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dimanche 31 janvier 2016

Métempsychose

Vol sans histoire de Luxembourg à Lisbonne. Avant d'embarquer, Charlotte et moi avons eu une petite discussion intéressante sur la métempsychose ou la transmigration des âmes. Charlotte avait le sentiment d'avoir vécu une vie avant celle-ci. Elle donnait des détails intéressants évoquant le Mississippi. Je trouve cette théorie assez séduisante. Il existe de nombreux témoignages de personnes reconnaissant des lieux où elles n'avaient jamais été, parlant une langue qu'elles n'avait jamais apprise. Cela nous a mené au phénomène de "déjà vu" dont Charlotte disait qu'elle en faisait très souvent l'expérience. Il faudra que je lui fasse lire les passages où Freud en parle. Dans la voiture avec Jeannot, nous avons aussi beaucoup parlé des phénomènes de NDE (near death experience). Là également, les témoignages sont nombreux et très convaincants : des gens ont vu leur propre corps en train d'être opéré par des équipes de chirurgiens qu'ils identifient ensuite sans qu'ils aient pu les avoir connus auparavant, des gens assistent à leur propre mort en mentionnant des événements particuliers qui se seraient produits, etc.

samedi 30 janvier 2016

Retour

Je rentre à Lisbonne ce soir. Charlotte, qui a maintenant quinze jours de vacances, va s'envoler avec moi. Nous sommes allés dîner tous les deux chez Jim où j'ai retrouvé Frédérique, l'une des architectes de l'équipe qui travaille sur cette nouvelle école à Esch. Nous avons pu parler du projet et du texte de présentation dont Jim m'a chargé. Tous les deux ont bien apprécié l'ébauche que j'avais écrite. Bon, ce serait formidable s'ils pouvaient gagner le concours. On sera fixé dans quinze jours.

J'apprends la mort de Jacques Rivette. La série noire continue. Il n'y a d'ailleurs aucune raison qu'elle s'arrête. Simplement ce sont des personnes qui ont connu leur acmé à un moment où cela pouvait me toucher. D'où cette impression que tout le monde a décidé de mourir en janvier 2016.

Je termine actuellement le polar que Charlotte avait acheté en m'attendant à la gare : Le Retour de Robert Goddard dont j'ai déjà lu Le secret d'Edwin Strafford, que j'avais bien apprécié. L'histoire est assez compliquée et je doute que Charlotte aille jusqu'au bout. Par contre, je crois qu'elle a presque fini La philosophie expliquée à ma fille, de Roger Pol Droit. Ce livre lui a beaucoup plu puisque, maintenant, elle a envie de prendre un sujet de philosophie pour son deuxième travail personnel. Elle suit les traces de sa nièce ! Bravo.

vendredi 29 janvier 2016

Cirque

Nous sommes allés à une représentation du cirque du lycée hier soir, Charlotte et moi et j'ai trouvé les performances de certains élèves excellentes. Le spectacle était d'ailleurs bien monté avec des intermèdes clownesques qui nous ont fait rire. C'est ce que l'on veut quand on va au cirque, n'est-ce pas ? Dans l'après-midi nous sommes allés prendre le thé chez Julia dont la maison a beaucoup plu à Charlotte. On y rencontre la même atmosphère que dans l'appartement d'Irène. Calme et sérénité. C'est très agréable.

J'ai pas mal travaillé sur cette page que me demande Jim pour présenter leur projet d'école primaire au jury du concours qui doit siéger dans trois semaines environ. C'est un bon exercice d'écriture. Mais il ne faut pas se tromper et induire une réaction de rejet. Et il faut que ça colle bien avec l'architecture proposée.

La fenêtre m'offre la vision d'un ciel d'argent, avec un gros bourrelet de gris en train de rouler derrière les collines. La lumière est très belle. Peut-être aurons-nous droit à une belle journée ensoleillée. Je le souhaite vivement.

jeudi 28 janvier 2016

Ecole

Hier je suis allé voir le projet architectural de l'école primaire qu'une équipe du cabinet de Jim avait mis au point pour un concours qui devra se clore dans trois semaines. Je les avais rencontrés il y a environ un mois. Une équipe très cosmopolite à qui j'avais fait part de mes idées sur l'école et à qui j'avais conseillé d'aller voir le film Demain, ce qu'ils ont fait, avec Jim lui-même d'ailleurs. J'ai été très séduit par le projet qu'ils ont dessiné. Avec des parties à la fois séparées mais très communicantes entre les 2 à 4 ans, les 4 à 6 ans et les 6 à 12 ans qui auront leur classe à l'étage. Le projet est esthétiquement très réussi et je crois que, fonctionnellement, il devrait permettre de créer une ambiance où apprendre pourrait devenir un bonheur. J'ai promis à Jim d'écrire un texte de présentation susceptible d'induire chez les membres du jury une vision positive et cohérente du projet. Celui-ci risque, en effet, au nom de son aspect innovateur, de heurter des esprits formatés par des écoles-casernes. En tout cas, j'ai accepté la proposition de Jim. Comme il me le disait, il s'agit de faire percevoir, en guidant cette perception avec des mots, le fil rouge qui donne au projet à la fois sa cohérence et sa dimension innovatrice. Un travail d'écriture qui exigera une grande délicatesse. En suis-je capable ?

Je viens de lire un excellent article publié par The Guardian : "Is free speech in British universities under threat ?" by Andrew Anthony. On peut le trouver à cette adresse :
http://www.theguardian.com/world/2016/jan/24/safe-spaces-universities-no-platform-free-speech-rhodes

mercredi 27 janvier 2016

Mieux

J'ai passé la journée d'hier au calme. J'avais rendez-vous avec une équipe pour aborder la question de cette opposition entre "littéraire" et "scientifique" et cela s'est bien passé. Je suis remonté assez vite dans ma chambre pour me reposer. Et aujourd'hui cela va beaucoup mieux. J'ai pris du Rhinofebryl mais je ne suis pas certain que ce soit ce médicament qui ait amélioré mon état. Peut-être, mais j'ai aussi bu beaucoup d'eau, du matin au soir. Et j'ai l'impression que c'est plutôt cette eau qui me fait me sentir mieux aujourd'hui. Je ne tousse plus. Et mes mouchoirs restent secs. J'ai rarement connu une rémission aussi rapide de symptômes grippaux.

J'ai regardé un petit film documentaire —je pense qu'il s'agissait du film de Christian Manil et Laurent Lichtenstein, On a retrouvé la mémoire de l'eau, qui a été diffusé par France 5 en 2014 — sur Luc Montagnier et la manière dont il a repris à son compte les recherches de Jacques Benveniste sur la mémoire de l'eau. Ce film a été très critiqué, évidemment et je ne prendrai pas parti mais la diffusion de cette expérience et les commentaires qu'elle a suscités en disent long sur la communauté scientifique elle-même. Peut-on effectivement répondre à Luc Montagnier en le tournant en dérision ou en le traitant de naïf ? Peut-on ignorer totalement ses hypothèses aussi bizarres soient-elles ?

mardi 26 janvier 2016

Décidément...

... c'était bien une nouvelle grippe qui me tombait dessus. J'éternuais, je toussais, je ne me sentais pas bien. Je suis resté un peu plus longtemps dans mon lit aujourd'hui, et cela semble aller un peu mieux. J'ai beaucoup bu pendant la nuit et je continue. Ne serait-ce pas le meilleur remède : l'eau en abondance ?

