jeudi 3 janvier 2019

Recoins

À trois heures et demi du matin, je me suis réveillé. Mon insomnie a duré jusque vers 6h30 et j'ai eu le temps, pendant ces trois heures, de penser à des tas de choses. J'ai évoqué, pour moi-même, des souvenirs d'enfance. Il s'agissait principalement d'images, relativement fixes, qui, chacune, mettaient en scène un événement du passé. Ce sont bien des souvenirs-écran comme le disait Freud. L'image est bien là, mais il est très difficile de faire bouger ces éléments principaux. Quand je fus perdu, dans une fête foraine à Liège, je me vois derrière un stand de forains, dans un étroit passage entre deux baraques. Je me vois voir les lumières de l'allée centrale, des gens qui passent, ma famille peut-être, mais je suis tout seul... L'image d'après c'est un Commissariat de police où vient me chercher mon parrain, le frère de ma mère. Je vois son étonnement. Le commissariat lui-même est éclairé au néon. Je suis assis sur un banc. On me pose des questions mais je ne me souviens plus de ce qu'elles voulaient me faire dire. Il y a donc ces deux moments, associés par un lien flou et fragile dont je ne réussis pas à défaire les nœuds, malgré mon ardeur à explorer tous les recoins de ma mémoire. Cela m'a lancé sur une réflexion intense sur la notion même de recoins. Les recoins sont des lieux secrets, ou plutôt, non visités depuis longtemps et par là, mystérieux malgré leur dimension intime. Je me disais qu'il serait peut-être intéressant de travailler ces lieux plus ou moins sombres de mon histoire singulière, ses derniers recoins. On explore les recoins de soi-même. Pas facile.

Ce matin je suis allé à l'hôpital Sanla Maria pour une cytoscopie. Pas très agréable mais j'ai pu voir la caméra inspecter les parois de ma vessie. "Nothing suspicious", me dit le médecin. Rendez-vous dans trois mois.

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