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jeudi 30 avril 2020

Procastination


Ce matin Geraldine Mosna-Savoye, dans l'émission d'Adèle van Reeth, relevait le paradoxe de notre comportement en période de confinement. Pourquoi ne pas faire ce qu'il est pourtant possible de faire surtout avec tout le temps dont on dispose à l'heure actuelle ? Nous sommes confinés, nous n'avons plus rien à faire, nous n'avons plus d'échéance, le temps s'étire sans qu'un terme soit discernable. Isabel me disait l'autre jour qu'elle avait une impression d'éternité. C'est sans doute cette extension indéfinie du temps, cette élasticité qu'il acquiert en période de confinement qui nous invite à ne rien faire sinon tester cette élasticité. On étire le temps en espérant vaguement l'apparition d'une cassure, d'un moment qui, sans dépendre de nous, nous remettra sur pieds, dans un temps qui aurait à nouveau une multitude de fins intermédiaires. Nous faisons l'épreuve difficile, insoutenable de la continuité. Cette continuité de l'isolement au cachot qui ne peut se scander qu'à travers le rythme de notre respiration, des battements de notre cœur, des gestes inutiles qui ne sont là que pour remuer l'air... En ce sens, le confinement nous met au défi de la survie. 

mercredi 29 avril 2020

Lumière

J'ai relu entièrement le petit livre de Jacques Lusseyran avant-hier, et j'ai retrouvé mon admiration pour ce texte —écrit par un aveugle— si passionnément consacré à la lumière. Il faut absolument que je lise son autre livre, Et la lumière fut. Malheureusement, il n'est pas facile actuellement d'acheter des livres. La librairie française est fermée. Il va falloir que je passe par Amazon ou un autre service de livraison. Je vais essayer Book depository comme je le faisais pour Zbyszek.

*  *  *

Je viens de lire l'article que Fabien N., le fils de ma grande amie Josiane, a publié dans le club de Médiapart. J'ai trouvé cet article extrêmement intéressant et bien documenté. J'en recommande vivement la lecture à tous ceux qui me lisent:
https://blogs.mediapart.fr/fabien-nathan/blog/280420/ce-que-revele-la-crise-du-grand-vid  


lundi 27 avril 2020

Zoom

Hier nous sommes allés rejoindre Richard au "couvent" qui a été réaménagé en hôtel de luxe par un riche Potugais et dont s'occupe une amie de Richard. C'était très agréable de se retrouver dans la campagne. Nous avons ramené un grand panier d'oranges et de citrons ainsi qu'une belle brassée d'épinards dont j'ai fait une soupe aujourd'hui, avec carottes et courgettes. Richard m'a rendu le livre de Jacques Lusseyran que je lui avais prêté et je me suis aussitôt mis à le relire. Lecture passionnée de ce texte merveilleux. Il faudrait peut-être que je lise les autres textes de Lusseyran. Ils ne sont pas nombreux mais cela vaut peut-être le coup. 

Hier soir nous nous sommes de nouveau réunis en famille grâce à Zoom. Je disais que ce à quoi je pourrais renoncer après le confinement, c'est à penser au futur. J'étais en fait très influencé par une page de Marc-Aurèle que j'avais lue deux jours aupravant. Il disait (en substance) qu'il fallait accorder toute son attention au présent. L'avenir n'existe pas, pas plus que le passé. Bien sûr autant l'un que l'autre sollicitent notre imagination qui remplit ces deux vides de toutes sortes de rêves, de souvenirs et de fantasmes. Mais seul le présent nous appartient vraiment. C'est pour cela qu'il faut lui consacrer toute notre attention.

dimanche 26 avril 2020

Potion

Ce matin, Charlotte nous a préparé une potion censéenous maintenir en excellente santé : ail, gingembre, curcuma, citron et miel. Elle fait une grimace en buvant ce nectar. Moi, je l'avale en deux ou trois gorgées et je trouve que c'est loin d'être mauvais. C'est fou ce que le goût peut être influencé par nos préjugés. Certes, une solution de chlorure de magnésium n'est pas très agréable à ingurgiter mais quand c'est pour notre bien, pourquoi pas ? Je me souviens qu'enfants, nous faisions tous la grimace quand, juste avant d'aller à l'école, notre père nous alignait dans la salle à manger et nous forçait à avaler une grande cuillère d'huile de foie de morue. C'était en 1949. Il y a 70 ans !

