mardi 30 juin 2015

Grèce

Joseph Stiglitz, dans un article intitulé "L'attaque de l'Europe contre la démocratie grecque", Paul Krugman, dans un article du New York Times, Thomas Picketti au micro d'Europe 1, parmi d'autres sont d'accord : l'Europe déteste la démocratie. Voici quelques extraits :
«Ce que l'on voit aujourd'hui, 16 ans après que l'eurozone a institutionnalisé les relations entre ses membres, est l'antithèse de la démocratie : de nombreux leaders européens veulent voir la fin du gouvernement de gauche menée par Aléxis Tsípras», écrit Stiglitz.
«Certes, la Grèce a trop dépensé, mais pas tant que cela. Elle était sans aucun doute surendettée, mais encore une fois, pas tant que cela. Comment cela a-t-il pu se transformer en catastrophe [...] ? Le corset de l'euro, ajouté à une politique d'expansion monétaire inadéquate au sein de la zone euro, sont les coupables évidents.» Voici donc, selon lui [Paul Krugman], le vrai problème soulevé dans ce dossier : «si l'Europe, telle qu'elle est actuellement organisée, peut transformer en cauchemar des échecs fiscaux d'une taille moyenne au départ, son système est fondamentalement défaillant».

Un peu plus du texte original de Krugman, extrait de son blog et portant sur le referendum de dimanche prochain :

"I would vote no, for two reasons. First, much as the prospect of euro exit frightens everyone — me included — the troika is now effectively demanding that the policy regime of the past five years be continued indefinitely. Where is the hope in that? Maybe, just maybe, the willingness to leave will inspire a rethink, although probably not. But even so, devaluation couldn’t create that much more chaos than already exists, and would pave the way for eventual recovery, just as it has in many other times and places. Greece is not that different.
Second, the political implications of a yes vote would be deeply troubling. The troika clearly did a reverse Corleone — they made Tsipras an offer he can’t accept, and presumably did this knowingly. So the ultimatum was, in effect, a move to replace the Greek government. And even if you don’t like Syriza, that has to be disturbing for anyone who believes in European ideals."

Thomas Picketty traite les créanciers d'"apprentis-sorciers" en passe de détruite l'équilibre à la fois politique et économique de l'Europe à travers la menace d'une "expulsion". "DEHORS, LES CANCRES" par où se vérifie cette idée non seulement du pourrissement des systèmes éducatifs actuels mais surtout de l'influence pernicieuse et persistante qu'ils exercent dans tous les domaines de l'activité humaine, jusqu'aux plus hauts sommets de la hiérarchie sociale.

Face à ces économistes dont les perspectives incluent généralement la dimension politique des problèmes, nous lisons les déclarations incroyablement péremptoires, superficielles et méprisantes de la droite (Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse, notamment).

Bertolucci

J'ai vu Le Conformiste, hier soir avec Jean-Louis Trintignant, co-production italo-franco-allemande sorti en 1970. Trintignant magnifique dans ce film très politique.

Aujourd'hui à Lisbonne, le ciel est voilé. Il fera sans doute moins chaud, ce qui est agréable.

Charlotte a fait des cauchemars. Elle a vu la bande annonce d'un film d'horreur. Elle est venue dans notre lit. Pour être rassurée. Le lit des parents : une sorte de refuge.

J'ai oublié de signaler l'apparition, à la verticale juste au dessus de notre maison, d'un immense bras de grue jaune, très haut au dessus de nos têtes quand nous prenons le frais sur notre balcon. Impressionnant. D'ailleurs il y a multiplication de grues à Lisbonne et la rue que nous habiterons peut-être un jour voit la réhabilitation des immeubles voisins du nôtre, progresser très rapidement.

