lundi 31 octobre 2016

Pourquoi

On a parfois du mal à se supporter soi-même en train de refaire, jour après jour, les mêmes gestes, quasi automatiques, qui donnent à la vie une permanence insensée. Bien sûr, il y a la pensée, nourrie par les nouveautés quotidiennes du monde. Mais ces renouvellements sont bien souvent incroyablement répétitifs. Je pense à ces tortues qui vont enfouir leurs œufs dans le sable de plages lointaines. Elles y vont chaque année. Elles remontent la plage de leur enfance avec difficulté. Elles ne peuvent pas ne pas le faire. Heureusement qu'elles n'ont pas à se demander pourquoi elles le font. Il est probable que les animaux ne se posent pas la question de pourquoi ils vivent. Seuls les humains se posent cette question qui, à dire vrai, est une question assez bête même s'il est difficile d'échapper à son insistante pertinence.

samedi 29 octobre 2016

Cinquante et un


Non, ce n'est pas le taux d'alcool du Pastis dont il est question avec ce chiffre, mais plus simplement du nombre d'années qu'Isabel a vécues jusqu'à aujourd'hui. Trois fois 17. Alors, je veux lui souhaiter un très bon anniversaire.

Et pour illustrer l'événement, je trouve cette image sur la page Facebook d'André Gattolin — qui, ce soir, nous parlera des élections islandaises sur France Culture — d'un écureuil canadien en train de manger une frite. Isabel et moi aimons beaucoup les écureuils... et les frites, bien sûr. Aujourd'hui, cependant nous mangerons une feijoada brésilienne à midi et, ce soir,  nous irons dans notre restaurant lisboète favori, la Cevicheria à Principe Real.

jeudi 27 octobre 2016

Wittgenstein

Hasard ? Je découvre dans le livre d'Alain Badiou, Que pense le poème ? (Nous, 2016), une nouvelle réfutation de l'injonction de Wittgenstein — "Ce dont on ne peut parler, il faut le taire" —: "Et le poème en ce sens dit le contraire de Wittgenstein, il dit : "Cette chose qui est impossible à dire dans la langue du partage et du consensus, je fais silence pour la dire, pour séparer du monde qu'elle soit dite, et toujours redite pour la première fois." (p.15).

mercredi 26 octobre 2016

Hervé Le Corre

Je suis en train de terminer ce livre entamé hier au nom de la recommandation de Bernard A. Je ne suis pas convaincu par cet auteur qui, pourtant, écrit bien, certes, mais qui a du mal à garder un rythme diégétique soutenu. Il se fait trop souvent plaisir avec des descriptions où des métaphores ingénieuses nous distraient de l'action. Bref, mon avis sur cet auteur de polar est mitigé. Une belle écriture certainement, mais une intrigue pas assez soutenue. C'est dommage.

J'ai retrouvé Lisbonne hier soir avec plaisir. Nous sommes allés manger japonais à Carcavelhos.

mardi 25 octobre 2016

Sur les amis

Marc m'a reçu chez lui hier soir. Dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Nous avons pu évoquer quelques souvenirs, notamment ceux qui tournaient autour de notre amitié avec Jean. Il y a quelque chose d'intéressant à retrouver le chemin vers nos vieux amis. C'est comme s'ils réactualisaient la dynamique qui en avait fait des amis justement. Les vieux amis nous rajeunissent.

J'ai commencé Les cœurs déchiquetés d'Hervé Le Corre.

