vendredi 30 août 2019

Dhammapada


J'ai reçu ce message du site géré par les gens qui m'ont accueilli pour une méditation Vipassana, en automne 2014 :

La conscience attentive est le chemin vers l’immortalité, 
L’inconscience est le chemin vers la mort. 
Le conscient ne meurt pas, 
L’inconscient est comme s’il était déjà mort

Ce message m'a plongé dans une réflexion intense. Je sais que le sens du mot "inconscient" est bien différent dans le cadre de'une tradition bouddhiste et que cela n'a rien à voir avec Freud. Et pourtant, comment ne pas se poser des questions à partir de ces quelques mots.

*  *  *

Ce matin, j'ai lu sur internet un truc qui m'a surpris. C'était un conseil : "Lavez-vous les dents avec la main gauche ; cela exercera votre cerveau à utiliser votre hémisphère droit dans quelque chose de quotidien." J'ai essayé. Pas évident du tout. Intéressant.

Oz

J'ai reçu ce matin un coup de téléphone de Joëlle. Cela m'a fait du bien de parler avec elle. Nous nous sommes demandés s'il ne vaudrait pas mieux que j'aille me faire opérer en France. Après tout, je suis toujours inscrit à la MGEN avec Charlotte et j'ai certainement tort de ne pas en profiter. Je pourrais également me faire opérer de la cataracte dans la foulée. 

J'ai acheté le roman de Amos Oz, Judas, que j'ai téléchargé sur mon kindle. 

jeudi 29 août 2019

No deal

Ce qui est rassurant, par rapport au coup d'état parlementaire très inquiétant de BoJo, ce sont les réactions des citoyens britanniques. Mais il est très possible que les manœuvres de ce nouveau premier ministre soient couronnées de succès. Obtiendra-t-il son "Brexit sans accord" ? Peut-être. En dépit d'une majorité de remainers, semble-t-il.

mercredi 28 août 2019

L'institution

J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt l'interview de Monique Chemillier-Gendreau ce matin sur France-Culture et notamment sa critique très radicale de la souveraineté et du système représentatif pour défendre le pluralisme des idées, le dissensus, la conflictualité. Elle combat l'"homogénéité excluante". À lire son essai récent, Régression de la démocratie et déchaînement de la violence, publié par Textuel le 4 septembre prochain. Souveraineté : un pouvoir au dessus duquel il n'y a rien et qui provoque l'entre-soi du pouvoir souverain. Il faut liquider la souveraineté, dit-elle, au profit de ce qu'elle appelle une "communauté politique" avec lien de fraternité entre les membres. "Nous avons besoin d'institutions pour avoir des objectifs de libération". Très intéressant ce qu'elle dit de l'institution et qui rejoint, me semble-t-il, ce que Joëlle en pense.

mardi 27 août 2019

Norek 2

Je termine le deuxième roman d'Olivier Norek, Entre deux mondes, qui traite des migrants et de la jungle de Calais. Toujours une bonne écriture, simple, claire.

Ce soir j'ai fait un bœuf bourguignon avec carottes et champignons. Assez réussi.

Et ce matin, je suis allé seul à la réunion de chantier. Les choses avancent, oui. Mais il y a encore tant de choses à finir que je reste sceptique sur nos chances de finir à temps. Pour Noël.

lundi 26 août 2019

Foucault

Je lis actuellement Histoire de la sexualité I. La volonté de savoir de Michel Foucault. Mais je me demande pourquoi je lis ce genre de choses. C'est vrai que Foucault a une écriture magnifique et que c'est un peu comme de la littérature, tant ses phrases, leur construction, la richesse du vocabulaire et l'aisance de la progression argumentative font plaisir. Mais est-ce une lecture "utile" ? Une lecture utile pour moi, pour mes travaux futurs ? quels travaux ? 

dimanche 25 août 2019

Norek

... de son prénom Olivier, auteur de romans policiers. Je lis son dernier livre Surface, sur mon Kindle. Une belle écriture, sachant travailler l'atmosphère. Voici deux extraits :