lundi 29 juin 2015

Kansas

J'ai terminé hier le premier roman de Lori Roy, Bent Road. Un roman dont l'écriture ressemble à celle de David Vann (Legend of a Suicide or Caribou Island) en moins dramatique peut-être. L'histoire d'une famille qui déménage de Detroit au Kansas, pays d'origine de cette famille justement où il s'est passé des choses mystérieuses, la mort d'une femme, aunt Eve, qui suscite une rumeur persistante, la disparition d'une petite fille, dont on retrouve le corps à la fin du roman. Une écriture très descriptive de la vie quotidienne au Kansas, soleil et chaleur en été, neige et froid sec en hiver, un village replié sur lui-même, éloigné de toute grande ville, un shériff, un révérend méthodiste, une église, un café, un mauvais garçon qui boit pour oublier son premier amour — aunt Eve justement — des bagarres entre hommes, des adolescents qui s'ennuient, ils s'emparent des armes de leur père pour chasser —un chien de prairie qui permettra à l'un de ces adolescents de se faire une réputation de bon tireur — une vache, un enfant handicapé, des tissus défraîchis, des odeurs... l'atmosphère est lourde au Kansas.

Après cette lecture j'en ai entamé une deuxième, un polar également, 5 étoiles Kindle, peu convaincant en fait malgré les critiques élogieuses que j'ai lues avant de l'acheter. L'auteur, un Belge du nom d'Ernotte, dont c'est le premier roman. Décidément, les dons d'écrivain ne sont pas donnés à tout le monde. Heureusement.

dimanche 28 juin 2015

Quartier chaud

Cette nuit, à quatre heures du matin, je suis réveillé par des moteurs qui démarrent, des voitures qui roulent sur le pavé de notre rue, des gens bruyants... Il faut dire que nous habitons un quartier chaud, avec deux ou trois clubs à moins de 200 m de la maison, des boutiques de sexe, des travestis qui, à partir de minuit, une heure du matin tentent de trouver leurs clients. Pendant la journée, le quartier est très calme, assez bourgeois même, avec plusieurs hôtels et des immeubles en cours de restauration. La nuit, c'est Pigalle sans moulin rouge et avec les lenteurs et les décences portugaises, enfin, j'exagère un peu sans doute, mais le bruit à quatre heures du matin est infernal surtout quand, à cause de la chaleur, on est obligé de garder la fenêtre ouverte.

samedi 27 juin 2015

Parisiens

Discussion typiquement parisienne, hier soir, pendant le dîner, avec D. et M. : l'immobilier. Ils nous ont raconté dans le détail leurs mésaventures très parisiennes avec leur Syndic incompétent et arnaqueur, avec les disputes entre les co-propriétaires, ceux qui sont riches parce qu'ils ont pu acheter de grandes surfaces et ceux qui vivent dans une vingtaine de m2, les fuites d'eau, les canalisations en plomb qui n'ont pas été changées depuis le XVIIIe siècle, les planchers qui s'affaissent, les procès contre les locataires irresponsables qui ne paient pas leur loyer et qui trouvent mille ruses pour ne pas se faire expulser, les avocats, les assemblées où les gens ne se contrôlent plus face à ces voisins qu'ils détestent sans pouvoir le leur dire, la mairie qui évite les responsabilités, les prix obtenus par ceux qui vendent, le marché qui baisse néanmoins, bref, on se replonge pendant deux heures dans cette atmosphère très particulière des déboires liés aux logements à Paris dont on ne peut s'empêcher de parler sans fin. Et pourtant D. et M. sont belges tous les deux, vivant en Suisse et ayant investi dans l'immobilier à Paris.

vendredi 26 juin 2015

Culture

J'ai trouvé cette définition de la culture par Jean Rostand sur internet :

“La culture ce n’est pas avoir le cerveau farci de dates, de noms ou de chiffres, c’est la qualité du jugement, l’exigence logique, l’appétit de la preuve, la notion de la complexité des choses et de l’arduité des problèmes. C’est l’habitude du doute, le discernement dans la méfiance, la modestie d’opinion, la patience d’ignorer, la certitude qu’on n’a jamais tout le vrai en partage; c’est avoir l’esprit ferme sans l’avoir rigide, c’est être armé contre le flou et aussi contre la fausse précision, c’est refuser tous les fanatismes et jusqu’à ceux qui s’autorisent de la raison; c’est suspecter les dogmatismes officiels mais sans profit pour les charlatans, c’est révérer le génie mais sans en faire une idole, c’est toujours préférer ce qui est à ce qu’on préférerait qui fût.” (Jean Rostand, Le droit d’être naturaliste, 1963).

