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dimanche 31 mai 2020

Chine

Je viens de terminer le livre, très autobiographique de Liao Yiwu. La première partie, d'où j'ai tiré l'extrait que j'ai publié avant-hier ne rend pas justice au titre du livre ni à ce qui vient après. J'avais peut-être encore quelques illusions sur la Chine mais depuis la lecture de ce livre, c'est fini. Il s'agit bien d'une dictature féroce qui broie toute dissidence, qui broie les âmes, utilise la torture pour distiller la peur dans le peuple, une peur souveraine et inguérissable. Oui ! ce livre peut légitimement se trouver à côté de ceux de Soljenitzine, ou de Vassili Grossman. À lire.

samedi 30 mai 2020

Maigret

J'ai relu hier, en vitesse, un "Maigret" (Maigret s'amuse) et j'ai été très déçu. Je ne vais pas lire ou relire tous les "Maigret" mais j'ai l'impression que Simenon est bien meilleur dans ses romans dits "durs", sans Maigret, que dans les autres. Il est possible que j'aie choisi l'un des moins bons, je n'en sais rien. Je vais voir ce qu'en dit internet !

Et voici un petit extrait du livre de Liao Yiwu :

"Bottes en cuir, balles, sang rouillé, et le canon du fusil qui te vise. Vraiment une très jolie flamme. Jeune fille rapide comme l'éclair, robe d'un rouge éblouissant. Tu écoutes. Ecoute, ne fuis pas, ne fais aucun mouvement, laisse-la venir de face, laisse-la soudain s'enrouler autour de toi, tu deviens néant, noyau du néant, noyau infiniment petit dans le fruit de l'éternité, ultime noyau. Il 'ny a que toi qui peux te voir pelotonné en boule, ovule transparent, poing sans forme soutenant le menton ; une lumière d'étaoile, comme une fourmi, toque à ta coquille. Le pénis du créateur se dresse entre tes cuisses. Des milliards d'hommes imitent son geste. Éjaculation. Vraiment de très jolies flammes qui transpercent le temps ; sexes et fusils tirent sans cesse, tes mains sont trempées du sang des naissances et du sang du massacre." (p. 107)

vendredi 29 mai 2020

Poussière

Je lis trois livres en même temps: celui de Vinciane Desprets (passionnant), celui de Liao Yiwu (étrange) et encore un de Simenon, La chambre bleue que je viens de finir et que j'ai trouvé vraiment remarquable. J'ai d'ailleurs l'impression de l'avoir déjà lu, mais je ne m'en souvenais pas bien. Je le recommande. Je n'en suis pas encore à "sept d'un coup" dieu merci mais cela ne saurait tarder. 

Il y a plein de poussière de bois dans la maison car on refait tous les planchers. Celui du haut est terminé mais on ne peut pas encore marcher dessus. C'est très beau ! Demain, on redéménage pour réintégrer nos chambres respectives, nous au deuxième étage et Charlotte au troisième. Cela permettra aux ouvriers de finir les planchers du premier étage. J'attends impatiemment le reste de mes étagères pour le bureau afin que je puisse m'approprier ce lieu, qui sera très agréable, même en plein été !

jeudi 28 mai 2020

Liao Yiwu


Je viens de commencer le livre de Liao Yiwu, Dans l'empire des ténèbres (Ed. Globe, 2019). Cet écrivain chinois, qui vit en Allemagne actuellement, a été poursuivi pour sa dénonciation du massacre de Tienanmen, le 4 juin 1989, dans un poème intitulé "Le grand massacre" que je n'ai pas encore lu. En voici le début :


"Le grand massacre commence par le cœur de Pékin 
Quand le Premier ministre s'enrhume, le peuple tousse,
la ville vient d'être fermée, puis bloquée, et enfin assiégée.

La machine d'état de ce vieux pays malade n'a plus de dents
pour broyer le peuple qui résiste et voudrait lui échapper.

