samedi 11 novembre 2017

Protagoras

L'humanisme est la "philosophie" — on devrait d'ailleurs dire "l'idéologie", même si c'est un peu anachronique — qui place l'homme au centre... Au centre de quoi ? Au centre de tout. L'être humain devient "la mesure de toute chose" comme le disait déjà Protagoras, ce qui nous conduit tout droit aux négligences environnementales d'hier et aujourd'hui. L'humanisme est une sorte d'"humanocentrisme" tout aussi dommageable que le fut, en son temps, le géocentrisme — encore que ce dernier n'avait pas autant d'inconvénients qu'on le pense généralement —. Certains pourraient penser que c'est bien dans une lutte contre cet humanocentrisme, que la religion trouve sa meilleure raison d'être. Mais le "théocentrisme" n'est-il pas tout simplement un humanocentrisme déguisé, puisque Dieu n'est rien d'autre qu'une invention de l'être humain, un Autre qui n'est "autre" que parce qu'il est parfait, ce qui nous rend innocent de nos imperfections humaines.

C'est à dessein que je n'ai pas utilisé le mot "anthropocentrisme" que les ethnologues utilisent parfois pour rendre compte de la manière dont les humains se "projetteraient" dans la conception qu'ils ont de la nature. Mais il s'agit moins d'une projection que d'une prise en compte de l'altérité de la nature dans la conception qu'ils ont d'eux-mêmes, ce qui est très différent, évidemment. Les animaux, les arbres, les étoiles, les montagnes, etc., dans ce qui s'y exprime de différent par rapport à nous, sont des composantes essentielles de notre humanité. Cf. Becoming Animal, de David Abram.

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