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lundi 31 décembre 2018

Retour

Nous avons quitté la famille avant-hier vers 14h et sommes arrivés à Tordesillas vers 21h. Nous avons rapidement dîné dans un restaurant assez chic où j'ai pris un filet de bœuf avec frites à 8,50 euros. Vraiment pas cher, me dira-t-on. Pas très copieux non plus et mal cuit, bien sûr, mais bon, je n'ai pas regretté mon choix. Le lendemain, nous reprenons la route vers 11h30 et arrivons à Vilar Formoso deux heures plus tard, c'est-à-dire à 12h30 (heure portugaise). Là, nous mangeons rapidement et à 14h nous allons voir le Museo Frontera de la Paz. Il s'agit d'un très beau musée qui témoigne du passage des réfugiés juifs fuyant l'antisémitisme des gouvernements sous influence nazie. Nous voyons notamment la longue liste des visas accordés en dépit des ordres de Salazar, par le Consul portugais de Bordeaux, Aristides de Sousa Mendes à des milliers de Juifs pourchassés. Cerians noms étaient accompagnés d'un signe sur lequel on pouvait cliquer pour faire apparaître leur photo sur l'écran.

Nous avons repris la route vers 15h30. Isabel a pris le volant et moi, j'ai relu très rapidement ce livre magnifique de Georges Perec, Les choses, publié en 1965 et dont le sous-titre est "Une histoire des années 60". Ce livre m'a fait revivre une partie de ma propre vie même si je ne me suis pas vraiment senti visé par le portrait de ce couple de jeunes parisiens envahis par des désirs et des rêves accrochés aux choses justement. Avec l'obscurité de plus envhissante, je me suis rabattu sur Carlos Castaneda, Tales of Power, sur mon Kindle. Ce texte est assez fascinant. Il rapporte les enseignements reçus par l'auteur de la bouche de don Juan et don Genaro au Mexique. Ce qui frappe surtout, c'est le mélange de gaieté et de sérieux qui caractérisent les propos de ces deux sorciers. 

Enfin, le soir, après quelques courses rapides au supermarché du coin, je me suis installé devant la télévision où Arte m'offrait un film que je voulais voir depuis longtemps : Guerre et Paix  (d'après Tolstoï) de King Vidor (1956) avec Henry Fonda, Mel Ferrer et surtout, Audrey Hepburn dans le rôle de Natacha. La beauté de cette actrice, morte en 1993, me faisait rêver à l'époque. 

Ce soir nous organisons une petite fête avec Richard, Daniel Borrillo et quelques amis portugais. 

dimanche 30 décembre 2018

Statistiques

Charlotte nous dit ce matin au petit déjeuner : "400.000 morts du tabac aux USA chaque année, 100.000 morts de l'alcool, 20.000 de drogues pharmaceutiques, et 0 de cannabis." Eloquent, non ?

samedi 29 décembre 2018

2000

Nous avons vu un film hier soir, tourné lors de notre séjour à Château Froid pour célébrer le nouveau millénaire dans le quel nous entrions. Des images un peu floues qui rendaient bien le statut de souvenirs qu'elle évoquaient. Beaucoup de ceux que la caméra du frère de Samantha saisissait, sont présents à Saint Martin ces jours-ci. 

Huit heures de voiture à travers le sud-ouest de la France et l'Espagne. Au début du voyage nous roulions dans une sorte de coton vague que les rangées d'arbres ornaient de dentelles noires de grand-mère. En suite, il y a eu un très beau soleil qui s'est couché derrière des collines et qui m'a fait penser au vers d'Aimé Césaire : "Soleil, cou coupé". 

vendredi 28 décembre 2018

Silence

Il est assez normal que, pendant les fêtes, les gens réunis en un seul lieu pour se retrouver et restaurer leurs liens fassent beaucoup de bruit : éclats de voix, exclamations de surprise, rires, propositions d'activités communes, jeux, discussions vives, etc. Il faut accepter ces bruits humains, les supporter sereinement, voire y contribuer avec sa propre voix... Hier cependant, de connivences avec ma fille Célia, nous avons souhaité une minute de silence complet. Célia me propose de l'obtenir pendant vingt secondes. Elle frappe quelques coups de couteau sur un verre —cling, cling, cling— pour attirer l'attention, ce qu'elle obtient sans difficulté, puis elle se tourne vers moi pour me passer la main ce qui mobilise l'attention de presque toute l'assemblée sur une interrogation muette, une attention en suspens qui fabrique le silence justement, qui le creuse doucement, le fait se propager des uns aux autres, sans raison, même si pour certains, cette attention devient une attente, l'attente d'une annonce, voire d'un discours, en tout cas d'un événement alors que pour moi, et je l'espérais, pour tous, l'événement, c'est justement ce silence soudain, qui se prolonge, s'épaissit comme une obscurité vocale qu'il me semble impossible d'interrompre par quelque bruit que ce soit. Juste le silence. Pour lui-même.

jeudi 27 décembre 2018

Joncour

Je viens de terminer Chien Loup de Serge Joncour. Une lecture facile. Deux histoires parallèles qui mettent en scène des chiens, des loups et des fauves à un siècle de distance dans le Lot. Une première histoire nous raconte le début de la première guerre dans un petit village perdu, qui vit de ses moutons et où se refugie un dompteur allemand avec ses fauves. La deuxième histoire est celle d'un couple, un producteur de cinéma et son épouse, comédienne, qui se retire dans une maison isolée au dessus du village pour se mettre à l'abri de cette société de la consommation et des écrans. Ces deux histoires se font écho l'une de l'autre pour dire la sauvagerie des hommes et des bêtes. 

A part cette lecture, nous sommes allés visiter un ancien village en cours de restauration avec un joli château que l'on peut louer pour des événements importants. Nous n'avons pas vu âme qui vive dans ce village sinon un troupeau de chèvres assez bruyant. 

mercredi 26 décembre 2018

Blanquette


Je m'aperçois que la photo que j'ai publiée hier pour illustrer cette journée de Noël n'a pas été retenue après la mise à jour de cet article. Je vais essayer de la republier aujourd'hui. Gallya, Michael et leurs deux enfants sont arrivés il y a une heure, de New York. Michael est cardiologue et Gallya est professeur de Droit international (je crois) à l'Université de New York. Nous serons 23 à dîner ce soir et c'est Fabien qui fera la cuisine. Nous avons prévu une blanquette de veau. Un menu bien français pour nos amis américains et britanniques. Ce matin, pendant le petit déjeuner, Samantha nous a raconté les histoires de cette petite communauté britannique du Gers. Un véritable roman qu'elle devrait écrire. Avec des retraités à moitié fous, des relations amoureuses qui se croisent et se recroisent, des coïncidences stupéfiantes, des disparitions, des conflits, etc... 

Ci-contre, la photo qui n'a pas voulu apparaître à côté de mon texte d'hier. Mais qui ne s'affiche toujours pas.

mardi 25 décembre 2018

Rituel

Nous venons de terminer un brunch très joyeux, avec le jeu des questions qu'Isabel nous a proposé et qui nous a montré que les membres de notre famille se connaissaient assez bien. Il semblerait que ce ne soit pas toujours le cas et que bien souvent les membres d'une même famille se connaissent peu ou mal. Je parle ici de l'histoire singulière de chacun des membres de la famille. Cela explique peut-être l'espèce de cohésion qui nous lie et je pense que le rituel des fêtes de Noël y est certainement pour quelque chose. Nous savons tous que, une fois par an, nous allons nous retrouver, parler et jouer ensemble, nous allons nous offrir des cadeaux (pulls, pyjamas, foulards, livres, produits de santé, bijoux, jouets électroniques, etc.) dans un sorte de petit potlatch, qui nous relie à des coutumes tribales et, ainsi, à nos ancêtres. Sur la photo, Charlotte se fait enlever ses longues tresses blanches par plusieurs membres de la famille.

lundi 24 décembre 2018

Lectoure

Je suis allé faire des courses ce matin avec Sami et Samantha. Nous sommes allés dans un 'hypermarché" à Lectoure, cette vieille ville thermale qui est aussi une étape sur le chemin du pélerinage à Saint Jacques. Nous avons rempli deux kadis de choses diverses : huîtres, foie gras, dindes, farces de viande de porc (je n'y goûterai pas), moules, fromages, fruits, vins variés (je n'y tremperai pas mes lèvres), salades vertes, tomates, patates douces, vinaigre balsamique, etc. Nous serons environ 25 personnes ce soir et une vingtaime au brunch traditionnel du 25. Cela fait beaucoup de monde, en effet, dont une demi douzaine d'adolescents. La maison de Samantha qui nous accueille est vraiment agréable avec un très grand living room et une cheminée qui donne à la fois sur le living et sur le bureau de Sami. 

dimanche 23 décembre 2018

Relâchement

Je constate un certain relâchement dans la régularité quotidienne de mon blog. Peut-être est-il temps d'arrêter ? 

Nous sommes arrivés hier en début de soirée chez Samantha et Sami, au lieu dit Saint Martin sur la commune de Mauroux. Nous y avons retrouvé Zéphira, Louis, Fabien, Fianna et, bien sûr nos hôtes. Une ou deux heures plus tard, Célia est arrivée avec toute sa famille, sauf Ruben, qui a raté le train. Il y avait donc Célia, Hendrik, Julien et Joacquim. Il manque Sasha. 

vendredi 21 décembre 2018

Départ

.Nous partons dans une heure. Pochaine étape Valladolid.

