samedi 7 février 2015

Militance

Cette nuit, j'ai rêvé autour d'un thème qui pose question : le thème de la militance. Je devais aller à une manif, mais comme je n'étais pas là, je suis allé ailleurs, dans une autre manif. J'avais écrit un texte pour faire un panneau. Ce n'était pas un slogan. C'était un texte. La manif était censée protester contre l'emprise des politiques et de l'industrie sur la science. Je disposais d'une feuille A4 qu'il fallait agrandir ce que quelqu'un (je ne me rappelle plus qui, mais il ressemblait à un membre du parti communiste, un certain Michel — barbu) a fait pour moi. Ensuite il fallait trouver des formules choc: SCIENCE BAFOUEE, DEVOYEE, VILIPENDEE, etc. Puis comme je n'étais pas très sûr du thème de la manif, je remplaçais "science" par "créativité". Sur l'entête du panneau il était écrit "CHARLIE HEBDO". Mais toute cette agitation, avec la foule comme arrière-plan, et des amis qui me pressaient, et mon texte totalement illisible malgré l'agrandissement en A3, et mes hésitations sur les formules à employer, tout cela me mettait mal à l'aise. "— Qu'est-ce que je fais ici ?" me disais-je. Ce n'est pas ma place. Finalement, j'achetais un vélo de course à 93 euros, et je quittais les lieux avec un autre cycliste qui me suivait. Mon vélo fonctionnait merveilleusement bien, quoiqu'un vandale en eût tordu, ou plutôt, "détordu" le guidon du côté droit, ce qui donnait un guidon horizontal à droite et recourbé vers l'avant à gauche. Le changement de vitesse fonctionnait bien. Je roulais le long d'une bordure pavée. Il fallait faire attention. Arrivé chez moi — disons, chez nous — Martine et Josiane, et tous les autres me reprochent de n'être pas venu à leur manif. Je monte mon vélo dans ma chambre. On se met à table.

Ce rêve mérite réflexion. J'y reviendrai certainement au cours de la journée qui vient.


Militer

Ce verbe provoque un geste de recul. Sa parenté avec le militaire, sans doute, le mili-tu silencieux, le mili-tue aussi. Pourtant, il faut donner de la voix. Répéter, crier en choeur. Marcher devant, avoir l'air décidé sinon convaincu, marche de combat, se mettre en colère avec les autres, avec la foule. Être la goutte qui fait déborder le vase. Lever le bras, poing serré. Il faut parler dans des réunions, réfléchir aux mots qui vont faire mouche pour chaque goutte. Chercher les tracts chez l'imprimeur. En prendre soi-même une centaine pour sa rue, son entreprise, ses voisins, son marché, sachant que la moitié se retrouvera avec les courgettes et les épinards dans un sac de plastique. Je ne me sens pas fait pour la militance parce que je ne me sens pas fait pour être sûr de quoi que ce soit, pour y croire. Y : la cause. Avoir raison, non. Généralement, je préfère avoir tort. Oui, mon général !

4 commentaires:

  1. Incroyable le caractère réaliste et si lié au contexte de ce rêve de manif! Il me rappelle ma participation à des manifestations multiples entre 2002 et 2009, contre la destruction de l'enseignement supérieur, jusqu'au vote de la LRU et l'échec total de toute cette mobilisation énorme: il y avait des textes très élaborés et parfois des expositions de panneaux le long des cortèges. Partout des arguments développés et super intéressants, dans les conversations, sur le web, dans les mais, dans la rue, partout non pas des slogans et de la foule abrutie comme on croit si souvent, mais des conversations et de la passion. Mais on n'aurait jamais du céder, il fallait refuser, non seulement on a laissé entrer les bulldozers dans les jardins mais en plus,on est désormais considéré comme militant pour le simple fait de vouloir un respect minimal de principes de bases!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'aimais bien les manifs de mai 68. Peut-être à cause de l'imprécision des revendications. S"agissait-il de revendications d'ailleurs ? Pas sûr ! C'étaient des manifs plus philosophiques, voire poétiques parfois. Beaucoup de discussions. Beaucoup de petits textes aussi, ronéotypés sur de mauvaises machines, difficiles à lire, avec souvent des fautes d'orthographe. Pas trop quand même.

      Supprimer
  2. Achète-toi plutôt un VTT, ça t'évitera d'avoir à hisser ton vélo de course jusqu'à ta chambre !
    Pense à ton épaule douloureuse !
    Dr T.

    RépondreSupprimer
  3. Je n'aurai jamais un VTT pour 93 euros. Et je me souviens que dans mon rêve, le vélo était d'une légèreté incroyable. Aucun problème pour le monter dans ma chambre ! Surtout que, toujours dans mon rêve, mon épaule n'était absolument pas douloureuse. Mais j'ai pris un Ibuprofène aujourd'hui. En prévision de mes journées de ski avec Charlotte !

    RépondreSupprimer