mardi 21 mai 2013

Vamos Lutar !


Je m'attendais à ce que la chimio change mes rêves : après tout le corps doit encaisser une frappe chimique d'importance qui doit résonner dans tous les coins de la carapace. Alors oui ! quelque chose a changé : comme j'ai un petit sac avec le produit qui doit se diffuser à travers le cathéter pendant 5 jours, ma mobilité est réduite. Donc, allongé sur le dos, parfaitement immobile, comme sur ma planche à rayons de la radio, j'ai été souvent dans cet état de somnolence dont j'ai parlé précédemment. Et j'ai constaté que oui ! au moment où l'on se rendort, on peut avoir plus ou moins conscience que l'on rentre dans le rêve qui vous avait abandonné quelques minutes auparavant. Donc j'ai rêvouillé pas mal avec des images —oh surprise !— qui me remettait dans l'ambiance du labo où les infirmières m'ont harnaché avec des tubes de plastique transparent. Dans ce "rêvouillon", il y avait quelqu'un d'autre. Qui, je ne sais pas, mais je voulais l'aider à descendre de sa planche à rayons, et tout-à-coup, il se trouve suspendu accroché à sa propre tubulure de plastique, il se démet une épaule, bref ça ne va pas fort pour lui. En fait je le reconnais maintenant : il s'agit d'un patient qui est entré dans la pièce où l'on prenait soin de moi. Il était maigre comme un clou. Et ce "clou" que j'évoque pour le décrire me renvoie à l'immobilité à laquelle on doit satisfaire pour que Dudule se fasse "clouer" par le rayonnement salvateur. J'essayerai de publier une photo tout-à-l'heure. (à suivre)

Voilà ! J'y ai mis du temps parce qu'il s'agissait d'une vidéo et que je devais sortir une photo isolée de cette vidéo créée à partir d'un iPad manipulé par Isabel. Le résultat n'est pas terrible, j'en conviens. Mais je vous envoie une autre photo, celle du document que l'on m'a remis dans le labo pour m'expliquer ce qu'était la chimio. La page de couverture me semble digne d'un petit commentaire sur les représentations qu'un hôpital peut avoir de ses clients/patients !


Nous avons tout d'abord le slogan "Vamos lutar", on va lutter suivi de l'invitation à "comprendre la chimiothérapie". Ensuite, on a les notes manuscrites d'Isabel sur les produits qui s'infiltrent actuellement dans mon sang. Puis cet extraordinaire portrait d'un groupe de gens —oui ! c'est bien vous ! la famille, les amis, les connaissances— qui, implicitement soutiennent —que dis-je "soutiennent" ?—, participent activement, avec de larges sourires —non ! on ne se moque pas !— [celui du fond, là, légèrement à gauche, rigole franchement, comme s'il assistait à un spectacle de Raymond Devos ! je dis Raymond Devos parce que ça pourrait faire l'objet d'un sketch tragi-comique avec succès garanti !] je disais, qui participent activement à la LUTTE. Avec ces alliés si pleins d'entrain, du document, Dudule va faire long feu... je le sens déjà tout paniqué devant ces visages rayonnants et leurs éclats de rires très certainement radio-actifs. On entend le photographe leur dire "cheese !". Interdit par mon régime ! D'où ma tête sinistre sur ma capture d'écran.

Cette dernière remarque me suggère de rajouter quelque chose concernant les commentaires à publier sur Dedalus. Ils peuvent être en anglais, italien, portugais, allemand, espagnol, néerlandais (cf 26 avril 2013)... Bref toutes les langues sont admises, même le luxembourgeois ou le chinois ! N'a-t-on pas toujours un étranger à proximité qui se fera un plaisir de nous traduire ce qu'on n'aura pas compris ?

Ce soir, deuxième séance de radio.

* * *

J'apprends à l'instant qu'un homme s'est suicidé dans la cathédrale Notre Dame à Paris. On saura plus tard qu'il s'agissait d'un historien d'extrême droite qui appelait, dans son blog, à des actions extrémistes.  Mais, si je rallonge encore ce blog par quelques réflexions, c'est pour m'indigner sur la suite de ce suicide. La police est venue et a évacué ce lieu de prières. Au lieu de laisser éventuellement les gens s'approcher et rendre un dernier hommage à celui qui, pour eux, était un inconnu désespéré, on les met dehors. Sans doute que la police scientifique s'est emparée des lieux avec tout l'attirail qui s'impose pour réduire cette mort à quelques colonnes de chiffres : le calibre de l'arme, le nombre de balles tirées,  la distance, la qualité des restes de poudre sur les mains du suicidé, la profondeur des blessures, etc...
Il y aura ensuite les journalistes, la meute. Quelle tristesse ! 











7 commentaires:

  1. Comme cité dans un documentaire récent sur la contre-histoire de l'Internet, la période actuelle n'est plus d'apprendre à surfer, mais d'apprendre à faire des vagues...
    Dedalus en est une

    RépondreSupprimer
  2. ...et cela me semble tout-à-fait heureux !

    RépondreSupprimer
  3. oui, en effet, à te lire je ressemble complètement au type du fond de la brohure qui rigole franchement comme s'il était au spectacle de Devos. Je peux bien m'identifier à cette famille qui se marre. Mais c'est bien grâce à toi et à ton attitude face à la médecine face à Dudule.
    C'est parti mon kiki (c'est pas toi qui disait ça?). Que la chimie fasse sa magie.

    RépondreSupprimer
  4. S'il faut de la magie, je crois qu'il vaut mieux compter sur les mots, sur le "miracle de la communication" dont J. et moi prenons progressivement conscience. Quand la communication advient, c'est toujours un miracle. Non ! tout n'est pas communication comme l'a longtemps prétendu l'école de Palo Alto, surtout dans le monde des humains. A se demander si "être homme" ce n'est pas précisément pouvoir "ne pas communiquer", sortir du monde où tout est communication.

    RépondreSupprimer
  5. Mon commentaire du suicidé de Notre Dame n'est pas trop réfléchi. Ce sont les réflexions que m'a inspirées la nouvelle, hier. Mais j'aurais dû faire tourner mes neurones sept fois dans ma tête, avant de les employer à écrire ce dernier paragraphe.

    RépondreSupprimer
  6. papa non censuré.. en effet c'était un peu particulier comme point de vue.

    RépondreSupprimer