« Un aveugle de naissance est incapable de ces mimiques de communication. Tout simplement parce qu’il n’a jamais eu d’interaction sociale visuelle. Nos expressions faciales ne nous sont d’aucune utilité personnelle, ce ne sont que des informations que nous affichons pour qui veut nous comprendre. Le visage est un des rares endroits de votre corps que vous ne pouvez pas voir sans un miroir, mais il est surtout la première chose que l’on regarde. Il est entièrement pour l’autre. C’est aussi le seul endroit qui utilise les cinq sens. Il est totalement ouvert au monde. »

« Mais le constat le plus désolant, c’est que nous ne sommes « nous » qu’à trente pour cent. Certains à dix, d’autres à quarante, mais jamais totalement. Nous traînons nos blessures, nos secrets, nos complexes et tout cela nous interdit d’être entiers, d’être merveilleux. Il y a près de huit milliards d’êtres humains sur terre et Dieu, si vous en acceptez le concept, nous a donné à tous un visage différent, comme notre ADN. »

vendredi 23 août 2019

Suspens

Je suis allé à mon rendez-vous avec le chirurgien qui m'avait opéré la première fois. Il m'a dit qu'il était sur le point de partir en vacances mais que l'autre chirurgien allait revenir et qu'il pourrait peut-être m'opérer bientôt, mais aucune date n'a été définie et je suis là, en attente, en suspens, devrais-je dire. Je ne sais même pas s'ils vont m'opérer avant le Colloque. Il est possible qu'ils ne veuillent le faire qu'après, c'est-à-dire, fin septembre, au moment où nous devrons commencer tout doucement à ranger nos affaires en vue du déménagement...

*  *  *

Par ailleurs j'ai vu le magnifique film d'Olivier Horn sur l'œuvre d'Etienne Krähenbühl, des sculptures sonores en fer ou en acier qui, agitées de mouvements très lents, donnent à l'espace une structure sonore étrange, douce, aquatique...

MaÏs

Elle est arrivée hier soir avec Isabel, la petite chatte rouquine, qu'on a appelée MaÏs, et qui a dormi dans la chambre de Charlotte. Ce qui fait que Charlotte s'est levée vers 8h30 aujourd'hui. Voilà qui, pour elle, est très matinal. Nous avons donc maintenant deux chattes et un gros chat, Zuky, qui doit avoir plus de dix ans. La famille s'agrandit. Heureusement que l'on va déménager dans deux mois dans un espace beaucoup plus grand. Il y aura un.e chat/chatte par étage à partir du deuxième. Les rats que l'on aperçoit de temps en temps sur le chantier n'ont plus qu'à bien se tenir.

jeudi 22 août 2019

Divers

Nous, Charlotte et moi, sommes allés manger au Jardim dos Sentidos, un restaurant végétarien, avec Richard, son amie Ute et ses deux enfants, Maxime et Eva, cette dernière accompagnée de son amie Aria qui est aussi la filleule de Richard. Nous étions huit. Nous avons parlé "éducation" en évoquant les écoles démocratiques de Paris. Ute m'a apporté plein de cadeaux de la part d'Olivier Horn, un réalisateur de documentaires que l'on a rencontré récemment avec Richard. J'ai regardé son film Un amour à Pékin, que j'ai beaucoup aimé. Il nous donne de Pékin quelque chose d'autre qu'une image, une sorte d'expérience visuelle qui ne convoque aucun cliché, aucune idée stéréotypée. Je me sens trèproche du travail d'Olivier.

Richard m'a raconté les derniers événements concernant sa maison à Cova do Vapor. Il a une nouvelle avocate qui a pris les choses en mains de manière beaucoup plus sérieuse que celle qu'il avait antérieurement. Je pense que les choses vont pouvoir avancer rapidement et qu'à Noël au plus tard, il pourra emménager dans sa nouvelle maison.