Et je lis ce matin dans Libé sous la plume de Jauffrin :

De tous les peuples de la Gaule, écrivait César, les Belges sont les plus courageux. En va-t-il ainsi de la Wallonie, cette province de Belgique cousine et fière, qui refuse, contre tous les importants d’Europe, de consentir au traité de libre-échange avec le Canada ? Les esprits conformistes diront qu’il s’agit d’un combat d’arrière-garde mené par un petit peuple en difficulté au nom d’intérêts particuliers ou bien sous l’influence d’un Parti socialiste passéiste. Voire…

lundi 24 octobre 2016

Novarina

Valère Novarina est l'auteur du petit livre qui m'avait été recommandé par Bernard et Michèle A. à la Librairie Kléber où nous étions allés ensemble et que j'ai commencé à lire hier : Devant la parole, Paris, Editions P.O.L. En réalité, le titre correspond à celui du premier essai. Je vais en citer deux ou trois passages qui, pour différentes raisons, m'ont particulièrement frappé. Il y a d'abord cette annonce, dès le premier paragraphe : "Voici que les hommes s'échangent maintenant les mots comme des idoles invisibles, ne s'en forgeant plus qu'une monnaie : nous finirons un jour muets à force de communiquer ; nous deviendrons enfin égaux aux animaux, car les animaux n'ont jamais parlé mais toujours communiqué très-très bien. Il n'y a que le mystère de parler qui nous séparait d'eux. A la fin nous deviendrons des animaux : dressés par les images, hébétés par l'échange de tout, redevenus des mangeurs du monde et une matière pour la mort. La fin de l'histoire est sans parole." (p.13)
Ce passage m'a fait me souvenir d'une fiction que je voulais écrire au début des années 80 et qui devait raconter comment les hommes avaient perdu peu à peu leur faculté de langage pour devenir effectivement les animaux qu'ils sont dès qu'on oublie qu'ils parlent.

Voici un autre passage du même essai :
"Les mots ont toujours été les ennemis des choses et il y a une lutte depuis toujours entre la parole et les idoles. La parole est apparue un jour comme un trou dans le monde fait par la bouche humaine — et la pensée d'abord comme un creux, comme un coup de vide porté dans la matière. Notre parole est un trou dans le monde et notre bouche comme un appel d'air qui creuse un vide — et un renversement dans la création. Les cris des bêtes désignent, le mot humain nie." (p.17)

Et cet autre, qui a peut-être été inspiré par Saussure, quand il dit que dans la langue, "il n'y a que des différences. Sans termes positifs." (CLG) :
"Tout le langage est négatif. Il y a une anti-matière et on la voit. Penser, parler est un renversement. Nous ne sommes pas en face. Le réel n'apparaît un instant qu'à celui qui le déchire." (p.22)

Et cette magnifique réfutation de la dernière phrase du Tractatus de Wittgenstein :
"Les vases qui communiquent, les machines qui communiquent, les communicants qui communiquent comme des machines, ne disent jamais que ce qu'ils savent. De même les yeux, face à l'image, ne voient que ce qu'ils voient ; la parole au contraire passe au-delà d'elle-même, vient de plus loin qu'elle-même, va au-delà de ce qu'elle peut dire. Elle entend ce qu'elle ne sait pas ; elle attend. Nous parlons de ce qu'on ne peut nommer. Très précisément, chaque mot désigne l'inconnu. Ce que tu ne sais pas, dis-le. Ce que tu ne possèdes pas, donne-le. Ce dont on ne peut parler, c'est cela qu'il faut dire." (p. 28-29)

dimanche 23 octobre 2016

Repas de famille

C'était hier soir. Tout ce qui reste de notre famille à part Dominique. Beaucoup de discussions qui s'en prennent à notre passé familial justement. Difficile de résister à ces références communes qui nous renvoient à l'enfance et à notre rapport aux parents. D'autant plus difficile que l'avenir est court pour chacun d'entre nous. Nous aurions pu discuter de nos projets respectifs, de notre vision des choses qui nous restent à faire. Mais non, c'est le passé qui s'impose avec des souvenirs que l'on croit communs et plus ou moins factuels alors que l'on s'aperçoit très vite qu'ils ne sont ni partagés ni partageables. Les événements ont des couleurs très différentes selon l'âge où on les a vécus, les lieux qu'ils évoquent, les rapports que l'on avait les uns avec les autres.

