dimanche 18 janvier 2015

Vociférer

Le monde musulman à feu et à sang. La présentatrice d'Arte parlait hier du "choc des civilisations". Des images d'actualités illustraient son propos. Dans presque tous les pays musulmans, on voit s'allumer les feux de la colère. Des hommes, en gros plans, vocifèrent. L'étymologie du verbe nous renvoie au verbe latin fero, "porter", et donc, "porter la voix". Il n'y a plus qu'elle, la voix. Celui qui la porte comme s'il s'agissait d'un fardeau, disparaît. La grimace à laquelle vous oblige la vocifération fait penser à une sorte de douleur, comme si la voix était lourde, aussi lourde qu'une croix. On pense à la tête d'Hitler quand il criait ses discours pour enflammer les foules : les grimaces dessinées par sa bouche qui s'ouvrait, grande, selon les hachures imposées par les syllabes, si bien mimées par Charlie Chaplin dans Les Temps modernes.
Il y a une autre piste étymologique qui n'est pas signalée dans les dictionnaires : fera, la bête sauvage. Vociférer, c'est aussi avoir la voix sauvage, la voix d'une bête, une voix qui dit et montre la sauvagerie en devenant elle-même sauvage, en échappant au discours, ou plutôt à la signification du discours, au sens du discours. Vociférer c'est dire quelque chose sans le dire, en le criant, en le désarticulant dans le cri, dans les cris. On articule la désarticulation du langage. On vocifère. Le fer n'est pas loin.
Y a-t-il des langues plus propres à vociférer que d'autres ? L'allemand est certainement apte. L'arabe aussi. Je l'avais déjà remarqué en Palestine quand j'écoutais les discours. Le japonais ne doit pas être mauvais non plus. Peut-on vociférer en italien ? en portugais ?

2 commentaires:

  1. Mussolini ne vociférait donc pas dans ses discours? L'arabe, l'allemand, le japonais n'a t il pas des douceurs poétiques, des chants splendides comme toute autre langue? Attention aux clichés. Les images qu'on voit sur le monde musulman en disent plus sur ce que le spectateur occidentale pense que ce qu'il est en réalité et dans toute sa complexité

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  2. Je lis ce matin, sous la plume de Ed.M.Wood :
    "Il a dit que l’allemand ressemblait à une bataille entre une machine à écrire et une machine à laver. C’est vrai que j’ai relevé des enchaînements de consonnes qui pourrait tendre un piège à une oreille anglophone, mais ce n’était pas à ce genre de massacre qu’il faisait allusion. L’allemand est un jeu. Un jeu infiniment exquis de construction de blocs et de justesse onomatopéique qui n’attend que d’être mélangé et que l’on jongle avec."

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