Une belle définition de la culture ? En tout cas une définition incroyablement centrée sur soi : nous sommes devant l’homme cultivé qui possède toutes les qualités intellectuelles susceptibles de le propulser au “top“ de la hiérarchie sociale, une sorte de sage que l’on s’honore d’avoir pu rencontrer, voire d’avoir pu échanger avec lui quelque propos, même si ce n’est que sur le temps qu’il fait — « belle journée, n’est-ce pas ? » — pendant de courts instants, une sorte de héros apollinien, modeste et patient comme il le dit de lui-même, conscient, parfaitement conscient, d’être souvent admiré, mais sachant ne pas permettre à son esprit de se laisser entortiller par de telles vanités... Pfffft !


Et pourtant, cette définition est détestable car elle ne nous dit rien de ce qui donne son sens au mot culture, au partage dont elle est une promesse, elle ne nous dit rien de la manière dont elle nous singularise dans un monde habité par d’autres humains, différents de nous et pourtant proches à travers ce qui les rend différents justement, semblables à nous par leurs défauts, leur manque de sagesse et de hauteur, leur fanatisme, leur enthousiasme, leur passion.

Je n'ai pas non plus aimé le caractère péremptoire de cette définition élitiste d'une culture qui ne peut être l'apanage que de quelques uns, bien nés, riches si possible, premiers de classe et très obéissants en toute chose. 

Hier j'ai vu sur Arte un magnifique documentaire sur l'affaire Dreyfuss. J'ai appris beaucoup de détails que je ne connaissais pas. C'était superbe !

jeudi 25 juin 2015

Lenteur

C'est celle de mon MacBook Air qui est en cause. Un quart d'heure pour ouvrir mon propre blog ! Mais, je trouve de telles accusations absolument déraisonnables. Nous disposons de superbes technologies et dès qu'elles font sentir la moindre résistance, nous nous plaignons, comme si l'aisance avec laquelle nous communiquons les uns avec les autres, de tous les pays du monde, devenait un dû, une obligation de résultats toujours plus performants. Alors que s'il fallait que nous nous donnions un peu plus de mal pour obtenir ce que nous voulons, peut-être que nous voudrions mieux, avec plus de pensées en amont, plus de désir, plus de détermination. Le confort technologique dont nous jouissons tous les jours rend notre énergie paresseuse.

Charlotte m'a rappelé qu'il lui faudrait sans doute un ordinateur quand elle serait à Luxembourg. Elle est d'accord pour que je lui donne le mien mais alors, moi ? je me remets à la machine à écrire, une Olivetti de poche, sans effacement, comme celle avec laquelle j'ai dactylographié ma thèse de troisième cycle à York, en 1973 ? ou une IBM d'occase à boules —on change de boules quand on passe du romain à l'italique ou au gras— comme celle avec laquelle j'ai fabriqué ma thèse d'Etat en 1984 ? fini le blog, alors ? finis, les "méél's" ? bonjour, les méditations solitaires et les souvenirs mélancoliques, en face de la fenêtre de mon bureau, avec ce coin de Tage silencieux, tout au fond, au bout des toits ? les longues lettres manuscrites envoyées par la poste et dont on attend les réponses pendant des jours, voire des semaines, si bien que l'on a un peu oublié ce qu'on avait écrit, en tout cas le sens littéral qui peut s'en dégager sans qu'on puisse maîtriser complètement l'affaire. Mais, en ce temps là, on savait prendre du recul, retourner plusieurs fois les neurones dans notre boîte crânienne avant de les laisser s'enflammer pour n'importe quoi.

