lundi 4 mai 2015

Royaume

Voilà, j'ai terminé le livre d'Emmanuel Carrère, Le Royaume. C'est un livre impressionnant et l'auteur suppute à plusieurs reprises, au cours de sa rédaction, qu'il s'agira de son chef d'oeuvre. J'avoue que j'ai été complètement capturé par cet ouvrage qui relate les débuts du christianisme, certes, mais pas en historien, ni, dirais-je, en romancier créant une fiction à partir de faits supposés réels, et qui, sûrement, ont pu l'être pour certains, ni en chrétien convaincu, ni en mécréant ironique, ni en intellectuel sceptique quoiqu'il sache fort bien qu'il en est un, bref ni en quoique ce soit si ce n'est lui-même, pris dans ce filet de la chrétienté et, se sachant pris là-dedans, résolu à aller jusqu'au bout d'un nombre innombrable de questions bien aiguisées sur la pierre de notre présent. A peine terminé, on a envie de le relire, de repasser par tous ces détails d'un passé raconté et dont le récit dissocie les faits, selon les positions de ceux qui les racontent justement tout en en ayant été, parfois, les acteurs principaux. J'ai terminé l'ouvrage ce matin, au lit, comme je le faisais quand j'étais enfant et que je reprenais de dessous l'oreiller, le livre que j'y avais soigneusement placé la veille au soir et dont j'avais dû abandonner la lecture sous l'injonction parentale de "dormir maintenant". Quel délice que de se replonger dans la tourmente des mots de la veille, des mots gonflés de sommeil dont on retrouve les fils tout emmêlés, tout brouillés par les rêves qui s'y sont accrochés par toutes sortes de liens inattendus. Pour une fois, Isabel s'était levée avant moi et j'ai décidé de rester au lit jusqu'à la fin du livre. Ce fut un merveilleux moment. Je remercie donc vivement Martine de m'avoir conseillé de mettre le nez dans ces pages qui n'étaient pas des pages d'ailleurs puisque c'est Kindle qui m'a offert ces plaisirs de la lecture. (Je précise que je ne mets pas mon Kindle sous l'oreiller, mais sur ma table de chevet !)
Après un livre comme celui-là, on se demande ce qu'on va bien pouvoir lire. On se désole à l'avance de ce que le prochain va le chasser dans les choses lues, sur lesquelles on ne reviendra pas de si tôt. En même temps, c'est aussi un livre qui invite à se pencher à nouveau sur les évangiles et leurs différences : Marc, Jean, Luc et Matthieu, sur les "Actes des apôtres" et les lettres de Paul, sur Flavius Josèphe, bref sur tous ces auteurs du passé qu'Emmanuel Carrère fait vivre en nous avec les accents d'une sincérité peu commune.  

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