samedi 25 avril 2020

Marc-Aurèle

J'ai également téléchargé Marc-Aurèle sur mon Kindle et, après avoir lu Œdipe à Colone, la dernière pièce de Sophocle qu'il aurait écrite à 'âge de 90 ans, je me suis remis à Marc-Aurèle, un auteur que j'ai pas mal pratiqué il y a environ 50 ans et qu'il est bon de relire de temps en temps, car ce sont des principes de vie d'une grande sagesse. 

Aujourd'hui nous célébrons à nouveau la date du 25 avril, jour de la révolution des œillets au Portugal. Nous nous sommes mis sur le balcon pour chanter "Grandola villa morena", la chanson qui, à minuit, le 25 avril 1974, a déclenché cette révolution très pacifique mais aussi très efficace pour insuffler un peu plus de solidarité dans la population portugaise. Or on en aura bien besoin dans un avenir proche. À moins que la nécessité du confinement ne se mette à durer plus longtemps que prévu.

vendredi 24 avril 2020

Sophocle

D'Euripide à Sophocle. J'avais déjà fait l'expérience de cette sorte d'addiction étrange : dès qu'on remet le pied —ou plutôt le regard !— dans la littérature des anciens Grecs, il est difficile d'en sortir. Hier, j'ai relu Œdipe-roi et ce matin je me suis à nouveau passionné pour l'Antigone de Sophocle, texte absolument merveilleux de clarté. Les réparties sont directes et sans ambiguïtés. On ne peut qu'être séduit par cet usage des mots. Je pense que sur le plan de la lecture, je vais m'attarder quelque peu dans ces textes si frais, peut-être parce qu'ils ne sont pas encore trop éloignés des nouvelles pratiques d'écriture associées aux nouveaux usages que les Grecs font de l'alphabet. Euripide et Sophocle, c'est le Ve siècle avant J-C, deux siècles environ après Homère et Hésiode. 


jeudi 23 avril 2020

Euripide

Le 30 mars dernier, j'ai évoqué Le journal des Phéniciennes de Jean-Luc Nancy. Je n'ai pas encore pu me procurer l'ouvrage mais j'ai lu ce matin le texte d'Euripide sur mon Kindle. J'ai été un peu énervé par l'usage que le traducteur fait du panthéon des Romains pour évoquer les dieux de la Grèce d'Euripide. Zeus devient Jupiter, Poseïdon devient Neptune, etc. Mais, à part ça, j'ai bien aimé ce texte qui reprend toute l'histoire d'Œdipe, Jocaste, Créon, Polynice, Antigone, etc. C'est un texte très beau parce qu'il traite cette ténébreuse affaire de façon très directe et explicite. 

Récemment, on m'a demandé un texte sur le confinement et le coronavirus. Difficile d'écrire quelque chose d'intelligent (si possible) sur ce thème qui a envahi les médias, les réseaux sociaux, les décisions gouvernementales, tout quoi ! 

mercredi 22 avril 2020

Choléra

Voici un extrait du livre que j'ai terminé aujourd'hui. En ces temps de confinement, cela mérite réflexion. D'ailleurs tout ce chapitre devrait être lu par tous ceux que l'épidémie intéresse.