Pas l'ombre d'une arme entre leurs mains
et pourtant, ils sont des milliers tombés à terre

Les assassins professionnels, eux, arborant fer et cuivre nagent dans une mer de sang
Un incendie criminel ravage notre maison
Ils ne tremblent pas
d'essuyer leurs bottes de cuir aux jupes des filles mortes

Ils ne tremblent pas ces robots privés de cœur..."

mercredi 27 mai 2020

Steeman

Je viens de lire Quai des Orfèvres de Stanislas André Steeman publié dans la collection "Le Masque" en 1947. Le titre original de ce roman était Légitime défense, publié chez Beirnaerdt en 1942.  Décidément l'écriture liégeoise dans le genre policier a été très créative. Steeman est né à Lière en 1908, un an avant mon père. Je ne me souviens pas qu'il nous en ait dit quoique ce soit. Même chose pour Simenon. J'ai peut-être entendu mon père évoquer une ou deux fois son nom mais toujours avec un certain mépris pour ce concurrent qui avait du succès. C'est bizarre quand même. Ils étaient tous liégeois et de la même génération. Comment se fait-il qu'ils ne se soient pas rencontrés ? Ne fut-ce que pour se stimuler les uns les autres.

*  *  *

Hier, mon urologue m'a libéré du cathéter qui m'avait été mis à la suite de l'intervention de jeudi dernier à l'Hospital da Luz. J'ai demandé au médecin à quoi correspondait le chiffre 18, que j'avais interprèté comme étant des millimètres. Or il ne s'agissait pas de cela. Cela se compte en "french", qui est une unité de mesure destinée à mesurer la section des cathéters, inventée par le Français Joseph Frédéric Benoît Charrière. Un French vaut à peu près 1/3 de millimètre. Donc la section du cathéter que le médecin avait introduit dans mon pénis était de 6 mm, ce qui est quand même pas mal.

mardi 26 mai 2020

Yves


J'apprends la mort, à 68 ans, de mon ami et collègue —mais surtout ami—, Yves Jeanneret. Il a été, avec Jean-Marc Lévy-Leblond, Daniel Jacobi et Joëlle Le Marec, l'un des premiers à considérer mon travail sur la vulgarisation scientifique, comme digne d'attention. Nous étions très proches par nos intérêts intellectuels certes, mais aussi par une sensibilité partagée pour la littérature, l'écriture, la culture en général. Sa mort me peine énormément. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois à Budapest, lors d'un Colloque dont le thème portait sans doute sur la diffusion publique des sciences. Il a été, avec moi, d'une gentillesse extrême, même si, parfois, nous n'étions pas complètement d'accord sur certains points. 

lundi 25 mai 2020

Culpabilité

J'ai commencé la lecture du livre de Vinciane Desprets Habiter en oiseau (Actes Sud, 2019). Ce livre a été "postfacé" par Baptiste Morizot, ce qui n'est pas vraiment étonnant. Mais j'ai interrompu assez vite cette lecture pour lire rapidement un nouveau "Simenon", Les demoiselles de Concarneau, roman qui m'a fait penser à tous ces livres qui traitent de la culpabilité et de la manière dont le sentiment que celle-ci inspire transforme complètement la vie de ceux qui en font l'expérience. Cela m'a permis d'apprécier à nouveau cette belle écriture de l'écrivain liégeois rival de mon propre père. 

dimanche 24 mai 2020

Le train

J'ai tellement aimé le roman de Simenon que j'en ai lu un autre dans la foulée, Le Train (1941). Ici, on est loin des intrigues artificiellement compliquées des auteurs modernes de polars. On est dans la France du Nord-Est en 1939. Les Allemands envahissent la Hollande. Et des vagues de Belges et de Français quittent leurs villages pour se réfugier dans le Sud, en France en l'occurrence. Simenon nous raconte ce voyage d'un homme habitant tout près de la frontière belge, dans les Ardennes. Il s'en va avec sa femme enceinte de sept mois et sa fille. Ils montent dans un train de réfugiés mais l'homme est séparé de son épouse et de sa fille. Il fait connaissance avec une femme dont on apprendra plus tard qu'elle est juive. Ils s'aiment, passionnément. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à l'exil de notre mère en 1940, avec mes deux frères aînés. Les descriptions de Simenon résonnent de façon incroyable en moi : le fatalisme des réfugiés qui sont ballotés par des forces qu'ils ne contrôlent pas, la suspension du temps, la résignation qui pourtant n'affecte pas la possibilité d'un bonheur imprévu, le défilé des gares encombrées ou désertes, la vision des soldats en marche, les arrêts incompréhensibles, les changements de locomotives, les bruits... C'est un livre magnifique, que je recommande vivement à mes sœurs. 

