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vendredi 11 octobre 2013

Examen de chimie

Je devais passer un examen de chimie. J'avais déjà rempli une partie du dossier, répondant aux questions (des formules dont il fallait juger la validité) un peu au hasard, même si, une camarade, en voyant mes réponses, m'a dit que j'avais fait beaucoup de progrès. Dans les questions, ou plutôt, dans les réponses préinscrites il y avait souvent le mot "aile". J'avais dû m'absenter un moment et quand je suis revenu dans la salle d'examen il ne restait plus qu'une demi-heure. Je n'avais guère de temps pour terminer l'épreuve. En plus, mon dossier avait disparu. Il avait circulé parmi les autres étudiants – qui étaient surtout des étudiantes d'ailleurs – sauf que dans l'aile droite de cet amphi un peu étrange – il y avait quelques vieux messieurs qui passaient l'épreuve également, en s'appliquant avec tout le sérieux que l'âge peut donner dans ce genre de situation ! Moi, je n'étais pas très sérieux. J'étais habillé comme en plein hiver alors que les étudiantes autour de moi étaient vêtues de T-shirts très légers. Elles voulaient m'aider. Mais je n'avais que des ennuis. Pour pouvoir continuer, j'avais besoin d'une autre feuille blanche et j'allais chez l'appariteur qui était de très mauvaise volonté pour me donner cette feuille. J'étais désespéré. Mais les étudiantes m'encourageaient et cherchaient mon dossier – il était curieusement tronqué, la partie supérieure du dossier manquait – avec moi. J'avais peur que quelqu'un ne présente mon dossier comme étant le sien. À un moment donné, c'est fini, et je vois arriver un vieux flic, très petit de taille, sorti tout droit d'un numéro de L'lllustration du XIXe siècle. Il avait une de ces touches ! Moustachu, avec un casque style "première guerre mondiale" voire guerre de 70, avec un uniforme brun (de la même couleur que le casque, d'ailleurs). Il portait une immense matraque avec laquelle il comptait sortir les étudiants récalcitrants. Il avait aussi une sorte de mallette de vieux cuir légèrement rayé. Dans mes recherches du dossier, je tombe moi aussi sur un cartable vide en cuir, abandonné sur l'étagère sous un banc. Passerai-je l'épreuve ? J'ai l'impression que oui, malgré tous les ennuis que j'ai eus pour la passer.

En faisant le récit de ce rêve et en le relisant, je m'aperçois que j'ai omis plein de petits détails dont la description m'entraînerait dans un flot d'écritures beaucoup plus important. C'est d'ailleurs étrange cette sensation. Je n'écris que pour pouvoir me remémorer le rêve. Je choisis les images à mettre en mots pour que ces mots puissent me remettre les images en tête avec tous leurs détails non mentionnés. Pour n'importe quel autre lecteur que moi, ce rêve a l'air assez détaillé et même précis. Je présume qu'il donne une idée, mais de quoi ? Pour moi, les mots ne sont fidèles au rêve qu'à la condition de faire revenir les images, ce qui est impossible pour un lecteur autre que moi. Par exemple : le dossier est en matière plastique, comme ces dossiers modernes dans lesquels on glisse des feuilles volantes. Il y a des images sur les dossiers. L'un d'eux représente un tableau de Toulouse-Lautrec, avec un homme très maigre, assis, de profil, tout noir parce que dans l'ombre, et qui porte un chapeau haut de forme. Il y a comme ça beaucoup d'autres détails très riches, qui découragent toute verbalisation. Autre exemple : la mallette du policier. Son image est ultra-précise dans ma tête. Elle se ferme grâce à un rabattant en cuir qui couvre toute la mallette. Mais je ne pourrais pas la décrire avec un autre point de vue que celui qui me l'a fait voir telle qu'elle apparaît dans le rêve. Je pourrais aussi me perdre dans la description du bureau de l'appariteur, avec ses tiroirs, ou plutôt ses casiers multiples en bois d'une certaine couleur. Etc., etc. 

Bref, ce n'est vraiment pas simple d'écrire le récit d'un rêve d''après le souvenir qu'on a des images qui le constituaient dans une succession qui, là aussi, est très problématique. La séquence adoptée pour mon récit n'est pas tout-à-fait la même que celle qui, selon moi, faisait se succéder les images du rêve. Par exemple, le rêve a clairement une fin. Mais le début est beaucoup plus estompé dans ma mémoire, comme si, en fait, il n'y avait pas de début du tout. 

D'après Freud, les rêves d'examen ont quelque chose à voir avec la castration. OK. So what ?! Cela ne m'avance guère. 

Cela me fait penser à Annette Lavers, une amie littéraire que j'avais connue à Londres et qui a écrit ses rêves pendant des années dans le cadre d'une autoanalyse extrêment fouillée dont elle m'avait parlé. J'étais sceptique. Son mari, australien, ressemblait un peu à l'appariteur de mon rêve. Je pense assez souvent à lui, parce qu'il avait une façon incroyable de marcher dans la rue. Il longeait les murs, comme s'il voulait disparaître dans ces murs qu'il longeait, les bras écartés du corps, le long des murs, comme s'il voulait en faire partie.  Il portait un costume bleu. Aussi maigre que le personnage de Toulouse-Lautrec. 

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