Et nous y sommes arrivés à 20h30 (heure espagnole). Nous logeons dans un hôtel quatre étoiles. Une chambre pour trois à 75 euros.  Un voyage sans histoire, assez tranquille. Nous serons demain à Mauroux. Samantha nous attend avec déjà une bonne partie de la famille.

A la télévision nous avons vu qu'il se passait pas mal de choses à Barcelone : des images de violence très extrême. Les flics espagnols utilisent leur matraque pour taper dans les jambes des manifestants.

jeudi 20 décembre 2018

Miscellaneous

Hier après-midi, j'ai fait quelques courses de Noël avec Isabel. Nous sommes allés à Baixa et nous avons bien dépensé. En fin de matinée, je suis allé voir Isabel Serra en vue du Colloque Open epistemologies : Mach, Bachelard, Feyrerabend, en l'honneur de notre défunt collègue Zbigniew Kotowicz, prévu pour les 21/22 septembre prochains. Nous avons terminé l'appel à communications. J'espère que nous trouverons un financement suffisant pour inviter deux ou trois personnalités importantes. Et, ce soir, nous irons voir Charlotte incarner dans une petite pièce de théâtre le personnage controversé de Trump. Elle n'a pas vraiment la stature mais cela devrait augmenter l'effet comique de son intervention.

mercredi 19 décembre 2018

Martinique

Hier j'ai terminé le livre de Daniel Picouly, Quatre-vingt-dix secondes (Albin Michel, 2018), livre qui fera l'objet d'un débat dans notre groupe de lecteurs/trices de l'Institut Français en mai/juin prochain. Ce qui veut dire que je suis quelque peu en avance sur notre programme où figurent également Maylis de Kérangal et Eric Fottorino que j'ai déjà lus. Daniel Picouly donne la parole à la montagne Pelée, l'un des volcans de la Martinique, juste avant que ne se déclenche son éruption du 8 mai 1902 à 7h52, qui a tué 30.000 personnes et rayé de la carte, en quatre vint dix secondes, la commune de Saint Pierre. L'écriture baroque de l'auteur, qui nous raconte des événements de la vie quotidienne de cette communauté juste avant le déclenchement de la catastrophe, ne m'a pas vraiment convaincu. 

mardi 18 décembre 2018

Louis

C'était l'anniversaire de mon petit-fils Louis, hier. Isabel, qui a ce don très particulier de pouvoir se souvenir des dates d'anniversaire de tous les gens qu'elle rencontre dès qu'elle en est informée une première fois, me l'a rappelé à plusieurs reprises et chaque fois que je me suis dirigé vers l'ordinateur pour remplir mes devoirs grand-parentaux, des interférences diverses m'ont empêché d'aller jusqu'au bout. Si Louis lit ce "post", je lui demande de bien vouloir excuser mon retard. Car, évidemment, je lui souhaite un bon et joyeux anniversaire. Son père Fabien parle de lui dans son propre 257ème "post" [ici] en précisant combien ses enfants ont participé à sa propre éducation en tant que père. Je pourrais dire la même chose de mes propres enfants qui, semble-t-il, ont réussi à faire de moi un grand père souvent défaillant —comme hier— mais toujours bienveillant. C'est ce que nous, les enfants de l'arrière-grand père de Louis, qui s'appelait lui aussi Louis, n'avons jamais réussi à faire avec notre propre père. Pour que cela puisse se faire, il faut sans doute être convaincu que l'on n'est pas parfait et que nos faiblesses peuvent être l'occasion d'une ouverture à d'autres forces : nouvelles, surprenantes, intéressantes, les forces de la vie naissante, qui doit trouver sa propre voie/voix dans un monde qui n'offre vraiment la compréhension profonde de ses nouveautés qu'aux "nouveaux" justement. 

*  *  *

Ce matin sur France-culture, j'ai été frappé par l'interview de Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à Paris I (Sorbonne), qui parlait de ce que veut dire le mot "peuple" dans une démocratie, c'est-à-dire dans un monde humain où la souveraineté, quelle que soit l'instance qui l'exerce —roi, président ou peuple—doit être limitée par les droits. Aucune souveraineté ne peut être absolue, pas plus celle d'un roi que celle d'un peuple. "Le peuple, disait-il, ne doit pas être confondu avec la population." Et, se référant à Simone de Beauvoir qui disait en substance qu'on ne naît pas femme, mais qu'on le devient, il nous rappelait que la même chose peut être dite du peuple. Le peuple est quelque chose à construire et non pas une donnée factuelle associée à la simple existence d'une population. Il ne peut être souverain qu'à la condition de respecter les droits.

lundi 17 décembre 2018

Chimio n°10

C'est aujourd'hui que j'aurai à subir ma dixième chimio locale. En principe j'en aurai encore deux après celle-là. Isabel me dit que je n'en aurai plus qu'une seule. Cependant, d'après ma comptabilité, c'est moi qui ai raison. Nous verrons bien.

Je profite bien des discussions que je peux avoir avec Daniel. Nous avons évoqué le cas de l'amnésique de Collegno et il me présentait des arguments juridiques intéressants. Cette affaire me semble de plus en plus compliquée à traiter. Lui aussi a posé la question que j'ai posée à Christine : si l'amnésique est bien Giulio Canella, alors où est Mario Bruneri ? Un homme aussi impliqué dans cette affaire ne peut pas disparaître à ce point. C'est vraiment très étrange. 

dimanche 16 décembre 2018

Arditi

Je poursuis le jeûne que j'ai commencé hier, pour me sentir mieux au niveau intestinal. Et je me sens effectivement bien mieux. Le jeûne vous donne également du temps. Si l'on sort de sa tête les préoccupations associées à la nourriture, on peut se consacrer sans discontinuer à des activités plus intéressantes, et notamment à la lecture. Je viens de terminer le roman de Metin Arditi, Caranaval noir (Grasset, Paris, 2018). Cet ouvrage m'avait été recommandé par une des lectrices de l'Institut français avec qui je croyais partager les mêmes goûts littéraires. Avec ce roman, j'en suis moins certain. Le roman est acceptable bien qu'assez mal construit. Trop de personnages pris dans un va-et-vient entre l'Eglise actuelle et les événements qui, en 1575, ont secoué l'église et la papeauté en réaction à l'emprise de la Réforme et des découvertes de Copernic. J'ai retrouvé dans ce roman cette formulation qui m'a toujours semblé ambiguë quand on évoque la théorie copernicienne qu'il résume de la manière suivante : "... ce n'est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, comme l'affirment les Écritures, mais bien l'inverse." (p.245) Ce qui me gêne dans cette formulation c'est qu'elle symétrise deux mouvements très différents : celui de la terre autour du soleil est diurne. Son inverse devrait faire référence au mouvement de la terre sur elle-même, et non au mouvement annuel de la terre autour du soleil. Surtout, l'auteur me donne l'impression d'être très engagé dans la défense des valeurs de l'église catholique. Il tient d'ailleurs une chronique régulière dans La Croix. 

samedi 15 décembre 2018

Borrillo

Jour de jeûne aujourd'hui, en raison de quelques troubles intestinaux assez désagréables. Ce matin, je suis quand même allé à l'hôpital pour l'examen auquel j'ai été invité par le docteur Quintela en vue de notre prochaine entrevue en janvier. 


Notre ami Daniel Borrillo est arrivé hier soir, plein de vie et de joie. Il vient de publier un livre aux PUF : La famille par contrat. La construction politique de l'alliance et de la parenté (2018) et il corrige les épreuves de son prochain livre Disposer de son corps, ce qui me fait penser à la thèse qu'il a écrite sous ma responsabilité scientifique : L'homme propriétaire de lui-même, soutenue en 1991 à Strasbourg. De beaux souvenirs...

vendredi 14 décembre 2018

Équilibre

Si j'avais pris la voiture hier en fin d'après-midi pour aller rejoindre le groupe de lecteurs/trices de l'Institut Français, j'aurais mis au moins une heure. En taxi, pareil. Je n'ai pas osé prendre une trottinette à cause de la densité du trafic, par contre, en sortant de la maison, j'aperçois un scooter électrique 'Cooltra". Je me le réserve et quelques minutes après, la tête bien à l'abri dans le casque bleu que l'entreprise met à notre disposition, je file jusqu'à l'autre bout de la ville. J'ai mis 1/4 d'heure pour atteindre l'Institut français. J'étais même très en avance. Ces scooters électriques sont vraiment pratiques. Évidemment, quand je suis sorti de l'Institut deux heures plus tard, mon scooter avait disparu, faisant le bonheur d'un autre. Heureusement, Isabel, de retour d'un rendez-vous, pouvait passer par là pour me choper. 

