jeudi 31 mai 2018

Instant

Isabel m'a téléphoné hier après-midi pour me dire que le chirurgien m'attendait lundi matin pour une nouvelle opération à ma vessie. Cela ne me réjouit guère, évidemment, alors que je devrais sauter de joie  : cette opération est une étape vers la guérison. Il est fort probable que je n'échapperai pas cette fois-ci à la chimio qui doit suivre l'opération pendant 6 mois. Une période difficile en perspective. 


Hier, dans l'avion, j'ai lu une grande partie du livre que m'a donné Vincent Bontems et qu'il a lui-même dirigé : Bachelard et l'avenir de la culture. Du surrationalisme à la raison créative, Presses des Mines, 2018, avec notamment un très bel article de mon ami Zbyszek sur "l'atomisme dans la pensée de Bachelard".  Je cite ce commentaire qu'il fait de quelques citations de Bachelard : 
"Or, l'instant n'est pas une unité de temps, "il est fécond", mais une de ses dimensions où se déploie une intensité, une "ligne perpendiculaire à l'axe temporel de la simple vitalité [qui] donne précisément à la conscience du présent ses moyens de fuite, d'évasion, d'expansion, d'approfondissement, qui ont bien souvent fait apparenter l'instant présent à une éternité", et c'est pourquoi des événements extrêmement rares suffisent à entretenir une vie spirituelle, à propager une forme"; un instant de courage peut transformer le sens d'une vie." (p. 33)
L'atomisme, qui exprime la discontinuité dans l'espace entre le plein et le vide, s'applique également au temps qui, pour Bachelard, exprime une discontinuité analogue à celle qui caractérise l'espace, entre l'instant fécond qui ouvre sur les fulgurances de la nouveauté et ce "reste temporel" qui se noie dans la substance de ce qui est seulement parce que ça était. 

C'est aussi dans l'avion que j'ai écrit ce "rugue" :

Piliers de brumes
Soutenant le toit du ciel
Que l'oiseau traverse

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