que peut être la maternité. Ou peut-être que le constat est mal formulé. Ce n'est peut-être pas une question de sens justement. Contrairement à la paternité qui ne se définit qu'à travers le sens que chaque père peut lui donner en fonction de son expérience et des conditions de sa vie, la maternité implique, semble-t-il, l'existence d'un noyau dur, cette expérience incroyable qui consiste à faire grandir dans son propre corps un être qui est en même temps entièrement soi, et entièrement un autre. On a longtemps cru que l'imagination des femmes, pendant la gestation, allait déterminer certaines caractéristiques, physiques et/ou mentales, de l'enfant à naître.  Cette croyance avait des aspects extrêmes que l'on ne retiendrait plus aujourd'hui. Mais, il y a sans doute un fond de vérité dans cette incidence de l'imagination des femmes sur l'enfant qui est en elles, qui est elles, pendant un certain temps.

En liaison avec ces réflexions, je trouve sur internet ce compte-rendu d'une expérience chinoise :

Messieurs, seriez-vous prêts à faire le test du "Labor Pain Challenge"? 20 hommes ont pu "expérimenter la sensation d'un accouchement" par le truchement d'un simulateur physique. C'est une chaîne de télévision chinoise qui a eu l'idée de cette expérience intitulée "Labor Pain Challenge", qui a été diffusée dimanche pour célébrer la fête des mères en Chine. L'émission ("Le défi de la douleur de l'accouchement"), a été tournée à Nanchang, dans la province de Jiangxi, dans le sud-est du pays. Elle rassemblait une vingtaine d'hommes, dont la compagne attendait un enfant. Les futurs papas étaient équipés de faux ventres et de capteurs électriques, et devaient supporter une douleur équivalente à celle qu'endure une femme pendant un accouchement. Certains candidats ont eu visiblement eu beaucoup de mal à supporter la sensation, hurlant de douleur dès que les organisateurs réglaient leur machine sur l'indice de douleur 30. Le courageux vainqueur est un pompier, qui a supporté une vive douleur de niveau 80.

Je ne suis pas convaincu par cette curieuse expérience. Surtout, ça n'a pas grand chose à voir avec les réflexions que j'entreprenais et que ce texte a détournées vers des fantasmes médiatiques plutôt bizarres. Je m'orientais plutôt vers la manière dont Malinowski décrit les relations de parenté dans les îles Trobriand où le père (tama) de l'enfant n'a rien à voir avec la procréation, l'enfant étant complètement fait de la chair, du sang et du lait de sa mère. C'est l'oncle maternel qui exerce l'autorité sur l'enfant, étant fait lui aussi de la même chair et du même sang que la mère. Pourtant, le rapport du père à l'enfant a un sens, c'est un compagnon, un ami, un conseiller amical des premières expériences de l'enfant. En fait, la paternité ici ne peut avoir que ça : un sens. Alors que le frère de la mère relève de la réalité d'une loi, celle-ci n'ayant pas à convoquer un sens quelconque pour valoir.

samedi 30 mai 2015

Falcones

Hier j'ai fini Falcones, La Cathédrale de la mer. Au bout de 400 pages on est enfin pris par le roman. Il se passe des tas de choses à Barcelone à cette époque dans les 400 suivantes. Pierre IV contre Pierre le Cruel, contre Jacques, contre le pape et les frères noirs de l'Inquisition qui passent de village en village pour chasser les pécheurs, leur faire avouer, les fouetter au besoin. La vie des serfs autour de Barcelone, leur exploitation par une noblesse corrompue. La peste qui décime les populations. Le ghetto juif attaqué par les Chrétiens sous l'accusation d'une profanation de l'hostie. Trois Juifs brûlés comme otages. Le droit de cuissage exercé effectivement par de petits seigneurs vicieux et le rapport aux femmes, soumises à leur mari qu'elles doivent servir en toute circonstance. Bref il s'agit d'une fresque assez vivante centrée sur cette cathédrale de la mer, construite par le peuple et pour le peuple.

Après avoir fini le roman, je suis allé marcher pendant une heure environ, sans trop de problèmes et, hier soir, j'ai commencé le roman de Paula Hawkins, The Girl on the Train, dont j'apprécie énormément la langue et l'écriture. Une très grande simplicité combinée à un usage très créatif des mots pour décrire des situations que tout le monde connaît. L'auteur nous les fait ressentir avec beaucoup de justesse. Je me réjouis de poursuivre ma lecture, une lecture que je déguste en forçant mes yeux à une certaine lenteur pour ne pas rater cette créativité très particulière.

vendredi 29 mai 2015

Pas de chirurgie

J'ai vu mon chirurgien spécialiste des artères hier et nous avons passé un bon moment ensemble. Au vu du résultat de mes analyses il m'a déconseillé la chirurgie. A la place, il me prescrit trois médicaments : de l'aspégic 100 mg, un médicament contre le cholestérol (alors que je n'en ai pas à ma connaissance) et un autre médicament pour fluidifier le sang. Il me conseille aussi de faire des exercices. Marcher. C'est encourageant et il m'a dit que mon état pourrait s'améliorer avec le temps.

Je lis en ce moment La Cathédrale de la mer d'Ildefonso Falcones, livre qui m'a été chaudement recommandé par je ne sais plus qui et dont l'intérêt principal est de nous parler de Barcelone au XIVe siècle. Mais l'écriture et les personnages qu'elle met en œuvre ne sont pas très convaincants. Cela donne néanmoins envie de retourner à Barcelone ne fut-ce que pour respirer l'air d'une ville que j'ai beaucoup appréciée chaque fois que j'y suis allé.

