vendredi 27 avril 2018

Dentelle

Je termine actuellement Le roman égyptien de Orly Castel-Bloom, traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech (Actes Sud, 216), qui raconte l'histoire familiale d'une famille juive d'Égypte qui émigre en Israël. Je ne sais pas si c'est l'effet de la traduction, mais le style de l'auteur est très particulier comme s'il cultivait les maladresses ou ce qui apparaît comme telles dans la traduction. La quatrième de couverture nous prévient : "La romancière explose ici la narration classique façon puzzle, pour mieux dire les éparpillements de l'âme..." C'est fort bien dit, en effet. Le puzzle en question n'est pas toujours facile à suivre car le fil de l'écriture ne s'en accomode pas très bien. Mais on pénètre quand même dans l'atmosphère à la fois chaleureuse et désordonnée de cette famille toujours en mouvement. 

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Grande discussion hier soir avec Jeannot sur les aberrations de notre civilisation occidentale, par exemple : il observe à Bruxelles un groupe de touristes chinoises se précipitant dans un grand magasin pour y acheter à prix fort de magnifiques dentelles —les Chinois aiment la dentelle de Bruges apparemment dont la réputation est mondiale—. Or, quand on zoome sur les étiquettes de ces dentelles faisant pousser des exclamations aiguës d'émerveillement à ces femmes, on lit : "Made in China" ! Donc : il faut croire que des containers de dentelles "de Bruges" sont transportés de Changaï à Anvers dans d'immenses cargos polluants pour attirer une foule de touristes chinoises qui viennent les acheter dans des grands magasins bruxellois pour les ramener en Chine ! Le "global" a-t-il triomphé du "local" ? ou bien est-ce le contraire : le concret du "local" sodomisant l'abstrait du "global" ? À discuter.

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