Le rêve que j'ai fait cette nuit est indescriptible. Il mettait en scène des objets, des trajectoires, des constructions qu'il m'est impossible de décrire. Je ne trouve pas les mots. D'ailleurs, dans le rêve lui-même, je ressens l'existence d'un mot pour désigner une construction très étrange, mais il m'échappe. Le rêve me disait : "Ce mot existe." Mais je ne réussissais pas à mettre la langue dessus. Encore une fois, bizarre.

lundi 25 janvier 2016

Chinois

La visite d'une délégation chinoise au Lycée Ermesinde fait que, contrairement à ma solitude habituelle dans l'un des couloirs de l'internat, je me retrouve au milieu d'un monde que je croyais très lointain. Enfin, ce que je viens d'écrire est quelque peu exagéré. Je suis dans ma chambre et je n'ai pas encore eu de contacts avec les membres de cette délégation qui s'est ébrouée ce matin de manière assez tranquille. Je m'attendais à plus d'exclamations et de cris exotiques.

Dehors, on ne voit rien de mon balcon. Le Luxembourg a disparu. Il reste juste une rangée d'arbres pour marquer la frontière avec le néant.

Je suis très enrhumé et mal en point. J'ai dû attraper un virus quelque part. Bref, mon séjour s'annonce difficile si cela continue.

Hier après-midi, j'ai lu les dernières pages d'Envoyée spéciale de Jean Echenoz, livre que j'avais commencé dans le train qui m'amenait à Luxembourg. Je suis très déçu par cet ouvrage qui ne repose sur rien : la surface des êtres et des choses, des surfaces qui glissent les unes sur les autres sans qu'aucune rencontre ne puisse

dimanche 24 janvier 2016

Rage

Il ne m'arrive quasiment jamais de rêver de quelque chose qui, dans mon rêve, me met en rage — je devrais dire "me met dans une rage folle" —. C'est pourtant ce qui m'est arrivé cette nuit. J'avais donné rendez-vous à Irène. Tout d'abord, elle arrive très en retard. Elle vient avec une amie qu'elle ne me présente pas. Ma rage est dirigée contre elle. Je l'agresse physiquement, portant la main à sa gorge. Ma tête me fait très mal. Un passant dit qu'il faut me conduire à l'hôpital. C'est sûrement un AVC. Pourquoi une telle rage ?

La rage est d'ailleurs une émotion étrange. On ne se possède plus. La tête s'envole, s'emballe, et le corps tente de la suivre, sans succès. Comme un moteur vrombissant de toute sa puissance, à vide, gaspillant bruyamment l'aérodynamisme de ses formes sportives en faisant du surplace. La rage d'un moteur impuissant. La rage et l'impuissance. Bizarre.

Hier après-midi, sur le conseil de Charlotte, j'ai vu La vie d'Adèle en streaming sur mon ordinateur. Elle m'avait dit que ce film était extraordinaire. Et, en effet. Cette histoire d'amour entre deux femmes est vraiment très belle tout en finissant très tristement. C'est une histoire triste. J'ai trouvé le jeu des actrices principales absolument fantastique.

En début d'après-midi, je suis sorti en ville avec Charlotte et je lui ai acheté deux pulls très chauds. Elle s'habille mal. Elle adore la veste en jeans que je lui ai achetée pour Noël mais on ne peut pas dire que ce soit un vêtement d'hiver. Avec un ou deux pulls en dessous, ça devrait aller.

samedi 23 janvier 2016

Collines

Par la large baie vitrée de la chambre où je dors avec Charlotte à Luxembourg, je vois les collines de la ville, couvertes d'arbres, d'où se lèvent peu à peu, des pans compacts de brouillards épais, gris, denses, qui étouffent les bruits de pneus sur asphalte humide, provenant des routes traversantes. A Paris, le ciel était immensément bleu. Il est possible que ce gris matinal ne soit que provisoire et que dans une heure ou deux, Luxembourg se lève sous le ciel de Paris. J'entends le bruit familier d'un train qui passe au pied de la colline juste en face. C'est un train qui va à Mersch, ou plutôt à Liège, sans doute, en passant par Mersch.

Hier, Charlotte m'attendait à la gare. Nous étions tous les deux très heureux de se retrouver. Elle venait d'acheter un livre de Robert Goddard, Le Retour.  Je lui ai dit que c'était un auteur de polars. Elle avait commencé à le lire dans le kiosque à journaux de la gare et cela lui avait plu. Nous sommes allés dans un restaurant japonais pour manger des sushi. Le matin même elle avait fait une présentation orale, avec PowerPoint, de son travail personnel sur le chant. Elle a été félicitée par sa tutrice. Nous avons parlé longuement. Ensuite nous sommes allés au cinéma voir le dernier Tarantino The Hateful Eight où il y a de magnifiques paysages de neige tournés dans les montagnes du Wyoming. Evidemment, il y a une explosion de violence à la fin, avec beaucoup, beaucoup de sang, le sang de ces chasseurs de primes qui s'entretuent à qui mieux mieux. Mais bon ! Il s'agit d'une violence avide de couleur rouge, de gestes brutaux, de regards apeurés qui s'entrecroisent avec les balles, de corps tombant comiquement les uns sur les autres, dans une sorte de danse finalement très convenue, offerte par l'esthétisme à une digestion émotionnelle plutôt paisible.

Dans le train, j'ai lu le dernier livre d'Echenoz, Envoyée spéciale aux Editions de Minuit. Je n'ai pas été entièrement convaincu, même si l'écriture est soignée, brillant des mille feux de l'imagination de l'auteur. Je n'ai pas encore terminé mais alors que les autres romans d'Echenoz se déploient tous sur fond d'une sorte de préoccupation fantasmatique, ici j'ai l'impression que ce fond est un peu trop léger pour servir d'appui à tout un livre.

vendredi 22 janvier 2016

Trains

J'entends les trains passer comme s'ils étaient juste derrière la fenêtre de la chambre où Joëlle m'a installé pour la nuit. J'aime bien les trains. On imagine tous ces voyageurs qui se sont levés tôt et qui vont au  travail. Un lapsus calami ? —comment appelle-t-on les lapsus que l'on fait avec un ordinateur ? mais oui, ce ne sont que des fautes de frappe, évidemment, ce ne sont pas des lapsus — bref, cette faute de frappe m'avait fait écrire : ... et qui vont au traca- et là je me suis repris, mais tracas plutôt que travail, cela convenait à mes pensées quand je pense justement à Joëlle, ou même à Isabel qui est en train de réformer complètement sa loja, ce qui est une tâche bien difficile et compliquée. Mais sa détermination est entière. Elle était triste de me voir partir. Pourtant je ne l'aide pas beaucoup dans ses projets. Alors elle me dit : "Tu es là." Est-ce que ça suffit ? d'être là ?

Un rêve a mis en scène mon réveil. Alexandre venait dans ma chambre. Puis je m'apercevais que ma soeur Marianne était juste à côté et que par dessus la mi-cloison qui séparait nos deux chambres elle me passait un bébé africain tout maigrichon qui me faisait des coucous sympathiques.

