Rechercher dans ce blog

lundi 31 décembre 2018

Retour

Nous avons quitté la famille avant-hier vers 14h et sommes arrivés à Tordesillas vers 21h. Nous avons rapidement dîné dans un restaurant assez chic où j'ai pris un filet de bœuf avec frites à 8,50 euros. Vraiment pas cher, me dira-t-on. Pas très copieux non plus et mal cuit, bien sûr, mais bon, je n'ai pas regretté mon choix. Le lendemain, nous reprenons la route vers 11h30 et arrivons à Vilar Formoso deux heures plus tard, c'est-à-dire à 12h30 (heure portugaise). Là, nous mangeons rapidement et à 14h nous allons voir le Museo Frontera de la Paz. Il s'agit d'un très beau musée qui témoigne du passage des réfugiés juifs fuyant l'antisémitisme des gouvernements sous influence nazie. Nous voyons notamment la longue liste des visas accordés en dépit des ordres de Salazar, par le Consul portugais de Bordeaux, Aristides de Sousa Mendes à des milliers de Juifs pourchassés. Cerians noms étaient accompagnés d'un signe sur lequel on pouvait cliquer pour faire apparaître leur photo sur l'écran.

Nous avons repris la route vers 15h30. Isabel a pris le volant et moi, j'ai relu très rapidement ce livre magnifique de Georges Perec, Les choses, publié en 1965 et dont le sous-titre est "Une histoire des années 60". Ce livre m'a fait revivre une partie de ma propre vie même si je ne me suis pas vraiment senti visé par le portrait de ce couple de jeunes parisiens envahis par des désirs et des rêves accrochés aux choses justement. Avec l'obscurité de plus envhissante, je me suis rabattu sur Carlos Castaneda, Tales of Power, sur mon Kindle. Ce texte est assez fascinant. Il rapporte les enseignements reçus par l'auteur de la bouche de don Juan et don Genaro au Mexique. Ce qui frappe surtout, c'est le mélange de gaieté et de sérieux qui caractérisent les propos de ces deux sorciers. 

Enfin, le soir, après quelques courses rapides au supermarché du coin, je me suis installé devant la télévision où Arte m'offrait un film que je voulais voir depuis longtemps : Guerre et Paix  (d'après Tolstoï) de King Vidor (1956) avec Henry Fonda, Mel Ferrer et surtout, Audrey Hepburn dans le rôle de Natacha. La beauté de cette actrice, morte en 1993, me faisait rêver à l'époque. 

Ce soir nous organisons une petite fête avec Richard, Daniel Borrillo et quelques amis portugais. 

dimanche 30 décembre 2018

Statistiques

Charlotte nous dit ce matin au petit déjeuner : "400.000 morts du tabac aux USA chaque année, 100.000 morts de l'alcool, 20.000 de drogues pharmaceutiques, et 0 de cannabis." Eloquent, non ?

samedi 29 décembre 2018

2000

Nous avons vu un film hier soir, tourné lors de notre séjour à Château Froid pour célébrer le nouveau millénaire dans le quel nous entrions. Des images un peu floues qui rendaient bien le statut de souvenirs qu'elle évoquaient. Beaucoup de ceux que la caméra du frère de Samantha saisissait, sont présents à Saint Martin ces jours-ci. 

Huit heures de voiture à travers le sud-ouest de la France et l'Espagne. Au début du voyage nous roulions dans une sorte de coton vague que les rangées d'arbres ornaient de dentelles noires de grand-mère. En suite, il y a eu un très beau soleil qui s'est couché derrière des collines et qui m'a fait penser au vers d'Aimé Césaire : "Soleil, cou coupé". 

vendredi 28 décembre 2018

Silence

Il est assez normal que, pendant les fêtes, les gens réunis en un seul lieu pour se retrouver et restaurer leurs liens fassent beaucoup de bruit : éclats de voix, exclamations de surprise, rires, propositions d'activités communes, jeux, discussions vives, etc. Il faut accepter ces bruits humains, les supporter sereinement, voire y contribuer avec sa propre voix... Hier cependant, de connivences avec ma fille Célia, nous avons souhaité une minute de silence complet. Célia me propose de l'obtenir pendant vingt secondes. Elle frappe quelques coups de couteau sur un verre —cling, cling, cling— pour attirer l'attention, ce qu'elle obtient sans difficulté, puis elle se tourne vers moi pour me passer la main ce qui mobilise l'attention de presque toute l'assemblée sur une interrogation muette, une attention en suspens qui fabrique le silence justement, qui le creuse doucement, le fait se propager des uns aux autres, sans raison, même si pour certains, cette attention devient une attente, l'attente d'une annonce, voire d'un discours, en tout cas d'un événement alors que pour moi, et je l'espérais, pour tous, l'événement, c'est justement ce silence soudain, qui se prolonge, s'épaissit comme une obscurité vocale qu'il me semble impossible d'interrompre par quelque bruit que ce soit. Juste le silence. Pour lui-même.

