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vendredi 29 juin 2018

Maman

Ce qui m'arrive rarement, j'ai rêvé cette nuit de ma mère. Ce qui me semblait d'ailleurs être un long rêve. Nous nous donnions la main dans un parcours à Strasbourg. Elle était sans doute déjà malade, en tout cas, fragile, ce qui fait que je me sentais chargé de la protéger. Mais nous étions joyeux tous les deux. 

À Luxembourg, nous avons du mal à faire fonctionner correctement notre nouveau blog QUBE, "Questionnements bruts sur l'éducation". Il semblerait que les membres-auteurs de ce blog —les anciens du CEIP— ne reçoivent pas les notifications des articles ou des commentaires. Nous allons essayer de régler les problèmes ce matin. Nous créons ce blog pour que des liens associés au partage de nos préoccupations sur l'école puissent se nouer en dehors de nos réunions bi-annuelles à Luxembourg.

jeudi 28 juin 2018

Théâtre

Je vais au théâtre ce soir, assister à une pièce conçue, écrite et jouée par les élèves du lycée Ermesinde. Il s'agira des années 50, et le public est censé participer à l'action. Nous serons dans un café qui servira des hamburgers (Aïe). Les élèves feront le service en patins à roulettes. Je me réjouis de voir ce que ça donne et j'en dirai plus, sans doute, après avoir assisté à la représentation. J'essayerai de prendre une ou deux photos.

*  *  *

Beaucoup de fantaisie, d'imagination débridée et de musique Rock'n Roll, évidemment mais un peu long quand même comme spectacle. 

mercredi 27 juin 2018

Images

Je repars ce matin pour Luxembourg. J'ai eu une insomnie à partir de 4h00. Cela ne me pose plus vraiment de problèmes, les insomnies. Parfois je me lève pour lire ou écrire un peu. Souvent je reste au lit, les yeux fermés, plein de pensées. J'essaye d'entamer des rêves, qui s'échappent... à cause des pensées justement. Pour que le rêve soit vraiment amorcé, il faut se laisser porter par des images qui se transforment. La pensée a tendance à les stabiliser ce qui fait qu'elles n'évoluent plus par elles-mêmes. La pensée fonctionnerait-elle comme un barrage pour les images ?

Finalement je ne finirai pas le livre de Frank Witzel avant mon départ. J'ai encore une centaine de pages à lire pour terminer. En tout cas, c'est un livre passionnant, pas simple, un vrai labyrinthe même, avec plein de portes justement, des portes entrouvertes, parfois fermées. Je ne l'emmène pas avec moi. Il est trop lourd. Trop gros. Je le finirai à mon retour, vendredi.

mardi 26 juin 2018

La porte

Ce matin, alors que je pratiquais l'exercice de l'équerre, j'entendais l'interview de Georges Didi-Huberman qui évoquait le symbolisme lié à la porte, en s'appuyant notamment sur la scène du Procès de Kafka, où l'homme de la campagne ne franchit pas la porte qui pourtant lui était destinée. Les propos de Didi-Huberman étaient très intéressants. Mais quelle ne fut pas ma surprise de retrouver cet après-midi, dans le roman de Frank Witzel, un passage qui évoquait de manière incroyablement fidèle à ce que j'avais entendu le matin sur France-Culture :
"Mais qu'est-ce qui nous fait sortir de ce marécage qui nous entraîne constamment vers la profondeur, celui de notre constitution émo-tionnelle et donc généralement, humaine, sinon la porte, cette invention fondamentale de l'être humain, qui semble tellement liée à sa nature la plus profonde que l'on aurait envie de paraphraser un mot célèbre de Jacques Lacan : L'inconscient paraît strucutré comme une porte. Hubert Fichte ne voulait pas être le quatre cent cinquantième Blanc qui mène des recherches sur les portes des Dogons, il préférait apprendre quelque chose sur les institutions psychiatriques. Mais ne se peut-il pas que la porte soit justement étroitement apparentée à la psyché ? Car c'est le malade mental qui, souvent, considère qu'il est menacé au plus profond de lui-même par un orifice, un trou, un passage, une membrane, bref : une porte. La porte signale la nature de l'autre, car sans elle il n'y aurait pas de possibilité d'apprendre quoique ce soit sur ce qu'il y a derrière l'autre et sur son espace. Elle n'apparaît qu'au fou comme un additif véniel à la chambre ou au bâtiment, et au seul inattentif comme un afaiblissement des strucutres, alors que, justement, lors des catastrophes, on cherche refuge dans les cadres des portes, puisque ce sont elles qui restent debout. Plus de maison, juste une porte. À côté des décombres. Dans la rue. Cela aussi correspond au sentiment existentiel du malade mental, qui n'est plus que passage, auquel manquent les bornes, les murs. Il croit être devenu d'un seul coup sans limites, puisqu'on peut aussi contourner une porte qui n'est accrochée à rien. Mais celui qui l'a fait une fois, en a contourné une à la campagne ou sur un terrain vague, celui-là sentira encore plus sa force son action, celles d'un crime contre les lois de la nature. La porte est symbole de la ville, ce qui explique pourquoi, chez Kafka, c'est un homme de la campagne qui veut qu'on le laisse franchir la porte et qu'on ne laisse pas passer, du fait même qu'il est de la campagne, bien que la porte ne soit destinée qu'à lui, en tant que porte de la conversion, si l'on peut dire, que je peux seulement franchir si je me défais de mon origine et de l'espoir de trouver ce qu'il y a derrière pour accéder à la grâce du passage. Une maison pleine de mets, la porte y est oubliée, dit une énigme pour enfant qui ne peut plus penser le monde sans porte et ne peut pratiquer l'appropriation du monde qu'à l'aide du portail à projeter sur tous. Auncu théâtre de boulevard ne fait l'économie d'une porte." 
(pp 765-767). Et, bien sûr, ça continue dans le même style pendant plusieurs pages de cet immense livre.

