dimanche 6 août 2017

Vallée

Ce qui est pénible dans ce montage d'armoires pré-construites avec du matériel standard, c'est que cela exige de faire le boulot sur le sol et que du coup, on est en train de se relever pour s'abaisser à nouveau, sur les genoux, sur une fesse, puis sur l'autre, pour se relever à nouveau pour chercher le tournevis, puis les ciseaux, puis la notice concernant le montage qu'on a laissé sur la table, puis revenir au ras du sol, etc., etc. L'effort est important. Cela exige une musculature que j'ai perdu depuis longtemps. De telles difficultés nous font sentir vieux.

Je me souviens de mon vieux prof de latin-grec, Jean Vallée, très porté sur l'alcool dans l'après-midi mais dont les cours du matin étaient passionnants, qui, un jour, traversant la cour de récréation vers 17 heures, après notre heure d'instruction civique pendant laquelle il nous lisait des textes de Fustel de Coulanges, tout-à-coup, s'affaisse ; il tombe assis au milieu de la cour. Il n'essaye même pas de se relever. Il attend, les deux bras relevés en attente du soutien qui lui permettra de reprendre sa posture verticale avec toute sa dignité. Nous nous sommes précipités pour l'aider. Une fois debout, il nous a dit, sans sourire : "Merci" et a repris sa traversée hésitante de la cour au milieu des cris et de l'agitation habituelle des sorties de classe.

* * *

Je doute de mes talents poétiques. Peut-être devrais-je cesser d'écrire des haïkus ? Il faudrait que j'en parle avec Zlatka dont la bienveillance est sans défaut. Ou bien passer à un autre genre. Des poèmes plus classiques. J'ai réfléchi à ça pendant toute la journée, même chez le coiffeur où je suis allé cet après-midi. C'était une coiffeuse. Charmante en l'occurrence. Très soigneuse et délicate avec ses ciseaux. Une bonne expérience en tout cas. Mais on n'est jamais très beau quand on sort de chez le coiffeur.

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