jeudi 27 décembre 2018

Joncour

Je viens de terminer Chien Loup de Serge Joncour. Une lecture facile. Deux histoires parallèles qui mettent en scène des chiens, des loups et des fauves à un siècle de distance dans le Lot. Une première histoire nous raconte le début de la première guerre dans un petit village perdu, qui vit de ses moutons et où se refugie un dompteur allemand avec ses fauves. La deuxième histoire est celle d'un couple, un producteur de cinéma et son épouse, comédienne, qui se retire dans une maison isolée au dessus du village pour se mettre à l'abri de cette société de la consommation et des écrans. Ces deux histoires se font écho l'une de l'autre pour dire la sauvagerie des hommes et des bêtes. 

A part cette lecture, nous sommes allés visiter un ancien village en cours de restauration avec un joli château que l'on peut louer pour des événements importants. Nous n'avons pas vu âme qui vive dans ce village sinon un troupeau de chèvres assez bruyant. 

mercredi 26 décembre 2018

Blanquette


Je m'aperçois que la photo que j'ai publiée hier pour illustrer cette journée de Noël n'a pas été retenue après la mise à jour de cet article. Je vais essayer de la republier aujourd'hui. Gallya, Michael et leurs deux enfants sont arrivés il y a une heure, de New York. Michael est cardiologue et Gallya est professeur de Droit international (je crois) à l'Université de New York. Nous serons 23 à dîner ce soir et c'est Fabien qui fera la cuisine. Nous avons prévu une blanquette de veau. Un menu bien français pour nos amis américains et britanniques. Ce matin, pendant le petit déjeuner, Samantha nous a raconté les histoires de cette petite communauté britannique du Gers. Un véritable roman qu'elle devrait écrire. Avec des retraités à moitié fous, des relations amoureuses qui se croisent et se recroisent, des coïncidences stupéfiantes, des disparitions, des conflits, etc... 

Ci-contre, la photo qui n'a pas voulu apparaître à côté de mon texte d'hier. Mais qui ne s'affiche toujours pas.

mardi 25 décembre 2018

Rituel

Nous venons de terminer un brunch très joyeux, avec le jeu des questions qu'Isabel nous a proposé et qui nous a montré que les membres de notre famille se connaissaient assez bien. Il semblerait que ce ne soit pas toujours le cas et que bien souvent les membres d'une même famille se connaissent peu ou mal. Je parle ici de l'histoire singulière de chacun des membres de la famille. Cela explique peut-être l'espèce de cohésion qui nous lie et je pense que le rituel des fêtes de Noël y est certainement pour quelque chose. Nous savons tous que, une fois par an, nous allons nous retrouver, parler et jouer ensemble, nous allons nous offrir des cadeaux (pulls, pyjamas, foulards, livres, produits de santé, bijoux, jouets électroniques, etc.) dans un sorte de petit potlatch, qui nous relie à des coutumes tribales et, ainsi, à nos ancêtres. Sur la photo, Charlotte se fait enlever ses longues tresses blanches par plusieurs membres de la famille.

lundi 24 décembre 2018

Lectoure

Je suis allé faire des courses ce matin avec Sami et Samantha. Nous sommes allés dans un 'hypermarché" à Lectoure, cette vieille ville thermale qui est aussi une étape sur le chemin du pélerinage à Saint Jacques. Nous avons rempli deux kadis de choses diverses : huîtres, foie gras, dindes, farces de viande de porc (je n'y goûterai pas), moules, fromages, fruits, vins variés (je n'y tremperai pas mes lèvres), salades vertes, tomates, patates douces, vinaigre balsamique, etc. Nous serons environ 25 personnes ce soir et une vingtaime au brunch traditionnel du 25. Cela fait beaucoup de monde, en effet, dont une demi douzaine d'adolescents. La maison de Samantha qui nous accueille est vraiment agréable avec un très grand living room et une cheminée qui donne à la fois sur le living et sur le bureau de Sami. 

dimanche 23 décembre 2018

Relâchement

Je constate un certain relâchement dans la régularité quotidienne de mon blog. Peut-être est-il temps d'arrêter ? 

