mercredi 4 janvier 2017

Sans famille

Nous étions trois à nous tenir chaud dans un espace très étroit. Le serpent qui était avec nous s'approche de moi et, tout-à-coup saute sur mes genoux comme un chat l'aurait fait. Il se dresse et approche sa tête de mon œil droit comme pour me faire un baiser, le baiser rituel du serpent.

Le 4 janvier est une date particulière puisque c'est le jour de la mort de maman. Elle aurait eu 107 ans aujourd'hui. Je me dis qu'elle aurait ressemblé à sa mère, dont le visage était tout fripé par l'âge. Elle nous racontait des histoires merveilleuses. Je me souviens de Sans famille d'Hector Malot. Elle ne nous lisait pas le livre. Nous l'aidions à peler les pommes de terre et elle racontait l'histoire. Nous étions suspendus à ses lèvres. Elle avait l'art de la conteuse. Cela se passait en Belgique, dans cette maison que tout le monde appelait le "Pavillon", situé au bord de la route de Herve, à Bois-de-Breux. Cette maison a été détruite pour faire place à une station d'essence. J'allais souvent me promener dans les hautes herbes du jardin. On s'y cachait des adultes. L'oncle Jean, doté d'une véritable crinière de cheveux blancs comme neige, venait nous chercher. En passant devant les touffes d'orties près de la grille, il y plongeait ses deux mains en riant. Comment réussissait-il à ne pas se faire piquer par ces plantes dont nous avions très peur, évidemment ? C'était le frère de ma grand mère. Mon père nous conseillait de nous méfier de lui. Je ne comprenais pas pourquoi.
Cette photo à gauche, tirée du site Bright Side, est très ressemblante à l'oncle Jean dont je parle ci-dessus.


Lisbonne, ce matin, était blanche. Le ciel, livide, effleurait les maisons rassemblées sur la colline, agglutinées les unes contre les autres comme pour se protéger de leur propre disparition dans l'universelle blancheur.

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