dimanche 8 août 2021

Père

 J’ai été très injuste avant hier avec mon père. J’ai relu intégralement son roman Le Tribunal noir. C’est vrai qu’il y a dans ce roman quelques clichés sur les Juifs qui ont certainement nourri les accusations d’antisémitisme dont il a été victime. En outre, il fut publié par les Éditions Rex, de sinistre mémoire. Mais le roman lui-même porte les caractéristiques très moralistes de mon père. À la fin du roman, le banquier Oldstein trouve sa rédemption en retournant dans son shtetl du fin fond de la Hongrie, après avoir redistribué toute sa fortune aux pauvres. C’est presque attendrissant de naïveté. Mon père avait 25 ans quand il a terminé ce livre qui témoigne déjà d’une profonde connaissance de la culture anglaise. Je n’ai certainement pas à avoir honte de cet écrit. J’ai été influencé par le jugement de la personne qui m’a parlé de ce livre et qui le considérait comme une sorte de brûlot antisémite, ce qu’il n’est certainement pas. Il n’a dû lire que les premières pages du roman qui, en effet, sont quelque peu caricaturales, avec quelques expressions qui justifient une telle appréciation, en particulier quand il écrit « le Juif Oldstein ». Mais il n’est pas impossible que ce soit l’éditeur qui lui ait soufflé de telles expressions pour justifier sa publication. Ce qui n’excuse rien, bien entendu.

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