lundi 31 août 2015

Qui ?

Qui était-ce, cet homme très élégant, en costume cravate, qui voyageait avec moi dans la Toyota noire qui nous a amenés en Belgique ? Il se comportait un peu comme un père, mais ce n'était pas mon père. C'est moi qui suis au volant et, à un moment donné, je tourne dans un chemin de terre sur la droite et j'arrive dans un immense terrain de sport —football peut-être ?— je conduis en me mettant sur le bord du terrain et je vais tout droit vers la porte d'un bâtiment moderne —l'entrée d'une école ?— comme je bloque la porte, je recule et me range un peu plus haut, dans la boue, cette boue qui s'est même accumulée sur le bas de la vitre du conducteur, une boue noire, très noire. Il faudra bien qu'on aille manger, dis-je. Il acquiesce, silencieusement. Il est riche. Ce qui est étrange, c'est que dans mon rêve, je me pose la question : qui est-il ? La question n'est pas angoissante mais il s'agit bien tout simplement de savoir qui est cet homme ?

Nous sommes maintenant chez Pierre-Yves et Pascal. Un très bel appartement en pleine ville (Liège) mais qui se trouve au pied d'un ancien terril couvert d'arbres. C'est magnifique. Fourmillement d'objets divers et variés dans l'appartement. Très kitsch. Isabel adore ça.

dimanche 30 août 2015

Villers Sainte Gertrude



Les soixante ans d'Eric Jurdant ont été dignement fêtés. Charlotte a chanté seule et en duo avec Louis, le fils de Caroline. Concert très apprécié dont beaucoup d'invités m'ont parlé le lendemain. Beaucoup de monde, beaucoup de Jurdant et beaucoup d'amis. Hier soir, Jacqueline était là, 81 ans, je pense. Elle revient de loin. J'ai eu beaucoup de plaisir à revoir ma soeur Françoise qui avait l'air en forme. Dali et Sonam, ce dernier en admiration devant Charlotte. Discussion passionnante avec Carine. Jacques et Sophie très en forme également. Une longue discussion avec Christiane. Nous avons fait la connaissance de Christian, le nouveau compagnon de Marianne. Il a participé activement et en excellent professionnel au spectacle d'hier soir. Muriel aussi me raconte les derniers événements de sa vie et sa conversion au bouddhisme de Nichiren. Moment intense avec Pierre qui met en scène les écrits d'un poète palestinien.

samedi 29 août 2015

Troyes

Nous avons dormi dans un de ces hôtels modernes où tout est en plastique, l'hôtel Mister Bed. Nous avions une chambre familiale où l'on peut dormir à quatre. Mais nous n'étions que trois à Troyes. Ha, ha, ha. Petit déjeuner en plastique également. Pas d'assiette.
J'ai eu du mal à m'endormir à cause d'une toux persistante. Mais qui n'aurait pas toussé dans une chambre aussi terriblement anonyme ? Il n'y avait que l'odeur de la foule des clients qui nous ont précédé au cours des années qui stagnait dans cet endroit, imprégnant les rideaux et les couvertures, même la moquette, sûrement la moquette également. Il ne s'agissait que de dormir ailleurs que dans la voiture pour le moins cher possible. La chambre n° 3 : 44 euros. Ça va. Ç'aurait pu être 33 euros.

Il fait magnifique aujourd'hui. On nous attend à Villers Sainte Gertrude pour 15h. Google Maps prévoit un peu moins de 4 heures de route. Cela devrait aller si tout se passe bien.

vendredi 28 août 2015

Capbreton

Nous sommes arrivés hier soir à Capbreton. Dans une toute petite chambre, dans un tout petit hôtel au bord d'une petite route. Nous avons quand même bien dormi. Il fait très très chaud à Capbreton. L'air est lourd. Mais quel délice que cette cuisine française qui vous surprend même dans un restaurant tout à fait banal près du port de Capbreton : j'avais pris un boudin des Landes aux pommes. C'était vraiment bon ! Rien à voir avec la cuisine espagnole dont on a goûté à Benavente. J'y avais pris des artichauts suivi d'un merlu à la sauce verte. A oublier rapidement. Malheureusement l'estomac n'oublie pas si vite. Enfin, maintenant tout va bien.

