vendredi 21 septembre 2018

Estrémadure

Il s'agit d'une région d'Espagne, l'une des plus pauvres du pays, qui fait frontière avec le Portugal et que nous traversons quand nous allons en France. Javier Cercas, dans Le Monarque des ombres (Actes Sud, 2018), nous parle du village de sa famille Ibahernando. Il y conduit une enquête sur l'un de ses oncles, Manuel Mena (photo tirée du livre de Cuercas) qui avait rejoint la Phalange et qui est mort au combat à 19 ans.  Cette histoire donne l'occasion à l'auteur de raconter comment la guerre civile a secoué les campagnes et les villages, divisant leurs habitants en plusieurs camps, pas toujours bien définis : les Phalangistes, les Républicains, les Franquistes, les Communistes, les Anarchistes, etc. Beaucoup de sympathisants de gauche, opposés à cette aristocratie invisible qui restait à Madrid, ont rejoint la Phalange avant même le déclenchement de la guerre en 1936, au nom même de leur opposition aux élites issues de la tradition : la Noblesse et l'Eglise. En tout cas Cuercas soulève avec beaucoup de doigté le voile de cette complexité de la vie dans les "vies simples" de la campagne. Le roman de Cuercas se veut l'expression d'une enquête soucieuse de vérités factuelles tout en se présentant comme une œuvre de fiction. Un mélange étrange qui caractérisait déjà Les soldats de Salamine (2002) ainsi que L'imposteur (2015).

C'est aujourd'hui l'anniversaire de la mort de mon ami Zbyszek. Nous irons nous recueillir sur sa tombe surlaquelle j'ai fait inscrire cette citation de Bachelard qu'il aimait tant :

"L'être commence par le bien-être."

"C'est beau", disait-il en fixant sur moi ses magnifiques yeux bleu-vert. 

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