samedi 23 mai 2020

Simenon

Hier soir, j'ai terminé le polar de Bernard Minier Glacé sur mon kindle. La plupart des évaluations de ce texte sur Amazon sont très positives. Pourtant, j'en ai lu une très négative. Et j'avaoue comprendre cet avis qui reproche à l'auteur d'avoir multiplié les poncifs du genre, les clichés, les tentatives de nous plonger dans une atmosphère particulière qui ne change pas au fil des pages, ou plutôt, qui revient à travers les mêmes mots à intervalles réguliers. Je l'ai quand même lu en entier malgré tout. En fait, c'est l'écriture de l'auteur qui ne m'a pas plu. C'est une écriture qui fait sentir au lecteur que l'auteur a des difficultés à écrire justement : on le voit se remettre à l'ouvrage, péniblement, se demandant quand il pourra mettre un point final qui tarde beaucoup trop à venir. En outre, l'histoire est trop compliquée avec de nombreux personnages qui semblent n'apparaître au fil des pages que pour compliquer l'intrigue, la rendre improbable... Aujourd'hui, après avoir un peu erré sur internet, j'ai acheté le livre de Simenon, L'homme qui regardait passer les trains, dont un crique disait que, pour lui, c'était l'un des meilleurs "Simenon". Ce qui m'a mis sur la piste de Simenon ? le livre de Guy Delhasse, Les recettes du polar sauce lapin qui fait une revue des auteurs de polars d'origine liégeoise. Parmi ces auteurs : mon père. Voici un petit extrait d'une critique de ce livre :
"Décidément, le bouquin de Delhasse est une vraie mine où on peut faire la connaissance d’auteurs méconnus, mystérieux, maudits, mythiques… Dans la ville qui a vu naître Simenon en 1903, qui se souvient de Frank Peter Belinda, de Louis-Thomas Jurdant, de Jean-Paul Duvivier ? Ces romanciers ont pourtant connu le succès et des tirages comparables à ceux d’un autre natif de Liège, Stanislas-André Steeman, l’auteur de l’emblématique Assassin habite au 21 et le créateur de M. Wens.

vendredi 22 mai 2020

18mm

Je croyais qu'il ne s'agissait que d'une petite intervention destinée à renforcer les effets de celle que j'avais subie en février. En réalité, j'ai subi une petite anesthésie générale et je suis resté à l'hôpital de 15h à 20h. Le médecin m'a assuré que tout s'était bien passé et que le recalibrage m'a offert une section urètrale de 18 mm ! Enfin, c'est ce que j'ai compris mais cela me semble énorme. En tout cas je devrais pouvoir uriner normalement une fois que l'on m'aura enlevé le tuyau que l'on a de nouveau  inséré dans mon pénis et qui se trouve relié à un sac faisant fonction de vessie ambulante. Bien sûr j'ai la possibilité d'avoir un sac plus petit que je m'attache autour de la cuisse et qui, donc, ne se voit pas, une fois habillé. Mais pour cela il faut changer de sacs, ce qui est une opération délicate, quand on veut la faire proprement. Donc, je suis resté au lit et les trois chats de la maison m'ont rejoint et se sont endormis autour de moi.

mercredi 20 mai 2020

Négatifs

Les tests que j'ai subis hier se sont révélés négatifs ce qui fait que cette opération de "recalibrage" de mon urètre va pouvoir être effectuée demain par mon urologue. Un mauvais moment à passer pour espérer un mieux. 

