dimanche 30 avril 2017

Twitter

En prenant ma douche ce matin, je me suis dit que tous les auteurs de haïkus devraient investir leur créativité poétique sur Twitter. Après tout, je crois bien que la plupart des haïkus respectent spontanément la règle des 140 caractères. Et cela donnerait des chances à d'autres visions que celles qui découlent de l'injure, la grossièreté ou la haine. Certes, il n'y a pas que ça sur Twitter et on peut parfois y repérer des informations dignes d'intérêt ainsi que des dessins humoristiques assez croustillants de temps en temps. Ma suggestion vise simplement à remettre de la poésie dans notre approche des autres et du monde. Peut-être d'ailleurs que cela se fait déjà dans certains pays comme le Japon par exemple. Je vais essayer de m'informer sur ce point. 


Gang de borborygmes
Grognes des gorges du ciel
Orage ou avions ?

samedi 29 avril 2017

Anarchisme

Dupont-Aignan, à qui Marine Le Pen a promis une participation au gouvernement si elle est élue, marchande ses valeurs gaullistes pour une place au soleil noir de l'extrême-droite. Son vice-président démissionne. Parfait. 
Mélenchon n'est manifestement pas content. On comprend. Si proche du but et maintenant, si loin. Est-ce qu'il se venge, en ne donnant pas de consigne de vote pour le "front républicain" ? C'est quelque peu "républimesquin", non ? Macron, c'est le libéralisme, certes, mais c'est aussi l'ouverture à l'Europe et au monde. Je reste un grand défenseur de la dimension locale de nos vies tout en pensant que ce local est incompatible avec la fermeture nationale prônée par les nationalistes de tous bords. Par contre, je suis persuadé que le "local" peut s'accommoder d'une ouverture au monde. Avec la "Commune", les Français ont tenté une première remise en question du "national". Il me semble nécessaire de s'inspirer de ces événements pour penser le monde de demain. L'ouverture au monde doit dynamiser notre insertion locale dans notre environnement immédiat. Bref, je continue à penser que c'est l'anarchisme qui peut sauver à la fois nos valeurs de solidarité et nos libertés.

« Les anarchistes ont exercé et continuent d'exercer une grande influence. Leur internationalisme rigoureux et leur antimilitarisme, leurs expériences d'autogestion ouvrière, leur lutte pour la libération de la femme et pour l'émancipation sexuelle, leurs écoles et universités libres, leur aspiration écologique à un équilibre entre la ville et la campagne, entre l'homme et la nature, tout cela est d'une actualité criante. » Paul Avrich, Préface à Domenico Tarizzo, L'anarchie : histoire des mouvements libertaires dans le monde, Seghers, 1978.


Plok ! et de une, et...
Guetter la chute attendue
De l'autre chaussure

vendredi 28 avril 2017

Serge Galam

Serge Galam est le physicien qui démontre que l'abstention différenciée au prochain tour de l'élection présidentielle peut fort bien porter Marine Le Pen au pouvoir. Beaucoup de gens disent qu'en s'abstenant on ne favorise ni l'un ni l'autre puisque qu'on ne vote ni pour l'un ni pour l'autre. Cette neutralité n'est qu'apparente et l'abstention joue en faveur du Front National. Il faut lire cet article publié par Le Figaro d'aujourd'hui :

http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/04/27/35003-20170427ARTFIG00376-le-scenario-dans-lequel-marine-le-pen-l-emporte.php


Jouez, camionneurs
La nocturne des moteurs
D'un réveil chagrin

jeudi 27 avril 2017

Guernica




Repenser la guerre
Réapprivoiser le pire
Avions de malheur

mercredi 26 avril 2017

Obamacare

Beaucoup d'amis sont venus célébrer le 25 avril avec nous. Atmosphère très joyeuse. Zlatka, David et moi avons fait un petit intermède poétique en lisant chacun quelques haïku. Zlatka et son mari sont tout-à-fait charmants. Nos premiers invités sont arrivés un peu avant midi et le brunch s'est prolongé jusque vers 17 heures. Il fallait bien tout ce temps pour s'adresser à chacun.

Le soir, Isabel et moi avons regardé l'émission Thema d'Arte dont la deuxième partie était consacrée à la présidence d'Obama entre 2008 et 2016. Notamment toute l'histoire de la construction du système de santé appelé l'Obamacare, avec la multitude de négociations que cela a nécessité pour réussir à s'imposer malgré les groupes de pression de l'Eglise, les fanatiques du Tea Party, les convictions religieuses personnelles de certains membres du congrès, etc. L'émission nous a présenté les souvenirs des principaux acteurs de cette avancée. C'est un exemple parfait du fonctionnement d'une démocratie dans ce qu'elle peut avoir de meilleur, souvent contre le pire, et de pire, souvent contre le meilleur.