Malheur de malheur : j'ai oublié mon Kindle à Lisbonne. Moi qui me réjouissais de pouvoir lire pendant qu'Isabel conduisait la voiture, et bien non ! c'est raté. Je vais me remettre au papier pour ces prochaines trois semaines. En plus j'avais deux livres en lecture. Cela me met de mauvaise humeur.

jeudi 27 août 2015

Ponte de Lima

Je pensais que je ne supporterais pas l’édredon. Très vite, pourtant, je l’ai remonté jusqu’au menton, tant l’air, ici, à Ponte de Lima, est imprégné d’une humidité envahissante. Bien qu’il ne fasse pas froid, on est obligé de se protéger de cet air gorgé d’eau en se calfeutrant sous les couvertures. Nous sommes déjà loin des ocres et des jaune-paille de l’Alentejo. Ici tout est vert, vert, vert. Même les marches de granit qui nous conduisent dans le petit pavillon où nous avons dormi sont couvertes de mousse.



La demeure de famille où nous venons de dormir se trouve à flanc de colline à l’extérieur de Ponte de Lima. Derrière elle, une forêt de châtaigniers qui appartient à la famille N-Ms, la famille de Miguel. Ce dernier nous a montrés hier son atelier de menuisier. Il a la passion du bois et ce fut la première fois que je pus sentir le poids du sycomore et retrouver les odeurs du cèdre brut. Sa collection est impressionnante. Quand Eric reviendra nous visiter, nous lui présenterons Miguel.


J’ai beaucoup rêvé cette nuit.

mercredi 26 août 2015

Partir

Quand on part, on ne sait jamais si on va revenir ni quand, parce qu'on ne pense pas du tout au retour. Il ne faut pas y penser. Partir c'est oublier pour un temps l'existence même du retour. On remplit la voiture de bagages. On a choisi des vêtements d'été et des vêtements chauds. On a tous les papiers qu'il faut, même l'ordonnance en portugais de médicaments dont il faudra sans doute renouveler les réserves. On met la ville ouatée de nuages dans une boîte à souvenirs. Le moment du départ n'est pas encore là. Il y a encore quelques heures avant que la voiture, pleine, ne démarre. On se précipitera sur les choses, l'une après l'autre, qu'on a failli oublier. Ah oui, mon Kindle... bien sûr et le chargeur du portable, mais aussi ce que j'oublie toujours : les lunettes de soleil. Avec toutes celles que j'ai dû acheter parce que je les avais oubliées, j'ai le choix. Je vais en prendre deux paires. Pour être sûr de ne pas en manquer quand, sur la route qui brusquement tourne vers l'Ouest au crépuscule, je prends une giclée de soleil rouge en plein dans les yeux. Je suis ébloui, aveuglé pendant quelques instants tout en roulant à 130 km/h. Prudence, prudence.
Avant de partir encore : signer les pétitions. "En finir avec les crimes climatiques", lancée par Christophe Bonneuil et "Levons le blocus de Gaza".  L'un des signataires de la première pétition est Serge Latouche et en lisant son nom, je me souviens du rêve de cette nuit où il apparaissait comme l'auteur de réflexions épistémologiques un peu datées.

Nous sommes arrivés à Ponte de Lima vers 18h, chez Miguel dans la maison de sa famille, dans une vraie maison de famille. Sur l'une des premières dalles du portail d'entrée, une date : 1681. C'est une maison immense avec une foule de pièces, de salons, de petites salles, de chambres. Avec cette odeur si particulière des vieilles demeures, — on a l'impression d'être dans une église me souffle Charlotte pendant la visite —. Après on est allé voir les arbres fruitiers. On a commencé avec les maracujas. On les ramasse par terre, on fait un petit trou avec son ongle et on aspire l'intérieur délicieux du fruit. Ensuite on est allé aux figues, cueillies dans l'arbre, mûres et pleine des odeurs de la région. Après quoi, nous sommes allés aux framboises, aux mûres, aux prunes. Tout absolument délicieux.

mardi 25 août 2015

Demain...

...nous partons. Isabel, Charlotte et moi. Nous prenons la route pour un périple qui doit nous mener tout d'abord dans les Ardennes pour participer au soixantième anniversaire d'Eric, ensuite, petit tour en Belgique pour montrer à Charlotte les lieux de mon enfance. De là, nous irons à Paris revoir quelques amis, puis à Strasbourg. Le 14, nous serons à Luxembourg où Charlotte fera sa rentrée au Lycée Ermesinde. Retour ensuite à Lisbonne par Paris. 5.000 km de voiture en perspective. Pas évident. Heureusement que je pourrai lire pendant qu'Isabel conduira. La régularité (exemplaire) de mon blog risque de souffrir un peu mais j'emmène mon ordinateur évidemment et j'essayerai d'être fidèle à cet exercice quotidien.

lundi 24 août 2015

Hurler

C'était Jean-Pierre. Il hurlait. Le verbe, dans ce rêve, se confondait curieusement avec la mise en scène dont il émanait. Jean-Pierre, grabataire, presque sur le point de mourir, et au chevet de qui son frère Dominique et sa mère, tentant de le calmer. Il lisait une lettre que je lui avais écrite. Je lui parlais de Marie. Il hurlait de colère. Un voisin, Philippe C. en l'occurrence, en témoignait avec son regard légèrement ironique, me faisant comprendre que c'était sérieux. Fallait-il que j'aille le voir pour m'expliquer sur cette lettre ? Je me réveille au moment où je monte les quelques marches qui menaient à sa chambre. Repensant à ce rêve, je m'étonne encore de cet étrange statut que le verbe avait : image sans la moindre référence à la chose écrite, génératrice d'images très intimement associées au vocable lui-même.