Nous sommes arrivés hier en début de soirée chez Samantha et Sami, au lieu dit Saint Martin sur la commune de Mauroux. Nous y avons retrouvé Zéphira, Louis, Fabien, Fianna et, bien sûr nos hôtes. Une ou deux heures plus tard, Célia est arrivée avec toute sa famille, sauf Ruben, qui a raté le train. Il y avait donc Célia, Hendrik, Julien et Joacquim. Il manque Sasha. 

vendredi 21 décembre 2018

Départ

.Nous partons dans une heure. Pochaine étape Valladolid.

Et nous y sommes arrivés à 20h30 (heure espagnole). Nous logeons dans un hôtel quatre étoiles. Une chambre pour trois à 75 euros.  Un voyage sans histoire, assez tranquille. Nous serons demain à Mauroux. Samantha nous attend avec déjà une bonne partie de la famille.

A la télévision nous avons vu qu'il se passait pas mal de choses à Barcelone : des images de violence très extrême. Les flics espagnols utilisent leur matraque pour taper dans les jambes des manifestants.

jeudi 20 décembre 2018

Miscellaneous

Hier après-midi, j'ai fait quelques courses de Noël avec Isabel. Nous sommes allés à Baixa et nous avons bien dépensé. En fin de matinée, je suis allé voir Isabel Serra en vue du Colloque Open epistemologies : Mach, Bachelard, Feyrerabend, en l'honneur de notre défunt collègue Zbigniew Kotowicz, prévu pour les 21/22 septembre prochains. Nous avons terminé l'appel à communications. J'espère que nous trouverons un financement suffisant pour inviter deux ou trois personnalités importantes. Et, ce soir, nous irons voir Charlotte incarner dans une petite pièce de théâtre le personnage controversé de Trump. Elle n'a pas vraiment la stature mais cela devrait augmenter l'effet comique de son intervention.

mercredi 19 décembre 2018

Martinique

Hier j'ai terminé le livre de Daniel Picouly, Quatre-vingt-dix secondes (Albin Michel, 2018), livre qui fera l'objet d'un débat dans notre groupe de lecteurs/trices de l'Institut Français en mai/juin prochain. Ce qui veut dire que je suis quelque peu en avance sur notre programme où figurent également Maylis de Kérangal et Eric Fottorino que j'ai déjà lus. Daniel Picouly donne la parole à la montagne Pelée, l'un des volcans de la Martinique, juste avant que ne se déclenche son éruption du 8 mai 1902 à 7h52, qui a tué 30.000 personnes et rayé de la carte, en quatre vint dix secondes, la commune de Saint Pierre. L'écriture baroque de l'auteur, qui nous raconte des événements de la vie quotidienne de cette communauté juste avant le déclenchement de la catastrophe, ne m'a pas vraiment convaincu. 

mardi 18 décembre 2018

Louis

C'était l'anniversaire de mon petit-fils Louis, hier. Isabel, qui a ce don très particulier de pouvoir se souvenir des dates d'anniversaire de tous les gens qu'elle rencontre dès qu'elle en est informée une première fois, me l'a rappelé à plusieurs reprises et chaque fois que je me suis dirigé vers l'ordinateur pour remplir mes devoirs grand-parentaux, des interférences diverses m'ont empêché d'aller jusqu'au bout. Si Louis lit ce "post", je lui demande de bien vouloir excuser mon retard. Car, évidemment, je lui souhaite un bon et joyeux anniversaire. Son père Fabien parle de lui dans son propre 257ème "post" [ici] en précisant combien ses enfants ont participé à sa propre éducation en tant que père. Je pourrais dire la même chose de mes propres enfants qui, semble-t-il, ont réussi à faire de moi un grand père souvent défaillant —comme hier— mais toujours bienveillant. C'est ce que nous, les enfants de l'arrière-grand père de Louis, qui s'appelait lui aussi Louis, n'avons jamais réussi à faire avec notre propre père. Pour que cela puisse se faire, il faut sans doute être convaincu que l'on n'est pas parfait et que nos faiblesses peuvent être l'occasion d'une ouverture à d'autres forces : nouvelles, surprenantes, intéressantes, les forces de la vie naissante, qui doit trouver sa propre voie/voix dans un monde qui n'offre vraiment la compréhension profonde de ses nouveautés qu'aux "nouveaux" justement. 