« Les villes ne manquent pas que de chlorure, dit l'homme en allumant sa pipe. Elles manquent de tout ; en tout cas de tout ce qu'il faut pour résister à une mouche, surtout quand cette mouche n'existe pas, comme c'est le cas. Voyez-vous, mon jeune ami, je suis orfèvre, ajouta-t-il en se calant dans le fauteuil qui touchait la petite table de jeux. J'ai exercé la médecine pendant plus de quarante ans. Je sais fort bien que le choléra n'est pas tout à fait le produit de l'imagination pure. Mais, s'il prend si facilement de l'extension, s'il a comme nous disons cette “violence épidémique” c'est qu'avec la présence continue de la mort, il exaspère dans tout le monde le fameux égoïsme congénital. On meurt littéralement d'égoïsme. Notez ceci, je vous prie, qui est le résultat de nombreuses observations cliniques, si nous étendons le terme à la rue et aux champs et à la soi-disant bonne santé qui y circule : rues et champs que j'ai beaucoup plus fréquentés que les lits. Quand il s'agit de peste ou choléra, les bons ne meurent pas, jeune homme ! Je vous entends. Vous allez me dire comme beaucoup que vous avez vu mourir des bons. Je vous répondrai : “C'est qu'ils n'étaient pas très bons.” » (de Le hussard sur le toit, Chapitre 13 (Folio t. 240) » par Jean Giono)

mardi 21 avril 2020

Le ciel

Pour certains, le confinement invite à une réflexion de fond sur notre mode de vie, notre avidité à consommer, nos besoins essentiels. Nous habitons aujourd'hui une belle maison à Lisbonne avec une terrasse magnifique qui, d'ailleurs, ne nous appartient pas car elle est classée monument historique ! Il s'agit d'un petit bout de la fortification fernandine qui date du XIVe siècle et à laquelle, seuls les habitants de l'immeuble que nous avons acheté ont accès. La terrasse est la raison pour laquelle nous l'avons acheté. L'immeuble était en piteux état. Il pleuvait à l'intérieur jusque dans la boutique du rez-de chaussée. Nous pensions que cette terrasse était à nous mais le service des monuments historiques nous a détrompé, sans d'ailleurs nous empêcher certains aménagements qui n'empiétaient pas sur l'intégrité historique du vestige. Nous sommes loin de nager dans le luxe. Mais  nous avons une très belle vue sur le Tage et sur le ciel d'Est en Ouest. C'est surtout ça, le luxe. Surtout en période de confinement car cette immense ouverture du ciel devant nos yeux est un incroyable cadeau : il est difficile de se sentir enfermé si près du ciel, des nuages et des oiseaux qui, le matin, virevoltent en criant au dessus des toits. 

lundi 20 avril 2020

Giono


Après La Peste de Camus et le documentaire sur la tuberculose, j'ai commencé Le hussard sur le toit de Jean Giono, livre que je trouve absolument passionnant et d'une écriture remarquable. Cette fois, c'est le choléra qui sévit dans le sud de la France. Les descriptions du pays sont vraiment magnifiques. Giono est un auteur que mon père aimait beaucoup ce qui suffisait pour que je m'en méfiasse. Depuis, le Dr Thierry m'a fait changer d'avis et j'ai pu apprécier plusieurs de ses ouvrages au cours de ces dernières années. Je trouve intéressant de comparer les descriptions des malades en train de mourir de la peste de Camus à celles de Giono décrivant les malades atteints par le choléra. Il doit exister des descriptions littéraires analogues de la rage, la syphilis, la vérole ou d'autres maladies contagieuses et mortelles.

dimanche 19 avril 2020

Tuberculose

Mon ami Fred Dijs m'a informé du documentaire The Forgotten Plague, qui traite de l'épidémie de tuberculose qui a envahi l'Amérique pendant la deuxième moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe. Le film est magnifique et nous montre dans le passé ce qui se passe à l'heure actuelle avec le Covid19. La tuberculose se transmettait à peu près de la même manière que le Covid19, par les postillons que l'on projette dans l'air quand on parle, notamment. Ce film est vraiment très instructif.  Il nous parle également du premier sanatorium aux Etats Unis avec des images de patients, allongés sur des transats, dans l'air froid des montagnes. Ces images m'ont fait penser à La Montagne magique de Thomas Mann. J'ai vu ce documentaire juste après avoir refermé le livre que j'ai relu hier, La Peste d'Albert Camus, le livre que tous les Luxembourgeois connaissent bien car il a été pendant longtemps le livre de référence de l'enseignement du français au Luxembourg. Ces deux documents nous révèlent à quel point le confinement relève d'une stratégie très ancienne. 