Par contre, le roman que j'ai apporté de Paris à Z. et que j'avais lu sur Kindle, Austerlitz de Sebald a reçu sa totale approbation. Z. me disait qu'il s'agissait d'un authentique chef d'œuvre, ce que je pense aussi. En fait l'original est en allemand. Je l'ai lu en anglais et Z. aussi. J'aurais pu le lire en français. C'est ce que je ferai quand je le relirai. Car, comme le disait Roland Barthes, il ne faut pas seulement lire, il faut aussi relire.

Côté cuisine, j'ai préparé hier un gratin de céleri comme maman nous les faisait de temps en temps avec une sauce blanche bien parfumée de muscade et du gruyère râpé par dessus qui grille légèrement au four. J'ai rajouté de carottes parce que je croyais que cela ne suffirait pas mais, finalement, il y en avait largement assez.

mercredi 27 mai 2015

Jacaranda

Les jacaranda sont en fleurs. Cela ne dure pas très longtemps et je vais essayer de faire une photo pour vous montrer la magnificence de ces arbres qui bordent certaines rues de Lisbonne. Ce sont des fleurs violettes qui bientôt, joncheront, la surface des avenues. Je prends mon appareil demain matin.

Fabien me disait la dernière fois que je l'ai vu que mes posts étaient trop longs. Mais cela dépend de ce que j'ai à dire, évidemment. Pour le moment, je n'ai pas grand chose à dire. Isabel est un peu déprimée. Et nous avons quelques problèmes financiers. Où cela va-t-il nous mener ?

mardi 26 mai 2015

Rhubarbe

Ce soir, je vais faire une tarte à la rhubarbe. La rhubarbe : excellent pour les vaisseaux, paraît-il. Le 28, je vois mon chirurgien des artères. J'espère qu'il pourra faire quelque chose pour me rendre le goût et l'aisance de la marche.
J'ai l'impression d'avoir une tête vide. Vidée de toute pensée, de toute langue, de toute image. J'espère que ça ira mieux demain.

lundi 25 mai 2015

Quinta de Arneiro

Hier nous avons passé la journée à la Quinta de Arneiro, une ferme écologique qui est celle qui nous fournit chaque semaine les légumes que nous consommons. Il y avait beaucoup de monde à ce pique nique organisé par les gens de la ferme avec toutes sortes de délicieuses choses à manger : une mousse au chocolat confectionnée avec bananes et avocat, superbe, des crêpes faites avec des épinards et fourrées de carottes, splendide, des salades de toutes sortes, merveilleux. Nous y étions avec Z. qui a trouvé le vin excellent. Voici d'ailleurs une photo prise quand nous nous sommes assis sur le même banc qu'il y a environ deux ans.

Charlotte et moi sommes aussi allés visiter les abeilles. Ils ont une quarantaine de ruches bourdonnantes qui se portent bien, semble-t-il. Nous avons dû enfiler une combinaison toute blanche qui nous protégeait contre d'éventuelles piqûres. Les explications étaient en portugais mais j'ai compris l'essentiel, enfin, ce qui me paraissait être l'essentiel. Nous voilà tous les deux, juste avant d'y aller. Le miel "toutes fleurs" qui sort de ces ruches est remarquable. Z. en a acheté un pot.

dimanche 24 mai 2015

Nombres

Je viens de terminer le magnifique livre de Sebald, Austerlitz avec cette description à la fois étonnante et fidèle de l'absurde Bibliothèque François Mitterand. Il y a quelque chose de fantastique dans ce livre qui nous parle de la manière dont notre passé nous interpelle à tout propos, dans le moindre de nos gestes, à travers nos trajectoires dans l'espace des hommes, les villes, les maisons, les rues, les gares, les paysages qui défilent devant nos yeux derrière notre propre reflet dans les glaces du train qui nous emporte de ville en ville, de gare en gare, de souvenir en souvenir. Nous sommes là, hésitants, sur la frontière entre le monde de nos pensées et celui de nos rencontres dans la vie réelle qui se présente à nous avec une multitude de trous par où les morts nous reviennent avec leurs mots, leurs visages, leurs rires, leurs lieux.

J'ai passé pas mal de temps hier sur un problème de calcul qui a été posé à des petits Vietnamiens de 8 ans et que je n'ai toujours pas résolu, malgré la mise au point d'une méthode qui, jusqu'ici, n'a pas donné de résultat satisfaisant. Voici le problème :
 Il s'agit de remplir les 9 cases vides par tous les chiffres de 1 à 9 tout en respectant la séquence des opérations auxquelles ils doivent se soumettre pour arriver au résultat de 66. Bon courage.

samedi 23 mai 2015

iPhone 5s

Hier donc, j'ai offert à Charlotte l'iPhone 5s que j'ai acheté, grâce à Fabien, au "bon coin". Transaction rapide : un jeune homme très sympathique me rejoint devant le Quick de la gare du Nord. Je lui demande si l'appareil est débloqué. Il me l'assure. Nous entrons dans le Quick pour que je puisse le voir fonctionner. Il fonctionne. Il était tard quand je suis arrivé à Lisbonne et ce n'est que le lendemain matin que je dis à Charlotte d'aller voir le téléphone que j'ai mis en charge. Elle me saute au cou, très émue et moi aussi. Un cadeau surprise parce que son iPhone 4 (que je lui avais donné à Noël 2011) était tout cassé. Il était tombé plusieurs fois, son écran était fendu, il avait perdu une partie de sa peau de plastique, bref, il faisait pitié.

