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dimanche 30 juin 2019

Danse

Certes il y a beaucoup de livres dont la lecture peut vous sembler, après coup, n'avoir été ni très utile ni vraiment instructive. Mais certains livres, par contre, vous rendent heureux de les avoir lus avant de mourir. Ce fut le cas pour le livre que j'ai lu hier, de Ramïn Farhangi. Il y en a eu d'autres, bien sûr, et, en m'endormant hier soir, j'ai essayé d'en identifier quelques uns : David Abram certainement, Walter Ong et Jesper Svenbro... je parle ici d'auteurs dont la pensée, telle qu'elle se trouve exprimée dans leur texte, rencontre la vôtre, se conjugue avec elle, danse avec elle avec l'évidence des rencontres amoureuses. Je ne mentionne pas ici le théâtre, les romans ou la poésie, qui peuvent également susciter de grands enthousiasmes. Les auteurs que j'ai évoqués sont plutôt des essayistes qui, dans l'histoire, se rattacheraient plutôt à des auteurs comme Diderot. Tout ça pour dire que je recommande chaleureusement le livre de Ramïn Farhangi à tous ceux qui s'intéressent à ces êtres humains que nous avons été quand nous étions enfants et que, parfois, nous sommes encore un peu, en tant qu'adultes.

Voici un passage de ce livre :
"L'enfant n'a pas besoin d'enseignement, de pédagogie et d'explication. Au contraire, cela ralentit le processus d'apprentissage. Il vaut mieux le laisser tranquille pour qu'il se connecte à son besoin d'appartenance et de réalisation. Cela suffit amplement pour qu'il se motive lui-même et mette en branle les moyens nécessaires à l'acquisition des fondamentaux, y compris lire, écrire et compter. " (p.124-125)

samedi 29 juin 2019

Farhangi

Aujourd'lu le livre de Ramïn Farhangi, Pourquoi j'ai créé une école où les enfants font ce qu'ils veulent, (Actes Sud, Domaine du Possible, 2018). C'est un livre qui m'a été envoyé par Jérôme Saltet tout comme celui qui m'a informé sur la Sudbury Valley School. Ici, il s'agit de l'"école dynamique" qui est aussi l'"école démocratique". L'auteur a créé cette école à Paris et j'ai évidemment très envie d'aller voir comment cela fonctionne. C'est en tout cas une preuve éblouissante du fait que c'est par la liberté de nos choix que nous réussissons à apprendre. Et les savoirs que nous offre cette liberté sont uniques, irremplaçables, souvent longtemps implicites parce qu'appris de manière informelle. Je dois absolument amener ce livre au Lycée Ermesinde. Rien que sa lecture donne des tas d'idées.

Libre

Elle sort de ce lieu, l'école, qu'elle a considéré comme une prison pendant des années et... une fois libre, enfin presque libre... elle se rase la tête et se peint la tête. J'aurais voulu publier une photo mais celle que j'ai envoyée de mon iPhone ne m'est pas parvenue sur l'ordinateur. Je vais essayer Bluetooth.

vendredi 28 juin 2019

LFCL

C'était la fête, hier soir, au Lycée Français Charles Lepierre : la remise en présence de la nouvelle ambassadrice française au Portugal, de leurs diplômes aux 112 élèves de terminales : 47 en Série Économique et Sociale, 16 en Série Littéraire et 59 en Série Scientifique. Il y a eu de nombreux discours. Le proviseur, Serge Faure, a évoqué les résultats brillants du lycée où Charlotte a passé une grande partie de sa vie jusqu'ici. Le lycée a obtenu une quinzaine de mentions Très bien et Bien. Charlotte aurait certainement pu obtenir une mention très bien si elle avait travaillé un peu plus. Mais elle a été si souvent absente cette année que cela ne semblait guère possible. Charlotte n'a pas été très heureuse dans cette école. Elle a connu plusieurs périodes de harcèlement et n'a fait, dit-elle, aucun ami ni aucune amie parmi ses camarades de classe. Dans un peu plus de deux semaines, elle aura dix-huit ans. Elle a été acceptée via Parcours Sud à la Sorbonne (Paris 3) pour des études en langues et relations internationales. Cela pourrait sans doute lui convenir mais elle veut d'abord prendre une année off comme on dit, pendant laquelle elle veut voyager en Extrême-Orient. Elle est attirée par la Thailande mais elle aime aussi le Japon. Je publierai une photo de sa remise de diplôme ce soir.