Ce matin dans Le Monde, plusieurs articles allant dans le sens de l'ouvrage que je venais de lire de Baptiste Morizot, sur l'importance des interdépendances non seulement entre humains, mais aussi, et surtout peut-être, entre humains et non-humains : un entretien avec Philippe Descola, une critique du livre de Corine Pelluchon, Réparons le monde : humains, animaux, nature, Collection Rivages, 2020... On dirait que sur ce front là, ça bouge. 

mardi 19 mai 2020

Test

Je suis allé de bon matin à l'Hospital da Luz pour me faire tester au Covid-19. Ils m'ont enfoncé une longue tige dans chacune de mes narines, puis, tout au fond de ma gorge. Ensuite ils m'on fait une prise de sang pour un test serologique, je suppose. J'aurai les résultats jeudi, le jour même de cette opération de recalibrage si je suis testé "négatif" au Coronavirus. Rien que le test m'a coûté plus de 200 euros, ce que nous (Isabel et moi) trouvons scandaleux. Isabel a fait une réclamation officielle. 

dimanche 17 mai 2020

Déménagement

Aujourd'hui, on déménage à nouveau. Au lieu d'habiter le quatrième étage, nous allons nous réfugier, pendant une semaine, au premier étage afin que les ouvriers puissent poncer les sols du quatrième et des escaliers. Ponçage puis vernis, un vernis particulièrement résistant, celui que l'on utilise d dans les magasins. Il faut en effet que l'on puisse utiliser la cuisine sans porter une attention constante à ne rien renverser sur le sol. Comme il faut libérer tout le parquet du quatrième, beaucoup de choses vont évidemment se retrouver dans mon bureau en plus des caisses de livres qui n'ont pas encore pu être déballées, la moitié de mes étagères étant encore en instance de construction chez le menuisier. 

samedi 16 mai 2020

Enquête

Je suis en train de lire un livre merveilleux : Manières d'être vivant : enquêtes sur la vie à travers nous (Actes Sud, 2020) de Baptiste Morizot. C'est une suite passionnante au livre d'Abram que j'ai si souvent recommandé à mes amis. Il m'a également fait penser à Joe Hutto, et sa passion pour les "wild turkeys" dont j'ai parlé le 17 janvier 2016 dans ce même blog. En tout cas c'est une piste formidable pour tenter de réinventer notre nature, notre animalité, notre humanité. Dans la première partie il évoque sa propre expérience de "pisteur" de loups dans le Vercors. Il a été l'invité d'Adèle van Reeth pour "les chemins de la philosophie" le 4 avril 2016. Je publie ce petit extrait sur l'enquête, en pensant à Joëlle qui aurait certainement pu inspirer ces mêmes idées.

« Cette approche est paradoxalement d’une grande violence envers l’animisme : elle oublie que la spécificité de l’enquête dans d’autres formes culturelles que la nôtre, ce n’est pas qu’elle est absente, c’est qu’elle est continue, immersive et partagée par tous. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de réflexion analytique chez les chasseurs-cueilleurs, c’est qu’elle est diffusément là tout le temps, tissée au reste. Contrairement à notre tradition où elle est officiellement localisée dans des actes isolés de “recherche”. Nous sommes, depuis les théoriciens grecs, les clercs médiévaux et jusqu’aux chercheurs de métier actuels, la seule civilisation qui a autonomisé et confisqué le champ de l’enquête, en professionnalisant le métier d’enquêteur (on appelle cela un scientifique, ou un expert), aspirant tout le savoir légitime comme produit de l’activité de quelques-uns. C’est une confiscation d’une grande violence, qui invisibilise que tout le monde, dès qu’il est en prise avec la vie, enquête. Les praticiens de tous les pays, autochtones amazoniens ou paysans de la Creuse, passent leur temps à enquêter, sans protocoles expérimentaux officiels ni peer-reviewing. Certains sont brillants et captent mille choses inconnues des autres, mènent des enquêtes précises, intuitives, imaginatives et pourtant finalement exactes, aboutissant à des savoirs fascinants, comme on le voit aussi bien chez les agroécologues et permaculteurs australiens que chez les pisteurs bushmen du Kalahari. Certains, c’est comme pour tout, sont plus obtus, appliquent des recettes, s’arrêtent sur des certitudes dogmatiques, projettent des sens qui ne sont pas là, raisonnent par habitudes de pensée, par facilité, par superstition. Mais l’enquête est là, elle est partout, c’est le nom caché de la vie. »