Il y a de quoi réfléchir surtout après la lecture de Sorj Chalandon, Profession du père. Cette catégorie que les élèves doivent remplir au cours des premiers jours de classe. Je me souviens du problème que cela posait à Fabien, Célia et Charlotte. "Socio-épistémologue" écrivaient-ils sans doute. Leurs professeurs demandaient des précisions. Mes enfants ne savaient quoi répondre. Quel embarras.  Le livre de Sorj Chalandon est assez terrifiant : comment un père embrigade son seul enfant, son fils, son "conneau" comme il l'appelait, dans son délire, son goût des complots et des mystères, les services secrets, l'espionnage, l'assassinat de Charles de Gaulle... Un père délirant, fou. Et son fils qui finit par s'en tirer à peu près. Réparateur de tableaux malades.

samedi 22 octobre 2016

Dali

Nous avons mangé hier soir chez Françoise avec Duncan, Martine, Dali et Sonam, l'adorable Sonam avec qui j'ai joué aux échecs ce matin. Malheureusement, il a perdu sa dame très vite. Après j'ai fait mille fautes d'inattention mais j'ai quand même fini par le faire mat. Il joue bien. Il pourrait devenir un très bon joueur d'échecs. J'avais rencontré Dali le matin même dans l'une des allées du marché, place Broglie. J'ai failli ne pas la reconnaître. J'ai vu venir vers moi cette femme magnifique et souriante. Ce fut un très bon moment.

vendredi 21 octobre 2016

Danièle S.

Je suis allé manger avec Danièle S. hier soir et nous avons longuement parlé de Jean Guir, évoquant ainsi le passé, les histoires de notre jeunesse. Nous sommes allés au restaurant, la Stadtwappe, situé place Gutenberg. Ce fut très chaleureux. Auparavant, j'étais allé à la Librairie Kléber où j'ai acheté deux ou trois livres pour le voyage. Je me suis notamment laissé tenter par un livre d'Alain Badiou sur la poésie. Même si je suis loin d'être un fan de Badiou, cela m'intéressait de savoir ce qu'un philosophe marxiste comme lui peut dire sur ce thème.  Au cours de l'après-midi, je me suis promené avec Julie et, ensemble, nous sommes allés rendre visite à Morgane qui, dimanche prochain, s'envole avec Arnaud et leur fils Marcus, pour la Thailande.  

jeudi 20 octobre 2016

Famille

Un petit détour par Strasbourg avant de rentrer à Lisbonne. Samedi soir, je dînerai avec mes trois sœurs et mon frère Patrick. Un petit bain de famille.

A Luxembourg, la soutenance de Liliana s'est bien passée. Evidemment, avec un sujet comme "la dictée" pour devenir professeur de français à Luxembourg, il fallait s'attendre à des commentaires du style "ah, le bon vieux temps... quand les gens savaient encore écrire le français et que l'école cultivait une certaine rigueur... mon bon monsieur, tout cela est fini, et bien fini... aaahh là là, quelle tristesse..." bref, j'y ai eu droit, pendant plus de deux heures.


mercredi 19 octobre 2016

Cravat

J'ai dormi à l'Hôtel Cravat à Luxembourg. Un hôtel comme on en fait plus, malheureusement, avec de vraies couvertures, un peignoir, bref tout ce qu'il faut pour bien dormir et se réveiller en forme. Ma chambre est au 6ème étage avec vue sur la ville. Bref un hôtel qui donne vraiment envie de revenir.