Mais ce n'est là qu'un des problèmes à résoudre. Après tout, je pourrais sans doute m'acheter un nouvel ordinateur à crédit ? Ou changer de marque ?

mercredi 24 juin 2015

Quatorze

Quatorze années de mariage avec Isabel. Ça se fête. En fait, ça s'est fêté hier à midi. Nous sommes allés déjeuner au restaurant  "A Cevicheria" à Lisbonne et c'était dé-li-cieux. Il faut que tous nos amis reviennent à Lisbonne pour manger là-bas. Voici une photo du dessert d'Isabel. Mais c'est surtout pour le plat principal que ça vaut le coup. Du poisson cru mariné dans une sauce au jus de citron : c'était parfait. Nous devons cette cuisine raffinée au chef Kiko, dont j'ai trouvé la photo sur le net. Il a d'ailleurs un autre restaurant à Lisbonne plus spécialisé dans la préparation de la viande. A essayer prochainement.

A part ça, j'ai terminé Pukhtu de DOA. Ce n'était d'ailleurs que le premier volume. J'attends la suite avec impatience.

A Lisbonne, il fait assez beau mais frais. Nous attendons Michel et Danièle, nos voisins du passage des Marais, demain vers 14h.

mardi 23 juin 2015

Pukhtu

C'est le titre du "polar" que je lis en ce moment dont l'auteur est DOA, un pseudo qui signifie Death On Arrival. En fait il s'agit de la guerre en Afghanistan, l'implication des compagnies privées de défense paramilitaire américaines, l'armée afghane, les moudjahidines ayant d'abord jeté les Russes dehors et combattant maintenant au nom d'Allah, etc. Beaucoup de détails techniques sur les armes utilisées, et anthropologiques sur les us et coutumes des différentes tribus engagées dans ces conflits. Il y a notamment une scène de décapitation particulièrement réaliste susceptible de glacer le lecteur. Je ne la recopierai pas ici dans ce blog.

Aujourd'hui, Isabel et moi célébrons nos 14 années de mariage. Nous irons déjeuner ensemble pour l'occasion.

Charlotte est adorable en ce moment. Elle grandit en âge et en sagesse. Elle nous a bien fait rire hier soir en imitant la manière dont la mère d'Antonio a dû lui dire de me téléphoner pour me remercier de mes bons services philosophiques. Il vient de réussir son bac (mention bien) avec, vraisemblablement, une bonne note en philo (coefficient 8), ce qui m'a quand même un peu étonné. Je lui ai donné quelques cours  —qui étaient plus des conversations philosophiques que des cours— et je n'étais pas rassuré par ses performances. Mais, voilà, on peut se tromper dans les évaluations que l'on peut faire. En tout cas, je suis très content pour lui et l'ai chaleureusement félicité.

samedi 20 juin 2015

Froid

A Paris, il fait froid. Très froid. Nuages. Pluie.
Je vois Joëlle à midi. En tout cas, on se téléphone à ce moment-là. Et ce soir, je dînerai peut-être avec Jeannot qui passe son week end à Paris avec Nadine et les deux jumelles. J'ai hâte de rentrer à Lisbonne.

vendredi 19 juin 2015

Kerangal

J'ai participé hier soir à un séminaire sur le livre Réparer les vivants de Maylis de Kerangal avec Joëlle, Régis, Jean D., et al. Interventions très intéressantes de chacun d'entre nous et en particulier de Maylis de Kerangal qui parlait de son écriture, des sources de son inspiration, de sa documentation bref de la manière dont elle a écrit ce beau livre. Ses interventions étaient un peu trop longues mais très personnelles et chaleureuses. Mon intervention, en fin de séminaire, n'a pas duré très longtemps. Cinq minutes pour dire le minimum. En fait, tous ceux qui me précédaient avaient la langue bien pendue.