*  *  *

Ce matin sur France-culture, j'ai été frappé par l'interview de Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à Paris I (Sorbonne), qui parlait de ce que veut dire le mot "peuple" dans une démocratie, c'est-à-dire dans un monde humain où la souveraineté, quelle que soit l'instance qui l'exerce —roi, président ou peuple—doit être limitée par les droits. Aucune souveraineté ne peut être absolue, pas plus celle d'un roi que celle d'un peuple. "Le peuple, disait-il, ne doit pas être confondu avec la population." Et, se référant à Simone de Beauvoir qui disait en substance qu'on ne naît pas femme, mais qu'on le devient, il nous rappelait que la même chose peut être dite du peuple. Le peuple est quelque chose à construire et non pas une donnée factuelle associée à la simple existence d'une population. Il ne peut être souverain qu'à la condition de respecter les droits.

lundi 17 décembre 2018

Chimio n°10

C'est aujourd'hui que j'aurai à subir ma dixième chimio locale. En principe j'en aurai encore deux après celle-là. Isabel me dit que je n'en aurai plus qu'une seule. Cependant, d'après ma comptabilité, c'est moi qui ai raison. Nous verrons bien.

Je profite bien des discussions que je peux avoir avec Daniel. Nous avons évoqué le cas de l'amnésique de Collegno et il me présentait des arguments juridiques intéressants. Cette affaire me semble de plus en plus compliquée à traiter. Lui aussi a posé la question que j'ai posée à Christine : si l'amnésique est bien Giulio Canella, alors où est Mario Bruneri ? Un homme aussi impliqué dans cette affaire ne peut pas disparaître à ce point. C'est vraiment très étrange. 

dimanche 16 décembre 2018

Arditi

Je poursuis le jeûne que j'ai commencé hier, pour me sentir mieux au niveau intestinal. Et je me sens effectivement bien mieux. Le jeûne vous donne également du temps. Si l'on sort de sa tête les préoccupations associées à la nourriture, on peut se consacrer sans discontinuer à des activités plus intéressantes, et notamment à la lecture. Je viens de terminer le roman de Metin Arditi, Caranaval noir (Grasset, Paris, 2018). Cet ouvrage m'avait été recommandé par une des lectrices de l'Institut français avec qui je croyais partager les mêmes goûts littéraires. Avec ce roman, j'en suis moins certain. Le roman est acceptable bien qu'assez mal construit. Trop de personnages pris dans un va-et-vient entre l'Eglise actuelle et les événements qui, en 1575, ont secoué l'église et la papeauté en réaction à l'emprise de la Réforme et des découvertes de Copernic. J'ai retrouvé dans ce roman cette formulation qui m'a toujours semblé ambiguë quand on évoque la théorie copernicienne qu'il résume de la manière suivante : "... ce n'est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, comme l'affirment les Écritures, mais bien l'inverse." (p.245) Ce qui me gêne dans cette formulation c'est qu'elle symétrise deux mouvements très différents : celui de la terre autour du soleil est diurne. Son inverse devrait faire référence au mouvement de la terre sur elle-même, et non au mouvement annuel de la terre autour du soleil. Surtout, l'auteur me donne l'impression d'être très engagé dans la défense des valeurs de l'église catholique. Il tient d'ailleurs une chronique régulière dans La Croix. 

samedi 15 décembre 2018

Borrillo

Jour de jeûne aujourd'hui, en raison de quelques troubles intestinaux assez désagréables. Ce matin, je suis quand même allé à l'hôpital pour l'examen auquel j'ai été invité par le docteur Quintela en vue de notre prochaine entrevue en janvier. 


Notre ami Daniel Borrillo est arrivé hier soir, plein de vie et de joie. Il vient de publier un livre aux PUF : La famille par contrat. La construction politique de l'alliance et de la parenté (2018) et il corrige les épreuves de son prochain livre Disposer de son corps, ce qui me fait penser à la thèse qu'il a écrite sous ma responsabilité scientifique : L'homme propriétaire de lui-même, soutenue en 1991 à Strasbourg. De beaux souvenirs...

vendredi 14 décembre 2018

Équilibre

Si j'avais pris la voiture hier en fin d'après-midi pour aller rejoindre le groupe de lecteurs/trices de l'Institut Français, j'aurais mis au moins une heure. En taxi, pareil. Je n'ai pas osé prendre une trottinette à cause de la densité du trafic, par contre, en sortant de la maison, j'aperçois un scooter électrique 'Cooltra". Je me le réserve et quelques minutes après, la tête bien à l'abri dans le casque bleu que l'entreprise met à notre disposition, je file jusqu'à l'autre bout de la ville. J'ai mis 1/4 d'heure pour atteindre l'Institut français. J'étais même très en avance. Ces scooters électriques sont vraiment pratiques. Évidemment, quand je suis sorti de l'Institut deux heures plus tard, mon scooter avait disparu, faisant le bonheur d'un autre. Heureusement, Isabel, de retour d'un rendez-vous, pouvait passer par là pour me choper. 

