mardi 30 janvier 2018

Inhumain

À propos du sauvetage d'Elisabeth Revol dans l'Hymalaya, je tombe sur un commentaire de la vidéo publiée par Le Monde d'aujourd'hui : "...OK, se dépasser en dépassant les limites, repousser l'humain en allant dans l'inhumain, pourquoi pas ?" Mais pourquoi faudrait-il "repousser l'humain" si ce n'est parce qu'il est bien possible de s'y sentir comme enfermé, emprisonné ? On retombe sur la problématique de David Abram qui nous disait que si l'homme était devenu sourd à ce que la nature lui dit, c'était à cause de l'écriture alphabétique. Celle-ci emprisonne l'homme dans l'humain. L'inhumain devient la seule ouverture possible pour ceux qui ressentent l'emprise de cet enfermement. Et cette ouverture peut prendre différentes formes : le divin, le mal, l'extrême, le dépassement de soi, la course aux étoiles, la souffrance, la mort, la folie... L'art (la musique) fait-il partie de ces modalités d'ouverture de l'humain sur l'inhumain ? Peut-être. En tout cas il constitue une sorte de contrepied à l'instrumentalisation humaine de la nature, cette instrumentalisation pouvant être considérée comme l'un des symptômes de l'enfermement de l'homme dans l'humain. Quand on tape "inhumain" sur Google et que l'on voit ce que ce mot suscite comme "images" on tombe sur des exemples d'inhumanité assez étranges comme celui que j'ai choisi sur la base d'une analogie entre l'écriture et la corde. Mais, il y a des images terrifiantes, un tableau de Salvador Dali, des photos ou dessins de robots de science-fiction, etc. Il y a aussi un livre, intitulé L'inhumain de Nicolas Grimaldi. Je vais essayer de me procurer cet ouvrage.


Le problème de l'inhumain ne se pose véritablement qu'à partir de la définition dite "humaniste" de l'être humain, réduit par cette définition à une dimension individuelle incompatible avec l'idée que l'homme est indissociable aussi bien des éléphants (Romain Gary) que des galaxies ou des moustiques (Cf. l'intérêt des Japonais pour les insectes). L"homme de l'humanisme, c'est la représentation qu'en a donnée Léonard de Vinci dans ce cercle qui l'enferme effectivement, même si on peut le concevoir comme prêt à l'envol : ne bat-il pas des bras, comme si c'était des ailes ?

On trouve aussi dans Google "Images" quelques citations comme celle-ci de Frank Herbert : "Entre le surhumain et l'inhumain il me reste peu de place pour être humain" ou bien Philippe Aalberg : "Les animaux c'est inhumain", etc., ou encore : "L'inhumain est le propre de l'homme." Cette dernière citation pourrait être le sujet d'une dissertation philosophique au bac. En continuant mon exploration iconique sur le net, je trouve cette citation de Jean-Paul Sartre : "Qu'importe d'ailleurs, monstre ou saint, je voulais être inhumain." Jean-François Lyotard également a écrit, semble-t-il un ouvrage intitulé L'inhumain. À vérifier.

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