Je reviendrai certainement pendant la journée sur cette page.

jeudi 21 janvier 2016

Vélo volé

Les rêves sont parfois curieux. Je rêve souvent de vélos. Dans le dernier que j'ai fait, j'achète un tout nouveau vélo. Il est magnifique. Je vais à la piscine et l'emmène près du bassin. Je nage. Tout va bien. Je me rhabille et m'en vais. Tout-à-coup je me demande où est mon vélo. Aë, aïe, aïe... il n'était pas cadenassé. Je retourne à la piscine qui était en train de fermer. Mais la patronne, une amie, rouvre pour moi et nous cherchons le vélo partout. Ça y est ! On me l'a encore volé ! Je me mets en route pour rentrer avec mes deux compagnes et j'arrive devant chez elles. Mon vélo est là. Je l'avais oublié là, quand j'étais venu les voir auparavant.

Je disais que les rêves sont curieux à cause des émotions qu'ils vous font vivre. Ma tristesse an apprenant le vol. Mon embarras, un embarras mêlé de culpabilité, car cela me posait un problème d'argent. Ma reconnaissance pour mes amies qui cherchent avec moi à la piscine. Ma joie de le retrouver devant chez elle. Ma préoccupation quand je constate qu'il faudra que je le nettoie. Bref, c'est cette palette d'émotions courantes et variées qui m'intrigue, toutes ressenties avec une authenticité étonnante, en quelques minutes seulement.

Hier après-midi, j'ai cavalé dans les rues de la ville à la recherche de Roquefort pour faire un potage de brocolis au Roquefort. Il était très bon mais j'ai marché pendant plus d'une heure dans des rues qui montaient et descendaient sans arrêt, Lisbonne quoi ! Après le potage, j'ai fait un hachis Parmentier confectionné d'après la recette de Femmes Cuisine. Pas mal.

On continue la danse des morts avec Edmonde Charles-Roux, 95 ans, auteur de Oublier Palerme, Prix Goncourt en 1966. Je ne l'ai pas lu, mais on en avait beaucoup parlé à l'époque. J'ai envie de le lire.

Je m'envole pour Paris aujourd'hui.

mercredi 20 janvier 2016

Doute

Après un dernier rêve assez curieux, qui mettait en scène un homme chargé d'emballer un petit rat domestique vivant et qui nous montre comment on procède : je le vois manipuler un carton avec une dextérité qui me surprend. Difficile à décrire mais le rat se retrouve dans le carton en un tournemain. Et l'homme —il me faisait penser à Alain Lévy, un grand gaillard voûté, qui nous attendait tous les jours dans un café au sortir du lycée pour discuter et refaire le monde ensemble— me dit : "Quand on sait faire une chose parfaitement, il est difficile de ne pas la faire parfaitement."

Cela a l'air d'être une sorte de proverbe absurde, mais je me suis réveillé tout secoué par cette vérité profonde. Et, comme pour balayer le souvenir de ce rêve, une question m'est venue à l'esprit : "Comment ébranler une croyance ?" Qui s'est tout de suite transformée en celle-ci : "Comment donner son statut de croyance à une croyance ?" Comme si une croyance qui ne serait pas marquée par une pointe de doute ne pouvait plus être une croyance. Mais le rôle du doute dans le fonctionnement subjectif de la croyance est assez subtil. Il ne s'agit pas seulement qu'il soit là. Il faut qu'il soit là, vaincu par l'engagement subjectif du croyant. Un engagement qui doit se renouveler en permanence. Le doute ne peut être présent, triomphant. C'est sans doute pourquoi Descartes demandait à Dieu qu'il soit garant de sa propre existence. Pour se garantir contre un triomphe du doute tel que le rêve semblait pouvoir l'induire.

Finalement, il y a quelque chose d'incroyablement radical dans le doute lui-même, plus radical sans doute, que dans la foi.

La danse macabre continue avec Ettore Scola à 84 ans.

mardi 19 janvier 2016

Rapprochement

J'apprends que l'auteur de Vendredi ou les limbes du Pacifique et du Roi des Aulnes, Michel Tournier est mort, hier, à l'âge de 91 ans. Je trouve ce début d'année 2016 assez funèbre, finalement. Il n'y a pas de jour sans que j'apprenne la mort de personnes dont les noms, d'une manière ou d'une autre, m'étaient familiers. C'est sans doute un effet de l'âge. Les gens dont j'admirais sans doute la réussite devaient être soit mes  contemporains soit un peu plus vieux que moi-même. C'est à leur tour de mourir. Mon tour viendra.

Les noms de tous ceux qui sont morts quand j'avais trente, quarante ou cinquante ans, pouvaient aussi m'être très familiers : André Gide, Paul Claudel, Jean-Sol Partre, Merlean-Ponty, même Heidegger que mon prof de philo allait visiter dans la Forêt Noire tous les week ends, Jacques Bref, Edith Piaf, Georges Brassens, Elvis Priesley, John Lennon, Marcel Carné, Hervé Bazin, François Mauriac, Paul Feyerabend, Abraham Moles, Henri Lefèbvre, Paul Ricœur qui était notre voisin immédiat quand j'habitais la Robertsau avec ma famille à la fin des années 50 —la fenêtre de ma chambre au premier étage était juste en face de la fenêtre de son bureau— Jacques Lacan, Simone de Beauvoir, Guy Debord, etc... toutes ces personnes dont les noms m'étaient familiers alors qu'elles étaient encore vivantes, sont mortes aujourd'hui, souvent mortes depuis longtemps. Les médias en ont parlé tout comme ils ont parlé de David Bowie et vont parler de Michel Tournier. Peut-être que l'effet dont je parle n'est rien d'autre que celui d'un rapprochement. Les écarts d'âge diminuent. Je me rapproche tout doucement et, pour le moment, très calmement de cette immense cohorte des morts.

Cette image m'a sans doute été inspirée par le film Selma que j'ai vu hier soir avec Isabel et qui relate la grande marche entre la ville de Selma et Montgomery, en Alabama, conduite par Martin Luther King et qui devait amener le président Johnson à signer son projet de loi qui reconnaissait le droit d'inscription sur les listes électorales à tous les citoyens américains. Un très beau film qui parle de la non-violence et qui devrait inspirer tous les humains ayant des revendications légitimes pour plus de justice et d'égalité. Je suis encore —et pour le plus longtemps possible— dans la cohorte des vivants.

* * *

Les annonces de la mort de Michel Tournier mentionnent généralement Vendredi ou la vie sauvage, qui est la version pour enfants du livre. Aujourd'hui, on annonce également la mort de Glenn Frey, l'un des chanteurs des Eagles, le groupe de l'Hôtel California dont je me régalais les tympans quand j'étais à York. 


lundi 18 janvier 2016

Glacial

Il fait glacial ce matin. On entend les rafales du vent. Pourtant le ciel est bien dégagé. Un avion solitaire le traverse dans un profond silence, laissant derrière lui un double sillage très fin et très blanc qui s'estompe aussitôt.

Hier nous avons regardé Le Pont de la rivière Kwaï avec David Niven qui nous a donné une petite leçon sur le thème du militaire britannique face à la soldatesque nippone. Cela se passe en 1943. Le pragmatisme flegmatique des Anglais y est assez bien décrit quoique, à la fin du film, le colonel joué par David Niven, en découvrant le fil qui doit mettre le feu aux explosifs posés sous le pont tout neuf qu'il a fait construire par ses hommes, perd quand même un peu de son calme souverain. Ce film est long mais il se laisse encore voir.