J'apprécie beaucoup ce groupe de lecture où je suis le seul représentant du sexe masculin. Je n'y étais pas allé la dernière fois, et j'ai ressenti le "ouf" de soulagement que ces dames ont exprimé discrètement en me voyant. "Tiens ?! vous revoilà, Baudouin ! quelle bonne surprise !" Sans doute ont-elles eu peur que j'abandonne cette réunion mensuelle ? Mais j'avoue que je préférerais qu'il y ait un ou deux comparses masculins supplémentaires pour que l'équilibre des sexes soit rétabli. Encore que, tel qu'il est, le groupe est agréable : nous nous connaissons, nous commençons à repérer des complices-en-lecture, des connivences muettes se cherchent comme doivent le faire les racines des arbres de la forêt.

jeudi 13 décembre 2018

Lille

Je viens de voir un documentaire produit par Al Jazeera sur le mouvement Génération Identité, un groupe d'extrême droite qui a son quartier général à "la citadelle" de Lille. L'un des journalistes d'Al Jazeera a pu pénétrer dans ces milieux qui prônent la haine, la violence, le retour du IIIème Reich, ce qu'ils appellent la "remigration" qui consiste à renvoyer tous les étrangers chez eux en visant plus particulièrement les Musulmans, bien entendu, etc., Ils sont très proches du Front national. On les entend, grâce à une caméra cachée, évoquer leurs exploits, toujours associés à des expressions de haine dévastatrice. C'est étonnant de voir à quel point ces drôles d'oiseaux paraissent se sentir à l'aise dans ce nid de haine, tapissé des plumes de leurs jurons permanents, chaque fois qu'ils échangent des propos, ils se racontent des blagues, se sourient les uns aux autres, bref, comme je le disais, ils ont l'air parfaitement à l'aise dans leurs peaux tatouées... Qu'est-ce qui rend cela possible chez les êtres humains ?

mercredi 12 décembre 2018

Strasbourg

Un attentat à Strasbourg : la fameuse capitale de Noël et de la débauche consommatoire de fin d'année... on ne peut pas s'empêcher, quand on a passé de longues années de vie (enfance comprise) dans cette ville, de se sentir concerné, presque touché par un tel événement, même quand on est loin, même quand, depuis plusieurs années, on vit à Lisbonne. C'est étrange : j'entends que l'auteur de cet attentat s'était réfugié à Neudorf... Neudorf, gottferdom !, j'ai au moins une demi-douzaine d'amis qui habitent dans ce quartier, et puis, deux de mes sœurs et un frère plus jeune habitent Strasbourg... j'ai une nièce dont l'appartement se trouve à proximité de la place Gutenberg... je ne suis pas loin de me sentir moi-même comme une victime, certes indirecte —oui, oui... très indirecte— de cette horreur. Comment des noms de lieux, devenus familiers, sont constitutifs du monde dans lequel on vit, ils définissent un monde dans lequel on vit encore un peu, et ces noms sont maintenant énoncés en liaison avec des coups de feu, des victimes, du sang, l'hôpital, un assassin en fuite... créant une brèche —par où la réalité pourrait entrer— dans le monde imaginaire de la vie. 

mardi 11 décembre 2018

Rapt

C'est moi qui suis à l'origine de cet enlèvement d'une femme, Catherine de Lentrelait, une femme très forte et très grande qui avait un peu le gabarit de l'ex-épouse de mon frère Jean-Pierre, une princesse russe, Tatiana. Nous étions amoureux l'un de l'autre et elle était d'accord pour tout abandonner pour partager une grande aventure avec moi. On est parti de Luxembourg pour aller à Paris où nous avons trouvé refuge dans une sorte de communauté dont l'un des membres, un abbé en soutane, très intéressé par cette femme qui maintenant s'appelait Catherine de Lentrenil ou Catherine de Lentrenul, ne se gênait pas pour lui empoigner l'entrejambe, façon Trump, devant mes yeux indignés. Je ne vous raconte ici que 10% de ce rêve qui m'a tenu éveillé (?!) bien qu'endormi, la nuit dernière. Je dis "éveillé" parce qu'en effet ma conscience était en alerte avec les éléments quelque peu incongrus que mon inconscient lui fournissait à profusion.