Voici un haïku, travaillé pendant la nuit dernière :

Le corps se détraque
Se sent toujours plus patraque
Jusqu'au tic... sans tac

Cette nuit j'ai fait un long rêve qui m'a plongé dans un abîme de culpabilité. Il faudra que je relise le livre de Ricœur, Finitude et culpabilité, pour mieux comprendre ce qui se trame derrière ce sentiment.

vendredi 17 avril 2020

Garbarek

J'ai enfin terminé Le Rouge et le Noir de Stendhal. Ce fut une relecture quelque peu hachée et plusieurs fois interrompue par d'autres lectures. Mais je suis content d'avoir repris contact avec la littérature du XIXe siècle. Peut-être vais-je me remettre à Balzac et Flaubert ? Mais j'ai encore plein de lectures à faire, plus modernes. 

*  *  *

J'écoute Officium de Jan Garbarek. Je l'ai trouvé sur mon iPhone et je l'écoute en bluetooth sur le petit cube Sony qu'Isabel m'a offert il y a plusieurs années. Ça fonctionne très bien. C'est très beau.

*  *  *

Voici l'adresse où l'on peut voir l'émission de TF1 à laquelle j'ai participé. Je suis sur l'écran pendant trente secondes mais il semble que cela suffise pour me reconnaître malgré les trois fautes d'orthographe faites à mon nom !

jeudi 16 avril 2020

Jourdain

L'un de mes anciens étudiants de Paris 7 m'a reconnu dans la brève interview de TF1, malgré le fait que l'orthographe de mon nom fut estropiée au profit d'un certain "Jourdan" ou "Jourdain". J'ai reçu les excuses de la journaliste mais je n'ai rien pu voir malgré la promesse de cette journaliste de m'envoyer une vidéo de mon intervention. Bon ! je ne m'en fais pas car depuis de longues années j'ai l'habitude de ces erreurs sur mon nom et mon prénom aussi, d'ailleurs. Errare humanum est.  Mais c'est quand même un manque évident de professionnalisme.

mercredi 15 avril 2020

TF1

Deux journalistes de TF1 sont venus m'interviewer à la maison. Nous sommes allés sur la terrasse. Ils voulaient savoir comment les Français qui ont pris leur retraite au Portugal vivaient le confinement. En principe, ils devraient passer cette interview pour le 20h, demain sans doute. Ils ont beaucoup admiré la vue de notre terrasse. 

mardi 14 avril 2020

L'attention

Je ne résiste pas à l'envie de citer un passage du livre de Navel. C'est d'ailleurs à ce passage que faisait référence, je pense, mon ex-belle sœur, Pauline, quand elle m'a parlé de ce livre qu'elle avait lu il y a longtemps. Ce passage est tiré du chapitre "Solitude" à la fin du livre :
"J'avais vécu dégoûté et presque accablé par les choses, je trouvais maintenant amical le contact des objets, même celui de l'arrosoir que j'allais remplir au puits. Il n'y avait pas de douleur à me baisser pour le remplir, à le ramener. Je m'appliquais à agir avec soin, à être tout le temps là sans distraction et sans turbulence. Je commençais à croire, on me l'avait appris, qu'il n'existe qu'une sorte de liberté, celle de gouverner ses pensées, et que tout le reste est dépendance, et je m'efforçais de chasser des remous de tristesse.
Il me semblait qu'il y avait une autre vie que cette tension et ce mécontentement où je vivais souvent, en étant plus heureux aussi souvent que beaucoup d'hommes, et je cherchais à gagner ces régions paisibles des bonnes ménagères conquises par la poésie du ménage. J'étais tendre avec la lampe, je la nettoyais, j'essuyais son verre pour qu'elle soit bien elle-même. J'avais fait briller les cuivres. J'étais tendre avec mon visage, je me rasais tous les jours. La tasse, le bol, l'assiette, le couteau, étaient des objets amicaux. Je songeais au dénuement des hommes des premiers âges pour me prouver qu'avec un couteau j'étais riche, qu'avec une assiette et de bons souliers l'épreuve de la vie était infiniment plus facile qu'autrefois.
(...)
C'est de la présence à ces gestes ménagers que je tirais songes ou réflexions. J'agissais et je me regardais vivre avec une extrême attention." (pp 206 à 208)
Ce passage m'a fait penser à Joëlle.