Hier soir, j'ai longuement parlé avec Sasha. Elle voudrait faire un doctorat en anthropologie sur les shamans. Notre discussion était très intéressante et j'espère qu'elle va m'envoyer la lettre dans laquelle elle présente son projet à ce professeur de Copenhague, Morten Axel Pedersen dont elle admire beaucoup le travail sur la disparition des shamans en Mongolie sous le régime de l'URSS. Je n'ai encore rien lu de Pedersen mais je vais me renseigner.

mardi 18 octobre 2016

Sharik

Sharik, c'est le nom du chien, héros de A Dog's Heart, de Mikhail Bulgakov, et en même temps du personnage dont j'ai rêvé cette nuit. Il se tenait sur ses deux pattes arrière comme quand Sharik devient Sharikov dans le roman. Nous étions au bord d'un immense lac qui devait être en grande partie gelé, parce que des chiens couraient à sa surface. L'un d'eux s'approche tout près et mon compagnon lui caresse le museau qui a la forme d'un cul de singe. Je crains qu'il ne se fasse mordre.

Je suis en train de terminer Nora Webster, ce livre d'un écrivain irlandais que m'avait recommandé Z. C'est un roman très attachant. Je le lis en anglais mais je crois qu'il a été traduit en français.

lundi 17 octobre 2016

Reprise

Je reprends le ciel demain pour Luxembourg via Paris. Et, après Luxembourg, Strasbourg pendant quelques jours avant de rentrer à Lisbonne.

Parlant de ciel justement, il s'est caché ce matin derrière une couche épaisse de nuages gris.

J'ai commencé à écouter ce matin, sur France Culture les entretiens entre Anne Pingeot, l'amante de François Mitterrand pendant de longues années et l'historien Jean-Noël Jeanneney. Mais je dois m'arrêter pour préparer mon départ demain matin à la première heure. Je reprendrai cette émission dès que j'aurai un peu plus de temps. Isabel m'a demandé de lui ramener les Lettres à Anne, qui viennent d'être publiées.

Je suis allé ce matin retirer ma nouvelle carte d'identité à l'Ambassade de France à Lisbonne mais malheureusement ils ne me la donnent que si je leur rends l'ancienne que je n'avais pas prise avec moi. Résultat un aller/retour pour rien. Il faut que j'y retourne.

Ça y est. Je l'ai. Valable jusqu'en 2031. J'aurai 89 ans quand il me faudra la renouveler.

dimanche 16 octobre 2016

Récurrences oniriques

Il y a souvent des vélos dans mes rêves. C'était le cas la nuit dernière. Mais j'ai aussi rêvé d'Agnès. Un très beau rêve avec des connotations érotiques assez surprenantes. Je n'en dirai pas plus.

samedi 15 octobre 2016

Jean Guir


L'une des grandes figures de mon premier passé strasbourgeois vient de disparaître. Jean Guir. Son décès, annoncé par Le Monde du 15 octobre, remonte au 26 septembre dernier.

Je parle de mon "premier passé" strasbourgeois, celui qui a précédé mon départ pour l'Angleterre à l'Université de York. Je suis revenu à Strasbourg en 1974. Jean Guir était parti à Paris et faisait une psychanalyse avec Jacques Lacan. Je l'ai revu de temps en temps à Paris. Il habitait juste à côté de La Closerie des Lilas, un nid de psychanalystes. Jean m'y a invité quelques fois.
J'ai trouvé cette photo de Jean sur le site "œdipe.org" qui a publié il y a quelque temps mon article de critique de L'affabultaion freudienne, de Michel Onfray.
Jean était quelqu'un d'une intelligence exceptionnelle. C'est lui qui m'avait fait connaître Jacques Lacan en me dédicaçant les Ecrits, au moment ils ont été publiés, en 1966, alors qu'il ne les avait pas encore lus.

vendredi 14 octobre 2016

Dylan

C'est rare d'être à ce point heureux de voir quelqu'un qu'on admire être récompensé si magnifiquement. Décidément, le comité Nobel nous a gâté avec Jean-Pierre Sauvage pour la chimie et maintenant, Bob Dylan pour la littérature. C'est René K. qui doit être content.

