vendredi 2 novembre 2018

Dix

Hier soir, nous avons reçu Monika et Jean-Marie, les parents de Liliana, la meilleure et plus ancienne amie de Charlotte. Elles se connaissent depuis le berceau, ont fait l'école maternelle ensemble, et une part (petite) de leur scolarité primaire. Monika est d'origine polonaise et Jean-Marie d'origine corse. Ils habitaient rue de Lancry, à deux pas du Passage des Marais. Deux de leurs amis sont venus avec eux et la sœur de Liliana était là également, en tout : dix personnes. J'avais préparé des morceaux de poulet qui avaient mariné quelque temps dans un jus de citron vert avec du thym,  accompagnés de champignons (shitaké, pleurotes et champignons de Paris) à la crème d'épeautre. Isabel avait fait un délicieux potage. Cette soirée, très plaisante, m'a empêché de terminer L'Arbre monde, de Richard Powers que je terminerai aujourd'hui, après mon rendez-vous avec Isabel Serra, à l'Université en vue du Colloque que nous voulons organiser en hommage à Kotowics. Voici quand même un passage du livre que j'ai relevé :
"Mais les humains n'ont aucune idée de ce qu'est le temps. Ils croient que c'est une ligne, qui commence à se dérouler trois secondes derrière eux pour disparaître tout aussi vite dans les trois secondes de brouillaurd devant eux. Ils ne voient pas que le temps est un cercle en expansion qui en enveloppe un autre, en s'étendant toujours, jusqu'à ce que la plus fine peau de l'Aujourd'hui dépende pour exister de l'énorme masse de tout ce qui est déjà mort." (p. 382)
Et voici un autre passage intéressant :
"Nous autres scientifiques, on nous apprend à ne jamais chercher l'humain dans d'autres espèces. Alors on insiste pour que rien ne nous ressemble ! Jusqu'à très récemment, on ne voulait même pas accorder une conscience aux chimpanzés, encore moins aux chiens ou aux dauphins. Mais seulement à l'homme, vous comprenez : seul l'homme pouvait en savoir assez pour vouloir des choses. Mais croyez-moi : les arbres veulent quelque chose de nous, comme nous avons toujours voulu quelque chose d'eux. Ça n'a rien de mystique. l' "environnement" est vivant : c'est un réseau fluide et changeant de vies animées d'un but et interdépendantes. L'amour et la guerre ne peuvent pas être dissociées. Les fleurs façonnent les abeilles autant que les abeilles façonnent les fleurs. Des baies peuvent être en rivalité pour être mangées plus que les animaux ne rivalisent pour ma,ger les baies. Un acacia épineux produit des friandises aux protéines sucrées pour nourrir et asservir les fourmis qui le protègent. Des arbres fruitiers nous manipulent pour qu'on dissémine leurs graines, et ce sont les fruits mûrissants qui nous ont fait accéder à la vision en couleurs. En nous apprenant comment trouver leur appât, les arbres nous ont appris à voir que le ciel est bleu. Notre cerveau a évolué pour déchiffrer la forêt. Nous avons façonné et été façonnés par les forêts depuis bien plus longtemps que nous ne sommes des Homo sapiens." (p. 481)


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