J'ai reçu un coup de téléphone d'Irène aujourd'hui matin. Célia lui avait dit que je n'avais pas l'air dans mon assiette. Je n'en fais pas mystère. L'attente à laquelle je suis forcé par la non-réponse des chirurgiens portugais, est très difficile à supporter. Tout d'abord, cette attente vide le présent de tout intérêt autre que ce dont elle est l'attente et qui reste néanmoins très imprécis. Il y a deux chirurgiens en lice. Quand l'un est là, l'autre part en vacances. C'est tout-à-fait compréhensible. En plus il y a l'anesthésiste qui, lui aussi, a droit à des vacances. Moi aussi je suis en "vacance", le terme me renvoyant à la vacuité de ma vie présente alors que cela devrait être le contraire : j'ai une intervention à préparer pour le Colloque dont j'ai été l'une des chevilles ouvrières organisatrices. J'ai un livre en chantier. Mais tout cela ne m'intéresse plus à cause de cette attente qui, comme je le disais dans le petit texte que j'ai écrit sur ce thème et que j'ai publié dans ce blog à deux reprises (le 24 janvier et le 24 avril 2015), en vidant le présent, ressemble à la mort.
Attendre
Tout ce qu’il y a de tendre dans ce verbe tend à se dissoudre, non pas petit à petit, au fur et à mesure que l’attente se prolonge, mais tout de suite, dès le premier instant où, même après être arrivé bien en avance, on se met à attendre. Voilà : il n’y a plus que cela à faire, attendre, et le temps se met à battre dans des rythmes contradictoires. L’extrême lenteur de son passage cohabite avec les picotements d’une impatience irrépressible, faisant de cette expérience singulière, une anticipation du moment de mourir. On cherche à remplir l’attente d’une réflexion sur l’attente qui ne fait que creuser ce remplissage du vide avec du vide. On s'abîme dans l'abîme. Tout instant supplémentaire dilate indéfiniment l'instant d'avant, sans espoir d'après. La sensation qu'il n'y a pas d'après. L'après a disparu et c'est cela qui ressemble à la mort.
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