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mardi 31 août 2021

11,3

C’est le nombre de kms que j’ai parcourus aujourd’hui; en allant à l’Hôpital Santa Maria à pied et retour, à pied également. En fin de parcours j’étais vraiment au bout de mes forces. Mais je suis assez fier de moi. Je suis passé par la Nouvelle Librairie Française où j’ai acheté quelques livres. Notamment, de Tobie Nathan et Isabelle Stengers, Médecins et sorciers, publié en 2012 aux Empêcheurs de Penser en Rond. J’ai déjà lu le premier essai de Tobie Nathan sur l’ethnopsychiatrie. C’est vraiment intéressant mais le style de Tobie Nathan laisse à désirer. C’est confus et très maladroit. Hier j’ai lu L’archéologie du zéro, d’Alain Nadaud, une histoire romancée de la vie de Pythagore dont on sait très peu de choses. D’après l’auteur, le secret de Pythagore ce serait ça, la conscience du zéro, ce que les mathématiciens grecs n’ont jamais pu concevoir.

lundi 30 août 2021

Cailles

 Je suis allé chercher quelques cailles à Pingo Doce pour les chats. Elles sont moins chères là-bas que chez notre voisin boucher. Je n’ai pas encore aperçu nos locataires du deuxième et du premier étage. 

Hier j’ai revu —avec plaisir mais moins que je m’y attendais— sur Arte, le film Danse avec les loups de Kevin Costner. Il nous fait bien deviner l’immensité de ces plaines que les Indiens parcouraient à la poursuite des bisons. L’histoire qui nous est contée, une histoire d’amour, un peu « cucu la praline », ne semble être qu’un prétexte pour nous montrer le pays, enfin… des petits bouts de ce grand pays. Le film qui suivait était intéressant : Sibel qui nous raconte l’histoire d’une fille muette mais qui communique quand même grâce à la langue sifflée pratiquée dans ce village du Nord de la Turquie. 

dimanche 29 août 2021

Esprit

 Hier, j’ai lu un polar —que j’avais sans doute déjà lu, mais dont je n’avais aucun souvenir —, très bon. L’histoire d’un innocent, professeur de philosophie, accusé à tort du meurtre de sa femme, mais qui se trouve à son tour assassiné par le même meurtrier, que l’inspecteur chef, van Veeteren réussit à démasquer dans les dernières pages du livre. L’auteur, un Suédois, est Haakan Nesser. Le titre :  Mind’s Eye. Je ne sais pas s’il a été traduit en Français. 

J’ai reçu un message de Pauline qui tenait à corriger une citation de Bergson qu’elle m’avait envoyée. « L’esprit tire de lui-même ce qu’il n’a pas. » En fait, la citation exacte est : « L’esprit tire de lui-même plus qu’il n’a ; la spiritualité c’est cela même. » Il y a une grande différence entre ces deux formulations, en effet. 

samedi 28 août 2021

Plus haut

 « Plus haut », c’est le nom de la rue où, dans mon rêve, je devais me rendre pour retrouver Pauline. Curieusement, j’étais avec Georges et nous nous sommes rassasiés avant d’y aller. C’était une rue qui devait être dans le Nord de Paris et nous avions un numéro de code, mais nous n’avions pas l’adresse précise où nous étions attendus. Nous étions, Georges et moi, très détendus et il mangeait goulûment une variété de mets disposés sur le table. C’était un rêve assez optimiste même si ne savions pas où exactement était située cette « rue Plus Haut » qui devait nous réunir. En tout cas ce rêve ne m’a pas empêché de dormir d’un bon sommeil, bien profond.

Ce matin, j’ai préparé la bouffe des chats et ils ont bien apprécié, semble-t-il. 

J’ai beaucoup de choses à faire. J’ai deux articles à commenter pour deux revues différentes. Les échéances approchent à grands pas. 

J’ai reçu un coup de téléphone de Charlotte qui en était à sa deuxième journée de travail chez la fleuriste qu’elle a trouvé pour faire son apprentissage. Elle avait l’air en forme ce qui me rassure beaucoup.


vendredi 27 août 2021

Seul

 Voilà : Isabel vient de partir pour participer à la célébration de l’anniversaire de Joba, le mari de sa sœur Elsa, ce qui fait que je me retrouve tout seul dans cette grande maison vide. Vide ? Pas pour longtemps en tout cas puisqu’un locataire, celui du studio du deuxième étage, s’est annoncé pour aujourd’hui ou demain.