A midi, j'étais allé à la Fac, désertée par tous ses étudiants et une grande partie du personnel en cette fin du mois d'août. Nous établissons le programme définitif du Colloque. Il y a encore pas mal de problèmes à règler.

mercredi 21 août 2019

Contorsions

Quel est l'événement qui a marqué ma journée d'hier, à part notre déjeuner avec Sophie, Baptiste et Mila au Psi, ce restaurant végétarien où nous allons de temps en temps ? Et bien, après ce déjeuner, de retour à la maison, je me suis aperçu que l'évier de la cuisine était bouché et qu'il fallait donc procéder à l'opération que j'avais déjà effectuée alors même que notre déménagement n'était pas terminé il y a un peu plus de 2 ans. Il faut dévisser tous les tuyaux pour les dégager de tous les détritus qui se sont accumulés depuis longtemps. Le travail est délicat, se fait dans les émanations nauséabondes des gorges de l'évier et exige un corps capable de se plier et de se contorsionner selon les exigences des opérations d'exploration des coudes et des raccords à visser et dévisser comme il convient pour que l'eau puisse s'échapper sans dévier dans quelque pas de vis mal reserré. Les plis syntaxiques de ma phrase expriment parfaitement bien cette opération difficile. Mais mon corps raide de ses 77 ans est de moins en moins adapté à de telles tâches. 

mardi 20 août 2019

Franju


J'ai vu hier soir Les yeux sans visage (1960) de Georges Franju. avec un Pierre Brasseur très convaincant comme chirurgien de l'horreur qui, pour pouvoir greffer un nouveau visage à sa fille, recrute des jeunes filles grâce à son assistante qui, d'ailleurs, fut, par lui, opérée avec succès. Je ne suis pas fan des films d'horreur en général ou des films "gore" dont Adèle van Reeth parlait ce matin même sur France Culture, mais j'avoue que j'ai été assez séduit par ce film en noir et blanc de 1960. Le film est passionnant.

*  *  *

Ce matin je suis allé à notre visite hebdomadaire de chantier. Carlos était là ainsi que notre entrepreneur. Indéniablement, les choses avancent. Le parquet du 4ème étage est posé. Ce qui manque le plus pour concevoir la possibilité d'un déménagement prochain : l'eau et l'électricité, les installations sanitaires, la volée des marches de l'entrée, les finitions des plafonds du 4ème étage, etc.

lundi 19 août 2019

Hugo

Le roman de mon père que j'ai lu hier est un roman d'amour écrit entre 1944 et 1950. C'est une longue histoire assez triste qui m'a permis néanmoins d'entrer dans le monde des idées de mon père : ce que cela signifie que d'être poète et de vouloir réussir dans ce domaine, la place des femmes dans la société actuelle —aucune sympathie pour les mouvements féministes : la femme est la compagne qui doit aider l'homme à se développer et à créer—, méfiance vis-à-vis des professionnels de la critique, enthousiasme pour l'aviation —le héros du livre est un pilote d'essai qui risque volontiers sa vie dans des appareils à risque—, etc. La figure qui s'en dégage n'est pas très sympathique. Mais bon, on ne demande pas à un père d'être sympathique.

Pour changer un peu de style et de sujet, j'ai lu hier soir sur mon Kindle, le Dernier jour d'un condamné (1829) de Victor Hugo. C'est un livre étonnant, dont j'ai entendu de beaux commentaires récemment dans une émission d'Adèle van Reeth sur France-Culture.

dimanche 18 août 2019

Bricolage

Hier soir, Isabel et moi avons réparé le couvercle de notre poubelle. "Il y avait longtemps que l'on n'avait plus bricolé ensemble..." me dit-elle. C'est vrai que lorsque nous avons emménagé dans notre petit appartement parisien, nous avons fait pas mal de choses ensemble : nos bureaux respectifs, faits à partir de grosses planches de sapin, le carrelage de la cuisine et de la salle de bains réalisé entièrement par Isabel, le positionnement  des plinthes, la mise en place des étagères pour les livres, etc. En tout cas, le couvercle de cette poubelle a été bien réparé : il s'ouvre parfaitement dès que l'on presse sur la pédale. En fait, cela fonctionne encore mieux qu'avant ! 

J'ai corrigé ce matin le français d'une traduction du portugais réalisée par Isabel pour le compte d'un psychanalyste portugais. Le texte portait sur la "question du père" en psychanalyse à partir d'une relecture de cette étude de cas publiée par Freud sous le titre du "petit Hans". Texte intéressant, certes, mais quelque peu amphigourique à travers ses mutliples références à Lacan.