Je suis en train de finir Austerlitz de Sebald. Livre magnifique et très étrange. J'y reviendrai certainement.

En voici un passage particulièrement significatif de ce qui se joue dans ces pages :
"It does not seem to me, Austerlitz added, that we understand the laws governing the return of the past, but I feel more and more as if time did not exist at all, only various spaces interlocking according to the rules of a higher form of stereometry, between which the living and the dead can move back and forth as they like, and the longer I think about it the more it seems to me that we who are still alive are unreal in the eyes of the dead, that only occasionally, in certain lights or atmospheric conditions, do we appear in their field of vision."

vendredi 22 mai 2015

Quintela

J'ai trouvé mon oncologue très en forme ce matin. Et c'était sans doute réciproque après qu'il ait regardé les résultats de mes analyses de sang. Tout va bien, me dit-il, en me donnant rendez-vous dans 6 mois, le 27 novembre prochain, après m'avoir prescrit la totale comme examens : TAC, scanner, anuscopie, etc. Juste pour voir si tout est bien en ordre. Je lui ai parlé de ma "jambe de fumeur" mais cela n'a pas paru l'émouvoir. C'est l'âge, disait-il avec un sourire. D'accord, c'est l'âge... et mon tabagisme de 15 à 55 ans, ajouterais-je volontiers.

Il fait magnifique à Lisbonne. Mais je suis un peu fatigué et j'ai beaucoup de travaux à terminer.


jeudi 21 mai 2015

Loup

Le loup — non pas un loup mais le loup — m'a suivi cette nuit dans mon rêve.  C'était en réalité plus l'ombre du loup, que le loup lui-même. En effet, il se confondait avec la couleur du mur de cette cave dans les boyaux de laquelle je circulais jusqu'au moment où j'arrive à un bar. Je commande quelque chose à boire et l'ombre de mon loup tente de me pousser pour avoir lui aussi quelque chose. Je sens son long museau tenter de m'écarter un peu à droite puis à gauche, pour obtenir ne fut-ce que mon attention. Finalement, je sens qu'il s'accroche à mon dos, tranquillement. Ce qui me permet de me rendre compte qu'un loup, même réduit à son ombre, peut être très lourd.

Dans le rêve suivant, je démantibulais notre maison de la rue Gœthe à Strasbourg. Il y avait toute une équipe. Mais tout s'écroulait petit à petit. Il fallait rebâtir certes mais auparavant, tout démonter.

Il fait magnifique à Mersch. Le ciel est d'un bleu magnifique, un peu plus pâle qu'à Lisbonne mais néanmoins sans le moindre pli.  Ce soir, je serai de nouveau à Lisbonne.

mercredi 20 mai 2015

Nuages

De gros nuages gris et blancs sautent de colline en colline au dessus du village blotti entre les touffes vertes des arbres luxembourgeois. Le temps est agréable malgré ces menaces de volubilité pluvieuse. J'ai dormi huit heures cette nuit, ce qui m'arrive rarement. J'ai l'impression d'avoir fait une grasse matinée alors que je me suis levé à 7h30.

Austerlitz est un livre passionnant. Malheureusement, je n'ai pas beaucoup de temps pour lire. Mais je me rattraperai sûrement à Lisbonne. Dimanche, répondant à l'incitation de Fabien, je me suis inscrit sur Tweet, mais je n'ai pas encore "tweeté". L'idée est de relever le défi de dire quelque chose en 144 caractères, espaces blancs compris. Je m'exerce de temps en temps à vide mais c'est difficile d'intervenir ainsi, en dehors de tout contexte si ce n'est celui de l'actualité. Et celle-ci est loin d'être riche au point d'en faire une source d'inspiration. Et il est difficile de créer son propre contexte à travers si peu de mots. Bref, je n'ai pas encore commencé l'exercice mais j'y pense !

mardi 19 mai 2015

Austerlitz

C'est le personnage principal du roman du même nom de W.G. Sebald que m'a chaleureusement recommandé Joëlle et que je suis en train de lire. Pas exactement un roman de gare, mais un roman qui nous promène de gare en gare dans certaines villes européennes et notamment en Belgique, à Anvers plus exactement. Style très intéressant. Autant chez Borbély, l'écriture se faufile entre ces évocations très inattendues des nombres premiers "qui ne se divisent que par eux-mêmes et par 1", autant nous sommes ici en présence d'une écriture dont la ponctuation diégétique se situe dans les gares, lieux de rencontres, de convergences et de divergences qui nous égarent dans le temps et l'espace.

lundi 18 mai 2015

Borbély

Je viens de terminer La Miséricorde des cœurs de Szilard Borbély (Christian Bourgois Editeur) dont j'avais lu une critique élogieuse dans Le Monde. Et en effet, cet auteur qui a enseigné la littérature hongroise à l'université de Debrecen (Université dont j'entends parler pour la première fois) était avant tout un poète. Né en 1963, il est mort l'an dernier. Il raconte son enfance dans un petit village paysan de Hongrie, la stigmatisation dont il a été victime parce que soupçonné d'être juif par ces paysans qui, dit-il, sont comme les plantes qu'ils cultivent, enracinés dans leurs terres, leurs coutumes, leurs traditions et leurs préjugés. Bobély a un style très particulier. Des phrases généralement très courtes, une description très crue des mœurs auxquelles il aura affaire, un désordre narratif surprenant qui lui fait revenir sur certains épisodes comme si c'était l'expression d'une mémoire marquée par certains événements plutôt que d'autres, comme si les souvenirs étaient attachés à une roue qui tourne et qui fait revenir de façon privilégiée certains événements à la surface de la conscience. Style très poétique également dans la description des choses de la vie.