lundi 13 avril 2020

Navel


Je lis ce merveilleux livre de Georges Navel, Travaux (NRF, 1995) qui m'a été prêté hier par Richard, venu déjeuner avec nous sur notre terrasse-sud beignée par un grand soleil. Comment est-il possible que je n'aie pas encore lu ce livre, autobiographique qui raconte le monde des paysans-ouvriers du XXe siècle. C'est un pur joyau. J'en recommande la lecture à tous mes lecteurs !

*  *  *

Et Josiane vient de m'envoyer le lien pour écouter l'intervew de Bruno Latour sur France Inter réalisée par Nicolas Demorand sur le thème de la crise engendrée par la pandémie. J'ai trouvé ses propos très intéressants. Le coronavirus nous propose la possibilité d'un changement à partir d'une réflexion personnelle sans concession à mener par chacun dans le monde  sur ses attachements. À écouter ici :
https://www.youtube.com/watch?v=KtmmfWZb8Ww

Remarque : le portrait à droite est celui de Georges Navel.

dimanche 12 avril 2020

Lindl

Le Covid-19
Nous oblige à couver l'œuf
D'un monde tout neuf

Ce n'est pas particulièrement poétique mais cela m'a amusé d'y penser cette nuit durant une insomnie, moins longue que celle de la nuit dernière, mais néanmoins assez conséquente. D'ailleurs, cette insomnie a produit un autre haïku sur le même thème :

Démotorisé
Rendu à l'immensité
Ciel ré-enchanté

*  *  *

Avant cette insomnie, j'ai fait un rêve qui est resté très présent. Je passais un examen de philo. La salle n'était pas une salle de cours mais la salle de rédaction du quotidien Les Dernières Nouvelles d'Alsace, où j'ai travaillé de 1962 à 1967. Chaque étudiant avait un sujet propre à traiter. Pour moi, le Pr Tinland m'avait donné un sujet mais je ne le retrouvais plus dans les piles de papiers qui encombraient mon bureau. Angoisse. Finalement je le retrouve. Marc H. était juste derrière moi et s'inquiétait de mes performances. Le sujet que j'avais à traiter évoquait l'œuvre d'un certain Lindl, spécialiste de l'histoire de l'art, que je ne connaissais pas du tout. J'ai réfléchi à une stratégie. La première phrase de ma dissertation était la suivante : "L'œuvre de Lindle s'inscrit dans un mouvement d'opposition farouche au relativisme culturel. Pour lui, l'art est universel, aussi bien dans sa forme que dans son contenu..." etc., etc. C'était quitte ou double puisqu'il fallait que j'invente à la fois la thèse défendue par ce Lindl, et le commentaire critique que je m'autorisais à en faire.
Remarque : Lindl est le diminutif de Lindley. Il y a un botaniste britannique, John Lindley, né le 8 février 1799. Rien à voir avec un supposé historien de l'art dont le nom serait Lindl. Pourtant, dans mon rêve j'étais convaincu qu'il existait, bien sûr. 

samedi 11 avril 2020

Le vague

Je ne sais pas si c'est mon insomnie qui a provoqué le travail mental requis pour fabriquer un haïku ou bien si c'est ce travail qui a provoqué l'insomnie. Celle-ci a duré environ cinq heures. Cela m'arrive rarement. Parfois les nuits de pleine lune, mais celle-ci était passée depuis deux ou trois jours. En tout cas, après beaucoup d'efforts j'ai réussi à fignoler un haïku qui, certes, n'est pas génial, mais qui respecte les règles en tout cas. Le voici :

Des vagues de mots
Font divaguer la pensée
Vers les fonds du vague

J'ai pensé à des tas de variantes mais je crois que c'est cette formulation qui me satisfait le plus. J'admets que le dernier vers est quelque peu obscur mais c'est ce que je voulais dire. La substantification de l'adjectif "vague" est sans doute un peu osée. 