Hier soir également, avant de m'endormir j'ai repris un autre roman de mon père : Tu n'as pas su que je t'aimais (Les Éditions d'aujourd'hui, Bruxelles, 1956). Je suis un peu interloqué par la date de publication de ce livre : 1956. Nous étions à Strasbourg depuis 6 ans et j'avais 14 ans. J'aurais pu lire ce roman à l'époque et je me demande pourquoi je ne l'ai pas lu. La vie professionnelle de mon père était très mystérieuse. Tous les soirs il nous faisait un grand discours sur ses inventions ( la "voiture sans volant", le "filet à capturer les nuages de sauterelles", etc.) et sur ses réussites à venir. Bientôt, il y aurait un immeuble de 25 étages, dans lequel de nombreuses secrétaires travailleraient pour Jurdant & Co, à Paris, Londres ou New York. Oui ! mon père avait de l'imagination.

samedi 17 août 2019

Jousse

"À peine l'enfant sait-il articuler ses premières phrases qu'on le condamne aux travaux forcés de la lecture. Ses yeux, si curieux de regarder les êtres vivants et mouvants, en sont impitoyablement détournés pour être rivés aux signes algébriques de l'alphabet." "Entre l'enfant vivant et l'univers mouvant s'interpose, ainsi, un monde étrange, congelé en graphies noires et mortes, au sens difficile et souvent contestable."

vendredi 16 août 2019

Dali

En fouillant dans les archives de mon père, j'ai retrouvé un recueil de petites nouvelles, intitulé Les Décivilisés, publié aux Editions Universitaires (L'Aubier) à Bruxelles, sans doute avant 1942. Certaines de ces nouvelles sont vraiment intéressantes et témoignent de cette imagination incroyable qui nourrissait les romans et les poèmes de mon père. On sent l'influence du surréalisme dans certains de ces récits étonnants.

En fin de matinée nous avons reçu Dali, la fille adoptée de Françoise, ma sœur, et Francis, mon beau beau-frère. Dali vient du Népal et elle était là avec son compagnon ainsi que son fils, Sonam, grand joueur d'échecs. J'ai eu beaucoup de plaisir à leur montrer la maison et à déjeuner avec eux.

jeudi 15 août 2019

Dérive

le Dr Thierry m'a parlé de ce roman de mon père, Dérive (Editions Maréchal, Liège, 1943) qu'il a lu, il y a quelque temps semble-t-il. Par curiosité j'ai cherché le livre dans ma bibliothèque et je l'ai trouvé. Je l'ai lu moi aussi, il y a longtemps mais j'en ai repris la lecture hier soir, avant de m'endormir. Je n'ai pas retrouvé Le Pommier fleuri.  Je ne dirai pas, en tout cas, que Dérive est un chef d'œuvre. Mais sa lecture m'a rappelé mon père, son langage, ses violences subites, ses ambivalences vis-à-vis des femmes et des juifs, ses principes moraux... 

mercredi 14 août 2019

Moto

Nous sommes arrivés en fin d'après-midi, hier, chez Elsa et Joba, dans leur "Ferme des Tournesols" à 1h30 de Lisbonne. Joba, le mari brésilien d'Elsa s'était acheté une moto, une BMW 1200 cc. Il fait tourner le moteur et me propose de faire un tour. J'ai eu une moto pendant quelques mois à Strasbourg, une Honda 750 XL, une machine du même genre que celle de Joba. J'ai accepté. Heureusement que je n'ai pas emmené ma fille sur le siège arrière car, on n'apprivoise pas ce genre de machine en quelques minutes. J'ai fait un tour. À un moment donné, j'ai voulu revenir et j'ai aperçu un espace très pentu correspondant à l'entrée d'une propriété, qui m'a paru adéquat pour faire demi-tour.  Mal m'en a pris. J'étais quasiment à l'arrêt quand j'ai perdu l'équilibre et la moto s'est couchée par terre, le moteur affolé, et mon pied gauche pris sous ce diable de métal. J'ai réussi à dégager mon pied mais je devais alors relever cette machine qui pèse plus de 200 kg. Je ne sais pas comment j'ai réussi à relever le démon mais le fait est que j'ai pu me remettre en selle et revenir à mon point de départ sans trop de dégâts : une petite blessure au pied, et une érafflure sur la coque du cylindre. Quand j'ai rendu la machine à Joba je lui ai dit : "Décidément, je n'ai plus l'âge de ces folies." Je me suis senti humilié par mon incapacité à faire les choses correctement.

