samedi 11 avril 2015

Grimper

C'est une histoire que je voulais raconter depuis très longtemps. Elle me vient de Philippe B. et elle m'avait fasciné. Parce que moi aussi, comme le personnage de cette histoire, j'adorais aller me percher au sommet des arbres qui entouraient la maison de ma vieille tante Zouzou où nous allions passer nos vacances en famille. J'ai fait de nombreux essais avant de réussir à aller jusqu'au bout de l'écriture de cette histoire. C'est difficile parce que c'est une histoire vraie. Et la vérité s'accommode mal de détails inventés qui pourraient avoir une importance dans le sens de l'histoire. Finalement, je l'ai écrite hier en l'intégrant dans ma série de verbes. Le ton est différent des autres mais ces variations du ton avec lequel je traite ces verbes ne devrait pas trop déranger. Je l'espère en tout cas. Je ne sais pas si mon récit est une réussite. J'ai voulu le faire le plus court possible alors que c'est une histoire compliquée.

Grimper

Une ferme en bordure de la forêt dans les Vosges. Le fils de la maison, adolescent en crise, se fâche : « — Puisque c’est comme ça, je m’en vais et vous ne me reverrez jamais plus. » Il claque la porte et disparaît en effet, pour de bon. Enquêtes, recherches, signalement international : rien n’y fait. Jusqu’au jour où, les habitants de la ferme trouvent un crâne humain au fond du jardin. L’enquête révèle qu’il s’agit du fils disparu. D’où vient le crâne ? On se souvient alors que l’enfant allait souvent se percher au sommet du grand sapin à la lisière de la forêt. Tout le monde regarde et tout le monde la voit, là-haut, la macabre guirlande. L’un des gendarmes présents est perplexe. « — Bon sang, se dit-il, ce pourrait-il que... » Il s’en va et pénètre dans le bois ténébreux. Où va-t-il ? Il marche vite, tout en se remémorant un étrange incident qui, quelques années auparavant, avait mis le village en émoi. On avait trouvé un crâne humain au milieu de la forêt, dans un coin connu de quelques amateurs de trompettes de la mort en automne. Un crâne sans corps. Le gendarme marche vite. Il souffle car il a vieilli. Arrivé à l’endroit du mystère, il lève les yeux. Eh oui ! il est là-haut, le corps de l’autre. Les os retenus dans les restes d’un uniforme de la dernière guerre. Un squelette au sommet du sapin géant. La cache idéale pour un homme poursuivi. Mais aussi pour le secret d’un adolescent qui, de la cime de son arbre à lui, de cime à cime, apprivoisait l’abîme.

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