dimanche 17 mai 2015

Téhéran

Hier, je suis allé au cinéma avec Fabien et Fianna pour voir Taxi Téhéran de Jafar Panahi, film réalisé dans une sorte de clandestinité ouverte, si je puis m'exprimer ainsi. Le réalisateur a installé sa caméra dans son taxi et il filme ses clients qui lui racontent les petits événements de la vie quotidienne à Téhéran aujourd'hui, les opinions qui s'expriment librement à l'intérieur de cet espace relativement protégé. On le voit lui-même, le chauffeur, souriant. Les clients le reconnaissent et semblent parler à demi-mot. Manifestement, ils savent qu'ils sont filmés dans cette sorte d'étrange clandestinité ouverte. Le film est intéressant mais, comme j'étais très fatigué, j'ai parfois eu du mal à garder les yeux ouverts. On marche beaucoup dans Paris. Le matin avec Joëlle et l'après-midi, avec Guy M., de belles retrouvailles ! Il y avait au moins vingt ans que l'on ne s'était vu.

samedi 16 mai 2015

16 mai

Je me trouvais place de l'Université à Strasbourg. Il y avait beaucoup de mouvement autour de moi. Le hall de l'Université était rempli de ferveur. Les ronéos crépitaient. Certains profs s'engageaient dans de longues discussions avec des groupes d'étudiants très échauffés. Je ne sais plus qui m'a prévenu. Etait-ce Fabien ? Sûrement pas, il n'avait que 6 ans. En tout cas c'était quelqu'un qui était à la maison, rue Goethe et qui savait qu'il me trouverait quelque part sur la place de l'Université. Ce "quelqu'un" est venu me dire : "Baudouin, il faut que tu y ailles. Vite. Irène est en train d'accoucher." Je saute dans la voiture. Je me souviens d'une 2CV bleue mais je ne suis pas sûr. C'était peut-être une vieille Renault 4L d'occasion. Et je fonce, oui, le mot n'est pas trop fort, vers l'Hôpital Sainte Anne à la Robertsau. J'arrive juste à temps pour voir une petite fille pleine de vie sortir du ventre d'Irène. Moment merveilleux. Père pour la deuxième fois. Nous pensions l'appeler Sandrine mais quand je suis allé à la mairie, le préposé aux registres de l'état civil dans des bureaux qui se situaient rue Brûlée, me dit d'un air blasé : "Sandrine ? vraiment ? c'est la troisième que j'enregistre aujourd'hui." Je me dis : non ! pas possible et dit au préposé : "Attendez ! Je reviens. A quelle heure fermez-vous ?" Je me précipite dehors et vais directement à la Librairie Berger-Levrault, située à proximité. J'achète une dictionnaire de prénoms et retourne à l'hôpital. Irène et moi, revoyons notre copie etn feuilletant le dictionnaire. Nous évoquons toutes sortes de prénoms. Puis, d'un commun accord, nous trouvons. Ce sera Célia. Et j'aime toujours beaucoup ce prénom que le préposé à l'état civil a enregistré tranquillement : "C'est mieux. En tout cas, c'est le premier que j'enregistre aujourd'hui."
Nous étions sauvés de la mode des Sandrine. Grâce à Célia qui, d'ailleurs a échappé à son propre anagramme : Alice.

vendredi 15 mai 2015

Paris

Dans une heure je serai à l'aéroport. Je n'ai pas vraiment le temps d'écrire ce matin. Ce sera sans doute pour demain ou dimanche, de Luxembourg. Bon mais j'essayerai quand même d'envoyer un verbe ou deux !

Je viens de voir dans le Monde que les djihadistes menaçaient Palmyre, cette ville si chère au coeur de Daniel Schlumberger, mon ex-beau-père qui a commencé son apprentissage d'archéologue de terrain avec Henri Seyrig, précisément à Palmyre, si je me souviens bien (il faudra que je vérifie). En tout cas, quel désastre !

jeudi 14 mai 2015

Marche

Je manque d'exercice, c'est clair. Aussi ai-je décidé de marcher au moins une heure par jour : une demi-heure le matin et une demi-heure l'après-midi. J'ai commencé hier après-midi et je crois que cela m'a fait du bien. J'ai dormi cette nuit comme un ange. En plus, ma demi-heure de marche ne m'a pas fait réellement souffrir. Je n'avais pas cette jambe de bois qui m'affectait beaucoup, il y a quelque temps. Je sentais que cela pourrait venir, que c'était imminent, mais en fait j'ai fait ma demi-heure sans problème. Il faut dire que, comme c'était en ville, j'ai dû m'arrêter à plusieurs reprises pour traverser les rues. Et chaque fois, c'était un petit repos, suffisant apparemment pour que le sang se remette à circuler normalement pour irriguer les muscles.