Mathématiques

En recommençant la lecture d'Andréi Biély, auteur du roman Petersbourg (Editions L'Âge d'Homme, 1967), je note une coïncidence amusante. Je venais de lire Nous de Zamiatine. Les deux auteurs russes sont tous les deux mathématiciens et les références aux mathématiques dans Nous abondent. 
Dans Petersbourg, je note à la fin du Prologue : "Quoiqu'il en soit, Petersbourg non seulement nous paraît, mais même apparaît sur les cartes, sous la forme de deux cercles imbriqués l'un dans l'autre avec un point noir au centre. Et à partir de ce point mathématique que voici, qui n'a pas de dimension, il proclame énergiquement qu'il est; de là, de ce point que voilà se déverse le flot précipité des pages imprimées ; de ce point invisible impétueusement se déverse la circulaire..." (p. 16)
Un autre passage qui m'a fait repenser aux descriptions des opérations mentales du mathématicien présentées par Hadamard (dans son llivre Psychologie de l'invention dans le domaine mathématique) : "L'activité cérébrale du dignitaire portant croix diamantée en sautoir se distinguait par des propriétés étranges, vraiment étranges, tout-à-fait étranges : sa boîte crânienne devenait un creuset d'images mentales qui s'incarnaient aussitôt dans ce flot illusoire. Oh ! il eût mieux valu qu'Apollon Apollonovitch ne rejetât hors de lui aucune pensée, fût-elle oiseuse ; il eût mieux valu que toutes, il les gardât dans sa tête, car chacune d'elles se développait opiniâtrement en une image spatio-temporelle, et poursuivait son mouvement incontrôlé hors de la tête sénatoriale" (p. 35)

BHL

Ce qu'il dit sur France Culture aujourd'hui à 9 heures (heure portugaise) dans son entretien avec Adèle van Reeth : "Je crois à l'humanité abstraite. Il faut intervenir au nom de l'universel. Le point de vue de l'universel c'est le point de vue d'autrui." Sa "volonté de pureté", un "concept" ? "On écrit pour des lecteurs qui ne sont pas encore là." Avec BHL, nous sommes à l'opposé de l'éthique feyerabendienne. Nous sommes en présence de l'arrogance intellectuelle la plus grande que l'on puisse imaginer et à l'extrême opposé de ce que je crois important dans la pensée et la vie. 

jeudi 27 juin 2019

Alpagué

En revenant, à pieds, de la Fac aujourd'hui, je me suis fait alpaguer par un mec assez louche, qui prétendait me connaître et semblait se vexer que je ne le reconnaisse pas. Il était descendu d'une Mercedes blanche qui s'était arrêtée brusquement à une quinzaine de mètres de l'endroit où je me trouvais. Très cordial, me tapant familièrement sur l'épaule, il m'invite à dire bonjour à son copain, un "docteur" qui était au volant de la luxueuse voiture. Ne sachant vraiment pas si c'était quelqu'un que j'avais déjà rencontré ou non, je l'accompagne jusqu'à la voiture. Là il s'empresse de m'offrir une bouteille de parfum qu'il met dans un sac plastique noir. Ensuite, son copain, le "docteur" sort de sa boîte à gants une boîte magnifique que le premier ouvre. Je vois deux montres dorées, étincelantes au soleil. C'est à ce moment-là que j'ai senti l'arnaque. J'ai mis le temps et Isabel, quand je lui ai raconté cette histoire, m'a dit que j'avais eu beaucoup de chance. J'aurais pu me retrouver dans la voiture et être dépouillé de mes cartes et de tout ce que j'avais. Heureusement, j'ai pris la décision de lui rendre son sac plastique noir tout-à-fait miteux et de m'éloigner en disant très clairement que je n'étais pas intéressé, ni par le cadeau ni par les montres. Qu'est-ce qui se serait passé s'il m'avait proposé les œuvres complètes de Camoens ?

Ceci dit, mon aller/retour à pieds à la Fac m'a fait faire 12201 pas, correspondant à une distance de 8,6 km. Pas mal après trois jours de jeûne ! 

Against Method

Je n'ai fini le livre de Zamiatine, Nous, qu'hier soir parce qu'entretemps, j'ai repris plusieurs livres de Feyerabend, The Tyranny of Science, Killing Time, Conquest of Abundance et, plus important encore, Against Method, la dernière édition, celle qui est préfacée par Ian Hacking et qui date de 1993. Je reprends ces livres dans leur langue originale. Le dernier chapitre d'Against Method, qui ne figure pas dans la première édition de 1975 —que j'ai traduite— est vraiment intéressant. C'est là que l'on sent toute l'influence qu'a pu avoir sur sa pensée, sa relation avec Grazia Borrini. Le Feyerabend d'avant Grazia était certes un rebelle, anarchiste, dadaïste, inclassable parce que c'est ce qu'il voulait : ne pas tomber dans un tiroir qui fait que tous vos propos deviennent, dans l'esprit de vos collègues, prédictibles. Mais il avait aussi cette arrogance propre à ceux qui veulent précisément être inclassables. Or, dans ce dernier chapitre d'Against Method, il se révolte précisément contre l'arrogance des intellectuels qui prétendre pouvoir juger de tout du fond de leur bibliothèque, comme si celle-ci leur donnait la possibilité d'une vision complète du monde et de ses problèmes.

mardi 25 juin 2019

Bokov

J'ai lu hier le petit livre de Nicolas Bokov, La Tête de Lénine (Editions Noir sur Blanc, traduction Claude Ligny, 2017 —mais ce texte date de 1970 et a été traduit en 1972 pour La Quinzaine littéraire). Il s'agit d'une histoire à dormir debout et qui a circulé grâce au samizdat pendant quelques années où il est question du vol de la tête de Lénine, couché dans son mausolée près du Kremlin. Le texte est plein d'humour, pas toujours facile à comprendre.