Mardi prochain, j'irai chercher Sasha à l'aéroport. Je me réjouis.


Au pied de murmures
Poussent les plus grands délires
De paranoïa

Par ailleurs j'ai corrigé un haïku publié auparavant :

Vertèbre obsolète
Mâchouillant le bas du dos
Fait grogner la bête

mardi 25 avril 2017

Calçada de Santana

Nous allons célébrer aujourd'hui le 25 avril avec un brunch festif et beaucoup d'amis.  Ce sera aussi un jour spécial parce que je viens de voir qu'Isabel avait reçu l'autorisation de la mairie de Lisbonne pour entreprendre les travaux de l'immeuble. Ce sera donc doublement un jour de fête. Avec cette autorisation, nous allons pouvoir emprunter l'argent des travaux à la banque. Dans un an environ, nous devrions pouvoir envisager la date d'un déménagement. 



Disque blanc de lune
Comment se dit ton secret 
Lu dans l'arbre mort ?

lundi 24 avril 2017

Populisme

Trois heures de queue très française, hier matin, devant l'Ambassade de France à Lisbonne pour pouvoir glisser un bulletin dans l'urne présidentielle. Physiquement un peu pénible certes, mais très agréable d'être au milieu de tous ces Françaises et Français, la plupart d'un certain âge sans doute, avec quelques jeunes quand même. J'y ai rencontré une journaliste française qui a travaillé au Brésil pendant près de quinze ans et qui est maintenant photographe à Lisbonne. Très sympathique. Comme je ne serai pas là pour le deuxième tour, je lui donnerai procuration pour voter à ma place sans avoir le moindre doute qu'elle votera pour le candidat que j'aurai choisi. Il n'y a d'ailleurs aucun mystère dans le choix que je ferai. Ce sera Macron. Pour elle aussi.  
Ouverture internationale, relancement de l'Europe, Macron donne une chance à la France de jouer un rôle important en ces moments troublés par le populisme.  Marine Le Pen l'a redit dans son discours : elle est la candidate du peuple. Mais à nouveau, qu'est-ce qu'il faut entendre derrière ce mot "peuple" qui convoque dans l'esprit des images de foules enthousiastes ou en colère, des slogans vociférés, une absence totale de réflexion, de jugement et de raison, de la pauvreté également certes... ah oui : du bon sens —j'allais oublier cette caractéristique soulignée par Descartes — mais je ne suis pas sûr qu'il faille y croire. C'est cette invocation du "peuple" qui me dérange dans le discours de Marine Le Pen. Elle me dérangeait aussi chez Mélenchon. Elle me dérangeait chez Trump. Comment le peuple peut-il répondre positivement à cette invocation ? Mais justement, ce n'est pas le peuple qui répond, ce sont des gens qui instrumentalisent leur appartenance au peuple pour tenter de s'en dégager. L'invocation du peuple est aussi un moyen pour oublier d'être attentif aux gens. Ce dernier terme est revenu plusieurs fois dans la bouche de Macron hier soir : il parlait des gens. Marine Le Pen parle du peuple.   


Peuple sans pensée
Ennemi des simagrées
De toute raison

Foules assemblées
Entendez-vous leurs clameurs
Misère anonyme



dimanche 23 avril 2017

Nasalisation

Juste avant de me réveiller, je suis allé voter. Mon père était avec moi. Nous nous dirigeons vers le bureau de vote de la Robertsau à Strasbourg. Je vais garer la voiture derrière. La ruelle est étroite et un immense car vient à ma rencontre et je crois lire sa destination "Sargasses", ou "Carcasse", peut-être.... Je dois me faufiler et j'érafle l'aile arrière gauche de la voiture. Pas trop grave, sans doute. Je gare la voiture dans un endroit prévu à cet effet mais en entamant avec les roues avant un parterre de roses pas encore écloses. Mon père est sorti. Finalement, je déplace la voiture. Je la verrouille à distance, deux ou trois fois de suite pour être sûr. De quoi ? Sûr qu'elle est bien verrouillée. En la fermant à distance encore une fois, je vois qu'elle a encore été déplacée. Mon père sans doute. Nous nous dirigeons vers le bistrot mais alors que mon père y va, je m'assieds sur un banc et Pierre Léna vient me rejoindre. Nous discutons du vote. Pierre a de beaux yeux bleu-vert. Il votera sans doute Macron. Mais il est possible que ce soit Mélenchon au 2e tour. Alors, on risque fort d'avoir Le Pen pour qui la droite va voter, etc...
Incertitude, indécision, intranquillité.
Avec tous ces noms de condidats qui riment en "on" dans une ronde infernale — hier, coïncidence, je vois  sur un site, l'une des voitures électroniques bien sûr, de l'avenir, conçues par Audi et qui s'appelle l' "e-tron" — cette nasalisation de l'élection nous en fout plein le nez : ça pue l'élection piège-à-cons. Un poème pourrait-il me sortir du marasme ?

