mardi 30 novembre 2021

Saule


 Ce midi, j’ai mangé avec Elsa P. qui se demande si elle doit candidater sur le poste du Dr Thierry, bien connu sur ce blog, à Paris-Diderot, poste qui a été publié dans le cadre du Master de journalisme scientifique dont j’étais encore le responsable il y a dix ans. Je lui ai dit que c’était un bon poste et que travailler avec Frédéric était un plaisir. Mais elle hésite et je la comprends. Ce Master, qui a d’ailleurs changé de nom, s’est détérioré à cause des départs successifs qu’il a subis. C’est dommage. Mais c’est là qu’il faudrait quelqu’un comme elle pour redonner de la vigueur à cette belle formation littéraire destinée aux étudiants scientifiques.

Après le déjeuner, je suis allé visiter mon ami Bernard, que j’ai trouvé en bonne forme. Très présent. Et en train de terminer son prochain livre sur l’origine de la monnaie. Un grand sujet qui m’a inspiré beaucoup de réflexions quand je l’ai abordé il y a 35 ans environ.

Au retour j’ai pris la photo d’un saule pleureur un peu particulier que j’ai rencontré sur le chemin de mon retour chez Célia. Il faisait un froid glacial. 

lundi 29 novembre 2021

Aéroport

 Me voilà, assis sur l’un de ces sièges très inconfortables que l’on trouve dans tous les aéroports. J’attends que la « porte 20 » s’ouvre, celle par laquelle nous serons acheminés vers l’avion de la compagnie Vueling. J’arriverai à Madrid vers 10h30 et en repartirai pour Strasbourg vers 15h L’environnement sonore  est fait d’annonces de départ dans toutes les directions, surtout européennes. Parfois, on appelle un passager en retard. Le dernier dont j‘ai entendu le nom était Ricardo Moreira. Je suis assez chargé bien que j’aie pris le strict minimum. 

Et voilà, je ne suis pas Parti de la porte 20. Comme il ne s’y passait rien, au bout d’un moment, j’ai été m’informer. Bien m’en a pris parce qu’ils (« ils » ????) avaient changé la porte de départ de ce vol qui était maintenant programmé pour partir de la porte 25.

Je suis à.Madrid, dans cet immense aéroport où il faut marcher des kilomètres entre chaque avion. Dans celui qui m’a amené ici, j’ai vu la fin du film de Ken Loach, Family life que m’avait si chaleureusement recommandé Christine. C’est un film terrifiant et à l’idée que Christine a pu vivre quelque chose de ce genre au moment de son adolescence, je me sens vraiment mal. Comment peut-on sortir d’un tel guêpier ? Et surtout, relativement indemne ? 

samedi 27 novembre 2021

Canapé

Nous avons retapissé le canapé que nous avions acheté il y a deux ans dans un magasin Emmaüs de Lisbonne. Très bon marché. Cela change beaucoup l’atmosphère de notre salon. 

Je n’ai goûté le sanglier offert hier aux psychanalystes qu’aujourd’hui à midi et je l’ai trouvé très bon. Un peu sec peut-être mais excellent, surtout grâce à la sauce et aux accompagnements (choux rouge et marrons). 

Demain je dois préparer mon bagage pour les prochains quinze jours que je vais passer en France (Strasbourg) et au Luxembourg où, je suppose, que j’aurai droit à quelques jours de neige. Je m’en  ; ;

vendredi 26 novembre 2021

Gain

 De Patrice Gain, je lis actuellement le roman intitulé De silence et de loup (Albin Michel, 2021). Une écriture facile et un récit peu compliqué qui se déroule dans les froides solitudes du grand Nord. Cela se lit  aussi vite que si on le lisait dans un train à l’époque où le TGV n’existait pas encore entre Strasbourg et Paris.

jeudi 25 novembre 2021

Tim

 Hier à midi, nous avons reçu les quatre navigateurs qui, partis de La Rochelle, s’embarquent pour une transat dont la deuxième étape fut Alcantara, l’un des ports de plaisance de Lisbonne. Stéphane, Denis, Jonas et Davido. Isabel avait préparé du poisson au roquefort. Ils ont bien apprécié. Nous avons eu beaucoup de plaisir à parler avec eux. Nous les reverrons très certainement. Il faisait beau et nous avons déjeuné sur la terrasse.