Hier, j'ai poursuivi mes explorations sporadiques et hésitantes de ce thème de la nature. J'ai repris la lecture de Thoreau sur la marche —la marche en forêt, orientée de préférence vers l'ouest, le saviez-vous ?— et j'ai cherché partout mon exemplaire de Walden sans pouvoir mettre la main dessus. J'ai revu, avec Isabel, My Life as a Turkey. Cette fois, ce documentaire assez lent m'a paru prendre des raccourcis incroyablement simplificateurs par rapport au livre que j'avais terminé récemment. Contraste surprenant entre le rythme de la lecture par rapport au cinéma. C'est vraiment très différent. Je le savais, évidemment mais là le contraste m'a surpris. Et ce n'était pas vraiment le cas quand j'ai vu le film Austerlitz quelque temps après avoir lu le livre. Peut-être que quand on lit le livre après avoir vu le film, les choses changent. Autant un film peut vous rappeler certaines sensations ou émotions qui ont pu être provoquées par la lecture —ce fut le cas avec Austerlitz et l'interprétation magnifique de Davant—, autant un livre me semble incapable de vous rappeler le film. C'est un autre monde, tellement plus détaillé, plus riche.  Je travaille également sur le livre que j'écris avec Jeannot.

J'entends le vent siffler dehors. Une bonne douche va me réchauffer.

dimanche 17 janvier 2016

Flamboyant

Ce matin, le ciel était incroyablement rouge mais cela n'a duré que quelques secondes. J'ai essayé de prendre une photo mais le flamboiement du ciel était déjà en train de laisser la place à un couvercle gris sinistre. Mais pendant quelques instants, ce fut un spectacle surprenant. Tout le ciel —un ciel très nuageux d'ailleurs— avait pris la couleur de cette boîte d'archives rouge vif qui se trouve sur l'appui de ma fenêtre.


Dans la journée d'hier et toujours dans la perspective d'un petit livre sur la nature, j'ai repris la lecture de Joe Hutto, Illumination in the Flatwoods, que j'avais plus ou moins laissé tomber en raison des aspects très répétitifs de son récit. Mais je voulais quand même aller jusqu'au bout, sachant, après avoir vu le film documentaire My Life as a Turkey, qu'il se passait des choses peu ordinaires à la fin de son expérience d'imprinting avec les dindes sauvages dont il avait fait éclore les œufs et qu'il avait soignées jusqu'à l'âge adulte. Le film est une réplication de l'expérience et c'est Jeff Palmer (Photo de droite) qui y joue son propre rôle. Toutes ses dindes l'ont quitté à un moment donné sauf une, Turkey Boy, un mâle magnifique, devenu une sorte de compagnon de ballade extrêmement fidèle. [Il faut préciser qu'il ne s'agit absolument pas d'animaux apprivoisés. D'ailleurs, si l'auteur laissait échapper quelques sons de sa voix humaine normale, cela provoquait des attitudes de stupéfaction chez les animaux. Les animaux apprivoisés sont ceux que l'on fait entrer dans le monde des hommes. Le livre de Hutto parle de son entrée et de sa vie dans le monde des dindes sauvages. C'est vraiment très différent.] A la fin du livre, Turkey Boy est passé à l'attaque en agressant violemment Joe Hutto comme s'il s'agissait d'un mâle concurrent, d'un rival. La description de cette période de bataille d'un homme avec une dinde sauvage est fascinante. Le problème ne trouvera sa solution qu'au moment où Turkey Boy tombera malade (après avoir reçu des injections destinées à le calmer) et sera proche de la mort. Il guérira et après son rétablissement, il restera longtemps le compagnon de l'auteur tout en n'abandonnant aucunement ce qui faisait de lui a wild turkey. Je recommande encore une fois ce film documentaire tout-à-fait extraordinaire.

On pourra lire une interview de Joe Hutto à cette adresse :
http://www.pbs.org/wnet/nature/my-life-as-a-turkey-qa-with-naturalist-joe-hutto/7389/

samedi 16 janvier 2016

Bleu

C'est la couleur du ciel de Lisbonne, ce matin : un bleu d'une pureté rare. Pas le moindre petit nuage à l'horizon, pas un seul pli d'avion, une teinte légèrement dorée sur le bord sud-ouest, la journée s'annonce grandiose. A Luxembourg par contre, il y a de la neige. Charlotte m'a envoyé quelques photos et les informations nous parlent de Strasbourg enveloppée d'un grand manteau blanc. Dans cinq jours, je serai à Paris.

Mon "souvenir" d'hier venait de ma préoccupation d'écriture sur les représentations de la nature. Je n'oublie pas qu'à l'origine, le titre de mon doctorat d'Etat devait être "Nature, monnaie et connaissance". Ce titre venait de ma lecture du livre de Prigogine et Stengers, La Nouvelle alliance qui, à l'époque, avait fait grand bruit. J'avais même écrit une quarantaine de pages justement sur le livre, ce qui avait résolument lancé mon intérêt pour la question. A un moment donné cependant, je me suis dit qu'il était impossible de mettre la nature en scène sans s'interroger au préalable sur la scène précisément, à savoir, l'écriture. D'où le nouveau titre Ecriture, monnaie et connaissance qui ne retenait guère les éléments de ma critique de Prigogine et Stengers.

Voici comment je poursuivais ma réflexion d'hier :

Je me sens très désemparé devant ce projet d’écrire un texte sur les représentations de la nature. Comme si, à travers ce que je pourrais dire de ces représentations, la nature serait condamnée à disparaître pour ne rien laisser d’elle, derrière la multiplicité de ses représentations. Ce ne serait rien d’autre qu’un voyage à travers les cultures tant il est vrai que le regard qu’un humain peut porter sur la nature est forcément rattaché à une manière singulière et culturelle de voir. Il y a autant de natures que de cultures. (Jurdant, 1980) Nous sommes en pleine incommensurabilité. Encore que... Il n’est pas impossible que certaines cultures ne soient à l’origine d’aucune représentation spécifique de la nature. Il n’est pas exclu que pour certaines d’entre elles, l’idée même d’une nature susceptible d’être la nature, soit totalement incompatible avec l’expérience du monde qu’elles définissent. 