vendredi 15 mai 2020

Biden

Comme je suis enregistré comme électeur à El Paso, je reçois les pubs du parti démocrate. J'en reçois des dizaines chaque jour, ce qui encombre sérieusement ma boîte de réception. En tout cas je suis frappé par l'importance de l'argent dans le processus de cette élection américaine. On nous sollicite en permanence pour soutenir financièrement le candidat Biden qui, malheureusement, m'apparaît bien souvent comme un candidat bidon. Mes préférences allaient vers Elisabeth Warren et Bernie Sanders qui, au moins, défendaient quelques idées. Biden donne une impression de mollesse, surtout par rapport à la brutalité machiste et raciste d'un Trump. En outre, il est suspecé de harcèlement. Bref, ce n'est pas un personnage très enthousiasmant. Peut-il battre son rival ? Ce n'est pas sûr, tant il fait pâle figure dans les médias. Je trouve que c'est très préoccupant.

jeudi 14 mai 2020

Sonnette

Aujourd'hui soir, nous aurons une sonnette. Les gens qui voudront nous rendre visite pourront sonner à la porte et nous pourrons ouvrir celle-ci électriquement. Nous aurons également un interphone qui nous permettra de savoir qui veut entrer. Petit à petit, comme on le voit, les choses s'améliorent. Soyons optimiste.

mercredi 13 mai 2020

Recalibrage

Je suis allé revoir mon urologue hier après-midi. La situation s'était bien améliorée depuis l'opération mais elle se dégrade à nouveau ce qui fait que j'aurai besoin d'une petite intervention de recalibrage de mon urêtre, la semaine prochaine. Pas très réjouissant. Avant de pouvoir subir cette petite opération, je devrai être testé au Covid-19, à l'hôpital, quelques jours avant, à savoir lundi prochain. Si le test est positif, je ne pourrai pas être opéré. Je ne connais pas encore la stratégie alternative qui dès lors s'imposera. 

lundi 11 mai 2020

Ennui ?

Deux jours sans blog : un moment de repos pour moi au sein du confinement, comme si celui-ci assèchait l'inspiration en nous entraînant dans un temps vide de tout divertissement, un temps propre pour l'ennui. Mais l'ennui ne m'ennuie pas, au contraire. Et j'ai quand même tout le temps des choses à faire, des coups de téléphone à donner, des livres à terminer —après les Lettres à Lucilius de Sénèque (pas terminé) j'ai entamé un roman de Joseph Conrad, L'agent secret, écrit en 1907 qui nous présente des personnages si bien décrits qu'on croit les avoir rencontrés — et, bien sûr, la cuisine de temps en temps et du repassage ! La nuit, je compose des haïkus dans les intervalles que me procurent de brèves insomnies. En voici deux :

Le long du corps ou
Repliés d'un seul côté,
Que faire des bras ?

Confiné, que vis-je ?
Mise en images d'hiers
Ou vif de l'instant ?

Ce ne sont pas vraiment des haïkus mais plutôt des "rugues" comme nous les avons nommés, Richard et moi, quand il a lu mes premières tentatives dans ce genre poétique (que l'on peut retrouver dans les archives de ce blog —2018—). Richard me disait qu'il y avait quelque chose de rugueux aussi bien dans l'écriture que dans l'inspiration, d'où ce nom : "rugues".