J'apprécie beaucoup ce groupe de lecture où je suis le seul représentant du sexe masculin. Je n'y étais pas allé la dernière fois, et j'ai ressenti le "ouf" de soulagement que ces dames ont exprimé discrètement en me voyant. "Tiens ?! vous revoilà, Baudouin ! quelle bonne surprise !" Sans doute ont-elles eu peur que j'abandonne cette réunion mensuelle ? Mais j'avoue que je préférerais qu'il y ait un ou deux comparses masculins supplémentaires pour que l'équilibre des sexes soit rétabli. Encore que, tel qu'il est, le groupe est agréable : nous nous connaissons, nous commençons à repérer des complices-en-lecture, des connivences muettes se cherchent comme doivent le faire les racines des arbres de la forêt.

jeudi 13 décembre 2018

Lille

Je viens de voir un documentaire produit par Al Jazeera sur le mouvement Génération Identité, un groupe d'extrême droite qui a son quartier général à "la citadelle" de Lille. L'un des journalistes d'Al Jazeera a pu pénétrer dans ces milieux qui prônent la haine, la violence, le retour du IIIème Reich, ce qu'ils appellent la "remigration" qui consiste à renvoyer tous les étrangers chez eux en visant plus particulièrement les Musulmans, bien entendu, etc., Ils sont très proches du Front national. On les entend, grâce à une caméra cachée, évoquer leurs exploits, toujours associés à des expressions de haine dévastatrice. C'est étonnant de voir à quel point ces drôles d'oiseaux paraissent se sentir à l'aise dans ce nid de haine, tapissé des plumes de leurs jurons permanents, chaque fois qu'ils échangent des propos, ils se racontent des blagues, se sourient les uns aux autres, bref, comme je le disais, ils ont l'air parfaitement à l'aise dans leurs peaux tatouées... Qu'est-ce qui rend cela possible chez les êtres humains ?

mercredi 12 décembre 2018

Strasbourg

Un attentat à Strasbourg : la fameuse capitale de Noël et de la débauche consommatoire de fin d'année... on ne peut pas s'empêcher, quand on a passé de longues années de vie (enfance comprise) dans cette ville, de se sentir concerné, presque touché par un tel événement, même quand on est loin, même quand, depuis plusieurs années, on vit à Lisbonne. C'est étrange : j'entends que l'auteur de cet attentat s'était réfugié à Neudorf... Neudorf, gottferdom !, j'ai au moins une demi-douzaine d'amis qui habitent dans ce quartier, et puis, deux de mes sœurs et un frère plus jeune habitent Strasbourg... j'ai une nièce dont l'appartement se trouve à proximité de la place Gutenberg... je ne suis pas loin de me sentir moi-même comme une victime, certes indirecte —oui, oui... très indirecte— de cette horreur. Comment des noms de lieux, devenus familiers, sont constitutifs du monde dans lequel on vit, ils définissent un monde dans lequel on vit encore un peu, et ces noms sont maintenant énoncés en liaison avec des coups de feu, des victimes, du sang, l'hôpital, un assassin en fuite... créant une brèche —par où la réalité pourrait entrer— dans le monde imaginaire de la vie. 

mardi 11 décembre 2018

Rapt

C'est moi qui suis à l'origine de cet enlèvement d'une femme, Catherine de Lentrelait, une femme très forte et très grande qui avait un peu le gabarit de l'ex-épouse de mon frère Jean-Pierre, une princesse russe, Tatiana. Nous étions amoureux l'un de l'autre et elle était d'accord pour tout abandonner pour partager une grande aventure avec moi. On est parti de Luxembourg pour aller à Paris où nous avons trouvé refuge dans une sorte de communauté dont l'un des membres, un abbé en soutane, très intéressé par cette femme qui maintenant s'appelait Catherine de Lentrenil ou Catherine de Lentrenul, ne se gênait pas pour lui empoigner l'entrejambe, façon Trump, devant mes yeux indignés. Je ne vous raconte ici que 10% de ce rêve qui m'a tenu éveillé (?!) bien qu'endormi, la nuit dernière. Je dis "éveillé" parce qu'en effet ma conscience était en alerte avec les éléments quelque peu incongrus que mon inconscient lui fournissait à profusion.

Hier j'ai parcouru les premières pages de l'Histoire du silence (Albin Michel, 2018) sur mon Kindle. Livre intéressant mais qui fait un peu trop catalogue de citations "wikipédia". On saute d'un auteur à l'autre sans qu'on puisse vraiment comprendre les raisons de cette érudition éclatée. Du moins c'est l'impression que j'ai après avoir lu 10% de cet ouvrage.  J'avais été attiré par cet auteur historien qui a écrit notamment Le village des cannibales que je n'ai pas encore trouvé ni lu, mais que je pourrai télécharger sur mon kindle également.




lundi 10 décembre 2018

Universel

J'ai effectivement terminé le roman très autobiographique apparemment d'Eric Fottorino, Dix-sept ans, dont j'ai déjà parlé hier. J'ai beaucoup aimé le début du roman, les premières 50 pages. Après, ça devient très répétitif, aussi bien dans le style que dans les contenus narratifs. Je trouve que l'ouvrage s'affadit au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture. Le texte en devient souvent un peu mièvre. Dommage. 

C'est aujourd'hui que l'on fête le 70ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. On ne parlait que de ça ce matin. En soulignant qu'aujourd'hui, cette "déclaration" ne serait certainement pas signée par le même ensemble de pays qui l'ont fait en 1948. Je n'aime pas la présence —à mon avis, très prétentieuse— de cette référence à l'universalité dans ce document. On avait échappé à une référence religieuse à la divinité. Celle-ci a été remplacée par un "universel" très laïque. Est-ce mieux ? Bof ! J'avais déjà exprimé ma position sur ce point il y a deux ans [Dedalus, 21 novembre 2015, ici]. Il faudrait que je me procure Le Mensonge Universel de Pierre Jovanovic où il est montré que la Bible a plaggié une tablette summérienne antérieure à 1500 avant J-C. En fait, on pourrait dire, en s'inspirant du titre de cet ouvrage, que l'"universel" est forcément un mensonge ou qu'il n'y a qu'un mensonge qui puisse prétendre à l'universel. 


dimanche 9 décembre 2018

17

Dix-sept ans, c'est le titre du dernier roman d'Eric Fottorino, ancien directeur du Monde. Je le terminerai sans doute dans l'avion de mon retour à Lisbonne. Dix-sept ans, c'est l'âge de sa mère quand elle lui donne naissance. C'est aussi l'âge qu'avait I. quand elle a donné naissance à mon fils Fabien. C'est l'âge de ma fille Charlotte aujourd'hui, née un 17 juillet. C'est le numéro d'appel d'urgence de la police en France. C'est aussi le nombre de syllabes d'un haïku. Et bien sûr, il y a le poème de Rimbaud, qui évoque cet âge "pas sérieux". Sans doute avons-nous tous des nombres qui nous sont proches parce qu'ils reviennent souvent dans le champ de notre attention. Des nombres familiers. C'est ainsi que certains de mes lecteurs ont pu s'apercevoir que l'un de ces nombres était pour moi 42, l'année de ma naissance et de la pointure de mes chaussures. Il intervient à neuf reprises dans mon blog, et notamment le 14 mai, le 20 mai et le 18 juin 2013, en liaison avec le début de mon traitement. J'ai remarqué que, indépendamment d'une intention consciente, je repère souvent le chiffre 42 sur les plaques d'imatriculation que je rencontre par hasard, sur la route ou en ville. Comme si je ne pouvais pas ne pas l'apercevoir. Il faut dire que je trouve ce nombre attachant et intéressant : n'oublions pas que ce fut la réponse de l'ordinateur Deep thoughts, après sept millions et demi d'années de réflexion, à la grande question sur "la Vie, l'Univers, et le Reste" dans le Guide du Voyageur galactique de Douglas Adams, 1952-2001. Ceci dit, 17 me semble être un chiffre bien plus intéressant, ne fut-ce que, comme me l'apprend Wikipédia, parce ce qu'il fut détesté des Pythagoriciens sous prétexte qu'il séparait 16 de son epogdoon 18 en théorie musicale (epogdoon = un huitième en plus). Voilà bien une bonne raison de détester un nombre !

samedi 8 décembre 2018

Terrien

Il y avait, hier matin, un bref commentaire sur France-Culture, concernant la sortie du dernier album de Michel Polnareff, un chanteur baroque version kitsh, qui m'a toujours rendu perplexe. L'un des morceaux de cet album s'intitule "Terre...Happy" ! avec cette "terre en colère" qui s'adresse aux terriens, au Terrien,  et l'interpelle : "—Terrien !" J'entends : "—T'es rien !" Et c'est vrai qu'on n'est pas grand chose sur la terre, cette terre qui nous survivra sans doute, mais dans quel état ! 

*  *  *

Le roman de Miloszewski m'a intéressé. Il évoque le grand secret —entendez : "complot"— de la deuxième guerre mondiale : Clive Lebrecht (alias Heinrich Himmler), agent secret américain, a tout fait pour provoquer la deuxième guerre mondiale afin de servir les intérêts économiques des Etats Unis. L'intrigue, qui tourne autour de la recherche d'un tableau de Raphaël volé par les Nazis dans un musée de Varsovie, est bien menée. C'est une lecture d'avion, entre Lisbonne et Luxembourg, sans plus. 