Hier, nous avons reçu José M. et Anne P. Pour une sorte de soirée tranquille avec juste de petites choses à grignoter : des olives, du fromage, des noix, des pistaches et du vin. Nous avons été rejoints vers 23 heures par notre locataire du premier étage, le père d’Eliot S., le rédacteur en chef du magazine de langue française, Le Lisboète, auquel je devrais pouvoir contribuer dans un futur proche. Isabel a donné Le destructionnaire à José et Anne qui, tous deux, m’ont demandé de leur dédicacer leur exemplaire. Je me demande vraiment quel retour je vais en recevoir.

jeudi 26 août 2021

Rassurés

 Nous avions RV à l’hôpital afin d’entendre les commentaires de mon spécialiste du pancréas sur les résultats de l’examen IRM que j’ai fait récemment et dont nous avions déjà vu les résultats. Ainsi le Dr Ribeiro a confirmé qu’il n’y avait rien et que la tache qui avait provoqué ses inquiétudes n’était sans doute qu’un artefact de l’appareillage utilisé. Bon ! Nous voilà encore plus rassurés. 

Je ne sais pas si j’en ai déjà parlé mais Tatou, notre petite chatte noire qui avait disparu pendant plusieurs jours, est rentrée au bercail. Elle a très faim et n’arrête pas de manger. 

Il fait très chaud à Lisbonne et je suis fatigué. 

mardi 24 août 2021

Nancy

 Je veux évoquer ici le décès de Jean-Luc Nancy, à l’âge de 81 ans. C’était un philosophe remarquable, auteur de ce texte admirable, L’intrus, qui rend compte de son expérience après avoir subi une greffe du cœur.

Aujourd’hui, c’est aussi le jour de départ de Charlotte. Elle retourne à Paris après des vacances qui l’ont rendue particulièrement rayonnante. Plusieurs de ses amies portugaises sont venues lui dire au revoir à la maison. J’ai le cœur un peu serré à l’idée qu’elle va commencer à travailler chez une fleuriste de son quartier à partir du 27 août. 

lundi 23 août 2021

Fête

 Hier soir, Charlotte a invité ses nombreux amis lisboètes à une dernière fête avant son retour en France. J’ai apprécié la qualité de cette jeunesse très ouverte, éprise de bonne musique, respectueuse des lieux et bienveillante vis-à-vis de la vie. Ils étaient plus d’une vingtaine. Ils ont apporté de la viande, des légumes, une sono qui, à la fin, a énervé les voisins. Il faut dire que la sono, installée sur la terrasse, envahissait les rues du quartier et l’on comprend que les habitants aient rouspété, gentiment bien sûr. Charlotte et Joanna avaient fait la cuisine toute l’après-midi et ce fut très bon. Ils ont laissé notre salon en bon ordre et relativement propre. La vaisselle était faite et déjà en partie rangée, quand je suis monté ce matin pour nourrir les chats et préparer notre petit déjeuner. Ce matin, nous avons vu réapparaître Tatou, un peu poussièreuse et sauvage. Elle est venue faire un petit tour pour repartir aussitôt sur les toits.

dimanche 22 août 2021

Le « professeur »

 En achevant la lecture de Nicolas Bouvier, je n’ai pu m’empêcher de dire à Isabel, assise dans son fauteuil à proximité : « Quel beau livre ! » Les dernières pages sont consacrées à son bref séjour sur la fouille archéologique du « professeur », le père d’Irène. Ce sont des pages magnifiques qui évoquent cette atmosphère particulière de l’archéologie que je n’ai pu que pressentir quand j’ai côtoyé cette famille de ma première épouse. Au cours de ma lecture et sachant que l’auteur se trouverait en Afghanistan à une époque (le début des années 50) où je savais que mon ex beau-père était là-bas, je me demandais si l’auteur parlerait d’une rencontre avec lui. Et je reçois un mail de Pauline, la sœur d’Irène, qui me dit qu’effectivement cette rencontre a eu lieu. Nicolas Bouvier a partagé pendant quelques jours la vie de ces archéologues au milieu des pierres et du ciel, en plein soleil. La photo montre Nicolas Bouvier et Thierry Vernet au cours de leur voyage…



vendredi 20 août 2021

Corruption

 Je lis ce matin dans Le Monde, un article de Navalny sur ce qu’il estime être l’un des grands problèmes que les gouvernements d’aujourd’hui devraient résoudre lors des réunions internationales où ils adorent se rencontrer pour discuter de tout sauf de ça : la corruption. Et, synchronicité remarquable, quand je me replonge dans le livre de Nicolas Bouvier, je tombe sur ce passage :