Je travaille également la première phrase de cet aricle que je dois remettre bientôt à l'un de mes collègues du Centre de Philosophie des Sciences de Lisbonne sur le confinement. C'est fou ce que les premières phrases importent quand on se met à écrire. Une première phrase ratée nous jette dans l'impasse et l'écriture s'éteint. Réussie, elle nous oblige à poursuivre. C'est quand la deuxième arrive que l'on peut dire de la première qu'elle est réussie. 

vendredi 8 mai 2020

Camus

Dans la lettre quotidienne de RetroNews, aujourd'hui, on évoque un article qu'Albert Camus a publié en juillet 1948 dans le journal qu'il avait fondé, Combat. Intitulé "Ni victimes, ni bourreaux", l'auteur nous enjoint de croire encore au dialogue entre les hommes, de croire en l'efficacité de la parole. Voici un extrait de cet article qui me semble ne rien avoir perdu de sa pertinence au moment où nous aussi, nous devons choisir entre le monde d'avant, le monde des abstractions et des idéologies absolues, de la course aux armements et aux richesses, et le monde d'après, celui que la grande majorité des hommes désire ardemment, un monde où l'humain se définit à travers les figures de l'altérité :

"Naturellement, ce n’est pas la première fois que des hommes se trouvent devant un avenir matériellement bouché. Mais ils en triomphaient ordinairement par la parole et par le cri. Ils en appelaient à d’autres valeurs, qui faisaient leur espérance. Aujourd’hui, personne ne parle plus (sauf ceux qui se répètent), parce que le monde nous paraît mené par des forces aveugles et sourdes qui n’entendront pas les cris d’avertissements, ni les conseils, ni les supplications. Quelque chose en nous a été détruit par le spectacle des années que nous venons de passer. Et ce quelque chose est cette éternelle confiance de l’homme, qui lui a toujours fait croire qu’on pouvait tirer d’un autre homme des réactions humaines en lui parlant le langage de l’humanité. * Nous avons vu mentir, avilir, tuer, déporter, torturer, et à chaque fois il n’était pas possible de persuader ceux qui le faisaient de ne pas le faire, parce qu’ils étaient sûrs d’eux et parce qu’on ne persuade pas une abstraction, c’est-à-dire le représentant d’une idéologie. Le long dialogue des hommes vient de s’arrêter. Et, bien entendu, un homme qu’on ne peut pas persuader est un homme qui fait peur. *" 
* C'est moi [BJ] qui souligne.

Cette dernière proposition que j'ai mise en italique me fait penser à cette parole d'Aristophane tirée de sa comédie Ploutos, où il met en scène l'utopie d'un monde défendu par Khrémylos, d'où Pénia, la pauvreté aurait été bannie. Pénia défend les bienfaits de la pauvreté devant Khrémylos qui, face aux arguments qu'elle lui donne, rétorque : 
"Tu ne me persuaderas pas même si tu me persuades."
Cette citation était en exergue de ma thèse d'Etat.

jeudi 7 mai 2020

Berlin

Berlin en 1945, la dernière année de la guerre. Le documentaire diffusé par Arte, mardi dernier, est très impressionnant. Le fanatisme des derniers soldats face à l'Armée rouge, les destructions massives du tissu urbain, la faim, le désarroi, etc., la guerre est vraiment un gaspillage stupide de vies humaines, et de richesses... on se demande vraiment pourquoi cela existe car il n'en sort jamais rien de bon. J'ai encore la deuxième partie de ce documentaire à voir. Peut-être ce soir ! 

mercredi 6 mai 2020

Stańko

Dans cet esprit de retour à la musique qui m'anime en ce moment, j'ai ré-écouté la musique que Zbyszek m'avait demandé de lui ramener de Paris la veille de sa mort en septembre 2017 : il s'agissait de Litania (Part one) de Krzysztof Komeda interprêté par Tomasz Stańko.  Ce morceau se trouve dans l'album Remembering Tomasz Stańko que l'on peut écouter sur Youtube à cette adresse :


Tomasz Stańko est mort en juillet 2018 après une immense carrière de trompettiste de jazz. Je crois que Zbyszek avait une grande admiration pour ce musicien surprenant.

