mardi 11 mai 2021

Haïr

 Cette nuit, j’ai eu une insomnie pendant environ une heure entre 2h20 et 3h30. Je pensais à Guychou et à sa suggestion de titre pour les petits écrits que je commettais sur les verbes de la langue française : « le parti pris des verbes », proposait-il, pour reprendre le titre de Francis Ponge,  Le parti pris des choses, texte pour lequel nous partagions une grande admiration. Au cours de mon insomnie je me suis arrêté sur le verbe « haïr » que j’avais déjà traité et qui ne me satisfait toujours pas. J’y pensais. Je retournais les mots dans tous les sens pour tenter d’y voir clair. Qu’est-ce que c’est que, haïr ? Et il m’est venu brusquement une formule qui m’a paru aussitôt comme juste —je ne dis pas « vraie », parce que ce n’est pas de vérité qu’il est question— mais comme « juste », c’est-à-dire suffisamment pertinente pour comprendre ce qui est en question dans la haine et pour y penser avec la distance requise par toute réflexion. Voici cette formule : « Haïr, c’est jouir du pouvoir de l’impuissance ». Cela s’applique certainement à ces déferlements de haine qu’enregistrent les réseaux sociaux. Mais cela s’applique certainement à d’autres situations. Peut-être devrais-je la modifier en ajoutant que c’est vouloir jouir du pouvoir de l’impuissance ? Mais non ! Je crois que ma formulation première est finalement la bonne car, disons-le, il y a certainement une jouissance dans ce sentiment de haine qui peut vous envahir si complètement. Quand j’en ai parlé avec Isabel, elle m’a demandé si j’avais connu se sentiment et je lui ai répondu que non. Je n’ai jamais ressenti de haine envers quiconque. C’est sans doute l’une de mes faiblesses ! Mais c’est aussi sans doute l’une des raisons qui pourraient légitimer la justesse de ma formule. 

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