Le soir, Samantha a reçu, chez nous, ses amis pour fêter son anniversaire. Un dîner anglophone. Je ne suis venu qu’à la fin, pour le gâteau. Aujourd’hui, nous avons revu Samantha et Tim. J’ai eu une longue discussion avec Tim, que j’ai trouvé très sympathique. 

Le soir, il y avait une réunion du groupe de lecteurs de l’Institut français du Portugal. Nous étions peu nombreux mais la discussion a été très animée. J’ai offert à l’Institut du livre que j’ai signé avec Jeannot. Le destructionnaire. Joanna, qui est l’animatrice de ce groupe se propose de nous inviter, moi et Jeannot, pour une conférence-débat à l’Institut. Je serais très heureux de contribuer à l’organisation de ce débat. J’espère que Jeannot répondra positivement à une telle invitation qui n’aura pas lieu avant le mois de février.

mercredi 24 novembre 2021

Ruffin

 

J’ai pu lire et regarder —il y a beaucoup de photos— le bilan de François Ruffin en tant que député de Picardie. On se demande vraiment comment il fait pour faire tout ce qu’il fait. Si tous les députés étaient comme lui, non, si la moitié des députés étaient comme lui, même seulement 10%, la France serait bien différente : elle n’oublierait pas les précaires et elle ne favoriserait plus les riches de cette manière indécente propre à Macron et sa clique. 


Hier j’ai lu Le jour des cendres de Jean-Christophe Grangé. Je l’avais choisi parce que cela se passait en Alsace, pas loin de Guebwiller et que l’histoire tournait autour des vendanges tardives d’où l’on tire le Gewürztraminer, ce vin sucré que l’on boit en mangeant du foie gras.


Et aujourd’hui j’ai commencé un livre de Joao Guimaraes Rosa (photo ci-jointe), Mon oncle le jaguar & autres histoires (Chandeigne, 2018). Il s’agit d’un auteur brésilien contemporain dont le style fait effectivement penser à celui de Joyce. En très différent bien sûr. 

mardi 23 novembre 2021

Sanglier

Christine et Eric sont partis. Ils m’avaient invité à traverser le Tage avec eux pour aller déjeuner de l’autre côté mais je ne me sentais pas très bien. Au lieu de cela, j’ai déjeuné avec Samantha et Tim, chez nous. Un bon steak et une salade. 


Et voici la cuisse du sanglier qui a été tué par Joao, la copine d’Isabel, qui nous l’a offerte. Je sens que les psychanalystes du vendredi vont se régaler. Et moi aussi, le lendemain. Isabel me dit d’ailleurs qu’il y en aura d’autres. Il semblerait que la population de sangliers portugais a beaucoup augmenté ces derniers temps.

lundi 22 novembre 2021

Statu quo

 Ce matin, nouvel examen quelque peu intrusif de l’intérieur de ma vessie. Assez désagréable mais finalement pas vraiment douloureux. Isabel a parlé aux médecins qui m’examinaient aujourd’hui et à ceux qui m’avaient examiné la dernière fois. Il semblerait que la lésion observée la dernière fois n’ait pas bougé  : elle n’a pas augmenté de taille et n’a pas changé d’aspect. Donc : on ne va pas me charcuter prochainement ; on reporte à trois mois un nouvel examen pour voir si le problème évolue et surtout dans quel sens il évolue si c’est le cas. Date de cet examen : le 22/2/2022 !  

dimanche 21 novembre 2021

3e dose

 Aujourd’hui je suis allé me faire injecter une troisième dose du vaccin Pfizer. J’étais au milieu d’un groupe assez important de vieux, aux airs parfois un peu égarés, attendant qu’on leur dise « asseyez-vous là », « maintenant, allez là-bas », « attendez ici », etc., bref, des consignes dont on ne comprend pas toujours les raisons, et je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ces vieux juifs qui se faisaient embarquer pendant la guerre, sans savoir précisément ce qui les attendait, mais qui obtempéraient silencieusement, parfois même tranquillement… 

Nous avons déjeuné avec Samantha et son compagnon, Tim, que j’ai trouvé très sympathique. J’ai du mal à penser qu’il a pu soutenir Trump, mais les gens peuvent parfois nous surprendre ! Nous avons été à Oeiras, dans un magasin de plantes et de fleurs, et nous sommes revenus avec beaucoup de verdure (jasmin, maracuja) à planter dans le fossé que nous avons dégagé le long du mur Est de notre terrasse Sud.