Par ailleurs, j'ai lu ce matin un article du Guardian, que ma sœur Martine m'a envoyé sur Boris Johnson et ses compères, issus des mêmes promotions d'Oxford après Eaton et qui forment ensemble un tout petit cercle de complices appelés, les uns et les autres, à faire partie de l'establishment au pouvoir en Angleterre. 

lundi 24 juin 2019

Sudbury

En général, je me méfie des livres qui traitent d'éducation ou d'enseignement. Depuis que je travaille avec Jeannot Medinger au Lycée Ermesinde, je me suis, avec lui, de plus en plus radicalisé en ce qui concerne l'école, y voyant une institution contrôlée par l'Etat et complètement acquise à la production d'une grande majorité de perdants, c'est-à-dire de jeunes gens que l'école aura abîmés de manière irréversible. Le livre de Peter Gray que Jérôme Saltet m'a envoyé récemment et qui a pour titre Libre pour apprendre (Actes Sud/Playbac, 2016, traduction d'Elsa Petit), m'a convaincu qu'il est quand même possible de donner un tout autre sens à l'école. Se fondant sur des enquêtes anthropologiques menées auprès de diverses tribus de chasseurs-cueilleurs, qui montrent qu'en laissant les enfants totalement libres de toute contrainte, ils passent leur temps à jouer et que c'est à travers leurs jeux multiples qu'ils apprennent ce qu'il faut savoir pour vivre dans leur communauté, l'auteur décrit l'école de Sudbury Valley. Créée par Daniel Greenberg et son épouse Hannah sur le modèle de "l'éducation" des enfants chez les chasseurs-cueilleurs, cette école mise entièrement sur le jeu et la liberté. Elle démontre que "pas d'école du tout" est de loin préférable à l'école que nous connaissons dans les pays occidentaux sur un modèle hérité du XIXe siècle. Le mélange des âges, la liberté complète, le rôle d'exemples des adultes —pouvant, parfois, enseigner, sur la demande explicite des enfants—, le partage démocratique de toutes les décisions impliquant le fonctionnement de l'école, tous ces aspects et bien d'autres, magnifiquement décrits par l'auteur, montrent que les enfants nont pas véritablement besoin des adultes pour apprendre. Ils ne peuvent pas ne pas apprendre. Ils peuvent faire appel aux enseignants quand eux l'estiment nécessaire et quand ils sont effectivement motivés pour les entendre, mais ce n'est pas systématique et en général, ils peuvent fort bien se passer complètement des enseignants tels que nous les concevons. Le livre est parfaitement clair, bien traduit de l'anglais et je le recommande à toute personne intéressée par l'école. Les discussions que nous avions eues il y a quelques années dans la perspective de créer ce que nous avions appelé le "Luxembourg College" nous avaient fait décrire un fonctionnement qui est très proche de celui de la Sudbury Valley School. Peut-être n'est-il pas trop tard et notre dernier projet autour du château de Sanem à Luxembourg devrait-il être repris dans cet esprit ?

dimanche 23 juin 2019

Nous

Nous, c'est le titre du roman d'Evgueni Zamiatine, publié pour la première fois en 1952 et traduit du russe pour les éditions Actes Sud par Hélène Henry pour une publication en 2017. C'est une dystopie un peu à la manière d'Orwell et Huxley même si ce roman a été écrit par Zamiatine en 1920. 

Hier, j'ai lu un petit roman russe également, celui d'Alexandre Grine, L'attrapeur de rats. Excellent.

samedi 22 juin 2019

Bachelière

Le Bac est enfin sorti de mon horizon de parent. Charlotte vient de le réussir avec la mention "Bien". Elle sautait de joie et m'a dit plusieurs fois "je vais enfin pouvoir choisir moi-même ce que j'ai envie de faire de mes journées, plus personne ne décidera à ma place du chemin que je veux prendre". Si je pouvais encore sauter, j'aurais sauté de joie avec elle. Parfois, au cours de l'année, Isabel et moi avons été inquiets : Charlotte a été très régulièrement —le mot est particulièrement approprié !— absente. En outre elle vivait en couple avec Johni, ce qui n'était guère propice à une concentration maximale sur les choses qu'elle devait étudier. Pour fêter ce succès nous sommes allés dans un restaurant japonais manger des sushis et des sashimis. Charlotte adore la cuisine japonaise. Nous y sommes allés avec son ami Johni et son amie Susana, qui apprend la bijouterie en Angleterre. Richard et Claude étaient également avec nous pour fêter ça. Ce fut un  repas très joyeux avec un excellent vin du Douro choisi par Richard. Il faut maintenant que Charlotte passe son permis de conduire. 