Rôle

Cette nuit, j'ai rêvé que j'étais à Toulouse et que je jouais mon rôle dans la petite pièce que j'ai écrite avec Jean-Patrick et Jeannot pour l'ESOF : Is Science a Humanism ? Jean-Patrick faisait un excellent Professeur Strabismus et Uli, un parfait avocat. L'échéance approche. Je n'ai pas encore appris mon texte et je ne sais toujours pas où je vais dormir à Toulouse. Angoisse ? Non. Même si je suis parfaitement conscient de n'avoir aucun talent d'acteur. Je ne réussis pas être autre chose que ce piètre moi-même qui résiste à se laisser définir par les contextes et les circonstances variables de l'existence. Il y a là une sorte d'incapacité, à la limite quelque chose qui relève d'un handicap ou tout simplement de l'humaine bêtise. Il ne s'agit pas d'auto-dénigration. Ne pas pouvoir se couler dans le moule d'un rôle conforme aux attentes qui le pré-définissent, comme le fameux garçon de café de Sartre dans L'Être et le néant, relève d'une impuissance sociale particulière à propos de laquelle je m'étonne encore, de temps en temps. Peut-être n'est-ce qu'un manque d'entraînement ? Une sorte d'attachement maladif à l'impossible substance d'un moi éphémère ? 

lundi 25 juin 2018

RAF

Le livre que je suis en train de lire est très étrange. Il évoque des sentiments et des émotions dont on fait l'expérience au cours de l'enfance et de l'adolescence au cours des années 50/60 de manière très juste. En même temps il pratique à profusion l'association libre qui nous renvoie à une culture très large et plutôt littéraire. Ce livre est un feu d'artifice.


J'aimerais pouvoir le finir avant mon départ à Luxembourg, mercredi matin mais je ne suis pas sûr d'y parvenir. 


J'ai beaucoup de choses à faire pour le moment dont la moindre n'est pas l'apprentissage de mon rôle dans le dialogue que je vais présenter avec Jean-Patrick lors de l'ESOF à Toulouse. 

dimanche 24 juin 2018

Paréidolie

Je lis dans le roman de Witzel, page 442 : "Ce qui est sans visage éveille toutefois en nous un sentiment de pitié encore plus profond, qui pénètre presque dans le domaine indifférencié de l'âme. Quand, par exemple, j'observe dans mon cendrier les mégots de cigarette qui, petits êtres sans visage dans leur petite peau blanche, finement rayée etpresque invisible, se recourbent dans la flaque de cendres de ce vieux dessous-de-plat, je ressens plus de sympathie que je ne pourrais jamais en éprouver pour un homme qui me regarderait fixement et d'un aire désemparé.
Et c'est précisément parce que nous ne supportons pas ce sentiments de pitié que nous devons tout de suite et partout reconnaître des visages : les deux mégots de cigarettes se courbent dans l'arrondi du cendrier pour devenir des sourcils, l'encorbellement se transforme en nez de la maison, son toit en un chapeau au dessus duquel rit une large lune. Tout est tellement visage à nos yeux que nous pourrions à tout moment prêter des yeux, un nez, une bouche et des oreilles à n'importe quelle entité, si amorphe fût-elle, et à la place précise où il font défaut."