Hier nous avons fait une belle rencontre avec les quatre navigateurs, voisins et amis de Christine et Eric  sur la Marne, qui ont entamé une transat et ont fait escale à Peniche, à une centaine de km au nord de Lisbonne où nous avons dîné, enfin, où ils ont tous dîné sous mes yeux dans un restaurant de pêcheurs tout au fond du village.

samedi 20 novembre 2021

Visite

 Mon collègue et ami Eric Gallais et sa compagne Christine nous rendent visite depuis hier. Ils passeront le week end avec nous. Je suis allé les chercher à l’aéroport et ce matin après le petit-déjeuner, ils sont partis au marché aux puces. Cet après-midi, si tout va bien, nous irons à notre tour rendre visite à l’un de leurs amis qui fait la transat et qui a fait une escale à Péniche. 

Hier j’ai lu roman de Jérémy Fel, Les loups à leur porte, (Le livre de Poche) qui est un roman vraiment noir à cause de son personnage principal, diabolique à souhait, violeur, tueur, menteur, tricheur, cruel, etc. C’est un roman assez étrange, qui entremêle différentes histoires qui, apparemment, n’ont pas vraiment de rapports entre elles. Le lecteur s’attend à ce qu’à un moment donné, un lien se tisse entre les récits, par exemple entre ce qui se passe aux Etats-Unis et ce qui se passe en France, mais non, bernique, le lien n’est pas explicité. Cela dérange un peu, car on ne comprend pas pourquoi certains événements sont racontés.

jeudi 18 novembre 2021

Karli


L’un de mes souvenirs de Pierre Kali, qui était, à la fin des années 70, président de l’Université Louis Pasteur à Strasbourg, assez peu porté sur les confidences intimes, réside justement dans une remarque qui m’avait rendu plutôt perplexe. Il m’a dit un jour : « Vous savez, Jurdant, j’ai beau faire, je ne réussis plus à perdre le moindre kilo. [Il avait, comme beaucoup d’hommes à son âge —il devait avoir juste passé la soixantaine—, une petite bouée, pas trop importante mais suffisamment disgracieuse pour qu’il veuille s’en débarrasser.] Peut-être qu’à partir d’un certain âge, continua-t-il, il n’est plus possible de perdre du poids. » Et bien, je suis heureux d’être en mesure de le détromper. Alors que j’ai 79 ans, j’ai perdu une dizaine de kg en un mois environ. Ce matin, je pesais 70,5 kg. Grâce au jeûne intermittent 16/8.

mercredi 17 novembre 2021

Bois

L’hiver approche. Nous avons été chercher une demi-tonne de bois de chauffage pour notre cheminée. Il a fallu monter tout ce bois au quatrième étage sur notre terrasse Ouest, et voilà (photo ci-jointe) le résultat. Je suis étonné que cela puisse faire une demi-tonne. À mon avis, il y a moins. Mais cela nous fera quelques soirées agréables au coin du feu. C’est assez impressionnant et nous avons reçu une aide précieuse de notre locataire du deuxième étage, Sébastien. J’ai préparé une cuisse de dinde pour les récompenser de leur effort. Ils ont bien apprécié.

Hier j’ai vu les documentaires de THEMA sur Arte : l’histoire de la monnaie européenne et ensuite, deux documentaires sur l’Ukraine, dont je plains le président Zelenski, tant sa situation par rapport à la Russie et à l’Europe, me paraît compliquée.  En fait, j’ai l’impression qu’il se trouve, lui et son peuple, dans une impasse. 

mardi 16 novembre 2021

Stavroguine

 J’ai relu aujourd’hui La confession de Stavroguine, de Dostoïevski. Je ne m’en souvenais plus. 