« C’est une erreur de dire que l’argent roule ; il monte. Monte par inclination naturelle, comme le fumet des viandes sacrifiées jusqu’aux narines des puissants. L’Iran n’a évidemment pas le monopole de cette propriété universelle, mais à la prison de Mahabad, elle se manifestait dans toute sa candeur.Ainsi pour devenir gendarme, le zèle ne suffit pas ; il faut mériter cette distinction en offrant quatre cents tomans au lieutenant de police qui n’en profite guère, puisqu’il en remet le double au colonel pour mériter la sienne. À son tour, le colonel serait bien léger d’oublier tout ce qu’il doit au commandant de la province, qui a lui-même nombre d’obligations à Téhéran. Cet usage n’a rien d’officiel ; les plus pointilleux le déplorent et les plus stoïques s’en abstiennent, mais l’insuffisance des traitements en fait une nécessité et il est difficile de s’y soustraire sans court-circuiter tout le système et s’attirer la malveillance par son ostentation. En fait, il prévaut généralement, l’argent poursuit allègrement son ascension et, comme tout ce qui a été élevé doit un jour redescendre, finit par retomber en pluie bienfaisante sur les banques suisses, les champs de courses, ou les casinos de la Riviera. » (p. 180)

Ce passage se trouve à la suite de la description par l’auteur de son séjour forcé à Tabriz, séjour dont il nous offre une description fascinante. C’est l’hiver. Les deux voyageurs y sont bloqués par la neige qui les empêche de poursuivre leur voyage. C’est là qu’ils côtoient les Arméniens et les Kurdes. Aux pied du mont Ararat, en Azerbâyjân.

jeudi 19 août 2021

Contrôles

 Donc, ce matin, je suis allé me faire contrôler la vessie. Évidemment il a fallu dilater la tuyauterie en y faisant passer trois tubes de sections de plus en plus grandes —de 16 à 20 french— pour pouvoir y glisser une caméra bien curieuse qui va explorer les parois de cette mini-caverne pour y repérer les traces d’une activité cellulaire subversive. Et oui… il y avait bien de telles traces et le médecin m’aurait immédiatement prescrit une opération chirurgicale si Isabel, forte de l’assurance que les dernières opérations n’avaient pas détecté de cellules cancéreuses, n’avait pas réussi à négocier trois mois supplémentaires avant de finaliser ce contrôle en constatant les changements éventuels de la petite lésion présente sur une des parois de la cavité explorée. 

Donc, rendez-vous fut pris pour le 22 novembre prochain, pour y subir le même contrôle désagréable.

Je ne sais pas si c’est la tension préalable à l’examen, mais je me suis senti épuisé en sortant de l’hôpital. J’ai d’ailleurs fait une sieste conséquente pour me retrouver.

mercredi 18 août 2021

Bouvier

 J’ai reçu hier le livre que m’avait si chaleureusement recommandé Anne. Nicolas Bouvier, L’usage du monde, La Découverte, 1985-2014. C’est un carnet de voyage illustré par l’ami de l’auteur, Thierry Vernet. Ce voyage s’est déroulé au début des années 50 et j’avoue être assez fasciné par la langue de cet auteur, par la capacité dont elle témoigne de faire parler le chemin du voyageur, allant de découverte en découverte, de rencontre en rencontre avec des femmes, des hommes, des ânes, des auberges antiques, des bars, bref d’une multitude de lieux décrits avec un talent extraordinaire. Bref, merci, Anne, pour cette référence bibliographique que j’ignorais totalement.