*  *  *

Hier soir, avant de m'endormir, j'ai regardé un western très étrange. The Homesman, par Tommy Lee Jones (2014). Une jeune femme se charge de conduire trois femmes atteintes de folies variées dans un lieu où elles seront soignées de façon appropriée. Elle se fait aider par un homme qu'elle sauve de la pendaison. Elle-même se pendra avant d'atteindre son but.  Ce western déroge quelque peu aux règles du genre. Les "bons" ne sont pas tout-à-fait bons et les "méchants" sont fous. 




jeudi 6 décembre 2018

Polar

Avant de monter dans l'avion, j'ai acheté un polar pour faire passer le temps de déplacement. Ça a très bien marché avec Zygmunt Miloszewski et son roman Inavouable (Fleuve noir, 1917, traduit du polonais par Kamil Barbarski) qui raconte les péripéties abracabrantesques d'une enquête polonaise visant à récupérer une œuvre d'art de la Renaissance, qui avait disparu du Musée de Varsovie pendant la dernière guerre. 

mercredi 5 décembre 2018

Voyages

En marge de mes réflexions sur l'amnésique de Collegno, je viens de lire Deux mètres dix de Jean Hatzfeld (Gallimard, 2018), un petit roman bien écrit qui raconte les exploits sportifs de deux haltérophiles et de deux femmes, championnes de saut en hauteur. C'est un roman intéressant qui rentre dans l'intimité des émotions associées à des épreuves de haut niveau. Tout est beaucoup plus simple qu'on ne le croit. Le roman nous donne aussi une belle vision des montagnes du Kirghizistan, un pays très attrayant. Quand je compte tous les pays que je veux encore visiter avant que cela ne devienne impossible, je suis un peu dépassé : l'Iran, l'Arménie, la Norvège du Nord, La Finlande, le Chili, etc., sans compter l'Angleterre et le Japon, où j'aimerais retourner pour de brefs séjours... Je trouve assez bizarre que les pays du Sud ne figurent guère sur ma liste. En attendant, dans deux heures, je serai dans un avion à destination de Luxembourg. C'est plus près ! 

mardi 4 décembre 2018

Insaisissabilité

Le gouvernement semble prêt à annoncer une "suspension" de l'augmentation des taxes sur les carburants. Stratégie bizarre : combattre l'incendie en s'attaquant à l'étincelle qui l'a provoqué. Est-ce que cela peut marcher ? Difficile à dire. Le mouvement des gilets jaunes n'est certainement pas aussi superficiel que ses causes les plus immédiates pourraient nous le faire croire. Le creusement abyssal des inégalités depuis de nombreuses années, le renforcement des modalités oligarchiques du pouvoir en France, la maladresse des réponses imaginées pour "acter" un changement profond —je pense à la manière dont le ministre de l'Education Nationale promeut une sorte de retour aux raideurs autoritaires de l'école du passé pour "refonder", quoi ?, la démocratie ? le pouvoir ? les Lumières ? on rêve— une "Europe" de plus en plus lointaine des préoccupations du peuple, une corruption des dites "élites" de plus en plus visible, les raisons de la colère pourraient bien faire perdurer le bouleversement en cours et rendre durable ce qui semblait n'être qu'un épisode d'énervement de la Bête, ce monstre : le peuple. Ce peuple que le numérique et son usage presqu'anonyme, rendent de plus en plus insaisissable. Je trouve très intéressant le fait que ce mouvement ne fait pas émerger d'interlocuteurs dont le pouvoir pourrait —ou voudrait— se saisir en passant par une capture médiatique toujours ambivalente. Sans interlocuteurs contre qui dresser la verticalité impressionnante des falaises du pouvoir, celui-ci ne peut plus que se sentir perdu. C'est sans doute ce qu'il y a de plus terrible pour le pouvoir : où vais-je pouvoir frapper ? qui devrais-je frapper ? toutes les prises se dérobent, les premiers de cordée sont dans des positions de plus en plus fâcheuses, d'autant plus que personne n'a vraiment envie de les suivre en s'accrochant aux fadaises qu'ils inventent pour poursuivre leurs rêves de grandeur. 

lundi 3 décembre 2018

Todd

Ce matin sur France-Culture, il y avait Emmanuel Todd. Je l'écoute volontiers. Ses avis sur l'euro, le protectionisme et les gilets jaunes m'ont vraiment intéressé. Il est convaincant dans la manière intelligente dont il expose ses idées. Il n'y a rien de politiquement correct dans ce qu'il dit. Sans pitié pour Macron qu'il appelait récemment dans une conférence à Sciences Po (3 octobre 2018) publiée le 12 octobre dans Marianne, de "puceau de la pensée".  Cet article se concluait sur le constat suivant :

 Le macronisme ? "Un moment d'hallucination collective des classes moyennes qui se sont racontées qu'un type jeune allait tout d'un coup mettre la France en lévitation".


Il me semble qu'il y a beaucoup de vrai dans ce diagnostic. On le sent très bien quand constate le désarroi de la majorité, tous ces députés En Marche qui ont souvent l'air de se demander ce qu'ils font là, dans ce monde de la politique dont ils semblent ne rien connaître. J'avais déjà trouvé ses analyses très percutantes sur la situation de la Grèce en juillet 2015.  Il préconisait une sortie de la Grèce de la zone euro en disant qu'elle se débrouillerait bien mieux sans ce 'trou noir" de l'Europe que serait pour lui, l'euro. Je me suis toujours senti très "pro-européen" et il en découle une certaine manière de voir les choses qui ressemble beaucoup au macronisme. Je me pose maintenant la question : faut-il vraiment rester pro-européen ? 

dimanche 2 décembre 2018

Sapience

Je tombe sur ce beau mot, légèrement archaïque en France, mais que je crois utilisé plus souvent au Québec : sapience. Le mot désigne aujourd'hui sagesse + science, une association de moins en moins évidente dans un monde où la science s'est souvent détachée de la sagesse et la sagesse de la science. Il faudrait réhabiliter ce terme et surtout ce qu'il signifie. J'ai trouvé ce shéma intéressant sur Google sous l'entrée "sapience". Emparons nous de ces bulles pour fabriquer cette année notre "sapience de Noël" !

*  *  *

Joli Joland est venue de Suède à Lisbonne pour se recueillir sur la tombe de Zbyszek. Nous nous sommes retrouvés au cimetière. Elle avait apporté avec elle un objet hongrois qu'elle avait acheté pour Z. à sa demande au cours de l'été 2017, son dernier été. C'est un petit oiseau de bois qui frappe de son bec un morceau de bois et que l'on actionne en tirant sur une ficelle. Cela fait : "Toc, toc, toc." Alors, bien sûr, nous nous sommes souvenus de la fin du poème de Wislawa Szymborska que nous avons lu lors de l'enterrement de notre ami, il y a un an : 


"Je frappe à la porte de la pierre.
— C'est moi, laisse-moi entrer.
— Je n'ai pas de porte, dit la pierre."


samedi 1 décembre 2018

Dystopie

La fin du livre de Mishima est tragique. On y arrive grâce à une écriture qui a réussi à nous décrire les tensions psychologiques intérieures d'Etsuko, l'héroïne de cette histoire un peu trouble et dont le comportement erratique trahit l'angoisse ou, comme l'annonçait l'auteur, "la soif d'amour". Du coup j'ai entrepris hier soir la lecture d'Eugène Zamiatine, Nous autres, (NRF, 1971, traduit du russe par B. Cauvet-Duhamel et agrémenté d'une Préface intéressante de Jorge Semprun. C'est une dystopie du style de celle d'Orwell, ou de Huxley mais avec plus d'ironie et de dérision. L'auteur a été mathématicien et ingénieur avant d'écrire ses livres. J'ai parlé de ce même livre le 6 janvier 2015, me promettant de le lire dès que j'en aurai la possibilité. Celle-ci s'est offerte hier, et voilà ! 

vendredi 30 novembre 2018

L'or

Il est question, comme nous le savons depuis quelque temps, d'une "montagne d'or" en Guyane, dans un endroit protégé mais qui a déjà donné lieu à l'octroi d'une concession par le gouvernement français. L'exploitation de ce filon exige une déforestation massive ainsi que l'usage d'une quantité considérable d'arsenic. Il existe un mouvement en Guyane qui s'oppose à cette exploitation très dommageable pour l'environnement. Il y a là une chance unique à saisir pour le gouvernement, la chance de renoncer à cette montagne d'or. Ce serait là un geste inouï dont la portée symbolique marquerait un changement profond de cette humanité cupide qui était, et est encore, au fondement de toutes les exploitations les plus iniques de l'histoire. Renoncer à l'or, à la richesse, au capital. Renonçons aux crimes que cela annonce. Sans doute impossible, inconcevable. Et pourtant tellement nécessaire si l'on veut survivre. L'or est là, à notre portée... Laissons-le là. N'y touchons pas. Laissons la forêt tranquille. 

jeudi 29 novembre 2018

Lacan

Je suis allé déjeuner avec Isabel S. aujourd'hui à midi. J'y suis allé à pieds : 4,1 km en trois quarts d'heure. En tout, aujourd'hui, j'ai marché sur une distance de 6,8 km, j'ai monté 5 étages et j'ai comptabilisé 9.436 pas. Presque 10.000 ! 

Hier soir, j'ai commencé le roman de Yukio Mishima, Une soif d'amour (NRF, 1982,  traduit de l'anglais par Léo Lack). Je ne suis pas sûr que je réussirai à le terminer ce soir dans la mesure où je vais aller à une conférence de José Martinho sur Jacques Lacan. J'en dirai sans doute plus à mon retour.

mercredi 28 novembre 2018

Kadaré

Le roman d'Ismail Kadaré m'a captivé jusqu'à la fin. C'est un roman un peu sombre qui oppose à la modernité les traditions de la montagne autour du château d'Orosh en Albanie. Ces traditions, le kanun, ensemble de règles fondées sur la "reprise du sang", ou, pour le dire plus simplement sur la persistance et la nécessité de la vendetta, servies par un code d'honneur très rigoureux, font règner une sorte de terreur latente sur "le Plateau", la terreur de vivre. En face de cette terreur constante, il y a le monde moderne amolli par des préoccupations psychologiques sentimentales qui ne mènent qu'à l'angoisse et à la névrose. 