Il y aurait beaucoup à dire autour de ce passage et de cette capacité que nous avons de voir (reconnaître) des visages humains dans des nuages, dans de vieux sacs jetés dans un coin, dans le fond d'une poubelle, un jeu de broussailles ou un pan de montagne enneigée. Il s'agit de paréidolie. Nous activons à ce moment-là une aire particulière de notre cerveau dans la région occipitale, l'aire 17 de Broadman, si je me souviens bien, dans notre hémisphère droit, symétrique de l'aire qui, à gauche, est spécialisée dans la lecture. 

Hier nous sommes allés manger avec Richard, Lucia et Pedro dans un restaurant végétarien bon marché et excellent, recommandé par Richard. Après quoi, nous sommes allés prendre une tisane dans le petit jardin très fleuri et odorant de Lucia et Pedro. 

samedi 23 juin 2018

Ayahuasca

Il fait beau. Hier matin, il pleuvait. Mais le ciel s'est éclairci en cours de journée. Isabel va sans doute aller à la plage. 

Nous sommes allés faire des courses hier après-midi. Beaucoup de légumes et de fruits. Je ne mange toujours pas de porc ni ne bois aucune goutte d'alcool. Est-ce que cela a une incidence sur ma santé ? Je n'en sais rien mais il est clair que cela donne des couleurs à mon humeur. En fait, je continue sur une lancée qui a été initiée par cette cérémonie de l'ayahuasca à laquelle j'ai participé le 21 avril dernier. J'aimerais d'ailleurs renouveler cette expérience qui m'avait émerveillé. Je cherche une occasion pour la deuxième moitié du mois de juillet ou pour août. Tiens ! alors que j'en parle, je me souviens du rêve de cette nuit qui tournait autour de l'ayahuasca. Comme quoi l'inconscient ne se trouve jamais en panne.

vendredi 22 juin 2018

Witzel

Beaucoup de rêves cette nuit. L'un d'eux m'a transporté à Toronto où j'ai rencontré mon cousin Derrick de Kerkhove qui a dirigé le centre MacLuhan pendant un certain temps. Il m'avait invité chez lui. Il avait une maison très fragile, une sorte de "mobil home" en bois, avec plusieurs blocs séparés. Il me présente sa mère. Je le quitte assez vite pour skier juste à côté de chez lui. Il n'y a presque plus de neige.
*  *  *

J'ai commencé le roman de Frank Witzel, Comment un adolescent maniaco-depressif inventa la fraction armée rouge au cours de l'été 1969 (Grasset, 2018). Je me retrouve assez bien dans ses descriptions de la vie psychique d'un enfant qui passe à travers toute une série d'expériences très ordinaires mais dont la résonnance psychologique peut avoir une ampleur insoupçonnée où les phantasmes cotoyent les bonbons acidulés multicolores, les premières cigarettes, le premier baiser, et les hontes, les petits mensonges et les rêves. C'est un livre qui se lit facilement. Heureusement car il s'agit d'un volume de 1000 pages que je ne finirai sans doute pas de sitôt.

*  *  *

Hier soir, sur Arte, j'ai vu l'opéra de Verdi, Macbeth, présenté par l'Opéra de Berlin avec Anna Netrebko et Plácido Domingo dans les rôles principaux et une mise en scène de Harry Kupfer, mise en scène que je n'ai pas aimé du tout, à tel point que j'ai quitté le spectacle avant la fin. Il faut dire que le son n'était pas excellent non plus. Mais le choix d'un décor sombre et quelque peu chaotique ne m'a pas plu, pas plus que cette modernisation où Macbeth se promène avec un képi d'officier nazi... pour évoquer quoi ? 

jeudi 21 juin 2018

Actualité

Comme me l'a fait reparquer Françoise W., j'ai été un peu dur hier avec le livre de Lionel Duroy que je termine aujourd'hui avec plaisir. Son style intimiste, qui ne tombe jamais dans l'exhibitionnisme, est très agréable à lire et l'histoire qu'il nous raconte, dans les zones mystérieuses de l'Allemagne du Nord, retient assez bien le lecteur que je suis. 

