mercredi 10 septembre 2025

En berne

Quand je relis les premiers articles que j'écrivais il y a quezlques années  sur ce blog, je suis étonné par la manière dont je réussissais à exprimer mes rêves, mes pensées, mes réflexions sur tels ou tels événements. Depuis quelque temps cependant, je me sens beaucoup moins créatif. J'ai du mal à trouver quelque chose à dire. Quelque chose d'intéressant évidemment. Est-ce l'âge qui m'assèche ainsi ? Mettant ma créativité en berne, pour ainsi dire. Peut-être ! 

1 commentaire:

  1. Trouvé sur le web...

    Chers collègues,
    Ce livre peut intéresser certains d'entre vous.
    https://www.fnac.com/a21115626/Fabrice-Flipo-Les-ecologistes-sans-la-nature-En-finir-avec-le-faux-ami-Bruno-Latour
    Le résumé de l'éditeur étant ce qu'il est, j'ajoute le mien, qui ne fait d'ailleurs que s'inscrire dans mes travaux antérieurs. Le livre est en deux parties. La première est une lecture de l'oeuvre de Latour de sa thèse (1975) à son dernier entretien (2022), expliquant quelles sont les sept principales stratégies rhétoriques utilisées par cet auteur et ce qu'on trouve une fois qu'on parvient à les dépasser. Les ressources sont exclusivement ce que dit Latour lui-même et ses critiques les mieux avisées (Schaffer, Gingras etc.). L'une d'entre elles est la sémiotique de Greimas (les "actants") qui confond l'argumentation avec la narration et débouche facilement sur le storytelling (d'où des choses qui "font de la politique" par exemple). Une autre est la propension de Latour à faire l'inverse de ce qu'il dit, notamment multiplier les "boites noires" dont il accuse les scientifiques d'abuser. Une autre encore est de se soucier plus des effets d'un texte que d'argumentation. Latour commet assez systématiquement les 4 abus déjà mis en évidence par Sokal & Bricmont.

    Parmi les nombreux problèmes que pose cette pensée, la seconde partie en aborde un : la délégitimation systématique du concept de nature que Latour partage d'ailleurs avec Philippe Descola et Eduardo Viveiros de Castro. Je montre que ce concept possède 4 sens qui ne sont pas particulièrement ni coloniaux ni rien d'autre, mais remplissent des fonctions essentielles à l'émancipation. L'absence de nature ne débouche que sur le fétichisme, dont la forme la plus courante est la religion. Latour dit d'ailleurs que l'écologie aurait cette vertu de remplir les Eglises, son dernier livre, posthume (2024) est une clé précieuse pour tous les autres. Je suis assez proche de ce que dit Malm, qui n'a pas poussé l'analyse assez loin.

    Ce qui ressort est que Latour est en réalité sur une position libérale-conservatrice à la Röpke. La critique de la modernité ou des sciences (en tant qu'elles bouleversent l'ordre établi, et sont donc "intolérantes") et bien des expressions de Latour sont en réalité à double-fond voire à triple niveau de lecture. Au final, le latourisme me semble avoir affaibli l'écologie politique plus qu'il ne l'a rénovée, invisibilisant des ressources qui se trouvent pourtant bien plus du côté des Lumières que Latour ne l'est, lui. Il n'est donc pas surprenant que le Parlement des choses se soit surtout incarné en pièces de théâtre. J'ajoute que Latour théorise dès son premier livre les recettes du succès pour être cité, et il y revient à de nombreuses reprises ; tout laisse donc penser qu'il se les ait appliquées à lui-même, même s'il développe aussi une pensée propre, qui s'incarne par exemple dans les Modes d'existence.

    Le livre ne critique pas celles et ceux qui ont trouvé à se nourrir sur tel ou tel point particulier des contributions de Bruno Latour, ni celles et ceux qui, faute d'alternative, ont pensé trouver l'écologie politique chez cet auteur dont le talent principal aura été de réussir à se placer au mieux dans le capitalisme académique, ce qui dit aussi quelque chose qui devrait nous inquiéter sur la manière de faire de la science aujourd'hui, à l'époque des fake news et du storytelling.
    Bien à vous,
    Fabrice Flipo

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