* * *

Je viens de lire un article très intéressant dans le Guardian, par Jonathan Freedland sur les limites du dessin satirique, article que l'on trouvera à cette adresse :
http://www.theguardian.com/commentisfree/2016/jan/15/satire-charlie-hebdo-cartoon-problem?utm_source=esp&utm_medium=Email&utm_campaign=GU+Today+main+NEW+H&utm_term=151328&subid=13292981&CMP=EMCNEWEML6619I2

En voici la conclusion :
"Maybe a couple of the satirists’ own rules might be helpful. The former Spitting Image writer John O’Farrell says he adheres to the time-honoured maxim that the comic should always be “punching up”, not down. Laughing at the weak is never funny, and there is nobody weaker than a dead child washed up on a beach. As for the second rule, O’Farrell recalls David Attenborough’s advice to the Monty Python team: “Use shock sparingly.” And perhaps there is a third. If you’re aiming a lethal arrow, be sure to shoot straight at the target. Because if you miss, you might not hurt your enemy: you might just help him instead."

vendredi 15 janvier 2016

Souvenir

Je me souviens des sept gravières, creusées le long du Rhin à proximité de Strasbourg. Par les grandes chaleurs de l'été, les Strasbourgeois allaient s'y baigner. Chaque gravière avait sa propre personnalité sociologique. La première était supposée sale et peu propice à la baignade. Seuls quelques néophytes y risquaient leur peau dans une eau réputée pour sa pollution. Odeurs de vase. Il y avait ensuite deux ou trois gravières populaires sur les bords desquelles les gens pique-niquaient avec tout un attirail adéquat : bouteilles de gaz bleues alimentant de petits réchauds fragiles en équilibre instable sur les galets, chaises en toile, tables pliantes, marmailles gesticulantes, tatouages sur bras musclés, les mères énormes se disputant avec leurs maigres brus aux cheveux blonds. Odeurs de merguez. La cinquième gravière était peuplée de "gens bien", vraiment bien, sagement étalés au soleil, parfois avec un livre sur de larges draps de bains, des enfants parlant anglais juste à côté. Odeurs de crèmes solaires. La sixième accueillait les bobos naturistes qui exposaient leur nudité aux jumelles des voyeurs de la digue surplombant à une centaine de mètres plus loin les ébats de cette population scandaleusement désinhibée. Odeurs de sexe. Enfin, il y avait la septième gravière, entourée d'un grillage où s'affichaient des panneaux "Défense d'entrer" ou "Baignade interdite". Il s'agissait d'un "site naturel" d'où les humains étaient soigneusement exclus. On voulait sans doute voir ce que la nature en ferait si on la laissait fonctionner toute seule, sans interférences intempestives. C'était le lieu de la nature. La mauvaise herbe y poussait sauvagement, n'importe comment. D'immenses chardons et de grosses touffes d'horties redoublaient la protection du grillage. On y apercevait des foulques. Odeurs de zoo.

jeudi 14 janvier 2016

Nombre...

...de rêves, cette nuit. Un toutes les dix minutes environ, en séquence presque. La visite d'une exposition avec Isabel. Je la suis en scooter, tout en mangeant un immense sandwich au pâté de chevreuil, dans une forêt. Je mange si goulûment que je m'étrangle et me réveille en toussant. Juste auparavant, j'étais dans un hôtel à Paris : une chambre de plain pied avec la rue, un vasistas comme fenêtre derrière laquelle était assis des militaires qui me tournaient le dos. Puis un grand mariage, toujours à Paris où je me rends de nouveau en scooter. Chaque invité reçoit un cadeau d'au moins cinq cent euros. Etc., etc. Que de rêves dont je n'évoque ici que quelques détails. Des images, qui ne sont pas véritablement liées les unes aux autres. Et pourtant, dès que la conscience s'en empare, elle fait des liens et transforme ces successions en récits.

Peut-on rêver de "la nature" ? Certes on peut voir des "bouts de nature" dans ses rêves : forêts, cascades, montagnes, nuages, océans, plages, éléphants, oiseaux, araignées, loups, insectes, soleils, etc., mais je ne conçois pas ces apparitions oniriques comme des éléments qui viendraient nous visiter pour symboliser ou représenter "la" nature. Ce sont des "bouts" de langage plutôt que des "bouts" de nature. Pourtant c'est bien ce qui se passe à la télévision qui, à travers ses reportages animaliers ou géographiques, découpe la nature en petites tranches comme s'il s'agissait d'un saucisson. Certains aspects de ces reportages sont prodigieusement énervants. Par exemple, on ne peut plus voir un ciel nuageux sans que des effets d'accéléré fassent bouger les nuages à toute vitesse. C'est devenu une manie documentaire insupportable. Comme si les images télévisées étaient incompatibles avec une vision calme et attentive du ciel.

* * *

Jeremy Corbyn est en train semble-t-il de remettre le cœur de la gauche à gauche. Intéressant ce qui se passe en Angleterre pour le moment :

"The Guardian has interviewed Labour secretaries, chairs, other office holders and members from more than 100 of the 632 constituencies in England, Scotland and Wales. Almost every constituency party across the country we contacted reported doubling, trebling, quadrupling or even quintupling membership, and a revival of branches that had been moribund for years and close to folding."

mercredi 13 janvier 2016

Komodo

C'est une île d'Indonésie qui a fait l'objet d'un reportage animalier sur Arte hier après-midi. C'est ainsi que j'ai pu "observer" les varans de Komodo qui, pour les nombreux touristes qui débarquent là-bas, sont les "dragons de Komodo". Ils sont très nombreux. On voit notamment un groupe de varans s'attaquer à un buffle en train de mourir. La scène est très impressionnante. Ils s'attaquent également à un cerf malade qui se défend courageusement au début mais qui, bientôt, se fait dévorer. Ces varans constituent la principale source de revenus du village. Les touristes débarquent avec leurs appareils photos et leurs téléphones pour pouvoir ramener chez eux ces images de la nature. Les varans se promènent tranquillement dans le village. Ils y ont été attirés par les hommes grâce à des appâts accrochés à des ficelles qu'ils traînent derrière eux pour allécher les varans. Ceux-ci suivent docilement. Les hommes se tiennent à bonne distance de ces dragons assez placides mais toujours prêts sans doute à se payer une bonne bouchée de chair humaine si l'occasion se présente. Il faut donc rester prudent avec la nature. C'est comme avec les baleines de la Peninsula Valdez, cet "objet touristique" étudié par Igor Babou dans le livre que j'ai cité avant-hier. On va "voir" les baleines. On embarque dans un bateau après avoir revêtu des cirés et des gilets de sauvetage orange. On s'approche à bonne distance, de ces immenses animaux dont on ne voit guère que des détails fugitifs : une queue sortant de l'eau, la masse noire d'un dos qu'un goéland vient percer cruellement pour se nourrir de la graisse sous-cutanée de l'animal, peu de choses en fait, qui seront cependant photographiées à une infinité d'exemplaires pour constituer les souvenirs de vacances. On appelle ça "le tourisme de la nature". Cela inclut les cascades du Niagara, les éléphants d'Inde ou d'Afrique, les neiges du Kilimandjaro, etc.  Il y a les fameux "big five" nommés ainsi par Ernest Hemingway : le lion, l'éléphant d'Afrique, le léopard, le buffle d'Afrique et le rhinocéros noir.

La nature. Quelle nature ? C'est le titre que j'envisagerais volontiers pour le petit ouvrage que l'on me demande d'écrire : Quelle nature ?


mardi 12 janvier 2016

Baekeoffe

Emmanuelle nous a préparé un délicieux baekeoffe pour le dîner d'hier soir.  C'était vraiment très bon. Nous avons regardé sur Arte le film tourné en 1974 d'après le roman d'Agatha Christie Le crime de l'Orient Express de Sydney Lumet avec toute une pléïade de vedettes (Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Sean Connery, Richard Widmark, Jean-Pierre Cassel, etc.). Hercule Poirot découvre évidemment la clé de l'énigme. Le film m'a-t-il plu ? Certes, je l'ai regardé jusqu'à la fin, mais je ne peux pas dire que cela m'a passionné. C'est comme si on regardait le même tableau pendant toute la durée du film. Les images se succèdent et se ressemblent étrangement. Le film m'a paru incroyablement statique. C'est une impression assez bizarre, surtout quand elle vient d'un polar, un film d'action où il n'y a guère d'action justement. C'est aussi un film incroyablement bavard. Mais cela est sans doute dû à Agatha Christie.