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En regardant les infos hier sur France 2 —ce que j'avais négligé depuis quelques jours— je suis assez  préoccupé par l'évolution de la situation internationale : la guerre commerciale entre les Etats Unis et la Chine, la montée des mouvements populistes, le rejet européen des migrants, la fragilité de l'UE, l'accentuation des fanatismes identitaires et religieux, l'arrogance des riches toujours plus riches et la subalternisation des pauvres toujours plus pauvres, bref, on dirait que rien ne va plus dans le monde des humains. Mais aussi, n'est-ce pas de ma faute, celle qui consiste à assister au spectacle du monde à la télé ? Ne vaudrait-il pas mieux ignorer tout simplement ce sur quoi on n'a aucune prise ? Se centrer sur notre voisinage immédiat ? Oublier le monde et les enchères médiatiques qui nous le font voir toujours plus menaçant ? L'actualité est une sorte de drogue. 

mercredi 20 juin 2018

Échapper

C'est le titre du livre que je lis en ce moment : Échapper de Lionel Duroy (Julliard, 2015), un livre curieux qui s'interroge sur l'écriture et la lecture, sur l'espace que le livre offre en accueillant le lecteur comme dans une maison où il a la possibilité de se retrouver dans un monde familier. "La vie réelle, dit l'auteur par la voix d'Augustin, ne serait pas supportable sans les livres, ceux que nous lisons et ceux que nous écrivons." J'avoue ne pas partager cette idée qui exprime une vision très pessimiste de la vie. Il semblerait que Lionel Duroy soit un écrivain d'extrême droite [je ne devrais pas colporter ce genre de choses qui viennent directement d'internet et qui n'ont aucun intérêt réel - je suis le premier à condamner de tels jugements hâtifs, péremptoires et mal documentés], issu d'une famille d'aristoractes désargentés. C'est vrai que sur la photo que j'ai trouvée sur internet, il a une belle tête, une expression désabusée et légèrement ironique. Mais, Mister Duroy, le monde réel n'existe pas pour qu'on l'aime ou qu'on le déteste. 

mardi 19 juin 2018

Osho

C'est le nom de Baghwan Shree Rajneesh, ce gourou indien de Puna qui avait construit une communauté dans l'Orégon et qui, poursuivi par la justice américaine, a dû fuir les Etats Unis pour revenir à Puna où il est mort en 1990. Je viens de voir la série documentaire, Wild Wild Country produite par Netflix sur l'histoire de cette implantation en Orégon d'une nouvelle façon de vivre, sans religion et dans la joie de l'amour. C'est Fred qui m'avait recommandé cette série et j'avoue avoir été passionné par cette histoire étrange. Je crois que c'est ce gourou qui, il y a au moins 25 ans avait séduit mon ami Georges Gross, qui, quand je l'avais connu en Angleterre, m'avait fait participer à des séminaires de travail sur la traduction des Écrits de Jacques Lacan. En tout cas je recommande vivement à mes lecteurs de voir cette série documentaire intéressante et fabriquée à partir de documents visuels authentiques.

lundi 18 juin 2018

Zeniter

Dans l'avion, j'ai lu le roman d'Alice Zeniter, Juste avant l'oubli (J'ai lu, 2015, Prix Renaudot des Lycéens). J'avais choisi ce livre parce que j'avais beaucoup aimé L'art de perdre, qui avait obtenu le Goncourt des lycéens (voir 5/11/2017, "Perdre"). J'ai été déçu par l'histoire que nous raconte Alice Zeniter, celle d'un écrivain de polars anglais, Galvin Donnell, qui termine sa vie sur l'île quasi déserte de Mirhalay de l'archipel des Hébrides en Ecosse. Elle nous décrit un monde sans surprises, celui d'un groupe de spécialistes de littérature, fanatiques de cet auteur, qui se réunit pour un colloque sur cette île et au cours duquel il ne se passe quasiment rien, ce qui, disons-le, est souvent le cas de ces réunions intellectuelles généralement assez stériles. 