jeudi 20 juin 2019

Claude

Mon amie (et collègue de Paris 7) Claude Murcia est arrivée hier à Lisbonne pour nous rendre visite.  Elle dort dans notre fort petite chambre d'amis. Malheureusement, le soleil n'est pas au rendez-vous. À treize heures nous irons voir le chantier, avec Bobine également, qui est aussi à Lisbonne. Quand j'attendais Claude à l'aéroport, je voyais ce flot continu de touristes débarquer. C'est un peu effrayant de voir tout ce monde envahir la ville. Ce ne sont pas des migrants quoique, pour certains d'entre eux, en particuliers les français, ils viennent ici pour s'installer. Il y a maintenant une radio française et de plus en plus de petites entreprises qui se créent pour profiter du dynamisme économique et touristique de la ville.

mercredi 19 juin 2019

Lapsus

Le lapsus de Muriel Pénicaud —qui, à juste titre, a été largement repris dans la presse— est quand même assez étonnant. Bien sûr, les hommes et les femmes politiques sont contraint.e.s dans leurs interventions publiques. Ils se fient à leurs automatismes tels qu'ils ou elles les ont acquis dans les grandes écoles et dans leur passage dans la haute administration. Mais c'est justement ça qu'il faut relever. Ils baissent la garde. Ils ou elles ont répété leurs formules déjà mille fois. Pourquoi est-ce que tout-à-coup, ça dérape et on dit exactement le contraire de ce que l'on croit qu'on pense ? Et oui ! L'inconscient sait se faire entendre. Merci Pénicaud !

mardi 18 juin 2019

Harpe

Ma fille, Célia, chante et joue de la harpe. Elle avait pris des cours très jeune, à partir de 8 ou 9 ans je crois. Elle allait au Conservatoire à Strasbourg et sa professeure nous disait qu'elle avait vraiment le profil d'une harpiste. En fait, c'était plutôt de ses mains qu'il s'agissait. Elle avait les mains de l'emploi. Des mains qui fonctionnent aussi parfaitement sur les corps qui viennent à elles pour se redresser dans le cadre de la Technique Alexander. Malheureusement, on ne les voit pas très bien sur la photo que je publie. Récemment, sa harpe s'est brisée en deux sous l'effet, non d'une fausse note, mais sans doute d'une dissonance atmosphérique singulière. Célia a alors fait appel au crowdfounding pour payer la réparation qui a été évaluée à 800 euros. Je m'aperçois aujourd'hui qu'elle est arrivée à 600 euros, ce qui est déjà formidable. Voici l'adresse du site qui héberge sa demande de fonds :
https://www.gofundme.com/open-harp-operation

Il ne fait pas très beau aujourd'hui. Les gens que je vois passer dans la rue ont mis leur pullover, ou un anorak de couleur vive. La plupart ont un parapluie dans la main.  Il y a beaucoup de vent. Au jourd'hui, je vais aller avec Isabel sur le chantier de notre immeuble. J'espère que nous pourrons déménager avant Noël. Notre entrepreneur devrait nous en dire plus aujourd'hui. Mais je ne sortirai pas sans un chapeau !

Cette après-midi, Charlotte devra passer sa dernière épreuve pour le Bac. Une épreuve d'anglais oral. Elle très bonne dans cette matière. Nous ne sommes pas inquiets. Nous aurons ses résultats dans une semaine environ.

Hier soir je me suis endormi après avoir lu deux ou trois nouvelles de Karel Čapek du volume intitulé Contes d'une poche et d'une autre poche, traduits du tchèque par Barbora Faure et Maryse Poulette, Les Éditions du Sonneur, 2018). Ce sont de petites nouvelles policières très originales écrites de façon très dépouillée. 

lundi 17 juin 2019

Famille

Je termine Les jours d'Ouillon. C'est un livre qui vous tient comme la famille vous tient. Et c'est de cela qu'il est question : une famille avec parents, enfants, grands-parents à travers le XXe siècle. Ce sont des histoires de famille, des souvenirs très personnels, des récits inachevés, des images qui s'entremêlent avec l'histoire du siècle telle que les journaux peuvent la raconter au jour le jour, faisant de l'actualité un récit sans fin. C'est un livre intéressant parce que même si la famille d'où l'on vient et à l'aquelle on appartient n'a pas vécu les mêmes voyages, les mêmes aventures coloniales —à Madagascar, notamment—, on se reconnaît volontiers dans la nature des liens qui nous attachent les uns aux autres et à l'Histoire. Passionnant. 

dimanche 16 juin 2019

Ouillon

J'ai repris la lecture du livre de Sylvain Ouillon, Les Jours, dont j'ai déjà parlé. Cette lecture a été interrompue par mon escapade à Luxembourg. Le livre était trop gros pour que je l'emmène là-bas. 
C'est un "roman" curieusement construit autour des rapports entre la mémoire et l'histoire. Voici ce que l'auteur écrit page 366 : "Autant l'histoire est une science qui appartient à tous, objective, infinie, autant la mémoire est subjective, sélective, finie, fragile, elle se décompose, elle secrète une mythologie intime. Tandis que l'histoire subsiste, la mémoire s'effrite, éphémère. Et pourtant, comment pourrait-on abandonner le passé à la seule histoire ? La mémoire est l'étoffe qui habille l'histoire."

