vendredi 26 juin 2015

Culture

J'ai trouvé cette définition de la culture par Jean Rostand sur internet :

“La culture ce n’est pas avoir le cerveau farci de dates, de noms ou de chiffres, c’est la qualité du jugement, l’exigence logique, l’appétit de la preuve, la notion de la complexité des choses et de l’arduité des problèmes. C’est l’habitude du doute, le discernement dans la méfiance, la modestie d’opinion, la patience d’ignorer, la certitude qu’on n’a jamais tout le vrai en partage; c’est avoir l’esprit ferme sans l’avoir rigide, c’est être armé contre le flou et aussi contre la fausse précision, c’est refuser tous les fanatismes et jusqu’à ceux qui s’autorisent de la raison; c’est suspecter les dogmatismes officiels mais sans profit pour les charlatans, c’est révérer le génie mais sans en faire une idole, c’est toujours préférer ce qui est à ce qu’on préférerait qui fût.” (Jean Rostand, Le droit d’être naturaliste, 1963).

Une belle définition de la culture ? En tout cas une définition incroyablement centrée sur soi : nous sommes devant l’homme cultivé qui possède toutes les qualités intellectuelles susceptibles de le propulser au “top“ de la hiérarchie sociale, une sorte de sage que l’on s’honore d’avoir pu rencontrer, voire d’avoir pu échanger avec lui quelque propos, même si ce n’est que sur le temps qu’il fait — « belle journée, n’est-ce pas ? » — pendant de courts instants, une sorte de héros apollinien, modeste et patient comme il le dit de lui-même, conscient, parfaitement conscient, d’être souvent admiré, mais sachant ne pas permettre à son esprit de se laisser entortiller par de telles vanités... Pfffft !


Et pourtant, cette définition est détestable car elle ne nous dit rien de ce qui donne son sens au mot culture, au partage dont elle est une promesse, elle ne nous dit rien de la manière dont elle nous singularise dans un monde habité par d’autres humains, différents de nous et pourtant proches à travers ce qui les rend différents justement, semblables à nous par leurs défauts, leur manque de sagesse et de hauteur, leur fanatisme, leur enthousiasme, leur passion.

Je n'ai pas non plus aimé le caractère péremptoire de cette définition élitiste d'une culture qui ne peut être l'apanage que de quelques uns, bien nés, riches si possible, premiers de classe et très obéissants en toute chose. 

Hier j'ai vu sur Arte un magnifique documentaire sur l'affaire Dreyfuss. J'ai appris beaucoup de détails que je ne connaissais pas. C'était superbe !

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