Hier également, j'ai vu apparaître, toujours sur Arte, un personnage intéressant : Vladimir Vladimirovitch Pozner, qui vient de publier une autobiographie que je vais certainement essayer d'acheter sur mon kindle. C'est un journaliste russo-franco-américain qui anime une émission de grande écoute en Russie en invitant toute sorte de gens. Il dit se sentir très libre dans les questions qu'il pose à ses invités mais moins libre d'inviter qui il veut. Poutine, souvent invité, n'a jamais accepté de venir tandis que Boris Nemtsov, lui, n'a jamais été invité. Il a évoqué, sur une incitation d'Elisabeth Quin, les narines de Staline : "Enormes, disait-il, comme des cavernes."


mercredi 13 mai 2015

Léger

Après presque trois jours de jeûne complet, j'ai mangé une soupe délicieuse hier soir. Et ce matin, je me suis préparé mon jus de légumes habituel avec céleri, persil, carottes, concombre, gingembre, curcuma et citron. Excellent.
Je me réveille souvent la nuit, mais ce n'est pas nouveau. J'avais bu beaucoup beaucoup d'eau pendant mon jeûne. Aujourd'hui je me sens un peu plus léger.

Il commence à faire chaud à Lisbonne, même pendant la nuit. Et il est difficile de dormir avec la fenêtre ouverte à cause du bruit des voitures qui remontent la rua da Sociedade Farmaceutica. La rue est pavée et les voitures font beaucoup de bruit. Comme le quartier est assez chaud pendant la nuit en raison des clubs et boîtes de nuit qui nous entourent, la circulation est beaucoup plus importante que pendant la journée. A partir de minuit, il est impossible de trouver une place de parking dans notre quartier. Les voitures sont garées sur les trottoirs. Il y en a beaucoup et partout.

Hier j'ai assisté sur Arte à la discussion animée par Elisabeth Quin dans le cadre de son émission "28 minutes". Le thème était la réforme du collège. L'une des invitées était une représentante du ministère qui travaille actuellement avec Najat Vallaud-Belkacem, cible de toutes les agressivités possibles. Dès qu'on touche au système éducatif d'une nation, on exacerbe toutes les sensibilités liées à la religion, à la culture, à l'appartenance de classe, à l'économie bref à toutes les composantes de la vie en société. Il y avait un autre invité : un professeur de lettres classiques (latin-grec) manifestement furieux de cette réforme et dont les arguments étaient très étranges ; il s'opposait farouchement au projet d'intégrer le latin dans le cadre des heures dévolues à l'interdisciplinarité. Mais surtout, ce qui à la fois m'étonnait et me désolait, c'est la manière rigide dont il concevait les nouvelles règles, comme si son destin, ses compétences (mais aussi, de manière évidente, ses habitudes, sa routine) se trouvaient menacées par le nouveau dispositif. D'ailleurs, manifestement, il interprétait celui-ci d'une façon si dogmatique, si catégorique que ça en devenait presque ridicule alors qu'il s'agissait de ce qu'on appelle "un bon prof", un "prof motivé", qui va au devant des élèves et qui fait tout pour les intéresser au grec et au latin. Personnellement, cette réforme du collège me laisse très sceptique, comme n'importe quelle réforme scolaire, d'ailleurs. Ça ne peut pas marcher ! On demande au système scolaire de résoudre tous les problèmes. Comme le dit David F. Labaree dans un artcle que je viens de lire : "We ask them [schools] to promote democracy, improve health, save the environment, an dempty our prisons? And at the same time we also assign schools smaller missions, such as improving driver safety, reducing tooth decay, fighting obesity, and deterring teenage pregnancy." ("When is school an answer to what social problems ?" in Thrölher & Barbu, Education Systems in Historical, Cultural, and Sociological Perspectives, Rotterdam, Sense Publ., 2011). Par ailleurs, les collaborateurs d'Elisabeth Quin ont évoqué les classements PISA et Shangaï pour stigmatiser les défauts du système français, suggérant que l'on s'inspire de la Finlande pour changer les choses. Mais là encore, on voit à quel point l'absence de réflexion approfondie fait dire à des gens, qui sont certainement intelligents et cultivés, des bêtises qui, une fois émises par une télévision aussi sérieuse qu'Arte, se répandent à une vitesse incroyable dans le monde des intellectuels. On voit d'ailleurs très bien que c'est une question de temps. La télévision ne donne pas la possibilité de réfléchir vraiment, de se distancer de ses propres manières de voir, bref, du chewing gum pour les yeux et dans la tête, pour reprendre l'heureuse expression de mon ancien collègue, Ignacio Ramonet.

Enfin, je viens de lire une pétition destinée à faire pression pour sauver l'habitat des orang-outangs à Bornéo, de ces prédateurs que sont les grandes industries de l'huile de palme. Je cite le début du texte qui accompagne cette pétition : "Perché en haut des restes d'un arbre, un orang-outan regarde hébété ce qui fut il y a encore peu sa forêt mais n'est plus que champ de ruines. Armés de tronçonneuses et de bulldozers, les travailleurs du producteur d'huile de palme Bumitama Gunajaya Agro (BGA) ont détruit intégralement sa forêt tropicale sur plusieurs kilomètres."