Hier matin, je suis allé aux urgences à l'hôpital. Avec Isabel et Emmanuelle. J'avais ressenti une douleur vive dans la région du cœur. En fait, il s'agissait sans doute d'un spasme musculaire. On a vérifié mon électrocardiogramme, on m'a fait une radio des poumons, on m'a fait une prise de sang artériel. Une jeune médecin adorable m'a ensuite totalement rassuré. Bref, je m'étais inquiété pour rien. Quoique, sur le moment, je me suis senti tout pâle. Isabel m'a confirmé que j'étais blanc comme un linge.

lundi 11 janvier 2016

Rêve d'examen

Il y avait longtemps que cela ne m'était plus arrivé : un rêve d'examen. Examen d'anglais. Le prof nous dictait des listes de mots anglais prononcés dans toutes sortes d'accents différents. Evidemment, je n'avais pas de feuille pour écrire les mots et aucun de mes camarades ne voulait m'en prêter. J'ai dû me rabattre sur des bouts de papier trouvés dans mes poches et déjà couverts d'écritures diverses en raturant ce qui n'avait rien à voir avec l'examen. Bref, ma négligence me mettait en rade. L'une des listes avait pour titre "Marx" dont le premier mot à reproduire était "comrade" et que mon voisin avait orthographié "camarade".

Ce rêve m'intrigue. Il se réfère certainement à la proposition d'avant hier. En tout cas j'ai trouvé un lien : la thèse de doctorat de Marx sur les représentations de la nature chez Démocrite et Epicure, thèse dont la lecture il y a bien des années m'avait passionné.

Hier, avec Emmanuelle, nous sommes allés à Guincho pour déjeuner devant un océan atlantique démonté. Une charge de mousse blanche venait du large et le vent arrachait des flocons d'écume qu'il faisait voler comme de la neige dans les rochers. La couleur vert-sombre de l'eau n'apparaissait que dans une marge assez étroite à proximité de la plage. A certains endroits de la côte, beaucoup de gens se promenaient pour affronter la tempête. Ils assistaient au "spectacle de la nature", titre du célèbre ouvrage de l'abbé Pluche (Noël-Antoine Pluche) de 1736 que j'avais étudié à Strasbourg pour une dissertation de philosophie dont le sujet avait été proposé par Georges Gusdorf.

* * *

David Bowie est mort hier, dimanche, d'un cancer. Il avait 69 ans.

dimanche 10 janvier 2016

La Nature

J'ai tapé "la nature" dans la case de recherche de Google et j'ai obtenu 583 millions d'entrées en un peu plus d'une demi-seconde. A titre de comparaison, j'ai tapé "le monde" ensuite et j'ai eu droit à 293 millions d'entrées tandis que "Dieu" ne m'a apporté que 181 millions de références en un tiers de seconde. "L'univers" se situe à un peu plus de 100 millions. J'utilise l'article défini pour signaler l'aspect conceptuel de ma recherche et la langue. En tapant simplement "nature" j'obtiens 1,7 milliard de résultats parmi lesquelles il faut compter toutes les références anglo-saxonnes, ce qui fausse un peu le jeu. En tapant "God" j'obtiens 1,33 milliard de résultats. Ces chiffres, évidemment, n'ont pas beaucoup de sens. Ou, en tout cas, s'ils en ont, il m'est difficile de faire des hypothèses raisonnables.

Il vaut mieux se fier à des livres pour tâter le terrain de la nature et ses représentations. Je n'ai pas encore dit "oui" à la proposition dont j'ai parlé hier, mais je convoque quelques auteurs pour me faire une idée. Le premier qui m'est venu à l'esprit est Igor Babou avec son ouvrage Disposer de la nature, qui raconte son "terrain" de sémioticien-anthropologue en Patagonie. Je l'avais lu rapidement quand il m'avait offert le livre mais hier je l'ai repris avec beaucoup plus d'attention, cette attention qui change quand elle est orientée par un dessein, aussi vague et conditionnel fut-il. En tout cas, j'ai trouvé son texte très intéressant, bien écrit et authentique. Voilà une entrée bien plus parlante que celle de Google. Vais-je me lancer dans la rédaction de ce petit ouvrage qui m'est demandé ? J'hésite encore devant l'ampleur du sujet et surtout en raison des textes qui sont en cours d'écriture et qui risquent de souffrir de ce projet supplémentaire.

40 pages : c'est à peu près la taille de mon essai Hommes et langues du Tiers-Monde de 1982 qui comprenait environ 100.000 signes, en fait, 60 pages. Je me souviens l'avoir écrit assez rapidement au milieu d'une foule d'autres tâches professionnelles très exigeantes. Mais il s'agit là d'un format qui me convient assez bien.

samedi 9 janvier 2016

Proposition

Hier, j'ai reçu la proposition d'un éditeur électronique pour écrire un livre sur le thème "la nature et ses représentations". Le format est déterminé d'avance : 40 pages, 80.000 signes, espaces blancs compris. Dans le rêve dont je viens de me réveiller, Guy Ourisson était plutôt content. Il était venu me voir dans mon bureau et il était fatigué. Je lui ai dit : "Mais allonge-toi quelques instants sur le lit." Il accepte ma proposition. Peu après, je m'aperçois qu'il a changé de lit (il y en avait deux dans ce bureau). Francis Schuber était là également avec un autre scientifique. Moi, j'essayais d'écrire sur une petite table qui avait du mal à se stabiliser justement. Je sors du bâtiment avec un collègue qui me demande s'il peut m'envoyer un article scientifique. "Lisez-vous ce genre de chose ?" me demande-t-il. "Cela m'arrive, en effet", lui répondais-je.

J'ai envie d'accepter cette proposition qui me tombe dessus de je ne sais où. Il est possible que ce soit Robert Nicolaï qui ait parlé de moi à cet éditeur. Il a lui-même écrit un petit livre dans cette collection électronique. Je me dis que je pourrais toujours essayer. Mais tant d'auteurs me précèdent sur ce thème. Je pense à Serge Moscovici, Jacques Ruffié, Bruno Latour, et tant d'autres, auteurs de gros volumes qui ont fait date, les anthropologues, les philosophes sans compter les auteurs du XIXe, les romantiques allemands, ceux du XVIIIe et en particulier, mon cher Diderot, ceux du XVIIe : Spinoza, Descartes... Mais ce ne doit pas être un livre d'érudition savante. Il s'agit de faire le point sur cette question, à une époque —aujourd'hui— où il est peut être utile d'y réfléchir. Je pense à ce qu'en disait Pierre Rahbi dans l'émission de Franz Olivier Gisbert que j'ai citée il n'y a pas longtemps, en réponse à une journaliste qui lui reprochait son irénisme en évoquant une nature dangereuse, hostile, agressive et méchante. Pierre Rahbi l'a regardée, manifestement étonné par de tels a priori. C'était la fin de l'émission. Je crois qu'il a simplement dit ; "Non, la nature n'est pas dangereuse." Comme ajouterait Isabelle Stengers, ce n'est pas elle qui nous appartient, c'est nous qui lui appartenons.

vendredi 8 janvier 2016

Maussade

Le temps est bien maussade aujourd'hui. Il fait froid. Le soleil n'est pas encore levé et la ville est dans une obscurité complète. Le bruit d'une voiture remontant la rue de temps en temps. Sinon, silence complet. Non : le ronronnement d'un moteur d'avion très lointain.