Avant de me rendre à Paris 7, j'ai marché longtemps dans Paris avec ma valise à roulettes. J'ai marché au moins deux heures sans traîner ma douloureuse jambe de fumeur. Je crois donc que l'exercice améliore beaucoup les choses. Il faudra s'en souvenir une fois de retour à Lisbonne.

J'ai commencé à chercher une maison pour les retrouvailles de la famille à Noël. J'ai trouvé quelque chose qui me semblerait parfait. Un château du Moyen-Âge en Belgique, le château de Berlogne. Il me semble que ce serait assez amusant de se retrouver en Belgique pour une fois.


mercredi 17 juin 2015

Strasbourg

Je vais à Strasbourg ce matin. Je me réjouis de rencontrer Françoise. Mais je ne verrai sans doute ni Patrick, ni Marianne. Dommage.

J'ai rêvé d'une maison très délabrée. Ce n'était pas ma maison. Je possédais un grand chien noir et pour monter jusqu'au grenier, sous le toit, il y avait une sorte de puits qu'il fallait escalader en s'aidant d'une corde. Mon chien lui n'avait besoin que de ses pattes et de son agilité naturelle. Arrivé au grenier, j'explore un peu et me met à descendre. Je ne retrouve plus mon chien. J'espère qu'il n'est pas tombé. La maison se situait à la Krutenau à Strasbourg. Il y avait beaucoup de monde.

Hier je me suis occupé des inscriptions de Charlotte à Luxembourg. Il faudra envoyer des photos et une lettre de motivation pour l'internat.

mardi 16 juin 2015

Hartog

Je poursuis lentement la lecture de François Hartog, Partir pour la Grèce. François Hartog est un auteur qui a beaucoup compté pour moi. Je lui avais montré, au début des années 80, mes essais d'interprétation du premier chapitre des Histoires d'Hérodote. Il a lu ce que j'ai écrit mais semblait sceptique. Je lui ai demandé si c'était la peine de continuer sur cette voie et il m'a répondu quelque chose qui m'a beaucoup encouragé à poursuivre. Il m'a dit oui. Je l'ai pris au mot et c'est cela qui a débouché sur ma thèse d'Etat, Ecriture, monnaie et connaissance.

Beaucoup de rêves cette nuit. Je me suis réveillé plusieurs fois également.

Bonne discussion hier soir avec Jeannot et Nadine.

lundi 15 juin 2015

Marville

Un village de la Meuse, très attachant. Samedi c'était le "jour des caves" : on y vient pour visiter les caves magnifiques qui s'étendent sous les maisons et les rues. Ces caves voûtées et très belles, semble-t-il (nous n'avons pas pu les voir car nous sommes arrivés trop tard) deviennent l'occasion de ventes de vins venus des différentes régions du pays. Par contre, Jim (qui a une maison magnifique à Marville) nous a emmenés dans une sorte de soirée de fête locale, où nous avons fait connaissance avec de nombreuses personnalités du coin. Nous y avons été invités à manger et à boire. Le "nous" se réfère ici à quelques membres de l'équipe du LC.

Hier j'ai regardé True Detective, la série que m'avait passé Eric avant de nous quitter samedi. Tout-à-fait passionnant, avec deux personnalités très contrastées. Une série policière américaine qui plante ses histoires de crimes rituels au coeur de la Louisiane, dans un décor moderne assez fantastique : les marais, les routes poussiéreuses, les bâtiments bas couverts de pubs, les néons, les arbres dégoulinants de plantes tombantes, les voitures...

samedi 13 juin 2015

Odeurs

Ma collègue Michèle avait raison. Elle se plaignait hier d'une odeur fétide dans nos chambres à l'internat du Lycée Ermesinde. Aujourd'hui, malgré une fenêtre grande ouverte, la même odeur a envahi ma chambre et m'a sans doute réveillé. Unpleasant, indeed.