J'en parle parce que j'ai trouvé la photo qui illustre cette pétition particulièrement parlante.


mardi 12 mai 2015

Jeûne

Depuis dimanche matin, je me "refais un petit jeûne" comme le soulignait Maribel non sans ironie. Effectivement, je n'ai rien mangé depuis samedi soir. Il s'agit pour moi de savoir si le jeûne améliore mes petits ennuis de bras et de jambes, ou non. En outre, je me sentais un peu lourd ces derniers temps. Je sais que tous mes lecteurs ne seront pas forcément d'accord avec cette initiative peu orthodoxe du point de vue de la médecine. Mais chaque fois que j'ai jeûné deux ou trois jours, comme ça, de temps en temps, je m'en suis toujours senti beaucoup mieux après.


lundi 11 mai 2015

Guerres

Je viens de lire l'article dont je copie l'URL ici :
http://www.ujfp.org/spip.php?article4147
Il s'agit d'un article qui nous présente deux ministres israéliens du nouveau gouvernement Netanyahou : le ministre de la Défense Moshe Yaalon, et le ministre de la Justice Ayelet Sheked. Rien que pour les propos qu'ils tiennent, ils devraient faire l'objet de poursuites par la justice internationale. 


dimanche 10 mai 2015

Parthénon

Je viens de voir un programme documentaire consacré au Parthénon d'Athènes sur Arte. J'ai appris beaucoup de choses sur les subtilités architecturales de ce temple extraordinaire qui a été construit en 9 ans dans la deuxième moitié du Ve siècle avant Jésus-Christ et dont la restauration aura pris, le jour elle s'acheva, certainement plus de 30 ans. Temple dont Périclès a proposé la construction aux Athéniens qui ont décidé démocratiquement de la réaliser. Phidias, ami de Périclès, aurait non seulement conçu la statue d'Athéna à l'intérieur du temple — statue qui a disparu, bien entendu : son infrastructure était en bois et elle était recouverte d'or et d'ivoire (l'ivoire pour figurer la partie chair du corps d'Athéna, et l'or pour ses vêtements) — mais également la frise qui comporte plus de 360 personnages différents, dont certains, disait le commentaire, sont figurés comme regardant le paysage autour de l'Acropole. Bref, pour ceux qui peuvent regarder Arte, je leur conseille cette émission qui devrait être disponible sur Arte + 7 pendant quelque temps.
J'ai regardé cette émission pendant que Charlotte et Isabel étaient à la plage. Il fait un temps merveilleux en effet. Un ciel magnifique où je n'aperçois qu'un seul pli, laissé par un avion dans le coin droit de ma fenêtre.

Auparavant j'ai lu un article de Christian Salmon, "L'esprit du 11 janvier et la danse macabre de la laïcité" publié par Médiapart, article qui commente la publication très prochaine semble-t-il de l'essai d'Emmanuel Todd intitulé Qui est Charlie ? Ce que j'ai trouvé surprenant, c'est moins l'article en lui-même qui relève un certain nombre de contradictions et de paradoxes sur le mouvement créé par les attentats contre Charlie Hebdo — on peut être d'accord avec certaines de ses remarques, mais l'ensemble me laisse un goût quelque peut amer dans la tête, sans doute en raison de ce "décryptage" comme l'intitule Médiapart,  un peu prétentieux, selon moi — que les 236 commentaires que l'on peut lire à la suite de cet article et qui constituent une véritable discussion "à la française" c'est-à-dire avec les insultes, les sous-entendus, les allégeances implicites, les querelles de mots, bref un véritable festival de réparties souvent bien ajustées et toujours très vives. En tout cas, c'est très vivant même si l'on peut parfois être lassé par les incompréhensions systématiques des uns par les autres.

samedi 9 mai 2015

Lettre

J'ai envoyé la lettre que Charlotte a écrite pour poser sa candidature au Lycée Ermesinde. Mehmed semble avoir apprécié la lettre mais je présume que je n'aurai de réponse officielle que lundi.

Le ciel de Lisbonne aujourd'hui est parsemé de plis laissés par les trainées blanches rectilignes que les avions militaires laissent derrière eux. Il ressemble à un papier sur lequel on se serait exercé, sans succès, à produire divers origami. Après chaque tentative, on déplie le ciel, et on tente de l'aplatir pour faire un nouvel essai. Ce serait drôle si tout-à-coup on avait au dessus de nous, une immense grenouille d'azur !

Je me sens un peu dans un creux actuellement. Une humeur en creux. En attendant mieux.

vendredi 8 mai 2015

Hôpital

Comme me le disait Isabel, je vais bientôt connaître tous les hôpitaux de Lisbonne. Hier en fin d'après-midi, j'étais à l'hôpital Santa Martha pour me faire faire un TAC des jambes et du bassin. On m'a injecté de l'iode dans les vaisseaux et cela produit des effets singuliers : chaleurs à la tête et dans le cou. Ensuite on me fait glisser, allongé, à travers un anneau et on me demande de ne pas respirer. Résultats dans une dizaine de jours.

Victoire incontestable des conservateurs en Grande Bretagne. Le "Brexit" devient possible. Peu probable sans doute mais possible. Après quoi, nous aurons le "Grexit". Puis, en remontant l'alphabet, le "Frexit" ??? Défaite de l'Europe ? Et s'il n'en reste qu'un, qui sera celui-là ? Peut-être bien le Luxembourg !

jeudi 7 mai 2015

Dialogue

J'ai rêvé que Josiane voulait acheter un tapis à ma mère. Il y avait dialogue. Même pas marchandage. C'était 1.700 euros. Mais il y avait comme une erreur dans cette discussion, erreur dont je m'aperçois après un certain temps [qu'est-ce qu'un "certain temps" dans un rêve ?] : cela ne se peut puisque maman est morte depuis longtemps. Pourtant elle était bien là, dans mon esprit de rêveur acharné. D'ailleurs j'ai continué à rêver.

Pas un pli dans le ciel de Lisbonne... ah, si, tout au fond, une bordure gris clair, une marge à peine visible, lointaine, et sur la page, parfois, un oiseau traversant. Voilà un verbe qu'il me faudra traiter prochainement : "traverser".