mardi 13 août 2019

Dodge

Hier, nous avons reçu Jake, Ratiba, des amis du Jardin Villemin à Paris que nous n'avions plus revu depuis environ quinze ans. Ils sont venus avec leur quatre enfants, quatre garçons en pleine forme, tous bilingues français/anglais. Isabel a préparé un menu très simple mais délicieux, salade de tomates au basilic, viande hachée avec chou chinois et riz basmathi comme menu principal suivi d'un crumble aux pommes. Un dîner très animé avec beaucoup de souvenirs, notamment de Préfailles où ils étaient venus deux fois. On recevait ce que l'on considère aujourd'hui être une famille nombreuse, et pourtant deux fois moins nombreuse que celle d'où je viens. On a pu garer leur grande voiture avec six places bien distinctes, dans notre garage. Cela m'a fait penser à la Dodge décapotable de 1936, dans laquelle mon père transportait sa femme, ses huit enfants sans oublier ce pauvre chien, un Setter irlandais qui n'en menait pas large à l'arrière. Il n'y avait pas de ceinture de sécurité et nous nous entassions les uns sur les autres : cinq sur la banquette arrière, deux dans le coffre dont mon père avait changé le sens d'ouverture pour y installer une petite banquette, et trois devant : mon père, ma mère et un enfant plus tous les sacs qui contenaient notre déjeuner pour dix personnes. Après la Dodge, mon père a acheté une Chrysler d'occasion, puis à nouveau une Dodge de 1957.

lundi 12 août 2019

Bière

Je n'ai plus bu de bière depuis au moins cinq ans. Hier soir, cependant, je suis allé mangé un "hamburger" sans pain dans un nouveau restaurant qui s'est installé à proximité. Non seulement, nous avons attendu très longtemps qu'on nous serve, mais ce qu'on nous a servi était très médiocre. Accompagné de "frites" à faire hurler (ou pleurer !) "toute la Belgique" ai-je dit à Isabel, tellement elles étaient insipides et mal cuites. Je voulais en garder une pour la montrer à Jean, le fils de mon cousin Michel qui, au Québec, a monté son entreprise appelée —si je me souviens bien— "Frite, alors !". Cette expérience, aux allures de "madeleine proustienne" pour un Belge au Portugal, ne m'a absolument pas rendu nostalgique et ne m'a fait regretter ni la bière ni les frites ni la viande du hamburger. Seul point positif : un dîner assez joyeux en tête à tête avec Isabel.

dimanche 11 août 2019

Loti

Hier soir j'ai lu Fantôme d'Orient de Pierre Loti, roman autobiographique semble-t-il qui raconte le retour de l'auteur sur le lieu d'une passion qu'il a connue lors d'un premier séjour à Istanboul dans les années 1880. Pierre Loti, l'auteur de Pêcheurs d'Islande (1886), et dont l'écriture est assez particulière, presque maladroite parfois, mais c'est sans doute ce qui fait son charme : des phrases sans verbe, des évocations rapides et parfois chaotiques, un style qu'il faut apprivoiser avant de pouvoir l'apprécier.
Exemple :
"Comment le dire, même par à peu près : il est fait de mes joies inquiètes et de mes angoisses, mêlées à de l'ombre d'Islam ; il n'existe sans doute que pour moi seul..." (p.80)

samedi 10 août 2019

Marmier


Médiapart publie un portfolio-témoignage sur Xavier Marmier qui a construit sa cabane dans un arbre, au milieu d'une forêt dont il a acheté un hectare à proximité de Besançon. L'article est superbe avec des photos remarquables sur cette habitation originale dont tous les garçons normaux ont rêvé entre 8 et 12 ans. Tous ? Peut-être pas, disons, beaucoup. Or, la vie de cette cabane est compromise par le nouveau maire de Cléron, le village dont dépend cette forêt protégée par Natura 2000. Faut-il vraiment un permis de construire pour une cabane dans les bois ? Dont la surface au sol (de la cabane) ne dépasse pas 20m2 ? Mais voilà, il y a des règles que les rêves eux-mêmes doivent respecter. 

vendredi 9 août 2019

Verbes

Hier, Isabel et Charlotte sont parties rendre visite à Elsa, la sœur d'Isabel. Je suis seul avec Johni qui, hier, a travaillé toute la journée et qui, maintenant, dort encore. 