mardi 5 mai 2020

Troglodytes

Ce matin, Adèle van Reeth a consacré son émission au statut des vieux dans l'antiquité. L'une de ses invitées —dont je ne me souviens plus du nom— a évoqué à ce sujet la tradition des Troglodytes, que les Grecs connaissaient. Quand vous arriviez à l'âge de soixante ans, vous deviez vous étrangler vous-même avec une queue de vache. En cas de refus, certains de vos descendants s'empressaient de le faire à votre place, toujours avec une queue de vache. L'explication de cette coutume : les Troglodytes étaient nomades et ne pouvaient guère s'embarrasser de la lenteur des vieux quand il s'agissait de changer de lieu d'habitation pour que les moutons puissent trouver de nouveaux pâturages. Je crois qu'une coutume analogue était évoquée également dans le film Mondo Cane, de Paolo Cavara et Gualtiero Jacopetti, sorti en 1962, et qui, si je me souviens bien, parlait de cette tribu africaine [???] nomade qui se débarrassait elle aussi de ses vieux. Quand ils n'arrivaient plus à suivre, ceux-ci s'écartaient volontairement du chemin pour aller dans la brousse. Entendant du bruit, les plus jeunes lançaient leurs javelots dans la direction du bruit, faisant semblant de croire qu'il s'agissait d'un animal sauvage. Les vieux mouraient ainsi pour le bien de la communauté. Aujourd'hui, dans nos sociétés, les coutumes sont apparemment plus légères, en faisant appel au pharmakon de Big Pharma, remède ou poison, selon les circonstances ! En tout cas, si j'étais né dans une tribu nomade, le "bédouin" que j'aurais été, n'aurait pas pu écrire cet article ! 

lundi 4 mai 2020

Musique

Nous sommes revenus à des températures plus normales pour la saison : autour de 20°. C'est très agréable.

Depuis quelque temps —il est possible que le confinement ait contribué à ce changement—, je suis revenu à la musique avec ce petit cube Sony qu'Isabel m'a offert il y a déjà longtemps et que j'ai tendance à promener partout maintenant. Ainsi, comme je l'ai déjà évoqué récemment, je redécouvre Garbarek, Keith Jarrett, et tous ces opéras qui ont meublé musicalement mes années strasbourgeoises et parisiennes. Je m'endors avec la musique et le matin, je prends ma douche en écoutant Maria Callas ou Luciano Pavarotti. 

dimanche 3 mai 2020

32°

Le soleil est là. Il fait une chaleur de 32° et la rue est loin d'être déserte malgré le maintien des consignes de confinement, en tout cas jusqu'à demain. Cette journée d'été a vu les Portugais sortir de chez eux, en tout cas là où nous habitons. Ils font d'ailleurs beaucoup de bruit comme si, au silence qui a règné pendant quelques semaines devait suivre les pétarades de motos emballées et les cris des adolescents impatients. 

samedi 2 mai 2020

Plague

Hier j'ai lu le petit livre de Jack London, The Scarlet Plague, sur mon Kindle. Une histoire passionnante qui se situe dans les années 2020 alors qu'elle a été écrite un siècle auparavant. C'est donc un petit livre de science-fiction, dont le récit anticipe assez bien ce qui se passe aujourd'hui sur notre planète. Comment se fait-il que les écrivains réussissent si bien à nous donner des représentations assez justes des mondes à venir ? C'est un peu angoissant. 

vendredi 1 mai 2020

Impuissance

Richard m'a envoyé un lien pour écouter une interview de Jean-Dominique Michel, un anthropologue de la santé exerçant en Suisse à Genève. Cet interview est dévastatrice en ce qui concerne la manière dont les gouvernements européens ont géré l'épidémie du Covid-19, en prenant des décisions généralement stupides et sans assumer leurs responsabilités politiques par rapport à la pandémie. Cette interview est assez longue mais j'ai trouvé que ça valait le coup de l'écouter jusqu'au bout. Voici le lien :

Par ailleurs, Joëlle m'envoie par Facebook l'article du docteur Christian Lehmann, article qui n'est pas tendre pour les gens au pouvoir. Voir ici :

On ne compte plus les attaques et les critiques plus ou moins virulentes adressées au gouvernement qui, après nous avoir menti à longueur d'épidémie, continue à ne plus savoir comment exercer les pouvoirs qu'on lui reconnaît. C'est un désastre. Le désastre d'une ignorance de plus en plus visible et d'une impuissance surprenante. Il est bien possible que le danger soit là, dans cette impuissance qui ne peut plus compter que sur la violence pour faire croire que le pouvoir existe encore.