Je continue la lecture de Cuban sur l'école. J'ai fait connaissance avec les charter schools américaines qui, institutionnellement, ressemblent à ce qu'on voudrait créer à Luxembourg. Ce sont des "établissements publics", financés par l'Etat mais néanmoins très autonomes dans leur fonctionnement. Apparemment, le problème c'est la salle de classe dont il semble impossible de se séparer quelles que soient les innovations dont on peut s'aviser. Pas évident.

mercredi 6 mai 2015

Désordre

Cette nuit j'ai rêvé de manière totalement anarchique. Et pourtant, j'avais l'impression de guider mon rêve, autrement dit de l'orienter, de faire venir les personnages à mon gré, de choisir les lieux que je reconnaissais, de définir les époques. Résultat : une vraie cacophonie onirique où tout se mélange, les époques, les lieux, les personnages. Mme W., espionnant les allées et venues dans l'appartement, mon père dans des attitudes peu familières comme s'il était devenu homo, l'allée Spach, mon chat Zuki, un enfant de Mme W. appelé Guy, un lit fabriqué avec d'anciens cageots de fruits, mon retour de je ne sais où, la cuisine de la rue Goethe à Strasbourg, mon métier de journaliste, etc... bref, un vrai mélange hétéroclite, sans véritable trame narrative.

Je continue à lire le livre de Larry Cuban sur la succession des réformes des systèmes éducatifs aux Etats Unis et la participation, constamment renouvelée, des grandes entreprises, aussi bien que des petites d'ailleurs, à la gestion des écoles entre 1890 et aujourd'hui. De nombreuses initiatives ont vu le jour qui tentaient, parfois avec succès, de combiner l'enseignement professionnel avec celui de branches plus classiques. Je cite ce passage pour montrer à quel point la relation entre l'éducation et le business a été une orientation constante aux US : "By 1990 just over half of all school districts in the nation had school-business partnerships. A decade later, the figure was almost 70 percent. Votlunteers in schools went from 2.6 million in 1990 to 3.4 million in 2000, with a value to schools of $ 2.4 billion. Of the business that were partners with schools in 2000 (keep in mind that schools had multiple business partners), three out of four were small firms, 61 percent were mid-sized, and 42 percent were large corporations." A partir de 1989, un mouvement financé par RJR Nabisco "New Century Schools" a été lancé pour créer les écoles modèles du futur où les élèves sont impliqués dans de nombreux apprentissages professionnels aussi bien que dans les matières plus classiques. Mais, semble-t-il, toutes ces réformes se heurtent au même obstacle qui nous avait été énoncé par Daniel Troehler : la salle de classe au seuil de laquelle toutes les velléités, aussi bonnes soient-elles, doivent se soumettre à la logique du système.

mardi 5 mai 2015

Chaleur

C'est une journée chaude qui s'annonce ici à Lisbonne. Ensoleillée malgré de gros nuages juste en train de se disperser. Hier, j'ai commencé La Guerre des Juifs de Flavius Josèphe mais il faut que je termine également The Blackboard and the Bottom Line. Why Schools Can't Be Business de Larry Cuban. C'est un livre intéressant qui parle de la succession des réformes de l'école qui se sont succédées aux Etats-Unis à partir des années 60, jusqu'au No Child Left Behind Act de 2002 sous l'ère de George W. Bush. Ce qui est frappant, c'est que toutes ces réformes ont pour cible l'enseignement : comment rendre l'enseignement (entendu comme transmission) plus efficace, plus complet, mieux ciblé, plus flexible, plus ceci, moins cela, etc...; comment en évaluer les résultats avec des tests, des contrôles, des examens, des épreuves, des barèmes, des diplômes, etc... Beaucoup d'auteurs se penchent sur le problème avec le préjugé qu'il s'agit principalement d'un problème d'organisation, ce que je ne crois pas. Mais je dois finir le livre de Cuban d'abord. Je ferai mes commentaires ensuite.

lundi 4 mai 2015

Royaume

Voilà, j'ai terminé le livre d'Emmanuel Carrère, Le Royaume. C'est un livre impressionnant et l'auteur suppute à plusieurs reprises, au cours de sa rédaction, qu'il s'agira de son chef d'oeuvre. J'avoue que j'ai été complètement capturé par cet ouvrage qui relate les débuts du christianisme, certes, mais pas en historien, ni, dirais-je, en romancier créant une fiction à partir de faits supposés réels, et qui, sûrement, ont pu l'être pour certains, ni en chrétien convaincu, ni en mécréant ironique, ni en intellectuel sceptique quoiqu'il sache fort bien qu'il en est un, bref ni en quoique ce soit si ce n'est lui-même, pris dans ce filet de la chrétienté et, se sachant pris là-dedans, résolu à aller jusqu'au bout d'un nombre innombrable de questions bien aiguisées sur la pierre de notre présent. A peine terminé, on a envie de le relire, de repasser par tous ces détails d'un passé raconté et dont le récit dissocie les faits, selon les positions de ceux qui les racontent justement tout en en ayant été, parfois, les acteurs principaux. J'ai terminé l'ouvrage ce matin, au lit, comme je le faisais quand j'étais enfant et que je reprenais de dessous l'oreiller, le livre que j'y avais soigneusement placé la veille au soir et dont j'avais dû abandonner la lecture sous l'injonction parentale de "dormir maintenant". Quel délice que de se replonger dans la tourmente des mots de la veille, des mots gonflés de sommeil dont on retrouve les fils tout emmêlés, tout brouillés par les rêves qui s'y sont accrochés par toutes sortes de liens inattendus. Pour une fois, Isabel s'était levée avant moi et j'ai décidé de rester au lit jusqu'à la fin du livre. Ce fut un merveilleux moment. Je remercie donc vivement Martine de m'avoir conseillé de mettre le nez dans ces pages qui n'étaient pas des pages d'ailleurs puisque c'est Kindle qui m'a offert ces plaisirs de la lecture. (Je précise que je ne mets pas mon Kindle sous l'oreiller, mais sur ma table de chevet !)
Après un livre comme celui-là, on se demande ce qu'on va bien pouvoir lire. On se désole à l'avance de ce que le prochain va le chasser dans les choses lues, sur lesquelles on ne reviendra pas de si tôt. En même temps, c'est aussi un livre qui invite à se pencher à nouveau sur les évangiles et leurs différences : Marc, Jean, Luc et Matthieu, sur les "Actes des apôtres" et les lettres de Paul, sur Flavius Josèphe, bref sur tous ces auteurs du passé qu'Emmanuel Carrère fait vivre en nous avec les accents d'une sincérité peu commune.  