*  *  *

Sur Arte, hier soir, j'ai un programme sur l'esclavage moderne qui affecterait, selon ce programme, 45 millions d'humains : marins birmans jamais payés pour leur travail, enfants soldats en Afrique, ouvriers en Arabie Saoudite, etc., il n'y a jamais eu autant d'esclaves dans le monde qu'à l'heure actuelle. 

mardi 27 novembre 2018

Contrastes

A l'heure où un vaisseau de la NASA "atterrit" sur la surface poussièreuse de la planète Mars, on découvre que la station internationale en orbite autour de la terre depuis quelques années subit un début d'invasion de punaises. Incorrigibles humains qui vont semer leurs merdes partout, sous la forme de microbes, de parasites, de débris technologiques, de plastiques, etc. 

Hier soir je me suis mis à lire un livre d'Ismail Kadaré, Avril brisé, Fayard, 1982-97, Traduction de l'Albanais de Jusuf Vrioni. Encore un livre que je n'avais pas terminé à l'époque où je l'ai acheté et que je vais lire jusqu'au bout, promis.

Enfin, à 77 ans, Bertolucci vient de mourir. Un des grands réalisateurs italiens du XXe siècle.

*  *  *

Ce matin je suis allé sur le chantier avec Isabel. J'ai pris cette photo du haut de la terrasse qui, maintenant, est bien dégagée. 

lundi 26 novembre 2018

Le non-être

Quand j'ai terminé un livre bien avant d'aller me coucher, je cherche dans ma bibliothèque un ouvrage qui me permettra, après quelques pages, de m'endormir en toute sérénité. Hier soir, mon choix est tombé sur Barbara Cassin, L'effet sophistique, livre dans lequel on peut prendre connaissance du "Traité du non-être" de Gorgias, texte fascinant sur lequel je reviens de temps en temps. Ce n'est pas un texte facile. Mais il ne m'a pas empêché de m'endormir, bien au contraire. En fait je me suis endormi en repensant à l'amnésique de Collegno et aux nombreuses questions auxquelles l'enquête n'a pas voulu répondre à l'époque et qui pourtant exigent des réponses si l'on veut y voir clair. Mais le veut-on ?

Embrassant l'azur
Hébété par l'au-delà
Un avion s'en va

Sombre samedi
Aux lèvres de néon rouge
Bons baisers de rue

dimanche 25 novembre 2018

René Guénon

[Je n'avais mis que le titre de cet article qui est resté coincé comme "brouillon" —daté du 22 novembre— sur mon site. Je voulais répondre à une question qui m'avait été posée par Elsa P. sur... Henri (sic) Guénon. Je présume qu'elle évoquait René Guénon, auteur assez prolixe dont les écrits étaient fortement influencés par la philosophie orientale. Je n'ai presque rien lu de lui, si ce n'est, son interprétation du Tao de Lao Tseu. Enfin... disons que je crois me souvenir qu'il a publié quelque chose sur Lao Tseu, que j'avais d'ailleurs apprécié à l'époque. ]

Heinrich Böll

J'ai repris la lecture, interrompue il y a bien longtemps, du roman de Heinrich Böll, La grimace, Seuil, 1964. Mon livre date sans doute de cette époque. Les pages ont pris la couleur et l'odeur des vieux papiers. Je trouve que c'est un grand livre dans le sens où il nous fait deviner un auteur dont la personnalité devait être très attachante. J'aime bien les livres qui, implicitement, parlent de ceux qui les ont écrits. On pourra me rétorquer que tous les livres trahissent leur auteur. Je ne crois pas. Peut-être aussi qu'il existe des auteurs dont il n'y a rien d'intéressant à dire en dépit des livres qu'ils écrivent. Je pense à Sylvain Tesson par exemple, peut-être injustement d'ailleurs. Ce n'est certainement pas le cas de Heinrich Böll.

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"Dans toute gare d'une certaine importance des milliers de gens qui viennent travailler en ville débarquent chaque matin, tandis que des milliers d'autres quittent la ville pour aller travailler ailleurs. Pourquoi tous ces gens-là ne permutent-ils pas simplement leurs lieux de travail ? Sans parler du cauchemar de ces longues files de voitures qui, aux heures de pointe, se croisent interminablement. Permutation des lieux de travail ou de résidence, et le tour serait joué : supprimée cette puanteur superflue et supprimée aussi l'obligation pour tous ces pauvres flics de ramer comme des galériens. Le trafic serait si réduit aux carrefours que les agents pourraient jouer au jacquet." (p. 113) Cette remarque d'Heinrich Böll devrait plaire à mon fils Fabien.

samedi 24 novembre 2018

Der Vorleser

Ce terme allemand a été traduit par "liseur", mot qui, en français, est plutôt rare et qui vient de l'opération qui consiste à "analyser un dessin pour tissu mis en carte, afin de procéder au perçage des cartons". Hum ! On utilise également le terme pour dire de quelqu'un qu'il lit beaucoup. Au féminin, ce mot désigne mon kindle. C'est enfin le titre du roman que je viens de terminer Der Vorleser de Bernhard Schlink, paru en allemand en 1995 et traduit l'année suivante par Bernard Lortholary pour les éditions Gallimard. Il semblerait qu'en allemand, le terme soit mieux ajusté à une lecture à haute voix. En tout cas, j'ai trouvé ce roman magnifique, plein de retenue et de décence dans le traitement d'un sujet difficile mais qui, je crois, a dû être à l'origine de grands tourments chez les Allemands après la guerre. On en a tiré un film que j'ai sans doute vu mais dont je n'ai rien retenu. Par contre le roman ne peut pas laisser indifférent. Certes, pas plus que le film, mais il y a quand même une différence. Les images d'un film nous jettent dans l'émotion. Celle-ci, à moins de rester marginale dans la tête d'un critique professionnel, tend à prendre toute la place et se perd assez vite dans les brumes du passé. Un livre est moins immédiatement émotionnel. Il tient plus longtemps dans les plis de la mémoire, ceux de la mienne sûrement.

Hier, j'ai discuté longuement avec Christine Dal Bon, l'auteure du livre sur l'amnésique de Collegno, pour la version italienne duquel je dois écrire une préface. Je lui ai demandé plusieurs documents complémentaires. Les idées viennent. Cela me plaît même s'il s'agit d'un défi car ma préface s'adressera à des lecteurs italiens et je dois absolument en tenir compte. 

Comme en écho à ma lecture de Le Liseur, de Schlink, j'ai quelques souvenirs du rêve qui m'a occupé juste avant de me réveiller. Je ne le mentionnerais pas si je n'avais ressenti quelque chose d'assez curieux : je testais de petites lunettes de lecture à monture rouge. Il fallait que je les mette le plus près possible de mes yeux pour que je puisse en apprécier l'efficacité. Je voyais alors ce que saisissait mon regard devenir plus net. Je passais du flou au net et revenais au flou dès que j'enlevais les lunettes. Inquiétante étrangeté.

jeudi 22 novembre 2018

Mort

La mère d'une amie d'Isabel, qui fut son employée à Trocarte, a quitté le monde des êtres et des choses il y a trois jours. Nous sommes allés exprimer notre compassion à cette amie qui s'appelle Sara, adorable Sara, qui fait actuellement une thèse en sciences de l'éducation. Le cercueil de sa mère était ouvert et nous avons pu voir une dernière fois cette femme dynamique et courageuse qui n'avait que 68 ans, très pâle dans la blancheur des tissus sur lesquels elle repose. Les choses ont vraiment changé lors des deux dernières générations. Il y a 50/60 ans, tous les membres de la famille et tous les amis auraient été habillés en noir. L'atmosphère aurait été pesante et l'expression de nos condoléances aurait été organisée : les membres de la famille en grand deuil et en rang, attendant le défilé des gens, avec chapeau pour les hommes et voilette noire baissée sur le visage des femmes, nous serions passés l'un après l'autre, de l'un à l'autre, les yeux baissés, lentement, avec un mot à chaque étape et parfois une embrassade pleine d'émotion suscitant un sanglot étouffé. Aujourd'hui, chacun arrive quand il peut, après avoir sans doute, de plus en plus énervé, tourné dans les rues pour trouver une place de stationnement, habillé comme d'habitude, cherchant des yeux les amis qui pourraient être déjà là, se préoccupant aussi des courses à faire avant de rentrer. Comment ne pas se sentir un peu coupable de cette agitation vaine de la vie, dont il est difficile de ne pas se sentir heureux, devant le calme souverain du mort ?

mercredi 21 novembre 2018

Smemorato

Je viens de relire le livre de notre chère amie Christine Dal Bon Oublier son nom. Histoire d'un cas. L'Amnésique de Collegno, Imago, 2014, en vue de la Préface qu'elle m'a demandé d'écrire pour la version italienne de son ouvrage. C'est une histoire absolument fascinante dont la plus grande partie se déroule pendant la disctature de Mussolini. Je suis en particulier frappé par l'écho médiatique que ce cas a pu avoir auprès des journalistes, et donc, auprès du peuple italien. J'ai quelques idées pour écrire cette préface mais j'aimerais lire l'ouvrage que Sciascia a consacré à l'affaire. Je vais voir si je peux le télécharger sur mon kindle.

mardi 20 novembre 2018

Chimio n°9

Dans mon rêve, je recevais mes collègues dans le cadre d'une réunion importante. Il fallait que j'achève la construction d'une banquette et de chaises confortables. Recouvertes de velours rouge. Mais il n'y avait pas assez de places et j'étais moi-même obligé de manger ailleurs, avec deux autres invités. Une table plus petite avait été installée dans une ruelle reculée de Strasbourg. Nous y étions très bien mais, évidemment, nous n'avions pas droit aux mêmes magnificiences gastronomiques servies à l'autre table. Ce rêve m'a sans doute été inspiré par la lecture d'une des pièces de théâtre de Yasmina Reza, Trois versions de la vie. Mais la pièce que je cherchais c'est Art, une pièce ancienne de la même auteure, qui a été reprise récemment à Paris et que j'aimerais beaucoup lire et voir. 