Hier j'ai parcouru les premières pages de l'Histoire du silence (Albin Michel, 2018) sur mon Kindle. Livre intéressant mais qui fait un peu trop catalogue de citations "wikipédia". On saute d'un auteur à l'autre sans qu'on puisse vraiment comprendre les raisons de cette érudition éclatée. Du moins c'est l'impression que j'ai après avoir lu 10% de cet ouvrage.  J'avais été attiré par cet auteur historien qui a écrit notamment Le village des cannibales que je n'ai pas encore trouvé ni lu, mais que je pourrai télécharger sur mon kindle également.




lundi 10 décembre 2018

Universel

J'ai effectivement terminé le roman très autobiographique apparemment d'Eric Fottorino, Dix-sept ans, dont j'ai déjà parlé hier. J'ai beaucoup aimé le début du roman, les premières 50 pages. Après, ça devient très répétitif, aussi bien dans le style que dans les contenus narratifs. Je trouve que l'ouvrage s'affadit au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture. Le texte en devient souvent un peu mièvre. Dommage. 

C'est aujourd'hui que l'on fête le 70ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. On ne parlait que de ça ce matin. En soulignant qu'aujourd'hui, cette "déclaration" ne serait certainement pas signée par le même ensemble de pays qui l'ont fait en 1948. Je n'aime pas la présence —à mon avis, très prétentieuse— de cette référence à l'universalité dans ce document. On avait échappé à une référence religieuse à la divinité. Celle-ci a été remplacée par un "universel" très laïque. Est-ce mieux ? Bof ! J'avais déjà exprimé ma position sur ce point il y a deux ans [Dedalus, 21 novembre 2015, ici]. Il faudrait que je me procure Le Mensonge Universel de Pierre Jovanovic où il est montré que la Bible a plaggié une tablette summérienne antérieure à 1500 avant J-C. En fait, on pourrait dire, en s'inspirant du titre de cet ouvrage, que l'"universel" est forcément un mensonge ou qu'il n'y a qu'un mensonge qui puisse prétendre à l'universel. 


dimanche 9 décembre 2018

17

Dix-sept ans, c'est le titre du dernier roman d'Eric Fottorino, ancien directeur du Monde. Je le terminerai sans doute dans l'avion de mon retour à Lisbonne. Dix-sept ans, c'est l'âge de sa mère quand elle lui donne naissance. C'est aussi l'âge qu'avait I. quand elle a donné naissance à mon fils Fabien. C'est l'âge de ma fille Charlotte aujourd'hui, née un 17 juillet. C'est le numéro d'appel d'urgence de la police en France. C'est aussi le nombre de syllabes d'un haïku. Et bien sûr, il y a le poème de Rimbaud, qui évoque cet âge "pas sérieux". Sans doute avons-nous tous des nombres qui nous sont proches parce qu'ils reviennent souvent dans le champ de notre attention. Des nombres familiers. C'est ainsi que certains de mes lecteurs ont pu s'apercevoir que l'un de ces nombres était pour moi 42, l'année de ma naissance et de la pointure de mes chaussures. Il intervient à neuf reprises dans mon blog, et notamment le 14 mai, le 20 mai et le 18 juin 2013, en liaison avec le début de mon traitement. J'ai remarqué que, indépendamment d'une intention consciente, je repère souvent le chiffre 42 sur les plaques d'imatriculation que je rencontre par hasard, sur la route ou en ville. Comme si je ne pouvais pas ne pas l'apercevoir. Il faut dire que je trouve ce nombre attachant et intéressant : n'oublions pas que ce fut la réponse de l'ordinateur Deep thoughts, après sept millions et demi d'années de réflexion, à la grande question sur "la Vie, l'Univers, et le Reste" dans le Guide du Voyageur galactique de Douglas Adams, 1952-2001. Ceci dit, 17 me semble être un chiffre bien plus intéressant, ne fut-ce que, comme me l'apprend Wikipédia, parce ce qu'il fut détesté des Pythagoriciens sous prétexte qu'il séparait 16 de son epogdoon 18 en théorie musicale (epogdoon = un huitième en plus). Voilà bien une bonne raison de détester un nombre !

samedi 8 décembre 2018

Terrien

Il y avait, hier matin, un bref commentaire sur France-Culture, concernant la sortie du dernier album de Michel Polnareff, un chanteur baroque version kitsh, qui m'a toujours rendu perplexe. L'un des morceaux de cet album s'intitule "Terre...Happy" ! avec cette "terre en colère" qui s'adresse aux terriens, au Terrien,  et l'interpelle : "—Terrien !" J'entends : "—T'es rien !" Et c'est vrai qu'on n'est pas grand chose sur la terre, cette terre qui nous survivra sans doute, mais dans quel état ! 