dimanche 3 mai 2015

Carrère

Hier, j'ai passé l'essentiel de ma journée à lire Le Royaume d'Emmanuel Carrère que m'avait recommandé ma soeur Martine. C'est un livre attachant qui décrit avec beaucoup de justesse l'état et l'évolution du sentiment religieux pour les jeunes de ma génération. Je me suis souvent reconnu dans ses descriptions même si je n'ai pas connu ce retour dans le giron de l'église catholique (avec mariage religieux, messe quotidienne et communion) dont il a fait l'expérience pendant trois ans. Par contre il décrit avec beaucoup de justesse son entourage, les visites à sa tante, son ami si fidèle, ses périodes d'écriture, ses élans mystiques, ses rapports avec sa psychanalyste, etc. Le mélange de ces descriptions autobiographiques avec l'histoire des débuts de la chrétienté est également intéressant. Sa lecture de Jean, puis de Luc puis des Actes des apôtres avec St Paul est très vivante et directe. Bref une lecture qui ne vous laisse pas indifférent.

Le ciel de Lisbonne est plombé jusqu'au ciel. Pas très gai pour un dimanche de mai. Peu d'oiseaux, grand silence, oscillation très légère des vieilles antennes de télé —quand donc, va-t-on arracher ces mauvaises herbes médiatiques qui ne servent plus à rien ?— et au loin, très lointain, le ronronnement d'un A320 plein de touristes.

samedi 2 mai 2015

Lisboa

De Vienne à Lisbonne : trois heures d'avion ce qui fait que pour aller de Luxembourg à Lisbonne, j'ai passé environ 6 heures dans les avions, au lieu des 2 heures et 30 minutes que m'assurent les vols directs. Ceci dit, cela m'a donné l'occasion de revoir cette magnifique ville de Vienne. Avec Sylvie et Pierre nous sommes allés boire du café et manger des pâtisseries viennoises au Café Central qui est un endroit assez magique. Moi qui ne mange jamais de gâteaux, j'en ai mangé deux, absolument délicieux, tous deux à la rhubarbe bien que différemment présente en chacun. Par contre, le personnel est vraiment antipathique, grantig comme disent les Viennois ce qui se traduit par "ronchon". En fait c'est plus que "ronchon", c'est carrément agressif. Manquant totalement d'humour et de fantaisie.

Dans mes avions j'ai lu deux choses : tout d'abord, j'ai relu Othello de Shakespeare et un polar sur kindle Un miroir pour Scotland Yard de Patrick Porizi. Othello : quel délice, quelle intelligence et quelle finesse dans la description des tourments de la jalousie d'Othello, et de la perfidie de ce personnage incroyable qu'est Iago. Je vais essayer de me procurer le film avec Lawrence Olivier, je crois. Le polar était intéressant même si, de nouveau et comme d'habitude, la fin est assez bâclée. Ces auteurs imaginent des intrigues pleines de complications et de surprises mais qui, parfois sont si compliquées que leur dénouement est souvent vraiment tiré par les cheveux. C'est dommage. Aujourd'hui, je vais sans doute entamer Le Royaume d'Emmanuel Carrère dont j'ai déjà lu, avec plaisir, plusieurs romans.

Un verbe ?

Gagner

Qu’il gagne, si cela lui fait plaisir. Moi, je ne veux pas me laisser compromettre par une syllabe aussi détestable, ringarde, geignarde des balafres de l’effort. Ce 'a' qui nous fait bailler avant de se noyer dans la grimace du 'gn-', lèvres écartées dont les coins tremblent, comme si l’on allait se mettre à pleurer. La gnaque dont on se targue alors n’arrange pas les relents syllabiques qui gagnent. Et puis cet air idiot que l’on prend quand on gagne ou qu’on a gagné. Debout sur le podium : quelle place peu enviable. Les anglais sont mieux lotis avec win 

vendredi 1 mai 2015

Cata


Cata pour catastrophé. J’ai dormi chez Sylvie et Pierre à Vienne. Et tout-à-coup je suis réveillé par un fracas de verre brisé. Non ! ce n’était pas un cambrioleur, c’était moi qui, par les mouvements intempestifs de mon oreiller, avait fait tomber le lampadaire qui se trouvait entre le lit et le mur. Ce sont des choses qui arrivent, certes, mais je m’en serais bien passé. Il est 6h17. Ils sont encore au lit. Que vais-je faire pour tenter de réparer ces dégâts ?