jeudi 29 juin 2017

Emoji

Vide, son fauteuil
Grince encore en balançant 
Son ombre grincheuse


Il est assez bizarre, mon haïku d'hier. Et pourtant, malgré le caractère un peu laborieux de son élaboration, il a fini par me séduire moi-même, surtout avec sa chute qui m'est venue à l'esprit précisément comme une sorte d'inspiration pas du tout contrôlée. 

Aujourd'hui dans Le Monde, on nous parle de l'origine des "émojis", ces petites faces rondes, jaunes et diversement grimaçantes qui sont censées communiquer à notre destinataire, notre propre état émotionnel au moment où l'on s'adresse à lui. Une sorte de degré zéro du poème où l'impossibilité d'exprimer l'ineffable devient conventionnellement ineffable. Nous vivons une époque où il est urgent de préserver, avec des mots, le silence des mots et le bruit des sentiments. Sinon c'est toute la poésie qui se trouvera menacée par des gadgets d'écriture automatique tels que cette "armée" d'émojis ou d'"émoticônes" qu'on devrait appeler des émoticons. La poésie est un combat qui n'est pas gagné. 

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