Hier mon avion a eu trois heures de retard. Je suis arrivé chez moi si fatigué que j'ai passé la plus grande partie de la nuit sans le moindre réveil intempestif. 

dimanche 17 juin 2018

Electronique

Hier soir, j'étais seul dans l'hôtellerie du lycée Ermesinde avec Fred. Il m'a invité à dîner dans un restaurant chic de Beringen, petit village "perdu" au fin fond du Luxembourg, juste à côté de Mersch. "Perdu" n'est pas vraiment le mot juste ici, pour décrire un village luxembourgeois car rien ne peut vraiment être déclaré perdu dans un pays si petit. Mais bon, le mot évoque la campagne, les oiseaux qui nous réveillent le matin, les vaches autour du village, l'absence de bruit des moteurs de voiture et de camions, les collines boisées alentour qu'il est délicieux d'arpenter à la recherche de champignons. Le dîner fut excellent et très chaleureux avec une échansonne italienne souriante et aux petits soins pour nous. Au retour cependant, nous avons eu une mauvaise surprise : la carte électronique qui permettait à Fred d'entrer dans sa chambre ne fonctionnait plus. Or, nous étions seuls dans cet immense bâtiment du lycée. Nous avons fini par trouver et appeler le bon numéro. Quelqu'un est venu pour reprogrammer cette carte électronique après une heure d'attente. Comme quoi, l'électronique peut avoir des défaillances. Comme s'il y avait quelque chose d'humain dans son fonctionnement. 

samedi 16 juin 2018

Golem

Quand j'ai ouvert les yeux ce matin, il y avait un voile gris devant ma fenêtre, un voile de brume qui me séparait de toutes les choses, des collines et du village, des arbres proches, des champs, du monde.  Seuls les nombreux chants d'oiseaux m'informaient que le monde était encore là, juste derrière le carreau entrouvert. 

A Luxembourg, nous avons cherché un nom pour le groupe qui a émergé des cendres du CEIP. Toutes sortes de propositions ont été lancées à travers la table du dîner. Nous voulons, semble-t-il, que les termes "questionnement radical de l'éducation" y figurent, puisque c'est de cela qu'il s'agit. Fred a trouvé quelque chose d'intéressant : GOLEM. 

vendredi 15 juin 2018

Intranquillité


Hier soir, comme d'habitude, nous avons eu droit à un buffet magnifique avec saumon, crevettes, crabes, tomates, salades, charcuterie, bref un repas plantureux. Nicole et moi avons imaginé les yeux admiratifs de Guychou devant cette performance de notre chef cuisinier de Luxembourg. J'ai pris une photo, comme il le faisait chaque fois pour se remémorer ces moments gastronomiques et chaleureux.


Les séquelles de mon opération n'ont rien à voir avec des douleurs, à part le dos qui continue à ne pas vouloir se faire oublier. Il s'agit plutôt, à travers la fréquence avec laquelle mes tripes et ma vessie me pressent de s'occuper d'elles, de cette insistance du corps à se rappeler à mon attention. Difficile de se concentrer sur autre chose dans ces conditions. Mon corps ne me laisse pas tranquille. Ce n'est pas l'intranquillité spirituelle de Pessoa. C'est une intranquillité du corps.

jeudi 14 juin 2018

Paris-Brest

Dans l'avion, j'ai lu Paris-Brest de Tangy Viel, livre que Martine m'a donné en échange de son autre ouvrage Article 353 du Code pénal, dont elle vient de me dire qu'elle l'a oublié à Lisbonne.  Je suis désolé pour elle. J'ai bien aimé retrouver le style de Tanguy Viel bien que, comme Martine, je trouve qu'à certains moments, il en fait un peu trop. Qu'est-ce qu'il fait un peu trop ? Je ne peux pas répondre tout de suite à cette question. Je la réserve pour ce soir.

mercredi 13 juin 2018

Trous

Une météo maussade hier pendant toute la journée mais nous sommes allés voir où en étaient les travaux dans notre future maison et nous avons pu constater que les surfaces avaient été bien dégagées. Il y a évidemment des trous partout : dans les plafonds, dans les murs, dans les planchers. Visiter l'immeuble peut devenir assez périlleux. Seule la terrasse n'est pas trouée et pour cause puisqu'il s'agit d'un bout des fortifications fernandines de Lisbonne.

mardi 12 juin 2018

Dépenser

Je lis sur le blog de mon fils <Fabien Day to Day> une critique morale de la surconsommation outrageuse de certaines personnes très très riches. Or ce matin même, je lis également sur un site de nouvelles abordant la question du jeûne, ce mot de notre président, lors de l'inauguration des soldes en janvier 2016 : "Il faut consommer, sortir, vivre".  Ce qui me gêne dans cette injonction morale ("il faut") c'est l'association entre la consommation et la vie. Moi qui suis sympathisant du mouvement des objecteurs de croissance, je n'arrive pas à comprendre cette obsession de la dépense. C'est vrai, que l'on dit souvent qu'on a le choix entre vivre et penser : soit on choisit de vivre —et donc, dépenser—, soit on choisit de penser.  Penser ou dépenser. Être (en dépensant) ou ne pas être (en pensant). 