vendredi 10 avril 2020

Fungi


Je suis en train de regarder le film que m'a recommandé Sasha, ma petite fille, Fantastic Fungi, un documentaire réalisé par Louie Schwartzberg Certes, connaissant ma passion pour les champignons, elle ne risquait pas de me décevoir avec ce film magnifique, où l'on voit les champignons pouser comme... des champignons bien que je ne sois pas un fan des effets spéciaux et, en particulier, des images accélérées. L'une des thèses avancées dans ce film m'a bien fait rire. Elle évoque la possibilité que l'augmentation très rapide du cerveau aurait été renforcée par l'ingestion de Psilocybe cubensis, les fameux "magic mushrooms" que je suis allé chercher sur le site des temples maya de Palenque, il y a bien longtemps.

jeudi 9 avril 2020

Harper

Le livre que je viens de terminer, The Lost Man, par Jane Harper, est assez étrange. Il y a d'abord cette manière particulière de parler de la vie quotidienne dans une ferme de l'outback en Australie, manière qui n'oublie pas d'évoquer les sous-entendus qu'il peut y avoir dans les relations entre les membres d'une même famille, les silences lourds et ambigüs, les non-dits, les regrets, les maladresses, toutes ces petites impasses de la vie ordinaire qui bloquent toute évolution susceptible de régler les problèmes. Ces problèmes restent en suspens jusqu'à la fin du livre. Et la manière dont le marrateur leur donne une solution est finalement assez tragique : la mère de famille avoue avoir provoqué la mort de son fils, après avoir, sans doute, facilité celle de son mari en tardant à appeler les secours qui auraient pu, peut-être, le sauver. Certes, ces hommes n'étaient pas des anges, mais quand même... Et ce sont ces deux crimes tragiques et impunis qui finalement apportent le bonheur et le calme dans cette famille perturbée par d'innombrables conflits pendant des années. Ce roman est tout-à-fait immoral.

mercredi 8 avril 2020

Miroir

Je croyais avoir déjà publié la photo de notre cheminée surmontée du miroir de Préfailles, or, je m'aperçois que non. Alors pour réparer ce manque, je publie cette photo prise dimanche dernier. Il faisait très froid à Lisbonne ce jour-là ce qui nous a permis de faire un feu dans la cheminée toute neuve qui avait été installée quelques jours auparavant. On aperçoit, au fond du miroir, la moitié supérieure de la porte de l'ascenseur. Celui-ci fonctionne bien mais je l'utilise rarement. Je continue à monter et descendre. Ce sont mes exercices de confinement !

*  *  *

Comme bien d'autres, je pense que ce confinement généralisé est une chance pour l'humanité : il doit nous aider à prendre conscience des dégâts climatiques et autres que l'humanité entraîne en raison de son mode de développement. Il faudra bien que nous changions si nous voulons survivre. 

mardi 7 avril 2020

Poussière


Comme je l'ai déjà dit, nous sommes envahis par la poussière, celle qui sort des machines à poncer et du papier de verre, celle des plâtres qui s'effritent, celle qui vient du dehors également. C'est ainsi que j'ai retrouvé la caisse qui avait servi à déménager l'ange qu'Isabel m'avait offert pour mon anniversaire il y a quelques années. Du coup, à la vue de cette caisse, j'ai pris une photo que j'ai le plaisir de partager sur ce blog. N'ayez pas peur : ce n'est pas le début d'un film d'horreur, c'est seulement un ange couvert de poussière !