Dehors, la pluie, le bruit de la pluie sur les toits gris, embourbés dans les feuillages verts, très verts, des arbres luxembourgeois. La journée sera grise. Idéale pour visionner True Detective, la série qu'Eric m'a installée sur l'ordinateur mais je crains, malheureusement, que je n'aurai pas le temps. Pourtant, le temps est idéal pour rester sous une couette avec le bruit de la pluie sur les toits gris.


vendredi 12 juin 2015

Climatisation

Hier, dans l'avion, j'ai vraiment souffert du froid de cette climatisation infernale qu'ils mettent à pleins tubes, sous prétexte que l'avion décolle d'un pays du Sud. Alors que, précisément, ce jour-là, à Lisbonne, il faisait glacial, la ville étant balayée par un vent du nord que j'ai eu du mal à supporter pendant le déjeuner, avec Z., sur la terrasse du petit restaurant de Senhor Fernando, juste en bas de chez nous dans la Rua da Sociedade Farmaceutica. Z. me parlait de son livre sur Bachelard tout en me prêtant le livre de son ami anglais, Anthony Rudolf, écrivain, critique, traducteur, poète et éditeur: 800 pages de balayage littéraire européen du XXe siècle. Une somme autobiographique impressionnante.

Au début de la soirée, j'ai retrouvé tous les membres du CEIP avec plaisir. Un peu comme une famille. Qui s'agrandit de temps en temps, notamment avec l'arrivée de Tim, un ancien élève du lycée Ermesinde qui, maintenant, fait partie de notre petit comité.

jeudi 11 juin 2015

Celan

Hier, j'ai regardé l'émission d'Arte sur Paul Celan, un programme magnifique qui mettait en scène son fils, Eric Celan, témoignant de la relation qu'il a eue avec son père, notamment dans ces périodes difficiles où il a été hospitalisé en raison de symptômes paranoïaques graves. Il s'est d'ailleurs suicidé en se jetant dans la Seine du pont Mirabeau à Paris le 20 avril 1970. Grand poète de la Shoa, il m'a intrigué par les difficultés qu'il a rencontrées en Allemagne pour faire reconnaître l'extraordinaire profondeur de sa poésie. Je cite les derniers vers de son poème "Fugue de mort " écrit à Bucarest en 1945 :

Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith il joue avec les serpents

Il crie jouez la mort plus doucement la mort est un maître d’Allemagne
il crie plus sombre les accents des violons et vous montez comme fumée dans les airs
et vous avez une tombe dans les nuages on y couche à son aise
Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi la mort est un maître d’Allemagne
nous te buvons soir et matin nous buvons et buvons
la mort est un maître d’Allemagne ses yeux sont bleus
il te touche avec une balle de plomb il te touche avec précision
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
il lâche ses chiens sur nous et nous offre une tombe dans les airs
il joue avec les serpents il rêve la mort est un maître d’Allemagne

tes cheveux d’or Margarete

tes cheveux de cendre Sulamith
Mais il me semble important d'avoir une idée de la version originale en allemand, la langue du poète. Voici (à partir du 9e vers de la version française) :
Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts
wir trinken dich mittags der Tod ist ein Meister aus Deutschland
wir trinken dich abends und morgens wir trinken und trinken
der Tod ist ein Meister aus Deutschland sein Auge ist blau
er trifft dich mit bleierner Kugel er trifft dich genau
ein Mann wohnt im Haus dein goldenes Haar Margarete
er hetzt seine Rüden auf uns er schenkt uns ein Grab in der Luft
er spielt mit den Schlangen und träumet der Tod ist ein Meister aus Deutschland

dein goldenes Haar Margarete
dein aschenes Haar Sulamith

mercredi 10 juin 2015

Répliques

Il s'agit ici de répliques de toux qui, le 31 mai 2013, me faisaient déjà évoquer "la séismologie des poumons". Mais ça revient régulièrement, environ tous les six mois : du 4 au 11 janvier 2014, puis de nouveau en février 2015 et maintenant en juin de la même année. Les même secousses telluriques de la chair. C'est fatiguant.