J’ai également fait une photo du coucher de soleil.



lundi 15 novembre 2021

Western

 Je viens de voir un film sur Netflix : The Harder they Fall. C’est un western avec des bandits, des chevauchées, des gens cruels, un hold up dans un banque blanche, tous les personnages de ce western sont noirs. Le film était assez prenant avec des règlements de compte très sanglants. J’ai quand même un peu l’impression d’avoir perdu mon temps mais bon, c’est comme ça. Cet après-midi je suis allé en ville avec Isabel pour choisir un tissu d’ameublement pour notre divan qu’il faut refaire. Nous referons également les deux fauteuils que nous avions achetés en même temps que le divan. 

dimanche 14 novembre 2021

Chic

 Il fait vraiment très beau : un ciel immensément bleu aux marges blanches à l’horizon, du côté de Setubal, un calme absolu avec, de temps en temps, le son d’une cloche isolée. Hier nous sommes allés voir l’exposition de poteries de notre amie Izilda. Elle fait des choses magnifiques. Au retour, nous sommes allés voir le nouvel appartement de Lindsay en haut de la rue. C’est un apparemment assez grand avec plusieurs vues assez larges sur Lisbonne. Pour recevoir des amis, sans doute. Tout doucement, le quartier devient de plus en plus chic !

samedi 13 novembre 2021

Torture

 Je termine La fête au bouc, de Vargas Llosa. Livre terrible qui donne tous les détails de cette dictature qui, après l’assassinat de Trujillo, s’achève dans les horreurs de la torture de ceux qui ont libéré Saint Domingue de la tyrannie de ce dictateur sanguinaire.

vendredi 12 novembre 2021

Vargas Llosa


 Je n’avais pas encore lu de livres de ce prix « Nobel de Littérature » péruvien (2010). Alors, en voyant l’une de ses œuvres sur l’étal de la Nouvelle Librairie Française, je n’ai pas hésité et, ce matin, je me suis plongé dans ce roman historique qui retrace les dernières années de ce dictateur caricatural mais néanmoins sanguinaire que fut Rafael Leonidas Trujillo, maître incontesté de Saint-Domingue pendant de longues années. 

jeudi 11 novembre 2021

Nitchevo

 « Never mind », ou « Ça ne fait rien »,  telles sont les traductions possibles de cette expression russe, empreinte de fatalisme et d’acceptation et que Stefan Zweig utilise à deux reprises pour caractériser l’un des aspects de l’âme russe, dans le petit essai qu’il a publié après son voyage en Russie en 1928. L’écriture de Zweig est incomparable d’élégance et de clarté. En le lisant en français on aimerait constamment y reconnaître cette langue allemande que je connais si mal. En tout cas, j’ai beaucoup aimé ce petit livre qui commence par un beau texte sur le retour de Lénine en Russie en 1917, dans ce « wagon plombé » que le gouvernement allemand lui a permis d’affréter pour son retour au cœur d’une situation politique très compliquée. Le dernier texte de ce livre est une sorte d’éloge du poète Maxime Gorki qui m’a donné une furieuse envie de faire connaissance avec lui.

mercredi 10 novembre 2021

Complices

Ce matin, j’ai lu un petit livre de Simenon , Les complices (Le Livre de poche, 2020). Ce n’est pas un « Maigret ». Il s’agit d’une histoire assez banale de délit de fuite après un accident d’autocar ayant fait plus d’une quarantaine de victimes. Des enfants revenant d’une colonie de vacances. L’accident a été causé par l’embardée d’une traction-avant noire. Son chauffeur n’avait qu’une main gauche sur le volant, l’autre étant occupée entre les cuisses de sa passagère. Ce petit livre est un chef d’œuvre de psychologie. Simenon nous décrit les affres dans lesquelles ce personnage un peu frustre se retrouve, tout en essayant de mener sa vie selon ses habitudes. Le style de Simenon est d’une simplicité remarquable alors que les sentiments qu’il décrit sont extrêmement complexes.