J'ai relu, avec un certain plaisir... parfois, ma collection de verbes, celle que j'avais entamée il y a trois ans environ et que je n'ai pas poursuivie pour faire de la place à mes haïkus. J'ai très envie de la reprendre maintenant. En relisant ces petits textes en prose, je me suis aperçu que la plupart d'entre eux sont attachés à la vision ou au souvenir d'une personne précise ou d'un événement. J'aime beaucoup le titre que j'ai donné à ces textes : Verbes. Je voudrais les traiter tous, tous les verbes de la langue française, ce qui n'est évidemment pas possible. Je suis condamné à me restreindre énormément. 

Ces textes ne servent à rien. Ce ne sont pas des poèmes. Ce ne sont pas vraiment non plus des pensées. Ce sont plutôt des sensations. J'en ai publié quelques uns dans ce blog, il y a longtemps. En voici un exemple [Je viens de vérifier et j'ai effectivement publié une première version de ce texte le 21 janvier 2015 — pourquoi ai-je choisi de republier ce verbe-là ? mystère !— :

Bloquer
Le mot est assis au milieu du palais, ou couché sur le divan de ma langue, en boucle comme un bouc dans ma bouche, bloquant le passage de mes pensées embouteillées, un mot qui justement m’échappe et qui, ce faisant, fait un trou dans mes textures nerveuses, un mot qui se tient, silencieux, oublié mais incroyablement présent, dans l’antichambre du parloir intérieur.  Je la ressens très bien, cette absence du mot — justement, je ne sais pas lequel — qui bloque tout. Il suffit de ce manque de mot, celui-là qui n’est pas celui-là, pour que tout manque. Le petit trou bien précis d’un seul mot disparu crée un abîme où tombe toute la langue à la renverse. Le petit trou d’un instant d’inattention qui mobilise toute l’attention, en pure perte.

jeudi 8 août 2019

Rien

Rien, nada, nothing, nichts, niente, nichego, tipota, voch'inch, ingenting, nic, semmi, klum, netra, niets, ekkert, la shay', hitch, nani mo, méishénme...

Les langues pourraient quand même s'entendre pour dire "rien", pour ne rien dire, quoi !


mercredi 7 août 2019

Yeux

J'avais rendez-vous ce matin dans un centre d'analyses médicales pour me faire faire une échographie du cœur. La jeune fille qui s'occupait de nous au comptoir avait des yeux d'une couleur magnifique : un bleu pâle cerclé d'un bord plus fin et plus foncé qui devenait plus clair avec des nuances violettes au fur et à mesure qu'il s'approchait de la pupille. [Une peu comme sur la photo ci-contre —trouvée sur internet— mais en beaucoup plus particulier]. En réalité, ma description n'est pas très sûre d'elle-même car cette jeune fille ne m'a pas regardé une seule fois. Il fallait que je devine la beauté de ses yeux chaque fois qu'elle jetait un œil sur mes documents ou quand elle a encaissé les 6 euros correspondant au coût de ma consultation. J'avais l'impression qu'elle évitait délibérément de me dévoiler la couleur magnifique de ses yeux. Comme s'il s'agissait d'une "chose" trop intime pour affronter le regard impersonnel d'une personne lambda. Comme si ces yeux craignaient de nouer le regard qui en émanait à celui d'un inconnu, moi en l'occurrence, mais j'avais l'impression que je n'étais pas personnellement visé par cet évitement. Cette jeune fille cantonnait sa vision aux objets administratifs dont elle s'occupait. "Je n'offre pas la couleur de mes yeux à n'importe qui..." semblait-elle dire. On ne pouvait que respecter silencieusement ce souci d'intimité.