*  *  *

Hier, j'ai subi ma chimio n°9. 

lundi 19 novembre 2018

Antoine

C'est le nom du coq que l'on voit ici sur la photo prise dans le salon de la nouvelle maison de Jeannot. C'est un coq magnifique qui, selon son maître, est aussi familier qu'un chat. En tout cas il s'occupe bien de son harem de poules. Jeannot m'a fait cadeau de six œufs tout frais que j'ai ramenés, sans casse, de Luxembourg. J'en ai mangé un ce matin et il était vraiment parfait. La fraîcheur est essentielle. Après l'avoir mis dans l'eau froide, il s'est mis aussitôt tout au fond de la casserole ce qui n'arrive pas souvent avec les œufs du commerce, même les "bio". Quand j'étais à l'internat, Jeannot m'avait donné aussi un œuf un peu différent : il était verdâtre. Il avait un goût particulier, plus onctueux que les autres, d'une saveur plus délicate. La gastronomie des œufs frais est à inventer.

*  *  *

Malgré le peu de sympathie que j'ai pour Dehaene, je dois dire que son livre —terminé hier— m'a appris pas mal de choses sur le fonctionnement du cerveau des enfants qui apprennent des choses notamment à l'école. J'ai apprécié la définition qu'il donne de ce qu'il appelle les quatre piliers de l'apprentissage : 
"– l'attention, qui amplifie l'information sur laquelle nous nous concentrons ;
– l'engagement actif, un algorithme qu'on appelle également "curiosité", et qui incite notre cerveau à évaluer sans relâche de bouvelles hypothèses ;
– le retour sur erreur, qui compare nos prédictions avec la réalité et corrige nosmodèles du monde ;
– la consolidation, qui automatise et fluidifie ce que nous avons appris, notamment pendant le sommeil." (p. 208).
Il a ébranlé certaines de mes convictions, celle notamment d'une singularité subjective des modalités d'apprentissage selon les milieux de naissance, l'histoire particulière des enfants, leur culture, la langue qu'ils parlent, etc. Dehaene affirme que, neurophysiologiquement parlant, nous nous ressemblons beaucoup plus que nous avons tendance à le penser. Mais il a aussi confirmé certains aspects tels que l'importance de l'erreur (à condition qu'elle soit corrigée), de l'engagement (principe qui se trouve à la base du lycée Ermesinde), de l'attention, de la répétition (à condition qu'elle soit scandée dans des rythmes adéquats), etc...

dimanche 18 novembre 2018

Dehaene

J'ai continué à lire l'ouvrage très savant de Stanislas Dehaene, Apprendre. Dès qu'il aborde le thème de la maturation du cerveau, de son anatomie fonctionnelle, des différentes zones neuronales qui constituent son architecture, de sa plasticité étonnante mais aussi des lésions irréversibles dont il peut être victime, notamment faute d'aliments appropriés, de ses immenses capacités linguistiques au début de son développement, de son vieillissement, etc., le livre devient très instructif. Quand cependant, l'auteur fait de l'école, un amplificateur fantastique des capacités d'apprentissage de l'être humain, l'argumentation est moins convaincante. Il connaît bien le cerveau mais, manifestement, il ne connaît l'école qu'à travers les lunettes d'un premier de classe assis au premier banc et qui n'a d'yeux que pour le prof. C'est l'école certes, mais l'école d'une infime minorité de la population. 

samedi 17 novembre 2018

Champignouf

C'est l'époque des champignons et alors que je demandais à l'une de mes collègues du Lycée Ermesinde s'il y en avait dans le coin, elle m'a répondu qu'elle s'y était mise il y a quelque temps et que, oui ! il y avait plein d'espèces de champignons dans les environs du lycée. Elle m'a aussi informé de l'existence d'un logiciel de reconnaissance des champignons. Mais oui, bon sang, c'est évident : comme il existe des logiciels de reconnaissance des plantes, il existe des logiciels de reconnaissances des champignons. Au bout de mes recherches avec mon iPhone, je suis tombé sur "Champignouf". On prend une photo du champignon dont on veut connaître l'identité et le logiciel vous fournit une réponse avec plusieurs candidats possible parmi lesquels il devient très facile de reconnaître celui dont vous avez fait la photo. J'ai fait l'essai avec la photo de petits champignons aperçus sur le bord du chemin et j'ai eu très vite la réponse : il s'agissait de Coprinellus disseminatus, sans intérêt culinaire mais très fréquent sur des débirs boisés. 

vendredi 16 novembre 2018

Haroche

Pour me reposer des banalités pédagogiques de Stanislas Dehaene dans son livre Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines, Odile Jacob, 2018, j'ai acheté à Paris le petit recueil de nouvelles de Raphaël Haroche, Retourner à la mer (Folio, 1917) qui a obtenu le prix Goncourt de la nouvelle en 1917. [C'est de lui que je montre la photo et non de Dehaene.] Ce sont des nouvelles très courtes, écrites très simplement qui capturent des événements de la vie, des personnages qui pourraient être nous dans la manière dont ils se laissent réfléchir par les choses du monde, qui ressentent des émotions dont ils devraient se sentir légèrement coupables, mais non, pourquoi ? puisqu'elles sont et qu'il est possible de continuer à vivre à travers elles. Dans la nouvelle dont le titre est justement "Retourner à la mer" on fait connaissance avec un homme voyageant avec sa mère et dont il a un peu honte au début, puis vraiment honte ensuite, parce qu'elle est d'autant plus encombrante qu'elle veut l'être moins, disparaissant derrière son sourire qui ose exister dans le contexte de sa mauvaise humeur à lui, et puis, finalement "...j'ai à nouveau envie de la serrer dans mes bras et de m'excuser pour tout depuis le début, lui dire que c'était un malentendu et que je l'aime aussi, que ma colère n'était pas contre elle mais contre moi-même, qu'elle ne m'a pas donné le mode d'emploi et que j'ai été incapable de découvrir quoi que ce soit dans cette vie." (p. 174) 

jeudi 15 novembre 2018

Bondrée

Bondrée par Andrée A. Michaud (Payot & Rivages, 217), qui m'avait été recommandé par une libraire charmante de la rue Dunkerque à Paris. J'ai lu ce roman avec un intérêt concentré sur l'écriture de cette auteure canadienne. Le récit lui-même —une sorte de thriller— ne m'a pas vraiment convaincu. L'écriture par contre, par son rythme, ses tics terminologiques, ses échappées anglophones fréquentes nous rappelle constamment l'origine canadienne de cette écrivaine. Le thème de la forêt y est très présent avec un lac et des cabanes... Ceci dit, je ne recommande pas la lecture de ce long roman un peu mièvre. "Bondrée" vient de l'anglais boundary. C'est le nom de la région où l'action se passe. J'ai trouvé intéressant de donner à un pays ce nom de "frontière". 

mercredi 14 novembre 2018

Rues de Paris

Hier, j'ai parcouru les rues de Paris en trottinette. J'avoue que pour aller d'un point à un autre, la trottinette électrique est sans doute le moyen le plus rapide. J'ai d'abord été de Madeleine à l'Hôtel de Ville, puis je suis remonté vers le Nord en passant par République pour aller rue Gerando, dans le 9e pour redescendre peu après vers Jacques Bonsergent où j'ai déjeuné. Après mon repas, je suis allé à la librairie "Compagnie" pour revenir enfin à Madeleine dans l'après-midi. C'est quand même assez cher mais beaucoup plus rapide que le métro, voire même que le vélo ou le scooter. C'est peut-être aussi plus dangereux encore que, une chute à trottinette serait sans doute moins grave qu'à vélo ou en scooter.  J'ai traversé la place de la Bastille où il y avait beaucoup de travaux et donc, des embouteillages monstrueux. En tout cas, j'ai pu constater que la trottinette se faufilait partout avec plus d'aisance que les vélos ou les motos. Ce qui est très agréable, c'est de pouvoir laisser la trottinette à n'importe quel endroit. En trente secondes tout est règlé. J'ai également vu des gens sur des monoroues électriques, eux aussi très à l'aise dans le trafic parisien. 


mardi 13 novembre 2018

Bêtise

Hier, déjeuner très agréable avec Richard, Pascaline et l'une de ses collègues des éditions Nathan. Vue sur l'intérieur des politiques d'une grande entreprise qui, manifestement, n'a pas l'air de prendre les bonnes décisions. Quand on lutte contre la bêtise, c'est toujours la bêtise qui gagne. Pourquoi ? Sans doute que la bêtise pèse plus lourd et qu'elle ne s'embarrasse que d'elle-même pour fonctionner. 