samedi 15 juin 2019

Alberto

Juste avant de prendre l'autobus qui devait m'emmener à l'aéroport, à la gare de Luxembourg, je vais m'acheter comme d'habitude une tartelette à la rhubarbe au comptoir Oberweiss. Je remarque un grand type qui commande un café. On me sert. Je m'installe à l'une des tables rondes devant lesquelles on se tient debout pour consommer café et gourmandises. À la table voisine, le grand type est là. Une femme le rejoint avec les cigarettes qu'elle est allée acheter en face. Aaah ! voilà ! je les reconnais tous les deux : les amis de Richard, Alberto David, grand maître international aux échecs et sa femme, venus à Luxembourg disputer un tournoi. Je me fais connaître. Stupéfaction. On s'embrasse. On a juste le temps de dire quelques mots. Ils prennent un bus pour la campagne luxembourgeoise et moi, le bus pour l'aéroport. Rencontre fortuite. Le hasard et la joie qu'il nous donne. Extrême gratuité.

Dans la librairie de l'aéroport, j'achète un livre, le "livre de l'avion" et je tombe sur celui d'Ève de Castro, La femme qui tuait les hommes, Laffont, 2018, un petit livre intéressant, bien écrit, qui raconte l'histoire de cette femme, amie de Lénine, qui a tué 272 hommes à la demande des épouses qui enduraient leurs violences conjugales. Alexandra Grigorievna Popova, dite Lena. Exécutée le 9 août 1909 après un séjour en prison qui lui aura permis d'écrire une longue lettre d'aveux à celui qu'elle aimait : Lénine. L'auteur du roman raconte en parallèle une autre histoire, beaucoup plus actuelle, d'une femme de 80 ans qui s'introduit dans la vie d'un auteur coureur de jupons à qui elle redonnera le désir d'écrire. 

vendredi 14 juin 2019

Bac 6

J'ai continué à lire, dans mes moments libres, le témoignage de Nadia Murad et son écriture nous fait vivre avec elle ces moments si douloureux aux mains des djihadistes de l'EI. Ce matin, j'ai lu le récit de sa fuite et de l'acueil qu'elle a reçu dans une famille pauvre de Mossoul d'où elle repart avec Nasser pour aller à Kirkouk, dans un camp de réfugiés où elle retrouvera son frère. 

Je crois que Charlotte a, ce matin, son épreuve de français. Ce sera Hernani ou La Princesse de Montpensier. Je lui souhaite bonne chance.




jeudi 13 juin 2019

Murad

J'ai entrepris hier le livre de Nadia Murad, Pour que je sois la dernière (Fayard, 2018), une jeune Yézidie qui a vécu l'enfer sous la domination des fanatiques de Daech. Cela fait longtemps que je voulais en savoir plus sur la communauté des Yézidie, entre les Kurdes et les Musulmans (Sunnites et Chiites) de l'Irak.

J'ai changé un peu mes paramètres de telle sorte qu'il soit possible pour tout le monde de commenter mes billets. J'invite donc mes lecteurs à prendre la plume.

mercredi 12 juin 2019

Bac 5

Charlotte passe cette après-midi un oral de portugais pour le bac. En principe cela devrait bien se passer car elle a eu d'excellentes notes pendant toute l'année. Je l'appellerai tout-à-l'heure. 

Dans l'avion qui m'amenait à Luxembourg j'ai lu le petit livre de cet auteur, poète polonais, Piotr Bednarski, Les neiges bleues, ouvrage qui est autobiographique s'il faut en croire la 4ème de couverture. Cela se passe en Sibérie et c'est un jeune garçon qui parle de sa vie auprès de sa mère en Sibérie. Le livre est centré sur sur la mère qui est d'une grande beauté (elle s'appelle Beauté) à tel point que les hommes, dès qu'ils la voient, ne peuvent plus se passer de la regarder et d'en tomber amoureux. 

mardi 11 juin 2019

Bac 4

C'était l'épreuve de philo ce matin. Le sujet qu'a choisi Charlotte était le suivant :
"Pour vivre en société, faut-il ne plus penser à soi ?"
Nous avions abordé ce thème hier après-midi au cours de nos discussions de préparation mais je ne sais pas ce que Charlotte en a retenu. Elle avait certainement les outils pour traiter le sujet "mais, me dit-elle, j'avais mal dormi et presque pas" ce qui n'est pas idéal, la veille d'une épreuve de ce type. 