A propos de l'affaire du Thalys, je ne comprends pas pourquoi le Français, dont on dit qu'il s'est emparé de la Kalachnikov du tueur et qui a été gravement blessé au cou en tentant de l'emporter dans un autre wagon n'est pas, lui aussi, traité en héros. Après tout, c'est grâce à son geste que les Américains ont pu intervenir. Je trouve ça curieux.

Je me suis lancé dans la lecture de Mathias Enard, Boussole, dont j'ai lu un bon compte rendu dans Le Monde. On y retrouve un peu le style d'Austerlitz. Une lecture rapide et facile même si l'auteur nous embarque dans le chaos de sa vie mentale très diversifiée entre les grands auteurs de musique classique et l'orientalisme.

dimanche 23 août 2015

Frozen shoulder(s)

Ça ne s'améliore guère : mon bras gauche est toujours aussi gauche dans ses gestes en raison de cette douleur qui n'est pas toujours déclarée mais, par contre, toujours latente, prête à se rappeler à moi au moindre faux mouvement. Andrew m'avait diagnostiqué une frozen shoulder mais depuis que Martine m'a dit que c'est un mal qui n'atteint pas les gens au delà de 60 ans, je suis perplexe. Cela me gène dès qu'il s'agit de porter des choses un peu lourdes ce que je ne peux pas m'empêcher de faire quand même. Comme Isabel, elle, a certainement cette frozen shoulder à gauche également, nous nous retrouvons avec deux bons bras droits, actifs et solides, et deux bras gauches en compote.

Hier j'ai repris un petit livre dont j'avais abandonné la lecture il y a quelques mois : L'affaire Vargas de Fernando Pessoa. Cela se passe à Lisbonne et je me délecte à reconnaître les lieux qu'il évoque.

Je viens de terminer ce petit livre qui en dit long sur les talents spéculatifs de Pessoa.

samedi 22 août 2015

Angoisse

C'était un rêve d'angoisse cette nuit. Je devais absolument prendre un train, le train 82-7 qui partait du quai N°6, et qui devait aller à Bruxelles. J'étais en retard. Je n'avais même pas réussi à dire au revoir à tous mes amis et je me promettais de leur téléphoner une fois bien installé dans le train. En tout cas à Josiane que je n'avais pas vue. Je dois passer un contrôle. Où ai-je mis mon billet ? Je suis sûr de l'avoir avec moi, mais je ne le trouve pas. J'ouvre mes bagages, deux petites mallettes ne contenant que des papiers. J'épluche le contenu en vitesse, je ne trouve rien. L'un des contrôleurs remarque une liasse de Yens. Vous allez au Japon ? me demande-t-il. Oui, oui ! Je suis fébrile, le train va partir. Je le surveille : tiens, ils ont repeint le dernier wagon à neuf... L'un des contrôleurs repère un papier : "Voilà, c'est ça" dit-il, en ajoutant "cela vous fera 11 francs 60". Quoi ? Je m'indigne. J'ai déjà payé. Je cherche fébrilement de la monnaie dans ma poche et... je vois le train partir doucement mais de plus en plus vite. "Laissez-moi", leur dis-je. Je cours quelques mètres. Peine perdue. Le feu rouge du train s'enfonce dans le tunnel sombre, sombre. Je reste sur le quai. Et me réveille dans mon lit avec des palpitations !

Par ailleurs, j'ai poursuivi hier ma lecture de Ian McEwan avec beaucoup d'intérêt. Il met en place des situations abracadabrantes dont il profite pour décrire très finement les réactions psychologiques des personnages, les secousses que ces situations font subir à leur subjectivité, les évolutions inattendues des relations qu'ils ont entre eux. C'est un roman plein de surprises qui n'ont rien de spectaculaires mais qui tiennent le lecteur par le bout d'une curiosité soigneusement entretenue.