mardi 6 août 2019

Epilobe

Epilobium parviflorum, la plante que m'a recommandée Christine au nom des bienfaits qu'elle apporte à la prostate de son compagnon, et dont ma propre prostate pourrait bénéficier aussi. Je suis allé chercher le produit chez Girassol, une boutique proche de Campo Pequeno. Pour y aller, j'ai voulu prendre un "coquelicot" et j'ai eu beau faire : impossible de décider l'un de ces vélos à débloquer son cadenas. Mais le pompon c'est quand j'ai vu que Uber m'avait facturé deux fois deux euros dix pour mes vaines tentatives de louer l'un de ses calicots rouges prétendant révolutionner la mobilité des foules. Ach ! Que chatice !

lundi 5 août 2019

Tueries

Elles sont américaines, pour le moment... mais elles sont aussi une sorte de symptôme de ce clivage qui prend de l'ampleur et qui, apparemment, semble pouvoir régler tous les autres clivages tels que gauche/droite, masculin/féminin, noir/blanc, ville/campagne, mer/montagne, démocrate/républicain, santé/maladie, debout/couché, visible/invisible, possible/impossible, etc., ce "clivage de tous les clivages" serait celui qui oppose les tueurs aux victimes. Quelle sombre pensée ! J'ai lu récemment sur un site assez populaire que la probabilité de mourir d'un cancer était plus grande chez les gens qui sont naturellement gentils que chez les méchants. La méchanceté serait une sorte de garantie de bonne santé individuelle. Soyons méchants pour vivre plus longtemps ! Hum !

dimanche 4 août 2019

Quarante

En fin de journée, après avoir été voir trois expositions à Gulbenkian, mon iPhone me dit que j'ai gravi aujourd'hui 40 étages et que j'ai marché 8 km, soit plus de 12000 pas. Wouaaah ! Nous sommes revenus sur nos coquelicots. 



L'une des expositions était consacrée à Sarah Affonso, une peintre portugaise du pays de Minho dont l'inspiration était à la fois populaire et naïve. J'ai bien aimé ce tableau.

Coquelicots

Ce matin, pendant que la maisonnée dormait, je suis allé me balader dans Lisbonne. J'ai fait plus de 5 km et surtout, j'ai monté l'équivalent de 19 étages. Les escaliers ne manquent pas dans la ville. Quand je suis arrivé à Principe Real, en fin de promenade, j'ai essayé un vélo "Uber", l'un de ces vélos rouges qui parsèment la ville. Et, comme le dit Isabel, avec ces vélos on s'envole, littéralement. Ils sont très très efficaces. Je trouve ces tâches rouges et mobiles dans les rues de la ville assez charmantes. Ce sont des coquelicots urbains. 

samedi 3 août 2019

Trembler

Hier soir, la sœur d'Isabel, son mari, Joba, leur fille, Beatrix, sont venus dîner chez nous. Ils ont dormi à la maison également. Il a fallu faire quelques arrangements pour caser tout ce monde car Charlotte et Johni étaient là également. C'était un peu imprévu. Heureusement, nous avions acheté une côte de bœuf suffisamment grande pour qu'on puisse la partager en huit. Ce qui fut fait. 

Je suis frappé par la mesquinerie des hommes politiques actuels. Bolsonaro en est un exemple surprenant. Il veut faire la nique à notre ministre des Affaires étrangères en lui posant délibérément un lapin. Les médias font de la surenchère en disant que les Brésiliens ont certainement adoré voir leur président chez le coiffeur au lieu d'être en grande discussion politique avec notre ministre. On irait même jusqu'à dire que ce pied de nez diplomatique a été concocté pour plaire aux Brésiliens. Ce matin, on apprend que le même Bolsonaro prétend que les photos satellite de la déforestation amazonienne ne sont que des mensonges. Un tel degré de dénégation, analogue à celui qu'atteint bien souvent Trump, est réellement pathologique. Ces enfantillages politiques là où le pouvoir est le plus grand et le plus concentré devraient nous faire trembler, de peur ou de rire.

vendredi 2 août 2019

Annulation

Nous sommes allés à l'hôpital, moi avec ma trousse de toilettes et un ou deux livres, bien décidé à subir l'opération prévue. Mais, patatras, le médecin anesthésiste me demande si je prends des médicaments et Isabel lui dit que je prends une dose de 0,100 mg d'aspirine tous les matins, conformément à ce que m'avait conseillé un médecin, il y a longtemps. Et donc, impossible d'opérer. Le risque de rester "sur le billard" ou, de façon plus savoureuse, na marquesa en portugais, littéralement, "dans la marquise" —quel programme—est trop grand. Alors ce sera pour plus tard mais j'espère qu'ils ne vont pas me faire attendre trop longtemps. 

