jeudi 17 mai 2018

Verticalité

Ce sont surtout les religions monothéistes qui foutent le bordel. Le rapport maléfique qu'elles entretiennent avec les écritures n'arrange rien. Ma mère, qui était très religieuse, très pieuse même, sans pour autant qu'on puisse l'accuser de bigoterie ou de puritanisme —elle adorait rire aux éclats et appréciait toutes les formes de l'humour— avait décelé la dimension frondeuse de mon caractère. Dans les dernières recommandations qu'elle me fit avant sa mort, il y avait celle de ne pas attaquer la religion. Je ne me souviens pas lui avoir promis quoi que ce soit. Et je suis intimement persuadé qu'elle aurait trouvé mes arguments antireligieux sensés. En tout cas j'aurais certainement pu en discuter avec elle car elle avait un esprit très libre de tout préjugé, ce qui n'était pas le cas de mon père, malheureusement. Je reproche à ces religions monothéistes leur obsession de la verticalité au détriment de tout ce qui, juste à côté de nous, dans notre voisinage le plus immédiat, requiert notre attention. Cette verticalité fait l'objet d'une sorte d'imprinting dans l'enfance. Nous oublions que le ciel n'est pas au dessus de nos têtes. Nous vivons sur la terre et celle-ci nous fait tourner dans le ciel.

J'avais à peine fini d'écrire que je reçois l'annonce d'une nouvelle publication sur le site Academia.edu auquel je suis abonné. Stupéfaction : l'article qu'on m'annonçait, signé par Daniel Keeran, était intitulé "The Raging War : Secular Versus Sacred". Je cite en faisant un copier/coller :

The difference between a secular mindset and a sacred mindset is that in the secular life, one engages in dailylife disconnected and without awareness of God. In the sacred life, one engages in daily life with a strong awareness of God. In the sacred life, the child of God sees everything and every moment in the context of the spiritual and says, “The God of the universe who holds everything together is fully and personally present right here, right now.”

Si je comprends bien, une vie "sacrée" fait qu'on "s'engage dans la vie quotidienne avec une forte conscience de Dieu." C'est bien là le problème. Cette "forte conscience de Dieu" détourne l'attention que nous sommes prêts à accorder aux êtres et aux choses. Elle introduit une perturbation dans notre considération de ce qui est juste à côté de nous.
On se demande vraiment comment un tel article a réussi à s'introduire sur un site purement académique.  

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