Hier, nous sommes allés manger à la Cevicheria avec Martine (ma sœur) et notre ami Richard, après quoi, nous sommes allés à Couva do Vapor, le village où Richard a acheté une maison de pêcheur en face de l'océan. C'était superbe et nous étions très joyeux à l'idée de pouvoir bientôt venir admirer des couchers de soleil tout en devisant tranquillement sur cette société de consommation qui brûle la planète.

lundi 11 juin 2018

Manneken pis

J'écris "ouf", parce que, ce matin, je suis allé me faire enlever la tuyauterie urinaire qui m'a cloué au lit pendant une semaine. L'infirmier qui s'est chargé de moi était jeune, grand, barbe rousse, parlant aussi bien l'anglais que le français, manifestement compétent. Il m'annonce ce qui va se passer. Je vais dire "un, deux, trois". À "trois" vous toussez très fort. C'est à ce moment-là que le tuyau pourra sortir sans douleur de votre urêtre. OK. À trois je tousse. Zut ! Raté. On recommence. À trois je retousse. Hourrah ! Je vais pouvoir retrouver ce qu'il y a de naturel dans la fonction urinaire. "Mais, attention, me dit mon grand infirmier barbu, si vous ne réussissez pas à uriner au cours des 12 prochaines heures —quoi ! me dis-je, il y a une possibilité que je ne puisse pas pisser pendant 12 heures ? mais ! c'est épouvantable... personne ne m'avait parlé de cette possibilité...— alors il faudra que vous alliez aux urgences, où l'on vous remettra la tuyauterie nécessaire." Intérieurement, je panique un peu mais voilà, je suis devant le fait accompli. Il ajoute que si le débit de sang est trop fort, je dois aussi aller aux urgences. Bon, bon ! 
Assez rapidement je fais une première tentative. Pas très convaincante mais néanmoins, je renoue avec le surnom que me donnait mon frère aîné quand j'avais 6 ans : il m'appelait "Pisse-trois-gouttes". Je me mets à boire verres d'eau sur verres d'eau pour activer ma vessie et ça marche. Peu après, je peux contemplet un mince jet bien dru et parfaitement clair sortir de mon pénis endolori. Ouf ! Manneken pis peut aller se rhabiller !

samedi 9 juin 2018

Longueurs

Les séquelles de mon opération de lundi disparaissent petit à petit.  Spasmes plus rares et moins intenses. Je me sens de mieux en mieux. La forme revient. Je suis impatient de reprendre mes exercices de l'équerre et de la planche car je sens que passer ses journées au lit ne favorise guère la santé d'un dos qui stagne le plus souvent dans des angles vraisemblablement peu recommandés par la technique Alexander. Il faudrait que je m'achète un lit avec des commandes étectriques qui permettraient d'adapter sommier + matelas aux positions les plus confortables pour lire au lit et prendre éventuellement quelques notes, manger un œuf à la coque, écrire son blog à l'ordinateur, discuter avec les amis assis à vos côtés, accéder aux médocs, se lever rapidement pour soulager un besoin pressant, voir un film sur Netflix —j'ai montré la version courte de Fargo à Isabel, hier soir, beaucoup moins intéressante que la version longue dans la mesure où ce qui a été supprimé apparemment, ce sont les supposées "longueurs" c'est-à-dire ces séquences qui nous font contempler longuement ces routes infiniment droites et enneigées du Minnesota où circulent de rares voitures immenses et silencieuses, alors que ces séquences sont indispensables pour définir l'atmosphère, pour vous mettre en condition de comprendre ce qui se passe... en ne gardant que les séquences d'action, le film se réduit à une suite de crimes fort peu intéressants en eux-mêmes. Comme quoi les actes impliquent l'existence d'une perspective susceptible d'en rendre compte bien mieux que la mise en évidence des causes directes, des causes sèches pourrait-on dire. 

