samedi 23 janvier 2016

Collines

Par la large baie vitrée de la chambre où je dors avec Charlotte à Luxembourg, je vois les collines de la ville, couvertes d'arbres, d'où se lèvent peu à peu, des pans compacts de brouillards épais, gris, denses, qui étouffent les bruits de pneus sur asphalte humide, provenant des routes traversantes. A Paris, le ciel était immensément bleu. Il est possible que ce gris matinal ne soit que provisoire et que dans une heure ou deux, Luxembourg se lève sous le ciel de Paris. J'entends le bruit familier d'un train qui passe au pied de la colline juste en face. C'est un train qui va à Mersch, ou plutôt à Liège, sans doute, en passant par Mersch.

Hier, Charlotte m'attendait à la gare. Nous étions tous les deux très heureux de se retrouver. Elle venait d'acheter un livre de Robert Goddard, Le Retour.  Je lui ai dit que c'était un auteur de polars. Elle avait commencé à le lire dans le kiosque à journaux de la gare et cela lui avait plu. Nous sommes allés dans un restaurant japonais pour manger des sushi. Le matin même elle avait fait une présentation orale, avec PowerPoint, de son travail personnel sur le chant. Elle a été félicitée par sa tutrice. Nous avons parlé longuement. Ensuite nous sommes allés au cinéma voir le dernier Tarantino The Hateful Eight où il y a de magnifiques paysages de neige tournés dans les montagnes du Wyoming. Evidemment, il y a une explosion de violence à la fin, avec beaucoup, beaucoup de sang, le sang de ces chasseurs de primes qui s'entretuent à qui mieux mieux. Mais bon ! Il s'agit d'une violence avide de couleur rouge, de gestes brutaux, de regards apeurés qui s'entrecroisent avec les balles, de corps tombant comiquement les uns sur les autres, dans une sorte de danse finalement très convenue, offerte par l'esthétisme à une digestion émotionnelle plutôt paisible.

Dans le train, j'ai lu le dernier livre d'Echenoz, Envoyée spéciale aux Editions de Minuit. Je n'ai pas été entièrement convaincu, même si l'écriture est soignée, brillant des mille feux de l'imagination de l'auteur. Je n'ai pas encore terminé mais alors que les autres romans d'Echenoz se déploient tous sur fond d'une sorte de préoccupation fantasmatique, ici j'ai l'impression que ce fond est un peu trop léger pour servir d'appui à tout un livre.

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