Un beau rêve cependant. Je cours, allée de la Robertsau à Strasbourg et mes jambes sont incroyablement légères, elles me permettent de bondir et rebondir, je saute les obstacles sans le moindre effort. Décidément, me disais-je dans mon rêve, les médecins avaient raison : je peux retrouver toutes mes jambes. Un rêve.

Hier j'ai rendu visite aux directrices de la Fondation Ricardo do Espirito Santo Silva à Lisbonne, trois femmes déterminées (j'allais dire "trois femmes puissantes" en souvenir du beau roman de Marie NDiaye de 2009), pleines d'énergie avec lesquelles le Luxembourg College devra collaborer pour développer les talents artisanaux des élèves qui le voudraient. J'ai également rencontré Pedro, par hasard devant le bureau de Conceiçao. Une heureuse rencontre.

mardi 9 juin 2015

Jiric Weil

J'ai terminé hier le livre de Jiric Weil que m'avait prêté Z. Livre magnifique tant par ce qu'il nous dit de Prague pendant la guerre sous occupation nazie que par la manière dont il nous implique dans son écriture. Une écriture extrêmement simple et directe qui sait bien dire les choses qui se répètent dans la vie quotidienne en réutilisant les mêmes mots certes mais sans qu'on ait l'impression qu'il se répète. C'est un peu ça la vie. Tous les jours, on refait les mêmes gestes. Je me rase tous les matins mais c'est toujours à la fois la même chose et différent. C'est un peu ce qui se passe dans le roman de Weil. On y sent à travers l'écriture que le présent ne se répète jamais car il est le lieu et le moment de la présence.

lundi 8 juin 2015

Vol de nuit

Je suis arrivé hier soir à 23h15 à Lisbonne après un voyage sans histoire qui m'a permis de lire le livre de Jiri Weil, Life with a star, publié en 1988 avec une préface de Philip Roth. Un roman très beau et très sombre en même temps sur la vie d'une communauté juive au moment où le gouvernement de Prague promulgue ses nombreuses lois antisémites : interdiction de monter dans les trams, interdiction d'aller dans les magasins, interdiction de posséder une radio, ou même un animal domestique, etc., etc., les interdictions se sont multipliées à l'infini pour empoisonner la vie des communautés juives de l'époque. A croire qu'aujourd'hui, cette expérience sert au gouvernement israélien pour empoisonner la vie des Palestiniens.

J'apprends aussi ce matin que le Luxembourg a voté à 80% contre le vote des étrangers qui constituent pourtant plus de 45% de la population résidente. Un pays ouvert à la finance internationale mais très fermé par ailleurs malgré sa réputation d'ouverture aux langues étrangères. Bref, des contradictions, comme partout.

dimanche 7 juin 2015

Courtil 2

Je n'ai pas pu terminer hier mes réflexions devant le lac Léman, c'est pourquoi, dans cette chambre située au deuxième étage de l'hôtel, je vais pouvoir aujourd'hui vous décrire ma situation. J'ai quelques minutes devant moi, ainsi que ces montagnes qui, parfois, nous laissent apercevoir le Mont Blanc, quand le ciel est parfaitement clair. Je suis allé prendre mon petit déjeuner. Il y avait quelques personnes (un homme d'environ 45 ans et plusieurs femmes nettement plus âgées) dans la salle, suissotant leur yaourt au miel et chuchotant si doucement que l'on pouvait se demander s'il ne s'agissait pas simplement d'une traduction suisse de la respiration. J'entends des voix allemandes venir du dehors et des rires entrer par mes fenêtres ouvertes. Le lieu lui-même est très paisible. Dans ma chambre, tout est blanc sauf le parquet et moi. Table, fauteuils, coussins, lampes de chevet, étagères, paniers à linge et à papier, tout est blanc. J'entends un couple de pigeons roucouler pas loin. Les cahots lointains d'un train. Des trilles d'oiseaux très divers.


samedi 6 juin 2015

Courtil

C'est le nom de l'hôtel où je suis en train d'écrire ce matin : Le Courtil. Au bord du Lac Léman.

vendredi 5 juin 2015

Genève

Je m'envole ce matin pour Genève, où je vais retrouver les membres du Conseil scientifique de la Fondation Paul K. Feyerabend. C'est toujours un week end assez agréable bien que parfois très laborieux. Il y a beaucoup de projets soumis à la Fondation de tous les coins du monde mais une majorité nous vient d'Afrique semble-t-il.