Hier enfin, Charlotte a subi son opération dentaire. Cela s'est bien passé mais elle ne pouvait parler que difficilement. L'une de ses canines poussait dans l'os de sa mâchoire gauche avec une racine tordue qui empêchait la dent de sortir. Il a fallu ouvrir pour couper un bout de cette racine et permettre ainsi à la dent de remonter à sa place légitime. Elle en aura pour deux ou trois jours avant que sa bouche ne retrouve son état normal.

J'ai terminé le livre de Ian McEwan. Il se trouve qu'il est fondé sur une histoire vraie qui a donné lieu à des études cliniques à propos du syndrome d'erotomanie décrit par de Clérambault. Apparemment, le roman suit de très près l'histoire de ce cas dont une description clinique originale (publiée dans la British Review of Psychiatry) est offerte en annexe à la fin de l'ouvrage. Intéressant.

vendredi 21 août 2015

Szymborska

Z. nous en avait parlé, à Joëlle et à moi : Wislawa Szymborska, prix Nobel de Littérature en 1996 pour une oeuvre exclusivement poétique — ce qui est rare — et décédée en 2012. C'était le second prix Nobel de Littérature récompensant la littérature polonaise, le premier ayant consacré l'oeuvre de Wadislaw Reymont en 1924, l'année qui a suivi celle de la naissance de Wislawa Szymborska dont je ne connaissais pas l'oeuvre poétique avant que Z. m'en parle. Ses oeuvres sont très difficiles à trouver dans une traduction française. J'ai cherché sur internet et Amazone propose De la mort sans exagérer chez Fayard à 156 euros si je me souviens bien du prix. On trouve quand même des poèmes de Szymborska sur internet.

Voici les derniers vers d'un poème trouvé sur internet :

"Je frappe à la porte de pierre.
- C'est moi, laisse-moi entrer.
- Je n'ai pas de porte, dit la pierre."

Il faut aller voir. C'est une poésie extraordinairement attachante et qui parle du monde, de notre monde, celui de notre horrible vingtième siècle rempli de guerres et de morts.

* * *

Je m'aperçois que j'en suis à mon 500ème "post". Faut-il continuer ? Allons jusqu'à 1000, comme dirait Avaaz.

jeudi 20 août 2015

McEwan

J'ai entamé hier soir le livre de Ian McEwan, Enduring Love, que m'avait apporté Joëlle. J'aime bien son écriture et je trouve que dans Solar, il a eu quelques trouvailles pour décrire ce Prix Nobel à bout de génie qui est le héros du livre. Je me réjouis en tout cas de lire cette prose vive et élégante. J'en ai lu plusieurs de McEwan et c'est chaque fois une lecture assez agréable.

J'ai réservé un billet d'avion Luxembourg-Lisbonne pour Charlotte : départ le 28 octobre en fin d'après-midi (elle a un rendez-vous à l'hôpital le 29 au matin) retour le 8 novembre. Cela lui permettra d'être avec nous pour fêter les 50 ans d'Isabel.

Le séjour de Joëlle a été important pour moi et je vais bientôt me mettre au travail pour écrire cet article que je dois à la suite du séminaire sur "le Chaos des écritures". Cela relancera peut-être la créativité des participants à ce séminaire. Et j'ai deux conférences Gulbenkian à préparer, l'une pour le 28 octobre à Lisbonne, l'autre pour le 2 décembre à Paris avec Bernadette Bensaude-Vincent. Bref, beaucoup de travail en perspective.

mercredi 19 août 2015

La Hache de Wandsbek

Avant-hier soir j'ai vu l'un des films qui passaient sur Arte : La hache de Wandsbek de Falk Harnack (1951). C'est un film intéressant qui a d'ailleurs eu un immense succès populaire en Allemagne au moment de sa sortie. L'histoire se situe en 1934 à Hambourg, ville qui attend avec impatience la visite du Fürher. Celui-ci ne viendra qu'à la condition que les quatre communistes, condamnés à mort sur la base de faux témoignages, soient exécutés. Le bourreau étant absent, on demande à un boucher de la ville de le remplacer contre 2000 marks, ce qu'il accepte pour permettre à sa boucherie qui périclitait de renouer avec les bénéfices. Il pensait que personne ne le saurait. Mais l'information circule et le boucher perd tous ses clients. Sa femme se pend. Il ne supportera pas et se suicidera lui aussi.
Le film est intéressant parce qu'il nous donne à voir le regard d'un Allemand de 1951 —soit 6 ans seulement après la fin de la guerre — sur l'intégration de l'idéologie nazie dans la société allemande et en même temps le refus de ses aspects sanguinaires.

J'ai également terminé Didier Eribon, Retour à Reims, ouvrage magnifique qui décrit réflexivement le parcours à la fois psychologique et social d'un fils d'ouvrier devenu sociologue et professeur d'université. Il y a beaucoup à dire sur ce livre. J'y reviendrai certainement.