Nouvelles

Je pars maintenant avec Isabel pour l'Hôpital Santa Maria. Je n'emmène pas mon ordinateur ce qui fait que pendant deux ou trois jours il n'y aura pas de nouvelles. Pas de nouvelles = bonne nouvelles. Je serai sans doute opéré demain matin.

Marisqueiras

Délicieux dîner de fruits de mer (moules, palourdes et crevettes) arrosé d'un rouge du Tejo, hier soir, avec Richard, dans le restaurant où je voudrais organiser le repas du vendredi 20 septembre prochain pour tous les membres du Colloque que nous organisons en l'honneur de Z. L'atmosphère est très "portugaise", peu touristique et les menus proposés sont très attractifs. Je n'ai pas encore discuté avec les patrons. Il faudrait qu'Isabel vienne avec moi pour voir comment cela pourrait être possible. Mais je pense que ce lieu est idéal. Évidemment, il y aura le problème du transport de l'Université de Lisbonne (Campo Grande) à Martim Moniz (à ne pas confondre avec Egas Moniz, l'inventeur de la lobotomie, dont j'ai parlé ici même, hier). Le mieux c'est que chacun se débrouille avec le plan qu'on mettra à leur disposition.

Après ce repas qui fut très chaleureux avec plein de souvenirs échangés, je suis rentré à pied. Il y a cette montée qui va de l'Avenida Almirante Reis jusqu'au sommet de la colline où se trouvent les bâtiments de la police judiciaire. Cette montée est assez rude mais je l'ai gravie d'un pas léger sans éprouver la moindre gêne. Ma fameuse "jambe de fumeur" est-elle en train de se guérir ? 

jeudi 1 août 2019

Moniz

Je suis en train de terminer ma relecture du livre de Zbyszek sur Egas Moniz, Psychosurgery, the Birth of a New Scientific Paradigm (Center For Pholosophy of Science, University of Lisbon, 2012). C'est ce qu'il y a de mieux pour bien comprendre les idées de Zbyszek sur la psychanalyse, les différentes écoles qui s'opposaient, sa propre manière d'aborder les problèmes. C'est un livre très bien fait, extrêmement bien documenté, clair et précis dans son écriture, bref, une œuvre de maturité qui fait honneur à son auteur. Egas Moniz est le seul savant portugais à avoir reçu le prix Nobel pour avoir été l'inventeur de la lobotomie. Au Portugal, on n'aime pas trop évoquer cette invention qui a eu beaucoup de succès aux Etats Unis (plus de 40.000 patients lobotomisés) et que la France a très vite rejetée. Quoique, je me souviens d'une conférence de Pierre Karli, qui deviendrait plus tard le deuxième président de l'Université Louis Pasteur, au cours de laquelle il posait la question de la lobotomie : est-ce conforme à l'éthique médicale ? peut-on faire n'importe quoi pour le bien (supposé) du patient ? où sont les limites de l'interventionisme en matière de "maladie mentale" ? etc.
Le livre de Zbyszek en tout cas montre bien que le personnage de Moniz est bien plus complexe que ne le laisse entendre la réputation qu'il obtint à travers son invention. Tout d'abord, il a réellement fait des choses techniquement remarquables avant de se lancer dans cette chirurgie douteuse. Il est aussi l'inventeur de l'angiographie, une technique qui permet de visualiser les réseaux sanguins du cerveau humain et qui est encore pratiquée aujourd'hui. Il ne faut pas oublier qu'il n'a véritablement entamé sa carrière scientifique qu'à l'âge de 51 ans. Auparavant, il a fait de la politique et obtint des postes importants dans plusieurs gouvernements.
C'est aussi quelqu'un qui fut porté par les grandes idées de son temps. Il a beaucoup écrit sur la sexualité humaine avant même que Freud n'en fasse le cœur de ses propres théories. Il était passionné par les rêves et l'hypnose. Il comprenait assez bien comment il était possible d'instrumentaliser transfert et contre-transfert pour affronter le mal-être engendré par les névroses.

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