Hier soir, j'ai eu une longue discussion avec Charlotte, sur la manière dont je la percevais et sur la solidité intérieure que je lui reconnaissais. Souvent, je me dis qu'elle devrait continuer à s'exercer au chant. Elle chante juste et c'est une qualité suffisamment rare pour qu'elle en tienne compte dans son avenir professionnel.

jeudi 13 octobre 2016

Good vibes

Le ciel était magnifique ce matin quand je suis revenu d'Amoreiras où se trouve le lycée français de Charlotte. Ce sont ces hésitations de la couleur qui me fascinent : entre le bleu, le jaune et le gris, l'air se met à vibrer pour le seul plaisir des yeux. Un plaisir très automnal, en fait.

Il semblerait que Trump soit vraiment en perte de vitesse actuellement. Les femmes se mettent à dévoiler les agissements scandaleux de celui qu'elles n'ont souvent rencontré qu'une seule fois. Mais on peut se demander pourquoi cette campagne électorale a pris un tour aussi graveleux. Est-ce parce que les protagonistes sont de sexe différent ? La sexualisation de la campagne serait-elle le symptôme de ce refoulement puritain du sexe qui caractérise encore les mentalités américaines ? Lors de la campagne de Sarkozy/Royal en 2007, il ne s'est rien passé du même genre. Cela mérite-t-il réflexion ? Pas vraiment, sans doute.


mercredi 12 octobre 2016

Bug-sur-Blog

Ce matin, j'avais beau faire, je ne réussissais pas à "créer un nouvel article" comme ils disent, selon la procédure habituelle. Il devait y avoir un bug quelque part. La page ne s'ouvrait pas. J'ai donc utilisé un détour pour ne pas faillir au flot de mon écriture quotidienne.

Hier, je suis allé chez la chirurgienne des lombaires pour voir ce que l'on pouvait faire pour supprimer les douleurs sporadiques que je ressens de temps en temps dans le dos. J'avais subi les examens qu'il fallait et Annabela Nabais nous a montré, à Isabel et moi, les images de ma colonne en nous expliquant qu'il y avait effectivement une hernie qui empêchait quelque peu le sang de circuler correctement. Cependant, si les douleurs s'atténuaient, elle ne conseillait absolument pas la chirurgie. Et ce mal de dos qui au lever m'handicapait un peu, a pratiquement disparu depuis que je fais mon heure de marche tous les jours. L'idéal, disait-elle, c'est de nager en crawl sur le dos. Bon ! L'eau, ce n'est pas vraiment mon élément. Mais je vais quand même me renseigner. En tout cas, je continue mes ballades quotidiennes.

Nous avons récupéré notre voiture après avoir payé 250 euros pour la pièce qu'ils ont remplacée dans le dispositif hybride, un inverseur apparemment. Je ne sais pas à quoi il sert mais c'est vrai que la voiture roule normalement. Je ne suis pas particulièrement content de retrouver cette voiture. Depuis une dizaine de jours je faisais toutes les courses à pied ou en bus et cela me faisait du bien. Même si, dans certains cas, la voiture est diablement utile, il ne faut l'utiliser que quand c'est nécessaire.

Hier soir, j'ai vu plusieurs documentaires dans le cadre du programme Thema d'Arte. Et notamment, un film sur les OGM, Monsanto et tout ce qui s'y rapporte : les lobbies, le monopole sur les semences, l'argumentation de la faim dans le monde qui justifierait l'agriculture industrielle avec les contre-arguments, bien plus convaincants à mon avis, etc. Le programme se terminait avec un film autobiographique des Yes Men,  qui retraçaient leur parcours. Vraiment intéressant. J'admire beaucoup cette ingéniosité, cet humour et ce culot qui leur ont fait faire des choses ahurissantes. De quoi nous convaincre que l'humour est l'une des armes les plus efficaces contre la morosité d'un monde sinistré par l'égoïsme, la constipation et l'arbitraire des abus de pouvoir.