Avant de m'endormir, hier soir, je relisais quelques pages de La rage de l'expression de Francis Ponge. Je vous offre ce passage, tout au début de "L'œillet", page 55 :
"Relever le défi des choses au langage. Par exemple ces œillets défient le langage. Je n'aurai de cesse avant d'avoir assemblé quelques mots à la lecture ou l'audition desquels l'on doive s'écrier nécessairement : c'est de quelque chose comme un œillet qu'il s'agit.
Est-ce là poésie ? Je n'en sais rien, et peu importe. Pour moi c'est un besoin, un engagement, une colère, une affaire d'amour-propre et voilà tout."

Faire que le langage puisse exprimer ce qu'il y a de plus intimement lointain de lui-même, à savoir, les choses. Je partage cette ambition tout en étant bien loin d'y réussir. Parfois, Francis Ponge y réussit pleinement et c'est magnifique.

"Etant donné une chose, écrit-il, — la plus ordinaire soit-elle — il me semble qu'elle présente toujours quelques qualités vraiment particulières sur lesquelles, si elles étaient clairement et simplement exprimées, il y aurait opinion unanime et constante : ce sont celles que je cherche à dégager.
(...)
Quelles disciplines sont nécessaires au succès de cette entreprise ? Celles de l'esprit scientifique sans doute, mais surtout beaucoup d'art. Et c'est pourquoi je pense qu'un jour une telle recherche pourra aussi légitimement être appelée poésie." (p.56)

jeudi 7 janvier 2016

Nocturne

Réveillé à 4 heures. Insomnie pas désagréable. Prise de conscience que le "global" n'existe que dans nos têtes. C'est un monstre analogue à ce dieu que pourfend Xénophane, et qui nous fascine, et qui, en nous fascinant, en nous obnubilant, nous décapite. Le "global" nous distrait du "local". Et sans l'attention que demande notre ancrage en un lieu bien précis, ici et maintenant, il n'y a pas de vie. Je repensais au documentaire Demain—dont j'ai déjà parlé avant-hier, je crois—et à ces mouvances invisibles et concrètes qui renouvellent la fabrique du monde, qui innervent le présent des hommes et des choses. C'est un film très convaincant.

Hier après-midi j'ai regardé l'émission "Les grandes questions" de Franz-Olivier Giesbert avec Pierre Rabhi, Mathieu Ricard et Stéphane Le Foll. Mises à part les interventions intempestives et presque toujours déplacées (souvent vulgaires) du journaliste, les propos de ces trois personnalités sur le thème "le bonheur est dans le pré" étaient tout-à-fait pertinents : une certaine sagesse aux prises avec l'imbécilité indécrottable des médias.

mercredi 6 janvier 2016

Sac volé

Cela se passait sur le campus d'une université anglaise ou irlandaise. Je venais d'assister à un cours. Je sors de la salle avec les autres étudiants et j'y oublie mon sac à dos carré et noir, celui auquel je tiens. Quand je m'en aperçois, je retourne dans la salle mais mon sac n'y est plus. Avec d'autres étudiants, je  me dirige vers une sorte de cantine et l'une des étudiantes voit mon sac, par terre, près du bâtiment. Il est méconnaissable. Il a été teint en une sorte de jaune horrible et on lui a cousu des fanfreluches dans un tissu à fleurs pour changer son aspect. Mais c'est bien lui. Dans le sac, il y avait certaines de mes affaires —des livres— mais surtout, une sorte de pique nique qui avait rendu l'intérieur du sac collant. Le petit sac à dos bleu et rond que le voleur avait laissé dans la classe était le sien. Je me demande si je pourrai reteindre mon sac à dos en noir pour en récupérer ce qui me le rendait si précieux.

Je vais reprendre mes jus de légumes du matin. En y ajoutant de l'aloe vera.

La Corée du Nord vient de faire exploser ce qu'eux-mêmes qualifient de mini-bombe à hydrogène. Le monde entier s'en émeut.

J'ai aussi appris les événements scabreux de Cologne. Des femmes malmenées par une quarantaine d'hommes décidés à en découdre. Heureusement le quartier où habite ma fille Célia est assez loin du centre et dégage une atmosphère plutôt "bobo", ce qui le rend agréable à vivre.

mardi 5 janvier 2016

Re-Khadra

Dans l'avion, j'ai lu un nouveau Khadra : Qu'attendent les singes, ouvrage qui exploite les mêmes éléments qui font l'intérêt du Quatuor algérien ; même atmosphère glauque d'une Algérie où ce sont les corrompus qui font la loi. J'avais hésité dans la librairie de l'aéroport mais en voyant la mise en scène d'une commissaire féminine, je me suis décidé. Et cela n'a pas manqué. Cette commissaire de police, Nora, a bien du mal à survivre dans le monde machiste à l'extrême de l'Algérie d'aujourd'hui. D'ailleurs, comme si sa position était intenable pour l'auteur lui-même, elle meurt à la fin du roman, tandis que son adjoint, dont on évoque l'impuissance pendant le roman, retrouve toute sa virilité après la mort de son (sa) chef.

Nous sommes descendus de l'avion hier soir. Il pleuvait. Ce matin, le ciel est bleu avec de gros nuages bordés d'or et d'argent, qui se bousculent à l'horizon. Nous avons attendu nos bagages pendant une heure.  A la maison, un bon dîner végétarien, préparé par Rebecca, nous attendait. Nous étions huit à table : Hélène, Eric, Gregory, Rebecca, Pierre-Yves et Pascal en plus d'Isabel et moi. Une atmosphère très joyeuse franco-britannique qui ne nous changeait guère des jours que nous avons passés à Saint Pierre d'Autils, près de Vernon. Comme j'évoque ces jours passés en famille, je voudrais mentionner tout le bien que ma fille Célia, à qui j'avais demandé une séance de technique Alexander, m'a fait. Je me surprends très souvent à penser à ce qu'elle me disait de ma posture et je me redresse, pensant comment ma tête doit se sentir libre et droite, au sommet de ma colonne vertébrale. Je pense à son sourire quand elle me dit : "Voilà ! C'est ça !" Et je sens que mon rapport au monde change à travers ce simple redressement du corps qui le rend prêt à considérer le monde du haut de lui-même, sans plus, avec attention mais sans tension. Bref, je remercie Célia pour cette séance qui m'a fait découvrir une possibilité de moi-même.