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L'ange poussièreux
Retrouvé dans un berceau
Pour naître à nouveau

Bizarre

Qu'est-ce qui est bizarre ? Et bien voilà : je suis confiné maintenant depuis plus d'un mois et je m'aperçois que je suis beaucoup moins régulier dans l'écriture de mon blog. Pourtant, le confinement devrait m'inciter à y passer plus de temps qu'auparavant puisque je n'ai pas grand chose à faire. Mais justement : le confinement induit cette idée que puisque l'on est confiné, il faut jouer "confiné", se morfondre chez soi sans rien faire. Ce n'est pas mon cas, car je passe pas mal de temps à lire. Mais je sens que je devrais plutôt écrire que lire.  Ou alors, jouer aux échecs avec l'ordinateur, ou même par correspondance avec Richard par exemple ! Mais non : je lis, je cuisine un peu, je regarde les infos à la télé et parfois des programmes sur Arte. Hier soir, il y  avait un excellent documentaire sur Freud : Sigmund Freud, un Juif sans Dieu, de David Teboul avec beaucoup de documents d'archives où l'on voit Freud se promener dans son jardin avec sa fille Anna et son chien bien-aimé... C'est assez émouvant de voir ainsi vivre le père de la psychanalyse, le voir bouger, sourire, regarder la caméra d'un air sévère, et puis, tout à la fin, mourir...

dimanche 5 avril 2020

von Schirach

Je viens de lire L'affaire Collini de Ferdinand von Schirach (NRF, 2011), roman qui m'a été conseillé et envoyé par Elsa P., il y a quelque temps mais j'étais trop occupé à ce moment-là (février 2020) avec mon opération en vue et une maison à habiter, pour répondre à son invitation à lire. Ceci dit, après l'avoir lu, je comprends mieux son invitation. J'ai trouvé ce roman excellent. Il vous entraîne dans le monde du droit en Allemagne au détour de cette "affaire Collini" qui met en scène un assassinat apparemment impossible à défendre. Mais l'avocat commis d'office se débrouille assez bien pour que les choses se retournent complètement. Un film est sorti sur cette affaire en 2019. 

samedi 4 avril 2020

Avenir

Il est difficile de ne pas se préoccuper quelque peu de l'après-coronavirus. Je viens de lire un article qui nous parle d'un possible retour au Moyen-Âge. Au fond, tous les fantasmes sont permis même celui d'une humanité réconciliée avec elle-même, chaleureuse et enfin solidaire. Hum ! Ce n'est certainement pas gagné. D'autres nous font entrer dans une ère ultra totalitaire qui supprimera la plupart de nos libertés individuelles : 1984 mais en plus terrible encore que ce qu'Orwell avait imaginé. Ne serait-il pas plus approprié d'ignorer l'avenir plutôt que de le meubler de nos fantasmes les plus délirants ? Faire en sorte que l'avenir soit vraiment ouvert... En fait, je me rends bien compte qu'à 78 ans je suis particulièrement mal placé pour parler de l'avenir surtout en période d'intense épidémie ! Et pourtant j'ai encore des projets, assez modestes certes, mais bien vivants dans mon imagination.

vendredi 3 avril 2020

Sharpe

Après Offutt, j'ai lu un roman de Tess Sharpe, une auteure américaine née dans le nord de la Californie. Il s'agit d'un roman noir qui raconte comment une famille s'est arrogée le droit de faire la loi sur un territoire. Mon territoire est surtout l'histoire d'une relation entre un père dur et cruel et sa fille, Harley, comment il la façonne pour qu'elle lui ressemble, et comment, finalement, elle échappera à son emprise. Roman qui m'a été conseillé et envoyé par Eric H. Passionnant bien qu'un peu répétitif dans la manière dont le récit progresse par étapes, narrativement très semblables les unes aux autres.

*  *  *

L'un des grands bénéfices médiatiques du Coronavirus est qu'il a supplanté très largement le nom de Trump dans les informations d'actualité. Trump est relégué dans des pages subalternes et c'est ce qui peut lui arriver de pire en ce qui le concerne, et de mieux en ce qui nous concerne. Donc, bravo à ce noble petit être qui nous débarrasse des turpitudes tweetées du matin au soir par le président américain. 

mercredi 1 avril 2020

Offutt

J'ai terminé le livre de Chris Offutt. On dirait une histoire vraie. L'épilogue raconte ce que sont devenus les personnages par la suite, avec les dates et les lieux. Le personnage principal, vétéran à vingt ans de la guerre de Corée, exprime beaucoup de chaleur humaine tout en étant froid comme un serpent. Il adore ses enfants et aime sa femme qu'il a sauvée d'un viol. C'est une histoire américaine.