Ce matin nous sommes allés sur le chantier. La structure métallique qui doit soutenir le premier étage est bien avancée sans que la boutique de l'épicier en souffre vraiment. J'admire la performance mais dans l'ensemble, ce chantire traîne en longueur et Carlos, notre architecte, est assez pessimiste quant à la date de la fin de nos travaux. C'est un peu angoissant parce que chaque mois de retard nous coûte 1600 euros de loyer. Nous voudrions bien déménager au plus vite.

lundi 10 juin 2019

Rouge

J'ai lu hier le livre de Rémy Genet, Dans le rouge : premier roman d'un jeune auteur qui s'est installé récemment au Portugal et qui participe au groupe de lecteurs/trices —surtout "trices" d'ailleurs— de l'Institut Français. J'ai trouvé le premier quart de ce roman ennuyeux et d'une écriture parfois maladroite mais à partir du moment où le héros nous plonge dans ses délires colorés, tout va beaucoup mieux, l'écriture est beaucoup mieux maîtrisée, et beaucoup plus expressive. Ce roman a été l'occasion d'une surprise : avant de lire ce texte, j'avais trouvé la première de couverture (voir ci-contre) peu séduisante, le résultat d'un barbouillage un peu absurde et surtout assez déplaisant sur un plan esthétique. Après lecture, cette image est devenue évidente et assez fidèle aux sentiments que le livre suscite en nous. Malheureusement, ce n'est qu'après la lecture que cette adéquation se met en place. Ce serait mieux avant, l'image étant là pour nous inciter à acheter le livre.

J'ai également lu, de Françoise Héritier à nouveau, Le Goût des mots (Odile Jacob, 2013). livre dans lequel l'auteure nous parle de son rapport à la langue, ou plutôt aux sonorités, je dirais même aux sensorialités de la langue française. C'est ce qui l'amène à nous parler des sens secrets que certains mots peuvent évoquer pour elle, des sens souvent fort éloignés de ceux que la convention nous impose et qui puisent dans des résonnances subjectives qui ne sont pas aussi personnelles et idiosyncratiques qu'on aurait tendance à le penser, parce que, justement, on est prêt à partager avec elle, l'auteure, ses déraillements curieux et singuliers de la convention.

Le soir, sur Arte, j'ai vu Black Book, un film de Paul Verhoeven, sorti en 2006 aux Pays-Bas, film qui raconte l'un des derniers épisodes les plus spectaculaires de la résistance néerlandaise à la domination nazie. Cette résistance aux Pays-Bas n'a pas fait l'objet de témoignages aussi nombreux que la résistance française et c'est l'une des raisons qui m'a fait regarder ce film un peu maladroit parfois mais néanmoins très instructif.

*  *  *

Deux citations à retenir et pêchées dans le roman que je viens de commencer Les Jours, de Sylvain Ouillon (Gallimard, 2019, 650 pages) :
Banjamin Franklin : "Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends."
Jean Jaurès : "On n'enseigne ni ce que l'on sait, ni ce que l'on dit ; on enseigne ce que l'on est." 

dimanche 9 juin 2019

Noir/blanc

Le livre de Sonja Delzongle est assez noir bien que l'action se passât dans l'univers blanc du Groenland. Presque tous les membres de l'expédition scientifique qui y est envoyée pour étudier le phénomène de disparitions animales massives, disparaissent. On peut aussi regretter la disparition de certains personnages au cours du récit. On ne sait pas ce qu'ils deviennent comme si l'auteure s'était détournée d'eux, comme si elle les laissait carrément tomber. Je ne voudrais pas vivre dans une fiction de Delzongle. Le risque d'en être brusquement exclu n'est pas mince.

Le soir, j'ai lu le petit livre de Françoise Héritier, Le sel de la vie (Odile Jacob, 2012), une énumération de moments de vie dont on a plaisir à raviver le souvenir à travers les mots les plus simples : "...se donner du mal pour une broutille, craquer des allumettes, faire briller des cuivres, somnoler à une conférence ennuyeuse, faire des mots croisés difficiles, jurer comme un charretier si des objets s'obstinent à se mettre en travers, et de préférence en breton (...) ..." (p.33).

Hier après-midi, conversation tranquille avec Richard sur notre terrasse, chacun devant un demi verre de vin. Nous évoquions la fin de l'humanité, mais en termes bien différents de ceux que l'on entend généralement. D'habitude, cette disparition de l'humanité est empreinte de colère et de haine avec épidémies, guerres, luttes à mort, etc... Mais il est bien possible que ça se passe tout-à-fait autrement et qu'au contraire, ayant pris conscience du destin fatal du genre humain, la disparition devienne une période de calme serein, d'amour et de compassion les uns pour les autres. Une extinction en douceur sans aucun des cataclysmes que notre esprit se plaît à concevoir pour se faire peur à lui-même.

samedi 8 juin 2019

18249

C'est le nombre de pas que mon iPhone a compté pendant la journée d'hier, soit 13,2 km. Je suis allé à la Faculté des sciences à pied et j'en suis revenu à pied également avec des détours par les magasins bio ce qui m'a permis de remplir mon sac à dos de bananes, ctrons verts, avocats, thé, café, etc... Cela me force en plus à porter un sac d'une demi douzaine de kilos sur le dernier kilomètre. Tout cela d'un pas vif et bien cadencé, naturellement. 