Hier après-midi, je me suis promené avec Richard pour aller voir, notamment, les caryatides tout près de République. Magnifiques sculptures. Nous sommes ensuite allés dans le coin de Pigalle pour acheter une veste de travail comme j'en rêve depuis longtemps. Malheureusement, le magasin était fermé et je compte bien y retourner aujourd'hui. Le soir, dîner chez Claude avec Marc que j'ai été bien content de revoir et qui avait l'air en bonne forme. Plus tard encore, longs échanges avec Charlotte qui me demandait quelques conseils pour le commentaire de texte qu'elle devait remettre ce matin. C'était un texte de Simone de Beauvoir iré du Deuxième sexe, un texte que j'ai trouvé un peu caricatural.  Enfin, bon...

lundi 12 novembre 2018

Sarah

Samedi soir, je suis allé à un concert de jazz/musique contemporaine donné par la fille de Claude au Plateau, une toute petite salle, à proximité de l'appartement de Claude. Il s'agissait d'œuvres originales composées par Sarah, justement, et c'était magnifique. J'ai vaiment beaucoup aimé cette musique. Il s'agissait d'un quatuor avec comme instruments la contrebasse (Sarah), un saxophone, un tuba, et le piano. J'ai été impressionné par le tuba qui donne à la musique une respiration à la fois profonde et formidable. C'est çà : une respiration formidable qui nous remplit de vie. Étonnant.

Hier à midi, je suis allé déjeuner chez Martine et Duncan et nous avons parlé longuement de tous les sujets qui nous venaient à l'esprit : la famille, les amis, la santé, Trump, Bolsonaro, le Brexit, Erdogan, etc.

Le soir, j'ai retrouvé le petit studio à côté de chez Fabien qui avait préparé un délicieux repas. Malheureusement il était très affecté par une rage de dents particulièrement douloureuse.

samedi 10 novembre 2018

Zlatka

Au fond du carreau
Dans un étau de transparence
L'arbre se débat

Nous avons été voir Zlatka hier après-midi. Zlatka est celle qui, il y a deux ans, m'a initié à l'art du haïku et c'est en l'honneur de nos retrouvailles que j'ai écrit ces lignes maladroites. Elle nous a raconté certains aspects de son voyage en Chine et des quelques jours qu'elle a passé au Vietnam. Nous avons mangé des pommes cuites dans son petit salon obscur, bien installés sur un divan de cuir blanc tandis qu'elle nous parlait du haut de son fauteuil à bascule. Un après-midi de novembre, tranquille et sombre, et la voix douce de Zlatka, nous racontant ses aventures. Nous y sommes allés, et en sommes revenus, en scooter électrique. Isabel derrière moi, me faisant des recommandations de conduite. 

vendredi 9 novembre 2018

Antisémitisme

Notre premier ministre dénonce une montée de l'antisémitisme en 2018, une augmentation de 69% d'actes antisémites. Je suppose que, conformément aux consignes insupportables du gouvernement français, il inclut dans cette comptabilité toutes les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien, notamment à travers le mouvement BDS, dont Israël mesure enfin la portée et dont il craint qu'il puisse s'étendre encore à travers le monde. Quelles sont les intentions politiques d'une telle annonce le jour anniversaire de la nuit de cristal en 1938 ? Ne faut-il pas craindre que cette annonce fondée sur un malentendu honteusement exploité, n'accentue les manifestations de haine ? En vue de justifier de  nouvelles répressions de la solidarité populaire avec les migrants ou les Palestiniens ? Tout le monde n'a pas l'art de Krzyzanowki (voir le 16 août dernier, "Oderint", sur ce blog) pour contrôler et utiliser l'énergie physique de la haine pour le bien de l'humanité !

*  *  *

J'ai lu hier le dernier roman de Maylis de Kerangal, Un monde à portée de main, Gallimard, Verticales, 2018 : une écriture toujours aussi brillante et rapide pour décrire la passion du trompe-l'oeil, la reproduction de la texture de tous les marbres possibles, et pourquoi pas, d'une écaille de tortue avec, au final, le fac-similé des chefs d'œuvre préhistoriques de Lascaux. Cela se lit d'un trait, vite. Avec, vers la fin, une sorte d'autoportrait improvisé : "La femme a relevé ses cheveux avec des peignes en écaille, elle a des lèvres pleines, les joues plates, le front large avec une implantation en pointe, le cou fort, les iris semblables à deux gouttes de whisky — un visage de déesse romaine." (p.238) 

jeudi 8 novembre 2018

Laurent

Il était très présent dans mon rêve. Beaucoup plus jeune. Il devait avoir 9 ou 10 ans. D'une gentillesse extrême et soucieux des désaccords que je pouvais avoir avec Irène, venue m'aider dans la restauration d'une maison que j'avais achetée en ruines à Paris, dans un ruelle ressemblant à une ruelle de village provençal. Il y avait une seule pièce en haut avec un large vitrage. Cela devait être notre chambre à coucher. Maurin était là également et il y avait quelqu'un qui passait pour installer l'électricité dans toutes les maisons de cette ruelle très ensoleillée. Je me demandais si la chambre de Charlotte serait suffisamment grande. En réalité, il y avait beaucoup de monde et la grande pièce mansardée du premier et unique étage avait belle allure. Mais, au centre de ce rêve, il y avait Laurent.

*  *  *

Je suis en train d'écouter l'interview de Steven Pinker, psychologue en exercice à Montréal, dont on vient de traduire (Edition Les Arènes) le livre Enlightment Now, qu'on a envie de connaître. Je vais tenter de le télécharger sur mon Kindle. Il reprend les théories de Chomsky sur la grammaire universelle, a écrit un livre sur le style et défend les lumières de la raison d'une manière optimiste sans tomber dans le gouffre d'une apologie de l'intelligence artificielle ou le transhumanisme. Intéressant.

*  *  *

J'entends les protestations contre l'évocation de Pétain par Emmanuel Macron lors de son périple commémoratif dans le nord et l'est de la France. Ces protestations sont-elles justifiées ? Elles sont liées à l'idée que l'homme de Verdun est le même que l'homme de Vichy, que l'homme de la Victoire est le même que celui de la trahison. Ou, en tout cas, même s'il peut y avoir eu changement, l'homme de la trahison supplante celui de la victoire, comme si Vichy était capable d'effacer Verdun, pas plus que Verdin ne peut effacer Vichy, évidemment.

mercredi 7 novembre 2018

Manichéisme

Malgré la victoire des démocrates à la chambre des représentants aux Etats Unis, ces élections de mi-mandat sont désastreuses. Comme l'a souligné mon fils hier dans son blog (Voir ici), on va vers une accentuation d'un manichéisme dévastateur : le bien contre le mal, alors que, comme l'a souvent dit Feyerabend, il y a toujours du mal dans le bien et souvent du bien dans le mal. Surtout, il ne s'agit pas de valeurs absolues. La polarisation outrancière du peuple américain comporte de grands risques car ce sont des conflits et des luttes qui s'annoncent et, malheureusement, les batailles renforcent la dimension manichéenne des situations. L'affrontement n'oppose pas d'ailleurs le Bien au Mal, mais plutôt l'égoïsme à la générosité, l'affirmation du bien-fondé de notre force à la conscience de notre faiblesse humaine, la volonté d'aveuglement de la foi à la prudence de la raison, l'obsession de la victoire à l'acceptation des défaites possibles, etc. Comme on le voit, il est bien difficile de sortir du manichéisme quand on touche à des problèmes moraux.  

mardi 6 novembre 2018

Chantier

Je suis allé voir le chantier aujourd'hui avec Isabel. Le toit n'est pas tout-à-fait terminé mais presque, et cela fait plaisir de voir les tuiles neuves recouvrir notre futur logis.  La terrasse est presque entièrement dégagée de ses gravats. Il va y avoir un problème très prochainement. Il faut évidemment raccorder notre maison aux égoûts de la ville et cela ne pourra pas se faire sans que l'épicerie ne ferme ses portes pendant environ trois mois. Il va falloir négocier mais, comme me le faisait remarquer Isabel, l'épicier est vraiment de bonne composition. On lui proposera sans doute de rester un peu plus longtemps dans nos murs (six mois de plus, par exemple). Il nous serait vraiment difficile de compenser financièrement son manque à gagner. À part ça, tout va bien. 

lundi 5 novembre 2018

Dernière minute

C'est, comme d'habitude, à la dernière minute que Charlotte s'est mise au travail pour écrire sa dissertation littéraire sur la place d'Hernani de Victor Hugo et du romantisme dans la littérature française. Je connais bien ce comportement pour l'avoir eu moi-même. Ce qui conduit à faire les choses à la hâte. Cette hâte peut parfois être productive, surtout si elle est précédée d'une longue préoccupation sur le sujet à traiter, ce qu'on appelle la période de gestation. Je savais, bien sûr, ce qui allait arriver. J'avais donc relu Hernani —qui ne m'avait laissé que de très vagues souvenirs— en pensant à l'avance à la collaboration qui me serait demandée au dernier moment. À plusieurs reprises, j'ai pressé Charlotte de se préparer, de lire la pièce de Hugo, de se documenter, de me prévenir de ce qu'elle aurait à faire et pour quand. Et ce n'est qu'hier soir qu'elle me sollicite, sans s'être véritablement préparée à l'avance. Nous avons travaillé ensemble jusqu'à 1h du matin. Nous aurions dû reprendre ensemble la préface à Cromwell dans laquelle Hugo expose ses idées sur le renouveau de la créativité littéraire, mais nous n'avions pas le temps. 
Je pense que Charlotte a beaucoup de mal à s'imaginer qu'un travail sur une pièce du XIXe siècle pourrait être intéressant. Pour imaginer cela, il faut s'abstraire quelque peu des soucis du présent, oublier son téléphone, ouvrir une parenthèse mentale et temporelle pour se concentrer sur un truc qui, a priori, n'a n'a aucune urgence vitale. 
Ce qui m'étonne chez Charlotte, c'est le calme avec lequel elle se met au travail : aucune anxiété, aucun signe de ce sentiment d'urgence qui, moi, me mettait dans des états voisins de la panique.  C'est certainement un atout. Mais ça ne peut sans doute pas résoudre tout les problèmes quand elle sera en situation d'examen. 

