jeudi 6 novembre 2014

Le ciel de Lisbonne

J'écris sur le ciel de Lisbonne parce que dès que je lève la tête, il est là, devant mes yeux, quoiqu'aujourd'hui, justement, il s'est complètement caché derrière de vraiment gros nuages. Il fait même froid ce matin. J'entends des rafales de vent. Non ! ce sont des avions, très lointains. Comment est-il possible de confondre le bruit du vent avec celui d'avions passant au large de cette mer de nuages fort gris ? (N'est-ce pas un belgicisme, d'user du mot "fort" pour "très" ? encrore que "fort bien" se dit fort bien en France !)

Hier j'ai vu le docu-fiction de Moatti sur les années 58 à 62, Je vous ai compris. De Gaulle, Debré, Pompidou (alors chef de cabinet du général), Soustelle et consorts ont défilé à l'écran. Le film est assez bien fait : les aventures insurrectionnelles des généraux Salan, Massu, et même Challes à la fin. Les unes des journaux. L'OAS. L'Algérie française. Et la manière dont De Gaulle a déçu ceux qui, précisément, l'avait porté au pouvoir au nom d'une promesse : garder l'Algérie dans le giron de la France. Or, il ne pense qu'à la bombe, la bombe atomique qu'il fait exploser au Sahara. Juste auparavant, en fin d'après midi, par l'intermédiaire de Médiapart, je visionne un étrange documentaire intitulé At(h)ome, qui retrace les dégâts causés au Sahara par les explosions atomiques françaises et surtout Beryl, une expérience souterraine qui a dérapé et qui a contaminé les environs : on y voit encore des bêtes mortes à ce moment là, mais qui n'ont pas été réduites en poussière par la putréfaction, elles sont comme pétrifiées, presque "naturalisées" sans l'aide d'aucun taxidermiste. Dix sept hommes, femmes et enfants sont morts très vite après l'explosion. Les autres —et il y en a eu beaucoup — sont morts les uns après les autres, comme frappés d'une malédiction de la terre que ces autochtones ne comprenaient pas. Rien ne leur a jamais été expliqué sur ce qui est arrivé. Je présume que De Gaulle n'a pas été mis au courant. Les scientifiques savaient-ils cela quand ils ont abandonné les lieux ? Des lieux qui nous sont montrés par des photos, les photos de la désolation même. Tout est resté intact. On y voit encore de vieux bureaux, des chaises cassées, des papiers, des couches de papiers abandonnés... Les archives de la désolation.

Je viens de recevoir, comme tous les matins, un extrait des paroles du Bouddha. Les voici :
Le pire des deux est celui qui, 
Lorsqu’insulté, se venge.
Celui qui ne se venge pas 

remporte une bataille difficile à gagner.
Et, pour compléter cette lecture je vous envoie l'adresse où vous pourrez écouter ces paroles en pali (je présume !) : http://host.pariyatti.org/dwob/samyutta_nikaya_1_188_a.mp3
C'est la première fois que je profite de cet envoi sonore qui accompagne les paroles du Bouddha. 

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