Hier soir, nous avons dîné avec Gaby, une amie d'Isabelle et Michel Bielinsky de Brooklyn. Il s'agit d'une socio-linguiste croate, habitant à Zagreb et qui a fait, pour sa thèse, une enquête passionnante auprès des survivants juifs de l'holocauste qui ont émigré à Brooklyn après la guerre. Familles très très nombreuses (parfois 16, 20... voire plus encore d'enfants) comme pour compenser les pertes suscitées par la guerre, vivant dans un monde qui n'a pas grand chose à voir avec le monde moderne tel que nous le vivons et qui vise principalement à la stabilité des lieux, des meubles, des communautés, des traditions... Ce serait chouette d'aller lui rendre visite à Zagreb, ville que j'ai traversée il y a bien longtemps, en allant par la route à Beyrouth. 

J'ai commencé hier soir à lire le roman de Sonja Delzongle, Boréal (Denoël, Folio, 2018),  un thriller qui nous parle de la disparition des espèces animales dans le monde aujourd'hui. 

vendredi 7 juin 2019

Bac 3

Ce matin : histoire - géographie. Charlotte a révisé son programme sur les institutions européennes, la guerre froide, l'histoire des Etats-Unis, l'affaire Dreyfus, etc.Je l'ai trouvée plutôt efficace dans ses révisions. J'espère que cela lui permettra de passer l'épreuve avec succès. 

Hier, je suis allé dans le groupe des lecteurs de l'Institut français. Nous avons parlé du roman de Picouly. Personnellement, je l'ai trouvé peu crédible : faire parler la montagne pelée de la Martinique, cela pourrait passer dans une microfiction à la Jauffret, mais pas dans un livre de 300 pages. Par contre il y a eu unanimité sur le livre de Minoui et l'histoire de cette bibliothèque souterraine en Syrie. Tout le monde a aimé.  J'ai aussi commenté ma lecture de My Absolute Darling et celles qui l'avaient lu avant moi (en français) m'ont suivi dans les commentaires : livre remarquable sur tous les plans.

J'ai fait un rêve très vif et animé cette nuit. Pierre Thuillier en a été le personnage principal. Mais tous mes collègues du passé y étaient dans une atmosphère universitaire très libre et chaleureuse. 

jeudi 6 juin 2019

Bac 2

Charlotte est revenue de son épreuve d'anglais à moitié contente. Elle n'avait pas aimé le texte qu'il fallait commenter. J'aurais bien aimé lire le texte qu'on lui avait présenté mais elle l'a jeté tout de suite après l'épreuve. Bon, demain ce sera l'histoire.

mercredi 5 juin 2019

Bac 1

Je me plonge de temps en temps dans les Microfictions 2018 de Régis Jauffret (Gallimard, 2018), un roman fabriqué d'histoires courtes (1 page et demi par histoire) qui n'ont apparemment pas de liens entre elles sinon celui de l'ordre alphabétique selon lequel elles apparaissent les unes à la suite des autres et celui des thèmes abordés : les accidents, les suicides, les maladies, la mort. Chacune de ces histoires est celle d'un "je" qui la raconte, un "je" masculin ou féminin selon une alternance qui n'est pas systématique. Ces mini-récits se lisent très facilement. C'est comme si on feuilletait un album de photos. On ne reste pas longtemps sur chaque page, le temps de bien voir, une ou deux minutes par page mais comme ce "roman" est un livre de 1000 pages, on en a pour un moment, si on veut le lire en entier.

Charlotte a sa première épreuve du Bac aujourd'hui.  

mardi 4 juin 2019

Tiananmen





Merci à la chaîne Arte pour ses programmes d'aujourd'hui qui nous ont offert les images de ce qui s'est passé sur la place Tiananmen, le 4 juin 1989.  Avec, à la suite des documents visuels et sonores témoignant de ce qui s'est passé ce jour-là à Pekin, il y a trente ans, nous avons eu droit à un film sur la vie de Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix 2010, mort en prison le 13 janvier 2017, l'un des leaders incontestés du mouvement des étudiants de Tiananmen.

lundi 3 juin 2019

Lago azul

Le dernier rêve de cette nuit m"a bien amusé : j'étais "sur le terrain" à Paris avec mon groupe de chercheurs. D'ailleurs, j'en rencontre deux ou trois par hasard et ils se joignent au groupe. Nous devions avoir des entretiens avec des scientifiques comme cela se passait à Genève à la fin des années 70. Mais là, cela se passait à Paris et nos premiers rendez-vous n'avaient rien donné. Je rencontre Bruno Latour qui nous suit. Je me demande s'il n'est pas là pour nous espionner. Je rencontre, toujours par hasard une certaine Odile "Grüssenau" —ressemblant à la mère de Georges, mon beau-frère— qui nous accompagne également. Nous arrivons devant un immeuble immense. Nous cherchons l'entrée, puis les ascenseurs dont certains étaient en panne. J'oublie un pull dans une cabine et j'attends le retour de la cabine pour le récupérer mais je ne trouve plus qu'un pantalon de luxe. L'ambiance est excellente dans le groupe qui, peu après, se divise : les uns vont tenter leur chance dans une institution, "nous", nous irons à la DGRST.  Ce rêve n'a sans doute pas beaucoup d'intérêt. Attention, c'est justement cette dernière remarque qui devrait attirer mon attention sur lui.