Nous avons reçu à dîner hier soir Lindsay, de retour à Lisbonne, et l’homme, Polonais d’origine, qui doit l’aider à s’installer dans le nouvel appartement qu’elle a loué tout en haut de notre rue. J’étais à table avec eux, mais je n’ai rien mangé, poursuivant ainsi ce jeûne intermittent que j’observe depuis une quinzaine de jours. 

mardi 9 novembre 2021

Remplacement

 Cela fait quelques jours maintenant que je veux écrire un texte sur cette idée de « grand remplacement », défendue de manière répétitive par Eric Zemmour et reprise à foison par les médias et, bien qu’à demi-mot, par les partis de droite. L’occasion d’en parler m’est offerte par le livre de Pierre Bayard, Œdipe n’est pas coupable (Éditions de Minuit, 2021) que j’ai lu hier. Le propos de Bayard, comme dans ses livres précédents (je les ai lus presque tous), est de relancer une enquête sur une affaire du passé, en l’occurrence le parricide commis par Œdipe sur celui dont il ne savait pas que c’était son père, Laïos, histoire racontée par Sophocle dans la célèbre tragédie Œdipe roi, au Ve siècle avant Jésus-Christ.. L’auteur avance l’hypothèse qu’Œdipe est sans doute innocent du meurtre de son père et le raisonnement qu’il nous offre en incriminant un autre personnage de cette tragédie est assez convaincant. Je ne vais pas dire qui c’est. Mais, pour revenir au lien entre ce texte et l’idée de « grand remplacement », il me semble nécessaire de citer le passage qui me l’a fait sentir : « La pensée s’arrête, effrayée, à la seule idée qu’une partie importante de notre vie inconsciente puisse être dirigée contre nos proches, en particulier nos propres enfants. Une pensée d’autant plus insupportable qu’elle ne concerne pas les individus seuls, mais doit sans doute être étendue aux groupes et aux sociétés. N’arrive-t-il pas à celles-ci de privilégier leur confort à la vie future de leurs enfants et de se désintéresser du destin de ces derniers, voire de souhaiter inconsciemment qu’ils ne leur survivent pas ? Aucune société […] ne saurait reconnaître sans miner les bases sur lesquelles elle est bâtie qu’elle peut être animée, dans les idées qui la traversent comme dans ses institutions ou ses comportements collectifs, par la volonté de tuer ceux qu’elle a mis au monde, voire de leur interdire d’avoir un avenir. » (P.177)

En réfléchissant au « grand remplacement » de Zemmour, je m’étais dit qu’il s’agissait en fait d’un fantasme nourri par ce qui est effectivement le grand remplacement des générations, largement compromis aujourd’hui par le réchauffement climatique, d’ailleurs, mais néanmoins inéluctable. Ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui remplaceront les vieux et cela est vrai depuis vraiment très, très longtemps. Évoquer l’idée que ce « grand remplacement » implique des populations maghrébines de religion différente, c’est d’abord le résultat d’un déni lié à la succession des générations. En déplaçant le sens de ce remplacement pour en rendre responsable et/ou coupable des populations étrangères, Zemmour participe au négationnisme qui affecte la question du climat et permet à la génération des vieux —dont je fais partie, évidemment— d’ignorer ses responsabilités dans la survie de ceux qui suivront. Le succès de cette idée malheureuse pose question. Ne faut-il pas y voir une manière sociale et culturelle d’échapper à notre destin mortel ? À l’heure où les religions ne peuvent plus rien promettre, l’écho que cette idée peut avoir sur des populations désorientées par l’absence de toute possibilité de consolation divine, ne peut qu’être très important et surtout, dévastateur.

lundi 8 novembre 2021

Anarchie

Je viens d’écouter les « chemins de la philosophie » sur France-Culture, une émission consacrée à l’anarchie/anarchisme et qui nous a permis d’entendre Catherine Malabou dont le dernier livre porte précisément sur ce thème. L’ordre sans le pouvoir, le social sans domination, la coopération et l’entraide (Élysée Reclus) plutôt que la concurrence et la compétition, l’auto-organisation locale plutôt qu’un gouvernement central, la commune plutôt que l’État, telles sont les promesses de l’anarchisme, promesses qui ne pourraient être tenues qu’à la condition que l’on s’y mette tous, ensemble, sans exclure qui que ce soit. Serait-ce possible ? Comment se débarrasser de nos habitudes de dominants/dominés ? Nous croyons que le pouvoir est une nécessité parce que sans lui, ce serait la lutte de tous contre tous, comme le prétendait Hobbes, la loi de la « jungle »… Mais de quelle « jungle », de quelle « nature » parlons-nous ? Où avons-nous cherché la croyance selon laquelle il n’y aurait pas d’ordre dans la nature alors que c’est tout le contraire. L’interdépendance universelle des éléments de la nature, leur coordination spontanée pour faire en sorte que la vie puisse exister, tout devrait nous convaincre que la nature est bien ordonnée et que l’anarchie en serait l’expression humaine par excellence. David Graeber, avec son dernier livre posthume, pourrait sans doute nous aider à changer nos idées sur ces questions.