Je viens de terminer, dans le droit fil du livre de Didier Eribon, La Honte d'Annie Ernaux. C'était comme si je visitais mon propre passé malgré les différences de lieux, de langage et de sexe. 1952 : j'entrais en classe de 6e au Collège Saint Etienne à Strasbourg. J'avais dix ans. J'étais très fier de commencer le latin. Mon professeur était l'abbé Naegert, qui est mort tout récemment. Ce fut lui qui officia lors de l'enterrement de mon frère Jean-Pierre, il y a presque deux ans déjà.

mardi 18 août 2015

Shanghaï

Nous avons, comme tous les ans à cette époque, droit au fameux classement des universités de Shanghaï. La France ne brille guère en comparaison avec les Etats-Unis et la Grande Bretagne. Bien que je pense depuis longtemps que ce classement n'a strictement aucun intérêt, — on juge avec les mêmes critères soi-disant objectifs, des langues, des cultures, des particularités très différentes — il est difficile de ne pas se laisser prendre dans les filets globalisants de ce classement. Nous devrions ignorer purement et simplement ce baromètre de la distinction pour nous consacrer exclusivement à nos spécificités précieuses, et reconnues comme telles dans le monde entier. Ce classement nous joue un mauvais tour. Comme toute démarche dont le moteur est la compétition plutôt que la coopération.

Nous sommes de retour à Lisbonne et Charlotte va devoir subir des opérations dentaires difficiles. Cela me préoccupe.

Je n'ai pas encore terminé Eribon. Mais, pour répondre au commentaire de Joëlle à propos d'Anima, je comprends très bien cette légère dépréciation du livre avec le temps. Rapporter les histoires entre humains en adoptant des points de vue animaux pouvait être une bonne idée si elle avait été mieux intégrée dans la ligne narrative qui se trouve à la base de ce roman. Mais ce n'est pas le cas et les petits récits qui en découlent apparaissent parfois comme des préciosités arbitraires. En outre, je ne suis pas vraiment convaincu par la sauvagerie des descriptions des meurtres et autres épisodes sanglants du livre. L'écriture doit assumer le silence des cris qu'elle évoque, des hurlements qu'elle rapporte. C'est pour cela qu'écrire la violence est un exercice incroyablement difficile. Parce qu'on est trop vite branché sur le spectacle de la violence. Il y a presque plus de violence dans Pour en finir avec Eddy Bellegueule que dans Anima. 

lundi 17 août 2015

Eddy Bellegueule

En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis, lu dans la foulée de Pas pleurer. Je suis en vacances et je lis. Je ne fais pas que ça, mais c'est mon activité principale. J'ai d'ailleurs commencé hier Retour à Reims de Didier Eribon dont Joëlle m'avait parlé quand on a discuté de réflexivité.

Aujourd'hui, le ciel est couvert de nuages et il fait carrément froid sur ce plateau de l'Alentejo où d'habitude, à cette époque, la température doit certainement aller jusqu'à 40°. C'est aussi le jour de notre retour à Lisbonne, ce dont je me réjouis.

dimanche 16 août 2015

Salvayre

Pas pleurer de Lydie Salvayre aux éditions du Seuil. Je viens de lire ce petit roman très émouvant. J'y ai appris l'atmosphère d'une petit village espagnol au début de l'été 1936, au moment où la guerre civile commençait, pendant que dans l'île de Majorque, Bernanos écrivait Les grands cimetières sous la lune. Un très beau livre dans une langue pleine de grumeaux espagnols mais vivante et simple. C'est Joëlle qui m'avait offert ce livre quand elle est arrivée à Lisbonne. Merci Joëlle. J'apprécie beaucoup cette générosité qui non seulement t'a fait venir à Lisbonne mais encore les bras chargés de cadeaux. Si je me souviens bien, Pas pleurer a obtenu le prix Goncourt l'année dernière. Bien mérité selon moi car travaillé par une langue créative, nouvelle, pleine de tendresse également, une belle et bonne langue.