vendredi 8 juin 2018

Librairie

Hier soir nous avions un invité : Richard T. Isabel a installé une petite table dans la chambre où je suis alité, avec une jolie nappe blanche. Moi, je suis resté dans mon lit mais la discussion fut très animée entre le lit et la table. C'était très drôle. Nous avons parlé d'un projet de librairie internationale à Lisbonne. Il nous faudrait un autre immeuble, si possible en très mauvais état, pour pouvoir faire des travaux et aménager in local adéquat aves des appartements dans les étages supérieurs pour les amis de Richard. Ceux-ci ont déjà une bonne expérience du métier de libraire puisqu'ils ont créé en 2004 une grande librairie internationale —Atlantis Bookselling, déclarée dans The New Yorker, comme l'une des dix plus belles librairies du monde— dans l'île grecque de Santorin où Richard avait une maison tout au bord de la mer. Un paysage magnifique depuis une terrasse toute blanche face aux bleus de la mer et du ciel. 

jeudi 7 juin 2018

Bac

Charlotte est partie ce matin, très "cool", pour passer les épreuves du bac "français" à la fin de la classe de première. Je lui souhaite bonne chance. En fait, je ne sais pas si elle était aussi "cool" qu'elle paraissait. Il semblerait qu'elle ait renversé sa tasse de café. C'est certainement un signe de nervosité. Mais, en général, elle ne se laisse pas démonter et j'espère que tout se passera au mieux.

Bien que je sois encore au lit, plus pour des raisons de commodité que pour des raisons de fièvre ou autre symptôme de malêtre, je ne lis pas beaucoup pour le moment. Je somnole, les yeux mi-clos, en attendant d'être réveillé par un spasme de l'urêtre. Mais ces spasmes sont de plus en plus rares et je commence à m'y habituer. Ce qui fait que je les crains de moins en moins, et, les craignant moins, ils surviennent moins souvent.

*  *  *

Je viens de lire dans Le Monde d'aujourd'hui la critique de cette nouvelle traduction par Josée Kamoun, de 1984 d'Orwell, roman qui a inspiré la rédaction de plusieurs de mes articles dans les années 80. Et j'ai été très heureux d'apprendre que ce nouveau texte a rectifié cette grave erreur de traduction que j'avais relevée à l'époque : newspeak avait été rendu par "novlangue" ce qui me semblait aberrant dans la mesure où une telle traduction occultait complètement la référence orwellienne à la dimension orale de la langue. La nouvelle traduction nous offre le néologisme "néoparler" que je trouve parfaitement adéquat. Pour mémoire, si je pense que cette référence à l'oral est essentielle, c'est parce qu'il me semble que c'est l'une des zones sensibles du roman : le rapport très ambivalent entre l'écriture (la littérature, le possibilité de dire, ou plutôt écrire la vérité) et la parole (qui change selon les circonstances et le contexte de son énonciation). On peut se reporter à l'article que j'ai écrit sur cette question et qui se trouve sur le site HAL <https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01721521/document>: "Relire Orwell..." 

mercredi 6 juin 2018

Urêtre

J'ai passé une assez bonne nuit. Évidemment pas aussi bonne que quand je n'ai pas un tuyau de plastique dans l'urêtre qui recueille mon urine dans un sac en plastique à côté de mon lit. Tout semble fonctionner normalement à part çà. De temps en temps j'ai des spasmes assez douloureux, mais finalement supportables puisque je les supporte, non sans grimacer un peu. J'ai reçu beaucoup de messages de sympathie et de coups de téléphone. En outre, ma sœur Martine va venir pour quelques jours, dès dimanche prochain. Je me réjouis beaucoup de la voir.  

Les médecins m'ont dit que je pourrai sans doute assurer mon voyage à Luxembourg le 14. Je l'espère car je dois y revoir Eric H. et Mélodie F. avec qui je voudrais discuter de nos projets éditoriaux. D'après ce que Mélodie me disait dans un mail récent, les choses se présentent bien.  

mardi 5 juin 2018

Péridurale

J'ai subi cette opération hier en fin d'après-midi. On m'a proposé une péridurale plutôt qu'une anesthésie générale. Les chirurgiens m'ont enlevé trois trucs mais ils ne sont pas sûrs que c'était cancéreux. On ne le saura que dans quatre semaines. En attendant, ils m'ont amoché l'urêtre. Ce qui ne m'arrange pas du tout.