Rien

 Il semblerait, d’après les résultats de l’examen par résonance magnétique que j’ai subi il y a une semaine, que je n’ai rien, ni au foie, ni au pancréas. Tout semble normal. Je viens de recevoir les résultats par mail. Demain cependant, j’ai un nouveau contrôle de ma vessie avec urétroscopie, ce qui n’est pas très amusant, pour voir où en est mon cancer de la vessie. Je donnerai les résultats après l’examen. 

mardi 17 août 2021

Ganoderma lucidum

Les hasards sont parfois très étranges, à tel point que l’on pourrait croire à quelqu’intention secrète présidant à la combinatoire d’éléments improbables. Dimanche, sous le titre « Erreur » je publiais la constatation que le champignon trouvé la veille, accroché au tronc d’un pommier, n’était sans doute pas un Ganoderma lucidum, ou Reishi, pour les Japonais, ou Lingzhi, pour les Chinois. L’après-midi de ce dimanche 15, nous rendons visite à des amis d’Elsa qui s’étaient chargés de la cuisine pour son cinquante troisième anniversaire —et non cinquantième comme je l’ai écrit il y a deux ou trois jours. Ces amis, Héloïse et Giovanni, vivent dans une yourte au milieu des bois et ont réussi à être complètement autonomes sur le plan de l’énergie (grâce à des panneaux solaires qui alimentent des batteries fournisseuses d’électricité en quantité largement suffisante pour leurs besoins). Nous avons du mal à trouver le chemin qui mène à eux mais finalement grâce au téléphone, nous réussissons à les localiser. À peine réunis, Giovanni et moi commençons à discuter et très vite, nous parlons « champignons ». Giovanni m’annonce fièrement qu’il a trouvé des Ganoderma lucidum, le fameux « reishi » des Japonais, dans un coin du bois au milieu duquel ils s’étaient installés. Je précise que je n’avais pas encore abordé mon erreur de la veille et je ne sais plus par quel biais nous en sommes venus à parler du reishi. Toujours est-il que je lui demande où il a trouvé l’animal en question et, cinq minutes plus tard, après un passage difficile dans les ronces, nous nous trouvons devant trois exemplaires de ce fameux reishi. Giovanni me suggère d’en prendre un, ce que je m’empresse de faire. Le voilà, vu sous deux angles différents et à deux échelles différentes également. Mais il s’agit bien du même spécimen !



dimanche 15 août 2021

Erreur

Je suis allé ce matin revoir le champignon dont j’ai parlé hier. Après un examen plus approfondi, je me suis rendu à l’évidence : non ! Il ne s’agit pas d’un reishi, il n’avait pas de pied ! Donc je ne le transformerai pas en poudre de perlimpinpin, pour guérir de multiples maladies !

 

samedi 14 août 2021

Reishi

 Charlotte a perdu les sensations de goût et d’odorat, comme sa cousine Natacha, il y a un an déjà. Elle vit en Angleterre et n’est pas encore tout-à-fait guérie. C’est donc bien du Covid qu’il est question mais on ne sait pas de quel variant il s’agit. C’est très embêtant car elle doit retourner en France le 25 août. J’ai demandé à ma sœur Martine de lui indiquer le plus précisément possible les points d’acuponcture qui pourraient lui faire retrouver l’odorat et ses sensations de goût.

Aujourd’hui, nous célébrons le cinquantième anniversaire d’Elsa, la sœur d’Isabel. Nous sommes donc chez elle dans la Quinta dos Girassols à Ferreira do Zezere, dans le Nord, pas loin de Coïmbra. Il fait très chaud et la piscine est remplie d’eau et d’enfants. Les adultes aussi font trempette.

Dans le jardin de la quinta, j’ai trouvé un champignon, un Ganoderma livide mais, sans doute, poussant sur le tronc d’un pommier. C’est cette espèce que les Japonais appellent reishi, célèbre pour ses propriétés anti-cancéreuses et de défense du système immunitaire. Je ne suis pas tout-à-fait sûr de mon identification mais comme on peut le voir sur la photo que je publie, cela ressemble bien au reishi des Japonais.