Hier je suis allé conduire Charlotte chez le dentiste. Elle doit encore garder son appareil pendant quelque temps. La circulation à Lisbonne, dès qu'il y a le moindre incident sur la route, devient infernale avec des embouteillages insupportables. De longues files de voitures roulant comme des escargots rutilants au soleil. Les Portugais ne s'énervent pas. Ils patientent tranquillement. Je les admire pour ça mais je trouve qu'ils manquent un peu de réactions devant les feux qui passent au vert. "Encore un Portugais endormi", me dis-je quand il sont devant le feu qui vient de passer au vert sans bouger, attendant je ne sais quoi, souvent accroché à leur téléphone portable ou plongés dans leurs rêves.

jeudi 4 juin 2015

Thriller

Le thriller de Paula Hawkins est vraiment superbe. Je le recommande vivement. Il vous fait pénétrer dans la quotidienneté "british" avec une grande efficacité. Il y a quelques invraisemblances concernant la posture du scripteur par rapport à ses personnages qui parlent tous (je devrais dire "toutes" puisque c'est le point de vue des femmes qui est présenté) à la première personne. C'est donc la description d'un monde de femmes en bute avec les hommes et les sentiments qu'ils leur inspirent. C'est vraiment très convaincant.

mercredi 3 juin 2015

Choux

Hier, j'ai fait une soupe aux choux venus directement du potager de Sergio. J'y ai rajouté oignons, courgette et carotte. Un peu d'huile d'olive et une cuisson un peu plus longue que d'habitude pour que le choux soit bien cuit. Excellente, m'a-t-on dit le soir même.

Des rêves cette nuit, notamment avec Raymond O., qui nous invitait à déjeuner. J'avais garé la voiture dans un champ boueux. Mais je me retrouve sur une moto, qu'il faut garer sur le parking de l'Institut Le Bel à Strasbourg. Martine, la fille de Raymond revenait du Brésil avec deux Brésiliens charmants qui me font penser aux deux jeunes Russes que j'ai rencontrés dans le métro hier après-midi et qui parlaient russe entre eux. Un jeune de 18 ans avec une sorte de blouson affichant U.S.A. en grand. Son compagnon, un peu plus âgé, avait des yeux bleus magnifiques. En fait je revenais de Rossio où j'étais allé à pied pour faire mon heure de marche quotidienne.  J'en ai profité pour acheter quelques graines supplémentaires dans un magasin bio.

L'une des grues d'hier a disparu du sommet de la colline.

mardi 2 juin 2015

Bleu

C'est la couleur du ciel aujourd'hui. Pas un seul nuage sur Lisbonne. Au loin, sur la colline, deux grues immenses ont leur bras tendus dans des directions inverses l'une de l'autre. Un hélicoptère, qui, à cette distance, a l'air d'un moustique, passe et repasse entre les deux grues.

Hier j'ai regardé un match ou deux de tennis à Roland Garros : Nadal contre Sock, Gasquet contre Djokovic. Les champions ont gagné, évidemment. Le doute ne semble pas les effleurer, alors qu'il imprègne l'attitude et le comportement des challengers. Ça se voit.

lundi 1 juin 2015

Promesse



Voilà les jacarandas que j'avais promis. Mais je vous enverrai une autre photo bientôt, quand, les jacarandas ayant perdu toutes leurs fleurs, celles-ci formeront un tapis mauve dans les rues. D'habitude, c'est magnifique.

Hier nous sommes allés chez Sergio, un adorable ami d'enfance d'Isabel, qui vit à la campagne dans un endroit superbe. Nous avons passé une très agréable journée avec un déjeuner de poissons délicieux.