Je suis toujours dans le sud du Portugal dans une sorte d'hôtel-gîte qui a ouvert il y a deux mois, très beau avec plusieurs maisons que l'on peut louer pour des sommes, somme toute, assez modiques. La femme qui dirige cet ensemble, Monte do Cardal, est vraiment charmante, très élégante et chaleureuse. C'est un plaisir d'être ici. Il y a une piscine que je n'utilise pas mais qui fait la joie et le bonheur de Charlotte et Bea, la fille d'Elsa. Retour à Lisbonne demain matin, si possible.

vendredi 14 août 2015

Anima

Je suis en train de lire Anima de Wajdi Mouawad, un roman passionnant, écrit en adoptant les points de vue des bêtes qui nous entourent dans notre environnement quotidien : chat, chien, mouche, araignée, moufette, boa, singe, etc. Les bêtes sont les témoins de l'histoire très humaine qui nous est racontée. C'est très bien écrit, par un auteur né au Liban, ayant vécu longtemps au Québec. Ce roman a reçu un nombre impressionnant de prix littéraires. J'en dirai peut-être plus après avoir terminé ma lecture.
Je viens par exemple de lire cette belle phrase qui se trouve p.133 : "Tâche de voir le plus loin possible pour savoir ce que tu dois faire avec le bout de ton nez."

Hier soir nous sommes partis rejoindre la soeur d'Isabel dans l'Alentejo. Trois heures et demi de voiture. Pendant plusieurs dizaines de kilomètres nous avons suivi un convoi exceptionnel qui était impossible à dépasser. Finalement je l'ai fait quand même. Nous nous sommes arrêtés dans un petit restaurant de bord de route, self-service de bouffe insipide plutôt que de nourriture. Bon, nous avions faim, alors voilà.

jeudi 13 août 2015

Corbyn

...de son prénom, Jeremy. Il bouscule le Labour Party en Angleterre qui, avec lui, renouerait avec les valeurs de la gauche. Une catastrophe, prévient Tony Blair, sorti de son trou luxueusement tapissé de soie et de dollars, pour alerter les membres du parti : Avec lui, le parti court à son propre anéantissement. En tout cas, cela paraît très mouvementé. Le suspense va durer pendant un mois, si j'ai bien compris, jusqu'au moment du vote pour le leadership du parti. Jusque maintenant, ce serait Corbyn le vainqueur, au grand dam de tous ces "blairistes" qui constituent aujourd'hui l'encadrement du Labour. Je me demande ce que Martine et Duncan pensent de ces événements.

mercredi 12 août 2015

Visites

Beaucoup de visites ces temps-ci. Nous avons fait la connaissance de Rebecca, une amie anglaise de Samantha, une femme très chaleureuse qui a envie de se poser à Lisbonne. Elle était à la recherche d'un appartement, ou quelque chose à acheter. Je pense qu'elle a eu de bons contacts. En tout cas, ce serait bien d'avoir des voisins comme elle quand on habitera Calçada de Santana. Notre futur quartier lui a été recommandé par un architecte local. Rien n'est encore fait, cependant. Nous sommes au Portugal où les choses se font lentement.

Joëlle et moi sommes allés rejoindre hier à midi, notre collègue Régis, pour déjeuner à la Cevicheria. C'était absolument délicieux.

Il fait plutôt frais aujourd'hui. En tout cas, ce n'est pas un temps de plage. Il y a des nuages et du vent.

mardi 11 août 2015

Joëlle

Joëlle est arrivée hier matin, très en forme, les cheveux courts et avec beaucoup d'idées passionnantes. Nous sommes allés faire des courses ce qui m'a permis d'avoir mes deux heures de marches mais hier soir, j'étais très fatigué. Nous avons cuisiné ensemble et, entre ces deux activités, nous avons avancé dans le projet de cet ouvrage collectif qui devrait conclure "le chaos des écritures". Aujourd'hui, nous allons voir Régis à la Cevicheria de Principe Real. Cuisine péruvienne, l'une des meilleures du monde.

Un drôle de rêve cette nuit : un grand bâtiment institutionnel dans lequel les gens mouraient d'une maladie très étrange, une sorte de peste mais certains étaient épargnés et j'allais les voir en évitant autant que possible de croiser des hommes et des femmes à l'agonie dans cette institution.

dimanche 9 août 2015

Kill Bill

Hier après-midi, j'ai vu le film de Tarantino, Kill Bill, que je n'avais jamais vu auparavant et j'ai trouvé ce film très bien fait, très prenant avec des images parfois déconcertantes mais dont l'esthétique, très travaillée, est souvent éblouissante. C'est du spectacle certes. Mais il n'y a pas que le spectacle. Le metteur en scène multiplie des angles de vision déconcertants. Une route, l'avant d'une voiture, un sable de samouraï dans la lame duquel se reflète les yeux de celui qui le dégaine, etc. J'ai vu les deux films l'un après l'autre.

