samedi 3 décembre 2016

Hollande

J'ai moi aussi, comme beaucoup d'autres millions de Français, écouté François Hollande annoncer sa décision de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat, à la télévision. "D'une voix blanche", ont dit les médias. Peut-être. Il y avait beaucoup d'émotion retenue dans ce discours. Ce qui est vraiment dommage c'est que, s'il avait pu connaître cette décision dès le début de son quinquennat — il aurait pu, bien entendu tout savoir à l'avance puisqu'il s'agissait de sa décision — sa présidence aurait sans doute été toute autre.  Il est difficile pour le pouvoir, quel qu'il soit, de ne pas se préoccuper avant tout de son maintien et de sa reproduction dans le temps. Ce souci de durer gâche tout et teinte toutes les décisions ultérieures. On pourrait y voir des effets bénéfiques : le pouvoir, s'il veut durer, ne peut pas tout se permettre. Mais, en se sachant limité dans le temps, le pouvoir peut en tirer les ressources d'un courage utile pour prendre des décisions qui ne plairont à personne. Et parfois, de telles décisions se révèlent extrêmement bénéfiques. Notre "président normal" a pris une décision tout-à-fait anormale.
Sur ce sujet, j'ai bien apprécié le billet de mon collègue de Paris 7,  Fethi Benslama dans Le Monde du 2 décembre. En voici la conclusion, qui fait référence à la théorie "des deux corps du roi" de Kantorowicz. Elle me semble très éclairante :
"Le corps politique du souverain grandiose fabriqué en  1958, non seulement plus personne ne peut plus l'habiter, mais ce corps est une fiction obsolète qui entrave l'avance d'un beau pays aux ressources prodigieuses. On verra plus tard que François Hollande a montré une vérité insupportable à ses contemporains, soit parce qu'ils veulent un chef fascinant, soit parce qu'ils veulent endosser le corps politique gaullien surdimensionné et qu'ils porteront comme des généraux d'opérette."
Ce petit article m'a donné très envie de lire l'ouvrage de Davet et Lhomme à partir duquel Benslama a écrit son texte. 

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