lundi 2 août 2021

Tojolabales

 Les Tojolabales sont les membres d’une communauté mexicaine indigène appartenant au groupe des  Mayas et vivant au Chiapas. Je fais leur connaissance à travers le livre de Carlos Lenkersdorf, Les Hommes véritables, (Ludd, Paris, 1998, traduit de l’espagnol par Joan Hocquenghem). Ce livre est centré sur ce que l’auteur considère comme la clé de voûte de cette communauté, à savoir, l’intersubjectivité. Celle-ci, en tant que principe de vie, s’oppose de façon très radicale à nos sociétés occidentales qui fonctionnent sur le principe des relations sujet-objet. Les Tojolabales considèrent qu’il n’y a pas d’objets, que tout ce que nous rencontrons mérite d’être sujet —les hommes, les plantes, les animaux, les fleuves, les pierres, etc.— et d’être traité en tant que tel. Cette caractéristique se trouve ancrée notamment dans leur langue dont la syntaxe induit toujours la considération du sujet agissant et de l’expérience vécue du sujet « agi », mais qui est aussi un sujet agissant. Là où l’espagnol dit : « Les dije [je vous ai dit],  le tojolabal  dit lala awab’yex, une formule qui, à côté du je en train de dire, inclut le vous en train d’écouter. Cela veut dire que l’intersubjectivité est mise en scène par la langue dans ses énoncés les plus élémentaires. Cette intersubjectivité s’étend à tous les domaines de la vie. Je ne résiste pas à citer ce passage sur lequel l’auteur insiste à plusieurs reprises. Il s’agit du statut de la connaissance dans la « cosmovision » des Tojolabales : « Nous ne pouvons rien connaître à moins que le sujet à connaître ne prenne possession de nous dans notre acte de connaître. » (p. 73, répété p. 133) Cette citation me frappe dans la mesure où je crois que ma thèse de 3e cycle sur la vulgarisation scientifique en est une illustration particulièrement éclairante. Évidemment, le livre est beaucoup plus riche que ce que je viens d’en dire très brièvement. C’est simplement pour donner une idée de son contenu.

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