Hier, j’ai lu le dernier roman de Patrick Modiano, Chevreuse (NRF, 2021) où l’on retrouve cette belle capacité que l’auteur a de faire s’entrechoquer des noms propres de personnes et de lieux pour faire vivre la mémoire, la montrer à l’œuvre pour rendre compte d’un temps qui n’a plus rien de linéaire, d’un temps décousu dont le texte reprend les trames diverses pour y retrouver des motifs cachés.

dimanche 7 novembre 2021

Vian

 Je viens de terminer le roman policier dont Boris Vian avait écrit les quatre premiers chapitres et auquel l’OuLiPo a rajouté les douze chapitres suivants pour achever ce texte dont on n’avait qu’une ébauche de synopsis de la main de l’auteur original. C’est un polar intéressant, plein de références littéraires et musicales. J’ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Référence : Boris Vian et l’OuLiPo, On n’y échappe pas, Fayard (Le Livre de Poche), 2020.


samedi 6 novembre 2021

Je vole

 Hier, grande première à Lisbonne : j’ai pris le vélo électrique d’Isabel pour aller faire des courses. Le matin je suis allé à Pingo Doce, avec mon sac à dos pour acheter pain, vin, myrtilles, pistaches, etc. Le magasin n’est pas très loin. C’était un essai que j’ai trouvé assez concluant : oui, il est possible de faire du vélo (électrique) à Lisbonne à l’âge de 79 ans. J’ai donc renouvelé l’expérience dans l’après-midi, pour aller plus loin, jusqu’à la Nouvelle Librairie Française. Je voulais acheter le Goncourt de cette année mais malheureusement leur stock était épuisé. Mon expérience des rues de Lisbonne à vélo s’est enrichie de tous les pavés qu’il a fallu endurer sur ce vélo qui ne bénéficie d’aucune suspension. Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui était essentiel, c’était de voir comment le vélo réagissait aux exigences pentues de la ville. Et il ne m’a pas déçu. Il aborde les montées comme la chèvre de M. Seguin, avec enthousiasme et détermination. On avale les dénivelés, le vélo nous fait voler vers nos destinations. Quand je suis rentré à la maison, Isabel —qui était très inquiète de me voir traverser la ville à vélo et sans casque—, surprise, m’a dit : « Déjà ? »

vendredi 5 novembre 2021

Deux rêves

 Deux rêves cette nuit : la premier mettait en scène la famille d’où je viens. On venait de déménager et on installait le mobilier. Mon père me demande d’installer une barre de cuivre dans un buffet, le genre de barre à laquelle on suspend des vêtements. Je ne comprends pas cette demande. Ne serait-il pas préférable d’installer une étagère supplémentaire plutôt qu’une barre. Il me faut un mètre pour couper la barre à la bonne longueur. J’ai la barre dans la main mais je ne me résous pas à faire ce bricolage. Pourtant, ma mère insiste et me demande si c’est fait. Non ! Ce n’est pas fait. Mon deuxième rêve implique ma situation dans ma première belle-famille. Agnès a reçu une convocation à la police, une sorte d’injonction liée, croit-elle,  à l’accident que j’avais eu avec la 204 qu’elle m’avait prêtée. Et cela l’ennuie beaucoup. Mais, dans le rêve, je pense que cette injonction concerne une autre affaire. Mais je ne dis rien. J’attends qu’elle soit éclairée par les policiers qui traiteront son affaire. Comme je la vois si embêtée, je la serre dans mes bras, une sorte de big hug de tendresse. J’ai l’impression qu’elle en est émue mais elle ne le montre pas et je m’étonne moi-même de ce geste un peu trop familier que j’ai eu spontanément envers elle.