samedi 8 août 2015

Belize

C'est par hasard que je suis tombé hier soir sur un documentaire Arte portant sur Belize. Je ne pouvais pas manquer ça. Allais-je revoir le pays qui a été le terrain de ma première enquête dans le cadre de ma carrière débutante de chercheur à l'Université de York en Grande Bretagne ? En fait, le film m'a fait connaître justement la partie du pays que je connaissais mal : le sud du pays. L'équipe a bien été un jour à Stan Creek, la ville dont la majorité des habitants sont ceux que l'on appelait les Caribs et qui étaient les descendants d'esclaves de l'île Saint Vincent. Ils parlaient d'ailleurs une sorte de pidgin très marqué par la langue française. Mais, lors de notre séjour dans ce petit pays, nous sommes restés plutôt dans l'Est, près de la frontière entre le Belize et le Guatemala, principalement créole même s'il s'agissait d'une société incroyablement diversifiée où se côtoyaient, sans problème apparent, Créoles, Chinois, Libanais, Espagnols, Mayas, Mennonites, etc. Les Mennonites vivaient de l'agriculture entre Belize et Cayo sur un terrain où ils avaient recréé un paysage digne de gravures hollandaises avec des vaches paissant tranquillement dans des prés, certes moins verts que ceux de Hollande mais tout aussi rayonnantes de santé. Du Canada où ils avaient été accueillis, ils étaient descendus dans le Sud. Leur nom vient du réformateur hollandais Menno Simons (1495-1561). En Europe, il y aurait encore une petite communauté mennonite en Alsace où ils s'étaient installés très tôt autour de Sainte Marie aux Mines.

jeudi 6 août 2015

Jeûne

J'en suis sorti hier avant le repas du soir après 48 heures d'abstinence totale sauf pour l'eau bien entendu. Je fais cela de temps en temps, satisfaisant ainsi aux exigences d'Hygie, la deuxième fille d'Asclépios et la soeur de Panacée, qui symbolise l'hygiène et la prévention alors que Panacée symbolise la prise de médicaments pour guérir. Et je me sens décidément mieux dans les bras d'Hygie que dans ceux de Panacée.

Je suis allé à Myosotis aujourd'hui avec Mélinée et Léo. Nous avons acheté les repas des prochains jours et quant à moi, j'ai acquis ma provision de persil et de céléri pour mon jus de légumes du matin.

J'ai vu hier le début d'une série qui se déroule en Nouvelle Zélande, Top of the Lake de Jane Campion, Gerard Lee et Garth Davis. Je la trouve incroyablement insipide. J'ai d'ailleurs cessé de regarder assez vite, tant je trouvais l'énigme et les personnages falots et convenus.

mercredi 5 août 2015

Hiroshima

C'était il y a 70 ans. Arte a diffusé un film, Hiroshima, la véritable histoire par Lucy van Beek, dans lequel j'ai appris à quel point l'explosion de la bombe était peu nécessaire, le Japon étant au bout du rouleau. A quel point également, les Américains, Truman en tête, ont fait de la propagande pour minimiser les effets catastrophiques de cette arme nouvelle. Après il y a eu un film sur John von Neumann, ce mathématicien hongrois connu pour son intelligence et sa créativité notamment dans la théorie des jeux. Intéressant. Puis nous avons eu droit à un documentaire-fiction sur le colonel Stanislav Yefgrafovitch Petrov qui, le 26 septembre 1983, a pris une décision qui a sauvé la planète de l'enfer nucléaire. J'en dirai un peu plus, plus tard.

mardi 4 août 2015

Malton

Ce nom est celui d'un scientifique dont je devais, dans le rêve que j'ai fait cette nuit, écrire la biographie : Thomas Malton. C'était un scientifique très polyvalent mais c'est son nom qui revenait constamment dans mon rêve.

En fait, en tapant le nom "Malton" sur google, je tombe sur une petite ville du nord du Yorkshire, que j'ai bien connue quand nous vivions à York en Angleterre. C'est pas loin de là qu'habitait Tony et Nicole Ward qui étaient mes collègues à l'Université. Tony était écrivain. Nicole enseignait la littérature française et anglaise à l'Université mais elle aussi écrivait des livres. Elle a notamment écrit une fiction autour de l'éventreur du Yorkshire, si je me souviens bien. Leur fils Gilles était l'un des meilleurs amis de mon fils Fabien.

En survolant la presse ce matin sur mon ordinateur, j'ai abordé pas mal d'informations plus ou moins intéressantes. La Libre Belgique a publié un article sur le Bhoutan et l'enquête qui y a été menée sur le BNB, le Bonheur National Brut. L'article est malheureusement un peu court mais il donne une idée de ce qui est en question dans ce nouvel indicateur qui, au Bhoutan, remplace le PNB. Voici l'adresse où il est possible d'ouvrir le site de la LB.
http://www.lalibre.be/archive/le-bonheur-au-bout-de-la-route-55a93bfc3570b54652c37317
Le régime politique du Bhoutan est mis en question dans l'un des commentaires de cet article. Il y est dit qu'il s'agit d'une dictature. A vérifier.