vendredi 13 août 2021

Tests

 Hier après-midi, Charlotte est revenue de sa deuxième injection de vaccin anti-Covid et nous annonce qu’elle a été testée positive. Isabel s’informe auprès des services de santé et il paraît que, juste après avoir été vacciné, on peut (évidemment) avoir un résultat positif. Il faut néanmoins vérifier et nous allons, Isabel et moi, nous faire tester maintenant. Ce qui rendait les choses vraisemblables, c’est le fait qu’un de ses chères amies, non vaccinée, a été testée positive il y a quelques jours.

jeudi 12 août 2021

Dingues

 J’ai fait un drôle de rêve cette nuit. J’étais en compagnie de deux types complètement dingues, chacun, de sa propre manière. Ils faisaient vraiment n’importe quoi. Je les enviais un peu d’être à ce point désinhibés par rapport aux conventions. J’étais très calme et je les regardais faire leurs conneries sans les juger le moins du monde. En fait, il s’agissait d’amis. Je veillais sur eux.

Je viens de m’apercevoir que je ne reçois pas de notifications quand l’un de mes lecteurs m’honore d’un commentaire. C’est ainsi que je tiens à m’excuser auprès de mon ami Fred qui me met très régulièrement des commentaires toujours intéressants. J’ai lu ses derniers messages et je veux l’en remercier très chaleureusement.

mercredi 11 août 2021

Constantin

 Il est arrivé aujourd’hui à midi. Qui ? Constantin, l’ami parisien de Charlotte. Il va passer une semaine avec elle et découvrir Lisbonne. Il est très gentil. Je suis allé avec Charlotte le chercher à l’aéroport. 

Nous n’avons toujours pas retrouvé Tatou. Mais les autres chats sont là.

Je lis actuellement un livre que je n’avais jamais terminé : Le cœur et la raison, d’Isabelle Stengers et Léon Chertok, un livre assez ancien mais dont je relis plusieurs passages avec délices. Je trouve que les détails du parcours de Freud, les hésitations de Ferenczi par rapport à l’usage de l’hypnose, les remous que celle-ci crée dans les milieux psychanalytiques du temps même de Freud, tout cela est traité avec beaucoup de finesse par ces deux auteurs.

mardi 10 août 2021

IREM

 J’ai subi ce matin l’examen IREM qui devrait m’éclairer sur le comportement de mon pancréas. Je n’aurai les résultats que dans huit jours. Encore un peu de patience. En tout cas cela s’est passé très bien. Ils m’ont enfilé dans ce gros tube en me recommandant de ne pas bouger du tout pendant une demi-heure. J’ai entendu les bruits habituels à ce genre d’appareil : des craquements répétés, des sifflements, des rythmes soutenus de batterie, des rires sardoniques… Au bout d’une demi-heure, c’était terminé. Très efficace pour une fois !

dimanche 8 août 2021

Père

 J’ai été très injuste avant hier avec mon père. J’ai relu intégralement son roman Le Tribunal noir. C’est vrai qu’il y a dans ce roman quelques clichés sur les Juifs qui ont certainement nourri les accusations d’antisémitisme dont il a été victime. En outre, il fut publié par les Éditions Rex, de sinistre mémoire. Mais le roman lui-même porte les caractéristiques très moralistes de mon père. À la fin du roman, le banquier Oldstein trouve sa rédemption en retournant dans son shtetl du fin fond de la Hongrie, après avoir redistribué toute sa fortune aux pauvres. C’est presque attendrissant de naïveté. Mon père avait 25 ans quand il a terminé ce livre qui témoigne déjà d’une profonde connaissance de la culture anglaise. Je n’ai certainement pas à avoir honte de cet écrit. J’ai été influencé par le jugement de la personne qui m’a parlé de ce livre et qui le considérait comme une sorte de brûlot antisémite, ce qu’il n’est certainement pas. Il n’a dû lire que les premières pages du roman qui, en effet, sont quelque peu caricaturales, avec quelques expressions qui justifient une telle appréciation, en particulier quand il écrit « le Juif Oldstein ». Mais il n’est pas impossible que ce soit l’éditeur qui lui ait soufflé de telles expressions pour justifier sa publication. Ce qui n’excuse rien, bien entendu.