mardi 11 octobre 2016

Colm Tóibin

Je ne connaissais pas cet auteur irlandais dont j'ai commencé l'un des romans : Nora Webster. C'est un livre sur la vie quotidienne en Irlande à la fin des années 60. Comment se reconstruire une liberté après la mort d'un conjoint, c'est ce que décrit l'écrivain dans un style d'une grande simplicité, qui traite les émotions et les pensées en direct, sans essayer de traduire l'intraduisible grâce à des effets de manche rhétorique qui feraient deviner ce qui ne peut pas être dit. Je suis tombé hier sur cette pensée intéressante par sa simplicité même :


« ‘Wait until you’re old, Nora,’ she said, ‘and then you’ll know. It’s the mixture of being content with even the smallest thing and then feeling a great dissatisfaction with everything. I don’t know what it is. I’m not even tired a lot of the time, and all the same I’m half-exhausted if I even stand » (de Nora Webster par Colm Tóibín)

Par ailleurs, en lisant le Guardian ce matin, je relève la fronde qui commence à s'exprimer, notamment à travers l'intervention du MP Stephen Philipps (un "Brexiter"), au sein du parlement britannique contre les abus de pouvoir possible que le Brexit semble autoriser : 

Phillips said: “I and many others did not exercise our vote in the referendum so as to restore the sovereignty of this parliament only to see what we regarded as the tyranny of the European Union replaced by that of a government that apparently wishes to ignore the views of the house on the most important issue facing the nation.”

Bref, cette histoire est loin d'avoir trouvé sa conclusion avec la nomination de Teresa May comme PM. On se réjouit des prochains rebondissements.

lundi 10 octobre 2016

Bizarre...

Ce qui est bizarre c'est l'évolution de mon propre rapport à l'écriture de ce blog. J'y évoque, ces derniers temps, des petits faits quotidiens qui n'ont ni beaucoup d'importance ni beaucoup d'intérêt. Mais je sens bien que la superficialité de ces réflexions cache une pensée très tourmentée en ce moment. Il y a l'âge évidemment, mais pas seulement. Il y a le travail que j'ai accompli dans ma vie jusqu'ici. Et cela me semble tellement dérisoire. Charlotte me reproche souvent d'être "ronchon", pessimiste. Il y a du vrai dans son diagnostic. Il n'y a pas si longtemps, je me voyais moi-même toujours de bonne humeur, ouvert à la discussion et aux idées originales. Plutôt optimiste dans le regard que je portais sur le monde. Mais je me sens emporté par une sorte de grisaille qui brouille mes désirs et qui fait surgir des rêves sinistres. Non pas des cauchemars. Des rêves sinistrés, plutôt.

dimanche 9 octobre 2016

Blinis

Nous avons revu notre amie Cécile hier soir, venue à Lisbonne dans le cadre d'un voyage payé par le labo Lescuyer dans le cadre d'un lobbying orienté vers des médecins généralistes français.  Cécile a été notre amie quand nous habitions Passage des Marais à Paris. Ils (elle, son mari et leurs trois enfants) sont allés s'installer tout près de La Rochelle, dans la campagne. Nous lui avons servi un potage de brocolis au roquefort, suivi de saumon fumé, avec crème, citron et herbes, sur blinis faits maison. (C'est la première fois que je les faisais moi-même.)

samedi 8 octobre 2016

Défaite

Je ne suis vraiment pas du genre à souhaiter une défaite à quiconque mais je vais faire une exception pour Donald Trump. Je souhaite sa défaite parce qu'il me semble que ce ne sera pas seulement la sienne, mais celle de tout ce qu'il représente et dont on aura pu voir le sursaut médiatisé jusqu'à plus soif avant de laisser la place à tout le nouveau dont les jeunes et même parfois les moins jeunes sont remplis pour faire du monde un endroit intéressant, un lieu plein de surprises et de potentialités généreuses.