lundi 4 juin 2018

Opération

Je vais ce matin à l'Hôpital Santa Maria pour y subir, pour la deuxième fois, une opération à la vessie. Pas vraiment drôle ! Mais il vaut sans doute mieux cela que de laisser ce début de récidive prendre plus d'importance. Les arbres devant ma fenêtre secouent violemment la tête. Quelles pensées cachent-ils dans leurs épais feuillages, quels tourments, à les voir ainsi bouger si fort qu'on dirait qu'ils veulent se dégager de l'endroit où ils sont ? Ces arbres sont mes amis. Peut-être voudraient-ils m'accompagner dans cette épreuve ? 

dimanche 3 juin 2018

Calanques

Hier soir, Isabel et moi sommes allés voir L'Atelier, un film de Laurent Cantet, réalisateur qui avait obtenu la palme d'or au Festival de Cannes avec son film Entre les murs, que je n'ai pas vu. Le film traite des tourments d'une jeunesse capturée par des réflexes et des préjugés identitaires et qui, fondamentalement, s'ennuie. Alors, il faut qu'il se passe quelque chose dans ce monde morose, sans avenir, ou seuls les rochers des Calanques, le soleil des environs de La Ciottat et le bleu de la mer peuvent nourrir quelques fantasmes dont on ne craint même plus qu'ils puissent changer le cours des choses. Ce monde épuisé peut-il encore se réfugier dans une écriture de fiction ? Rien n'est moins sûr. Vivre pour raconter est une impasse. Raconter pour vivre, en est une autre. Ce film débouche sur une sorte de nihilisme même pas désespéré. Curieux et intéressant, en tout cas. Un peu long.

samedi 2 juin 2018

Seksik

J'avais lu, il y a longtemps, Les derniers jours de Stefan Zweig et le livre m'avait plu. C'est pour cela que j'ai acheté et lu dans mon avion de retour à Lisbonne, du même auteur, Laurent Seksik, Romain Gary s'en va-t-en guerre (Flammarion, 2017) qui retrace une période d'enfance de Romain Gary à Wilno (Vilnius) dans les années 20, quand le père, Arieh, de Romain Gary se sépare de sa femme, Nina, mettant ainsi à rude épreuve le gamin qui adorait son père. On est dans cette ville de Lithuanie où une population de 60.000 juifs habitent dans le ghetto.  Premières expériences de l'antisémitisme, premiers élancements amoureux, le jeune Roman vit en symbiose avec sa mère qui ne rêve que d'une chose : aller en France, dans le sud de la France pour échapper à la misère dans laquelle elle se trouve. Ce roman est plein de détails apparemment bien documentés si l'on en juge par la bibliographie qui se trouve à la fin du volume. Je n'ai pas vu passer les heures du vol, assis bien tranquillement tout à l'arrière de l'avion, sur le siège 25D. La photo est celle de Romain Gary à l'âge qu'il devait avoir quand les événements rapportés par Laurent Seksik se produisent, en 1925.

vendredi 1 juin 2018

Identité

L'article de Fabien (Fabien Day to Day) que je viens de lire sur l'identité me fait penser à ce que disait Zbyszek sur cette question : To be is to belong, disait-il, ce qui revient à faire le constat de cette dimension grégaire de l'être humain. C'est donc, selon Z., mettre en suspens notre différence singulière, ou plutôt la différence singulière de l'autre. Quand nous nous considérons nous-mêmes, nous nous pensons comme unique, singulier, différent de tous les autres évidemment, mais nous avons tendance à ne pas accorder ce bénéfice de la singularité à notre voisin qui, lui, appartient à un parti —c'est un socialiste !—, une nation —Aah, ces Belges !—, une religion —foutus croisés—, une philosophie —pas sérieux, ces sophistes !—, une idéologie —haro sur les trotskistes—, une date —ras l'bol des soixantehuitards—,  un métier —vous êtes plombier ?—, un mouvement —évacuons les zadistes—, une caste —"les riches n'ont pas besoin de président"—, une famille —je ne supporte pas les Capulet—, une institution —Barbara Cassin à l'Académie—, l'immense population des "autres" —tous des connards !—, etc.

Je viens d'évoquer Barbara Cassin, l'une des philosophes d'aujourd'hui que j'admire vraiment, pour sa pensée qui, indirectement, à travers son interview sur France Inter, m'a donné l'inspiration du titre du petit livre que j'aimerais écrire au cours des prochains mois : Contre Platon.  J'ai participé à un séminaire sur le Cratyle de Platon justement, avec elle et Antonia Soulez, il y a bien longtemps. Elle m'intimidait.

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Je reprends ce soir l'avion pour Lisbonne où j'arriverai à 11h.  Entretemps on va reparler du CEIP et de son avenir.