mardi 27 août 2024

Vérité

J'ai eu ce matin une petite discussion avec Charlotte et Constantin sur la vérité. Constantin évoquait cette nouvelle loi promulguée au pays de Galles qui interdit le mensonge en politique. Je ne connais pas la formulation exacte de cette loi mais il s'agit bien d'empêcher les hommes politiques de dire n'importe quoi pour être élus ou réélus. C'est une question difficile mais ce qui est visé, ce n'est pas la liberté d'opinion —chacun peut avoir les opinions qui l'arrangent—, c'est la liberté de falsifier délibérément des vérités factuelles, des vérités de fait. Or, étant seul cet après-midi —comme souvent, n'ayant aucun goût pour les délices de la plage !— je suis tombé sur une conférence d'Edwy Plenel, à l'université d'été du NPA (nouveau parti anticapitaliste) qui traitait précisément de cette question en analysant la situation des médias en France aujourd'hui. Il évoque la révolution française, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 89, les influences des démocrates américains sur l'état d'esprit des révolutionaires français, Benjamin Franklin, etc. À un moment donné, il cite (j'ai oublié son nom) quelqu'un qui aurait dit en substance que l'instauration de la liberté de dire était souvent défendue pour tuer le droit de savoir. Il opposait là cette liberté d'opinion que nous chérissons tous, à l'information sur les faits, quels qu'ils soient. Nous avons le droit de savoir, nous avons le droit de savoir ce qu'il en est vraiment dans tout ce qui se passe autour de nous. Il y a là une bataille essentielle qui correspond à la défense du vrai métier de journaliste, celui qui nous dit ce qui se passe réellement. Il associait ce droit de savoir à la possibilité de penser contre soi-même quand les faits justement, ceux dont on prend connaissance, ne nous plaisent pas.

3 commentaires:

  1. Ce "il" dont vous avez oublié le nom est une femme exceptionnelle : Hannah Arendt. Plenel la cite sans cesse, mais toujours pour se l'approprier.

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  2. aie... c'est au sein du gersulp sous ta direction que j'ai appris que les faits sont des constructions... the structure of scientific revolutions, laboratory life, against method, voilà les livres qui ont changé fondamentalement et définitivement ma compréhension de ce qui est la vérité... tout court, c'est qu'elle n'existe pas indépendamment de celui et/ou ceux (m/f/x) qui l'observe(nt)... alors, qui va la formuler pour moi sous peine de prison si j'observe autre chose en regardant la même vérité, maintenant déguisée en soi-disant fait?

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    1. Bien sûr que les faits sont faits, c'est-à-dire, fabriqués. Merci Latour ! Mais cela ne veut pas dire qu'ils sont inventés. Que l'on puisse avoir des points de vue différents sur les faits ne pose aucun problème si l'on reconnaît que le point de vue que l'on défend n'est pas le seul possible. Et le meilleur moyen pour ne pas s'enfermer dans son propre point de vue est de discuter avec l'autre sur les faits précisément.

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