Nobel

J'ai été ravi d'apprendre que Jean-Pierre Sauvage avait reçu le prix Nobel. Je l'ai côtoyé quand j'étais à Strasbourg. Il travaillait chez Jean-Marie Lehn, prix Nobel lui aussi, en 1987. D'ailleurs quand on cherche Jean-Marie Lehn sur internet, on voit que l'un de ses élèves de renom est Hosseini Mir Wais que je connaissais très bien et qui me battait régulièrement aux échecs. Jean-Pierre Sauvage, un chimiste toujours joyeux et qui avait plein d'histoires à raconter. De bons souvenirs. De très bons souvenirs associés à Strasbourg.

vendredi 7 octobre 2016

Bulgakov

Je lis actuellement A Dog's Heart, de Mikhail Bulgakov, l'auteur de Le Maître et Marguerite. C'est un livre que m'a prêté Z. Très drôle. Et complètement surréaliste. En voici un petit commentaire critique trouvé sur internet :

It is “one of novelist Mikhail Bulgakov’s most beloved stories” featuring a stray dog “named Sharik who takes human form” as a slovenly and narcissistic incarnation of the New Soviet Man. The novel has become a cultural phenomenon in Russia, known and discussed by people “from schoolchildren to politicians.”  It has become a subject of critical argument, was filmed in both Russian and Italian-language versions, and adapted in English as a play and an opera.

Le Bachelard de Z. est signalé dans l'un des meilleurs sites consacrés aux livres philosophiques de la rentrée : http://www.critical-theory.com/11-books-that-came-out-in-september-2016/

jeudi 6 octobre 2016

Unschoolers


Un socialiste Portugais à la tête de l'ONU pour remplacer Ban Ki-moon. Hier après-midi j'ai rencontré par hasard un homme qui, comme moi, attendait le bus pour aller à Amoreiras. Nous engageons la conversation et c'est lui qui me parle d'Antonio Guterres, le favori pour diriger les Nations Unies après avoir présidé aux destinées du haut commissariat aux réfugiés. Il ne faut surtout pas le mettre dans le même sac que le banquier Barroso, Portugais également, qui s'était si mal distingué en se faisant embaucher par Goldman-Sachs après avoir dirigé l'Union Européenne.



Je lis également dans le Guardian, un article datant du 5 octobre sur Artemisia Gentileschi, cette femme  peintre du XVIIe siècle, fille d'Orazio, artiste peintre lui aussi et grand ami de Caravaggio. Elle a peint la scène de Judith coupant la tête d'Holofernes. L'auteur de l'article prétend qu'il s'agit d'un auto-portrait, Artemisia étant celle qui maintient fermement la tête qu'elle tranche avec l'autre main munie d'un joli poignard. Mais le supplicié serait aussi le portrait d'Agostino Tassi, l'homme qui l'a violée et qui, néanmoins, faisait partie du jury du tribunal romain qui, en 1612, l'a torturée et condamnée. Disciple de Caravaggio, elle fut connue et appréciée à son époque pour son indépendance et sa détermination.


Enfin, hier j'ai vu un tout petit programme sur les unschoolers, ces adolescents qui ne sont jamais allés à l'école parce que les parents les ont gardés chez eux pour qu'ils apprennent ce qu'ils veulent et au moment où ils le veulent. Ils seraient environ 200.000 aux Etats-Unis. L'émission rapportait notamment le témoignage d'une de ces mères qui prétendent que l'école est un obstacle à l'apprentissage. Cette mère, ingénieure de profession, parlait de ses deux enfants qui ne sont jamais allés à l'école et qui réussissent très bien. L'aînée est allée à l'Université. Le cadet, qui a appris à lire à l'âge de 10 ans, tout seul, avait l'air très heureux lui aussi. On le voyait en train de construire un robot.