samedi 7 août 2021

Soirée

 Délicieuse, cette soirée, avec Régis et Teresa, sur notre terrasse avec, au menu, du poisson au roquefort parfumé à la sauge, recette que j’ai créée il y a longtemps et qui fait encore les délices de certains de nos invités. Régis m’a donné des nouvelles du Master que je dirigeais à Paris 7 et qui est, semble-t-il, en piteux état : perte de deux postes, l’un cette année, l’autre l’an prochain, Thierry partant à la retraite à ce moment-là. Régis m’a assuré que la formation serait maintenue mais il ne reste plus grand monde pour l’animer, à part ce merveilleux Frédéric, qui se retrouve un peu seul pour faire vivre le journalisme scientifique à l’université de Paris, puisque c’est son nom maintenant.

vendredi 6 août 2021

Céline

 À l’heure où resurgissent des milliers de pages manuscrites de Louis Ferdinand Céline, l’auteur ,du Voyage au bout de la nuit (magnifique), je me suis souvenu que j’avais hérité de mon père un livre qu’il a acquis en 1938 et qu’il a manifestement parcouru car l’un des chapitres est marqué d’une croix : Bagatelles pour un massacre, publié en 1937. J’ai commencé ma lecture tout en sachant qu’il s’agissait d’une œuvre d’un antisémitisme forcené. J’ai interrompu ma lecture assez vite pour feuilleter le livre, en lisant deci delà, ses imprécations anti-juives que l’on retrouve pratiquement à chaque page. Mais quelle écriture ! Quelle dextérité dans le maniement de la langue française. Céline reste un grand écrivain malgré ses incroyables diatribes contre les Juifs. C’est assez perturbant. Mon père a écrit Le Tribunal noir (Éditions Rex, 1938) en 1934, un polar antisémite dont la lecture m’a fait honte à l’époque où je l’ai lu. Heureusement qu’après sa rencontre avec l’abbé Joseph Folliet —connu pour sa célèbre formule « Bienheureux celui qui sait rire de lui-même, il n’a pas fini de s’amuser », formule qui n’a guère inspiré mon père, malheureusement !—, et surtout, plus tard, le baron Antoine Allard (peintre et cofondateur d’Oxfam en Belgique, pacifiste et initiateur du mouvement Stop war), sa vision du monde a changé du tout au tout. On peut se reporter à mon post du 17 septembre 2017 pour revoir le portrait de mon père, peint en 1949 par Antoine Allard. J’ai retrouvé plusieurs lettres manuscrites de ses échanges avec mon père tout au long des années 50.

jeudi 5 août 2021

Diététique féline

Il fait très chaud à Lisbonne en ce moment.

Ce matin, je suis allé chez notre voisin boucher avec une liste de viandes que je n’achète jamais : du cœur de bœuf, des ailes de poulet, du foie de porc, des carcasses de poulet. Malheureusement il n’avait ni cœurs ni foies de poulet. Isabel a préparé de savantes mixtures à partir des informations glanées sur internet. Par exemple, il est important que les chats mangent du cœur. Tous les jours, d’après les experts en diététique féline. Zuky, qui devenait de plus en plus maigre parce qu’il boudait ce qu’on lui servait, a apprécié le début de ce nouveau régime.

mercredi 4 août 2021

Non-dire

 Au cours de la discussion que nous avons eue hier soir devant les sashimis, alors qu’un nuage noir traversait doucement le ciel et rendait encore plus beau ce magnifique coucher de soleil, nous avons évoqué le fait qu’aujourd’hui, en particulier aux États-Unis, il fallait, de plus en plus souvent, annoncer la couleur, c’est-à-dire, prévenir son éventuel partenaire sexuel futur, de son identité de genre : « Je suis hétérosexuel, bi, trans, gay, lesbienne, etc… » Bref, il s’agit de placer la rencontre sous le signe d’un jeu d’étiquettes identitaires qui sapent à la base toute possibilité d’expérience de la découverte. Je me disais que cela vaudrait la peine d’écrire un article sur cette particularité du monde moderne avec, pour titre, « l’interdit du non-dire ». Cela rejoint l’une de mes marottes d’intello : le fait que l’on tend à minimiser l’importance de ce qui est implicite, de ce qui relève du non-dit et dont l’absence rend toute négociation quasiment impossible. On se tient sur ses gardes et l’on affiche directement ce qui apparaît dès lors comme non-négociable. Tout doit être apparent, dit, montré, ce qui rend difficile le surgissement de surprises dans nos rapports avec les autres, dans l’imprévisibilité de nos rencontres. C’est un monde où la lumière perd la multiplicité des ombres qu’elle engendre avec ce qu’elle cache. C’est un monde sans refuge, assez triste en fin de compte, mais où la tristesse elle-même n’a pas lieu d’être. 



