jeudi 21 juillet 2016

Erdogan

Ce qui se passe en Turquie me semble terriblement inquiétant. Erdogan, fou de pouvoir, installe une dictature. On ne peut qu'être ébahi par ces foules qui souscrivent à cet autoritarisme délirant, tous ces gens qui applaudissent et semblent se réjouir de leur propre asservissement. Bien sûr, on a vu ce même genre de foule au moment de l'ascension d'Hitler au pouvoir et pendant toute la durée de sa dictature, mais justement, on aurait pu croire qu'un passé aussi récent et porteur de tant de vies brisées, d'atrocités de masse, de désastres et de ruines en Europe, pût induire quelque méfiance vis-à-vis des premiers signes de l'affreuse dérive. Mais non. Les malheurs du passé ne conjurent pas ceux de l'avenir. De quelle folle logique relève cette folie ?

Et voilà que les médias s'en mêlent en plébiscitant cet affreux néologisme : la "démocrature", inventée pour nous faire croire qu'il ne s'agit pas de la tyrannie d'un seul mais d'une "dictature du peuple", ce qui est encore pire que la dictature d'un seul.

Et j'en rajoute (30 minutes avant minuit) une cuiller avec cette prédiction (d'une victoire de Donald Trump à la présidence des Etats Unis) peu rassurante de Michael Moore, à laquelle j'aurais assez tendance à croire, tant elle me paraît fantastique —mais nous vivons une période fantastique— :

"When you say, he hasn't read a book in his adult life, you've just described the majority of Americans. Get out of your bubble, everybody!" 

On en revient à la question des impuissances dont Joëlle et moi parlions récemment lors de mon bref séjour à Paris, en juin. Mais je n'arrive pas à m'alarmer de ces impuissances, au contraire : l'impuissance de l'Etat me ravit. Tout le monde s'en émeut. Il faut s'en réjouir. Cette impuissance nous rend l'initiative, non pas pour rivaliser avec le pouvoir qui gère tant bien que mal cette impuissance, mais bien pour inventer une alternative à la puissance pour vivre ensemble. Sans faire appel à la puissance. Erdogan n'est rien d'autre qu'un reste du vieux monde, dangereux certes, mais déjà fini avant même qu'il ne commence.

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