mercredi 5 octobre 2016

Obama

Hier soir le programme Thema de la chaîne Arte évoquait les années Obama. Ce fut une grande émission sur la présidence Obama, une sorte de rétrospective avant même qu'il n'ait quitté la présidence. On constate en tout cas à quel point une telle fonction requiert de l'autorité plutôt que du pouvoir. Je pense que les Etats Unis se souviendront longtemps de cette présidence. L'émission a passé pas mal de temps à nous expliquer comment l'Obamacare a pu finalement être adopté. Une bataille incroyablement rude contre les Républicains. Un immense regret : celui de ne pas l'avoir vu poursuivre des efforts de paix entre les Israéliens et les Palestiniens. Peut-on croire que l'hostilité déclarée de Netanyahou y a été pour quelque chose ? Il a également été décevant dans sa gestion de la guerre en Syrie. Pourquoi les Etats Unis ont-ils refusé d'intervenir lorsque Bachar Al Assad a utilisé des armes chimiques ? Poutine a trompé Obama. C'est devenu une véritable et insupportable boucherie. Un désastre sans nom.
Obama est certainement un homme de paix, mais il vit dans un monde en guerre. Difficile de défendre la paix au milieu des vacarmes de guerre que le monde actuel ne cesse d'engendrer.

mardi 4 octobre 2016

Toyota

Voilà une semaine que notre voiture est chez le concessionnaire Toyota près de Lisbonne et nous n'avons toujours pas de diagnostic pour la voiture. Isabel y est allée hier et ils ne savaient toujours pas pourquoi elle est tombée en panne. Il semblerait que ce soit le système hybride qui soit défaillant mais sans que l'on sache vraiment pourquoi. Bizarre quand même.

Hier soir, j'étais seul avec Charlotte parce qu'Isabel travaillait jusqu'à une heure du matin. De 16 heures à 1 heure. La semaine suivante ce sera de 7 heures à 16 heures. Nous étions déjà couchés quand elle est rentrée hier soir.

lundi 3 octobre 2016

Automne

Depuis quelque temps, les matinées sont beaucoup plus fraîches mais la chaleur revient pendant la journée. C'est un temps assez agréable. Avenue de la Liberté, il y a de plus en plus de feuilles mortes tombant de ces grands platanes qui nous donnent de l'ombre au plus chaud de la journée. Serait-ce l'automne ?
J'aimerais pouvoir aller aux champignons mais malheureusement nous n'avons plus de voiture pour l'instant. Et il serait difficile d'y aller à pied. Encore que le bois de Monsanto à l'ouest de la ville ne devrait pas être inaccessible. Mais y a-t-il des champignons là-bas ?

dimanche 2 octobre 2016

Potimarron

Un flot de rêves cette nuit, comme si le fait d'avoir évoqué un rêve il y a deux jours avait déclenché cette vague de migrants de l'inconscient dans ma conscience de dormeur. Des images très étranges, difficiles à évoquer : quatre cases alignées comme des box de chevaux de course et dans la première de ces cases, une sorte d'océan recouvert de draps blancs un ciel à l'horizon, la figure de Lacan est là mais en dehors du tableau qui pourrait bien être de Magritte, je ne pourrais pas dire où exactement, il s'agit là d'un récit très approximatif qui ne tient dans l'écriture qu'en raison de ce que les mots décident par eux-mêmes, une fois mis en place.

Pour en revenir à des choses ayant apparemment plus de sens que mes élucubrations oniriques je veux évoquer le potage que j'ai fait hier au potimarron avec un oignon, le blanc d'un poireau, une pomme de terre, un potimarron, une racine de curcuma, et, pour terminer une orange coupée en quartiers (quartiers que j'ai retirés à la fin de la cuisson juste avant de mixer l'ensemble). C'était très bon. On ne sentait que très légèrement l'orange, comme une sorte de parfum et une pointe d'acidité du plus heureux effet.

samedi 1 octobre 2016

Peres

Je recommande la lecture de cet article de Michel Warschawski, publié par Politis et qui brouille quelque peu l'image de Shimon Peres en grand artisan de la paix couronné par un prix Nobel. C'est édifiant. Et, connaissant un peu l'auteur de l'article, j'ai tendance à le croire lui plutôt que l'immense clameur qui canonise le défunt avant tout examen critique.
Voici l'adresse :