mardi 27 juillet 2021

Qohéleth

 La version que Bottéro donne de l’Écclésiaste où, selon lui, c’est le problème du Mal qui est traité, m’a beaucoup intéressé : « Vanité des vanités, disait le Qohéleth, vanité des vanités, tout est vanité ! Que reste-t-il à l’homme après toute la peine qu’il se donne ici-bas ? Une génération s’en va, une génération s’en vient : mais le monde ne change pas. Le soleil se lève, le soleil se couche : après quoi, il se hâte vers l’horizon pour s’y lever encore. Le vent part vers le sud, puis revient vers le nord et va se retournant sans cesse : mais après, il reprend ses sautes. Tous les fleuves vont à la mer : mais la mer n’en est point remplie ; pourtant les fleuves ne continuent pas moins d’y couler sans arrêt. Tous les discours sont fatigants : mais l’on n’arrive pas à tout dire. L’œil n’en a jamais assez de voir, l’oreille n’est jamais pleine d’entendre. Et ce qui est arrivé arrivera encore, ce qui s’est fait se fera derechef : rien de nouveau sous le soleil ! […] Moi, le Qohéleth, j’ai été roi d’Israël, à Jérusalem. Et je me suis livré, par le moyen de la sagesse, à l’étude et à l’examen de tout ce qui se passe sous le ciel — une occupation détestable à quoi Dieu laisse les hommes se vouer… J’ai contemplé toutes les actions qui s’exécutent sous le soleil : toutes sont vanité et poursuite du vent. On ne peut pas redresser le tordu, on ne peut pas évaluer le manque ! »

Il faudrait continuer à citer ce texte qui, à première vue, est d’un pessimisme noir, « car plus on a de sagesse, plus on a de chagrin, et qui augmente son savoir, ajoute à sa souffrance. » Etc., etc.

Cela m’a fait penser à l’article (daté du 27 juillet mais reprise d’un texte publié en janvier 2021) que Jacques Rancière a republié récemment sur le site AOC : « Les fous et les sages - réflexions sur la fin de la présidence Trump ». Rien de nouveau sous le soleil, en effet ! Nier l’évidence, c’est montrer son intelligence !

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