samedi 8 juillet 2017

Chemins noirs

Pluie : la terre humide
Exhale ses profondeurs
De trois pots de fleurs


Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson, Recommandé par une lectrice de l'Institut français. J'avais lu récemment Dans les forêts de Sibérie, dont j'avais surtout aimé l'écriture mais qui m'avait un peu énervé : on sentait le fils de bonne famille qui a les moyens de se faire parachuter sur les rives du lac Baïkal, tout près d'une cabane toute prête à l'accueillir, avec des livres quand même, pour que la solitude ne soit pas top sibérienne sans doute, ce qu'elle ne fut pas puisque qu'il avait reçu pas mal de visites dont il témoigne sincèrement d'ailleurs. Depuis la Sibérie, l'auteur s'est cassé la figure en faisant le guignol sur un toit pour épater la galerie. La médecine et la chirurgie se mettent ensemble pour réparer sa colonne, restaurer un visage qui restera quand même déformé par une paralysie partielle. Sylvain Tesson décide alors de partir sur "les chemimns noirs", traverser la France par ces longs fils noirs, parfois marqués en pointillés, qui marquent les chemins traversants sur les cartes d'Etat major, au 25.000e. C'est le journal de cette aventure "à côté" de l'asphalte et des villes qu'il retrace dans l'ouvrage que j'ai lu hier soir. Il y a plus d'authenticité dans ces pages que dans celles que j'avais lues sur la Sibérie. Mais c'est encore pour lui une manière d'exhaler, plutôt que d'exhalter, une large culture littéraire et philosophique finalement très convenue, et qui ne nous aide absolument pas à penser avec lui ou même à partager véritablement ses émotions. C'est certainement dommage.


C'est étrange, ce livre. On pourrait le considérer comme une sorte de témoignage d'une longue pratique réflexive et pourtant mon sentiment est qu'il n'en est rien. L'auteur est encore dans la représentation parfois attendrie, parfois méchante, jamais incontrôlée et rarement lucide, de lui-même. Rien à voir avec l'autobiographie de Feyerabend par exemple, Tuer le temps.

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