*  *  *

Le roman de Miloszewski m'a intéressé. Il évoque le grand secret —entendez : "complot"— de la deuxième guerre mondiale : Clive Lebrecht (alias Heinrich Himmler), agent secret américain, a tout fait pour provoquer la deuxième guerre mondiale afin de servir les intérêts économiques des Etats Unis. L'intrigue, qui tourne autour de la recherche d'un tableau de Raphaël volé par les Nazis dans un musée de Varsovie, est bien menée. C'est une lecture d'avion, entre Lisbonne et Luxembourg, sans plus. 

*  *  *

Hier soir, avant de m'endormir, j'ai regardé un western très étrange. The Homesman, par Tommy Lee Jones (2014). Une jeune femme se charge de conduire trois femmes atteintes de folies variées dans un lieu où elles seront soignées de façon appropriée. Elle se fait aider par un homme qu'elle sauve de la pendaison. Elle-même se pendra avant d'atteindre son but.  Ce western déroge quelque peu aux règles du genre. Les "bons" ne sont pas tout-à-fait bons et les "méchants" sont fous. 




jeudi 6 décembre 2018

Polar

Avant de monter dans l'avion, j'ai acheté un polar pour faire passer le temps de déplacement. Ça a très bien marché avec Zygmunt Miloszewski et son roman Inavouable (Fleuve noir, 1917, traduit du polonais par Kamil Barbarski) qui raconte les péripéties abracabrantesques d'une enquête polonaise visant à récupérer une œuvre d'art de la Renaissance, qui avait disparu du Musée de Varsovie pendant la dernière guerre. 

mercredi 5 décembre 2018

Voyages

En marge de mes réflexions sur l'amnésique de Collegno, je viens de lire Deux mètres dix de Jean Hatzfeld (Gallimard, 2018), un petit roman bien écrit qui raconte les exploits sportifs de deux haltérophiles et de deux femmes, championnes de saut en hauteur. C'est un roman intéressant qui rentre dans l'intimité des émotions associées à des épreuves de haut niveau. Tout est beaucoup plus simple qu'on ne le croit. Le roman nous donne aussi une belle vision des montagnes du Kirghizistan, un pays très attrayant. Quand je compte tous les pays que je veux encore visiter avant que cela ne devienne impossible, je suis un peu dépassé : l'Iran, l'Arménie, la Norvège du Nord, La Finlande, le Chili, etc., sans compter l'Angleterre et le Japon, où j'aimerais retourner pour de brefs séjours... Je trouve assez bizarre que les pays du Sud ne figurent guère sur ma liste. En attendant, dans deux heures, je serai dans un avion à destination de Luxembourg. C'est plus près ! 

mardi 4 décembre 2018

Insaisissabilité

Le gouvernement semble prêt à annoncer une "suspension" de l'augmentation des taxes sur les carburants. Stratégie bizarre : combattre l'incendie en s'attaquant à l'étincelle qui l'a provoqué. Est-ce que cela peut marcher ? Difficile à dire. Le mouvement des gilets jaunes n'est certainement pas aussi superficiel que ses causes les plus immédiates pourraient nous le faire croire. Le creusement abyssal des inégalités depuis de nombreuses années, le renforcement des modalités oligarchiques du pouvoir en France, la maladresse des réponses imaginées pour "acter" un changement profond —je pense à la manière dont le ministre de l'Education Nationale promeut une sorte de retour aux raideurs autoritaires de l'école du passé pour "refonder", quoi ?, la démocratie ? le pouvoir ? les Lumières ? on rêve— une "Europe" de plus en plus lointaine des préoccupations du peuple, une corruption des dites "élites" de plus en plus visible, les raisons de la colère pourraient bien faire perdurer le bouleversement en cours et rendre durable ce qui semblait n'être qu'un épisode d'énervement de la Bête, ce monstre : le peuple. Ce peuple que le numérique et son usage presqu'anonyme, rendent de plus en plus insaisissable. Je trouve très intéressant le fait que ce mouvement ne fait pas émerger d'interlocuteurs dont le pouvoir pourrait —ou voudrait— se saisir en passant par une capture médiatique toujours ambivalente. Sans interlocuteurs contre qui dresser la verticalité impressionnante des falaises du pouvoir, celui-ci ne peut plus que se sentir perdu. C'est sans doute ce qu'il y a de plus terrible pour le pouvoir : où vais-je pouvoir frapper ? qui devrais-je frapper ? toutes les prises se dérobent, les premiers de cordée sont dans des positions de plus en plus fâcheuses, d'autant plus que personne n'a vraiment envie de les suivre en s'accrochant aux fadaises qu'ils inventent pour poursuivre leurs rêves de grandeur. 