Lâché par l'avion
Le ciel chie son étron
Dernier chant du con

Pas très rassurant comme "Aïe con" !


samedi 22 avril 2017

Elections


C'est demain le grand jour des élections et je ne suis toujours pas sûr de mon vote. Je crois qu'effectivement le vote utile s'impose surtout après l'attentat d'hier qui vient à point pour renforcer les positions dures de Fillon et Le Pen. Encore que Fillon se soit ridiculisé en évoquant d'autres "attaques dans Paris" alors qu'il ne s'agissait que de faits anodins ne méritant guère plus qu'une entrée de la main courante dans un commissariat de quartier. Par curiosité, j'ai jeté un coup d'œil sur les réactions des réseaux sociaux (Twitter) associés à l'Express. C'est un florilège d'insultes et d'accusations de folie, de mégalomanie, de stupidité et d'irresponsabilité pour ce pauvre Fillon. Bien mérité, dira-t-on. Peut-être mais je comprends mal cet acharnement dans l'expression de la colère.
Je viens de recevoir une image de la "une" de Libération qui m'a été envoyée par Christine. Evidemment, je suis d'accord avec ce titre mais je crains qu'une telle "une" ne soit contre-productive. Beaucoup de Français ne vont-ils pas s'insurger contre cette mise au pilori des deux seuls candidats de droite dans une France de droite ? D'ailleurs, Macron lui aussi est très à droite dans plusieurs domaines importants. 



            S’asseoir sur un banc

            Et attendre des pensées
            Avec les oiseaux

vendredi 21 avril 2017

Peuple

J'ai regardé presque toutes les interviews des candidats, hier soir, sur France 2. Cela m'a rendu perplexe à nouveau. J'ai trouvé Macron assez convaincant sur l'éducation et l'autonomie mais en lisant ce matin les commentaires du groupe Jean-Pierre Vernant, j'ai l'impression qu'il défend des positions néolibérales extrêmes qui, dans le contexte français actuel, risque de provoquer des remous importants. A certains moments, il apparaissait, ou plutôt, il voulait apparaître, comme l'instrument d'une sorte de consensus centriste mou, mais souhaitable en ces temps d'exaspération des oppositions partisanes. Ni de droite, ni de gauche, en France, c'est rien du tout.  La vidéo que m'avait envoyée Irène ne pousse guère à voter pour lui. Vous la trouverez ici :


https://www.youtube.com/watch?v=nvYdJbrDg5I

Y a-t-il un véritable risque Le Pen ? Sans doute. Mais le vote utile est-il vraiment "utile" ? 

Par ailleurs je déteste les accents démagogiques de certains candidats qui disent vouloir rendre le pouvoir au peuple. C'était l'argument principal de Trump. Le peuple ? Quand on le met au pouvoir, ce qui ne peut se faire qu'à travers ses représentants, les résultats ne sont pas très brillants. Une fois au pouvoir, les représentants ne représentent plus que leurs propres intérêts et ceux des gens qui les ont élus. D'où la nécessité mélenchoniste d'introduire un processus de révocation pour tous les élus. Mais cette mesure ne garantit pas l'assainissement de la vie publique. En fait, il faudrait revenir à un tirage au sort qui partirait du niveau local. Ce n'est pas le pouvoir qu'il faut rendre au peuple, mais plutôt la responsabilité de ce qui se passe en son sein, car j'ai l'impression que c'est cela qui manque le plus, la responsabilité. L'attention et la responsabilité. Mais comment faire du peuple français un peuple attentif et attentionné ? Hum ! Drôle de question. 

J'ai relu également la magnifique contribution de Jean-Christophe Belleveaux dans l'ouvrage collectif que j'ai signalé récemment : L"inquiétude de l'esprit ou la poésie en tant de crise (p.217-231).  Il cite ses propres œuvres pour illustrer son propos mais, loin d'y voir le signe d'une vanité prétentieuse, cela donne envie d'aller plus loin et de lire ses nombreuses publications : Le compas brisé, Editions Pays d'Herbe, 1999 ; Caillou, Editions Gros Textes, 2003 ; Petite lumière, Editions Comme ça et Autrement, 2001 ; Bar des platanes, Editions L'épi de seigle, 1998 ;  La quadrature du cercle, Editions Les Carnets du Dessert de Lune, 2006 ; Poussière des longitudes, Editions Rafaël de Surtis, 1999 ; Puerto Barrios, Editions On @ Faim !, 2000 ; Soudures, etc., Editions Polder/Décharge, 2005 ; etc.



            Moustique introduit
            Par la fente de lumière
            Puis, plus rien... sauf lui