dimanche 4 novembre 2018

9 - 3 ÷ 1/3 + 1

Cette opération arithmétique a été publiée, comme problème à résoudre, sur le site Quora que je regarde avec intérêt assez souvent, à vrai dire. Ce qui est étonnant c'est que l'opération a donné lieu à une multiplicité étonnante de réponses : 1, 9, 4, 56, 19, 4, -3, 33/4, 3, 21, 1,5, 11, 5 ... En tout : plus d'une cinquantaine de réponses qui, comme on le voit, ont été très variées ! Au lieu de considérer cette variété avec l'arrogance de celui qui, du haut de son QI, n'y verra qu'une expression commune de la bêtise et de l'ignorance, je propose de compléter notre réflexion en essayant de retrouver les raisonnements qui ont conduit à chacune de ces réponses. C'est assez drôle et pas toujours aussi facile qu'il paraît. 

samedi 3 novembre 2018

Pension

J'ai reçu hier un formulaire envoyé par le International Pension Center de Wolverhampton et que j'ai reçu en retard. Il semblerait que le même service m'ait envoyé un formulaire analogue une première fois en juillet. Je ne l'avais pas reçu. Notre changement d'adresse en est sans doute la cause. Ce formulaire est destiné à prouver à ce service de retraites britannique que je suis encore vivant et que, donc, ils peuvent continuer à me payer la minuscule pension que je dois aux quelques années que j'ai passées à travailler en Grande Bretagne, à York plus précisément. Il me faudra un témoin. Zbyszek était mon témoin l'année dernière comme j'étais moi-même son témoin tant qu'il fut vivant. Je vais demander ce service à Richard, car, évidemment, les membres de ma famille ne peuvent pas porter un tel témoignage. 

Ce matin, j'ai écouté l'émission Répliques d'Alain Finkielkraut, qui avait invité Adam Nossiter, correspondant du New York Times et Géraldine Smith, auteure d'un livre qui présente l'avenir de la France sous les couleurs de l'Amérique, pour discuter du "politiquement correct" et des différences culturelles entre la France et les Etats Unis. J'ai été frappé par l'indignation d'Alain Finkielkraut devant l'hostilité des réactions à l'introduction d'une innovation dans l'enseignement secondaire proposée par le ministre Blanquer. Celui-ci propose d'instaurer des obligations de lecture d'un certain nombre d'œuvres littéraires. Finkielkraut voyait dans le déclenchement des réactions hostiles à ce projet le symptôme d'un refus d'une culture commune. J'ai quand même l'impression qu'il y a ici un malentendu sur ce qu'est une culture. Pour moi, une culture c'est précisément ce qui, dans les communautés humaines, est appelé à gérer les différences entre les humains sans faire appel à une forme quelconque de violence. Autrement dit, la culture n'est pas ce qui fait se ressembler les hommes les uns aux autres —cette quête de ressemblance identitaire est généralement source de conflits et de violences—, mais plutôt ce qui permet à leurs différences de se cotoyer dynamiquement, voire même —si je peux me permettre ce terme amphigourique— créativement. Faire lire les même textes à tous les jeunes ados scolarisés en France en vue de faire exister une culture commune fondée sur le partage des mêmes contenus me semble abherrant. 

vendredi 2 novembre 2018

Dix

Hier soir, nous avons reçu Monika et Jean-Marie, les parents de Liliana, la meilleure et plus ancienne amie de Charlotte. Elles se connaissent depuis le berceau, ont fait l'école maternelle ensemble, et une part (petite) de leur scolarité primaire. Monika est d'origine polonaise et Jean-Marie d'origine corse. Ils habitaient rue de Lancry, à deux pas du Passage des Marais. Deux de leurs amis sont venus avec eux et la sœur de Liliana était là également, en tout : dix personnes. J'avais préparé des morceaux de poulet qui avaient mariné quelque temps dans un jus de citron vert avec du thym,  accompagnés de champignons (shitaké, pleurotes et champignons de Paris) à la crème d'épeautre. Isabel avait fait un délicieux potage. Cette soirée, très plaisante, m'a empêché de terminer L'Arbre monde, de Richard Powers que je terminerai aujourd'hui, après mon rendez-vous avec Isabel Serra, à l'Université en vue du Colloque que nous voulons organiser en hommage à Kotowics. Voici quand même un passage du livre que j'ai relevé :
"Mais les humains n'ont aucune idée de ce qu'est le temps. Ils croient que c'est une ligne, qui commence à se dérouler trois secondes derrière eux pour disparaître tout aussi vite dans les trois secondes de brouillaurd devant eux. Ils ne voient pas que le temps est un cercle en expansion qui en enveloppe un autre, en s'étendant toujours, jusqu'à ce que la plus fine peau de l'Aujourd'hui dépende pour exister de l'énorme masse de tout ce qui est déjà mort." (p. 382)
Et voici un autre passage intéressant :
"Nous autres scientifiques, on nous apprend à ne jamais chercher l'humain dans d'autres espèces. Alors on insiste pour que rien ne nous ressemble ! Jusqu'à très récemment, on ne voulait même pas accorder une conscience aux chimpanzés, encore moins aux chiens ou aux dauphins. Mais seulement à l'homme, vous comprenez : seul l'homme pouvait en savoir assez pour vouloir des choses. Mais croyez-moi : les arbres veulent quelque chose de nous, comme nous avons toujours voulu quelque chose d'eux. Ça n'a rien de mystique. l' "environnement" est vivant : c'est un réseau fluide et changeant de vies animées d'un but et interdépendantes. L'amour et la guerre ne peuvent pas être dissociées. Les fleurs façonnent les abeilles autant que les abeilles façonnent les fleurs. Des baies peuvent être en rivalité pour être mangées plus que les animaux ne rivalisent pour ma,ger les baies. Un acacia épineux produit des friandises aux protéines sucrées pour nourrir et asservir les fourmis qui le protègent. Des arbres fruitiers nous manipulent pour qu'on dissémine leurs graines, et ce sont les fruits mûrissants qui nous ont fait accéder à la vision en couleurs. En nous apprenant comment trouver leur appât, les arbres nous ont appris à voir que le ciel est bleu. Notre cerveau a évolué pour déchiffrer la forêt. Nous avons façonné et été façonnés par les forêts depuis bien plus longtemps que nous ne sommes des Homo sapiens." (p. 481)


jeudi 1 novembre 2018

Cadeaux

Rendez-vous ce matin avec les ingénieurs pour l'électricité et le chauffage de la maison (emplacement des prises, radiateurs, air conditionné). En fait, je laisse ces décisions à Isabel. Ce sont des aspects très concrets et importants mais à propos desquels je n'ai aucune compétence. J'ai quand même pu constater que les travaux avancent bien malgré la pluie. Celle-ci s'infiltre encore dans l'immeuble ce qui pose quelques problèmes à notre épicier qui se trouve au rez-de-chaussée. Heureusement, nous nous entendons très bien avec lui et aujourd'hui, j'ai pu ramener quelques bananes gratuites à la maison. Il nous fait toujours de petits cadeaux quand on passe voir les travaux. Auparavant, il m'offrait toujours une ou deux bouteilles de vin. Depuis qu'il sait que je ne bois plus d'alcool, il nous donne des fruits et des légumes.  

*  *  *

J'ai entrepris la lecture du roman de Richard Powers, L'arbre monde, (Ed. Cherche  Midi, Paris, 2018, traduction de Serge Chauvin), livre dont j'avais fait cadeau à Richard et qui me l'a prêté pour que je puisse le lire aussi. La première partie du livre, intitulée "Racines", est consacrée à la présentation des personnages. Chacun d'entre eux est associé à un arbre particulier. Il semblerait que dans la deuxième partie, intitulée "Tronc", ces personnages se rencontrent. En tout cas, les arbres sont très présents dans cet étrange récit qui défend l'importance de l'écologie dans le monde d'aujourd'hui.

mercredi 31 octobre 2018

Novembre

Un temps de veille de la Toussaint : c'est d'une véritable drache qu'il s'agit quand je regarde la rue en face de la fenêtre où je travaille. De rares piétons en mal de maîtriser leur parapluie secoué par de grandes gifles de vent, des voitures au ralenti, tous phares allumés, faisant bruisser leurs pneus sur les pavés, des arbres qui goûtent et des flaques ridées d'ondes minuscules... un vrai temps de chien comme on les aime en novembre, à condition de pouvoir être au chaud quelque part, chez soi de préférence.

Hier j'ai parlé devant une audience très restreinte —je crois qu'il y avait sept personnes en tout— et cela m'a fait plaisir de renouer avec mes propres idées. J'ai eu droit à plusieurs questions qui montraient que j'avais été compris. Antonio Dores, qui m'avait invité, m'a parlé de revenir... Pourquoi pas, me suis-je dit. J'ai pu parler sans tousser mais tout de suite après et cette nuit, la toux a repris ses droits sur mes poumons. J'espère que cela ne va pas durer et que je serai bientôt de nouveau en forme, en grande forme même.

J'ai rêvé cette nuit que je retrouvais la nationalité belge.