Il fait très beau à Lisbonne ce lundi matin, 3 juin. Le peuplier juste en face des fenêtres du salon où je suis, a retrouvé toutes ses feuilles ou presque. Nous allons passer tout l'été dans l'ombre de verdure fraîche qu'il nous apporte. 

Pendant qu'Isabel, Elsa, Joba, Béa, Charlotte et Johni se baignaient dans le lac bleu,—un site magnifique tout près de la Quinta dos Girassois—, j'ai terminé hier le polar acheté à l'aéroport de Marseille : Le journal de ma disparition, par Camilla Grebe, une auteure suédoise. Pas mal, sans plus. On dirait que ce livre a été construit à partir des personnages qu'elle a créés : une femme policière qui se pose beaucoup de questions sur elle-même, un adolescent qui rêve d'être une femme, un gros débile qui se révélera monstrueux, une autre femme policière qui perd la mémoire et qui écrit son journal, etc. Les hommes sont un peu falots dans ce roman où ce sont les femmes qui font l'histoire.

J'ai oublié le chargeur de mon ordinateur chez Josiane. J'essaierai d'en acheter un autre aujourd'hui à Lisbonne. 

Je pense souvent à Pauline, toute seule dans les Pyrénées. Mais, avant de quitter la famille Schlum, quelqu'un m'a dit qu'elle avait trouvé des amis là-bas. 

Maintenant, au travail !

dimanche 2 juin 2019

Serres

Michel Serres vient de mourir. Le 1er juin. À 88 ans. Il est encore passé dans l'émission 28 minutes la semaine dernière, toujours rempli de gaieté, le sourire toujours prêt, par sa parole aux accents de son Sud-Ouest natal (Agen), à donner de l'âme à son visage et à ses propos. C'était effectivement un philosophe peu ordinaire, sans prétention, très accessible, avec des yeux de marin, de la couleur de la mer et du ciel, des éclats bleus dans l'ombre de ses sourcils, joyeux mais aussi sérieux quand il le fallait. C'est un homme admirable, dont l'aura apollinienne était comme une embrassade,  qui nous a quittés au moment où moi-même j'étais dans un avion qui traversait le ciel de l'Espagne. 

*  *  *

À peine arrivé à Lisbonne hier soir, j'ai dû reprendre la route au volant de notre Toyota pour rejoindre, avec Charlotte et Johni, la Quinta dos Girassóis ( la Ferme des Tournesols), la nouvelle maison de la sœur d'Isabel, Elsa. Une ferme magnifique avec plusieurs bâtiments disséminés sur le terrain, tous facilement aménageables pour en faire de nouvelles maisons pour les amis et, peut-être aussi, des touristes en quête de sérénité, la sérénité des cactus qui sont nombreux et, pour certains d'entre eux, très anciens. J'ai particulièrement apprécié ces cactus fleuris.

samedi 1 juin 2019

Déchirer

Lever à 5h15 ce matin pour attraper le bus à Aubenas qui devait m'amener à Valence où j'ai pris le TGV pour Aix-en-Provence d'où je repartais immédiatement en bus pour l'aéroport de Marseille-Provence. J'y suis arrivé vers midi. Mon vol est prévu pour 18h25.  Largement le temps pour lire le Canard enchaîné, le Monde diplomatique et un polar que je viens d'acheter au kiosque Relay. J'arriverai vers 20h à Lisbonne ou même peut-être avant. Dans le TGV j'ai poursuivi ma lecture d'Elias Canetti, Le livre contre la mort, d'où je tire quelques citations intéressantes :
P. 233 : "J'ai commencé à déchirer des lettres et j'y prends un vif plaisir. (...) Déchirer est devenu une fin en soi. C'est une tâche qui m'occupe une à deux heures par jour. (...) L'acte même de déchirer n'est pas sans me procurer du plaisir, mais ce qui me réjouit dévantage encore, c'est de parcourir de vielles lettres avant de me résoudre à les détruire ou non. La décision, à cet égard, est une sorte d'arrêt que je prononce en faveur ou en défaveur de ceux qui les ont écrites."
P. 224 : "Meurt-on en rêvant ?" 
On pourrait prolonger cette question avec la suivante : Que se passe-t-il quand on meurt au milieu d'un rêve ? Il est probable que le rêve s'arrête mais où se réveille-t-on ? 
P. 219 : "Celui qui est obsédé par la mort se rend coupable de la sienne."
P. 243 : "Mort et amour sont toujours mis sur le même plan ; ils n'ont pourtant qu'une chose en commun : la séparation."