jeudi 4 novembre 2021

Citronnier


Le petit citronnier que Richard nous a laissé en pension depuis plus d’un an et qui continue à pousser sur notre terrasse Est, a produit des fruits. Mais, curieusement, les citrons qui ont poussé et qui ont bien grandi depuis de nombreuses semaines, ne jaunissent pas, à croire qu’il s’agit de citrons verts, ce qui serait quand même très étonnant car, si je me souviens bien, chez Richard, cet arbre produisait des citrons de la couleur habituelle des citrons. Il faudra que je demande à Richard ce qu’il en est. Quant à moi, je suis très amateur de citrons verts puisque j’en presse un jus tous les matins, que je mélange à un peu d’eau avec une pincée de bicarbonate de soude. Je ne sais pas quand j’ai pris cette habitude matinale mais cela fait très longtemps que ça dure et je m’en porte à merveille. Je rajoute quelques gouttes d’épilobium pour prendre soin de ma prostate, et quelques gouttes de vitamine D3 pour raffermir mon immunité contre les virus qui peuplent la planète !

Je continue ma lecture de Lobo Antunes et de son écriture singulière ; une écriture qui vous oblige à partager ce flux de pensées et de souvenirs dont la présence est si prégnante qu’on les fait siens au fur et à mesure que l’on progresse dans le livre.

mercredi 3 novembre 2021

Problèmes

 J’avais effectivement déjà lu L’affaire Vargas de Pessoa. Aussi ai-je commencé un autre livre, celui de Lobo Antunes, La nébuleuse de l’insomnie, qui me fait retrouver cette écriture étrange de l’auteur, l’un des auteurs portugais préférés d’Isabel.

À part ça, je continue mon jeûne intermittent : je ne mange plus le soir et cela me fait le plus grand bien. Je me sens plus léger, au sens propre comme au sens figuré. 

Aujourd’hui j’ai passé l’essentiel de mon après-midi à résoudre des problèmes d’échecs. Je m’améliore tout doucement mais mes progrès sont très lents.

mardi 2 novembre 2021

Massage

 J’ai commencé L’affaire Vargas, de Fernando Pessoa. Mais j’ai l’impression que je l’ai déjà lu. 

Cet après-midi, Isabel m’a payé un massage qui a été effectué à la maison par la coach qui lui fait faire des exercices trois fois par semaine. Je n’ai pas été absolument convaincu. Certes, c’est assez agréable, mais sans plus. 

lundi 1 novembre 2021

Donizetti

 Nouvelle évocation de l’exode de 1940, hier soir, dans le film de Pierre Granier-Deferre, Le train, avec Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider. Les images de cette masse de gens venus de Belgique et du Nord de la France, sur les routes dans toute sorte de véhicule et bien souvent à pied, sont terribles, avec les avions allemands dans un ciel qui gronde, prêts à mitrailler aveuglément… Je ne sais pas si ma mère a connu cette peur  d’une mort venue du ciel. De Liège, elle est partie pour Le Mans dans une voiture avec d’autres membres de la famille. 

Ma sœur Martine me corrige. L’exode de ma mère l’a conduite au château du Besset en Ardèche. 

En fin de soirée, nous avons eu droit à l’opéra de Gaëtano Donizetti,  Lucia di Lammermoor, avec Irina Lungu dans le rôle principal. Interprétation magnifique de la folie de Lucia dans l’acte 3. L’opéra a été diffusé sur Arte vers 22h30.

Je viens de terminer La diagonale Alekhine d’Arthur Larrue. Mon malaise durant cette lecture s’est poursuivi pendant quelque temps pour se transformer en fin de parcours en un réel intérêt. C’est un livre vraiment passionnant sur ce champion du monde d’échecs pendant près de vingt ans. Une personnalité en tout point détestable qui s’est acoquiné avec les Nazis pour défendre une position anti-sémite insupportable. Mon malaise est directement lié à l’écriture mal dégrossie —mais c’est peut-être un choix délibéré— de ce livre.