Je lis cette "écologie du sensible" que vient de m'envoyer Joëlle. Texte superbe qui, bien que très éloigné des propos de David Abram, y fait écho de manière singulière pour le lecteur que je suis. "Il faut se mettre à la merci de ce qui nous traverse", écrit Joëlle à la fin de son texte. A méditer.

lundi 4 janvier 2016

Moretti

Nous sommes allés voir le dernier film de Nanni Moretti, Mia Madre, un film dont le moteur est la réflexivité. Nous y voyons un film se fabriquer pendant que la mère de la réalisatrice est en train de mourir et meurt finalement, au cours d'une scène qui ne pouvait pas ne pas me faire penser à la mort de ma propre mère, le 4 janvier 1960. Mais la scène dans le film dure peut-être deux minutes alors que l'agonie de maman a duré, j'allais dire plusieurs heures, mais ce n'est certainement pas çà, au moins une heure sans doute, une heure qui m'a paru une éternité. En tout cas ce film m'a rappelé douloureusement les derniers moments de ma propre mère à l'hôpital civil de Strasbourg. Comme le disait M. en sortant du cinéma, le film laisse une impression de lourdeur comme si l'expérience sensible de la mort d'un être aussi cher qu'une maman se répercutait pour effacer toutes les différences de valeur que nous accordons aux événements de notre vie quotidienne. Une sorte d'uniformité grise envahit le quotidien au nom de cette imprégnation lente d'une gravité associée à notre mortalité.

En début d'après-midi, nous sommes allés conduire Charlotte à la gare de l'Est d'où elle prenait le train pour retourner à l'internat. Ce retour la rendait très triste. Elle éprouvait beaucoup d'hostilité vis-à-vis de sa tutrice. Retrouver ces expériences d'humiliation qu'elle lui fait subir sans en être tout à fait consciente sans doute, assombrit complètement ce retour dans une école qui devrait susciter l'enthousiasme. Avec Charlotte, c'est raté.

dimanche 3 janvier 2016

Splendeurs...

... et misères de la prostitution entre 1850 et 1910. Nous avons vu cette exposition très bien commentée et qui nous offre beaucoup de tableaux très connus de Toulouse-Lautrec, Monet, Forain, Degas, Picasso, Kupka et bien d'autres nous montrant le Paris de la séduction commercialisée avec beaucoup de femmes à demi (ou parfois complètement) dénudées pour le plaisir d'un regard masculin plein de concupiscence. J'ai pris une photo avec mon téléphone portable d'un petit tableau sous vitrine que j'ai trouvé particulièrement érotique et suggestif.

Le soir nous sommes allés voir le documentaire Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion. J'ai trouvé ce film très intéressant, très clair et précis sur les solutions actuellement mises en œuvre un peu partout dans le monde (en Inde, aux USA, en Angleterre, en France, en Islande, etc.) pour pallier aux désastres provoqués par la mondialisation du capitalisme. Toutes ces solutions passent par un ré-ancrage dans la dimension locale et concrète de la vie : une agriculture qui fait fonctionner la diversité comme un moteur, une démocratie qui révoque les représentants au moindre soupçon de corruption et qui parie sur le tirage au sort pour garantir la représentation du peuple, des entreprises qui réussissent à rallier tout le personnel à ses objectifs, etc. J'ai particulièrement apprécié les exemples qu'il nous donne d'une école en Finlande, où les enfants sont absolument libres de leurs mouvements et du temps qu'ils peuvent mettre à accomplir telle ou telle tâche. Là-bas, les adultes sont très proches des enfants. Ils mangent ensemble. Ils se respectent les uns les autres. Et l'on voit bien que cette proximité ne nuit absolument pas à leur autorité. Pourquoi croit-on que l'autorité a besoin d'une distance pour se faire reconnaître ? C'est un pur préjugé qui nous conduit bien souvent à des abus. Dans le film, on voit le directeur faire sauter les enfants, s'amuser avec eux sans que cela ne nuise en rien à son ascendant ou sa dignité. Dans cette école également, il est clairement énoncé que c'est la diversité elle-même qui encourage la créativité et l'excellence des performances. J'ai été frappé par le fait qu'en Finlande, l'Etat s'est directement inspiré des grands réformateurs de l'éducation scolaire —Montessori, Decroly, Freynet, Dewey— pour changer l'école. Le directeur qui est mis en scène dans le film dit clairement que l'école finlandaise n'est plus du tout basée sur l'évaluation : les élèves ne sont pas évalués, les profs ne sont pas évalués pas plus que les établissements eux-mêmes. Cela change tout, mais ces changements ont pris du temps : entre dix et vingt ans. Aujourd'hui la Finlande peut s'enorgueillir des meilleures performances de ses élèves au niveau mondial tout en maintenant leur capacité à être heureux.

samedi 2 janvier 2016

Aït Ahmed

A travers les branches d'un sapin de Noël qui s'attarde dans le salon de Sandrine, je vois un ciel partiellement bleu, avec des nuages d'altitude éclatants de blancheur. Tout est calme dans ce petit appartement parisien très lumineux, situé rue de la Grange aux Belles. Hier soir j'ai terminé le Quatuor algérien de Khadra. Le commissaire Llob meurt à la fin de ce long roman qui nous donne un aperçu très vivant de certains aspects assez effrayants de la situation algérienne après son indépendance. J'écris cela au lendemain de l'enterrement de Aït Ahmed, l'un des premiers combattants pour l'indépendance de l'Algérie. Plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées dans les montagnes du Djurdjura en Kabylie pour rendre hommage à ce grand homme dont l'esprit d'indépendance et la détermination ne plaisaient guère au pouvoir actuel.

Et j'apprends ce matin par le Guardian, l'exécution de 47 personnes par le gouvernement d'Arabie Saoudite, dont Shia cleric Sheik Nimr al-Nimr, une figure éminente des chiites dont l'Iran promet la vengeance. Shia cleric était un grande défenseur de la démocratie, semble-t-il. Nous n'en avons pas fini avec la violence et le sang.

Nous avons quitté Saint Pierre d'Autils hier matin. Voyage sans histoire jusqu'à Paris où nous avons retrouvé Sandrine, encore un peu fatiguée de son réveillon d'hier. Nous avons passé l'après-midi chez elle. C'est là que j'ai terminé ma lecture de Yasmina Khadra, un auteur vers lequel je reviendrai certainement.

Enfin, j'ai bien aimé ce renversement en miroir du chiffre 2016 :

vendredi 1 janvier 2016

Année

Bienvenue à la nouvelle année. Nous la voulons heureuse et féconde. Hier soir nous avons réveillonné à 17, des amis de Fianna et Fabien étant venus nous rejoindre au Rocher. Nous avons fait tout comme il faut : nous avons bu du champagne et nous nous sommes embrassés à minuit. Tout va bien jusque là.

J'ai lu les prédictions d'une voyante, Isabelle Viant, qui ne nous annonce rien de bon. Il y aura d'autres attentats et d'autres inondations dans le sud de la France. Bon ! Faut-il vraiment être médium pour prédire de tels événements ?

Nous vivons des séquences temporelles très différentes les unes des autres. L'heure, le jour, la semaine, le mois, la saison. Le jour de l'an nous faisons face à une séquence temporelle beaucoup plus longue qui ne peut guère se ressentir comme un tout d'une certaine couleur tant les moments dont elle se constitue vont être divers.

Ce matin, il fait gris. Une aube hivernale. Très calme comme d'habitude le jour de l'an. Tout le monde dort encore. Mais, de l'autre côté de la route, les trains passent dans les deux sens : vers Paris et vers Rouen. Nous ne prendrons pas le train cette fois-ci. Irène et Pierre vont nous débarquer à Paris. Nous irons loger chez Sandrine.

J'ai terminé le troisième roman du quatuor algérien.