Par ailleurs, comme nous sommes le 4 août, jour de la Saint Dominique, je souhaite une bonne fête à mon frère aîné et à l'un des derniers nés de mes petits neveux (le deuxième fils de Natasha). Cette référence religieuse est un peu déplacée dans ce blog mais, pour moi, le 4 août évoque immanquablement la fête de mon frère aîné. Evidemment il aurait été plus politiquement correct d'évoquer ce qui s'est passé dans la salle du Jeu de Paume, le 4 août 1789, ou le 4 août 1914 qui a vu les armées allemandes envahir la Wallonie. C'est ce jour-là que les Allemands ont brûlé la maison de mes grands parents, semble-t-il, qui n'ont été sauvés de la mort que grâce aux boucles blondes de mon père qui avait cinq ans à ce moment-là. Mon père disait que c'était la première maison que les Allemands ont brûlée après avoir passé la frontière mais je crains que ce ne soit qu'une fiction personnelle de notre papa inventeur-écrivain.

lundi 3 août 2015

Kundun

C'est le titre original du film de Martin Scorsese (musique de Philip Glass) qui retrace la vie du 14e Dalaï-Lama d'après son autobiographie et les entretiens qui ont été conduits par Melissa Mathison auprès du Dalaï-Lama. Le mot kundun est un mot tibétain qui signifie "présence". J'ai trouvé ce film intéressant malgré des aspects un peu caricaturaux dans la représentation qu'il donne des Chinois, notamment. Mais la fuite en Inde du Dalaï-Lama en 1959 nous offre quelques images magnifiques du Tibet. J'aurais aimé plus de détails sur ce voyage qui, tout compte fait, a dû être assez périlleux.

Sandra C. ne viendra pas dîner avec nous mardi soir, ce que je regrette. J'avais déjà préparé le dîner. Un boeuf bourguignon avec du vin portugais. Je ne sais pas ce que cela va donner. Nous le mangerons ce soir avec Veronica, son mari, ses enfants, Mélinée et sa fille, bref beaucoup de monde pour un dîner qui avait été prévu pour 6. On sera 10 à table. Je ferai un peu plus de riz que prévu. Avec une grande salade.


dimanche 2 août 2015

Perturbation

Il suffit d'un rien et toute la mécanique bien huilée de ces gestes quotidiens dont je parlais ici hier ou avant hier se dérègle. D'habitude je me lève à 5h30. Aujourd'hui, je me suis réveillé à 5h30 comme d'habitude mais notre invitée était réveillée et soignait sa petite fille qui avait une gastro ou quelque chose de ce genre et Isabel dormait sur le divan du salon. En outre la vaisselle du soir n'avait pas été placée dans la machine à laver au profit d'un service de la mère d'Isabel, dont le nettoyage a été perçu comme prioritaire. Bref, ce tableau du matin encombré de nouveautés arbitraires ne me convenait pas et je me suis recouché en me disant qu'il valait mieux deux ou trois rêves supplémentaires que d'affronter cette situation où je ne pouvais que déranger. Retour au lit donc, et réveil vers 8h.

Hier nous sommes allés à Cascais retrouver Sandra C. et sa fille A. Nous avons été à Guincho, cette immense et belle plage balayée par les vents où les planches à voile et les kite-surf rivalisaient de vitesse sur un océan manifestement énervé par ce grignotage multicolore des dominantes bleues du lieu. Nous somme ensuite allés à Sintra où nous avons mangé des queijados, petits gateaux faits avec du fromage blanc et de la cannelle pour revenir ensuite sur Cascais.

Le soir un repas confectionné par mes soins : saumon et padrones. Lola et Charlotte ont fait les folles pendant tout le repas. Toutes ces aventures m'ont empêché de poser mes premières questions à Jeannot, questions à partir desquelles nous comptons terminer notre livre. Ce sera pour aujourd'hui.

samedi 1 août 2015

West

C'est l'auteur du livre que je lis en ce moment : Harry G. West, Ethnographic Sorcery. Il s'agit d'essayer de comprendre ce dont il s'agit dans la sorcellerie sur le plateau de Mueda au Mozambique. Petit ouvrage passionnant que m'avait recommandé Sasha. Après quoi je lirai sans doute Pederson. Bref de belles lectures en perspective.

Jeannot et Magali sont partis. Nos discussions sur l'enseignement primaire ont certes donné quelques résultats mais, à mes yeux, elles manquaient un peu de ce punch, qui en caractérise le déroulement quand je vais à Luxembourg. Peut-être était-ce lié à la chaleur, encore que je la trouvais très supportable au cours de cette dernière semaine.