lundi 3 décembre 2018

Todd

Ce matin sur France-Culture, il y avait Emmanuel Todd. Je l'écoute volontiers. Ses avis sur l'euro, le protectionisme et les gilets jaunes m'ont vraiment intéressé. Il est convaincant dans la manière intelligente dont il expose ses idées. Il n'y a rien de politiquement correct dans ce qu'il dit. Sans pitié pour Macron qu'il appelait récemment dans une conférence à Sciences Po (3 octobre 2018) publiée le 12 octobre dans Marianne, de "puceau de la pensée".  Cet article se concluait sur le constat suivant :

 Le macronisme ? "Un moment d'hallucination collective des classes moyennes qui se sont racontées qu'un type jeune allait tout d'un coup mettre la France en lévitation".


Il me semble qu'il y a beaucoup de vrai dans ce diagnostic. On le sent très bien quand constate le désarroi de la majorité, tous ces députés En Marche qui ont souvent l'air de se demander ce qu'ils font là, dans ce monde de la politique dont ils semblent ne rien connaître. J'avais déjà trouvé ses analyses très percutantes sur la situation de la Grèce en juillet 2015.  Il préconisait une sortie de la Grèce de la zone euro en disant qu'elle se débrouillerait bien mieux sans ce 'trou noir" de l'Europe que serait pour lui, l'euro. Je me suis toujours senti très "pro-européen" et il en découle une certaine manière de voir les choses qui ressemble beaucoup au macronisme. Je me pose maintenant la question : faut-il vraiment rester pro-européen ? 

dimanche 2 décembre 2018

Sapience

Je tombe sur ce beau mot, légèrement archaïque en France, mais que je crois utilisé plus souvent au Québec : sapience. Le mot désigne aujourd'hui sagesse + science, une association de moins en moins évidente dans un monde où la science s'est souvent détachée de la sagesse et la sagesse de la science. Il faudrait réhabiliter ce terme et surtout ce qu'il signifie. J'ai trouvé ce shéma intéressant sur Google sous l'entrée "sapience". Emparons nous de ces bulles pour fabriquer cette année notre "sapience de Noël" !

*  *  *

Joli Joland est venue de Suède à Lisbonne pour se recueillir sur la tombe de Zbyszek. Nous nous sommes retrouvés au cimetière. Elle avait apporté avec elle un objet hongrois qu'elle avait acheté pour Z. à sa demande au cours de l'été 2017, son dernier été. C'est un petit oiseau de bois qui frappe de son bec un morceau de bois et que l'on actionne en tirant sur une ficelle. Cela fait : "Toc, toc, toc." Alors, bien sûr, nous nous sommes souvenus de la fin du poème de Wislawa Szymborska que nous avons lu lors de l'enterrement de notre ami, il y a un an : 


"Je frappe à la porte de la pierre.
— C'est moi, laisse-moi entrer.
— Je n'ai pas de porte, dit la pierre."


samedi 1 décembre 2018

Dystopie

La fin du livre de Mishima est tragique. On y arrive grâce à une écriture qui a réussi à nous décrire les tensions psychologiques intérieures d'Etsuko, l'héroïne de cette histoire un peu trouble et dont le comportement erratique trahit l'angoisse ou, comme l'annonçait l'auteur, "la soif d'amour". Du coup j'ai entrepris hier soir la lecture d'Eugène Zamiatine, Nous autres, (NRF, 1971, traduit du russe par B. Cauvet-Duhamel et agrémenté d'une Préface intéressante de Jorge Semprun. C'est une dystopie du style de celle d'Orwell, ou de Huxley mais avec plus d'ironie et de dérision. L'auteur a été mathématicien et ingénieur avant d'écrire ses livres. J'ai parlé de ce même livre le 6 janvier 2015, me promettant de le lire dès que j'en aurai la possibilité. Celle-ci s'est offerte hier, et voilà !