mardi 3 août 2021

Sushis

 Ce soir, nous allons manger des sushis. C’est le plat préféré de Charlotte et nous n’en avons pas mangé depuis son arrivée. Nous irons à Carcavelhos, qui est le lieu où nous allons rituellement avec Charlotte pour satisfaire ses goûts gastronomiques ! Je me réjouis de cette sortie.

lundi 2 août 2021

Tojolabales

 Les Tojolabales sont les membres d’une communauté mexicaine indigène appartenant au groupe des  Mayas et vivant au Chiapas. Je fais leur connaissance à travers le livre de Carlos Lenkersdorf, Les Hommes véritables, (Ludd, Paris, 1998, traduit de l’espagnol par Joan Hocquenghem). Ce livre est centré sur ce que l’auteur considère comme la clé de voûte de cette communauté, à savoir, l’intersubjectivité. Celle-ci, en tant que principe de vie, s’oppose de façon très radicale à nos sociétés occidentales qui fonctionnent sur le principe des relations sujet-objet. Les Tojolabales considèrent qu’il n’y a pas d’objets, que tout ce que nous rencontrons mérite d’être sujet —les hommes, les plantes, les animaux, les fleuves, les pierres, etc.— et d’être traité en tant que tel. Cette caractéristique se trouve ancrée notamment dans leur langue dont la syntaxe induit toujours la considération du sujet agissant et de l’expérience vécue du sujet « agi », mais qui est aussi un sujet agissant. Là où l’espagnol dit : « Les dije [je vous ai dit],  le tojolabal  dit lala awab’yex, une formule qui, à côté du je en train de dire, inclut le vous en train d’écouter. Cela veut dire que l’intersubjectivité est mise en scène par la langue dans ses énoncés les plus élémentaires. Cette intersubjectivité s’étend à tous les domaines de la vie. Je ne résiste pas à citer ce passage sur lequel l’auteur insiste à plusieurs reprises. Il s’agit du statut de la connaissance dans la « cosmovision » des Tojolabales : « Nous ne pouvons rien connaître à moins que le sujet à connaître ne prenne possession de nous dans notre acte de connaître. » (p. 73, répété p. 133) Cette citation me frappe dans la mesure où je crois que ma thèse de 3e cycle sur la vulgarisation scientifique en est une illustration particulièrement éclairante. Évidemment, le livre est beaucoup plus riche que ce que je viens d’en dire très brièvement. C’est simplement pour donner une idée de son contenu.

dimanche 1 août 2021

Rodéo

 Ce matin, nous sommes allés à la recherche de Zuky. Charlotte a toqué à la porte du couvent dont on voit les toits de notre terrasse. Quelqu’un nous a introduit dans ce bâtiment magnifique qui apparemment est le refuge de nos chats. Nous avions entendu miauler derrière une porte obstinément fermée et par une des fentes de ce vieux portail, Isabel a aperçu Tatou. C’est alors que nous avons décidé de solliciter l’entrée dans ce couvent. Nous sommes tombés dans un dédale d’escaliers de pierre, encombrés de broussailles, donnant sur de petites cours intérieures. Au bout d’un moment Charlotte aperçoit Zuky. Nous réussissons à le prendre et à le ramener à la maison grâce aux… croquettes ! Zuky est accroc à cette junk cat flood. Nous lui avons versé une bonne ration et il s’est précipité goulûment sur cette bouffe industrielle. Décidément, il n’y a pas que les hommes à devenir addictifs à des produits qui ne sont pas bons pour eux.

Maintenant, nous sommes chez Joao-Pedro et Veronica, nos plus vieux amis du Portugal, qui ont créé et qui animent une radio pour enfants qui a acquis une dimension internationale. Joao-Pedro est très impliqué dans les écoles primaires du pays. Il devrait venir à l’une de nos sessions du CEIP à Luxembourg, pour nous faire bénéficier de son expérience dans ce domaine. Il parle français et anglais.